Bernardin de Saint-Pierre, en certains tableaux, nous en offre l’idéal. […] Je laisse de côté les vivants, pour ne paraître flatter personne ; mais écoutons Cuvier en tête de son recueil d’éloges : Les petites biographies écrites avec bienveillance, dit-il, auxquelles on a donné le nom d’éloges historiques, ne sont pas seulement des témoignages d’affection que les Corporations savantes croient devoir aux membres que la mort leur enlève ; elles offrent aussi à la jeunesse des exemples et des avertissements utiles, et à l’histoire littéraire des documents précieux. […] La place lui est offerte, mais à condition de prendre la perruque consacrée. […] Pariset eut à louer Cuvier lui-même après la mort du grand naturaliste, et cet éloge offre d’intéressantes, de belles parties.
Pline n’est rien moins que cela ; il ne nous offre qu’un studieux zélé, un curieux de la nature, mais un curieux surtout dans le cabinet. […] À propos du papyrus, par exemple, cette plante qui croît en Égypte, il nous parle au long de la fabrication du papier, des différentes qualités qu’il offrait pour la finesse, ou la solidité, de celui qui, plus mince, s’employait dans la correspondance épistolaire, de celui qui servait pour les ouvrages, du papier Auguste, du papier Livie, du papier Claude (sous l’Empire3 n’avions-nous pas le papier Grand-Aigle ?) […] Ses lettres, que chacun peut lire dans l’agréable traduction de Sacy, nous offrent tous les détails de la vie publique, de la vie domestique et littéraire d’un Romain éclairé et honnête homme, sous Trajan, à la belle époque finissante de l’Empire. […] Il est peu de sujets de la vie, et surtout de ceux qui tiennent à l’habitude des choses de l’esprit, sur lesquels il ne nous offre quelque pensée ingénieuse, brillante et polie, une de ces expressions qui reluisent comme une pierre gravée antique, ou comme les blancs cailloux qu’il se plaît à nous montrer en nous décrivant les belles eaux de ses fontaines.
Celle qui s’ajuste au trait léger, est employée, & le personnage qui alloit avoir une physionomie burinée, n’offrira qu’une figure sans caractère. […] Des objets qui ne sont jamais tombés sous les sens, deviennent sensibles, & s’offrent réellement jusqu’à troubler & épouvanter nos esprits. […] Que plus sage & plus heureux sera le Poète qui nous offrira le tableau touchant de nos devoirs, & qui n’excitera que le rire que la morale avoue ! […] Ses tableaux offrent la largeur & la maniere libre de la Nature elle-même. […] Evidemment elle n’offrira qu’un ensemble languissant & défectueux où l’on sera tout au plus dédommagé par la richesse & la beauté des détails.
Ce parc, à l’abandon, offrait à l’enfant rêveur que j’étais le silence de ses ombrages et la mélancolie de ses ruines. […] Nous en savions la leçon par cœur : « Cette table, mesdames et messieurs, est faite d’un seul morceau… Cette coupe de malachite fut offerte à Napoléon Ier par l’empereur Alexandre… Admirez la soie toujours fraîche de ces rideaux… » Je me souviens qu’un jour de visite, deux dames en deuil nous avisèrent près de l’orangerie.
Ses articles offrent de recherches curieuses & multipliées ; mais la plûpart sont chargés d’inutilités & de matieres disparates. […] C’est une compilation indigeste qui offre des recherches peu communes sur des objets ignorés par le plus grand nombre des lecteurs.
Bernardin de Saint-Pierre dans Paul et Virginie, Benjamin Constant par son Adolphe, ont eu cette bonne fortune, qu’on mérite toujours si on l’obtient, de s’offrir, sous une enveloppe de résumé admirable, au regard sommaire de l’avenir. […] L’admirable caractère de Tiberge, dans Manon Lescaut, en offre en action toutes les lumières et toutes les vertus réunies. […] Il y est parlé, entre autres particularités, d’une certaine Oscine, à qui Amulem a offert, sans qu’elle ait accepté, d’être, en l’épousant, une des plus heureuses personnes de l’Asie 98. […] Lenglet l’avait brutalement accusé de s’être laissé enlever par une belle : Prévost répondit que de tels enlèvements n’allaient qu’aux Médor et aux Renaud, et il exposa en manière de réfutation le portrait suivant, tracé de lui par lui-même : « Ce Médor, si chéri des belles, est un homme de trente-sept à trente-huit ans, qui porte sur son visage et dans son humeur les traces de ses anciens chagrins ; qui passe quelquefois des semaines entières dans son cabinet, et qui emploie tous les jours sept ou huit heures à l’étude ; qui cherche rarement les occasions de se réjouir ; qui résiste même à celles qui lui sont offertes, et qui préfère une heure d’entretien avec un ami de bon sens à tout ce qu’on appelle plaisirs du monde et passe-temps agréables : civil d’ailleurs, par l’effet d’une excellente éducation, mais peu galant ; d’une humeur douce, mais mélancolique ; sobre enfin et réglé dans sa conduite. Je me suis peint fidèlement, sans examiner si ce portrait flatte mon amour-propre ou s’il le blesse. » Le Pour et Contre nous offre aussi une foule d’anecdotes du jour, de faits singuliers, véritables ébauches et matériaux de romans ; l’histoire de dona Maria et la vie du duc de Riperda sont les plus remarquables.
Le fourbe et fanatique Savonarole, qui voulait prendre pied sur un cadavre pour se montrer plus dévoué au peuple, osa troubler son agonie en venant lui offrir sa bénédiction dans des termes qui semblaient révoquer en doute sa foi chrétienne ; il l’interrogea sur ses sentiments. […] Lui, cependant, ne refusait rien, ne montrait aucune répugnance pour ce qu’on lui offrait, non qu’il se flattât de l’illusion de prolonger sa vie, mais parce qu’il craignait en mourant de faire la plus légère offense. […] Ainsi, à qui lui avait offert un peu de nourriture et qui lui demandait comment il se trouvait : « Comme un mourant », répondit-il. […] — J’ai découvert dans Pierre des qualités telles, qu’elles m’ont offert un fondement solide qui portera, sans aucun doute, tout ce que je pourrai édifier sur lui. […] Si notre siècle en a produit un autre et un pareil, il peut hardiment, et par l’éclat et par la gloire du nom, lutter avec tout ce que l’antiquité nous a offert.
Un des premiers, et de cela encore son parti lui sut mauvais gré, le duc de la Rochefoucauld350 comprit que la royauté avait partie gagnée contre la noblesse, et se résigna à recevoir la compensation quelle offrait au lieu de l’influence politique annulée, la sécurité oisive de la vie mondaine, brillamment rehaussée de l’exercice désintéressé des forces intellectuelles. […] Que pouvait lui offrir un Condé, un Retz, un Mazarin ? […] Les lettres : Sévigné et Maintenon Les recueils de lettres353 sont plus nombreux encore que les Mémoires, et peut-être encore plus agréables : cette richesse et cette perfection s’expliquent aisément par la vie de société qui fait du commerce des esprits une des nécessités de l’existence, et qui, les affinant, leur impose de n’offrir à autrui que le meilleur d’eux-mêmes. […] Ce Roman bourgeois nous offre, entassés pêle-mêle, parfois bruts, et parfois dégrossis pour l’usage, des matériaux identiques à ceux que les grands artistes du temps emploieront à la description des mœurs et à la satire du faux goût. […] Tout à l’heure, avec Furetière, nous avons rencontré la bourgeoisie, dont les lettres de Guy Patin363, ce médecin parisien si frondeur et si caustique, nous offriraient un type un peu antérieur et contemporain du monde précieux, dont nous rencontrerons encore le type tout à l’heure chez nos grands écrivains, mais un type élargi, affiné par le double contact des anciens et de la cour.
Hugo : l’un, dans le Théâtre de Clara Gazul (1825), puis dans la Jacquerie (1828), offre un drame familier, pittoresque, coulé dans les formes de la vie actuelle ou de l’histoire, et dégagé des conventions traditionnelles. […] Le drame romantique offrira de plus une évocation pittoresque du passé. […] Et voici les Burgraves : « l’histoire, la légende, le conte, la réalité, la nature, la famille, l’amour, des mœurs naïves, des physionomies sauvages, les princes, les soldats, les aventuriers, les rois, des patriarches comme dans la Bible, des chasseurs d’hommes comme dans Homère, des Titans comme dans Eschyle, tout s’offrait à la fois à l’imagination éblouie de l’auteur ». […] Il ne se pique pas de ressusciter des époques historiques : il ne nous offre ni visions archéologiques, comme Hugo, ni cours d’histoire comme Dumas. […] Fournisseur ordinaire du Gymnase depuis sa fondation (1820), applaudi souvent à la Comédie-Française, il offre à la bourgeoisie exactement le plaisir et l’idéal qu’elle réclame : elle se reconnaît dans ses pièces, où rien ne déroute son intelligence.
La ruine survient ; d’autres se seraient noyés à sa place ; une perche d’or de trois millions s’offre à lui pour le repêcher, sous la forme d’une riche héritière sottement éprise, à son tour, de son irrésistible nullité. […] Elle a sacrifié, sans trop de regret, son inclination naissante au mariage titré qui lui est offert et qui est presque conclu. […] Mademoiselle Letellier a bien offert quarante mille francs à son hôte, les restes de son petit patrimoine ; mais ce modique acompte ne tiendrait guère plus qu’un grain de sable pour arrêter le flot montant des créances : demain, ce sera la ruine et le déshonneur, La mère reste seule avec son fils, elle l’invite à secourir M. […] Cent mille écus offerts en pur don, cela ressemble singulièrement à l’indemnité qu’on accorde à la maîtresse dont on ne veut plus, pour la passer à un autre et lui faire un sort. […] Et l’art est justement fait pour en offrir de pareils, son rôle étant d’opposer aux réalités iniques de la vie l’idéal de la bonté et de la vertu.
Il ne cherchait qu’une porte pour sortir : la mort du duc d’Enghien lui en offrait une, belle et magnifique, une sortie éclatante, comme il les aimait ; il n’y résista pas, et, le lendemain de cette démission, il se trouva, on peut l’affirmer, bien autrement royaliste qu’il ne l’avait jamais été jusque-là. […] Aujourd’hui les mâles occupations qui remplissaient l’existence d’un Romain, et qui rendent la carrière d’un Anglais si belle, s’offriront à nous de toutes parts. […] Ne croirait-on pas, en vérité, qu’on lui a offert une couronne et qu’il a eu toutes les peines du monde à s’y dérober ? […] il se tournait du côté de cette génération et de cette jeunesse, et s’offrait de la conduire lui-même à l’assaut. […] Considérant que la collection de ces papiers et de ces lettres renferme toute ma correspondance confidentielle, qui remonte à 1812 ; que, pendant une portion considérable de cette période de temps, j’ai été employé au service de la Couronne, et que, quand je n’ai pas occupé de fonctions publiques, j’ai pris une part active aux affaires du Parlement ; qu’il est très probable que cette correspondance offrira de l’intérêt et sera de nature à apporter quelque lumière sur la conduite et le caractère des hommes aussi bien que des événements de cette époque, je donne à mes exécuteurs testamentaires tout pouvoir de choisir dans cette correspondance ce qui leur paraîtra devoir être publié ; je les laisse juges de l’opportunité de cette publication, ayant la conviction complète qu’ils y mettront une discrétion sans égale ; que toute confidence que j’aurais reçue et qui ne serait pas honorable, ne sera pas trahie, qu’aucuns sentiments privés ne seront froissés sans nécessité, et qu’aucun intérêt public ne sera compromis par une publicité indiscrète ou prématurée.
Ces mêmes années de Montmorency, qui lui semblaient peut-être un peu gênées lorsqu’il en prolongeait le cours, lui offrirent en s’éloignant, et lorsqu’il les revoyait du sein des orages, une sorte de perspective idéale de la paix abritée et du bonheur. […] Il refusa, non point, je le crois, parce que c’était Talleyrand qui offrait, mais parce qu’il aimait mieux garder son coin, quand il n’y avait pas nécessité d’en sortir. […] Juger l’ouvrage en disant qu’abstraction faite des doctrines latentes et du but, il offre un résumé substantiel, un narré pressant, du meilleur style et d’une modération très-suffisante à la surface, ce serait aussi prouver de soi-même trop de complaisance ou de simplicité. […] Dans l’âge de la ferveur impétueuse et de l’enthousiasme, on est quelque temps avant de comprendre que le plus grand témoignage qu’on puisse souvent donner aux hommes arrivés et désabusés, c’est de se tenir à distance ou de ne les prendre que par les surfaces qu’ils offrent. […] Un moraliste a pu dire, en recouvrant l’amertume du résultat sous un air de grâce : Bien des honnêtes gens sont comme le Sommeil, au quatorzième livre de l’Iliade, quand Junon veut le séduire pour qu’il aille endormir Jupiter : elle lui offre un beau trône d’or, et il refuse ; elle lui offre Pasithée dont il est amoureux, et il oublie tout, il succombe. » 118.
Il n’y a donc rien d’absolu dans les difficultés que le temps ou la distance offre à la mise en scène. […] Leur examen collectif devait offrir un certain nombre de caractères communs et fournir les traits généraux du type à réaliser. […] Mais précisément ces deux vers et la toile du fond offrent au spectateur des associations d’idées contradictoires. […] Un acte est une division dramatique qui doit avoir un commencement et une fin, dont toutes les parties sont indissolubles, et dont par conséquent la représentation ne doit pas offrir de solution de continuité pour les yeux, puisqu’elle n’en offre pas pour l’esprit. […] Ce spectacle a le pouvoir magique d’offrir à nos méditations l’être humain, dégagé de toutes les réalités qui l’encombrent et le masquent.
Mais aussi toutes les idées s’offrent à lui sous une forme brève, condensée, pour ainsi dire plastique. […] Mais telles qu’elles sont, ces pièces offrent assez d’intérêt pour mériter d’être examinées. […] Il lui offrit de passer sa vie loin du monde, seul avec elle. […] Son désir de vengeance tantôt l’agitait et tantôt, dès qu’une occasion semblait s’offrir, faiblissait en lui. […] Il y a quelques semaines, j’ai offert un travail à un éditeur de Milan : il me l’a refusé.
Le Clovis de Desmarets offre quelques vers forts & hardis ; mais son pinceau inégal & raboteux défigure tous les objets. […] Serré & puissant dans le dialogue, pompeux & brillant dans les descriptions, hardi dans les portraits, il offre dans ses belles scènes, une majesté qui impose & une audace qui surprend. […] Ses Idilles sur les fleurs, sur les oiseaux, sur les moutons, offrent de rians tableaux de la campagne, une morale touchante, un badinage qui cache des idées très-philosophiques, une versification aisée & des tours heureux dans les expressions. […] Son Art Poétique offre l’exemple & le précepte à la fois. […] Lambert, offrent à la fois les charmes touchans de la poésie & les beautés nobles de la philosophie.
Enfin, par ses détails minutieux et ses conseils pratiques, il offre une matière à l’esprit précis et moraliste. […] Quels bons dîners vous offrez ! […] Qui jamais offrit un plus bel exemple que le marquis de Steyne ? […] Sir Pitt Crawley leur offre un modèle ; il a 100000 francs de rente, deux siéges au parlement. […] Sir Pitt, père de Rawdon, se jette à ses pieds, muni de cent mille livres de rentes, et s’offre pour mari.
Son origine atteste son authenticité elle m’a été offerte par M. […] Cette œuvre poétique d’Hugo, que nous offre-t-elle ? […] Ne nous a-t-il pas offert de lui-même à nos curiosités biographiques ? […] Ses opinions les plus étranges offrent on ne sait quoi de froidement, de profondément judicieux. […] Il pouvait nous offrir la gerbe de ses souvenirs : les épis en sont liés d’une branche de laurier.
César, dans ses Commentaires, Voltaire, dans sa prose, La Fontaine, dans ses Fables, nous offrent de merveilleux exemples de ce mérite, qu’ils ont possédé tous les trois dans un degré éminent. […] Les phrases longues peuvent être parfaitement nettes, et il n’est pas besoin d’écrire d’un style haché, ni d’éviter les qui et les que : mais il faut ménager la peine de son lecteur, lui offrir, comme disait Pascal, des reposoirs, pratiquer des jours, et ne pas l’essouffler à travers d’interminables périodes, inégales, tortueuses et mal éclairées.
Les grands Parnassiens, Coppée, Dierx, Heredia, Mallarmé, Mendès, n’ont gardé d’offrir de pareils scandales. […] Sans s’embarrasser d’une barrière inutile, il donna au vers ternaire le droit de cité : Il a vaincu — la Femme belle — au cœur subtil… Néoptolème — âme charmante — et chaste tête… Et sur mon cœur — qu’il pénétrait — plein de pitié… Ces braves gens — que le Journal — rend un peu sots… Quoi que j’en aie — et que je rie — ou que je pleure… Rien de meilleur — à respirer — que votre odeur… Pour supporter — tant de douleur — démesurée… Pour, disais-tu, — les encadrer — bien gentiment… Cette coupe nouvelle de vers, d’où l’on allait tirer des effets si imprévus, offrait toutes les garanties d’une réforme née viable, puisqu’elle était l’épanouissement naturel d’une idée lentement mûrie et qu’elle avait subi le contrôle à la fois du Génie et du Temps.
Et l’on sent que pour Rousseau de telles scènes offrent l’image parfaite du bonheur. […] J’y pensais, j’en caressais complaisamment les images ; mais il n’offrait que la séduction d’une beauté littéraire. […] Évariste, ce gobe-mouche de l’Absolu, nous offre le type le plus accompli du jacobin. […] Quelques rythmes apaisent la tristesse des chanteurs, une palette offre aux peintres de quoi distraire leurs angoisses. […] Que fait un paradoxe, quand celui qui l’émet nous offre un exemple qui le contredit ?
C’est là que ces neuf lyriques, dont nous ne possédons amplement qu’un ou deux tout au plus, nous auraient offert l’amas le plus exquis de leur butin ; et ces neuf lyriques, les voici tels que les célèbre et les caractérise, dans une épigramme, un anonyme ancien, l’un de leurs successeurs, et tels que l’antiquité tout entière les consacra : « Pindare, bouche sacrée des Muses, et toi, babillarde Sirène, ô Bacchylide, et vous, grâces éoliennes de Sapho ; pinceau d’Anacréon ; toi qui as détourné un courant homérique dans tes propres travaux, ô Stésichore ; page savoureuse de Simonide ; Ibycus qui as moissonné la fleur séduisante de la Persuasion près des adolescents ; glaive d’Alcée qui maintes fois fis libation du sang des tyrans, en sauvant les institutions de la patrie ; et vous, rossignols d’Alcman à la voix de femme121, soyez-moi propices, vous tous qui avez ouvert et qui avez clos toute arène lyrique ! […] Le seul Horace chez les Latins nous les représente tous, imités, réduits, condensés pour ainsi dire, avec un art consommé ; mais est-ce la même chose que le fruit cueilli à même de l’arbre, à tous les rameaux du verger, — de ce verger assez semblable à celui d’Alcinoüs, dont le Poëte a dit dans une douceur et une plénitude fondante : « Là, de grands arbres s’étendent sans cesse verdoyants, poiriers et grenadiers, et pommiers brillants de leurs pommes, et figuiers savoureux et oliviers pleins de fraîcheur, desquels jamais le fruit ne périt ni ne fait défaut, hiver ni été, durant toute l’année ; mais toujours, toujours Zéphyre, de son souffle, fait pousser les uns et mûrit les autres : la poire vieillit sur la poire, la pomme sur la pomme et raisin aussi sur raisin, et figue sur figue… » Telle fut, chez les Grecs, l’abondance lyrique première. — La Couronne de Méléagre, dans son cercle un peu réduit, devait en offrir encore le plus parfait et le plus pur assemblage, si l’on en juge par l’âge du recueil, par les noms qui y figuraient et par le goût de finesse et d’élégance dont l’assembleur lui-même a fait preuve dans ses propres vers. […] Dans sa flamme amoureuse croissante, il s’écrie : « Ni la boucle de cheveux de Timo, ni la sandale d’Héliodora, ni le vestibule de la petite Démo, toujours arrosé de parfums, ni le tendre sourire d’Anticlée aux grands yeux, ni les couronnes fraîchement écloses de Dorothée, non, non, ton carquois, Amour, ne cache plus rien de ce qui te servait hier encore de flèches ailées ; car en moi sont tous les traits127. » Il diversifie cette pensée, et, y entremêlant d’autres noms, il se plaît à la redire, non point en pure fantaisie, mais d’un accent pénétré : « J’en jure par la frisure de Timo aux belles boucles amoureuses, par le corps odorant de Démo, dont le parfum enchante les songes, j’en jure encore par les jeux aimables d’Ilias, j’en jure par cette lampe vigilante qui s’enivre, chaque nuit, de mes chansons, je n’ai plus sur les lèvres qu’un tout petit souffle que tu m’as laissé, Amour ; mais si tu le veux, dis, et ce reste encore, je l’exhalerai. » C’est là sa plainte constante, c’est son vœu, même lorsqu’il a l’air de crier merci : « Le son de l’amour plonge sans cesse en mes oreilles, mon œil offre en silence sa douce larme aux désirs ; ni la nuit ni le jour n’ont endormi le mal, mais l’empreinte des filtres est déjà reconnaissable à plus d’un endroit dans mon cœur. […] Il supplie, avec le cri de la tendresse, la terre d’être légère à celle qui, tant qu’elle vécut, l’a si légèrement foulée : « Je t’offre mes larmes là-bas jusqu’à travers la terre, Héliodora, je te les offre comme reliques de tendresse jusque dans les Enfers, des larmes cruelles à pleurer ! […] Didot et dirigée par d’habiles philologues offrira, quand elle sera complète, les secours les plus commodes pour l’exécution du vœu que nous formons.
La correspondance qu’il entretint avec sa fille et avec quelques amis durant ses dix mois de captivité, tant à Sainte-Pélagie qu’à Saint-Lazare, offre des pages touchantes, des qualités cordiales, un amour franc de la nature et de la famille : Un botaniste passionné, écrivait-il à sa fille en avril 1794, n’est pas un conspirateur. […] Les saints n’offrent pas de prières si ferventes, qu’il ne les égale par une dévotion pareille ; c’est la consécration de son cœur, de son âme, de son temps ; chaque pensée qui s’écarte lui semble un crime. […] On voit qu’il est en garde contre le xviiie siècle de la France et qu’il s’en méfie : « Point de ces livres, scandale des tablettes, où d’impudents sensualistes se produisent eux-mêmes » ; point de ces livres non plus où le théâtre offre de trop près le vice qu’il croit guérir ; point de Voltaire, il le dit expressément, en le désignant comme « celui qui a bâti à Dieu une église et qui a raillé son nom. » Dans sa définition de ce qu’il veut qu’on évite et de ce qu’il conseille en fait de lecture, Cowper a des paroles qui sont encore à recueillir aujourd’hui : Une vie de dérèglement et de mollesse, dit-il, donne à l’âme un moule puéril, et, en le polissant, pervertit le goût. […] La farce elle-même, tristement à sec, a recours à l’assistance de la musique ; les romans-nouvelles (témoin les revues de chaque mois) mentent à leur nom et n’offrent plus rien de nouveau.
Il eut, par suite, à offrir à Charles XII la médiation de la France entre lui et ses ennemis. […] Autre lèpre du siècle, et dont Besenval nous offre une variété : la raillerie, le persiflage, éclater de rire aux plus graves instants, et, en définitive, se moquer de tout. […] Besenval, qui n’était pas des mieux avec lui, nous l’a montré au naturel dans deux ou trois circonstances. « Extrêmement gai, d’une imagination où tout se peignait du côté plaisant, insouciant sur tout, hors sur son crédit et sur l’espèce de gens à mettre en place, qu’il n’aurait voulu que de sa façon et dans sa dépendance ; toute affaire lui offrait matière à plaisanterie, et tout individu à sarcasme. » Il se moquait de ceux qui travaillaient pour lui et avec qui il traitait, et ne cessait de leur chercher des ridicules. […] L’inconvénient de ce qu’on appelle les mémoires de Besenval, à la lecture, est d’être décousus, de n’offrir que des chapitres morcelés et qui ne se suivent pas.
Il a, pour les mœurs, pour le déréglement de la vie et de la veine, plus d’un rapport avec les poëtes de ce temps-ci : je lui voudrais pourtant plus de talent eu égard à son malheur. » Je ne me dis simule pas les points nombreux de rapprochement que cette école poétique de Louis XIII peut offrir avec l’école poétique d’aujourd’hui ; mais, loin de m’en applaudir, j’en suis bien plutôt à le regretter, car ces rapports sont en général ceux d’une corruption hâtive et d’une décadence prématurée. […] Mais quel résultat, quelle mise en œuvre a-t-il offerte de ces heureux dons ? […] Je demande si c’est là offrir une pièce dans sa teneur, si ce n’est pas la composer en partie. […] Jugeant donc Théophile, non pour ce qu’il aurait pu être en d’autres temps, mais pour ce qu’il a été du sien, ma conclusion serait qu’il n’offre aucune de ces qualités fermes et déclarées, même dans leur incomplet, qui sont l’attribut des maîtres, et qui donnent envie de retrouver après des années un ancêtre dans le vieil auteur oublié.
Mais l’histoire moderne offre plus de résistance. […] L’histoire ainsi offerte ne court-elle pas risque de se détourner, de se composer un peu ? […] Il ne s’étonne de rien, il explique ce qui s’offre, il en donne le pourquoi. […] La révolution d’Angleterre, considérée dans ses propres éléments et dans ses limites, cette révolution qui s’offre comme enfermée en champ clos, se prête mieux qu’aucune autre peut-être à une telle étude, et M.
Giraud sur Étienne Pasquier, et quelques pages aussi élevées que judicieuses de M. le chancelier, accompagnèrent cette publication, qui offre un intérêt sérieux pour ceux même qui ne s’occupent point particulièrement du droit. […] Les L’Hôpital, les de Thou, les Pithou, voilà de grands noms assurément, et dont chacun en particulier pourrait servir d’exemple pour une démonstration ; mais en français, et eu égard aux lecteurs d’aujourd’hui, nul mieux qu’Étienne Pasquier ne les représente au vif dans ses écrits, ne les développe et ne les résume commodément et avec fidélité ; il offre une vie de xvie siècle au complet, et il a exprimé cette vie dans des ouvrages encore graves et à demi familiers, dans des lettres écrites non pas en latin, mais dans le français du temps, et avec une attention visible de renseigner la postérité. […] Enfin, Pasquier, dans ses bons endroits, nous offre le plus bel ordinaire de la langue du xvie siècle, bans la chaîne de la tradition, il forme un terme moyen, un anneau solide entre les bons écrivains du xve siècle, tels qu’Alain Chartier, et les bons écrivains du xviie , tels que Patru ou Bourdaloue. […] Venu dans une forte époque, mais pleine de conflit et de confusion, il nous offre, à travers quelques défauts de forme et de goût, l’exemple de l’un des plus excellents, des plus solides et des plus ingénieux entre les esprits modérés.
Quoi qu’il en soit, ils puisèrent leurs faits dans le chaos des anciennes chroniques ou dans le fatras des vieilles légendes ; ils demandèrent leur merveilleux à la féerie, à la sorcellerie, à la magie noire ; ils ne dédaignèrent pas même l’absurdité des contes les plus populaires, et ils offrirent à l’admiration des hommes ce qu’en tout autre pays on n’exposerait pas impunément à la moquerie des enfants. […] Pour oser en offrir quelques-unes au jugement et au goût des artisans de nos faubourgs, il fallut les réduire aux proportions, les assujettir aux règles et aux bienséances de notre scène. […] Pour ne parler que de la France, ces productions, généralement nobles et décentes sous Louis XIV, devinrent licencieuses et impies sous la Régence ; ensuite, sauf de glorieuses exceptions qui s’offrent à la pensée de tous, futiles et affectées pendant le long règne de Louis XV, elles semblèrent se régénérer, avec les mœurs publiques et privées, dans les années trop peu nombreuses du règne de son infortuné successeur ; et enfin, nous les avons vues, durant les jours de nos discordes civiles, partager la fortune diverse des partis, et suivre les phases variées du corps social, tantôt abjectes et furibondes, tantôt sublimes et dévouées, ici célébrant les épreuves de la vertu, et là consacrant les triomphes du crime. […] Parce que l’imagination aime à achever les tableaux qu’on lui présente, faut-il que des descriptions poétiques ressemblent à ces figures indécises et changeantes que les nuages offrent à nos yeux ?