Son père était drapier et lui-même exerça divers commerces. […] Enfin, à dix-sept ans, il donnait déjà une si haute opinion de ses talents que l’éditeur Loudon écrivait à son père : « Votre fils est certainement le génie naturel le plus extraordinaire que j’aie eu la bonne fortune de rencontrer et je ne puis que m’enorgueillir à la pensée que, plus tard, lorsque vous et moi aurons disparu, on constatera dans l’histoire littéraire de votre fils que son premier article fut publié dans le Magazine of Natural History de l’éditeur Loudon. » Cette lettre est émouvante. […] Son père était un peu maniaque et fort eut été. […] Cette mauvaise hérédité fut heureusement compensée par sa mère, personne gaie, intelligente et spirituelle, mais il en résulta, dans le grand poète, un état qui le faisait ressembler tantôt à son père, tantôt à sa mère.
Il avait un goût prononcé pour l’étude : après avoir été contrarié pendant un temps assez court, il put le satisfaire, d’autant plus que son père l’avait laissé dans une honnête aisance. […] Il tenait de son père, qui s’était suicidé, une disposition naturelle à la mélancolie. […] Quelquefois, c’est vrai, il paraît s’intéresser à ses personnages et souffrir avec eux : il est plein de tendresse pour cette pauvre petite Lalie de l’Assommoir, que le fouet brutal de son père fait tourner comme une toupie dans sa mansarde démeublée ; et dans Germinal, il laisse éclater sa compassion pour les mineurs épuisés par le travail, affamés par la grève. […] Il le poursuit, le Moi, avec cette ironie âpre, impitoyable, dont il a le secret : « Quand nous ouvrirons un livre, sera-ce pour y apprendre, comme si nous étions, nous, des enfants trouvés, que l’auteur a eu un père, des frères, une famille, ou l’âge auquel il fit ses dents, combien de temps dura sa coqueluche, les maîtres qu’il eut au collège, et comment il passa son baccalauréat ? […] C’est peu de me quitter, tu veux donc me séduire, dit Pauline à Polyeucte ; me séduire, c’est-à-dire, seducere me détourner de mes dieux, de mon devoir, de mon père.
A Télémaque lui-même qui s’étonne de tant de prudence, Ulysse a besoin de dire : Peut-être tu sauras, par l’exemple d’un père, Que parfois au héros la feinte est nécessaire ; Qu’elle est vertu souvent, et qu’avec le danger La forme du courage est sujette à changer83.
Son père, qui y remplissait les fonctions de procureur du roi, passa peu après en cette même qualité au tribunal d’Abbeville, où il s’est vu depuis fixé comme juge.
Ce n’est point ici dans le jardin régulier de Le Nôtre qu’on se promène, ce n’est pas non plus dans un jardin dit anglais ; ne prenons point hors de chez nous nos images : c’est dans le jardin français de nos pères, dans le libre et riant enclos du Roman de la Rose, avec ses détours sinueux, ses doubles haies et ses labyrinthes.
Mon père causait avec Mme de Puisieux sur la facilité de composer les ouvrages libres ; il prétendait qu’il ne s’agissait que de trouver une idée plaisante, cheville de tout le reste, où le libertinage de l’esprit remplacerait le goût.
Le vrai lapin est brusque, étourdi, gourmand, très-mauvais père, capable même d’étrangler ses petits, très-égoïste ; pourvu qu’il puisse « brouter, trotter, faire tous ses tours », il se soucie peu du reste.
Ce dur logicien était un très bon homme, doux, aimable, le plus respectable et le plus tendre des pères, qui écrivait à ses enfants des lettres charmantes, pleines de fine raison et de sensibilité délicate.
Bref, le symbole, c’est la vieille « allégorie » de nos pères.
La maison est vide, le jardin désert ; une lettre équivoque, trouvée sur une table, lui apprend qu’il est trahi, en phrases mystérieuses et comme balbutiées à voix basse ; et le malheureux tombe dans les bras de son père, accouru aux cris de son désespoir.
Le jour que je suis arrivé à Paris, j’ai eu le malheur de perdre mon père.
Cet être, issu du mariage d’une comédienne et d’un gentillâtre que sa famille renia, ayant pour frère aîné un demi-fou et pour sœur puinée une idiote, laissé orphelin à trois ans, adopté par une famille riche et passant sa jeunesse dans ces orgueilleux états du Sud, où se recrutèrent les esclavagistes, élevé sans affection dans l’attente d’une grande fortune, dissolu, endetté, désavoué par un père adoptif, ayant mené à deux reprises pendant deux ans une vie d’aventures et de vagabondages inconnus, fut ramassé mourant de faim à Baltimore, par un vieux journaliste que ses premiers essais avaient étonné, Il vient ici une éclaircie de quelques années.
Ils vinrent en aide à sa timidité ; ils lui parlèrent d’un mariage qui concilierait, dans une demi-publicité, sa religion, sa délicatesse de père et de roi futur ; ils lui désignèrent la personne pour laquelle des yeux intelligents avaient deviné son attrait ; ils lui en firent un éloge qu’ils supposaient déjà gravé en traits plus profonds dans son cœur.
Aurions-nous la prétention de valoir mieux que ne valaient nos pères ?
Nous examinerons plus loin si cet avantage n’a pas été payé depuis trop chèrement, en nous privant d’un grand nombre de ressorts dramatiques ; toujours est-il vrai, que si les pères de la tragédie française n’ont pas créé beaucoup de personnages, ni de fables, on ne peut leur refuser une création immense, celle d’un système entier dont les formes majestueuses ne se sont pas altérées pendant deux cents ans.
Mais, tandis qu’alors elle avait pour objet de sauvegarder les droits de propriété du père sur les enfants issus de la femme légitime, c’est bien plutôt le droit des enfants qu’elle protège aujourd’hui.
bien souvent qu’un poil, qui avait l’aigu du scalpel de son père… La nature, qu’il enlevait à l’emporte-pièce comme une feuille de métal, n’avait pour lui ni transparence, ni arrière-plans, ni lointains fondus, ni vapeurs flottantes.
Le génie de Balzac ressemble au Pantagruel et au Gargantua de ce Rabelais qu’il aimait, et qu’il avait raison d’aimer, comme un fils aime son père, il a la grandeur presque monstrueuse et la puissance dévorante de ces êtres qui sont des chimères, tandis que lui, Balzac, est une réalité !
À quelques pas de là, nous tirions de notre poche un crayon et du papier, et nous luttions séparément à qui décrirait un plus grand nombre d’objets que nous avions pu saisir au passage… Il arrivait souvent à mon fils d’inscrire une quarantaine d’objets… » Le but de cette éducation spéciale était de mettre l’enfant à même de saisir d’un seul coup d’œil, dans une salle de spectacle, tous les objets portés sur eux par tous les assistants : alors, les yeux bandés, il simulait la seconde-vue en décrivant, sur un signe conventionnel de son père, un objet choisi au hasard par un des spectateurs.
» tout simplement sans y répondre a priori, sans fermer toute espérance par les termes que nous retranchons de la formule primitive sophistiquée à l’avance ; si l’on sait en effet que la mort, qui est le non-vivre, n’émane point conséquemment de la vie, car la vie n’y tend point et n’en a pas les germes en soi, en raison de son essence et de son égoïsme ; si l’on se rend compte que notre fin n’est un accident que pour chacun de nous en particulier, la mort d’un, seul n’affectant point ceux qui restent dans leur intégralité et la vie s’étendant chaque jour renouvelée dans l’espace et le temps ; si l’on se tourne vers l’humanité et si l’on en aperçoit le progrès ; si l’on se sent porté à un plus grand progrès par le même amour et le même intérêt que le père porte à ses enfants ; si l’on croit enfin que le bonheur résulte plutôt du devoir accompli, quel qu’il soit, que des accidents de telle destinée ou de telle autre. […] Bien des pères, égarés eux-mêmes, tournent leurs enfants vers l’erreur.
Après que l’harmonie, la polyphonie eurent vu le jour, l’homme des champs, qui n’en avait que faire, continua de chanter ces airs nus, créés pour le divertissement des grands, et qui étaient parvenus jusqu’à lui de la même manière que Mon père, tu m’as dû maudire se fait connaître au jeune ouvrier de Toulouse, auditeur assidu de Guillaume Tell, au théâtre du Capitole. […] Ce fut un télégramme de son cher père qui m’annonçait la nouvelle affreuse. […] Je revois encore le médecin aux cheveux blancs, cette mère aux yeux fixes qui maîtrisait sa folie, et ce père terrassé, qui allait et venait, qui recevait chacun de nous avec attention et bonne grâce, qui s’enquérait de nos propres peines tout comme l’eût fait son enfant.
Le premier cité est le comte Baldelli, époux d’une charmante jeune femme et père d’une plus charmante fille.
Plus souvent je rentrais à la campagne pour passer la mélancolique automne dans la maison solitaire de mon père et de ma mère, dans la paix, dans le silence, dans la sainteté domestique des douces impressions du foyer ; le jour, courant les forêts, le soir, lisant ce que je trouvais sur les vieux rayons de ces bibliothèques de famille.
Les appels douloureux de Tristan, son retour attendri sur sa jeunesse, alors que le chalumeau du pâtre fait entendre le même chant plaintif qu’au jour où mourut son père ; et les rudes consolations de Kurwenal, et l’affolement d’amour, les sursauts terribles de passion qui secouent le malheureux dès qu’on signale en merle vaisseau qui ramène Iseult ; et son dernier cri d’amour en la voyant, et la transfiguration d’Iseult, « se fondant dans les grandes ondes de l’océan de délices, dans la sonore harmonie des vagues de parfums, dans l’haleine infinie de l’âme universelle » ; de ces divers éléments réunis, Wagner a su former un tout poétique et musical d’une profondeur d’accent et d’une force d’étreinte incomparables.
L’enfant furtif, chéri de son père, qui lui permet de manier sa foudre, excite la jalousie des dieux.
. — « Rien n’est, disaient-ils, mais tout devient ; les sages, à l’exception de Parménide, s’accordent sur ce point : Protagoras, Héraclite, Empédocle ; Homère même n’a-t-il pas dit : l’Océan, père des Dieux, et Téthys, leur mère ; donnant à entendre que toutes choses sont produites par le flux et le mouvement ?
Marcelle Tinayre a appris le latin, Mme de Noailles a lu Ronsard, Mme de Régnier a reçu de son père une forte éducation.