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338. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

Il le propose comme le modèle inimitable des abrégés : « Cet écrivain, dit-il, que je ne me lasse point de lire ; que, par pressentiment, j’ai admiré toute ma vie ; qui réunit tous les genres ; qui est historien, quoique abréviateur ; qui, dans le plus petit espace, nous a conservé un grand nombre d’anecdotes qu’on ne trouve point ailleurs ; qui défend son lecteur de l’ennui d’un abrégé par des réflexions courtes, qui sont comme le corollaire de chaque événement ; dont les portraits nécessaires pour l’intelligence des faits sont tous en ornement ; enfin l’écrivain le plus agréable que l’on puisse lire… », cet écrivain sans pareil n’est autre pour lui que Velléius. […] C’est une vision divine perpétuelle, qu’il développe et révèle à son lecteur. […] Quand je parle d’art, je sais bien qu’il y a dans cette seconde partie des endroits où certaines idées mystiques, symboliques ou morales, sont trop développées ; il y aura plus d’une fois redondance ; il y aura des moments où Bossuet s’oubliera, s’étendra un peu trop au point de vue de la composition, où il reviendra sur ce qu’il a dit déjà, et sinon l’intelligence, du moins la satisfaction du lecteur en pourra souffrir.

339. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

C’est peut-être par antipathie pour l’exagération italienne que Machiavel a montré une si effrayante simplicité dans sa manière d’analyser la tyrannie ; il a voulu que l’horreur pour le crime naquît du développement même de ses principes ; et poussant trop loin le mépris pour l’apparence même de la déclamation, il a laissé tout faire au sentiment du lecteur. […] On dirait qu’il ne songeait point à ses lecteurs, et que partant de points convenus avec sa propre pensée, il croyait inutile de se déclarer à lui-même ses opinions. […] Le bruit retentissant de l’italien ne dispose ni l’écrivain, ni le lecteur à penser ; la sensibilité même est distraite de l’émotion par des consonances trop éclatantes.

340. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Oubliée en France et dans les pays catholiques, l’œuvre de Du Bartas resta populaire en pays protestant : de Milton à Byron, elle a laissé des traces dans la poésie anglaise, et Gœthe en a parlé en termes enthousiastes qui lui ont valu chez nous plus d’estime que de lecteurs. […] Et de là vint que son mérite et son succès ne furent pas de pure actualité : assez d’apaisement s’était déjà fait pour que la satire ne put se passer de grâce littéraire, et que cette grâce littéraire fût savourée du lecteur. […] Mais il faut noter qu’ici encore la guerre civile et l’actualité ont aidé les esprits à secouer le joug de l’érudition, et fait passer en quelque sorte l’imitation de l’extérieur à l’intérieur de l’œuvre littéraire ; la nécessité d’être lu, compris et goûté de tous a fait que les auteurs de la Ménippée, et parmi eux un lecteur royal, n’ont plus pris aux anciens que ce qu’ils ont senti être conforme à leur raison, ce qui pouvait rendre leur pensée ou plus forte, ou plus sensible, ou plus agréable aux simples Français.

341. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Son originalité, c’est d’unir étroitement l’observation et la fantaisie, de dégager du vrai tout ce qu’il contient d’invraisemblable et de surprenant, de contenter du même coup les lecteurs de M. Cherbuliez et les lecteurs de M.  […] La bonne-maman d’Athis et le grand-papa Sallé se rencontraient tous les soirs au coucher de leur petit-fils ; le vieux braconnier, son bout de pipe noire rivé au coin de la bouche, l’ancienne lectrice au château, avec ses cheveux poudrés, son grand air, regardaient ensemble le bel enfant qui se roulait devant eux sur le tapis et l’admiraient autant tous deux89.

342. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

S’il se porte à des figures plus hardies, elles sont suivies, raisonnables, tirées d’objets ordinaires, préparées de loin, sans rien qui puisse étonner ou choquer, simples effets d’une éloquence passionnée, simples moyens oratoires, au même titre que les raisonnements et les faits : « La religion de Pascal, dit-il, n’est pas le christianisme des Arnaud et des Malebranche, des Fénelon et des Bossuet ; fruit solide et doux de l’alliance de la raison et du cœur dans une âme bien faite et sagement cultivée ; c’est un fruit amer, éclos dans la région désolée du doute, sous le souffle aride du désespoir. » Telle est l’imagination de l’orateur, bien différente de celle de l’artiste, qui est brusque, excessive, aventureuse, qui se plaît aux images nouvelles, qui frappe et éblouit le lecteur, qui se hasarde parmi les figures les plus rudes et les plus familières, qui ne se soucie pas d’élever, par des transitions ménagées, les esprits jusqu’à elle, et dont la folie et la violence mettraient en fuite l’auditoire que l’orateur doit se concilier incessamment pour le retenir jusqu’au bout. […] Ajoutez-y des expressions vagues, et qui ont aussi un double sens, comme : limiter arbitrairement le développement d’un fait ; par ce moyen nous répandrons sur les yeux du lecteur un second nuage. […] En même temps tous ces grands mots, relativité, subjectivité, réflexivité, spontanéité, font un cliquetis qui berce agréablement l’oreille, étourdit la pensée, et fait supposer au lecteur qu’il écoute un concert chinois.

343. (1874) Premiers lundis. Tome II « Loève-Veimars. Le Népenthès, contes, nouvelles et critiques »

Je crois pouvoir affirmer que tout écrivain qui a ce qu’on appelle du succès, c’est-à-dire, qui réunit des lecteurs autour de son œuvre ; que tout homme qui est assez heureux, assez malheureux veux-je dire, pour être en butte à l’admiration, aux éloges, à la haine et aux critiques, n’a pas un moment laissé reposer sa plume sur ses compositions… Dans mon enfance on m’a montré, comme un glorieux témoignage du génie de Bernardin de Saint-Pierre, la première page de Paul et Virginie, écrite quatorze fois de sa main. […] Quand, au contraire, il nous a semblé que la reproduction de fragments précédemment recueillis ne pourrait que faire double emploi, dans le cours de certains articles, nous nous sommes contentés de renvoyer le lecteur au passage même, déjà cité par M. 

344. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Introduction » pp. 3-17

qui descendront dans l’arène et les confiner dans le champ clos de la littérature, entrouvrir cependant de grands abîmes dans de petits problèmes, éveiller la curiosité du lecteur sur les questions de critique générale, et lui inspirer, avec le goût de leur examen, le désir de les résoudre par lui-même, pour lui-même : tel est l’objet de ce livre.. […] Je vais, suivant la règle de l’école dogmatique française, disparaître moi-même derrière eux, et je prie instamment le lecteur de vouloir bien se souvenir que jusqu’à la Conclusion ce n’est plus moi qui parle, et qu’un auteur comique n’est point responsable des sottises que débitent ses personnages.

345. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verhaeren, Émile (1855-1916) »

Il gesticule sous un ciel d’orage, se macérant de souffrance par effroi des splendeurs de la chair, et dans l’œuvre entière du grand Verhaeren, nulle strophe ne déforme ce Faust sculpté grandiose au regard du lecteur. […] Émile Verhaeren, des choses que le moins curieux des lecteurs n’ait déjà lues et relues.

346. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 140-155

Les conseils utiles & les raisonnemens captieux, les observations intéressantes & les regles impraticables, le langage de la raison & les déclamations d’une Philosophie abusée, y marchent d’un pas égal, s’y jouent tour-à-tour de l’esprit du Lecteur, & le forcent à se demander à lui-même ce que l’Auteur a prétendu établir. […] C’est transporter subitement le Lecteur d’un brasier ardent au milieu d’une glaciere.

347. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre onzième. »

Vous surpassez Lambert, etc… On peut appliquer ici ma remarque sur l’Amérique dans la fable de la tortue et des deux canards ; il était bien de citer Philomène, mais un musicien contemporain détruit l’illusion du lecteur. […] Le lecteur trouvait, comme ces jeunes gens, que ce vieillard est assez peu sensé.

348. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 5, explication de plusieurs endroits du sixiéme chapitre de la poëtique d’Aristote. Du chant des vers latins ou du carmen » pp. 84-102

Le lecteur peut voir dans le dictionnaire de musique fait par M.  […] Celui qui lira n’est pas, ajoûte Juvenal, un lecteur bien merveilleux, mais qu’importe, de pareils vers font toûjours un grand plaisir.

349. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre IV. De la méthode » pp. 81-92

… Sans doute le lecteur éprouvera un plaisir divin en ce corps mortel, lorsqu’il contemplera dans l’uniformité des idées divines ce monde des nations, par toute l’étendue et la variété des lieux et des temps. […] Cela même montre encore que les preuves dont nous avons parlé sont d’une espèce divine, et qu’elles doivent, ô lecteur, te donner un plaisir divin : car pour Dieu, connaître et faire, c’est la même chose.

350. (1923) Au service de la déesse

» Le lecteur, il me semble, n’est pas si prompt à conclure. […] Seillière n’hésite pas ; son lecteur hésite un peu. […] Claudel se rit de son lecteur. […] Voilà ce qui fâche son lecteur. […] Il dépense tout son trésor ; et sa prodigalité, qui ne le fatigue pas, fatigue son lecteur.

351. (1914) Une année de critique

Mais il avait été, en qualité de lecteur, attaché à la personne d’Élisabeth de Bavière, impératrice d’Autriche. […] Les lectrices de Monsieur Bois s’arrêteront longuement à certains chapitres. […] Il s’agit de raccrocher le lecteur, et tous les moyens sont bons. […] que je serais content si ce lecteur-là se lasse des premières pages du roman de Boylesve ! […] Le poète d’Horizons ne l’a pas inventée pour les meilleurs d’entre ses lecteurs.

352. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Le livre, mais il doit vaincre chaque lecteur tour à tour, un à un ! […] Et quelle abondance de privations l’austère janséniste inflige au lecteur ! […] si elles le préoccupaient, la surprise du lecteur n’en serait-elle pas amoindrie ? […] Le lecteur prendra la peine de les chercher, s’il le veut bien. […] Donc, les feuilles dites littéraires, non contentes de couvrir d’un coup de filet toute la foule des lecteurs nouvellement éclos, ont pris aux livres les trois quarts des lecteurs anciens.

353. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article »

Ce n’étoit pas la peine d’employer tant de temps, pour ne voir subsister de ses travaux que quelques lignes, qui effraient le Lecteur plus qu’elles n’excitent sa curiosité.

354. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Chollet, Louis (1864-19..) »

François Coppée Le lecteur, en feuilletant votre livre, éprouvera la sensation que ressent le voyageur exténué, couvert de poussière et haletant, lorsqu’il découvre tout à coup, sous des feuillages ombreux, le filet d’eau cristallin d’une source à demi cachée parmi les roseaux.

355. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — La Grasserie, Raoul (1839-1914) »

Adam Ce que veut le lecteur dans un volume de vers, c’est de la grâce, ce sont des sentiments, des émotions ; c’est de la poésie, en un mot, et le livre de M. de La Grasserie (Les Rythmes) en déborde.

356. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Roussel, Raymond (1877-1933) »

Raymond Roussel, l’auteur de la Doublure , tient à ce que ses lecteurs appellent son livre un roman.

357. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article »

Auteur original de plusieurs Ouvrages originaux, & qui, en prenant la plume, semble ne s’être proposé que son amusement & celui des Lecteurs qui aiment un style singulier.

358. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Pour cela il faut la pratiquer ; si le lecteur veut en faire l’essai, il pourra juger. […] Ils songent à bien imiter la nature, et non à faire impression sur le lecteur. […] Aucune sorte de talent ne pénètre le lecteur d’impressions plus vives et plus contraires. […] Jamais le lecteur n’a besoin d’effort pour entendre leurs pensées. […] Il n’est point de personnage qu’il ne fasse vivre, ni de lecteur qu’il ne fasse penser.

359. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article »

Le Traité de la paix intérieure est tout à la fois un Ouvrage de Religion & de Belles-Lettres : de Religion, par les réflexions sages, les maximes solides, les principes lumineux, les sentimens pleins d’onction qu’il offre à son Lecteur : de Belles-Lettres, par la maniere dont il est écrit, c’est-à-dire, avec netteté, élégance & précision.

360. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 99

Le seul titre qu’il ait pour être placé parmi les Littérateurs, est son Histoire du Collége de Navarre ; encore faut-il faire grace à sa maniere dure & barbare d’écrire, en faveur des recherches curieuses qu’il offre au Lecteur.

361. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 360

Beaucoup de petits détails, peu de lumieres sur les faits essentiels, trop de complaisance pour elle-même, peu d’attention pour le Lecteur, feroient assez croire que cette Princesse les a composés plutôt par désœuvrement, que pour les donner au Public.

362. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Tout lecteur instruit a déjà nommé Voltaire. […] Elle a pour lecteur son fils, qui revient de l’armée. […] Mais les beautés n’en peuvent être senties que par des lecteurs d’un âge plus avancé. […] Il fait souvent de très beaux vers ; mais, comme tout lecteur peut le sentir, leur marche est lourde, et leur harmonie monotone. […] Le lecteur, rebuté par la monotonie de l’ensemble, pourrait ne pas les y chercher : il est juste de les offrir à son attention.

363. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 206

Comme personne ne se doute peut-être dans quel genre il s’est exercé, nous apprendrons au Lecteur qu’il a fait des Traductions médiocres de plusieurs Ouvrages de Cicéron, & des Romans aussi médiocres que ses Traductions : le plus répandu de tous est l’Homme moral, faussement attribué à l’Abbé Prévôt, qui se seroit bien gardé d’en faire un pareil.

364. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article »

Les Lecteurs bénévoles, qu’un style rampant & diffus ne seroit pas capable de décourager, pourront trouver des réflexions utiles & quelquefois profondes dans ceux de ses Ouvrages qui sont intitulés, la Science du monde, de la manière de parler à la Cour, du Bel-Esprit, de la manière de négocier avec les Souverains.

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