La dominante de l’esprit public c’était, alors, un chauvinisme grossier mêlé de niaiserie sentimentale et d’ignorance satisfaite. […] J’omets à dessein la Revue wagnérienne, trop spéciale, et la première Revue indépendante, encore trop mêlée au mouvement réaliste.
Les plus nobles pays, l’Angleterre, la France, l’Italie, sont ceux où le sang est le plus mêlé. […] Laissons à ces intéressantes études l’entière liberté de leurs discussions ; ne les mêlons pas à ce qui en altérerait la sérénité.
Il mêlait une idée de membres arrachés, de supplices subis, de beaux corps foudroyés ou percés de flèches, de sommeils funèbres et de réveils en sursaut engourdissant et ranimant les divinités nourricières, au spectacle des arbres dénudés, des plantes effeuillées, des stérilités et des éclosions du sillon. […] Des Bacchants, déguisés en Mânes, teints du blanc livide de la céruse ou masqués du linge des suaires, se mêlaient aux mimes burlesques et aux Monades bondissantes.
Nous, que l’histoire comme on l’écrit depuis vingt ans13 a lassés et un peu blasés sur les généralisations à perte de vue qui s’y mêlent, nous aimons cette saveur étrange, parce qu’elle est pure et vraie, que nous donne l’histoire écrite ainsi, et nous pensons que la voilà, impartiale et sincère, autant, du moins, qu’il est permis à la pauvre main humaine de la tracer. […] Mêlé aux grandes affaires et les dominant, comme homme d’État et financier, Jacques Cœur rappelle deux autres destinées de notre histoire, celles d’Enguerrand de Marigny et de Fouquet, mais il les fait pâlir toutes deux par le génie et par l’innocence.
En effet, si ce livre, entrepris dans l’intérêt de populations plus ou moins injustement oubliées, et qui firent, à leur heure, leur petit tapage dans l’histoire ; si ce déchiffrement laborieux d’étiquettes de peuples momifiés dans les catacombes de leurs montagnes peut être véritablement quelque chose de plus qu’un travail de chroniqueur ou d’antiquaire ; s’il y a réellement l’étoffe d’une grande et neuve histoire dans ce déterrement de nations mêlées et fondues, dans cette grenaille féodale qui a levé sur les versants des Pyrénées, comme elle a levé partout dans le limon de l’Occident, on est rigoureusement tenu d’ajouter aux faits qu’on raconte les considérations qu’ils inspirent ou qui les dominent. […] L’histoire des peuples pyrénéens, non seulement telle que Cénac-Moncaut l’écrit, mais telle qu’on peut la concevoir, ne met en lumière rien de plus que ce que les autres histoires de la Féodalité chrétienne nous apprennent sur elle, depuis qu’elle s’est établie dans le sang mêlé du peuple romain et des barbares.
Il fallait faire adorer Saint Louis dans un livre adorable, ou ne pas s’en mêler. […] En ce temps-là, la Royauté, — engloutie dans des mêlées d’hommes que j’appellerais volontiers la Démocratie d’en haut ; car, en somme, les Aristocraties ne sont pas davantage : c’est toujours le nombre, le nombre maudit, l’éternel ennemi de l’unité !
Il était fait pour la bataille présente, pour le coup pour coup de la mêlée, pour la polémique, incessante et implacable, sur la brèche. […] Il y a en lui quelque chose de sanguin, de violent, de vibrant, de sans-façon, de familier avec la vie et le monde, auxquels il se mêlait impétueusement et gaillardement, et qui déconcerte un peu la méticulosité de l’abbé Maynard, homme pâle, de peu de santé, qui n’a pas le tempérament luron de Crétineau.
… Voyez les grands esprits à système qui se mêlèrent de penser sur le développement des sociétés humaines, Aristote, Platon, Hobbes, Fichte, Hegel et tant d’autres ! […] Seulement, pour insinuer dans les esprits honnêtes et confiants qui vous lisent ces conséquences voilées, la main, qui n’est pas très forte, tremble un peu… tâtonne dans les faits qu’elle mêle et se blesse à des inconséquences mortelles.
Fils d’une horrible époque pressée et qui veut vivre à la minute, où tous se ruent sur le petit sou du Savoyard, — le petit sou de la célébrité ou de la monnaie, — il ne s’est mêlé ni aux poussées ni aux culbutes de son temps ; il s’est noblement tenu coi et à l’écart dans son talent, comme l’abeille dans sa ruche d’or. […] Un jour, son compatriote Hégésippe écrivit la délicieuse romance dont le refrain s’est, je crois, mêlé aux vers de Saint-Maur : L’oiseau que j’attends ne vient pas !
Aux ignorants des choses espagnoles, à ceux-là qui n’avaient pas étudié les mœurs de l’Espagne chez elle, Le Diable boiteux et Gil Blas apportèrent la sensation d’une société nouvelle, et le terrible piment espagnol qui aurait emporté la bouche et qui pouvait se mêler à cette sensation, Le Sage eut la prudence de s’en abstenir. […] Il s’agit pour Le Sage d’intéresser cette curiosité vulgaire, et il est lui-même d’un esprit assez vulgaire pour l’intéresser… Cette vulgarité foncière de l’esprit, on ne s’imagine pas comme c’est un bonheur, pour le succès, que de l’avoir, mais quand elle est mêlée avec quelques souples facultés d’emploi.
Mérimée, esprit excessivement cultivé, talent venu en pot, bien plus qu’en pleine terre, n’a-t-il pas commencé par s’inspirer du théâtre espagnol et à mêler du Musset et du Lesage dans l’imitation qu’il en a faite ? […] Quand on dit littérature française, littérature anglaise, littérature russe, etc., peut-être n’est-il plus temps d’entendre que LITTERATURE EUROPEENNE, tant à l’exception des langues qui entreront aussi un jour dans la mêlée universelle, les littératures modernes sont en train de faire de l’unité monstrueuse dans leurs conceptions et leurs manières de sentir !
Tout ce monde minuscule se culbute, s’agite et se mêle avec une pétulance indicible, sans trop s’inquiéter si tous ses membres sont bien à leur place naturelle. […] D’ailleurs, relativement aux procédés de Goya, — aquatinte et eau-forte mêlées, avec retouches à la pointe sèche, — l’article en question contient tout ce qu’il faut.
À l’antique mythologie, le poëte moderne, qui eût dû naître à Athènes au temps de Phidias, mêle les interprétations platoniciennes et alexandrines. […] L’euphorbe, l’aconit, la jusquiame, la ciguë, la belladone y mêlent leurs froids venins aux ardents poisons des tropiques et de l’Inde. […] L’œil visionnaire du poëte sait dégager le fantôme de l’objet, et mêler le chimérique au réel dans une proportion qui est la poésie même. […] Ce n’était pas en vain que la guerre et l’exil avaient mêlé les nations. […] Tout se mêlait sous son nom.
De même, dans les lettres d’Héloïse, l’érudition et la scolastique se mêlent avec la passion. […] L’étude du moral et celle du physique y sont étroitement unies, mêlées et confondues. […] Celle-ci non seulement se communique à nous ; mais nous mêlons notre âme avec l’âme du maître, actuellement, activement. […] L’amertume des retards et des humiliations, mêlée à l’ivresse des triomphes et au vin brûlant de la gloire, alimente et torture son génie. […] Un jour, il écrit à son cher confident : « Je commence un genre de vie plus agréable, je me mêle un peu plus à la société.
Ces petites comédies, mêlées de drame, M. […] Une vallée où se mêlent toutes les nuances du bleu. […] Toutes ces intrigues, où les Napoléonides sont mêlés, M. […] Pour cela, nous avons soin de ne pas nous mêler à elles, de nous détacher d’elles. […] Se mêler d’une révolution, ce n’est pas digne d’un dandy !
Après les vers, est venue la prose, puis les vers et la prose mêlés.
C’est la Mireille du Berry… Tel est ce poème (Sainte Soulange), exquis, pareil à un bouquet où l’églantine, la bruyère et un brin de buis bénit mêleraient leurs arômes.
Persuadé que les lettres doivent être un supplément de l’expérience personnelle une force active et présente, une discipline qui s’ajoute aux exemples du foyer domestique, à la religion, aux lois de la patrie, j’ai cherché dans nos grands écrivains moins l’habileté de l’artiste que l’autorité du juge des actions et des pensées, moins ce qui en fait des êtres merveilleux, dont la gloire nous peut troubler, que ce qui les met de tous nos conseils et les mêle à notre vie, comme des maîtres aimés et obéis.
Sans doute, on pourrait quelquefois se prendre à regretter ces époques plus recueillies ou plus indifférentes, qui ne soulevaient ni combats ni orages autour du paisible travail du poète, qui l’écoutaient sans l’interrompre et ne mêlaient point de clameurs à son chant.
La vaine déclamation qu’il y mêle, par fausse chaleur on par flatterie, n’empêche pas de sentir ce que ce portrait a, pour l’époque, de vrai et de vivant. […] Il est fort différent, surtout pour la comédie, d’avoir à peindre ses personnages au repos, dans le naturel de leurs habitudes, où d’être forcée de les saisir dans quelque mêlée, au passage, dans le flot qui les pousse avec le poète lui-même. […] Le cardinal de Richelieu, lui aussi, s’était mêlé de vers, et il n’en faisait pas de meilleurs que Louis XIV. […] Elle se trouve des forces que les siècles précédents ne savaient pas… Si les Français peuvent tout, c’est que leur roi est partout leur capitaine ; et après qu’il a choisi l’endroit principal qu’il doit animer par sa valeur, il agit de tous côtés par l’impulsion de sa vertu… Les politiques ne se mêlent plus de deviner ses desseins. […] Il ne paraît pas avoir aperçu La Bruyère, dans ses modestes fonctions auprès de M. le Duc, d’où l’auteur des Caractères observait la cour sans s’y faire voir, et la ville sans s’y mêler.
Ce sont, en effet, toutes les impressions, tous les souvenirs, toutes les réalités, tous les fantômes vagues, riants ou funèbres, que peut contenir une conscience, revenus et rappelés, rayon à rayon, soupir à soupir, et mêlés dans la même nuée sombre.
Sans cesse mêlés, conduits, éduqués par des instituteurs de différentes nations, ils apprendront, sans s’en apercevoir, à distinguer les hommes, non par leur croyance, mais par leurs vertus ; et comme dans les courtes instructions que le pope grec et le pasteur luthérien leur donnent, il n’est question ni de diable ni d’enfer, vos enfants n’auront pas le torticolis des nôtres. » FIN DU TOME TROISIÈME.
Intellectuellement, c’est tout madame de La Fayette, avec sa douceur de regard, sa pureté de style, sa lueur de perle… Quoique fort bienvenue de cette éblouissante Henriette, qui a laissé inextinguibles dans l’Histoire l’éclair de sa vie et l’éclair de sa mort ; quoique mêlée à ces intrigues, voilées de décence, d’une cour qui commençait alors de mettre la convenance par-dessus toutes ses passions, madame de La Fayette ne nous donne pas sur les hommes et les choses de son temps des lumières bien nouvelles.
« Ses larmes seules, dit le poète, baignant les roses et les lis de son beau corps, attestaient qu’elle était animée. » Roger, à l’aspect de ces yeux éplorés, se souvient de sa chère Bradamante ; son coursier replie ses ailes ; Roger parle avec une respectueuse compassion, mêlée d’une galanterie chevaleresque, à Angélique : « Ô beauté céleste, faite pour porter seulement les fers avec lesquels l’amour mène ceux qu’il a enchaînés ! […] Le souvenir de la passion malheureuse de Roland pour Angélique y mêle au charme de la scène on ne sait quel grain de sel comique qui ajoute encore, s’il se peut, à la délicieuse saveur du sujet. […] XI Tout à coup Arioste redevient grave en faisant parcourir à Bradamante la galerie d’un château enchanté dans lequel des tableaux prophétiques font apparaître d’avance à ses yeux toute l’histoire de la maison d’Este, mêlée à l’histoire de l’Europe moderne ; il s’élance de là à la suite d’Astolphe monté sur l’hippogriffe, et qui jetait du haut des airs un coup d’œil géographique sur l’univers. […] Il sait jouer avec la vie ; il effleure la nature, il ne l’épuise pas ; il sait que le cœur humain est un instrument à deux cordes dont l’une est tristesse, l’autre gaieté, et, en touchant ces deux cordes tour à tour, il produit une harmonie tempérée et douce qui est précisément l’équilibre vrai de cette vie, mêlée de gémissements et d’éclats de rire. […] La lune ruisselait du ciel à travers une chaude brume transparente comme une écume de l’air sur les toits, sur les balustrades, sur les pilastres, sur les cariatides de marbre de la façade ; le vent emportait à chaque bouffée les fleurs embaumées des orangers en caisse qui encadraient d’une sombre verdure les parterres au bas du perron ; les jets d’eau chantaient comme des oiseaux sans sommeil ; leurs légères colonnes d’eau, transpercées par les rayons nocturnes, s’inclinaient et se redressaient sous la brise comme des tiges de girandoles chargées de grappes de cristaux ; les blanches statues des terrasses ressemblaient aux fantômes pétrifiés d’une population de marbre ; la grotte, vide désormais, ouvrait au-dessus de moi son antre sombre, d’où suintait la petite rigole qui avait tant mêlé son gazouillement monotone aux stances du poète ; tout nageait dans un éther fluide et vague qui grandissait les objets et qui les faisait pyramider vers le firmament, comme s’ils avaient flotté entre ciel et terre ; enfin, pour comble d’illusion, un rideau blanc, agité par le vent à la fenêtre ouverte de Thérésina et de sa mère, jouait à longs plis sur le mur et ressemblait à la figure de Ginevra apparaissant à son amant sur le fatal balcon du palais de son père.
II Il faudrait avoir le regard de Dieu lui-même pour discerner l’Amérique de la France une fois que les causes de ces deux pays furent mêlées pendant et après la guerre d’Amérique ; quoiqu’il en soit, nous n’eûmes pas à nous en féliciter. […] Est-ce l’égalité que d’être relégués, comme en France les animaux impurs, dans des wagons construits exclusivement à leur usage sur les chemins de fer, et d’être jetés inhumainement sur la route, eux, leurs femmes et leurs enfants, si un blanc vient à se récrier sur un reste de couleur mêlée empreint sur l’ongle dénonciateur d’un de ces malheureux, dont l’haleine empoisonne ou dont le contact flétrit ? […] Monroë, un de ses flatteurs, disait pour être applaudi : « Le temps est venu où vous ne devez pas souffrir que l’Europe se mêle des affaires de l’Amérique, mais où vous devez désormais affecter votre prépondérance dans les affaires de l’Europe ! […] Plus de rameaux épais qui dessinent leur arcade verdoyante au-dessus du fleuve ; les vieux arbres ont disparu, la hache éclaircit tous les jours ces belles forêts, qui décoraient d’un long feston mobile le sommet de tous les coteaux ; le sang des indigènes et des nouveaux habitants s’est mêlé aux ondes du fleuve dont ils se disputaient la possession exclusive. […] Rarement, entre ses mains, son instrument s’embrouille et se mêle, tandis qu’avec une incomparable dextérité il les tire de l’eau l’un après l’autre.
Mais je puis déclarer ici qu’à l’égard du Chien, après un laborieux examen de tous les faits connus, je suis arrivé à conclure que plusieurs espèces sauvages de Canides ont été domptées et que leur sang, plus ou moins mêlé, coule dans les veines de nos nombreuses races domestiques. […] Les Pigeons peuvent être appariés à vie, et c’est une commodité de plus pour l’amateur, parce que de cette manière de nombreuses races peuvent être modifiées et gardées pures, quoique mêlées dans la même volière. […] Pour expliquer l’apparition fréquente de ces caractères chez les diverses races du Pigeon domestique, il faudrait admettre ou que le Pigeon Biset, bien que ne les présentant jamais, descend d’un prototype qui les possédait, et qu’à chaque génération il a une tendance, si faible que ce soit, à les produire ; ou bien que le sang d’une autre espèce de Colombins huppés et pattus est mêlé dans toutes nos races à celui du Pigeon Biset. […] Or, sous ce rapport, la grande variabilité des Pigeons domestiques semblerait appuyer l’opinion qu’ils ne descendent pas d’une souche unique, lors même qu’on ne supposerait que de légères différences entre les diverses souches originaires dont le sang mêlé en elles n’aurait eu d’autre effet que de causer une plus grande variabilité en tous sens. […] Le second, chez lequel s’est mêlé le sang du Fox Hound (C. gallicus), et du Harrier, deux races de chiens courants, a l’inctinct moins sûr, mais l’emporte encore à cet égard sur le Setter, produit croisé du Chien d’arrêt anglais (English Pointer) et de l’Épagneul.
Moi aussi, d’abord, j’ai mêlé mon reproche à ces accusations ; mais, réflexion faite, et en vous lisant avec plus de suite, vous me semblez plus à plaindre qu’à blâmer. […] mêler Th. de Banville et Ch. […] Figurez-vous un galetas baroque, aux angles innombrables, aux poutres mêlées, un vrai dessous de charpente, encombré du mobilier le plus fantastique. […] Corneille, à la cour du roi Prusias, demeure, toujours et quand même, un vieil hidalgo romain, mêlé de Don Quichotte et de Cincinnatus. […] » Oui, et la raison en est que la personnalité de l’homme intelligent mêlé à la foule se diminue forcément et s’efface.