Maeterlinck n’est pas un simple fantastique, et cet art n’est chez lui qu’une méthode, plus au juste une expression naturelle de son tempérament.
Le but et les méthodes de cette science vont-ils apparaître dans dix ans à nos successeurs immédiats sous le même jour qu’à nous-mêmes ; ou au contraire allons-nous assister à une transformation profonde ?
L’époque de transition à laquelle appartient l’ouvrage apparaît dans cette partie mieux qu’ailleurs : l’auteur hésite encore entre la méthode trop verbale du xviiie siècle et une analyse plus concrète qui sera celle de ses successeurs.
Cela n’est pas vrai, et cette méthode ne produit rien de bon..
« Dans ce siècle même, dit Buffon, où les sciences paraissent être cultivées avec soin, je crois qu’il est aisé de s’apercevoir que la philosophie est négligée, et peut-être plus que dans aucun siècle ; les arts, qu’on veut appeler scientifiques, ont pris sa place ; les méthodes de calcul et de géométrie, celles de botanique et d’histoire naturelle, les formules, en un mot, et les dictionnaires, occupent presque tout le monde : on s’imagine savoir davantage, parce qu’on a augmenté le nombre des expressions symboliques et des phrases savantes, et on ne fait point attention que tous ces arts ne sont que des échafaudages pour arriver à la science, et non pas la science elle-même ; qu’il ne faut s’en servir que lorsqu’on ne peut s’en passer, et qu’on doit toujours se défier qu’ils ne viennent à nous manquer, lorsque nous voudrons les appliquer à l’édifice161. » Ces remarques sont judicieuses, mais il nous semble qu’il y a dans les classifications un danger encore plus pressant.
Seulement, de même que celui qui achève un homme est plus coupable que celui qui a commencé de le frapper, Rousseau acheva le mal commencé par Descartes, et le Traité de la Méthode fut complété par le Contrat social.
Cicéron après avoir donné les exemples dans ses harangues, donna les préceptes dans son livre de l’Orateur ; il suit presque toute la méthode d’Aristote, & l’explique avec le style de Platon. […] La raison en est qu’un principe, un sujet, une méthode, produisent des idées qui naissent les unes des autres comme des êtres successivement enfantés, ce qui a rapport à la génération. […] Plusieurs anciens ont eu cette méthode ; cela ne prouve autre chose, sinon que plusieurs anciens ont voulu faire parade de leur éloquence aux dépens de la vérité. […] De la méthode, de la maniere d’écrire l’histoire, & du style. […] La méthode convenable à l’histoire de votre pays n’est pas propre à écrire les découvertes du nouveau monde.
Mais quelle profane méthode de revenir aux vertus oubliées ! direz-vous peut-être… Ne soyez pas trop sévère, et rappelez-vous que ce fut par une méthode analogue que le christianisme appela à lui les âmes de l’ancien monde. […] Dans aucune de ses œuvres, Goethe n’a appliqué d’une manière plus complète sa vaste et complexe méthode. […] Et ce qu’il y a d’admirable, c’est que cet emploi des systèmes et des méthodes les plus contraires n’aboutissait pas chez lui à un éclectisme ou à un syncrétisme. […] je veux ce que tu veux. » Ce développement harmonique de son être, il l’a enfin trouvé, mais par une méthode bien différente de celle qu’il avait rêvée de suivre.
Voilà son secret et, j’allais dire, sa méthode : ou plutôt voilà ce qui le dispensait d’avoir une méthode. […] Paul Bourget se déclare élève de Taine : élève qui emprunte à son maître, non la doctrine, mais la méthode ou ne fût-ce que l’idée d’une méthode. […] Il n’avait, dit Pergaud, ni beaucoup d’attention, ni aucune méthode. […] Elle a de l’activité, de la ferveur et de la méthode. […] Notre haine est pareille ; nous ne différons que de méthode !
Rendant hommage aux poètes français du xvie siècle, à ceux que Malherbe avait eu le tort de trop dépriser, et leur faisant jusqu’à un certain point réparation, Godeau, dans le discours qui servait de préface à la première édition de Malherbe, ajoutait pourtant : « La passion qu’ils avaient pour les anciens était cause qu’ils pillaient leurs pensées plutôt qu’ils ne les choisissaient. » Et il fait sentir que la méthode habile et combinée, cette méthode d’abeille par laquelle Horace imitait les Grecs, a succédé en France, grâce à Malherbe, à l’imitation confuse, à l’importation trop directe et trop entière des originaux grecs eux-mêmes.
Mais tout cela se rencontre chez Joinville sans ordre ni méthode ; son récit marche comme cette guerre elle-même. […] C’est un peu (toute proportion gardée) la méthode de Socrate chez Xénophon, en tenant compte de toutes les différences.
Daru, occupé des grandes affaires et portant le dur poids de l’administration des provinces conquises ou de l’approvisionnement des armées, trouvait encore le temps d’entretenir avec ses amis littérateurs de Paris, les Picard et les Andrieux, une correspondance charmante d’attention, pleine d’aménité et de conseils, il y avait là tout à côté le plus lettré des commissaires des guerres, le moins classique des auditeurs du Conseil d’État, Beyle, qui faisait provision d’observations et de malices, qui amassait toute cette jolie érudition piquante, imprévue, sans méthode, mais assez forte et abondante, avec laquelle il devait attaquer bientôt et battre en brèche le système littéraire régnant. […] Il n’avait pas cette doctrine austère et plus difficile qui élève et perfectionne l’âme en vieillissant, celle que connurent les Dante, les Milton, les Haydn, les Beethoven, les Poussin, les Michel-Ange, et qui, à n’y voir qu’une méthode sublime, serait encore un bienfait.
Son adversaire théorique direct était l’abbé Sieyés, qui voulait tout pour le tiers-état et par le tiers-état, et il faut convenir que, si la disposition enflammée des esprits servit puissamment le triomphe du grand métaphysicien révolutionnaire, la méthode expectante et hésitante du roi et de ses ministres y vint en aide à souhait. […] Dans le peu de temps que j’avais passé à l’Oratoire, je n’avais point acquis une foi robuste : la philosophie de Descartes était celle des Oratoriens ; sa méthode, que les théologiens n’admettent pas, m’avait extrêmement frappé ; je ne voyais pas pourquoi on l’employait dans tel raisonnement pour l’exclure dans un autre ; mais jetais loin de douter de tout.
De nos jours, une haute et philosophique méthode s’est introduite dans toutes les branches de l’histoire. […] Cette méthode ne triomphe jamais avec une évidence plus entière et plus éclatante que lorsqu’elle ressuscite les hommes d’état, les conquérants, les théologiens, les philosophes ; mais quand elle s’applique aux poètes et aux artistes, qui sont souvent des gens de retraite et de solitude, les exceptions deviennent plus fréquentes et il est besoin de prendre garde.
Cependant on commence à délimiter, à faire saillir les questions essentielles : entre Du Plessis-Mornay et Charron, la question de l’Eglise ; entre Du Plessis-Mornay248 et Du Perron249, ou Coeffeteau250, la question de l’Eucharistie : on commence à user aussi de la vraie méthode, et si l’on entasse encore les textes, du moins apprend-on à les manier, et le raisonnement se marie avec l’érudition. […] Plus encore que Bertaut, Régnier a laissé le style artificiel de son idole Ronsard : il n’est plus question de composés, ni de provignement, ni de toutes les méthodes prescrites aux poètes qui veulent se faire une noble et riche langue.
Sayous la met spirituellement en parallèle avec la méthode toute contraire qu’affectait et que professait le sophiste littérateur Garat, également rédacteur des séances politiques, dont il rendait compte dans le Journal de Paris. […] Mallet n’était point ainsi : il appartenait à l’école historique et morale qui est exacte et sévère, et qui n’entre point dans ces compositions, dans ces mélanges où l’imagination et une fausse sensibilité, sous de beaux prétextes, se mettent au service des peurs, des lâchetés et des intérêts : Les contemporains et la postérité, disait-il en exposant ses principes et sa méthode de rédaction, doivent sans doute juger une Assemblée législative sur ses actes, et non sur ses discours : ils imitent en cela l’histoire et la loi, qui se borne à prononcer sur les actions des hommes.
Quand des jeunes gens le consultaient sur leurs écrits, il leur conseillait de couper leurs phrases : « Ne faites pas de phrases longues, c’est le moyen de s’embrouiller. » Cette méthode, en effet, coupe court aux difficultés, mais ne les résout pas. […] Il disait assez plaisamment, pour indiquer qu’il n’écrivait pas toujours et partout ce qu’il avait de meilleur dans l’esprit : « Quand j’ai une bonne idée, je ne suis pas si bête que de la mettre dans le Journal des savants, je la garde. » Les articles nombreux qu’il a insérés dans ce journal justifieraient trop en effet cette parole et cette méthode de réserve et d’économie : ils sont judicieux, mais en général faits de pièces et de morceaux, et peu significatifs.
Gardons-nous de cette méthode qui tire à soi un grand esprit et qui le détourne de sa large et propre voie. […] Ce qu’il y a de beau chez Montesquieu, c’est l’homme derrière le livre, Il ne faut pas demander à ce livre plus de méthode, plus de suite, plus de précis et de positif dans le détail, plus de sobriété dans l’érudition et dans l’imagination, plus de conseils pratiques qu’il n’y en a en réalité ; il faut y voir le caractère de modération, de patriotisme et d’humanité que l’auteur a porté dans toutes les belles parties, et qu’il a revêtu de mainte parole magnanime.
J’ai donné le nom de sélection naturelle au principe en vertu duquel se conserve ainsi chaque variation légère, à condition qu’elle soit utile, afin de faire ressortir son analogie avec la méthode de sélection de l’homme. Nous avons vu que l’homme, à l’aide de cette méthode de sélection, peut certainement produire de grands résultats et peut adapter les êtres organisés à ses propres convenances en accumulant les variations légères, mais utiles, qui lui sont fournies par la main de la nature.
Thiers n’a pas prétendu répartir avec méthode ses émotions, et s’il lui arrive de jeter parfois une plainte sur les tombes entrouvertes de certains coupables immolés, cette plainte lui échappe sincère et légitime encore ; elle lui est arrachée, comme au lecteur, par quelque circonstance de leur supplice, et par cette conviction qu’ils n’ont été qu’égarés.
Trousseau, dès le milieu du siècle, avait signalé l’abus de cette méthode qui torture la langue grecque et entasse les savants solécismes.
Il n’est rien qui exige plus de délicatesse de la part des parents, que la méthode qu’il faut suivre pour diriger la vie de leurs enfants sans aliéner leur cœur ; car il n’est pas même possible de sacrifier leur affection à l’espoir de leur être utile, toute influence durable sur la conduite finissant avec le pouvoir du sentiment, le point juste n’est presque jamais atteint dans cette relation.
On doit donc renverser les méthodes ordinaires et se figurer la nation avant de rédiger la constitution.
Quoi qu’on ait dit, il la regarde souvent, et de près : il observe, expérimente, avec une méthode rigoureuse.
Il nous a pris nos méthodes, nos maximes et nos images.
Elle vient à la voix de celui qui réunit la précision, la pureté du langage, la force & la justesse du raisonnement, une méthode aisée & claire.
On a vanté, sans doute avec raison, la méthode de nos derniers métaphysiciens.