Sauf un petit groupe de Parnassiens indépendants, les grands Parnassiens (Coppée, Mendès, Hérédia) n’admirèrent que mal ou pas du tout le phénomène nouveau.
Mais voici la curiosité, le phénomène étrange : combien de sinuosités dans la marche du génie et de l’art qui se cherche ! […] » On voit parfois de singulières choses : Scudéry rival de Corneille, Pradon rival de Racine ; l’histoire de la littérature offre de ces phénomènes curieux. « Les réputations, dans l’opinion publique, dit quelque part Victor Hugo, sont comme des liquides de différents poids dans un même vase.
Pour mon compte, je n’ai jamais vu ce phénomène se produire. […] C’est un phénomène de survivance des procédés d’un art ancien dans un art nouveau, ou de survivance d’un tour d’esprit antérieur dans un esprit très nouveau et très différent.
Il se passa alors un phénomène moral tout semblable à celui que madame de Staël a si admirablement signalé à l’avènement du christianisme. […] C’est ainsi qu’il a créé pour un siècle environ la vraie langue poétique française, et qu’il a, phénomène curieux et unique, créé pour plus d’un siècle, pour Racine, pour Boileau, pour J. […] S’il observe, par exemple, que son essence à lui est dans la volonté, il sera satisfait de voir la volonté partout et de considérer le monde entier comme une volonté qui agit ; ou, inversement, s’il croit voir dans le monde un système de phénomènes soumis à des lois fatales, il transportera le fatalisme de ce qui lui est extérieur à lui-même, et se considérera comme une succession de faits s’engendrant aveuglément les uns les autres ; — et toujours ou il modèlera le monde sur lui-même ou lui-même sur le monde, dans une sorte de soif et d’avidité d’analogies et de concordances.
Les yeux d’un homme myope, qui ferme à demi ses paupières pour rassembler les rayons de lumière, donneront l’idée de cette oreille qui semblait cligner. » Ceci me paraît un phénomène physiologique assez incroyable. […] Mais ce sont précisément ces rapports réciproques des phénomènes les uns à la suite des autres, qui assurent à chacun son existence propre ; et de l’indépendance de leurs effets, on ne peut séparer leur stabilité et leur nécessité.
le poëte, c’est l’homme qui a, mieux que nous tous, la rêverie et l’image, le sentiment et l’émotion, la faculté de vibration intime, dont nous possédons tous le germe ; c’est l’homme qui sait faire de son impression individuelle une partie de la nôtre, et qui, placé en face des spectacles extérieurs ou des phénomènes de l’âme, interprète ce que nous voyons par ce qu’il voit, ce que nous ressentons par ce qu’il ressent. […] Frivolités de costume et d’extérieur qui sont aux phénomènes de l’âme ce que l’habit est au corps !
Avant-propos Je réunis ici quelques études sur les penseurs français du commencement du XIXe siècle. Les moralistes du siècle qui va finir ont ceci de très particulier qu’ils se sont occupés tout autant de politique que de morale, et même un peu plus de celle-là que de celle-ci, et c’est pourquoi l’on pardonnera peut-être aux essais que voici d’être parfois des études politiques encore plus que des études morales. Il n’y a pas lieu de s’étonner beaucoup de l’importance que la politique a prise dans l’esprit des philosophes français de 1800 à 1830. Après la Révolution française, c’était bien une politique constituante qu’il paraissait le plus urgent de fonder, et par conséquent une sociologie générale qu’il s’agissait de trouver. Avant 1789, il y avait en France une Constitution à améliorer ; après la Révolution française et l’Empire, il y avait à trouver une Constitution pour la France.
» Cet Ernest, Flaubert va le voir en 1852, aux Andelys, et c’est exactement le phénomène Morin : « J’ai été, étant gamin, fort lié avec ce brave garçon, qui est maintenant substitut, marié, élyséen, homme d’ordre, etc… Ah mon Dieu ! […] Le moindre n’est pas cette rencontre, en une même scène, du futur Vitellius, jeune phénomène de goinfrerie et de Iaokanann vaticinant dans sa prison, sec et noir comme les sauterelles dont il se nourrissait au désert.
Christomanos : « Je vis une paysanne qui distribuait la soupe aux valets : elle ne put remplir sa propre écuelle. » * * * La carrière littéraire d’Eliot serait un phénomène unique si celle de Rousseau n’existait pas.
Pour écrire son livre et expliquer les hallucinations de son héros, il a particulièrement étudié les observations recueillies sur certains phénomènes encore non définis par la science, et dont le magnétisme animal est peut-être l’explication. […] …………………………………………………………… Ou parles-tu du Dieu qu’il faudrait inventer, Que dans l’ombre la peur concède au phénomène, Par les sages bâtis sur la sagesse humaine, Utile à ton valet, pour ton cuisinier, Modérateur des sauts de l’anse du panier ?
Un savant tel que mon oncle jugea ce phénomène considérable et digne d’être étudié de plus près… Déjà la cendre tombait sur les vaisseaux, et, plus on approchait, plus elle était chaude et épaisse ; puis c’étaient des pierres ponces et des cailloux noircis, calcinés, brisés par le feu ; déjà le fond de la mer s’était subitement élevé et la montagne en s’écroulant rendait le rivage inabordable… Cependant on voyait luire en plusieurs endroits du Vésuve des flammes très larges et des jets de feu s’élevant très haut, dont la lueur éclatante était avivée par les ténèbres de la nuit. […] Comment ferai-je, si j’ai besoin de peindre ce phénomène ?
Ajoutons encore une observation qui ne manquera pas de plaire à la plus grande partie des gens du monde ; mais il faut tout dire à charge & à décharge, & je dois leur donner un petit dédommagement pour quelques bonnes vérités que je leur ai dites plus haut ; c’est que tel homme qui n’a jamais écrit, n’a point encore donné sa mesure, & qu’il vous laisse conséquemment deviner s’il a de la force, de la pénétration au-delà de la vôtre, de celle même de plusieurs Ecrivains connus ; mais celui qui a publié des essais, a découvert la foiblesse de ses épaules, & l’on peut le juger ; or, presque tous les Gens de Lettres qui touchent à la cinquantaine, ont entendu prononcer leur arrêt ; il devient irrévocable ; car le plus grand phénomène seroit de les voir aller au-delà des idées qu’ils ont déjà exposées.
un premier aveu en amène un second : en ce qui touche l’invention, l’étude approfondie des phénomènes de l’âme, l’observation de la vie réelle et cette faculté de divination, signe distinctif des cerveaux puissants, M.
Theuriet, le Bleu et le Noir, contient d’admirables poésies inspirées par la guerre ; phénomène presque unique, rien n’étant médiocre comme la plupart des vers que la guerre a inspirés. […] Un mot n’est rien d’absolu, c’est un phénomène historique, il est né, il vit, il mourra.
Telle est, comme vous savez, la rapidité des phénomènes psychologiques. […] Au reste, — et en mettant à part le commandant Montaiglin, qui est une exception morale, un phénomène, — il est bien peu d’œuvres où la nature humaine soit mieux prise dans son vif, avec son éternel et nécessaire mélange de bien et de mal ; il en est peu où l’humanité moyenne soit plus loyalement décrite, où les vicieux paraissent plus rapprochés des bourgeois de probité courante que nous coudoyons tous les jours, et où la vertu de ceux qu’il faut, après tout, appeler « les bons » soit plus relative, laisse plus transparaître d’inconscient égoïsme et d’instincts assez pareils, dans leur fonds et leur origine, à ceux des coquins corrects et bien élevés Joseph de Maistre a écrit cette belle parole chrétienne : « Je ne sais pas ce qu’est la conscience d’un scélérat.
On prendra plaisir à observer ce phénomène qui ne s’observe pas toujours ailleurs. […] ; égalité, égalité chrétienne, et fraternité, fraternité chrétienne ; que les hommes pensent et sentent, sous d’autres mots, des choses qu’ils pensent et sentent depuis très longtemps, et c’est comme phénomènes très actuels qu’il déteste les religions, « ces philosophies pensées par des imbéciles », comme il dit d’un mot qui aurait fait plaisir à Voltaire.
C’est un phénomène commun aux grandes villes, où l’on vient de toutes parts chercher la fortune, et aux lieux déserts, où l’on est sûr de trouver le repos et la liberté.
Paul Bourget en arrive à déclarer que des livres comme Germinie Lacerteux traduisent les volontés maladives de notre époque, sans songer que Manon Lescaut offre un phénomène identique qui n’a pourtant pas la même cause. […] Dans ces pures descriptions auxquelles j’ai voulu me borner, je suis très suspect de partialité pour ce pays d’Islam, moi qui, par je ne sais quel phénomène d’atavisme lointain ou de préexistence, me suis toujours senti l’âme à moitié arabe : le son des petites flûtes d’Afrique, des tamtams et des castagnettes de fer, réveille en moi comme des souvenirs insondables, me charme davantage que les plus savantes harmonies ; le moindre dessin d’arabesque, effacé par le temps au-dessus de quelque porte antique, et même seulement la simple chaux blanche, la vieille chaux blanche jetée en suaire sur quelque muraille en ruine, me plonge dans des rêveries de passé mystérieux, fait vibrer en moi je ne sais quelle fibre enfouie ; et la nuit, sous ma tente, j’ai parfois prêté l’oreille, absolument captivé, frémissant dans mes dessous les plus profonds, quand, par hasard, d’une tente voisine m’arrivaient deux ou trois notes grêles et plaintives comme des bruits de gouttes d’eau, que quelqu’un de nos chameliers en demi-sommeil tirait de sa petite guitare sourde… Donc, que ceux-là seuls me suivent dans mon voyage qui parfois le soir se sont sentis frémir aux premières notes gémies par des petites flûtes arabes qu’accompagnaient des tambours.
Ce que nous appelons notre romantisme, c’est-à-dire l’ensemble de notre littérature française de l’année 1820 à l’année 1840 environ, ne serait qu’une phase dans le développement de ce grand phénomène historique, la plus dramatique et la plus éclatante, il est vrai, celle où nous voyons une magnifique pléiade de beaux génies de chez nous, cruellement séparés des vives sources nationales où un Corneille, un Racine, un Molière, un Bossuet, un La Fontaine, avaient bu leur immortelle jeunesse, et en proie à mille démons nordiques sous l’inspiration desquels un Byron, un Schiller, le Goethe de Werther et du premier Faust purent s’épanouir dans toute la richesse et la plénitude de leur nature, mais ils ne pouvaient, eux, que grimacer, s’agiter et se convulser.
Raymond Radiguet ne souffrit pas que d’être présenté au monde comme un phénomène.
Au reste, le progrès des sciences naturelles, plus que le christianisme, a dû nécessairement agrandir pour les modernes le spectacle des phénomènes de la nature.
tant pis pour ceux qui viendront, ils verront le phénomène un autre jour !
J’ai peur que les deux grands phénomènes sociaux qui marquent chez nous les vingt dernières années écoulées, ce ne soit précisément le développement de la luxure (voyez notre littérature, nos journaux, nos théâtres et nos boulevards) et la dureté croissante du règne de l’argent, la fréquence de ces entreprises financières… dont quelques-unes finissent en Cour d’assises, — quelques-unes seulement, parce que, en effet, l’argent est roi, roi des chefs mêmes et des conducteurs du peuple.
Les Rimes neuves et vieilles et les Renaissances (surtout Paysages métaphysiques et la Vie des Morts) sont de très beaux poèmes panthéistiques où l’on retrouve, avec une sensualité plus ardente, la splendeur ample et imprécise du Lamartine des Harmonies et même, par-delà, des poètes inconnus qui écrivirent les Védas et qui, essayant d’exprimer les phénomènes de la nature, créèrent sans effort des mythes immortels. […] Et, si l’on nous dit que Jean de Sancy est un névropathe, que sa dernière crise morale l’a détraqué, que ce qui surgit en lui tout à coup, dans le désarroi de sa volonté et dans l’oubli de toutes les disciplines religieuses et morales jadis acceptées par lui, c’est, par un phénomène d’atavisme, le féodal primitif, le gentilhomme de proie, le seigneur brigand et chef de « grands bandes », nous nous plaindrons donc que le développement de son caractère, de psychologique qu’il était, soit devenu pathologique.
Par un phénomène connu d’autosuggestion, Jean-Jacques se façonne d’après son livre.
Il se passe, en effet, dans l’expression de la pensée quelque chose d’analogue au phénomène observé dans la composition des corps. […] Les deux phénomènes se produisent, et à cet égard on ne peut rien pronostiquer.
ma cousine, remercions Dieu, qui nous condamna aux voies communes et ne fit point de nous des phénomènes.