Mon devoir de respecter l’autorité nuit plus d’une fois au devoir de respecter et de dire la vérité.
Madame Scarron avait passé trois nuits près de ces enfants malades, et elle croyait n’avoir encore rien fait.
Mais, la génération suivante s’en aperçut : au milieu de ces bibliothécaires qui bannissaient du vers souplesse et spontanéité, qui chassaient de la strophe tout ce qui est vie et poésie, qui s’imaginaient que l’expression nuit à la beauté et qui parlaient, sans même vouloir une alliance de mots hardie, de poésie savante !
Génie tout lyrique et bachique encore, Phrynicos se vantait d’avoir dans l’esprit autant de figures de danses, « qu’une nuit orageuse soulève, pendant l’hiver, de vagues sur la mer ».
Selon nous, les mouvements tactiles sont alors trop faibles pour provoquer l’image tactile de l’objet, mais suffisants pour s’associer aux mouvements des centres visuels : ceux-ci, n’étant pas engourdis, se mettent tout d’un coup à vibrer et remplissent la conscience, comme une apparition qui surgirait dans la nuit.
Le plus jeune des trois La prit par sa main blanche : — Soupez, soupez la belle, Ayez bon appétit, Entre trois capitaines, Vous passerez la nuit. — Au milieu du souper La belle tombe morte.
Il est aisé de voir qu’il y a ici, dans les mots, une contradiction qui nuit à la liaison des idées.
— sont rendus, l’arbre est analysé avec une admirable science ; et pourtant l’infinité des détails ne nuit pas à la masse imposante du chêne.
Et c’est pour cela que leurs œuvres sublimes, à Raphaël et à Michel-Ange, sont réservées aux brasiers de l’avenir par ces bienfaiteurs de l’humanité, qui trouveront que le tableau de la Transfiguration ou tel autre chef-d’œuvre ne sont bons, en définitive, que pour chauffer, entre deux barricades, les goujats qui ont froid par une nuit d’hiver !
Il y a un mot heureux de Guizot, et que je souligne parce que Guizot, que je voudrais entraîner, ne se permet guère l’imagination : « Comme un fanal, dans la nuit, brille au milieu des airs sans laisser apercevoir ce qui le soutient, même l’esprit de Shakespeare nous apparaît dans ses œuvres, isolé de sa personne. » Mais c’est justement à cause de la difficulté de saisir la vie de Shakespeare, d’empoigner le pied du fanal caché sous sa lumière, que la pensée la veut, cette vie, et qu’elle s’y obstine.
Mais, malheureusement pour la sagesse et l’orgueil des hommes, l’auteur à l’enthousiasme sacré du livre Les Paroles de Dieu, cette perle jetée sur le fumier du siècle aux porcs qui ne la ramassent pas, restera le mystique Hello, dans sa nuit invisible de flamme, avec son amour, son enthousiasme et sa foi !
Dans la correspondance publiée par M. de Baillon, Walpole, entouré des plus délicieuses femmes de France, qu’il met, pour ce qu’il en veut faire, bien au-dessus des hommes de leur temps, n’en voit qu’une qui le fait rêver ou dont il voudrait rêver pour une nuit, et, le croira-t-on ?
C’est ici pour la première fois que la simplicité nuit au génie, comme un air trop pur, qui serait mortel à la santé.
— l’auteur est professeur, et toute profession a ses préjugés et nuit toujours à l’esprit qu’on a.
De cette édition-ci, qui a barré la rivière et arrêté au passage tous les petits papiers qui s’en allaient silencieusement à l’oubli, sortira-t-il un Agrippa d’Aubigné plus grand que l’entre-aperçu des Tragiques, d’un si vif éclair dans sa nuit ?
On a bu de ce philtre enivrant et on en a gardé quelque chose dans l’haleine, — quelque chose qui nuit à la pureté d’éther que doit avoir le souffle des poètes !
Elle le laissa dans ce manteau couleur de muraille qu’on prend la nuit et qu’il avait pris de jour pour être remarqué, et il eût passé dans un incognito de prince… qu’il était (un vrai prince de la pensée !)
Tout cela est charmant… Or, cette femme, une nuit, en chemin de fer, à moitié endormie (je ne discute aucune des circonstances qui s’entrelacent autour d’elle, cherchez-les dans le livre !)
La fougue qui enlève un si vaste ensemble ne nuit pas aux effets poignants des détails et n’en altère, pas la lumière.
En vain l’a-t-il fait aussi, comme Christian, victime de l’absence d’éducation morale, cette plaie du siècle, et le ramène-t-il à l’ordre et à la vraie destinée par le sentiment paternel, comme il y a ramené Christian par l’amour ; en vain la scène du verre de champagne accepté, qui l’introduit dans le roman, est-elle charmante et attendrie, ce personnage de Chambornay nuit plus qu’il ne sert au développement du livre, et, avec le talent mâle, sobre et qui se ménage si peu de l’auteur, avec ce talent qui sait revenir si courageusement sur lui-même pour s’opérer de ses propres mains, on est étonné qu’il n’ait pas sacrifié et remplacé cette figure selon nous malvenue à travers toutes les autres qui le sontsi bien.
La vie, cette blonde fade, au grand jour si impudiquement découverte, est si laide qu’il ne nous faut pas faire avec tant de détail admirer les beautés de la mort, cette brune chastement voilée… On l’aimerait trop, et la passion nuit au devoir !
C’est lui qui dit dans de beaux vers ïambiques45 : « Il n’est dans les choses humaines rien d’inespérable, rien qu’on doive nier, rien qui puisse surprendre : car Jupiter, le maître des dieux, fait du plein midi sortir la nuit, quand il a voilé la lumière du soleil resplendissant ; et une froide terreur est descendue sur les hommes.
Rappelez-vous l’Hamlet et le Songe d’une nuit d’été de M. […] dit Malandran, Véranet sera revenu quelque nuit. — Mais au moins, regarde Nouvelet, et dis si ce n’est pas son père tout craché. […] Ce n’est que quand elle est seule que la mémoire lui revient : « Mais si c’était pour une simple explication, pour une rupture, pourquoi la nuit ? […] Ainsi, dans le Songe d’une nuit d’été, Lysandre et Démétrius aiment Hélène parce que c’est Hélène qu’ils voient en s’éveillant. […] Le jour même, Georges est sorti de Saint-Cyr ; il doit arriver la nuit, par le train de deux heures.
À peine une faible lueur de civilisation commençait-elle à poindre, à peine quelques monastères étaient-ils fondés, que le vent du nord souffla cette flamme et que la nuit recommença. […] Ce qui peut donner une idée des mœurs de l’époque, c’est que ce guet-apens eut lieu, non la nuit, ou dans un endroit écarté, mais en plein jour et dans l’une des places les plus fréquentées de Londres. […] Au début de la scène, Juliette, déjà mariée et ignorante du drame qui s’est passé dans les rues de Vérone, attend la nuit qui doit lui ramener Roméo. […] Que de secrets il découvrit dans les misérables auberges d’Espagne durant les nuits sans repos où les tribus d’insectes indiscrets lui défendaient de fermer l’œil ! Que de jolies chansons il entendit durant les nuits passées à la belle étoile dans quelque hallier d’Angleterre, ou au bord d’une fondrière de grand chemin du pays de Galles !
Tout est retombé dans la nuit ; mais il reste un reflet, une auréole, — et l’aube Semble toute la nuit errer au bas du ciel. […] La nuit fut donnée aux justes sentiments de la nature. […] À cette infirmité s’ajoutent les douleurs de mes entrailles, qui jadis, comme tu sais, étaient déjà dévastées, et sont maintenant dans un état encore plus pitoyable… Mes oreilles bourdonnent jour et nuit. […] L’amante de Werther, se mettant à la fenêtre pendant la nuit, s’écriait, dans un transport d’enthousiasme : « Ô Klopstock ! […] Au reste, peu soucieux du vraisemblable : voyez la pose de la Nuit !
Ce sont elles aussi qui accompagnent les jours de Pascal, et qui le réveillent durant ses nuits. […] C’est que la révolution était pour lui « la minute espérée et attendue depuis la première cruauté du père, depuis le premier jour passé sans pain, depuis la première nuit passée sans logis… — Elle est la revanche du collège ! […] Vous êtes parfaitement absent de sa pensée, vous, le lecteur futur du roman, à l’heure de nuit où, fenêtres closes, bougies allumées, cet alchimiste élabore son grand œuvre, qui vous intéressera ou non, — peu lui soucie. […] Pour apaiser cette faim et cette soif, le poète peut-il redevenir le vates des premiers jours, le devin dont les révélations projettent des clartés nouvelles dans la nuit de notre ignorance ? […] Le noir, l’obscur de la nuit, et pendant que, anxieuse, elle s’obstine à fixer les ténèbres, le ciel longtemps fermé soulève le bord de sa paupière, une large lueur éclate, et tout un morceau d’horizon jaillit sur le blanc de l’éclair.
Un ou deux passages, une Nuit sur le Cattegat par exemple, cette traversée d’un bras de la mer du Nord près du Sund, se ressentait du contact habituel de Chateaubriand écrivain, et avait un air de grandeur qui devait appeler l’applaudissement du maître : c’était le morceau soigné, solennel, Varia di bravura. […] Cette négligence, qu’il m’a toujours été difficile de comprendre, je ne me la définis que trop : c’est, quand on a mis le pied sérieusement sur un terrain, qu’on y est le premier en date parmi nous, qu’on sent sa force, sa supériorité à bien des égards sur les critiques frondeurs, de ne pas tenir bon, de ne pas leur montrer les dents, sauf à profiter de ce qu’il y a de fondé dans leurs remarques, de ne pas se corriger, se perfectionner à chaque édition, de manière à obliger adversaires et envieux à rendre les armes ou à se taire ; en un mot, un grain d’irascibilité littéraire et de polémique ne nuit pas à l’homme de talent qui a à tracer sa voie et à maintenir ses droits et son rang. […] Et le soir, combien de fois, rentrant vers minuit, Ampère retrouvait son ami veillant encore, et là, assis au bord du lit, le pressant des questions qui le préoccupaient et que les rencontres de la journée avaient suscitées en lui, il prolongeait jusque bien avant dans la nuit les doctes enquêtes et les poursuites historiques de sa pensée ! […] Ampère, dont ce fut le dernier enthousiasme, y travaillait avec une incroyable ardeur, lorsqu’il fut enlevé, dans la nuit du 26 au 27 mars 1864, à Pau, où il était alors.