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2094. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

Mais, corps ou fluides, quand de l’idée que nous nous en formons, nous avons écarté tout ce qui s’y peut mêler de variable ou de circonstanciel, la définition scientifique s’en trouve composée de ce qu’il y a d’identique et de permanent en eux.

2095. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Le poète s’affranchissait par là de l’art pénible de mêler les échafaudages avec l’édifice et de les tourner en ornements.

2096. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

Avant les premiers rudiments de la physique et de la chimie, les hommes avaient déjà sur les phénomènes physico-chimiques des notions qui dépassaient la pure perception ; telles sont, par exemple, celles que nous trouvons mêlées à toutes les religions.

2097. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Feydeau, le mélodrame n’y est pas, et il n’y reste que le drame, qui n’appartient pas exclusivement à la représentation scénique, le drame qui entre partout et se mêle à tout, et qui est forcé dans le roman comme au théâtre.

2098. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre VI. L’espace-temps à quatre dimensions »

Mais elle le renseigne sur le rapport de cette transmission à cette translation, elle ne lui dit rien de nouveau sur l’Espace et le Temps : ceux-ci restent ce qu’ils étaient, distincts l’un de l’autre, incapables de se mêler autrement que par l’effet d’une fiction mathématique destinée à symboliser une vérité physique.

2099. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Les petites mains fluettes sortent de grandes manches en étoffe d’or et d’argent mêlée de rouge et de vert. […] On les sent corporels, palpables, vivants et mêlés à notre vie ; on les représente sur le théâtre ; ils entrent, par leur action ou par leur présence, dans les drames laïques ; ils ont le costume, les sentiments, les préjugés, les habitudes des contemporains. […] La nature s’y est adoucie, sans devenir esclave ; les lignes des terrains ondulent et se mêlent capricieusement ; les bois couvrent la croupe des collines, descendent jusqu’au bas des versants, poussent leurs colonies d’arbres jusqu’à l’entrée des villages ; dans les creux sont de petits prés toujours arrosés d’eaux courantes ; ils reluisent au soleil comme des émeraudes, et leurs ruisseaux vont serpentant et bruissant dans le dédale des vallées courtes et creuses. […] En ce cas, au lieu de personnages beaux et bien posés, on contemple des bouts de ficelle ; il est difficile alors d’entrer avec abnégation et comme ouvrier dans une oeuvre commune, d’appartenir même au parti que l’on sert, même à l’école que l’on préfère, même à la science qu’on cultive, même à l’art où l’on excelle ; si parfois on descend en volontaire dans la mêlée, le plus souvent on se tient à part. […] Dès que j’ai un grain d’amour, je ne manque pas d’y mêler tout ce que j’ai d’encens dans mon magasin. » C’est peut-être pour cela qu’il était si aimable. — Dans les lettres de Mérimée, les duretés pleuvent avec les douceurs : « Je vous avouerai que vous m’avez paru fort embellie au physique, mais point au moral….Vous avez toujours la taille d’une sylphide, et, bien que blasé sur les yeux noirs, je n’en ai jamais vu d’aussi grands à Constantinople ni à Smyrne.

2100. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Je crois donc qu’une étude sur Jean-Jacques pourrait être une biographie morale continue, où l’histoire de ses livres se mêlerait intimement à l’analyse de ses Confessions. […] Et Duclos saisit et définit fort bien les vices ou défauts caractéristiques de cette société restreinte : non pas tant encore le dérèglement des mœurs (dont je ne pense pas que Rousseau se crût exempt) que la vanité, la frivolité, l’abus de l’esprit, le « persiflage » (ce que nous appelons aujourd’hui la « blague »), la sécheresse et la dureté du cœur (ce que Gresset avait peint en 1745 dans le Méchant), le tout mêlé a des prétentions « philosophiques ». […] (Raison plaisante : le pauvre Jean-Jacques n’était pas en amour un tel foudre de guerre.) — Enfin, dit-il : A cela se mêlaient des réflexions relatives à ma situation, à mon devoir, à cette maman si bonne6, si généreuse, qui, déjà chargée de dettes, l’était encore de mes folles dépenses, qui s’épuisait pour moi et que je trompais si indignement. […] … Sophie, le voyant pleurer, est prête de mêler ses larmes aux siennes… La mère voit sa contrainte, et l’en délivre en l’envoyant faire une commission. […] Ces choses, mêlées ensemble de mille manières différentes et compensées l’une par l’autre en divers sujets, forment ainsi les divers états et les différentes conditions, etc. », n’a pas cessé d’être vraie depuis la Révolution. — Louis Veuillot a écrit : « Si je pouvais rétablir la noblesse, je le ferais tout de suite et je ne m’en mettrais pas. » Moi non plus.

2101. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

C’est la suprême culture, — la synthèse supposant toutes les analyses, le plus haut résultat combiné de l’hypothèse unie à l’expérience, le patriciat de l’intelligence et le couronnement de la science à l’art mêlé. […] Il se leva, ouvrit une boîte et y prit un carré de pâte brunâtre ; puis il puisa un peu de cendre rouge dans la cheminée, sur une pelle, et y posa la pâte qui grésilla : un nuage épais s’éleva, et une odeur très forte envahit la pièce étroite, une odeur où se mêlait au parfum de l’encens la note acre et entêtante du camphre. […] Aux accents des psaumes liturgiques sacerdotalement chantés sous les sombres piliers, elle mêle au grand soleil le cri de protestation de ses besoins physiques et l’hymne des revendications de la chair. […] — Il l’explique ainsi : un égal souci de la chair et de l’esprit, psychologie et physiologie mêlées, deux chemins parallèles courant au même but, un à terre, un autre en l’air. […] Ils mêlent arbitrairement les rimes féminines et les rimes masculines, ils font rimer des mots à cinq ou six vers de distance, ils emploient des rimes fausses, ils ne riment pas du tout, ils font des assonnances… Bast !

2102. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Un peu de néologisme s’y mêle, assez justifié certes et motivé par l’inusité et le monstrueux des circonstances. […] En parlant de l’orientaliste vénérable, du janséniste pieux, il lui fallut légèrement entr’ouvrir cet angle habituel de son jugement, et son talent plus souple parut y gagner : quelques accents du cœur s’y mêlèrent.

2103. (1927) André Gide pp. 8-126

Certains zélateurs de Baudelaire n’apprécient guère que ses défauts, et méconnaissent ce qu’il y a de plus solide dans son œuvre mêlée. […] André Gide se distingue de ses « soties » par un certain réalisme, par un souci de vérité directe, qui exclut les inventions fantaisistes, et de ce qu’il appelle ses « récits » par le grand nombre des personnages et la complexité de l’action, ou plutôt des actions qui se mêlent et finiraient par s’embrouiller, si divers épisodes ne tournaient court.

2104. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Sa maison lui était un enfer ; on soupçonne qu’une infirmité physique s’était mêlée à ses amours et à son mariage. […] » Décidément cet homme est un charpentier, fort de bras, terrible à l’ouvrage et dans la mêlée, mais borné, et maniant une femme comme si elle était une poutre.

2105. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

. —  Ce sera une belle vie à raconter, honorée et heureuse, dévouée à de nobles idées et occupée par des entreprises viriles, littéraire par excellence, mais assez remplie d’action et assez mêlée aux affaires pour fournir la substance et la solidité à l’éloquence et au style, pour former l’observateur à côté de l’artiste, et le penseur à côté de l’écrivain. […] Chez lui, les portraits se mêlent au récit.

2106. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

C’est la lutte des traditions du passé avec la science moderne, la lutte des dogmes chrétiens, auxquels la société livre l’enfance (comme si le rebut des hommes mûrs était assez bon pour l’enfance), et de la philosophie, qui ne sait encore que détruire ; c’est un mélange hétérogène de toutes sortes de principes qui ne sont pas des principes, de vérités et d’erreurs mêlées à dessein. […] Il semble que la nature avait donné à chaque homme sa destination ; chacun avait un but à atteindre ; ils devaient y marcher tous ensemble, se secourant, s’animant, se guidant les uns les autres : mais, faute d’un soleil qui les éclaire, ils prennent chacun une route différente de celle que la nature leur avait donnée ; ils se heurtent, se combattent, s’égorgent ; et les plus heureux, marchant sur le corps de leurs frères, arrivent à la fin de leur vie sans avoir vu autre chose qu’une horrible et ridicule mêlée dans d’épaisses ténèbres.

2107. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Sans doute cette espèce d’adoration mêlée de patriotisme local aboutit à des excès risibles ; elle n’est souvent qu’une manière d’exploiter les curiosités d’une contrée dans le but commercial (le mercantilisme ne perd aujourd’hui jamais ses droits) d’attirer des voyageurs dans cette région. […] 1° Non, il ne faut pas que le législateur se mêle de réglementer le commerce des lettres privées.

2108. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Les productions des arts, comme celles de la littérature, se ressentent toujours des événements auxquels l’artiste ou l’écrivain s’est trouvé mêlé, des erreurs, des préjugés de l’époque qu’il a traversée. […] Ses traits étaient beaux, et la majesté et la douceur mêlée de force de sa physionomie inspiraient tout à la fois le respect pour sa personne et un vif désir de le connaître. […] Or, il arriva qu’un des élèves, en racontant une histoire bouffonne, y mêla à plusieurs reprises le nom de Jésus-Christ. […] Parmi les élèves que leur caractère isolait davantage, on a dû remarquer le sage Moriès, qui se mêlait peu à toutes ces folies et dont la plaisanterie habituelle était de répéter à ses camarades si jeunes et si fous : « Messieurs, amusez-vous bien, mais n’oubliez pas de penser à la mort !  […] Girodet, placé un peu en arrière, observait son maître, et sa curiosité mêlée d’inquiétude prit bientôt le caractère de l’impatience et même de l’irritation.

2109. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

. — Depuis le jour où on a raconté une anecdote dans laquelle son nom se trouvait mêlé à celui de son maître, — Adolphe a grandi de vingt coudées dans sa propre estime ; — ce ne sont plus des talons qu’il a à ses chaussures, ce sont des piédestaux, — et il retire son chapeau quand il passe sous l’arc de l’Étoile… Quelques jours après la publication de cette anecdote, Adolphe, initié subitement aux lois du bien-vivre, prenait un coupé et venait, vêtu comme un parfait notaire, déposer sa carte dans les bureaux du journal qui l’avait publiée. […] Mais, histoire extraordinaire, non-seulement il parlait la langue canine, mais encore, il la comprenait ; et, lorsqu’il rencontrait un braque, un caniche, il ne pouvait s’empêcher d’aller se mêler à leur conversation. — Enfin, un soir, en s’habillant dans sa loge, il s’aperçut avec horreur qu’il lui poussait du poil d’épagneul. — Effrayé des dangers de cette identification, ce soir-là même, l’artiste en question refusa positivement de donner de la voix dans la coulisse. […] Et pendant que la voix de votre gentille fleuriste murmure encore dans l’escalier, le ramoneur et son enfant y mêlent lointainement leur refrain : À pau apin ! […] ajoutait madame D… Ennuyé de ces plaintes, le directeur prit un jour les deux artistes à part : — Vous êtes tous deux, leur dit-il, des talents de premier ordre. — Vous avez les sympathies du public, et il vous est pénible souvent, si j’en crois vos discours, de voir se mêler à l’enthousiasme que vous excitez les applaudissements d’une tourbe grossière.

2110. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Et encore ces œuvres-là, si la vénération ne s’en mêlait et n’achevait souvent, ne réparait çà et là, sembleraient-elles donc en tout et à jamais divines ?

2111. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Bernard accordait à ces pauvres États tant conspués beaucoup plus de crédit qu’on n’avait fait jusqu’alors, et il y avait dans ce penchant de sa part autre chose que de la prévention d’éditeur : il s’y mêlait des vues plus réfléchies.

2112. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Diderot, dit Voltaire, est « un four trop chaud qui brûle tout ce qu’il cuit » ; ou plutôt, c’est un volcan en éruption qui, pendant quarante ans, dégorge les idées de tout ordre et de toute espèce, bouillonnantes et mêlées, métaux précieux, scories grossières, boues fétides ; le torrent continu se déverse à l’aventure, selon les accidents du terrain, mais toujours avec l’éclat rouge et les fumées âcres d’une lave ardente.

2113. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

Des éléments nouveaux sont venus se mêler aux éléments anciens ; de grandes forces étrangères sont venues contrarier les forces primitives.

2114. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Il y a des actes humains tellement mêlés de faiblesse et de force, d’intention pure et de moyens coupables, d’erreur et de vérité, de meurtre et de martyre, qu’on ne peut les qualifier d’un seul mot, et qu’on ne sait s’il faut les appeler crime ou vertu.

2115. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

L’ombre de la mélancolie, planant sur ses traits, mêlait un intérêt tendre et une pitié vague à l’admiration que son nom et sa personne inspiraient partout où il paraissait.

2116. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

Sa pensée accompagna son épouse dans un monde plus élevé ; l’image de celle qu’il avait perdue ne cessa d’être présente à son âme, elle se mêla à toutes ses pensées, elle ennoblit sa propre existence.

2117. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

Si vous en voulez savoir plus long, il faut que l’aveugle vous le raconte à son tour, ou bien Fior d’Aliza elle-même, car, pour ce qui concerne la justice qui vint se mêler de nos affaires et nous ruiner, Antonio comprend cela mieux que moi ; et, pour ce qui concerne l’amour avec son cousin Hyeronimo, rapportez-vous-en à la jeune sposa ; c’est son affaire à elle, et je ne crois pas que, de notre temps, on s’aimât comme ils se sont aimés… — Et comme ils s’aiment, dit, en reprenant sa belle-sœur, l’aveugle… — Et comme ils s’aimeront, murmura tout bas entre ses dents la fiancée.

2118. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

Elle est en prison pour cinq ans, et elle y nourrit de son lait, mêlé de ses larmes, le petit brigand qu’elle a mis au monde six mois après la fuite de son mari ; son crime, c’est d’être née dans un mauvais village et d’avoir vécu en compagnie de mauvaises gens ; mais ce qu’elle a fait pour un bandit qui l’aimait, si elle l’avait fait pour un honnête homme, au lieu d’être un crime, ne serait-ce pas une belle action ?

2119. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Son attitude (sur le char) était noble et modeste ; on apercevait bien qu’elle était contente d’être admirée, mais un sentiment de timidité se mêlait à sa joie et semblait demander grâce pour son triomphe ; l’expression de sa physionomie, de ses yeux, de son sourire, intéressait pour elle, et le premier regard fit de lord Nelvil son ami, avant même qu’une impression plus vive le subjuguât.

2120. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Que le Rythme y demeure libre et souple, guidé par le désir du poète et prêt à se doucement courber ou à se raidir comme une barre de métal selon les inflexions de la voix ; mais jaillie des assonances et des allitérations, sans cesse mêlée au Rythme qu’elle absorbe et répercute en ses intérieurs échos, que l’Harmonie du verbe enrichisse la période. — Enfant de la durée, le Rythme au vol changeant s’élève à travers l’étendue qu’il conquiert ; il a tout l’espace pour domaine ; multiple et simple, geste dur et massif ou de lignes dégagées, il est pimpant et bref ou vastement élargi comme le sujet pensant, comme le vouloir, comme l’être mouvant qu’il désigne.

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