(Ainsi la poésie savante rejoint la plus élémentaire.) […] Sa poésie est somptueuse et bienfaisante. […] Sully-Prud’homme tendre de plus en plus vers la poésie philosophique. […] Veut-on un exemple de cette curieuse poésie, si proche de la prose, et qui est encore de la poésie par la vertu du rythme et par le sentiment qui est au fond ? […] Puis il y a peut-être là plus d’éloquence que de poésie.
C’est parmi « cette rosée de meurtres » que végètent ici le courage et la poésie. […] Ils apparaissent dans les lois, ils éclatent dans la poésie. […] Toute grossière que soit leur poésie, celui-ci y est grand ; c’est qu’il l’est simplement et par ses œuvres. […] L’heureuse poésie d’Homère se développe abondamment en amples récits, en riches et longues images. […] La langue, les lois, la religion, la poésie diffèrent à peine.
Lainé goûtait la poésie autant que l’histoire et l’éloquence. […] La pâleur de la poésie frissonnait sur ses tempes. […] Mais la poésie et l’amitié sont du domaine réservé des choses éternelles. […] C’est la poésie de la maladie ; hélas ! la maladie n’est-elle pas un état de l’âme pour lequel Dieu devait créer sa poésie et son poète ?
Le mot caractéristique de la poésie de M. […] Une telle poésie a certainement de l’allure. […] Vielé-Griffin n’a usé que discrètement de la poésie populaire — cette poésie de si peu d’art qu’elle semble incréée — mais il eût été moins discret qu’il n’en eût pas mésusé, car il en a le sentiment et le respect. […] Pierre Quillard a réuni ses premières poésies sous un titre qui serait, pour plus d’un, présomptueux : La Gloire du Verbe. […] Herold s’est créé pour son plaisir et pour le nôtre une poésie de grâce et de pureté, de tendresse et de douceur.
Il avoit près de soixante ans lorsqu’il commença à s’exercer dans la Poésie. […] L’Abbé de Chaulieu, son ami, lui inspira sans doute le goût des Poésies légeres, & avec lui, cette liberté épicurienne qui se plaît à afficher l’insouciance dans la plupart de ses Pieces. […] On ne peut trop s’étonner qu’un homme dont les Poésies annoncent un caractere porté à l’indulgence, & qui en avoit lui-même besoin, se soit livré, avec si peu de réserve, au fiel qui domine dans ses Mémoires & Réflexions sur les principaux événemens du Regne de Louis XIV.
Ainsi alternent dans l’histoire de la poésie, formisme et création. […] Le Parnasse perdit le sceptre de la poésie. […] Pourquoi le théâtre nouveau ne fleurirait-il pas sur la nouvelle poésie ? […] Le Mouvement dans la poésie lyrique. […] Vingt ans de poésie française (1895-1914), Genève, Slatkine, 1981, p. 145-146.
Les petites notices anonymes qui se lisent en tête des poésies de Chaulieu et de La Fare dans les stéréotypes d’Herhan, et qui parurent en 1803, sont de Fauriel. […] L’étude de l’arabe sous M. de Sacy n’en souffrait pas ; Fauriel était arrivé à lire avec sûreté la poésie dans ces deux langues. […] C’étaient là des joies pures, et la poésie ne pouvait être loin. […] Fauriel inclinait à croire que dorénavant, dans cette lutte, la poésie proprement dite aurait de plus en plus le dessous. […] Cette poésie, qui coule de source, et où la vanité ni les petits effets n’entrent pour rien, qui n’est pas une poésie d’auteur, mais une effusion du génie populaire, Fauriel la suit dans ses moindres courants et jusque dans ses filets épars.
De la poésie en 1865. […] La poésie pour lui est ailleurs : elle a quitté les déserts, elle s’est transportée et répandue en tous lieux, en tous sujets ; elle se retrouve sous forme détournée et animée dans l’histoire, dans l’érudition, dans la critique, dans l’art appliqué à tout, dans la reconstruction vivante du passé, dans la conception des langues et des origines humaines, dans les perspectives mêmes de la science et de la civilisation future : elle a diminué d’autant dans sa source première, individuelle ; celle-ci n’est plus qu’un torrent solitaire, une cascade monotone, quand tout le pays alentour, au loin, est arrosé, fécondé et vivifié d’une eau courante, souterraine, universelle. […] En général, le complexe et l’éclectique est plutôt le fait de la sagesse et de la philosophie que de la poésie. […] Ç’a été de tout temps l’office de la poésie d’enregistrer un à un chaque bienfait social universel. […] Je suspends mon jugement sur l’ensemble, mon pronostic sur le lendemain : je me contente de demander, en général, à la poésie de M.
Faiblesse et artifice de la poésie. — 2. […] La poésie artistique cependant n’a pas disparu : mais par une étrange corruption se réalise un type paradoxal de forme poétique sans poésie ; le néant de l’âme féodale crée pour s’exprimer un art très savant et très insignifiant. […] Mais dans tout cet esprit, tout cet art, il n’y a pas un grain de poésie : ni intimité, ni personnalité : pas un mot qui sorte de l’âme ou la révèle. […] Sa poésie est toute réelle et personnelle, toute de circonstance ; il rime au jour le jour tous les événements de sa vie, et tous ceux de son temps. […] I-IX, in-8, 1869-1894 ; les Poésies, C.
Ferdinand Denis Scènes de la nature sous les tropiques de leur influence sur la poésie, suivies de Camoëns et de José Indio 18 décembre 1824. […] L’idée qui a présidé à l’ouvrage est celle-ci ; La poésie tire son premier charme des images qu’elle emprunte à la nature ; dans nos tièdes contrées, au sein d’une civilisation toute-puissante, cette nature a peine à se faire jour et n’est pas à l’aise pour se déployer : là seulement où un climat de feu la féconde sans relâche, et où le voisinage de l’homme ne la met point à la gêne, pleine de vie et de jeunesse, elle éclate dans toute sa solennité. C’est donc rendre service aux poètes, c’est ouvrir de nouvelles sources à leurs inspirations, que de leur mettre sous les yeux quelques scènes des tropiques envisagées sous cet aspect, et de leur montrer en même temps comme exemple la couleur particulière qu’elles répandent sur la poésie des indigènes. […] De nos jours, trois hommes qui ont écrit dans des genres et avec des mérites divers, mais toujours avec une grande richesse d’imagination, ont dû à de tels voyages la poésie neuve et brillante dont leur prose étincelle. […] Denis nous transporte dans les bocages d’Otahiti, séjour charmant de la poésie et de la volupté, où le navigateur oublie l’Europe et la patrie ; soit qu’aux bords sacrés du Guige, il nous retrace les caractères des beaux lieux qu’il arrose, la plénitude de la végétation, des villes au sein des forêts, (les gazelles et les biches auprès du buffle et du tigre, l’éléphant sauvage et sa vaste domination sur les hôtes des bois, et ses guerres sanglantes contre des armées entières de chasseurs ; soit qu’accomplissant cette fois toute sa mission, il nous montre la littérature portugaise passant du Gange au Tage, et qu’il présente les fables des Indiens, et leurs riantes allégories, et leurs croyances si douces et si terribles tour à tour ; alors, en s’adressant aux poètes, il est poète lui-même ; sa pensée, singulièrement gracieuse, s’embellit encore d’une expression dont l’exquise pureté s’anime des couleurs orientales.
La philosophie, à Rome, précéda la poésie ; c’est l’ordre habituel renversé, et c’est peut-être la principale cause de la perfection des poètes latins. Avant le règne d’Auguste, l’émulation n’avait point été portée vers la poésie. […] Toutes les littératures ont leur époque de poésie. […] Les poètes, sous le règne d’Auguste, adoptaient presque tous dans leurs écrits le système épicurien ; il est d’abord très favorable à la poésie, et de plus, il semble qu’il donne quelque noblesse à l’insouciance, quelque philosophie à la volupté, quelque dignité même à l’esclavage. […] Des réflexions morales se mêlent à leur poésie descriptive ; on croit apercevoir des regrets et des souvenirs dans tout ce que les poètes écrivaient alors ; et c’est sans doute par cette raison qu’ils réveillent plus que les Grecs une impression sensible dans notre âme.
Il est évident, pour qui lit son volume intitulé : Chansons et Poésies, qu’il aurait pu, s’il s’était écoulé avec attention et se fût religieusement conservé lui-même, briller parmi les affectés et les décadents de son époque, comme un talent aussi primitif et aussi naïf qu’il est loisible de l’être à cette male heure d’une civilisation décrépite. […] Assurément, il y a du Burns sous son écorce, du Burns qui c’est pas encore sorti de sa tige, dans le poète qui nous a donné Les Sapins, Le Braconnier, La Vache blanche, Le Lavoir, Le Bûcheron, La Fille du Cabaret, La Chanson de la soie, même Les Bœufs, populaires pourtant, mais comme toute poésie inférieure, Les Bœufs, dont l’inspiration est brutale, car la femme et la fille y sont grossièrement et sordidement sacrifiées aux animaux, et enfin Le Tisserand, dont le refrain est idéal d’imitation pittoresque et d’harmonie ! […] Or ce volume, qui s’appelle Chansons, s’appelle aussi Poésies, Eh bien ! cherchez dans ce volume des poésies étoffées, par exemple, comme Les Ponts d’Ayr, le Samedi soir dans la chaumière, La Requête au Diable, La Mort et le docteur Hornbook6, ces chefs-d’œuvre d’humour rustique, vous ne les trouverez pas ! […] Si nous en croyons le volume que l’auteur des Poésies et Chansons appelle les Études littéraires et qu’il nous donne comme les essais de sa muse juvénile, on voit que M.
Reboul, Jean (1796-1864) [Bibliographie] Poésies (1836-1840). — Le Dernier Jour (1839) […] — Poésies nouvelles (1846). — Le Martyre de Vivia (1850). — Les Traditionnelles (1857). — Dernières poésies (1865).
Pourquoi le génie d’Homère dans la poésie héroïque ne peut jamais être égalé. […] La plupart des observations philosophiques rentrent dans ce qui a été dit au second livre, sur l’origine de la poésie. […] Trois âges dans la poésie lyrique, comme dans la tragédie.
L’examen des Poésies et des Lettres confirme cette interprétation ; — si les Poésies de Marguerite sont généralement des poésies pieuses ; — « Elle aimait fort à composer des chansons spirituelles, dit Brantôme, car elle avait le cœur fort adonné à Dieu » ; — et ses Lettres, quand elles ne sont pas des lettres d’affaires ou des lettres politiques, sont des lettres « mystiques ». — De l’attitude de Marguerite à l’égard du protestantisme. — L’affaire du Miroir de l’âme pécheresse. — Les dernières années de Marguerite, et sa mort. […] I. — Sainte-Beuve : Tableau de la poésie française au xvie siècle, 1828 ; et « Joachim du Bellay », dans les Nouveaux lundis, t. […] Que du Bellay a créé en France la « poésie intime » et la satire ; — Comparaison de ses élégies avec celles de Marot. — Il a la grâce, la délicatesse et la mélancolie. — Il a aussi l’ironie légère. — Pourquoi la flamme de ses poésies latines n’a-t-elle pas passé dans ses vers français ? […] Couat, La Poésie alexandrine, Paris, 1882. […] Gautier, « Notice sur Baudelaire »]. — Enfin la Pléiade a prétendu relever la dignité du poète en même temps que celle de la poésie ; — et elle y a réussi. — De l’acclimatation des genres de l’antiquité dans notre littérature.
Pour qui sait voir et sentir, la nature a mis la poésie partout, comme le feu caché dans les éléments ; il ne s’agit que de frapper le caillou pour que la flamme jaillisse ; il ne s’agit que de toucher juste le cœur pour que la poésie en découle à grandes ondes comme le sentiment. […] L’art est une déchéance pour la femme : elle est bien plus que poète, elle est la poésie. […] Mais la poésie épique la ravissait en extase, et non pas tant la poésie héroïque, comme l’Iliade et l’Énéide, dont les personnages et les aventures sont trop dissemblables à nos conditions et trop loin du cœur, mais la poésie épique de la Bible ou de l’Odyssée. […] Toute la poésie de l’hospitalité éclate dans ce récit en inexprimable simplicité de style. […] c’est l’évangile de la vie rurale : l’esclave et le maître y sont égaux devant la poésie et devant la nature.
il faut le reconnaître, elle est souvent interdite à la poésie de Victor Hugo. […] La poésie de Hugo n’est pas de celles qui soient tournées naturellement du côté de l’Infini. Il l’y tourne de volonté, comme Darius tournait la tête de son cheval du côté du soleil… La poésie vraie, la poésie sincère de Hugo est bien plutôt du côté contraire. […] Alors, le poète, en proie à lui-même, jette des vers comme ceux-ci, par exemple, tirés d’une poésie (Le Prisonnier) où la Haine, que je disais plus haut une Muse, ne l’a pas été ce jour-là ! […] Par ses prétentions exorbitantes, par ses théories comme par ses poésies, il passionna énormément l’opinion.
on pourroit assurer qu'il a perdu celui qu'il a employé à faire ses Poésies. […] Vainement y chercheroit-on de l'enthousiasme, de la Poésie, du dessin dans le plan, du coloris dans les images, de l'énergie dans l'expression, qualités indispensables au genre lyrique, duquel on peut dire, Qu'il n'est point de degrés du médiocre au pire. […] Les mêmes sentimens l'ont porté à s'élever contre les Philosophes modernes dans des Epîtres moins mauvaises que ses Odes, mais toujours foibles, & dans les Discours préliminaires placés à la tête de ses divers Ouvrages de Poésie.
Les Flamands ont trouvé leur égal en poésie : La nuit, l’hiver s’était montré dans son humeur la plus rude ; le matin avait été piquant et clair : mais maintenant à midi, au sud des collines en pente, et où les bois font un abri contre le vent du nord, la saison sourit, oubliant toutes ses colères, et elle a la tiédeur de mai. […] L’éclair de la poésie et du génie ne cessait de briller de temps en temps à travers les éclipses et les ombres. […] Viens lui parler de devoir, de convenance, lui dire combien la vérité morale est aimable, combien le sens moral infaillible… Ne t’épargne pas sur ce sujet… Déploie toutes tes facultés de déclamation et d’emphase à la louange de la vertu… Pousse ta prose éloquente jusqu’à surpasser l’éclat de la poésie… Il y manque toujours une toute petite parole à voix basse, que Celui-là seul peut prononcer de qui le verbe atteint d’un coup son plein effet, et qui dit aux choses qui ne sont pas d’être, et elles sont à l’instant. […] Aussi, lorsque j’ai exprimé le regret que la France n’eût point, dès ce temps-là, une poésie pareille et comparable à celle des Anglais, je pensais moins encore à la peinture directe de la nature considérée en elle-même, peinture dont notre prose élevée présente de si belles et si magnifiques images, qu’à l’union de la poésie de la famille et du foyer avec celle de la nature. […] » Bernardin de Saint-Pierre, chez nous, a fréquemment mêlé aux peintures naturelles de vives images de la vie et de la félicité domestique : mais la poésie en vers était restée en arrière, on ne sait pourquoi.
Les préceptes de l’art tragique ne mettent pas aux sujets que l’on peut choisir autant d’entraves que les difficultés mêmes attachées à l’exigence de la poésie. […] Tel degré de passion inspire la poésie : un degré de plus la repousse. […] Le génie français n’a jamais été très remarquable en ce genre ; et maintenant on ne peut ajouter aux effets de la poésie, qu’en exprimant, dans ce beau langage, les pensées nouvelles dont le temps doit nous enrichir. […] Un nouveau genre de poésie existe dans les ouvrages en prose de J. […] Les romans, la poésie, les pièces dramatiques, et tous les écrits qui semblent n’avoir pour objet que d’intéresser, ne peuvent atteindre à cet objet même qu’en remplissant un but philosophique.
Et, pour une fois, la musique a su ajouter à la poésie au lieu de l’effacer par des sensations moins définies et plus fortes ; et, comme ces petits vers ne sont qu’un tissu d’images et d’impressions flottantes, les mélodies de Massenet nous ont peut-être encore mieux fait sentir tout ce que recèlent d’enchantement ces vagues et délicieuses romances, que je voudrais appeler des romances panthéistiques. […] Cardinal ; mais je suis sûr que Chicago est autrement vivant que Rome. » — Eh bien, moi, je ne connais pas les Védas ; mais je suis presque sûr que la poésie de M. […] Ce qui, dans le premier moment, n’est qu’instinct brutal, est poésie à son dernier terme, et cette poésie peut être si haute qu’elle fasse oublier absolument ses humbles origines. […] Armand Silvestre a copieusement vengé le pauvre dieu Crépitus, et je ne m’en étonne plus : il est assez naturel qu’ayant, dans sa poésie savante, les imaginations des anciens hommes, il ait aussi leurs gaietés et se gaudisse des mêmes objets. […] Quand on ne tiendrait aucun compte du talent qui éclate dans ses poésies lyriques, M.
Est-ce de la science ou de la poésie ? Est-ce chair ou poisson, que ce gros livre d’un méli-mélo enragé qui veut faire la science poétique et la poésie scientifique, et qui ne parvient qu’à rendre le tout ridicule ? […] … Poétiquement mal bâti en Victor Hugo, — ce grand bossu déjà, comme l’appelle Henri Heine, — Quinet, par ainsi deux fois mal conformé, a toujours été, en poésie, à Victor Hugo ce qu’un eunuque est à un muletier ; mais s’ensuit-il que, scientifiquement, il puisse être un Hercule ? […] Edgar Quinet doit être le même homme dans la science que dans la poésie. Poésie trouble ; science trouble.
. — Poésies (1842). — Charlotte Corday et Mme Rolland (1842). — Le Monument de Molière (1843). — Réveil de la Pologne, chants des armes (1846). — Le Peuple (1848). — Ce qui est dans le cœur des femmes (1852). — Poème de la femme (1853-1856). […] Auguste Desplaces Ses poésies sont peu originales, mais faciles et élégantes. […] La poésie en est grande et simple tout à la fois ; elle caractérise merveilleusement, selon nous, le génie de l’auteur, qui-appartient au romantisme par le fond et au genre classique par la forme.
» La mère du poète, naïve et rêveuse comme les filles de l’Allemagne, était poète elle-même sans avoir cultivé jamais la poésie comme un art. […] Lié d’inclination littéraire avec quelques-uns de ses compagnons de captivité, il composait déjà, à l’envi de ses émules, des ébauches de poésie et de drame. […] Il s’éprit d’une veuve charmante et légère, à laquelle il donna dans ses poésies lyriques le nom de Laure : Pétrarque allemand dont l’amour s’évaporait en métaphysique. […] Marmier, l’importateur des poésies du Nord dans notre langue, poète lui-même par l’imagination et le sentiment. […] Mais la poésie méditative, la poésie épique, la poésie lyrique, la théologie mystique ont un instrument mieux façonné à leurs usages dans l’allemand.
La poésie est propre au poëte. […] De cette bouche horrible et souillée sort un éblouissement de poésie. […] La femme veut l’homme ; sinon l’homme, au lieu de la poésie humaine, aura la poésie spectrale. […] Sa poésie, c’est lui, et en même temps, c’est vous. […] En poésie, elle n’a pas dit son dernier mot.
La littérature latine moderne pâlissait nécessairement en présence des chefs-d’œuvre de poésie française qui venaient d’éclore et qui illustraient le règne ; cette littérature et cette poésie latine, déjà de toutes parts en retraite, trouva néanmoins son dernier refuge et son emploi dans les livres d’Église. […] Pour des hommes d’école tels que Gui Patin, la poésie française qui allait se renouveler et atteindre à sa perfection par Despréaux, par Racine et La Fontaine, existait peu ; la poésie latine, si florissante au xvie siècle, n’avait pas cessé de régner. […] Cependant il se formait à cette époque, et surtout chez les jésuites, toute une génération polie, assez mondaine, qui avait un pied dans la littérature du temps et un autre dans la littérature scolaire, et qui sut faire de la poésie latine une branche de côté, une plate-bande étroite, mais encore admise dans le riche parterre du grand règne. […] Il y avait des moments où il se disait bien pourtant qu’il s’élevait d’autres gloires que la sienne, et que la poésie latine n’avait plus la faveur dont elle avait joui autrefois auprès des grands ; il sentait d’une manière confuse qu’en étalant sa denrée de vers latins à cette heure où tout présageait la grande saison de la langue française, il s’était fait, comme on dit, poissonnier la veille de Pâques. […] Santeul, qui se flattait avec raison d’être tout de feu et qui mettait la poésie dans la verve, ne tarissait pas quand il parlait des vers exsangues de du Périer, qui usait ses ouvrages à force de les polir, et qui s’y consumait lui-même : Fecerat exsuccum labor improbus arsque poetam, Dum probat et damnat, dumque retractat opus.
Là est sa poésie ; là sont ses souvenirs héroïques ; là est sa législation, sa politique, sa morale ; là est son histoire ; là est sa philosophie, et sa science ; là, en un mot, est sa religion. […] Mais tout est noble en vue de la grande science définitive, où la poésie, la religion, la science, la morale retrouveront leur harmonie dans la réflexion complète. […] La poésie elle-même présente une marche analogue. Dans la poésie primitive, tous les genres étaient confondus ; les éléments lyrique, élégiatique, didactique, épique y coexistaient dans une confuse harmonie. […] Puis la forme supérieure dans la grande poésie de Gœthe, de Byron, de Lamartine, admettant simultanément tous les genres.