Ces pages de Raphaël renferment, en effet, plus de jolies choses qu’il n’en faut pour séduire, à une première lecture, des esprits et des cœurs qui portent en eux la facilité de l’admiration, et qui ne cherchent qu’un prétexte pour être charmés. […] Pour moi qui, en qualité de critique, suis de ce lendemain plus que je ne veux, je me demande, après avoir lu Raphaël non pas s’il y a assez de beautés pour nous toucher çà et là et pour ravir les jeunes cœurs avides et qui dévorent tout ; mais je me demande si les esprits devenus avec l’âge plus délicats et plus difficiles, ceux qui portent en eux le sentiment de la perfection, ou qui seulement ont le besoin du naturel jusque dans l’idéal, ne sont pas arrêtés à tout moment et ne trouvent pas, à cette lecture, plus de souffrance de goût que de jouissance de cœur et d’émotion véritable. […] Les amants heureux s’accommodent volontiers de tous les cadres ; ils portent en eux de quoi embellir les déserts.
Pour moi, je pense hardiment que l’intérêt qui s’attache à sa mémoire, que la pitié qu’excitent son malheur et la façon généreuse dont elle l’a porté, que, l’exécration que méritent ses juges et ses bourreaux, ne sauraient en rien dépendre de quelque découverte antérieure, tenant à une fragilité de femme, ni s’en trouver le moins du monde infirmés. […] Même dans le négligé, c’était une beauté de reine plutôt que de femme du monde : Aucune femme, a dit M. de Meilhan, ne portait mieux sa tête, qui était attachée de manière à ce que chacun de ses mouvements eût de la grâce et de la noblesse. […] L’adversité lui rendit des vertus ; l’élévation du cœur et la dignité du caractère se dessinèrent avec d’autant plus d’éclat qu’elles n’étaient point portées par un esprit tout à fait à la hauteur des circonstances.
Latreille le portaient, vers le même temps, à l’étude des insectes, particulièrement des araignées (les Aranéides), dont il étudia les mœurs, disposa les genres et donna les tableaux. […] Au lieu de nous rendre ce récit dans les termes mêmes plus qu’à demi légers, plus qu’à demi narquois, et avec le sel de l’original, il a voulu le traduire dans sa propre langue, il y a mêlé une élégance trompeuse ; il parle en un endroit de la désolation que la volonté d’un père « porta dans le cœur de la malheureuse Henriette (Mlle de Joyeuse) » ; enfin, il attendrit un peu trop le récit de Tallemant et y répand ce que j’appelle une teinte du style de Louis XVI, ce qui est le plus loin du ton de cette régence de Mazarin. […] Plus j’avançais dans ma lecture, plus j’apercevais dans vos regards et dans tous vos traits une expression de compassion et de terreur, qui me remplissait moi-même d’inquiétude et de crainte. — Quand parut le malencontreux cuisinier et que vous vîtes briller le fer qu’il portait à la main, vous vous précipitâtes aussitôt sur moi.
Dira-t-elle que la race latine ou la germaine portent « dans le sang » le sentiment de l’égalité, comme on a dit quelquefois que la première y portait l’amour de l’unité, et la seconde celui de la liberté ? […] Supposons, par exemple, que la coïncidence historique de l’égalitarisme avec la centralisation ne se révèle que très rarement ; si du moins nous saisissons clairement, sur ces exemples rares, les processus en vertu desquels les esprits exposés à l’action d’un régime centralisé doivent être portés vers les idées égalitaires, nous jugerons légitimement que la coïncidence en question cache une loi : la psychologie peut suppléer aux insuffisances de l’histoire pour conférer aux propositions sociologiques toute la vraisemblance dont elles sont aujourd’hui capables.
Le lord maire, ayant à ses côtés Monk et le duc de Buckingham, portait devant lui l’épée. […] Il porte aujourd’hui dans l’histoire narrative le talent qu’il avait porté dans l’histoire spéculative. […] Le nombre de leurs blessés augmentait ; il fallait des soldats pour les porter et d’autres soldats pour porter les armes des porteurs. […] Il fallait se procurer et porter avec soi le double de vivres pour tant de bouches. […] Sa faveur et sa disgrâce, son éducation et son naturel, ses qualités et ses défauts l’y avaient porté.
Son père étant échevin, Alexis fut choisi pour y figurer et porter une croix. […] Quelqu’un a dit : La Fontaine poussait des fables, Tallemant portait des anecdotes, Pétrarque distillait des sonnets, Piron éternuait des épigrammes. […] Comment vous portez-vous ? […] Louis XV, dit-on, à qui l’évêque Boyer porta la fameuse Ode qui était le péché de jeunesse de Piron, fit l’ignorant et se donna le plaisir d’en faire réciter au prélat les premiers vers. […] Je n’en conclurais pas pour cela à l’entière bonhomie du personnage ni à l’absence de bile : seulement son cerveau ne portait pas à long terme.
On s’étonne bien plus quand on contemple le degré de perfection auquel il a porté tous ces ouvrages. […] « J’en dis autant des chevaliers romains, de ce corps honorable qui entoure le sénat en si grand nombre, dont tu as pu, en entrant, reconnaître les sentiments et entendre la voix, et dont j’ai peine à retenir la main prête à se porter sur toi. […] celui que tu reconnais pour mon ennemi, celui qui va porter la guerre dans mon sein, qu’on attend dans un camp de rebelles, l’auteur du crime, le chef de la conjuration, le corrupteur des citoyens, tu le laisses sortir de Rome ! […] Tout présentement encore, quoique l’on trouve partout à Athènes les traces des grands hommes qu’elle a portés, je me suis senti ému en voyant cet hémicycle où Charmadas enseignait naguère. […] Après avoir tenté moi-même de porter l’art oratoire à un point encore plus élevé que nos prédécesseurs romains, je m’efforce avec plus de zèle encore de mettre dans son jour cette philosophie, d’où j’ai tiré tout ce que je puis avoir développé d’éloquence.
Vous portiez un talent grandi par la liberté et qui grandissait encore. […] On n’a pas besoin d’attendre le retour d’Allemagne, et l’impression en recueil de ces correspondances avec des impératrices de Russie, des rois de Prusse, des électeurs de Hesse ou de Bade, qui portaient le génie de la France au dix-huitième siècle partout. […] Ses forces portent à vide ; la matière leur manque ; elles se consument et le rongent. […] Si vous aimez un ami plus vieux, qui, déjà arrivé bien haut, vous prenne par la main et vous élève, vous grandirez rapidement, et sa faveur alors vous pèsera, ou vous lui porterez ombrage. […] Écoutez votre génie, monsieur ; chargez votre muse d’en redire les inspirations, et, pour atteindre la renommée, vous n’aurez besoin d’être porté dans la casaque de personne.
Sa vie, quand on l’embrasse, est harmonieuse et belle, toute d’incroyable labeur et de sacrifices allègrement portés, les uns publics, les autres secrets et que ses lettres révèlent ou laissent deviner. […] monsieur l’abbé, ou ne dites plus la messe et ne portez plus ce titre d’abbé, ou habillez-vous en prêtre, et vivez en prêtre… Malheur à vous, race fausse, prêtres mondains, non seulement stériles, mais qui, par votre seul aspect, frappez souvent de stérilité le travail des autres ! […] Tout ce qu’on peut lui reprocher, c’est d’avoir été trop porté à taxer de mauvaise foi ceux qu’il croyait dans l’erreur : mais il est clair qu’en cela il était lui-même de bonne foi. […] Il penserait que le rationalisme révolutionnaire, étant plus près de porter ses derniers fruits, est plus près de se juger lui-même par là, et que de sa tragique banqueroute peut sortir notre salut. […] Vous estimerez la beauté simple de sa vie domestique, la profondeur de ses affections familiales, et son immense labeur, et son courage allègre à le porter.
Dans les deux premiers tiers du dix-septième siècle, naissent comme tout exprès, pour porter tous les genres à leur perfection, des hommes de génie, qui s’adaptent chacun au genre qui semble lui être échu. […] L’esprit de comparaison, qui nous aide à porter des jugements exacts sur les écrivains, deviendrait un travers si nous voulions donner des rangs à ceux qui sont hors de rang, et distinguer des degrés dans la perfection. […] Esprit plus vigoureux que délicat, plus subtil que pénétrant, plus porté à la force qu’à l’analyse, il n’avait pas la curiosité tendre et patiente qui nous fait lire au fond de ce mystère de mobilité et de persévérance, de dissimulation et d’abandon, d’amour et de haine, d’ambition et de dévouement que recèle le cœur d’une femme. […] Elle a porté les livrées de l’érudition au seizième siècle, de la métaphysique galante au commencement du dix-septième, de la galanterie majestueuse sous le grand roi. […] Trouver des caractères, les engager dans des intérêts naturels et contradictoires, faire sortir de cette lutte des situations vraisemblables, et un événement suprême qui punît ou récompensât chacun selon ses actes, voilà où portait tout l’effort de Racine.
Il est un demi-dieu, charmant, léger, volage ; Il devance l’Aurore, et d’ombrage en ombrage Il fuit devant le char du jour ; Sur son dos éclatant où frémissent deux ailes, S’il portait un carquois et des flèches cruelles, Vos yeux le prendraient pour l’Amour. […] Mais ce dont surtout la postérité sait gré et tient compte, c’est de ce que trouve le talent et de ce qui naît sans peine et comme une grâce ; une strophe bien venue sur une fleur, sur un coquillage, sur un zéphyr, s’en va vivre durant des âges, et suffit à porter un nom.
Il a été répondu encore, et d’une manière plus directe (toujours au point de vue dont la commission n’avait point à s’écarter), que, toute part faite et toute justice rendue au talent de l’auteur, sur lequel il n’y avait qu’une voix, on ne pouvait découvrir réellement dans sa pièce d’autre intention dominante que celle de peindre ; qu’il avait porté son miroir où il avait voulu, qu’il avait fait une exhibition fidèle, inexorable, de ce qu’il avait observé, et avait montré les gens vicieux tels qu’il les avait saisis ; que ce n’était pas un reproche qu’on lui faisait, mais que c’était le caractère de sa comédie qu’on se bornait à relever, et que ce serait lui prêter gratuitement que de voir autre chose dans son Demi-Monde qu’une peinture attachante, ressemblante et vraie, digne d’être applaudie sans doute, mais non pas d’être récompensée comme ayant atteint un but auquel l’auteur n’avait point songé. […] Le ministre, homme de bien, qui a laissé une mémoire si honorée8, en recommandant expressément aux auteurs dramatiques, à la date de 1851, une direction morale formelle et un enseignement d’une utilité presque directe, portait secours là où il y avait encore danger ; il cherchait à proportionner le contrepoids à la force de l’entraînement qui avait précipité les esprits en sens contraire.
« À l’âge d’homme, nous dit son nouveau biographe, nous le peignant sans fausse complaisance, il était de taille moyenne ; ses cheveux châtain foncé frisaient naturellement à partir des oreilles, surtout derrière la tête ; il les portait courts. […] Il a fallu bien des années, bien des efforts et des bégayements de l’admiration et de la critique pour arriver à le refaire et à le compléter ainsi ; mais ces efforts n’ont pas été vains, mais on ne s’était point trompé dans un premier élan d’enthousiasme et de sympathie filiale ou fraternelle ; on ne l’avait point porté trop haut, et l’étude attentive, approfondie, n’a fait que justifier les désirs du cœur et confirmer les pressentiments du goût.
L’idée était si juste et si opportune qu’elle a aussitôt porté fruit et porté coup ; elle a eu l’honneur, dès le premier jour, de soulever les colères de ceux qui possédaient autrefois et dominaient l’entier domaine de l’intelligence humaine et qui, jusque dans leur décadence, quand presque tout leur échappe, voudraient tout garder.
Il semble que notre propre destinée se perde au milieu du monde qui se découvre à nos yeux ; que des réflexions, qui tendent à tout généraliser, nous portent à nous considérer nous-mêmes comme l’une des millièmes combinaisons de l’univers, et qu’estimant plus en nous la faculté de penser que celle de souffrir, nous donnons à l’une le droit de classer l’autre. […] Comme le jugement qu’on doit porter sur de telles circonstances dépend d’un petit nombre d’idées simples et promptement aperçues, le temps qu’on y donne par-delà, est tout entier rempli par les illusions de l’imagination et du cœur.
Celui-ci a porté sur ses traité, purs comme ceux d’un Grec du temps de Périclès, élégants comme ceux d’un prince d’Angleterre, la distinction que tous les poètes ont dans leur âme. […] Il portait longtemps son idée dans sa tête, sans en précipiter l’enfantement, et il ne la livrait au jour que sous une forme harmonieuse et parfaite.
« On a vu, dit-il, trois mois durant, certain nombre de ceux de sa faction sortir tous les matins de leur quartier, & prendre leur département de deux en deux, avec ordre de m’aller rendre de mauvais offices en toutes les contrées du petit monde & de semer par-tout leur doctrine médisante, avec intention de soulever contre moi le peuple, & le porter à faire de ma personne ce que leur supérieur a fait de mon livre… Ils ont été rechercher, pour grossir leur troupe, des hommes condamnés par la voix publique, fameux par leurs débauches & par le scandale de leur vie, connus de toute la France par les mauvais sentimens qu’ils ont de la foi. » Toutes les actions du P. […] « Quelques-uns de ses partisans, ajoute Balzac dans cette même relation, ont assuré qu’il avoit reçu un bref de notre saint père le pape… D’autres ont dit que l’assemblée du clergé avoit envoyé des députés pour se réjouir avec lui de la prospérité de ses armes… Il n’y a point de prince ni de princesse, de seigneur ni de dame de condition, à qui il n’ait fait porter ses livres en cérémonie, la plupart reliés en forme d’heures ou de prières dévotes.
Proposez à Madame Vien de faire un portrait, et portez ensuite ce portrait à la Tour. Mais non, ne lui portez pas ; le traître n’estime aucun de ses confrères assez pour lui dire la vérité.
Or cette attention continuée durant huit cens ans (les théatres furent encore ouverts à Rome durant huit siecles après l’avanture de Livius Andronicus,) n’auroit-elle pas été suffisante pour désabuser les romains de l’usage de partager la déclamation entre deux acteurs, si cet usage eut été aussi mauvais qu’on est porté à le croire par un premier mouvement. […] Or les monumens de la poësie, de l’art oratoire, de la peinture, de la sculpture et de l’architecture des anciens qui nous sont demeurez, font connoître que les anciens étoient très-habiles dans tous ces arts, et qu’ils les avoient portez à une grande perfection.
nous excusons facilement bien des genres d’illusion dans un homme, et l’illusion de la jeunesse, et l’illusion de l’admiration pour l’être supérieur qui fascine jusqu’au point de faire croire qu’on est digne d’en écrire la vie, et l’illusion même du plus mince talent, dont les premières révélations portent dans l’âme un trouble qui ne manque pas de grâce quoique demain cela doive être de la vanité ; mais à laquelle de ces illusions innocentes devons-nous l’histoire d’Émile Bégin ? […] Aussi, rien d’étonnant à ce que le législateur, le fondateur d’empire, ait saisi et fortement captivé son regard quand il l’a porté sur l’Empereur, sur cette encyclopédie de facultés faites homme, à qui il faudrait peut-être autant d’historiens et d’histoires qu’il possédait de facultés !
. — Si on supprimait celui-ci, l’épicier porterait E. […] Servez-lui un chef-d’œuvre, il le digérera et ne s’en portera que mieux !
Par mon ingrat pays, fut en vain adopté L’arrêt que Malezieu contre nous a porté. […] Eux seuls sur le théâtre ont porté la terreur.
On peut faire des sceptres et des couronnes, non des rois à les porter. […] On devait changer d’air. » — Le texte de la Revue portait : « Il la conduisit à Rouen voir son ancien maître. […] Remarquez que leur premier roman porta sur le monde qu’ils avaient le plus directement sous les yeux. […] Mais empêchez donc un artiste de porter partout le culte de la beauté et de le faire entrer dans sa morale quand, par hasard, il s’avise d’en avoir une. […] Le « matérialisme littéraire », tant signalé par les classiques au début du romantisme, était porté à son apogée, et au gothique fleuri succédait le gothique flamboyant.
Le jugement qu’il porta d’abord du tragique anglais fut, comme la plupart de ses premiers jugements, plein de mesure, de goût et d’impartialité. […] Mackenzie, outre ses armes et son télescope, portait lui-même un fardeau de vivres et de quincailleries, du poids de soixante-dix livres. […] Il vit une femme presque aveugle, et accablée de vieillesse, que ses parents portaient tour à tour, parce que l’âge l’empêchait de marcher. […] Porta eos in sinu tuo, sicui portare solet infantulum. […] « Portez cela au roi, dit-elle.
Mais il portait en lui l’antidote nécessaire. […] Le turban sur la tête, il portait des vêtements tout azurés. […] Quant aux plus âgés, ils portent carrément d’antiques hardes, jaunes et rapiécées. […] Je veux lui porter des cierges et de l’encens. […] Cinq portent des baumes précieux, cinq portent des robes de brocart.
Le 21 juin 1565, au moment où la procession passait devant le collège, une grosse pierre fut lancée d’une des fenêtres sur le Saint-Sacrement et sur le prêtre qui le portait. […] Dix-sept ans après, en 1716, le tarif fut porté à un neuvième en sus au profit de l’Hôtel-Dieu de Paris. […] Il portait sur l’épaule, en guise de massue, une petite bûche. […] Les Scythes et les Sarmates portèrent la peau de tigre, les Turcs le turban et le sabre recourbé ; mais pour bien des rôles l’habit français resta toujours de mise. […] La représentation à peine terminée, les comédiens partent de Saint-Germain dans trois voitures, à onze heures du soir, et viennent porter cette bonne nouvelle à Racine.
Mais, d’autre part, le même Stendhal, dont le cynisme de tête se complaisait à souffler ainsi sur les idoles du cœur, portait en lui un véritable fils de Rousseau. […] On est trop porté à se représenter l’imagination comme la faculté de l’irréel. […] Et au fond, c’est contre ceux-ci que portaient le plus vertement ses coups. […] Je lui reprocherais d’avoir porté sur un mal réel, dont il n’appartiendrait pas à un esprit vulgaire d’éprouver l’alarme, un diagnostic faux. […] Trop tard pour embrasser une dernière fois cette belle tête qui portait tant d’enthousiasmé et tant de sagesse.