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288. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (3e partie) » pp. 5-56

Le premier de ces instincts, d’abord physique, lui commande de se rapprocher de sa mère sous peine de mort ; il crée la famille, cette sainte unité de l’ordre social. L’instinct de la mère et du père, celui-là tout moral, l’instinct de la compassion et de la bonté, leur commande de soigner, d’allaiter, d’élever l’enfant ; il crée la continuité de l’espèce, il dépasse déjà la loi d’égoïsme de l’individu, il devient sans le savoir dévouement spiritualiste. L’instinct de la justice apprend à l’enfant à chérir sa mère et son père, il devient devoir ; c’est déjà l’âme qui se révèle, ce n’est plus de l’instinct seulement. […] Devoir du père et de la mère de protéger, d’élever, de moraliser l’enfant par un dévouement qui s’immole à sa postérité. […] Devoir de cette trinité humaine : le père, la mère, les enfants, de se grouper dans une unité défensive de tendresse et de mutualité sainte qu’on appelle famille, première patrie des cœurs qui impose le premier patriotisme du sang, et qui sanctifie la source de l’âme comme la source de la population.

289. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

On lui a persuadé dès son enfance, et depuis il n’en a pas douté, qu’un fils ne peut jamais s’acquitter de tout ce qu’il doit à une mère, voire à une mauvaise mère qui est devenue sa marâtre, et qu’un citoyen est toujours obligé à sa patrie, voire à son ingrate patrie et qui l’a traité en ennemi. » Plus loin, il montre le consul romain à la tête de l’armée. […] Les citoyens romains apportaient de grands avantages dans le monde ; devaient beaucoup à leurs mères et ci leur naissance, savaient quantité de choses que personne ne leur avait apprises .

290. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

Elle peut mettre du temps à le faire et à le compléter, — Balzac mit huit ans à écrire son Médecin de campagne, — mais elle reste, couvant son œuvre comme une mère. […] Ici, j’ai cru, je l’avoue, un moment, que les aventures de ce soi-disant roman d’aventure allaient naître, mais je n’ai vu rien suivre de plus que ces événements assez vulgaires : quelques représentations de la troupe comique à Poitiers, l’amour furieux d’un certain duc de Vallombreuse, beau comme le jour, pour la jeune fille aimée de Sigognac avec une chasteté et un dévouement chevaleresques, le duel de Sigognac avec le duc qu’il blesse, — plus tard, l’enlèvement d’Isabelle par ce duc enragé et son contre-enlèvement par Sigognac, enfin la reconnaissance d’Isabelle par le père de ce duc de Vallombreuse à la simple vue d’une bague d’améthyste qu’il avait donnée à sa mère, et le mariage d’Isabelle et de Sigognac ! Ainsi, enlèvements, coups d’épée, pistolades, reconnaissance d’enfant perdu par le moyen d’une bague qui était la croix de ma mère au dix-septième siècle, … Surtout l’anneau royal me semble bien trouvé !

291. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Voilà certes une mère sans faiblesse. […] On y voit une mère, Rodelinde, et une très bonne mère, et qui aime son fils, mais qui n’en imagine pas moins de le faire tuer par le roi Grimoald, afin de rendre ce tyran odieux. […] La mère, un coude sur la table, regarde dans le vide. […] la mère va comprendre ! […] La mère étouffe de honte et de douleur.

292. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

Nous y avons vu aujourd’hui la Vierge noire et le petit enfant Jésus noir comme sa mère. […] Son autre amitié également tendre, et celle-ci de toute la vie, c’était Mme Pauline Duchambge, auteur de douces mélodies que nos mères savaient par cœur et soupiraient du temps de l’impératrice Joséphine et depuis aux belles années de la Restauration. […] Le sentir là-bas, loin de sa mère, malade peut-être, et presque certainement sans argent, est un chagrin de plus dans tous nos chagrins qui s’accumulent à ne plus savoir comment les porter. […] Pourquoi ne suis-je pas morte dans cette chapelle, où je priais pour nous tous la Mère des affligés ! […] Ce bon rêve résume ce que j’ai senti bien des fois dans ma vie, qu’il n’y a rien de pareil ni de comparable à une amitié de sœur… « Je n’entends pas parler de tes fils plus que toi, et je te plains dans tes tristesses de mère.

293. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

A peine né, son père l’enlève à sa mère, craignant pour lui l’air de Paris et plus tard « l’influence de ces femmes élégantes dont Madame la Princesse était toujours entourée », et l’envoie au château de Montrond, en Berry, sous la garde de mercenaires. […] A quinze ans il vient à Paris faire sa révérence au roi, se rend à Saint-Maur auprès de sa mère, « qu’il n’avait pas encore eu l’occasion de voir souvent », et va rejoindre son père dans son gouvernement de Dijon, où il complète ses études. […] M. le Prince avait d’ailleurs fixé le nombre et la durée des visites que le duc d’Anguien pouvait faire à sa mère. […] A quinze ans, le duc d’Anguien n’avait pour ainsi dire pas vu son père ni sa mère. « En apprenant, en imposant le respect à son fils, dit M. le duc d’Aumale, Henri de Bourbon négligea de faire naître, de développer dans cette jeune âme certains sentiments délicats, de toucher certaines cordes qui n’ont jamais vibré dans le grand cœur de Condé. » A la bonne heure ! […] Pelletier pour empêcher le jeune duc d’aller à un divertissement chez sa mère : M. le duc d’Aumale a le courage d’avouer que « cette conspiration contre d’innocents plaisirs ne fut pas du goût de M. le duc » et que « pendant quelques jours M. de Benjamin n’eut pas à se louer de lui ».

294. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

La Céline Montaland joue très bien son rôle de grue, mais un incident : elle a perdu les faux cils, que seule sa mère sait lui poser. Enfin on retrouve la mère, et derrière un paravent de femmes, on refait le regard velouté d’Ida de Barancy, dans un petit coin. […] — Oui, oui, répondait-il, maman — il a une vieille mère infirme — m’a dit ce matin en s’éveillant : « Qu’est-ce que nous mangerons, ce soir, c’est fête ? […] a repris la mère, les autres années, il y avait un peu plus que cela… Ton père, lui, il gagnait moins d’argent que toi — le cantonnier gagne 3 fr. 75 par jour — et cependant de son temps, à nos dîners du mardi-gras, il y avait bien plus. […] Et ma pensée de ce jour va à notre passé, et aussi à sa fille, que je revois, au moment où elle venait de naître, en sa nudité embryonnaire, devant le feu de cheminée de sa mère.

295. (1874) Premiers lundis. Tome II « La Comtesse Merlin. Souvenirs d’un créole. »

La pauvre mère ne sait que montrer la terre qui recouvre son enfant et s’écrier en son idiome natal, Alkanaa, Alkanaa ! « Elle parlait pourtant assez bien espagnol, nous dit l’auteur du récit, mais elle n’en prononça pas un mot.Il semble que dans les grandes douleurs, on revient à la langue naturelle, comme on se réfugie dans le sein d’un ami. » L’arrivée de la jeune Mercedès à Cadix, puis à Madrid où elle retrouve sa mère, sa famille ; l’état de la société peu avant l’invasion des Français ; les accidents gracieux qui formaient de légers orages ou des intérêts passagers dans cette existence de jeune fille, puis l’invasion de Murat, la fuite de Madrid, le retour, la cour de Joseph, et le mariage ; tels sont les événements compris dans ces deux premiers volumes de Souvenirs.

296. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIII. Beau trio » pp. 164-169

. — Richard Fénigan a seize ans et habite la campagne avec sa mère. […] Nul n’en sut rien. » Telle Sidonie Chèbe : « Mon garçon, répétait la mère Chèbe à un cousin rougeaud, cette petite on n’a jamais su ce qu’elle pensait… »« Richard aurait voulu lire la lettre qu’elle avait écrite en partant ; mais la mère la cachait, cette lettre… Un autre jour, plus tard, quand il serait guéri.

297. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Vernet » pp. 227-230

Là une mère presse son enfant contre son sein ; d’autres s’exposent à périr pour sauver leurs amis ou leurs proches ; un mari tient entre ses bras sa femme à demi pâmée. Une mère pleure sur son enfant noyé ; cependant le vent applique ses vêtements contre son corps, et vous en fait discerner les formes ; des marchandises se balancent sur les eaux, et des passagers sont entraînés au fond des gouffres.

298. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

« Une mère qui allaite, n’est-ce pas l’image du monde continué et sauvé ? […] Et la mère que sait-elle ? […] C’est le cas dans : Tendresse de mère, le dernier ouvrage qu’il vient de publier. […] Je riais aussi en m’endormant, ma mère affirmait que ce sourire restait encore sur mes lèvres le lendemain matin. […] À Provins on jeta un enfant dans les flammes pour faire parler sa mère.

299. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Enfants et mères. — 1889. […] Toutes les mères de famille m’approuveraient, affirmait-elle. […] Les mères surtout sont féroces. […] Je n’avais pas l’expérience, et j’avais ma mère. […] » disaient les mères aux enfants pas sages.

300. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

La Charité — c’est curieux qu’il soit tombé là, où j’ai justement fait mon étude — car la Charité pour lui, c’est l’hôpital, où est morte sa mère, et où, un moment employé, il a été un peu chassé par ce lit, qu’il rencontrait toujours. « Oui, dit-il, ma mère est morte là, un premier janvier ; et quand j’ai été opéré de la pierre, chez les Frères Saint-Jean-de-Dieu, dans le même mois, la veille de mon opération j’ai fait demander au directeur de la Charité, de faire dire une messe pour elle à l’hôpital… Il s’étonnait, il ne comprenait pas, cet homme !  […] Mercredi 29 octobre Hier, à ce qu’il paraît, à la suite d’une paraphrase de son professeur sur Schopenhauer, le jeune Daudet a eu, le soir, une attaque de sensibilité, une crise de larmes, demandant à son père et a sa mère : « si vraiment, la vie était comme ça…, ça valait la peine de vivre !  […] Et sa mère me faisait lire deux ou trois lignes de lui, où il disait que la chose qu’il aimait surtout c’était la couleur orangée : des lignes tout à fait surprenantes, où l’enfant confessait son adoration de la couleur, dont Fromentin parlait avec une voix presque religieuse. […] Et pensez à ce voyage avec cette enfant mourante sur nos genoux, et mon père et ma mère n’osant s’arrêter dans un des villages ou une des petites villes, que nous traversions, dans la crainte de ne pas trouver un médecin qui sût la soigner. […] Samedi 29 novembre En feuilletant des lettres de ma mère, adressées à ma tante de Courmont, à Rome, et qui me sont communiquées, avec une lettre de mon frère, par la belle-fille de Mme de Courmont, je trouve cette lettre de ma mère, qui me reporte à un morceau ennuyeux et triste et douloureux de ma vie passée, qu’on voulait pousser à des choses, pour lesquelles j’étais bien peu fait.

301. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

Il reporta sur sa mère une plus vive tendresse. […] Après chaque livre ou chaque prix, il achetait de jolis cabriolets, avec lesquels il courait de Paris à Abbeville, pour y voir sa mère, sa famille, ses vieux professeurs ; il se remettait au grec près de ceux-ci. Il aimait tendrement sa mère ; quand elle venait à Paris, elle l’avait tout entier. […] » répliqua le second personnage de l’Empire. — « Chez ma mère », repartit le poëte.

302. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

On choisit pour coiffure « des poufs au sentiment », dans lesquels on place le portrait de sa fille, de sa mère, de son serin, de son chien, tout cela garni des cheveux de son père ou d’un ami de cœur ». […] Pour la première fois, on voit des femmes accompagner leur mari en garnison ; des mères veulent nourrir, des pères s’intéressent à l’éducation de leurs enfants. […] C’est elle encore qui, au jeu du bateau, obligée de choisir entre cette belle-mère bien-aimée et sa mère qu’elle connaissait à peine, répondit : « Je sauverais ma mère et je me noierais avec ma belle-mère316 ».

303. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

Nous avons vu à quoi se réduisait la famille de la marquise de Rambouillet, depuis l’absence de la duchesse de Montausier : toutefois, j’ai omis, par inadvertance, de parler de la plus jeune sœur de la duchesse, Angélique Claire d’Angennes, mariée en 1658 au comte de Grignan, le même qui, après un second mariage, épousa en troisièmes noces, en 1669, mademoiselle de Sévigné, avec qui sa mère lia cette correspondance si charmante qui est entre les mains de tout le monde. […] Dans les lettres publiées on voit un peu trop peut-être la mère de madame de Grignan ; et malgré le charme des narrations, la justesse des observations, la finesse naïve des expressions, la grâce des tours, et enfin la solidité des pensées que répand en courant sa plume légère, on ne peut se dissimuler qu’il y règne au fond un peu de monotonie. […] L’entrée de madame de Sévigné dans la société intime de la marquise de Rambouillet la lia d’une étroite amitié avec la duchesse de Montausier, qui revenait son vent faire des visites à sa mère et faisait à chaque visite un séjour de quelque temps à Paris.

304. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Renou » pp. 301-307

Dans le combat où le fils d’Anchise est renversé de son char, et Vénus sa mère blessée par le terrible Diomède, le vieux poëte, où l’on trouve des modèles de tous les genres de beauté, dit qu’au-dessus du voile que la déesse tenait interposé entre le héros grec et son fils, on voyait sa tête divine et ses beaux bras, et je peins le reste de la figure. […] la mère qui fait jouer son enfant. du même. […] La mère n’en a nullement l’expression ; l’enfant ne mérite pas mieux, tant il est maigre et sec.

305. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Chamfort »

Il y en a qui se sont dit bons gentilshommes de par la faiblesse de leurs mères. […] Or, de toutes les calamités, la plus déplorable et la plus grande n’est-elle pas de se couronner le front avec la honte de sa mère ? […] Le bâtard, en effet, doit se dire, malgré lui, que son père, qui n’en mérita pas le nom, et sa mère, qui déshonora ce titre sublime, ont eu, neuf mois durant, des tentations horribles, en maudissant à part eux, en leur pauvre enfant, le révélateur de leur faute.

306. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Byron »

En touchant son sol, comme Antée en touchant la terre, sa mère, la force lui vint. […] La Grèce moderne, qui, malgré ses malheurs, ressemble tant à sa mère morte, imprimait sa sublime ressemblance dans le miroir de cette poésie, colorée et pure comme son ciel et ses mers. […] Il était lymphatique comme sa mère.

307. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Soulary. Sonnets humouristiques. »

Artiste surtout en choses amères, qui sculpte la larme, quand elle est durcie, avec la pointe d’un couteau, et qui aime à tordre, comme il tord son vers, ce qu’il enfonce dans sa poitrine, moraliste railleur qui a parfois des brutalités atroces, comme dans son sonnet le Te Deum : Ô Veuves qui pleurez, ô mères désolées ! […] L’autre, c’est un baptême : — au bras qui le défend Un nourrisson bégaie une note indécise ; Sa mère, lui tendant son doux sein qu’il épuise, L’embrasse tout entier d’un regard triomphant ! […] —  La jeune mère pleure en regardant la bière ; La femme qui pleurait sourit au nouveau-né.

308. (1874) Premiers lundis. Tome II « Li Romans de Berte aus Grans piés »

Aliste donc se dévoue au lit du roi ; mais une embûche entre elle et sa mère est préparée. […] Berte, la blonde, l’accomplie, rentre dans ses droits, et d’elle naquit la femme de Milon d’Ayglent, mère du brave Roland ; d’elle, de Berte la Débonnaire, naquit Charlemagne.

309. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Bathild Bouniol »

bien, vous le plaignez, s’écrie une commère, Coupable ou malheureux, n’avait-il pas sa mère ? Et, morne, le penseur, quittant ce triste lieu : S’il n’avait pas sa mère, il avait toujours Dieu !

310. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre III. Trois principes fondamentaux » pp. 75-80

En effet les parents dont le lien des lois n’assure point l’union, perdent leurs enfants, autant qu’il est en eux ; le père et la mère pouvant toujours se séparer, l’enfant abandonné de l’un et de l’autre, doit rester exposé à devenir la proie des chiens ; et si l’humanité publique ou privée ne l’élevait, il croîtrait sans qu’on lui transmît ni religion, ni langue, ni aucun élément de civilisation. Ainsi, de ce monde social embelli et policé par tous les arts de l’humanité, ils tendent à en faire la grande forêt des premiers âges, où, avant Orphée, erraient les hommes à la manière des bêtes sauvages, suivant au hasard la coupable brutalité de leurs appétits, où un amour sacrilège unissait les fils à leurs mères, et les pères à leurs filles.

311. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre V. Observations philosophiques devant servir à la découverte du véritable Homère » pp. 268-273

La réflexion, détournée de son usage naturel, est mère du mensonge et de la fiction. […] Aussi les poètes théologiens ont-ils appelé la mémoire la mère des Muses. — 10.

312. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

— Ma mère, je ne sais comment. […] mère, ma mère, pourquoi m’avez-vous sitôt abandonné ? […] Il est orphelin, il n’a plus de mère. […] Pauvre tendre mère, qui me la rendra ? […] Ô Dieu, la mère de mes enfants !

313. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

La mère le savait bien ; elles prirent résolution de lui faire part de leur malheur. […] Le cavalier arriva à minuit ; il trouva la mère et la fille enfermées, qui déploraient à larmes communes et avec une vive douleur la dureté de leur sort. […] Le parti fut accepté ; et, la mère s’étant retirée, l’amant essuya les yeux de sa maîtresse et fit le mariage en un instant. […] Sa Majesté en fut courroucée et donna des ordres exprès d’envoyer à la cour la mère, la fille et le mari. […] Cet Heracle s’est retiré en Moscovie, avec sa mère.

314. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Il suit de là que, si nous considérons chaque espèce comme descendant de quelque autre forme inconnue, la forme mère, de même que toutes les variétés transitoires, devront en général avoir été exterminées, par suite du procédé même de formation et de perfectionnement de cette forme nouvelle. […] Parents est donc pris ici pour souche mère, ainsi qu’en plusieurs passages de cet ouvrage. […] Mais, d’autre part, comme une forme très variable peut s’accroître très rapidement en nombre, on comprend que deux variétés extrêmes, se formant dans deux districts opposés d’une même région continue, doivent tendre constamment à restreindre le nombre et l’habitat de leur commune souche mère dans la zone de plus en plus étroite qui les sépare ; de sorte que, conformément à la théorie, cette forme mère, déjà en voie de s’éteindre, serait intermédiaire en caractère comme en station entre les deux lignées de ses descendants modifiés et encore variables, Or, ayant de son côté l’infériorité de la fixité, et de plus en plus l’infériorité du nombre, elle ne tarderait pas à disparaître complétement. […] À mesure que cet organe s’atrophiait ainsi par le défaut d’usage ou d’exercice chez certains descendants de la souche mère, il devait aussi acquérir plus de perfection chez d’autres variétés auxquelles il devenait d’autant plus avantageux qu’elles en demeuraient seules pourvues. […] De plus, toutes ces souches mères pouvaient elles-mêmes à l’origine être moins différentes les unes des autres que ne le sont leurs descendants actuels, encore en vertu de la divergence des caractères.

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