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475. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

Comment celles qui se meuvent reçoivent-elles le mouvement ? […] Il y aura dans le premier moteur deux parties : l’une, qui meut sans être mue elle-même ; l’autre, qui est mue et meut à son tour ; la première, qui crée le mouvement ; la seconde, qui le reçoit et le transmet. Le moteur tout entier reste immobile ; mais les deux parties dans lesquelles il se décompose ne le sont pas tout à fait comme lui ; l’une est absolument immobile comme il l’est lui-même ; l’autre reçoit l’impulsion, et elle peut la communiquer médiatement au reste des choses. […] Mais, par un retour inexplicable, le corps rend à l’âme ce qu’il en a reçu ; et, loin de la troubler désormais, il lui transmet un calme et une paix qu’elle emploie à mieux comprendre le devoir et à le mieux accomplir. […] On ne peut pas être si longtemps le disciple d’un tel maître sans recevoir beaucoup de lui, quelque indépendant et quelque fort qu’on puisse être par soi-même.

476. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Il m’avait hier, sur ma demande, indiqué midi comme le moment où il pourrait me recevoir. […] J’ai reçu ce matin une carte de Goethe sur laquelle était une nouvelle invitation de me rendre chez lui. […] Ce matin j’avais reçu une invitation à un thé et à un concert chez Goethe pour ce soir. […] Il faudrait montrer au monde quel bonheur César lui aurait donné, comme tout aurait reçu une tout autre forme, si on lui avait laissé le temps d’exécuter ses plans sublimes. […] Quand une grand âme est active, ce qu’elle fait reçoit toujours sa noble et durable empreinte. »

477. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

C’est fermé… Et ce soir, nous sommes heureux de dîner en famille, dans un cénacle de cabotins, et de recevoir les vœux de bonne année d’un traître du boulevard ! […] * * * On est dégoûté des choses, par ceux qui les obtiennent, des femmes, par ceux qu’elles ont aimés, des maisons où on est reçu, par ceux qu’on y reçoit. […] Elle parle, avec une certaine chaleur, des six cents cartes d’étudiants, reçues le lendemain de la représentation. […] Mais le vol des quinze livres de lard se découvrait, et elle recevait pour tous ses vols une fessée aux orties, qui lui couvrait le derrière de camboules. […] Je savais ne l’avoir jamais vu, et il me recevait comme une connaissance.

478. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Presque aussitôt, la porte se rouvre, Thierry entre muet, plus pénétré de componction qu’un aumônier qui entre dans la cellule d’un condamné à mort, à cinq heures du matin, et il nous nasille : « Messieurs, j’ai le regret de vous annoncer que vous êtes reçus à correction. » Et il ajoute : « Oh ! […] À la fin, comme les pièces mettaient une longue résistance à venir, nous avons laissé nos reçus. […] Elle est généralement, à ce moment, matinalement gaie, vive avec un éveil de santé, volontiers plaisantante, fouettée par les lettres reçues, par les lettres écrites, par les nouvelles de la presse. […] Il nous écrit qu’il la reçoit sur notre nom, sans la lire, et nous donne rendez-vous pour lundi, afin de distribuer immédiatement les rôles. […] 21 septembre La première plume taillée dans notre maison, l’a été, pour signer le reçu de la vasque au monstre japonais de 2 000 francs, cédée par Chanton.

479. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Chacune de ces nations a reçu son lot de la nature. […] Son âme a reçu plus de part que celle des autres nations dans ce type éternel et ineffable de beauté qui est le modèle intérieur sur lequel se moulent les actes ou les œuvres de l’homme. […] Il l’avait reçu de la nature, inné, incorruptible, inflexible. […] Retiré souvent dans sa petite maison de campagne d’Auteuil, dont il avait fait son Lucretile à l’exemple d’Horace, il y cultivait à la fois ses plantes et ses livres ; il y recevait, pendant l’été, à sa table frugale, mais décente, tout ce que la France possédait d’hommes vénérés par la vertu, illustres par le génie. […] Pour quiconque a reçu le sens du style et du vers, ce dialogue égale Boileau aux plus grands artisans de la langue.

480. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

Ces idées vraies et simples prouvent que non seulement les auteurs, mais encore les nations, ne reçoivent que d’une belle et morale littérature, leur immortalité. […] Un de ceux que Louis Racine recommande expressément est l’étude des bons modèles, étude indispensable à qui veut accroître les forces naturelles qu’il reçut en naissant. […] Notre exécution sera inégale et grossière ; et les fruits de nos efforts ne peuvent bien mûrir qu’à la chaleur des inspirations que nous recevons des grands maîtres. […] Par ces raisons même, les imitations d’Euripide devinrent plus vraies, et son style en reçut une heureuse mollesse, une fluidité, un abandon entraînant qui saisit, emporte, et charme le lecteur. […] Obéissant aux conseils de sa raison élevée, il devint créateur d’un nouveau genre, et le soumit habilement aux règles déjà reçues d’unité, de vraisemblance, d’intérêt, et d’ordonnance théâtrale.

481. (1887) Essais sur l’école romantique

Hugo, qui marche à la tête, a dû recevoir les plus rudes coups. […] Il est reçu par les amis de ses victimes comme un étranger devant qui tout ne peut pas se dire. […] Pourquoi, quand l’amant donne un baiser de flamme, un baiser long (style de conte), pourquoi semblent-elles si désappointées de ne pas l’avoir reçu sur leurs lèvres ? […] Mais on y voit aussi ce style que Jules Janin a reçu du ciel, l’ingrat ! […] La révolution de 1830 éclate ; les héros de Juillet reçoivent l’encens des poètes ; M. 

482. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Une procession vient recevoir le nouvel arrivant dont les regards sont bientôt éblouis par la gloire céleste. […] Par ta sainte rédemption, reçois notre prière. […] Le solitaire le reçut fort bien et voulut savoir d’où il venait. […] Sand se lève et reçoit le poète vêtue d’une espèce de sarrau. […] Ils ne tardèrent point à élever un monastère pour recevoir les reliques.

483. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Je crois aussi que, si ma critique n’avait été que du marivaudage, M. de Lamennais n’aurait point paru si piqué ; j’ai reçu mainte lettre de lui où il me faisait l’honneur de parler de ma critique tout autrement. […] Il ne devait pas me si bien recevoir ni me faire croire à un intérêt qu’il n’éprouvait pas… — Le doucereux Flourens, dit M.  […] Amédée Pichot, qui était son voisin de campagne à Bellevue, et qui avait une arrière-pensée d’Académie française, reçut cette traduction tronquée des mains de M.  […] M. de Vigny, à qui on le dit, n’insista pas moins pour qu’on fît passer sa carte, assurant que, sur le simple vu de son nom, il serait reçu. […] Royer-Collard, à qui son neveu n’avait rien dit encore, sortit de son cabinet un peu contrarié et vint trouver M. de Vigny dans l’antichambre ou la salle à manger, pour s’excuser de ne pouvoir le recevoir en ce moment.

484. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Elle reçut en pleine figure la tiède caresse d’un soir de fenaison. […] Mais il était Alexandre Dumas, et en le recevant on recevait deux personnages, lui et son père ! […] Il reçut sur la tête un coup d’une violence extrême, qu’il crut lui avoir été appliqué par un de ses voisins. […] Comme lui, en effet, il reçoit, il retrace, mais de plus il entend, il ressent, il se rappelle et il classe. […] Avec mes camarades, j’avais au moins la ressource de donner et de recevoir des coups de poing ; c’est une attitude cela.

485. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Aussi je le dis hautement, quelques souffrances que nous éprouvions de la part de nos père et mère, songeons que sans eux nous n’aurions pas le pouvoir de les subir et de les souffrir, et alors nous verrons s’anéantir pour nous le droit de nous en plaindre ; songeons enfin que sans eux nous n’aurions pas le bonheur d’être admis à discerner le juste de l’injuste ; et, si nous avons occasion d’exercer à leur égard ce discernement, demeurons toujours dans le respect envers eux pour ce beau présent que nous avons reçu par leur organe et qui nous a rendus leurs juges. […] Le poète anglais William Cowper, âme tendre et mystique comme l’était Saint-Martin, obligé par le devoir de sa charge de se produire un jour en public devant la Chambre des lords, en reçut un ébranlement de terreur qui égara quelque temps sa raison50. […] On ne pouvait être moins propre à l’état militaire que ne l’était Saint-Martin : « J’ai reçu de la nature, disait-il, trop peu de physique pour avoir la bravoure des sens. — J’abhorre la guerre, j’adore la mort. » En restant quelque temps au service, il faisait le plus grand sacrifice aux volontés de son père. […] La philosophie du siècle, au plus beau de son installation et de sa victoire, avait reçu son premier coup, la première blessure dont elle mourra.

486. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Si quelqu’un des sujets de son père va lui faire de ces protestations dont on use ordinairement avec les princes, il les reçoit, et, le prenant à part, il le force à jurer, en un livre, qu’il le suivra dans toutes les guerres où il ira ; il le contraint ensuite à accepter à l’instant même quelque présent. » L’excellent précepteur, avec son De Officiis fut de tout temps impuissant, on le conçoit, à modérer la fougue de ce jeune poulain vicieux de nature. Cet honnête homme eut la loyauté d’avertir le roi du peu de progrès que faisait son fils et du peu de fruit qu’il tirait des leçons les plus assidues : Philippe II, dans sa patience, ne désespérait pourtant pas encore, et son affection paternelle ne semble avoir reçu aucune atteinte de ces premières impressions défavorables. […] En arrivant à Tolède, la nouvelle reine fut reçue par don Carlos, et, à la vue de ce jeune prince déjà malade de la fièvre et tout exténué, cette jeune femme fut saisie d’un mouvement de compassion et de tendre pitié qui se peignit sur son visage et dans son regard : don Carlos le sentit, fut touché de son accueil, et « dès ce moment il conçut pour elle des sentiments de respect et de déférence qui ne se démentirent jamais depuis. » C’est à cette limite qu’il convient de s’arrêter, et rien de ce que les romanciers et poètes ont imaginé d’un sentiment mutuel entre la reine et son beau-fils n’a le moindre fondement ni même le moindre prétexte historique. […] Il est enchanté de recevoir des présents et il les recherche, mais il n’en fait point aux autres.

487. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Nous faisions entendre qu’en notre qualité d’otages l’aga devait veiller à notre sûreté et qu’il était responsable de notre conservation ; ces représentations produisaient si peu d’effet qu’un jour que le citoyen Majastre se présenta à lui la tète ensanglantée d’une pierre qu’il venait de recevoir à côté de l’œil et qui lui avait fait une blessure large et profonde, il n’en obtint pas un signe d’intérêt. […] Parmi les Grecs, à peine ai-je trouvé un homme qui en fût révolté, et les prêtres, dont le fanatisme égale l’ignorance, se montraient nos plus grands ennemis. » À un moment où l’on apprend qu’ils ont reçu de leurs amis de Constantinople quelque somme d’argent, on semble changer de procédés à leur égard, ou plutôt la vexation se déplace ; les croyant riches, au lieu de les charger de pierres on les poursuit, on les agonise de demandes exigeantes ; c’est à qui mendiera près d’eux et leur arrachera quelques pièces de monnaie. […] La plainte fut reçue plus que légèrement. […] Le baron de Saint-André. — On voit que Jean-Bon avait reçu le titre qui était ordinairement attaché à celui de préfet de l’Empire.

488. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

L’état général de la littérature au moment où un nouvel auteur y débute, l’éducation particulière qu’a reçue cet auteur, et le génie propre que lui a départi la nature, voilà trois influences qu’il importe de démêler dans son premier chef-d’œuvre pour faire à chacune sa part, et déterminer nettement ce qui revient de droit au pur génie. […] Elle recevait ses vers, lui en demandait quelquefois ; mais le génie croissant du poëte se contenait mal dans les madrigaux, les sonnets et les pièces galantes par lesquels il avait commencé. […] Les mœurs littéraires du temps ne ressemblaient pas aux nôtres : les auteurs ne se faisaient aucun scrupule d’implorer et de recevoir les libéralités des princes et seigneurs. […] Dans la correspondance de Malherbe avec Peiresc, il n’est presque pas une seule lettre où le célèbre lyrique ne se plaigne de recevoir du roi Henri plus de compliments que d’écus.

489. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Mais dogmatique ou non, la critique, quelles que soient ses prétentions, ne va jamais qu’à définir l’impression que fait sur nous, à un moment donné, telle oeuvre d’art où l’écrivain a lui-même noté l’impression qu’il recevait du monde à une certaine heure. […] Après le vœu cruel de sa mère, c’est à la fontaine des Nymphes qu’elle va jeter l’anneau des fiançailles : Ô fontaine où l’on dit que dans les anciens jours Les nymphes ont goûté d’ineffables amours, Fontaine à mon enfance auguste et familière, Reçois de la chrétienne une offrande dernière. […] L’anneau que je reçus dans une autre espérance… Réjouis-toi, Dieu triste à qui plaît la souffrance ! […] C’est un homme tout neuf, non déformé, parfaitement original ; c’est l’être qui reçoit des choses et du monde entier les impressions les plus directes et les plus vives, pour qui tout est étonnement et féerie ; qui, cherchant à comprendre le monde, imagine des explications incomplètes qui en respectent le mystère et sont par là éminemment poétiques.

490. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

On commença par recevoir les idées antiques de seconde main, et par des intermédiaires. […] Deux auteurs charmants, ont été touchés par ce premier effet de la Renaissance et de la Réforme, et en ont reçu un caractère qui a fait durer leurs écrits ; c’est Marguerite de Valois et Marot. […] Elle les réunissait autour d’elle, et, soit pour l’érudition solide dans l’antiquité sacrée ou profane, soit pour le tour d’esprit du temps, à la fois sensé, galant et enjoué, il est douteux qu’elle reçût d’eux plus qu’elle ne leur donnait. […] Christine ne fait d’ailleurs aucune difficulté de recevoir des secours d’Apollon, et, dans les discours qu’elle tient au poète, elle s’autorise de l’Art d’aimer d’Ovide.

491. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

L’explication qu’il en donne est peut-être plus prudente que vraie. « Les hommes de goût, pieux et éclairés, dit-il100, n’ont-ils pas observé que, de seize chapitres qui composent le livre des Caractères, il y en a quinze qui, s’attachant à découvrir le faux et le ridicule qui se rencontrent dans les objets des passions et des attachements humains, ne tendent qu’à ruiner les obstacles qui affaiblissent d’abord et qui éteignent ensuite dans tous les hommes la connaissance de Dieu ; qu’ainsi ils ne sont que des préparations au seizième et dernier chapitre, où l’athéisme est attaqué et peut-être confondu, où les preuves de Dieu, une partie du moins de celles que les faibles hommes sont capables de recevoir dans leur esprit, sont apportées, où la providence de Dieu est défendue contre l’insulte et les plaintes des libertins ?  […] Il publia ses Caractères en 1688, fut reçu de l’Académie en 1693, et mourut trois ans après en 1696. […] La Rochefoucauld avait vu les emportements des caractères : ses portraits se sentent des fortes impressions qu’il avait reçues de cette violence. […] On résiste aux Maximes et aux Pensées comme à l’autorité d’une raison individuelle, aigrie par des circonstances personnelles à l’auteur ; mais on reçoit volontiers les leçons de la Bruyère, parce que sa raison est libre de ressentiments et de souffrances, et que, comme il le dit si délicatement, il ne fait que rendre au public ce que le public lui a prêté.

492. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

La règle selon laquelle s’opère cette répartition ne change pas tandis que la somme totale de richesse augmente ; en ce cas chaque individu recevra plus qu’il n’avait avant et tous auront intérêt à ce que cette somme totale de richesse augmente. Mais si la règle de répartition change, deux phénomènes différents peuvent avoir lieu : 1° avec la nouvelle répartition chaque individu reçoit plus qu’il n’avait avant Ce cas est semblable au précédent, et tous les individus auront intérêt à ce que l’augmentation supposée de richesse se produise ; 2° les uns reçoivent plus ; les autres moins qu’ils n’avaient avant. […] Certains individus recevant chacun une part minime de l’augmentation de la richesse peuvent préférer ne pas la recevoir pourvu que d’autres soient privés de la part considérable qu’ils auraient à toucher. » Vilfredo Pareto, L’Individuel et le social, Genève, 1904, p. 127.

493. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Baju reçut congé. […] Mme Baju mère, cordiale vieille, sous son bonnet de paysanne, recevait, en l’absence de son fils, les visiteurs. […] Et le plus admirable, c’est qu’à ce propos nous recevions des lettres de félicitations. […]  » Et ceci encore à propos d’une demoiselle qui venait d’être reçue docteur en médecine : — « Quelques-uns s’alarment de voir les femmes entrer en concurrence avec le sexe mâle.

494. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Goethe me reçut sur son cœur : « Pauvre enfant ! […] Elle voudrait se donner tout entière en esprit, mais qu’on se donnât aussi en retour : « Peut-on recevoir un présent sans se donner, soi aussi, en présent ? […] Au lieu de ces fantaisies habituelles où elle se jouait comme l’abeille ou le papillon, Goethe est tout étonné de recevoir d’elle des lettres ardentes où elle lui dit : « Ô Goethe ! […] Bettina se maria en 1811 à M. d’Arnim, et sa liaison avec Goethe, sans jamais cesser, en reçut une atteinte.

495. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Elle eut une maison et reçut ses amis. […] Enfin, et c’est peut-être bien là le meilleur pour la faire recevoir, elle partirait au moindre signe. […] Mme de Maintenon, toute bonne paroissienne qu’elle la croyait, sentait bien pourtant que cette nièce charmante n’était pas devenue une recluse, et qu’elle recevait des amis de toute espèce : « Vous savez bien vous passer des plaisirs, lui disait-elle, mais les plaisirs ne peuvent se passer de vous. » Telle était Mme de Caylus autant qu’on la peut ressaisir d’après quelques pages où ne se trouve encore que la moindre partie d’elle-même : mais, avec l’aide des témoignages contemporains, nous sommes sûrs du moins de ne lui avoir rien prêté en cherchant à la définir. […] [NdA] « Enfin, madame, votre Mme de Caylus a reparu à la Cour, non sans quelque confusion et pour elle et pour moi, mais elle y a été très bien reçue. » C’est Mme de Maintenonqui écrit cela à Mme des Ursins le 13 février 1707.

496. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

Ceux qui étaient dans les prisons en décembre 93 et en janvier 94 ont dit et redit souvent, après leur délivrance, quelle impression ils reçurent de l’apparition de ces premiers numéros du Vieux Cordelier : ce fut, six mois avant Thermidor, comme le premier rayon de soleil qui pénétrait à travers les barreaux. […] Desmoulins se fit recevoir avocat : avocat sans causes, il se trouvait naturellement disponible à la veille de 89, et tout prêt à devenir agitateur, pamphlétaire et journaliste. […] Il était lors deux heures après minuit, et le bon Louis XVI, sans douté dans les bras du sommeil, ne s’attendait guère à cette proclamation, à recevoir, à son lever, une médaille, et qu’on lui ferait chanter, avec toute la Cour, un fâcheux Te Deum pour tout le bien qu’il venait d’opérer. […] Target avait demandé un sursis pour l’abolition du droit de pêche, et il reçoit une adresse de remerciements de la part des anguilles de Melun : « Français, s’écrie là-dessus Camille Desmoulins, vous êtes toujours le même peuple, gai, aimable et fin-moqueur.

497. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

Déjà riche des libéralités de la Cour, il avait une jolie maison de campagne à Châtenay, et il y reçut la duchesse du Maine, qui l’honora de sa visite dans l’été de 1699, et à qui il donna une galante hospitalité ; elle y demeura étant enceinte, pendant le séjour de la Cour à Fontainebleau. […] Or, il arriva que Mlle de Launay et Mme de Lambert lurent à ce mardi des lettres qu’elles avaient reçues de la duchesse du Maine, laquelle, informée de cet honneur qu’on avait fait à ses lettres, eut l’air de s’effrayer qu’on les eût produites en si docte et si redoutable compagnie. […] Sa provision d’idées est faite ; elle rejetterait les vérités les mieux démontrées, et résisterait aux meilleurs raisonnements, s’ils contrariaient les premières impressions qu’elle a reçues. […] … L’idée qu’elle a d’elle-même est un préjugé qu’elle a reçu comme toutes ses autres opinions.

498. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

Il reçut la plus funeste éducation qui se puisse imaginer, celle qui pouvait le plus aider au développement de sa nature féminine et puérile ; il fut élevé dans la ruelle de sa mère. […] La seule chose sérieuse qu’il y fait, c’est d’entrer au séminaire et d’y recevoir les ordres sacrés en quatre jours, des mains d’un évêque in partibus. […] Bergeret, qui le reçut, lui parla d’abord de son trisaïeul le chancelier de L’Hôpital, et ne craignit pas de comparer Mme de Choisy, celle même qui avait élevé si singulièrement son fils, aux illustres Cornélies de Rome. […] On voit que tout n’était pas mollesse chez Choisy, ou que du moins sa cire molle savait quelquefois recevoir de fortes empreintes.

499. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

En un mot, il n’avait ni les formes ni le langage de la société dans laquelle il se trouvait ; et quoique, par sa naissance, il allât de pair avec ceux qui le recevaient, on voyait néanmoins tout de suite à ses manières qu’il manquait de l’aisance que donne l’habitude du grand monde. […] » Un moment Mirabeau crut que la balle lui venait en effet, et il la reçut avec une sorte d’ivresse et de bondissement. […] Il va se faire faire généralissime, c’est-à-dire se faire proposer le généralat, c’est-à-dire encore recevoir la dictature de fait, de ce qui est la nation, ou de ce qui a l’air de la nation. […] Des moyens, il les reçoit de la main de chaque journée.

500. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Parlant du père de son bon camarade Durant, laboureur d’un village voisin, et qui se plaisait à le recevoir les jours où les deux amis allaient en promenade : « Comme il nous recevait, s’écrie-t-il, ce bon vieillard en cheveux blancs ! […] Les jours de fête, il arrivait quelquefois à l’un des écoliers les plus favorisés quelque friand morceau ; ces jours-là le régal était en commun, et par une attention délicate, pour ne pas affliger les plus pauvres, celui qui avait reçu le morceau de préférence ne se nommait pas : « Lorsqu’il nous arrivait quelqu’un de ces présents, la bourgeoise nous l’annonçait : mais il lui était défendu de nommer celui de nous qui l’avait reçu, et lui-même il aurait rougi de s’en vanter.

501. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Chamillart, piqué d’honneur à son tour, sentant la probité en bourgeois, mais digne ce jour-là, par l’expression, d’être le secrétaire d’État de Louis XIV, fit à cette lettre une réponse qui est la meilleure preuve que les temps de la noblesse féodale avaient cessé : Monsieur, j’ai reçu la lettre que vous avez pris la peine de m’écrire au sujet des comptes du Biélois : si la somme avait été véritablement employée, vous n’offririez pas d’en faire le remboursement à vos dépens ; et, comme vous n’êtes pas assez grand seigneur pour faire des présents au roi, il me paraît que vous ne voulez éviter de compter avec les gens de plume que parce qu’ils savent trop bien compter. Bonneval, hors de lui, pris dans son tort, ou tout au moins provoqué dans son défaut intime, fit cette réponse d’une suprême et magnifique insolence, mais qui portait plus haut que Chamillart et qui atteignait le prince même et la patrie : Monsieur, j’ai reçu la lettre que vous avez pris la peine de m’écrire, où vous me mandez que je crains les gens de plume parce qu’ils savent trop bien compter. Je dois vous apprendre que la grande noblesse du royaume sacrifie volontiers sa vie et ses biens pour le service du roi, mais que nous ne lui devons rien contre notre honneur ; ainsi, si dans le terme de trois mois je ne reçois pas une satisfaction raisonnable sur l’affront que vous me faites, j’irai au service de l’empereur, où tous les ministres sont gens de qualité et savent comment il faut traiter leurs semblables. […] Elle ne reçoit des nouvelles que de ricochet et par les Français qui servent dans l’armée impériale ; elle s’en plaint avec douceur, avec timidité, comme quelqu’un qui se sent à peine des droits : Je suis bien heureuse que les Français qui sont dans votre armée n’aient point encore oublié leur patrie, car sans leur secours, malgré le peu de disposition que j’ai de vous croire coupable, je serais toujours dans des alarmes que votre situation ne fait que trop naître.

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