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904. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 414-416

Bussy, [Roger de Rabutin, Comte de] de l’Académie Françoise, né à Epiri dans le Nivernois en 1618, mort à Autun en 1693 ; Bel-Esprit de la Cour de Louis XIV, & un des plus polis Ecrivains de son siecle ; nous ne disons pas des meilleurs, parce qu’avec de la vivacité dans l’esprit, de la facilité pour écrire, il a peu de littérature, trop de penchant à la satire, plus de finesse que de justesse dans le raisonnement, & sur-tout un ton de prétention qui dépare toutes ses bonnes qualités. […] Il rétracta, long-temps avant sa mort, les égaremens de sa jeunesse, & sur-tout ces Productions malignes & licencieuses, où l’esprit se pare des vices du cœur, comme dit M. le Duc de Nivernois.

905. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 55-57

Une mort prématurée la lui enleva. Après l’avoir célébrée pendant sa vie, il la célébra après sa mort, & l’on soupçonneroit son amour ou ses regrets d’avoir été très-foibles, à en juger par les Vers que M.

906. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 235-237

MARSAIS, [César Chesneau du] Avocat au Parlement de Paris, né à Marseille en 1676, mort à Paris en 1756 ; un des plus habiles & des plus profonds Grammairiens de notre Nation. […] du Marsais a paru rétracter ses écarts philosophiques : il est mort en remplissant avec édification les devoirs d’un bon Chrétien.

907. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 280-282

MAYNARD, [François] de l’Académie Françoise, né à Toulouse en 1582, mort en 1646 ; ami de Regnier & de Desportes, & l’Eleve de Malherbe. […] Las d’espérer & de me plaindre Des Muses, des Grands, & du Sort, C’est ici que j’attends la mort, Sans la désirer ni la craindre.

908. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 502-504

PETIS DE LA CROIX, [François] Secrétaire Interprete du Roi pour les Langues Orientales, Professeur en Arabe au Collége Royal, mort à Paris en 1713. […] On a aussi publié, après sa mort, l’Histoire de Timur-Bec, connu sous le nom du grand Tamerlan, Empereur des Mogols & Tartares.

909. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 346-348

Thou, [Jacques-Auguste de] Président au Parlement de Paris, sa patrie, né en 1553, mort en 1617. […] D'ailleurs, la maniere dont il est mort, en soumettant tous ses Ecrits au jugement de l'Eglise, est une preuve convaincante de l'orthodoxie de ses sentimens.

910. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 409-411

Vaniere, [Jacques] Jésuite, né dans le Diocese de Beziers, en 1664, mort à Toulouse en 1739 ; est un des Poëtes Latins qui a le mieux saisi la maniere & le ton de Virgile, dans le genre pastoral. […] M. de Voltaire & M. d'Alembert qui pensent trop souvent d'après ce Poëte, ont beau dire qu'on doit s'attacher à sa Langue, & renoncer aux Langues mortes, dans lesquelles, selon eux, il est impossible de bien écrire, ils ont oublié, sans doute, que c'est en étudiant la Langue de Virgile, d'Horace, de Cicéron & de Tacite, celle d'Homere, de Sophocle, de Démosthenes, & de Thucydide, qu'on peut se former le goût pour bien écrire dans la sienne.

911. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Après la mort, elle est peut-être quelque chose de mieux, puisqu'elle devient un objet d'émulation pour la Postérité, qui, sans elle, retomberoit dans la barbarie. […] Sa mort vient de me ravir l'honneur de lui offrir à lui-même cette image d'un regne aussi glorieux que sage. […] Elle a pour titre, Problême Littéraire, & pour but, de prouver que les meilleurs Morceaux des Trois Siecles sont de la façon d’un Vicaire de Paroisse, nommé Martin, mort il y a environ deux ans, avec lequel j’ai été long-temps lié de l’amitié la plus étroite. […] l’Abbé Martin (mort il y a environ quatre ans) n’est pas l’Auteur des Trois Siecles, il l’est au moins des meilleurs Morceaux de cet Ouvrage, ainsi qu’il l’a donné lui-même à entendre à plusieurs Habitués de Paroisse. […] Il publie à présent que les Articles que vous avez ajoutés à votre Ouvrage depuis la mort de l'Abbé Martin, sont d'un vieux Médecin de Franche-Comté : il n'est point d'absurdité que l'excès de sa haine ne lui fasse débiter contre vous.

912. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Il dit que toute la société vit aujourd’hui de passif, que tout le monde, à de rares exceptions, passe sa vie dans les dettes, et que les mariages, les successions, et enfin la mort, font durer et mettent en règle cet état général. […] Je vais à la messe de mort de Fervaques, dans cette église d’Auteuil, où je ne suis pas entré depuis l’enterrement de mon frère. […] Samedi 2 septembre À mon âge, et dans mon métier, quand on se sent, certains jours, talonné par la mort, l’angoisse est affreuse de savoir, s’il vous sera donné de terminer le livre commencé, et si la cécité, le ramollissement du cerveau, ou enfin la mort, n’inscriront pas le mot fin, au milieu de votre œuvre. […] » Mardi 12 décembre Quelques six mois avant sa mort, me dit du Mesnil, je causais avec Fromentin. […] Est-ce la menace de la congestion, avec la mort à bref délai.

913. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Je me soumets — conclut Chesterton — au christianisme comme à un facteur d’éducation, vivant, et non point mort. […] Il est mort dans un naufrage en mer Blanche, en revenant d’un voyage en Russie où il était parti clandestinement en 1920. […] Georges Bannerot (1891-1917), poète français mort de maladie durant la première guerre mondiale, est également l’auteur des poèmes du Cantique des morts (1914-1916) et des Statues mutilées, publiées en 1918 par la Librairie d’action d’art de la ghilde « Les Forgerons » (Paris). […] En 1914, il est condamné à mort par contumace pour son poème « À nos frères inconnus, les poètes allemands ». […] Ce recueil de poèmes inspirés par l’Afrique, imprimé en 1919 sur les presses de l’imprimeur-libraire François Bernouard, avec une gravure sur bois de Vlaminck, ne comporte pas d’informations sur l’auteur qui publie une nouvelle, « Les hommes de la mort », dans ce même numéro d’Action : « Les hommes de la mort.

914. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Et comme il doit désirer la mort, celui qui ne peut pas mourir ! […] Une voix a crié sur la mer : « Pan est mort !  […] Et puis cette mort lui a inspiré de si belles pages, si tendres, si harmonieuses ! […] La mort d’Emma donne bien une émotion aussi forte que la mort d’Athalie. […] Mais ces morts et ces tortures, c’est le drame même : M. 

915. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Elle songea à la mort. […] La révocation de l’Édit de Nantes a eu lieu ; Colbert est mort ; Louvois vient de mourir ; Turenne est mort ; Condé est mort. […] Mais il n’a été en bronze qu’après sa mort. […] Est-ce une raison pour être mort ? Est-ce deux raisons pour être mort ?

916. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Beaucoup sont morts. […] Tout le reste dort, ou est mort. […] Le mort, on veut l’aider. […] Souvenons-nous des jeunes morts. […] Ce qui est mort, il le néglige après avoir séparé beaucoup de vie de ce qui paraît mort.

917. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Les adversaires se confessent et communient, et, ainsi préparés à la mort, ils entrent dans la lice. […] La plus belle est celle où sont enterrés les deux rois de Perse, derniers morts. […] Le roi Abbas II étant mort en son absence, toutes ses espérances de fortune étaient mortes avec lui, la cour avait changé de goût. […] Presque tous les grands du temps du feu roi étaient ou morts ou disgraciés. […] L’envoyé alléguait pour ses raisons que son collègue, qui avait des ordres libres, était mort ; mais que lui n’avait point le pouvoir de rien donner, outre ce que portait sa commission.

918. (1925) Proses datées

A peine sera-t-il mort qu’on sera étonné de la place qu’il aura occupée. […] Sera-ce la mort ? […] Viaud étendu sur le rivage de la mer à bout de forces et à demi mort. […] Le nègre d’ailleurs était mourant : « Pourquoi sa mort ne m’aurait-elle pas été utile ?  […] A sa mort, en 1780, il laissa trois fils.

919. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

On le crut mort. […] Victor Cousin pour revêtir des belles formes de sa poésie les idées de la philosophie la plus noble et la plus pure qu’ait enfantée l’esprit humain. « Si la mort de Socrate fut celle du plus sage des hommes, avait dit Jean-Jacques Rousseau, la mort de Jésus-Christ fut celle d’un Dieu : il semble que le poëte se soit souvenu de ce rapprochement, et qu’il ait voulu peindre la première de ces deux morts comme l’humble préface de l’autre. […] M. de Lamartine ne chante pas la mort de Socrate, il la récite. […] Il y a enfin quelque chose d’excessif et de peu naturel dans cet enthousiasme à la vue de la mort ; Dieu, qui nous l’imposa comme un châtiment, l’a faite terrible à l’homme ; le philosophe et le poëte ont beau parer le spectre, la laideur indélébile de la mort paraît sous la fraîcheur des idées et sous le charme des vers. […] C’est le tableau du sensualisme païen placé comme pendant en face du spiritualisme païen de la mort de Socrate.

920. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Aujourd’hui ces romans sont morts. […] Encore un roman mort ! […] À l’occasion de sa mort. […] à l’occasion de sa mort. […] A l’occasion de sa mort.

921. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Malgré qu’ils usèrent d’ironies et de badinages, ils aimèrent la Vie et la préférèrent à la Mort. […] Les pieux héros font retentir les cités mortes. […] Et enfin les dominant de sa statue, voici la Mort, atroce et grandiose figure qui semble résumer l’horreur entière de cette contrée pestilentielle, la Mort qui apparaît. […] Mais un soir nous avons éprouvé combien il était vain de marcher, enivrés, vers la mort. […] Discours sur la Mort de Narcisse (St-G. de Bouhélier).

922. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Léon Dequillebec » pp. 165-167

C’est là qu’il est mort sans bruit, comme il avait vécu, sans une mention dernière dans les feuilles publiques, et le jour même où le convoi entrait sous les voûtes de Notre-Dame du Bon Voyage, l’Académie décernait des couronnes et jetait, comme une suprême ironie, sur le cercueil de ce poète mort pauvre, un bruit inutile de pièces d’or.

923. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 249-251

Beausobre, [Isaac de] né à Niort en 1659, mort à Berlin en 1738, où il s’étoit réfugié. […] « Il considere ce progrès insensible, mais si rapide de la vie vers sa fin, la mort toujours prochaine, ou plutôt toujours présente, le tombeau, la cendre, le tribunal de son Juge, les peines & la gloire de l’Eternité ; il attache sa vue sur ces dernieres fins de l’homme, si propres à régler sa course, &, prosterné chaque jour devant Dieu, il lui demande la grace de bien vivre, pour avoir celle de bien mourir ; sacré soin, précieuse solitude, sceau de Dieu dans les ames prédestinées, vigilance nécessaire, mais rare dans tous les hommes, plus rare dans les Grands, & plus nécessaire encore aux Grands qu’aux autres hommes ».

924. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 412-415

GODEAU, [Antoine] Evêque de Grasse, né à Dreux en 1605, mort à Vence en 1672. […] Je ne sais point s’il passera à la postérité, mais il faudra pour cela qu’il ressuscite, puisqu’on peut dire qu’il est déjà mort, n’étant presque plus maintenant lu de personne. » Nous remarquerons, avant de finir cet article, qu’on lit dans une Ode de M.

925. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 544-546

IVETEAUX, [Nicolas Vauquelin des] Abbé, fils du Poëte la Fresnaye, né dans un Château près de Falaise, mort en 1649 ; est plus connu par son goût pour les plaisirs, que par ses Ouvrages, quoiqu’il écrivît dit-on, purement en Latin, en Italien & en François, soit en Prose, soit en Vers. […] C’est ainsi qu’on parvient à cette prétendue élévation d’ame, ou plutôt à cette insouciance destructive de tout sentiment noble, & dans laquelle on ne s’endort avec complaisance, que parce que, n’écoutant que soi-même, on ne trouve pas de Contradicteurs : espece de mort morale, dont on ose faire une vertu sublime, tandis qu’elle anéantit toutes les vertus.

926. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 441-443

Taurin, né à Cognac, dans l’Angoumois sur la Charente, en 1649, mort à Paris en 1728. Il a eu le sort de la plupart des Auteurs médiocres, c’est-à-dire quelques succès pendant sa vie, & le plus profond oubli après sa mort.

927. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface et poème liminaire des « Contemplations » (1856-1859) — Préface (1859) »

Si un auteur pouvait avoir quelque droit d’influer sur la disposition d’esprit des lecteurs qui ouvrent son livre, l’auteur des Contemplations se bornerait à dire ceci : Ce livre doit être lu comme on lirait le livre d’un mort. […] Le vrai, l’unique : la mort ; la perte des êtres chers.

928. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Mignet y a prononcé l’éloge de Jouffroy, mort il y a plus de dix ans, mais qui est encore assez présent par sa physionomie et par ses écrits au souvenir de ses amis et contemporains pour qu’on ait pu songer naturellement à le célébrer. Il n’y avait donc rien en apparence que de très simple : une des sections les plus graves de l’Institut allait rendre un hommage un peu tardif, mais bien mérité, à l’un de ses membres, à un philosophe mort en 1842. […] Oui, mort il y a dix ans, il aurait pu attendre quelques années encore à être célébré par M.  […] Il a raconté, dans des pages publiées après sa mort, et qui n’ont été que légèrement affaiblies par l’éditeur, la crise morale qu’il subit à l’âge de vingt ans, le moment plein d’effroi, où lui, élevé dans ses montagnes et dans la foi des patriarches, il s’aperçut tout d’un coup qu’il ne croyait plus : Je n’oublierai jamais, écrivait-il, la soirée de décembre où le voile qui me dérobait à moi-même ma propre incrédulité fut déchiré. […] Cousin, qui excelle à réparer sa ligne quand elle est rompue, voyant Jouffroy mort, a repris solennellement possession de son disciple sur sa tombe.

929. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Henri IV mort, le président continua d’être un des principaux conseillers de l’État, et pendant près de douze années encore (1610-1622) il ne cessa, sauf un court intervalle marqué par le premier ministère de Richelieu, de servir chaque jour soit dans les finances, dont il eût le maniement en chef, soit dans toutes les affaires si compliquées de la régence et des premières années de la majorité. […] Au reste, pour apprécier l’ensemble de la conduite et du caractère du président Jeannin en ces années, on n’a rien de mieux à faire que de s’en rapporter au témoignage décisif du cardinal de Richelieu, un moment son adversaire, qui le vit de près à l’œuvre, qui lisait et relisait ses Négociations manuscrites durant son exil d’Avignon, et à qui il échappe à son sujet des paroles d’une admiration généreuse : On ne saurait assez dire de ses louanges, écrit-il à l’occasion de sa mort ; mais il faut faire comme les cosmographes qui dépeignent dans leurs cartes les régions tout entières par un seul trait de plume. […] On dit que celui-ci, malgré sa douleur, prit sur lui de présider le Conseil le jour même de cette mort, comme à l’ordinaire. […] Il se préparait à aller jouir du repos en sa maison de Montjeu près d’Autun, et d’où l’on a une des plus belles vues sur la ville et le pays, lorsqu’il mourut à Paris, le 31 octobre 1622. disent toutes les biographies ; cependant, comme il y a des lettres de lui qu’on présente comme datées des deux premiers mois de 1623, j’incline à croire que la vraie date de sa mort est des derniers jours de février ou peut-être de mars de cette même année. […] Claude, de la Bibliothèque impériale, m’a bien voulu donner copie, entre autres pièces, d’une lettre de Jeannin au président de Thou, dont j’ai cité un passage sur la mort de Scaliger.

930. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Il y a quelque chose qui, dans une étude sur Bailly, dominera toujours sa vie et ses ouvrages : c’est sa mort, son courage calme et céleste 66, sa patience, ce mot simple et sublime, le seul tressaillement suprême qui échappa à sa conscience de juste et d’homme de bien. […] Les sciences ont perdu ces deux hommes illustres dans la force de leur âge ; une mort prématurée a terminé leurs travaux et leurs succès, et m’a privé des ressources sur lesquelles j’avais fondé mes espérances. […] N’ayant pas cru faire assez, Bailly revint encore sur ce sujet dans de nouvelles Lettres sur l’Atlantide de Platon et sur l’ancienne histoire de l’Asie, qui ne parurent qu’en 1779, après la mort de Voltaire, mais qui lui étaient également adressées comme s’il était toujours présent. […] Martin68, a vu, non pas naître, mais se développer avec une faveur toute nouvelle deux hypothèses peu conciliables, et pourtant acceptées alors avec enthousiasme par les mêmes esprits, parce qu’elles dérivent d’une même source, de la passion pour le nouveau et l’inconnu, savoir : l’hypothèse du progrès indéfini de l’humanité, et l’hypothèse d’un âge d’or des sciences mathématiques et physiques près du berceau du genre humain. » En effet, dans le temps même où Turgot traçait pour l’humanité le programme d’une marche ascendante et d’un progrès indéfini, que Condorcet devait développer avec une sorte de fanatisme et pousser aux dernières limites, jusqu’à dire que la mort pour l’homme pourrait se retarder indéfiniment, Buffon, Bailly se reportaient en arrière vers un âge d’une date non assignable, dans lequel ils plaçaient je ne sais quel peuple sage, savant, inventeur à souhait, et créaient un véritable âge d’or pour des imaginations d’académiciens. […] L’abbé de Molières est mort en combattant sur les ruines du système de Descartes.

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