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397. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Pourquoi des sujets si éloignés dans le lieu et dans le temps, pourquoi des personnages si haut placés dans la hiérarchie sociale, des rois, des princes ? […] Enfin dans ce magnifique Discours sur l’Histoire universelle, fait à l’usage d’un prince moderne et d’un prince français, il ne manque que deux petites choses : l’histoire moderne et l’histoire de France.

398. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

s’il y a une intelligence digne de présider aux plus nobles transactions entre les hommes, c’est celle de ce prince, aussi libéral envers le catholicisme que son prédécesseur l’était peu. […] Ce qu’il fit pour l’administration de Rome et comme prince temporel pour l’Italie ; ce qu’il accomplit comme Pape en Allemagne, où il fut heurté par les prétentions de l’Empire ; sa belle tutelle du jeune Frédéric en Sicile ; sa conduite avec Jean-sans-Terre, ce prince qui mettait toujours, par ses fautes, la fortune du côté de ses ennemis, comme il y mettait le droit par ses crimes, tous ces succès brillants, incontestés, ne sauraient compenser le mal de ses fautes, surtout de cette persécution albigeoise contre laquelle il n’osa s’élever du haut de sa chaire de pontife.

399. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Paroles d'un croyant »

Je sais que les propositions que l’auteur prête aux sept hommes, et qui peuvent paraître le plus exagérées : Abolissons la science ; tuons la concorde ; le bourreau est le premier ministre d’un bon prince, etc., sont textuellement extraites d’un livre italien assez récemment imprimé à Modène. […] Satan dit aux princes : « Voici ce qu’il faut faire.

400. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre III. Les dieux »

Tantôt on se représente la puissance comme un despote141 ; tantôt comme un roi légitime142, tantôt comme un bel individu humain143, tantôt comme une loi abstraite indépendante des puissances particulières144, tantôt comme une loi abstraite simple expression des puissances particulières145, et l’on façonne là-dessus son Dieu et son prince. […] Toutes les fois qu’on lit dans Bossuet les triomphes de Dieu, on pense à ceux du prince ; le paradis qu’il décrit n’est pas fort différent de Versailles ; l’assemblée des élus est une cour où l’on distribue beaucoup de cordons bleus, et l’orateur lui-même, du haut de sa chaire, tonne par les mains de « son grand Dieu », comme l’ambassadeur en Hollande foudroyait les pauvres mynhers de la colère de son roi. — Et remarquez bien que ce dieu monarchique se trouve comme le roi placé entre le despote asiatique et le souverain moderne.

401. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VII. La littérature française et les étrangers »

La Correspondance de Grimm590 est le chef-d’œuvre du genre : les princes qui s’y étaient abonnés sous la promesse du secret absolu, recevaient chaque mois toutes les nouvelles littéraires, dramatiques, philosophiques, politiques, mondaines, le jugement et l’analyse de toutes les publications importantes, le journal détaillé en un mot de la vie de Paris, avec laquelle ils restaient ainsi en communication constante. Nombre d’autres écrivains ou écrivassiers français furent alors les correspondants particuliers de souverains, de princes, de gentilshommes dont la France était la patrie intellectuelle.

402. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens I) MM. Albert Wolff et Émile Blavet »

Et ce prince des chroniqueurs, dès qu’il cesse de nous raconter des anecdotes et s’élève à des « idées générales », écrit la plupart du temps dans une langue qui n’a pas de nom : un pur charabia de cheval d’outre-Rhin. […] S’il rend compte d’une entrevue avec le prince Victor, il n’ignore pas qu’un prince de vingt ans doit être de toute nécessité un homme remarquable, et il le dit.

403. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XI. Il Convitato di pietra (le Convié de pierre) » pp. 191-208

Le valet prend un siège, vient s’asseoir familièrement à côté du prince, et lui fait le récit de la Reine Jeanne. […] Le roi paraît ensuite ; Arlequin se jette à ses pieds, disant : “Ô prince !

404. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

Elle ne veut point être maîtresse, mais amie d’un prince à qui il faut faire perdre l’habitude des plaisirs désordonnés et apprendre ceux de l’amitié. […] L’intrépide fermeté du duc de Montausier et la parole que lui avait donnée Louis XIV, n’empêchèrent pas ce prince de reprendre bientôt après les chaînes qui le livrèrent encore à la domination de madame de Montespan.

405. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Tu saurais peindre le courtisan, sans offenser la cour ; l’ambitieux, sans atteindre l’homme qui se dévoue au service de sa patrie ; le flatteur, sans outrager le sujet qui rend un hommage légitime à son prince. […] Alors ta voix éloquente célébrerait ses bienfaits : dans l’ivresse de ta reconnaissance, tu t’écrierais encore : « Nous vivons sous un prince aussi juste que grand ! 

406. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Stendhal et Balzac » pp. 1-16

Elle le laissa dans ce manteau couleur de muraille qu’on prend la nuit et qu’il avait pris de jour pour être remarqué, et il eût passé dans un incognito de prince… qu’il était (un vrai prince de la pensée !)

407. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XV » pp. 61-63

— Le livre de M. de Custine sur la Russie est plus qu’un livre agréable : au milieu de beaucoup de répétitions, de bel esprit, d’afféterie même et de prétention à étaler ses propres sentiments qu’on ne lui demande pas, l’auteur a observé avec sagacité, avec profondeur ; il dévoile (et c’est la première fois qu’on le fait) les plaies et les lèpres de cette société russe, de cette civilisation plaquée ; il révèle sur le prince, sur les grands, sur tous, d’affreuses vérités : ce livre porte coup (c’est l’opinion de bons juges, non suspects de faveur).

408. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 266-268

Les ordres des Princes peuvent inspirer du zele, mais ne donnent pas les talens.

409. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Mystères. » pp. 35-37

Ces sortes de spectacles parurent si beaux dans ces siècles ignorants, que l’on en fit les principaux ornements des réceptions des princes, quand ils entraient dans les villes ; et comme on chantait noël, noël, au lieu des cris de vive le roi, on représentait dans les rues la Samaritaine, le Mauvais Riche, la Conception de la sainte Vierge, la Passion de Jésus-Christ, et plusieurs autres mystères, pour les entrées des rois.

410. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Ils valent mieux que des princes, et descendent jusqu’à des filles. […] Les princes font pis. […] » Le prince qui les passe en revue lui dit qu’il n’a jamais vu de si pitoyables gredins : « Bon ! […] dit Falstaff, chair à canon, mon prince, chair à canon. […] PRINCE.

411. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Une fois, pendant que le shôgoun faisait sa promenade dans la ville de Yédo, Hokousaï fut invité par le prince à peindre devant lui. […] Le prince veut le disgracier, mais l’officier qui le protège, devenu premier ministre, fait observer au prince que c’est lui qui l’a choisi, ce qui serait un aveu public qu’il s’est trompé sur sa capacité. […] Mais le prince s’est épris d’elles et a voulu en faire ses maîtresses. […] Et le prince, à la vue qu’il a de ces serpents à travers le châssis, pensant aux scènes que cette rivalité sourde a déjà amenées dans son intérieur, et des scènes qui suivront, abandonne son palais et se fait prêtre. […] Un prince, après une défaite, au moment d’être fait prisonnier dans un pays étranger, a pu arriver, poursuivi de très près, à la porte de la frontière.

412. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Je connaissais l’auguste famille d’Orléans, j’honorais ses vertus privées, je ne croyais pas à la conspiration ; mais je voyais avec regret, comme je l’ai dit plus tard, que, si ce prince ne conspirait pas, sa situation conspirait. […] J’avais donc résisté inflexiblement, le lendemain de la révolution de Juillet, à toutes les avances du prince nouveau et à son gouvernement, qui m’offraient avec instance un rôle dans le drame. […] vous ne le deviez pas : pour faire respecter une monarchie vous commenciez par abaisser le monarque, car vous ne lui offriez un trône qu’à la condition de répudier son devoir de prince, de proscrire sa famille et d’éloigner les royalistes. Une telle contradiction entre le nom d’un prince du sang et son rôle de roi révolutionnaire faisait du duc d’Orléans un instrument de parti, votre complice, mais n’en faisait pas un vrai roi. […] Comme en un fort, princes, nobles et prêtres, Tous assiégés par des sujets souffrants.

413. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Méry, Joseph (1797-1866) »

Chez tous deux, l’art des vers est un don gratuit et naturel ; pour tous deux, « diversité, c’est la devise » ; ils courtisent, en passant, Melpomène ; ils décorent leurs impressions de voyage des ornements de la métrique et du bel esprit ; ils brassent et rebrassent en mille façons leurs imaginations amoureuses, et, dans leurs livres galants, comme dans les rues d’Abdère affolée, résonnent les litanies voluptueuses de « Cupidon, prince des hommes et des dieux » ; diseurs raffinés, railleurs aisés, complimenteurs faciles, tous deux fuient la solitude, s’égaient à répandre leurs qualités aimables, et s’évertuent à propager, devant les assemblées brillantes, le mérite et la renommée de leurs contemporains et de leurs prédécesseurs.

414. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 249-251

L’Oraison funebre de Jean-George II, Prince Danhalt-Dessau, offre le portrait d’un Prince Chrétien, bien supérieur à ce vain étalage de vertus équivoques & fragiles, que la Philosophie moderne préconise si fort dans les Princes qu’elle regarde comme ses disciples….

415. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 354-356

Par mes bienfaits, j’enchaînerai leurs cœurs ; par tes leçons sublimes, tu les épureras ; par mes soins, je contiendrai les vices ; par ta force divine, tu feras germer les vertus ; j’encouragerai les arts, tu formeras les mœurs ; je ferai respecter la justice, tu en inspireras l’amour ; tu parleras quand les Loix se tairont ; & si jamais l’oubli des saints devoirs, si l’ivresse de la puissance pouvoit jamais m’égarer moi-même, alors tonne du haut des Cieux, remplis mon ame d’un effroi salutaire, rappelle-moi à mes sermens ; & que, traîné devant ton Tribunal, je reconnoisse qu’en toi seule les Princes ont un Juge, & les Peuples un vengeur ».

416. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre VI. Des Esprits de ténèbres. »

Nous verrons incessamment quel usage Milton a fait du caractère d’orgueil, donné par le christianisme au prince des ténèbres.

417. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre VI. Voltaire historien. »

Il lui est arrivé en histoire ce qui lui arrive toujours en poésie : c’est qu’en déclamant contre la religion, ses plus belles pages sont des pages chrétiennes, témoin ce portrait de saint Louis : « Louis IX, dit-il, paraissait un prince destiné à réformer l’Europe, si elle avait pu l’être, à rendre la France triomphante et policée, et à être en tout le modèle des hommes.

418. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

Jean Visconti, archevêque et tyran de Milan, maître de toute la Lombardie, l’accueillit en prince de l’intelligence humaine. […] » Charles VI, prince plus pacifique qu’ambitieux, négocia à Mantoue une paix facile, par la médiation de Pétrarque, entre lui et les Visconti. […] J’avoue qu’un tel séjour m’a tenté. » Galéas Visconti l’arracha momentanément à cette paix en le chargeant d’aller à Paris complimenter le roi Jean et négocier avec ce prince un traité d’alliance dont un mariage entre les deux maisons était le gage. […] Ses funérailles furent royales ; tous les princes et toutes les républiques d’Italie, les lettres surtout, y assistèrent par leurs plus illustres représentants. […] les paroles suprêmes de Torquato Tasso, après avoir vécu quarante-sept ans au milieu du mépris des courtisans, de l’orgueil des princes, tantôt incarcéré, tantôt errant et vagabond, et toujours mélancolique, infirme, indigent, il se coucha enfin dans son lit de mort, et il écrivit, en exhalant son dernier soupir : — Non, je ne veux pas me plaindre de la malignité du sort, pour ne pas dire plutôt de l’ingratitude des hommes.

419. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

On comprend, en lisant cette législation des songes, que Louis XIV, cet esprit simple, et Bossuet, ce génie de l’autorité, éloignèrent Fénelon du gouvernement des peuples et de l’éducation des princes. Les peuples vivent de vérités applicables, et les princes qui rêvent sont réveillés en sursaut par les catastrophes. […] Ce mariage, qui ne produisit point d’enfants, n’ayant pas trop réussi, madame de Warens, poussée par quelque chagrin domestique, prit le temps que le roi Victor-Amédée était à Évian, pour passer le lac et venir se jeter aux pieds de ce prince, abandonnant ainsi son mari, sa famille et son pays par une étourderie assez semblable à la mienne, et qu’elle a eu tout le temps de pleurer aussi. « Le roi, qui aimait à faire le zélé catholique, la prit sous sa protection, lui donna une pension de quinze cents livres de Piémont, ce qui était beaucoup pour un prince aussi peu prodigue ; et, voyant que sur cet accueil on l’en croyait amoureux, il l’envoya à Annecy, escortée par un détachement de ses gardes, où, sous la direction de Michel-Gabriel de Bernex, évêque titulaire de Genève, elle fit abjuration au couvent de la Visitation. […] Le premier de ces ridicules, c’est d’écrire, pour l’éducation universelle d’un peuple qui ne vit que de travail et de pauvreté, un livre qui suppose dans la famille et dans l’enfant qu’on élève une opulence de Sybarite ou des délicatesses de Lucullus, des palais, des jardins, des serviteurs de toutes sortes, des gouverneurs mercenaires attachés par des salaires sans mesure aux pas de chaque enfant, des voyages lointains à grands frais avec le luxe d’un fils de prince, voyages d’Alcibiade avec un Socrate à droite et un Platon à gauche de l’élève.

420. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

une voix enfin qui ne parle ni au nom de l’opinion, chose fugitive ; ni au nom de la philosophie, chose discutable ; ni au nom de la patrie, chose locale ; ni au nom de la souveraineté du prince, chose temporelle ; ni au nom de l’orateur lui-même, chose transformée ; mais au nom de Dieu, autorité de langage qui n’a rien d’égal sur la terre, et contre laquelle le moindre murmure est impiété et la moindre protestation blasphème ! […] Tous ensemble, en quelque degré de sa confiance qu’il vous ait reçus, environnez ce tombeau ; versez des larmes avec des prières ; et, admirant dans un si grand prince une amitié si commode et un commerce si doux, conservez le souvenir d’un héros dont la bonté avait égalé le courage. […] « Pour moi, s’il m’est permis après tous les autres de venir rendre les derniers devoirs à ce tombeau, ô prince ! […] « Jouissez, prince, de cette victoire ; jouissez-en éternellement par l’immortelle vertu de ce sacrifice. […] Au lieu de déplorer la mort des autres, grand prince, dorénavant, je veux apprendre de vous à rendre la mienne sainte ; heureux si, averti par ces cheveux blancs du compte que je dois rendre de mon administration, je réserve au troupeau que je dois nourrir de la parole de vie les restes d’une voix qui tombe et d’une ardeur qui s’éteint. » XXX La langue française prit dans cette bouche un accent qu’elle ne retrouva pas après lui ; mais il en reste un certain écho dans la voix des grands orateurs de la chaire qui lui succèdent sans l’égaler.

421. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Le roi n’était que la main du pontife, il vengeait l’Église, et l’Église, à son tour, vengeait le prince ; car ces deux autorités se confondaient en une. […] Un mot historique de Racine dans une de ses lettres à madame de Maintenon caractérise mieux que mille pages l’excès véritablement impie et cependant consciencieux d’asservissement à la personne divinisée du prince dont on se glorifiait à cette époque : « Dieu m’a fait la grâce, Madame, de ne jamais rougir de l’Évangile ni du roi dans tout le cours de ma vie. » Ainsi Dieu et le prince étaient placés au même niveau d’adoration et d’adulation par ces sujets agenouillés devant les deux puissances. […] Les jésuites appropriaient, avec un art consommé, la religion au temps, au pays, aux usages, aux vices même tolérés du prince et du peuple ; ils négociaient, comme des diplomates accrédités à la fois au ciel et sur la terre, entre le Christ et le monde. […] M. le prince de Condé a pleuré.

422. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Les électeurs et les princes de l’empire choisissent leur chef tantôt dans une maison, tantôt dans une autre ; le chef, l’empereur ainsi élu, reconnaît les limites de son autorité dans des lois grossières, mais religieusement observées, et surtout dans l’esprit électif qui n’était point alors un vain simulacre. Les peuples avaient eux-mêmes des droits défendus par les princes contre les usurpations du pouvoir impérial, et garantis contre les princes eux-mêmes par des institutions qui n’ont jamais été entièrement détruites : civilisation rude encore, il est vrai, mais pleine de force ; la liberté germanique, appuyée sur une unité religieuse qui trouvait dans tous les cœurs et dans tous les esprits une croyance absolue, fait alors de l’Allemagne une nation vraiment grande, respectée et redoutée de l’Europe entière. […] Un jour il arriva que sur le trône d’Allemagne se rencontra un prince dont la domination, s’étendant aussi sur les Pays-Bas, sur les Espagnes et sur la moitié de l’Italie, ne représentait plus aux peuples un gouvernement national. […] Quand l’unité du saint-empire eut péri, et que le titre d’empereur fut devenu un titre vain qui n’était plus en réalité que celui d’empereur d’Autriche, les électeurs et les princes, rendus à l’indépendance, devinrent peu à peu des monarques absolus, et au despotisme régulier d’un seul succéda une foule de despotismes particuliers.

423. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Ce pauvre prince change à vue d’œil, il est arrivé beau et maintenant il est laid, il est méchant. […] J’ai fait une longue conversation avec le prince Ouroussoff ; tout à coup le prince me dit : Voici les Ganz. — Tu te rappelles que j’ai donné le nom de Ganz aux deux princes allemands. […] Quel que soit devenu le parti bonapartiste, un peu avant la mort du petit prince il avait des élections, maintenant il n’a plus rien. […] Et l’attitude du prince pendant la nuit du coup d’État et sa politique est-elle assez en opposition avec celle de son cousin ! […] Il ne sera peut-être pas content d’être défendu par nous, le prince.

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