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610. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Th. Ribot. La Philosophie de Schopenhauer » pp. 281-296

Comme il n’était pas encore le futur bouddhiste détaché assez de son moi pour ne pas craindre le choléra, il détala comme s’il eût eu les quatre pieds d’un lièvre, quand cette maladie parut à Berlin, et il se retira à Francfort-sur-le-Mein, où il resta vingt-neuf ans, comme Kant à Kœnigsberg, mais moins tranquille. […] Hégel, qu’il détestait et qu’il méprisait avec furie, cet Hégel qu’il tenait enfin sous les pieds, n’avait pour lui jamais été qu’un bâtard de Kant.

611. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

Dans tout prêtre qui enseigne, il y a, dans la mesure de son humanité pensante, le moraliste et le théologien : le théologien fait par la méditation et la contemplation des grands problèmes de cette double vie de l’âme et du corps qui nous cernent de toutes parts et qui nous étreignent ; et le moraliste fait par la confession, cette institution qui décuple la valeur d’un homme en ouvrant les cœurs à ses pieds et en l’y faisant regarder ! […] C’est une vaste polémique engagée et soutenue du haut de la chaire, mais qui n’en est ni moins forte, ni moins victorieuse parce qu’elle en est descendue, parce que nous la retrouverons toujours à portée de notre main quand, lassés, nous voudrons nous appuyer, pour reprendre haleine, contre le mur de l’orthodoxie, et revoir de là la défaite de l’ennemi vaincu… Modèles d’apologie et de discussion, elles furent prononcées pour rappeler aux pieds de notre Dieu abandonné les générations actuelles, et elles ont fait leur moisson sans doute, mais le confessionnal le sait seul et ne parle pas, ce tombeau de la pénitence !

612. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Dargaud »

Pascal, l’homme au gouffre en toutes choses, cet épouvanté qui voyait partout l’abîme qu’il croyait à ses pieds ; Pascal, ce lycanthrope du jansénisme, devait haïr une forme de langage qui est dans le sentiment humain à une si grande profondeur. […] » disait une femme qui, les pieds dans la gloire, en foulait tristement la misère.

613. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Edgar Quinet »

Armé de cette puissance qui est la somme de vie de tous les êtres apparus sur le globe, je défie la mort, je brave le néant… Lorsque je vois cette lente progression, depuis le tribolite, premier témoin effaré du monde naissant, jusqu’à la race humaine, et tous les degrés vivants de l’universelle vie s’étayer l’un sur l’autre, et tous ces yeux ouverts, ces pupilles d’un pied de diamètre qui cherchent la lumière, toutes ces formes qui s’étagent l’une sur l’autre, tous ces êtres qui rampent, nagent, marchent, courent, bondissent, volent au-devant de l’esprit, comment puis-je croire que cette ascension soit arrêtée à moi, que ce travail infini ne s’étende pas au-delà de l’horizon que j’embrasse ? […] Il prend la Création du pied des faits où elle n’est pas, car elle est le principe générateur de tous les faits, et sa Création, quand elle serait tout ce qu’il dit, ne serait pas encore la Création, mais l’histoire des choses créées, ce qui est différent.

614. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

Il était peu connu, ce poète qui avait passé trente ans dans la volupté de sa rêverie et de ses vers, et qui a eu le temps de ramasser cet éclatant boisseau de poésies de toute espèce qu’il versait en une seule fois si luxueusement à nos pieds. […] » — La cloche du vieux mont lui répond : — « C’est ici. » — Par les beaux soirs d’été, quand le soleil abîme Ses rayons enflammés dans l’outremer du ciel, De cette autre Sion, de ce nouveau Carmel, Regardez à vos pieds l’horizon, — c’est sublime ; Les champs, les prés, les bois, le fleuve et le ravin Sont inondés de rose et teintés de lumière.

615. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Stendhal et Balzac » pp. 1-16

justement parce qu’ils n’étaient pas si étroitement attachés à l’intérêt le plus grossier de leur négoce, parce qu’ils n’étaient pas si marchands au pied raccourci de la lettre, ils faisaient naturellement de plus grandes affaires dans un commerce où l’appréciation de la chose mise en circulation exige presque l’intelligence du critique, qui voit les deux bouts de la chaîne : le mérite d’un livre et son effet probable sur le public. […] Balzac, qui a monté le diamant de Beyle, ramassé sous les pieds du public trop myope pour l’apercevoir, n’avait point de reconnaissance et n’en devait nullement à Beyle.

616. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Sa vie de jeune fille se passe à faire de l’escrime, à regretter d’avoir laissé se jeter par la fenêtre un petit garçon de douze ans amoureux d’elle, à donner son pied à baiser aux hommes et à potiner d’amour avec les femmes. […] Elles remontent ensuite, à pied, vers les Batignolles, et le long du chemin, la fruitière, avec sa connaissance du grand monde et du cœur humain, achevé d’expliquer à la Périgourdine ce que c’est que la haute société parisienne. […] Celui à côté de qui j’étais me parut être un homme d’environ trente-huit ans, de la taille d’environ cinq pieds quatre pouces, d’une complexion grasse. […] Dépouillés, nus et attachés au pied des lits, ils devaient assister aux violences exercées sur leurs femmes et leurs filles ; d’autres étaient torturés, fustigés, chauffés, jusqu’à ce qu’ils révélassent le secret de leurs cachettes. […] On comprend cet aveu, quand on pense que par un froid terrible, notre capitaine se trouvait, par un vent glacial, à huit mille pieds au-dessus du niveau de la mer.

617. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lapaire, Hugues (1869-1967) »

N’est-elle pas la proche parente de la vieille haulmière de Villon cette « vieille, les pieds sur les landiers » ?

618. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rouquès, Amédée (1873-1935) »

Il ne pousse pas la licence jusqu’à l’extension indéfinie de ces vers de quinze pieds, dont l’indiscrète longueur a failli éloigner de M. 

619. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre IV. Suite des Philosophes chrétiens. — Publicistes. »

Ici, ce sont trois vieillards qui discourent en allant de Gnosse à l’antre de Jupiter, et qui se reposent sous des cyprès, et dans de riantes prairies ; là, c’est le meurtrier involontaire, qui, un pied dans la mer, fait des libations à Neptune : plus loin, un poète étranger est reçu avec des chants et des parfums : on l’appelle un homme divin, on le couronne de lauriers, et on le conduit, chargé d’honneurs, hors du territoire de la République.

620. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Roslin  » pp. 149-150

Il est de 14 pieds de large sur 10 de haut.

621. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Don Juan, dès qu’il a vu le spectre, a perdu la moitié de sa valeur ; Hamlet, au contraire, il s’appuie sur le fantôme, et l’un et l’autre, Hamlet et le fantôme, ils s’en vont, les pieds dans l’abîme et la tête dans le nuage ! […] venir les chercher, jusqu’au pied de l’autel, ces hommes noirs, et les vouer à l’exécration publique ! […] C’est lui qui signera l’arrêt de mort du roi de France, qui traînera la reine à l’échafaud, qui tuera à coups de pieds dans le ventre, l’orphelin de tous les rois de la maison de Bourbon ! […] Alors la voix grondeuse s’éloigne, et c’est le roi qui éteint la bougie en se jetant aux pieds de la jeune personne à demi pâmée ; ici la toile tombe, heureusement, pour les chastes regards. […] peu s’en faut qu’il ne se noie ; il allait son petit train avec Charlotte, et voilà Mathurine qui lui coupe l’herbe sous le pied.

622. (1897) Aspects pp. -215

À l’orient, l’aube va bientôt poser ses pieds frileux sur les collines pâles. […] Bien plus, depuis l’époque où il avouait son abdication aux pieds du musicien, sa veine s’est encore rétrécie. […] Ils sont d’un amoureux débordant, heureux de jeter au pied de l’Aimée toutes les fleurs et tout son cœur. […] Drumont mis au pied du mur répondit par des insultes ce qui est plus facile que de trouver des raisons. […] Couché à ses pieds, contre la pierre du foyer, le chien Grill ronfle — méprisant.

623. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 115-117

L’autre jour chez Pigal, en contemplant Voltaire, Je disois : Qu’a donc mis ce fameux Statuaire Sous les pieds du fils d’Apollon ?

624. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Sur les exercices, des. Cadets russes. » pp. 549-546

«  Voici les réflexions qu’a faites à ce sujet un homme de bien, justement célèbre, que la reconnaissance a amené de huit cents lieues au 60e degré à l’âge de soixante ans, au pied du trône de sa bienfaitrice » : « Jugez, disait-il, combien cela doit plaire à un homme dont la première éducation a été aussi dissipée, aussi violente et peut-être plus périlleuse, et qui a le front cicatrisé de plusieurs coups de fronde reçus de la main de ses camarades.

625. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Un manant lui coupa le pied droit et la tête, Le seigneur du village à sa porte les mit, Et ce dicton picard alentour fut écrit          Biaux chires leups, n’écoutez mie          Mère tenchent chen fieux qui crie. […] Maintenant sous quel prétexte persuadera-t-elle au rat de se laisser lier les pieds ? […] Le rat fut à son pied par la patte attaché. […] Nous n’avons pas autant de loisir que La Fontaine, et je saute deux pages bizarres qu’il n’a pas sautées : « Mercure avec son chapeau pointu, sa capeline, talonnières et caducée, se jette par la trappe des cieux, fend le vide de l’air, descend légèrement en terre, et jette aux pieds du bûcheron les trois coignées ; puis lui dit : « Tu as assez crié pour boire. […] La Fontaine, pour mieux frapper les orgueilleux, lui donne un ton de protection insolente, et le jette aux pieds de celui que sa bienveillance voulait humilier.

626. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Mais aussitôt, c’est l’avenue de l’Opéra, ce sont les boulevards, avec les enchevêtrements de milliers de voitures, la bousculade des trottoirs, les populations tassées au haut des tramways et des omnibus, le défilé à pied ou en voiture de cette innombrable humanité d’ombres chinoises, sur les lettres d’or des industries des façades ; avec dans la nuit l’éveil agité et pressé, le mouvement, la vie d’une Babylone. […] — Oui, toujours… c’est vraiment atroce la continuité de la douleur, et la perspective de cette continuité… autrefois, le lit c’était une espérance… maintenant c’est redoutable de surprises… j’ai besoin de me relever, il faut que je marche pour user ma douleur… Je souffre, voyez-vous, tout ce qu’il est possible de souffrir… tenez parfois, dans le pied, c’est comme si un train de chemin de fer me passait dessus… Ah ! […] , mon premier bouquin, j’ai parfois des colères, contre le non-vrai du livre, qui me font jeter les feuilles imprimées par terre, et les repousser du pied, loin de moi… Puis, je vais les rechercher. […] Mme de Nittis, dépeignée, un caraco mal boutonné sur une camisole, une jupe attachée de travers, de l’égarement dans les yeux, va incessamment d’un bout à l’autre du long salon, tombant un moment sur un fauteuil ou sur un canapé, qu’elle trouve en son chemin, se relevant aussitôt, et reprenant son éternelle promenade, avec des pieds qui traînent et qu’on sent las, et qui marchent toujours. […] » Et allant et venant, elle murmure : « Ce matin, c’est singulier… je ne pouvais pas rassembler mes idées… mais ça revient… oui, oui, elles rentrent en place. » Puis soudainement, et comme si elle trouvait sous ses pieds un trou, un précipice, elle se met à crier : « Ah !

627. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

La première ruine d’empire dont la terre est semée le confond, le premier tombeau rencontré sous les pieds le dissipe, la première déception de cœur ou d’esprit le fait fondre en larmes. […] J’en descendis en sursaut, les pieds nus, le livre à la main, les genoux tremblants ; je sentis le besoin irréfléchi de lire cette page dans l’attitude de l’adoration et de la prière, comme si le livre eût été trop saint et trop beau pour être lu debout, assis ou couché ; je m’agenouillai devant la fenêtre au soleil levant, d’où jaillissait moins de splendeur que de la page ; je relus lentement et religieusement les lignes. […] À mesure que la route devient plus longue, plus pénible et plus glaciale, le héros est abandonné de lassitude par ceux qui l’ont le plus aimé sur terre, qui ont d’abord tenté de le suivre, mais qui, rebutés de ses infortunes, retournent en arrière, ou succombent à ses pieds sur les sommets de glace et de neige dans son ascension. […] Son chien seul, plus fidèle et plus inséparable de lui que l’amitié et que l’amour, suit en haletant les traces de son maître pour mourir à ses pieds ou pour triompher avec lui. […] Il est tout mains et tout pieds, il est tout visage, toute tête, tout œil, tout oreille.

628. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Ceux qui ont le bec court ont de petits pieds ; et ceux qui ont un long bec, de grands pieds. […] Le Pigeon Romain (Runt, C. hispanica, C. campana) est un oiseau de grande taille, avec un gros bec et de grands pieds ; quelques sous-variétés ont un très long cou, d’autres de longues ailes et une longue queue, d’autres une queue extrêmement courte. […] La largeur proportionnelle de l’ouverture du bec ; la longueur relative des paupières, les dimensions de l’orifice des narines et celles de la langue, qui n’est pas toujours en exacte corrélation avec, la longueur du bec ; le développement du jabot ou de la partie supérieure de l’œsophage ; le développement ou l’avortement de la glande oléifère ; le nombre des plumes primaires et caudales ; la longueur relative des ailes et de la queue, soit entre elles, soit par rapport au corps ; la longueur relative des jambes et des pieds ; le nombre des écailles des doigts ; le développement de la membrane entre ces derniers, sont autant de parties variables dans leur structure générale. […] Pourtant on pourrait à la rigueur admettre que la huppe et les pieds emplumés de beaucoup de nos Pigeons ne sont, comme le développement de la queue des Pigeons-Paons ou le gonflement du jabot des Grosses-Gorges, que des déviations accidentelles ayant en quelque sorte le caractère de monstruosités provenant, soit du traitement contre nature de l’embryon, soit des effets du climat, des habitudes, de la nourriture, et qui, manifestés d’abord sous l’influence de la domesticité et de la réclusion, se seraient ensuite à demi généralisées, sinon fixées, par suite d’une sélection capricieusement plutôt que constamment poursuivie.

629. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

La ville immense était à nos pieds, traversée par le ruban argenté de la Seine et grimpant peu à peu sur les hauteurs. […] Il se réfugia dans la foi catholique : il déposa aux pieds du Sauveur toutes les passions qui le tourmentaient. […] Deux Tatares armés de pied en cap, — Tatares en effigie toutefois, — y montaient la garde. […] D’un pic, qu’il a trouvé à ses pieds, il enfonce le crâne du vieux, qui tombe mort à la renverse tandis que le masque glisse de son visage ensanglanté. […] Quelque chose que je pourrais jeter aux pieds de l’homme qui se moque de mes labeurs, — oui, quelque chose qui me réconfortât dans mes moments d’humeur noire.

630. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

C’est parce qu’il était parti du pied gauche au lieu de partir du pied droit. […] « La société romaine, au temps de l’empire romain, produisait peu d’enfants ; elle en arrivait à ne plus mettre sur pied de soldats nationaux. […] La personne vouée justement à saint Yves-de-la-Vérité sèche sur pied pendant neuf mois. […] Nous mîmes une sentinelle au pied de la colonne. […] « Moi aussi, j’ai servi dans l’artillerie », disait-il au capitaine Greatly, en mettant le pied sur le Northumberland.

631. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Une Vénus avec des pieds si mal faits, qu’on dirait qu’elle a porté des souliers à grands talons. Mes pieds sont bien mieux. […] Il s’agirait d’aller de Nice à Rome à pied, s’arrêtant dans toutes les villes intéressantes. […] Mes supérieurs iront en voiture, moi à pied, nous serons toute une société. […] L’air est embaumé, et la fille qui rêve aux pieds du pommier en fleurs « alanguie et grisée », comme dit André Theuriet.

632. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Il venait à Paris une fois par quinzaine environ, à pied durant l’été, se mettant en route avec le jour et lisant tout le long du chemin. […] On affectait d’abord de tout définir, de réduire le problème à ses termes les plus nets, les plus précis, identifiant les idées et leurs signes, afin de raisonner ensuite au pied de la lettre ; on simplifiait tout pour tout mieux résoudre, tandis que, dans la réalité, les choses vont se grossissant, se compliquant sans cesse par suite des passions, des intérêts, des intentions cachées. […] On le voit suivre pied à pied la marche du procès, et à chaque moment il sait découvrir, il ose proposer le procédé le plus sage, le moins inique, le moins sujet aux conséquences subversives et déshonorantes pour la -naissante morale républicaine. […] Ce jour-là, par un beau soleil d’automne, le Directoire en grand costume, La Revellière-Lépeaux en tête, sortit à pied de l’École militaire, précédé de tous les ministres, grands fonctionnaires, et des principaux corps de l’État ; chaque membre du cortége tenait à la main une branche de laurier ou de chêne. Puis, sur l’autel de la patrie, qu’entouraient des groupes de peupliers et des candélabres supportant des cassolettes fumantes d’encens, aux pieds de la statue de la Liberté, le Directoire ayant pris séance, La Revellière-Lépeaux célébra le.héros dans un discours plein de bons sentiments et de déclamations théophilanthropiques.

633. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

cette planche terrifique, comme une épouvante rencontrée la nuit, par un clair de lune, au coin d’un bois : un homme empalé à une branche d’arbre, nu, saignant, les pieds contractés de souffrance, l’agonie de sa torture sur la face, et dans le hérissement des cheveux… le bras coupé net, comme un bras cassé de statue… Et puis, tournez la feuille : des bouches qui crachent la vie, des mourants vomissant le sang sur des cadavres ; et tournez encore la feuille : l’Espagne mendiant, les pieds dans la voirie d’une ambulance… Le génie de l’horreur, c’est le génie de l’Espagne. […] 17 février Nous allons avec Flaubert, au petit bal masqué intime, donné par Marc Fournier à la Porte-Saint-Martin… On danse sur la scène fermée par trois décors paradisiaques, au bruit d’un orchestre drolatiquement costumé et jouant le Pied qui remue, mené par Artus, travesti en vieux gendarme. […] Il montre contre nous une petite colère, de ce que nous ayons défendu sa pureté, et travaille, avec une animation tout à fait amusante, à nous en faire dédire… Puis il esquisse, d’après des souvenirs, recueillis dans les familles, un Louis XVI véridique, envoyant à ses courtisans, au petit lever des boulettes de la crasse de ses pieds… Renan là-dessus élève une petite voix flûtée pour dire qu’il ne faut pas être si sévère à rencontre « de ces gens-là : les rois ! […] Puis les pieds posent sur un plancher, l’épaule frôle un châssis de bois, garni de vieux journaux. […] 5 août Le matin, le frôlement des voitures de foin contre les murs, met dans votre demi-sommeil l’impression et le léger frou frou d’une femme qui, assise au pied de votre lit, ôterait ses bas de soie.

634. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Il ne visait pas les prêtres médiocres qui officiaient au pied du temple, il s’attaquait à la divinité même, hélas ! […] Il supplie, il sanglote, il s’entretient avec le Seigneur, il se met à ses pieds humblement, il l’adore et il le conjure d’effacer ses hontes. […] Voici mes pieds, frivoles voyageurs, Pour accourir au cri de votre grâce, Voici mes pieds, frivoles voyageurs. […] Voulant éviter la monotonie, il a fait alterner l’alexandrin classique avec les vers de huit pieds et de dix pieds. […] C’est une véritable trombe qui fauche les hommes… Quelques-uns reculent et lâchent pied.

635. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 285-288

Soit qu’il énonce les oracles du Très-Haut, soit qu’il fasse gronder le tonnerre sur la tête des Rois coupables, soit-qu’il entr’ouvre les abîmes sous les pieds des sujets rebelles ; soit que, sous un jour plus touchant, il dévoile les richesses de la miséricorde divine, il développe les routes de la Providence, il étale la magnificence de ses bienfaits : tous ces différens tableaux font éprouver au Lecteur des mouvemens qui élevent l’ame, un feu qui la pénetre, une sensibilité qui l’attendrit ; par-tout il voit une éloquence qui l’entraîne, des graces qui l’enchantent, une harmonie qui le séduit.

636. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface et poème liminaire des « Châtiments » (1853-1870) — Au moment de rentrer en France. — 31 août 1870 »

Farouche, vénérant, sous leurs affronts infâmes,                                Tes malheurs, Je baiserai tes pieds, France, l’œil plein de flammes                                Et de pleurs.

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