En place de l’homme individuel qui n’arriverait jamais à l’intelligence s’il était seul, il fallait saisir toute la personne sociale. […] Si on appliquait à l’auteur des Philosophes français un des procédés de son livre qui consiste à changer un homme de place, — à faire naître M.
Toute une armée de géomètres a passé pourtant sur le géomètre du dix-septième siècle et planté plus loin que la place où il était tombé l’étendard de la découverte ! Le jansénisme s’en est allé en fumée avec les autres poussières d’un siècle écroulé, et, jusqu’en ce beau livre des Pensées, il s’est trouvé de vastes places qui maintenant font trou dans le reste, comme dans un tableau écaillé.
Il n’y a pas que le génie littéraire de Fontenelle, retrouvé au fond de sa fonction, comme une chose oubliée à sa place dans l’intérêt de son successeur. […] Non seulement il est spiritualiste, puisqu’il est cartésien, et nous avouons que jamais ce spiritualisme-là ne nous a paru très formidable et très auguste ; mais il est chrétien, et il a toujours mis sa science derrière le christianisme, ce qui est sa place, malgré les rébellions insolentes de quelques savants !
C’est ainsi que pourrait l’être, et que l’a été à plusieurs places de son poème, l’auteur du Poème humain, qui nous invente une mythologie de l’avenir tout aussi fausse que les mythologies du passé, mais moins facile à trouver, car, ainsi que l’auteur des Métamorphoses, il ne l’avait pas sous la main et il l’a cherchée dans sa tête. […] En attendant, nous voyons, dans son Poème humain, qu’il y fait rimer LOIN avec SOUTIEN à la page 195, et qu’il y obtient, à mainte place, des effets de cacophonie aussi étonnants que celui-ci : Il se revêt de chair comme l’arbre d’écorce, Et comme de sa coque l’œuf !
Le sonnet, qui n’est qu’une très petite chose, tricotée, je le veux bien, avec beaucoup de soin et d’adresse, sans un point tombé, sans une maille perdue, n’est, en somme, que cette « bourse de soie faite avec une oreille de cochon », et même cette bourse n’a guères de place que pour contenir un petit écu ! […] L’âme, chez lui, tient encore une plus grande place… Il aime le soleil, mais il n’en est pas le Memnon.
I Alphonse Lemerre, l’heureux et brave éditeur qui, chaque jour, prend une place plus large dans la publicité et dans la préoccupation de ceux qui, par ce temps industriel et maudit, pensent encore à la littérature, achève de publier, en ce moment, une édition des Œuvres de La Fontaine. […] Telle n’était pas la coutume de nos pères, qui mettaient le cœur à gauche et les Introductions à leur place.
Puisque j’ai parlé de Corneille, quel exemple ne nous a-t-il pas donné, celui-là, de cette remontée d’aigle lassé, mais insatiable d’azur, vers ce ciel d’où il tombe, mais qu’il reprend par places avant de tomber tout à fait. […] Il se précipita de son zénith sans discussion, sans cabrement devant l’abîme, et il sombra nettement, d’un trait, la tête en bas, tombant à pic dans ses Chants patriotiques et religieux, — et je ne dirai point à plat ; car il sembla trouer la place où il tomba pour mieux s’y ensevelir et y disparaître.
Le poème de Paris est, tout le temps qu’il dure, un long rire éclatant ou étouffé avec toutes les nuances que le rire peut avoir, effrayant par places, comique à d’autres, burlesque, cordial et bonhomme. […] Il est resté, au contraire, toute sa vie, qui fut longue, à la même place, — et c’est peut-être là que les poètes, ces malheureux inquiets, seraient le mieux, s’ils pouvaient y rester.
Qu’il confie à chacun la place qui convient à son caractère ; les emplois militaires à l’âme forte et au courage mêlé de prudence ; les magistratures, à la justice tempérée par l’humanité ; les premières places de l’empire, à ceux dont le mérite, composé des deux autres, unit la vigueur du caractère aux vertus.
Ce serait vraiment une trop sotte pruderie que celle qui m’empêcherait d’oser parler à ma guise d’un charmant poëte qui a eu, en son temps, de très-vives légèretés et de graves torts, mais qui a occupé une grande place dans la littérature de son siècle et du commencement du nôtre, dont les élégies ont été réputées classiques en naissant, que les plumes les plus sérieuses ont longtemps salué le premier des modernes en ce genre, et dont la mort a été pleurée par nos plus chers lyriques comme celle d’un Anacréon. […] Après cela, nous ne ferons aucune difficulté de reconnaître qu’il développe en cette carrière nouvelle plusieurs des qualités épiques, un art véritable de composition, des agréments de conteur, et qu’il y rencontre, dans le genre gracieux, bien des peintures fines et molles, telles qu’on peut les attendre de lui : l’épisode de Thaïs et Elinin a mérité d’être extrait du poëme dont il fait partie et de trouver place dans les Œuvres choisies, où, ainsi détaché, il peut paraître comme un malicieux fabliau. […] Au lendemain de l’apparition de la Guerre des Dieux, une place se trouvait vacante à l’Institut ; il s’agissait de remplacer Delille qui s’était obstiné, un peu tard, à émigrer. […] Nous sommes assez heureux pour pouvoir donner la lettre simple, sérieuse et digne que le poëte écrivait à l’homme en place en le sollicitant. […] « Monsieur le Directeur, « La place de bibliothécaire en chef du Corps législatif qui m’avait été promise ne sera point créée.
Fouché, ministre de la police, tenta en vain de la séduire par l’offre d’une place de dame du palais dans la maison du maître de la France et par la perspective de l’influence qu’elle y prendrait sur le cœur du guerrier ; elle fut inflexible dans ses refus. […] Il cherchait aventure dans les événements et dans les partis ; véritable condottiere de la parole, conspirant, dit-on, peu d’années auparavant avec le duc de Brunswick contre la révolution française, conspirant maintenant avec quelques femmes la chute de Bonaparte, bientôt après fanatique à froid de la restauration de 1814, puis sonnant le tocsin de la résistance à Napoléon au 20 mars 1815 dans une diatribe de Caton contre César, huit jours après se ralliant sans mémoire et sans respect de lui-même à ce même Napoléon pour une place de conseiller d’État, prompt à une nouvelle défection après Waterloo, intriguant avec les étrangers et les Bourbons vainqueurs pour mériter une amnistie et reconquérir une importance ; échappé du despotisme des Cent-Jours, reprenant avec une triple audace le rôle de publiciste libéral et d’orateur factieux dans la ligue des bonapartistes et des républicains sous la monarchie parlementaire, poussant cette opposition folle jusqu’à la haine des princes légitimes sans cesser de caresser leurs courtisans, tout en fomentant contre eux l’ambition d’une dynastie en réserve, prête à hériter des désastres du trône légitime ; caressant et caressé après les journées de Juillet par le nouveau roi, recevant de lui le subside de ses nécessités et de ses désordres ; puis, honteux de l’avoir reçu, ne pouvant plus concilier sa dépendance du trône avec sa popularité républicaine, réduit ainsi ou à mentir ou à se taire, et mourant enfin d’embarras dans une impasse à la fleur de son talent : tel était cet homme équivoque, nourri dans le sein de quelques femmes politiques du temps. […] Ce fut dans ce séjour à Lyon, avant les dernières crises de l’Empire, qu’elle connut un des hommes qui ont tenu le plus de place, sinon dans son cœur, du moins dans ses habitudes ; cet homme était le philosophe Ballanche. […] Sainte-Beuve, poète sensible et original alors, politique depuis, critique maintenant, supérieur toujours, qui aurait été le plus agréable des amis s’il n’avait pas eu les humeurs et les susceptibilités d’une sensitive ; Ballanche, enfin, que nous avons caractérisé plus haut, et le jeune disciple de Ballanche, Ampère, qui devait prendre sa place après la mort de son maître et se dévouer à la même Béatrice. […] D’autres amitiés, évidemment, avaient pris la place de la sienne.
Si, malgré la petitesse de notre planète, ce qui la concerne exclusivement occupe dans cet ouvrage la place la plus considérable, et s’y trouve développé avec le plus de détail, cela tient uniquement à la disproportion de nos connaissances entre ce qui est accessible à l’observation et ce qui s’y refuse. […] On les entrevoit comme autant de voies lactées où Dieu range ses créations matérielles avant de les lancer à leur place dans ses mondes. […] Dans l’épopée nationale de Virgile, la description du paysage, d’après la nature même de ce genre de poème, devait être un simple accessoire, et ne pouvait occuper que peu de place. […] L’ensemencement des champs, la culture de la vigne, qui réjouit le cœur de l’homme, celle de l’olivier, y ont aussi trouvé place. […] Que d’ailleurs, dans les plus anciennes poésies des Arabes, la description du sol n’ait tenu que peu de place, il n’y a pas là de quoi s’étonner, si l’on songe, ainsi que l’a remarqué un orientaliste très versé dans cette littérature, M.
J’avais à la Visitation une petite demoiselle française, dont j’ai oublié le nom, mais qui mérite une place dans la liste de mes préférences. […] Les arbres sont encore jeunes : je les ai plantés moi-même, ainsi que cette vigne, que j’ai fait monter jusqu’au-dessus du mur antique que voilà, et dont la largeur me forme un petit promenoir ; c’est ma place favorite… Montez le long de ces pierres ; c’est un escalier dont je suis l’architecte. […] D’abord la description la plus simple et la plus triste du site où il place la scène de sa sublime tristesse ! […] Il n’y a que ceux-là qui savent le dire, parce que c’est la nature qui parle à leur place. […] quand serai-je assez indépendant pour chasser de ma bibliothèque tous ces rhétoriciens dont on nous ennuie au collège, pour n’y donner place qu’aux hommes qui n’ont de rhétorique que le sentiment !
Mais la pensée qui lui a donné naissance et l’esprit de ses premiers travaux la rendent digne d’avoir une place parmi les choses qui durent ; cette pensée et cet esprit ont compté parmi les forces de l’esprit français à cette époque, et même en cessant de le servir, ils n’ont pas cessé de lui être conformes. […] Il est tout simple que, dans les écrits où l’auteur n’était en quelque façon que la main de la compagnie, il n’y eût pas place pour le bel-esprit. […] Il y voit son plus beau titre, la plus grande faveur de son étoile, dans cette épître où, parlant de tout ce qui lui est arrivé d’heureux, il dit : Mais des heureux regards de mon astre étonnant Marquez bien cet effet encor plus surprenant, Qui dans mon souvenir aura toujours sa place, Que de tant d’écrivains de l’école d’Ignace Étant, comme je suis, ami si déclaré, Ce docteur toutefois si craint, si révéré, Qui contre eux de sa plume épuisa l’énergie, Arnauld, le grand Arnauld fit mon apologie. […] Quelle place y a-t-il là pour le talent de la personne ? […] Mais pour celles qu’on a extraites du livre de Nicole, autant elles sont agréables dans la suite de son discours, où elles égayent la sévérité de la matière, autant elles nous sont indifférentes, ainsi détachées et mises au grand jour, pour être vues hors de leur place et pour elles-mêmes.
-P. de Béranger, et gouaillant les curés ; sous le gouvernement de Juillet, nous les avons vus conservateurs tant qu’ils étaient en place, et de l’opposition dès qu’ils n’y étaient plus ; après 1848, nous les avons vus pâles, tremblants de peur, terrifiés, devenus tout à coup républicains du lendemain, et nous les avons entendus, le 4 mai, acclamer quatorze fois la république qui ne leur en demandait pas tant ; puis nous les avons vus conspiroter entre eux, se disputer dans l’espoir, à toujours déçu, de portefeuilles qui ne leur reviendront jamais, et se frotter les mains en pensant qu’ils allaient reconquérir ces bons ministères où l’on était si bien et qu’on ne peut se lasser de regretter. […] L’une est bien loin, sous le soleil, sapant, minant, travaillant, découvrant, grandissant, affranchissant ; l’autre est assise à cette même place où elle a posé son siège il y a dix-huit cents ans ; elle sommeille, comme les vieillards, elle joue avec des textes, elle bégaye des choses inutiles auxquelles nul ne fait attention, elle a parfois des accès de cruauté domestique, et si, levant par hasard ses yeux affaiblis, elle voit la science qui se hâte sur sa route infinie, elle lui crie : Attends-moi ! […] C’est à lui à prendre sa place, à marcher en tête le premier, comme un apôtre et comme un général, et à guider valeureusement ses deux sœurs éternelles à travers ces champs verdoyants où s’épanouissent, comme des fleurs de réhabilitation, les efforts de l’esprit humain. […] si cela était, quel siège on ferait à cette vieille et trop solide citadelle des erreurs invaincues encore ; comme on battrait ses murailles en brèche, comme on repousserait ses sorties, comme on affamerait la place en la forçant à vivre sur elle-même, comme on donnerait l’assaut avec des cris d’enthousiasme, et comme on planterait joyeusement son oriflamme sur la plus haute tour, afin que le soleil de Dieu pût se réjouir en la voyant de tous les coins de l’horizon ! […] En récompense, on donnait au pauvre hère quelques écus de six livres, une place à l’office et un lit dans les communs.
Sa philosophie historique était si vague et elle donnait une si grande place à l’autonomie humaine qu’elle excluait d’avance toute conception scientifique de l’histoire. […] Il avait eu la naïveté de lui offrir, comme compensation, une place de conservateur à la Bibliothèque nationale. […] Taine eut, dès le premier jour, une place à part au milieu d’eux. […] Tout le monde lui décernait d’avance la première place. […] Il y a place pour l’admiration, pour le mépris, pour le rire, pour les pleurs.
Plus habile et plus riche, elle a ouvert (c’était son droit et son intérêt) une large place à la critique. […] L’humanité moyenne n’y occupe pas une place proportionnée à son importance. […] Place à ceux qui veulent que l’idée passe plus aisément du cerveau sur le papier ! […] Place donc à la science ! […] Et je dis encore : Place à la politique !
L’individu isolé se place en dehors de la civilisation tout entière et s’attribue le droit de la juger. […] J’ai fait depuis bien d’autres réflexions sur ce sujet, et j’ai pensé qu’elles pourraient trouver leur place ici. […] que tout cela tient peu de place ! […] Son cœur est trop plein pour que l’amour puisse y trouver une grande place. […] Serait-ce cependant parce qu’il leur faut peu de place qu’ils se logent si bien dans la mémoire ?
Mestrallet ne se montre ni absolument décadent ni tout à fait parnassien ; il tient une place entre les deux formules de l’art poétique actuel, et même il ajoute à ces formules quelque chose d’intime dont la douceur sied.
Il semble devoir conquérir facilement une place à part parmi les nouveaux venus.
A son retour, il exerça dans le Ministere des Affaires étrangeres, la même place que M. l’Abbé de la Ville & M.
D’abord Médecin, ensuite Abbé, puis Littérateur ; il dut à cette derniere qualité une place de Secrétaire d’Ambassade à Rome, sous le Maréchal d’Estrées.
Que les femmes belles et intelligentes tiennent une place immense dans les sociétés monarchiques. […] Or l’avènement démocratique supprime le respect, et laisse place au reste. […] Quoique très bon logicien, ce n’est pas au point de vue dialectique qu’il se place et de l’instrument logique qu’il aime à user. […] C’est par hérédité que vous occupez la place d’un premier occupant disparu depuis des siècles. […] La physiologie y tient peut-être un peu trop de place.
En effet, il eût été mieux à sa place roi de la mer ou chef de bandes au moyen âge. […] On reconnaissait les paysages : ils avaient été copiés sur place. […] Les geôliers rient et lui font la fosse à la place où il est mort, « dans la terre plate et sans gazon », laissant pendre au-dessus « sa chaîne vide. » Jour par jour alors, le plus jeune se flétrit « comme une fleur sur sa tige », sans se plaindre, au contraire encourageant son frère qui se tait, désespéré et morne1281. […] Il est à sa place et achève une série. […] I am living here exposed to it (assassination) daily, for I have happened to make a powerful and unprincipled man my enemy, and I never sleep the worse for it, or ride in less solitary places, because precaution is useless and one thinks of it as of a disease which may or may not strike.
Il ne fait point partie du « Tout-Paris »… son petit livre a été imprimé en province, chez l’honnête Hyacinthe Caillière, place du Palais, à Rennes.
Qu’on place donc au monument d’un chrétien, d’un côté, les pleurs de la famille et les regrets des hommes ; de l’autre, le sourire de l’espérance et les joies célestes : un tel sépulcre, des deux bords duquel on verrait ainsi les scènes du temps et de l’éternité, serait admirable.
Les pastiches sont presque toujours froids, quelque illusion que donne la forme ; l’étincelle intérieure manque, l’inspiration personnelle fait défaut, on piétine sur place. […] Ébranlés par de violentes secousses et comme arrachés de leurs fondements, ils semblaient aller de côté et d’autre, puis revenir à leur place. […] Pour les tableaux de nature, il est aisé de les faire sur place, et nous avons montré que c’est précisément ce qui fait le mérite des descriptions. […] Je suppose que vous écriviez sur place. […] La longue courbe du fleuve était indiquée par un double cordon de gaz, que rattachaient d’autres cordons, de place en place ; on eût dit une échelle de lumière, jetée en travers de Paris, posant ses deux extrémités au bord du ciel dans les étoiles.