Jean Le Guillou, lors même, qu’il se laissait aller au charme de la Provence, de l’Auvergne ou de la Normandie, célébrées sur ses Flûtes errantes, connut la nostalgie de la Bretagne natale.
in-folio, n’a pas laissé d’être d’une grande utilité à M. l’Abbé d’Olivet, dans l’édition complette que cet Académicien nous a donnée des Œuvres de Cicéron.
Tout médiocre qu’il est, il n’a pas laissé de frayer la carriere à un Génie justement célebre parmi nous.
Ses Œuvres n’ont pas laissé d’avoir une seconde Edition.
Rodolphe Salis, Henri Rivière et Chassaigne, qui l’entendirent sans qu’il les vit, n’eurent garde de le laisser partir sans l’avoir au préalable invité à se faire entendre un soir au théâtre.
Ses Ouvrages de Biographie, ses Sermons, ses Panégyriques, écrits d’une maniere diffuse & dépourvus de goût, ne lui laissent qu’une place médiocre parmi les Littérateurs.
Celui-ci a laissé huit Livres d’Epigrammes, parmi lesquelles on n’en trouve pas six de bonnes.
Tout ce qu’il nous a laissé, porte le caractere d’une érudition lourde & indigeste.
Il ne laissa pourtant pas d’être reçu à l’Académie Françoise.
Ayant abjuré depuis son erreur entre les mains de Bossuet, il consacra sa plume à la défense de la Religion Catholique, & laissa plusieurs Ouvrages qu’on a recueillis en 3 vol.
Les pièces pastorales, qui se présentent les premières et les plus originales du recueil de Théocrite, sont à la fois d’une variété qui ne laisse rien à désirer. […] Plus on porte vivant au dedans de soi le sentiment de poétique immortalité, plus on est prêt à se révolter contre cette insensibilité de la nature, et contre cette immortalité suprême qui la laisse indifférente à notre départ, et aussi belle, aussi jeune après nous que devant. […] Ici ce n’est pas derrière les saules que fuit Galatée, comme chez Virgile, c’est dans la mer qu’elle se replonge, en nymphe qu’elle est ; et la belle vague, apaisant son bouillonnement, la laisse voir à la nage sur la grève : le chien est là qui regarde vers la mer en aboyant. […] Ceux qu’a épargnés et laissés debout le grand naufrage ne nous apparaissent de loin qu’avec la beauté de l’attitude. […] On ne peut disconvenir en effet que les différences de religion, de climat, d’habitudes sociales, si elles n’ont pas changé le fond de la nature humaine, ont du moins donné à l’amour chez les modernes une tout autre forme que chez les anciens ; et lorsque les peintures que ceux-ci en ont laissées nous apparaissent dans leur nudité énergique et naïve, il y a un certain travail à faire sur soi-même avant de s’y plaire et d’oser admirer.
Quant à nous, qui aimons Molière, laissons-nous aller de bonne foi aux choses qui nous prennent par les entrailles, et ne cherchons point de raisonnements pour nous empêcher d’avoir du plaisir . […] Il vous répondrait qu’il faut lui laisser le temps de la réflexion ; que sa sensibilité a pu être surprise ; que son jugement reprendra sa ferme assiette et son équilibre, lorsque ses premières impressions trompeuses seront effacées. […] Elle se laisse prendre aux choses avec candeur et bonne foi. […] Laissez-la parler, et peu à peu, sans qu’ils s’en rendent compte, sans qu’ils s’en doutent, l’esprit de ces profonds métaphysiciens deviendra plus libre et plus large, leurs préjugés tomberont, leur éducation s’achèvera. […] Entre ces deux limites tracées par la raison, Uranie suit la nature, et lorsqu’elle admire, elle sait qu’elle peut se laisser aller avec confiance à son émotion ; car c’est le signe de la présence du beau.
Cette simplicité et cette paix sont étranges et charmantes ; on se laisse aller, on est bien, on ne désire pas aller plus vite ; il semble que volontiers on resterait toujours ainsi. […] Elle garde dans la tourelle le bouclier qu’il a laissé, et tous les jours elle y monte pour le contempler, comptant les marques des coups de lance et vivant de ses rêves. […] Pour trouver du plaisir là, il faut qu’ils aient bien besoin d’excitation ; la poudre du boulevard vient imprégner la glace qu’ils mangent ; l’odeur du gaz et les émanations du pavé, la sueur laissée sur les murs fanés par la fièvre d’une journée parisienne, « l’air humain plein de râles immondes », voilà ce qu’ils viennent respirer de gaieté de cœur. […] L’accumulation des sensations et de la fatigue tend à l’excès leur machine nerveuse, et leur vernis de gaieté mondaine s’écaille vingt fois par jour pour laisser voir un fonds de souffrance et d’ardeur. […] Demain un orgue ambulant grincera devant ces vitres, et les nuages blafards laisseront leurs suintements sur ces murs salis.
Moréas paraphrasait ainsi : « L’idée ne doit point se laisser voir privée des analogies extérieures : car le caractère essentiel de l’art Symbolique consiste à ne jamais aller jusqu’à la conception de l’idée en soi. » C’était redire que l’idée devait demeurer en valeur d’image. […] Figuration excellente en ce sens qu’elle dénonce la vérité de l’évolution de la Matière et des êtres animés, d’accord avec les théories évolutionnistes mais la « spirale », si elle rend compte du mouvement d’expansion, ne laisse pas entendre en même temps le mouvement de condensation qui en est la suite nécessaire, qu’on ne saurait nier dans l’ordre naturel, ni anthropologique. […] Que l’on me permette de laisser maintenant conclure, deux poètes. […] Il est à regretter seulement que la mauvaise place d’un petit chapitre et une inattention, laissent croire que l’auteur conçoive comme « décadents » les poètes venus autour de Mallarmé. […] « Son livre de début, Légende d’âmes et de sangs, qui révélait un poète ne procédant d’aucun maître, et dont la préface, où il donnait les grandes lignes de l’œuvre qu’il méditait, laissait pressentir les théories de musique verbale que le Traité du verbe devait répandre avec éclat, d’un coup attira sur lui l’attention.
Il y a vraiment, dans ce moment-ci, un engouement des célébrités défuntes, un amour des riens laissés par elles, qui ressemble à un culte des saintes reliques, — et je ne désespère pas de voir bientôt, vendre aux Commissaires-priseurs, l’empreinte des doigts de pied d’un peintre illustre sur ses dernières chaussettes. […] Et les vides que nous laisse cette existence, toute aux lettres, les entractes de notre travail, nous les comblons, oui, bien incomplètement, par cette froide et bonhomme distraction : la collection. […] Il semble qu’en sortant de la chambre de son amant, elle y laisse son sexe comme un outil de travail. […] Et partout des robes troussées et relevées en plis rocaille, qui font les jupes courtes, et laissent voir les fines attaches des jambes… Et ce sont encore de longues cannes blanches à la Tronchin, de lourds colliers d’ambre, de grosses boucles d’oreilles, comme en portent les femmes de la Halle, de petits chapeaux d’hommes, des manteaux rouges, des bottines jaunes à grelots, et toute la bigarrure et toute la fantaisie des étoffes écossaises et pyrénéennes, et sur ce carnaval de costumes du matin, la dominante du rouge et du blanc, tachant si joliment la plage blonde, la mer verte, le ciel bleu. […] Il se fait payer par les curés une partie de ses livres en bons de messe, contresignés par l’évêque, bons qui lui reviennent, l’un dans l’autre, à huit sous, et il les revend quarante en Belgique, où le clergé ne peut suffire à toutes les fondations de messe, laissées par la domination espagnole.
Il oppose à ses amis la prospérité du méchant ; il n’ose en conclure, mais il laisse conclure l’indifférence ou l’iniquité de Dieu, par conséquent l’athéisme. […] Laissez-moi vous interroger, et je comprendrai la sagesse ! […] Les voici : L’homme est une créature qui paraît déchue de sa perfection primitive par quelque grande catastrophe physique, ou par quelque grande faute morale qui n’a laissé subsister que des débris de la première humanité. […] Le besoin de penser le dévore, et, chaque fois qu’il pense à ce qui est le plus digne d’être pensé, ses pensées, comme des aigles à qui l’oiseleur a laissé les ailes et crevé les yeux, vont se heurter, se briser, se confondre contre les limites de son horizon, le mystère, l’inconnu, l’inexplicable. […] Laissons-lui au moins la dignité de ses chaînes et l’orgueil de sa douleur, et, si nous ne respectons pas l’homme dans Dieu, respectons Dieu dans l’homme.
Lui ayant transporté ainsi l’essentiel de la sensation, et ne voulant pas voir, dans l’idéalité de ce souvenir, quelque chose de distinct, qui tranche sur la sensation même, ils sont obligés, quand ils reviennent à la sensation pure, de lui laisser l’idéalité qu’ils avaient conférée implicitement ainsi à la sensation naissante. […] Alors, comme on ne voit pas l’intérêt qu’elle aurait à laisser échapper les connaissances qu’elle tient, vouée qu’elle serait à la connaissance pure, on ne comprend pas qu’elle renonce à éclairer ce qui n’est pas entièrement perdu pour elle. […] D’où l’impossibilité de laisser aux objets matériels existants mais non perçus la moindre participation à la conscience, et aux états intérieurs non conscients la moindre participation à l’existence. […] Nous les laisserons de côté, pour n’envisager que les idées générales fondées sur ce que nous appelons la perception des ressemblances. […] Une grande marge est laissée à la fantaisie d’une part, au discernement logique de l’autre : mais l’idée, pour être viable, devra toucher à la réalité présente par quelque côté, c’est-à-dire pouvoir, de degré en degré et par des diminutions ou contractions progressives d’elle-même, être plus ou moins jouée par le corps en même temps que représentée par l’esprit.
Son séjour à cette abbaye des plus austères et réformée à l’image de La Trappe laissa dans l’âme de Massillon un souvenir des plus délicieux : il y avait goûté dans toute sa douceur le miel de la solitude. […] Et après qu’il avait ainsi fait frissonner, en la touchant au passage, la plaie cachée de chaque auditeur, après qu’il avait dû sembler en venir presque aux personnalités auprès de chacun, Massillon se relevait dans un résumé plein de richesse et de grandeur ; il se hâtait de recouvrir le tout d’un large flot d’éloquence, et d’y jeter comme un pan déployé du rideau du Temple : Non, mon cher auditeur, disait-il aussitôt en rendant magnifiquement à toutes ces chutes et toutes ces misères présentes des noms bibliques et consacrésa, non, les crimes ne sont jamais les coups d’essai du cœur : David fut indiscret et oiseux avant que d’être adultère : Salomon se laissa amollir par les délices de la royauté, avant que de paraître sur les hauts lieux au milieu des femmes étrangères : Judas aima l’argent avant que de mettre à prix son maître : Pierre présuma avant que de le renoncer : Madeleine, sans doute, voulut plaire avant que d’être la pécheresse de Jérusalem… Le vice a ses progrès comme la vertu ; comme le jour instruit le jour, ainsi, dit le Prophète, la nuit donne de funestes leçons à la nuit… Ici l’écho s’éveille et nous redit ces vers de l’Hippolyte de Racine : Quelques crimes toujours précèdent les grands crimes… Ainsi que la vertu, le crime a ses degrés… On a souvent remarqué que Massillon se souvient de Racine et qu’il se plaît à le paraphraser quelquefois. […] Cependant, vous le savez, cette majesté n’avait rien de farouche : un abord charmant, quand il voulait se laisser approcher ; un art d’assaisonner les grâces, qui touchait plus que les grâces mêmes ; une politesse, de discours qui trouvait toujours à placer ce qu’on aimait le plus à entendre.
J’en voudrais donner aujourd’hui un exemple en m’occupant d’un personnage qui a été médiocrement remarqué jusqu’ici44, qui n’a été qu’un homme de société et très secondairement en scène, qu’on a rencontré un peu partout, nommé çà et là dans les mémoires du temps, et dont la figure assez effacée n’a guère laissé de souvenir qu’à ceux qui l’ont connu de plus près. […] Ce que je veux dans cet article, n’est que de faire littérairement, et à l’aide des mémoires de Lassay, le commentaire et la démontstration (sauf correctif) du portrait que Saint-Simon a donné de lui ; je laisse donc avant tout parler le maître. […] Il la perdit après peu d’années de mariage, et tomba dans un abattement et un désespoir qu’il crut éternel ; on lui doit cette justice qu’il fit tout son effort pour conserver et consacrer cette disposition d’âme, et il eût volontiers écrit alors à M. de Tréville, ou à tel autre de ses amis avancé dans la pénitence, cette belle parole qui résume toute la piété d’un deuil vertueux : « Priez Dieu d’accroître mon courage et de me laisser ma douleur. » On a dans plusieurs lettres de lui, et dans des réflexions écrites en ce temps-là, l’expression très naturelle et très vive de ses sentiments ; il s’écriait : Dieu a rompu la seule chaîne qui m’attachait au monde ; je n’ai plus rien à y faire qu’à mourir ; je regarde la mort comme un moment heureux… Que je me trouve jeune !
Buffon, avec un dédain superbe, commença le premier à attaquer Linné sur ses méthodes artificielles, et, même lorsqu’il en fut venu à reconnaître par expérience la nécessité des classifications, il ne lui rendit jamais pleine et entière justice : « Buffon antagoniste de Linné, que toujours il avait combattu, nous dit Linné lui-même dans des fragments de Mémoires, est obligé, bon gré mal gré (nolens, volens), de faire arranger les plantes du Jardin du roi d’après le système sexuel. » Buffon, en ce point, ne céda pas si aisément que le croyait Linné ; il ne consentit jamais, nous dit Blainville, à laisser entrer dans le jardin de botanique la méthode et la nomenclature de Linné, enseignes déployées ; « il permit seulement d’inscrire les noms donnés par Linné, mais à condition (chose incroyable si le génie n’était humain !) […] Mais Buffon a beau faire, il a beau traiter avec assez peu d’égards « le peuple des naturalistes », il a beau, à l’occasion d’un détail concernant les intestins des oiseaux de proie, dire en grand seigneur : « Je laisse aux gens qui s’occupent d’anatomie à vérifier plus exactement ce fait », il est devenu naturaliste lui-même, au sens le plus exact du mot. […] Mais laissons ces esprits légers.
Oui, tout est chance, hasard, fatalité dans ce monde, la réputation, l’honneur, la richesse, la vertu même… » Et cette note, qui peut tenir lieu des trois ou quatre autres qui sont aussi expressives et aussi formelles sur le même sujet, finit en ces mots sinistres : « Il y a peut-être un Dieu, mais c’est le Dieu d’Épicure ; il est trop grand, trop heureux pour s’occuper de nos affaires, et nous sommes laissés sur ce globe à nous dévorer les uns les autres. » Ainsi donc voilà où en était Chateaubriand à la veille du moment où il fut vivement frappé et touché, et où il conçut l’idée du Génie du christianisme. […] Il y a, au milieu de toutes les exagérations de l’Essai, un sentiment touchant qui y règne en effet et qui y circule ; Chateaubriand sauvage et fier, mais malheureux, est alors humain, sympathique et fraternel aux infortunés, modeste même ; il est ce que le génie et la gloire, en le couronnant, oublieront trop de le laisser depuis. […] Il y a peut-être un Dieu, mais c’est le Dieu d’Épicure ; il est trop grand, trop heureux pour s’occuper de nos affaires, et nous sommes laissés sur ce globe à nous dévorer les uns les autres.
« En suivant les discours de Bossuet dans leur ordre chronologique, a très bien dit l’abbé Vaillant, nous voyons les vieux mots tomber successivement comme tombent les feuilles des bois. » Les expressions surannées ou triviales, les images rebutantes, les oublis de goût, qui sont encore moins la faute de la jeunesse de Bossuet que de toute cette époque de transition qui précéda le grand règne, disparaissent et ne laissent subsister que cette langue neuve, familière, imprévue, qui ne reculera jamais, comme il l’a dit de saint Paul, devant les « glorieuses bassesses du christianisme », mais qui en saura aussi consacrer magnifiquement les combats, le gouvernement spirituel et le triomphe. […] Où nous mène-t-elle, et en quel état nous laisse-t-elle ? […] Il était homme capable, mais non pas sans défauts ; il ne laissait pas de bien remplir ce poste, qui est très important.
Il s’oublie, il s’amuse, il se laisse aller aux goûts divers de l’humeur et de la nature, mais sans un système bien réfléchi. […] Il se remet aux grands des soins du ministère, Et laisse au Parlement à se plaindre ou se taire De nos malheurs divers. […] Revenu après cet orage à ses loisirs de Reims, Maucroix, comme le pigeon voyageur rentré au nid, se promit bien de s’y tenir coi et ne plus quitter ses amis ni ses compères : Voilà nos gens rejoints ; et je laisse à juger De combien de plaisirs ils payèrent leurs peines.
Sayous) nous fait voir Henri III juge délicat des choses de l’esprit : Henri III savait bien dire quand on blâmait les écrits qui venaient de la cour de Navarre de n’être pas assez coulants : « Et moi, disait-il, je suis las de tant de vers qui ne disent rien en belles et beaucoup de paroles ; ils sont si coulants que le goût en est tout aussitôt écoulé : les autres me laissent la tête pleine de pensées excellentes, d’images et d’emblèmes, desquels ont prévalu les anciens. […] Il comprend la dignité du genre qu’il traite ; il est des particularités honteuses ou incertaines que l’histoire doit laisser dans les satires, pamphlets et pasquins, où les curieux les vont chercher : d’Aubigné, qui aime trop ces sortes de pasquins ou de satires, et qui ne s’en est jamais privé ailleurs, les exclut de son Histoire universelle, et, s’il y en introduit quelque portion indispensable, il s’en excuse aussitôt : ainsi en 1580, à propos des intrigues de la cour du roi de Navarre en Gascogne, quand la reine Marguerite en était : J’eusse bien voulu, dit-il, cacher l’ordure de la maison ; mais, ayant prêté serment à la vérité, je ne puis épargner les choses qui instruisent, principalement sur un point qui, depuis Philippe de Commynes, n’a été guère bien connu par ceux qui ont écrit, pour n’avoir pas fait leur chevet au pied des rois… Quand il s’étend longuement sur certaines particularités purement anecdotiques, il s’en excuse encore ; il tient à ne pas trop excéder les bordures de son tableau ; il voudrait rester dans les proportions de l’histoire : mais il lui est difficile de ne pas dire ce qu’il sait de neuf et d’original ; et d’ailleurs, s’il s’agit de Henri IV, n’est-il pas dans le plein de son sujet, et n’est-il pas en droit de dire comme il le fait : « C’est le cœur de mon Histoire ? […] On lui laissait de plus entrevoir la lieutenance générale du royaume, et, retenu par tous ces leurres, Henri hésitait à briser ses liens.
Duperreux, le premier, n’a pas désespéré des Pyrénées ; le premier, il a osé croire que, pour n’être pas dans l’Apennin, ces belles formes n’en étaient pas moins dans la belle nature ; il n’a pas craint de nous retracer tels qu’ils sont des objets qui perdraient peut-être une partie de leur charme en perdant leur singularité ; et, renonçant à la vaine prétention de corriger le beau et d’embellir le vrai, il a laissé au modèle le soin de défendre le portrait. […] Il est évident par mainte page qu’il croyait pleinement alors à la facilité de gouverner les hommes, ou plutôt de les laisser se gouverner tout seuls. […] Faisant allusion à certains termes assez impératifs de la lettre de nomination et qui laissaient peu la liberté du refus, Ramond aurait dit en riant : « Je suis préfet par lettre de cachet. » Cuvier n’a pas dédaigné d’égayer sa Notice de ces traits malins et de quelques autres qu’il faudrait avoir été contemporain pour accueillir et présenter dans leur juste mesure, sans rien exagérer ni forcer en les rapportant. — Cuvier et Ramond n’étaient pas au mieux ensemble ; ils avaient été en compétition pour la place de secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences.
Et par exemple il représentait son héros comme laissant entrer par compassion des vivres dans Paris assiégé, tandis que c’était tout le contraire, et que Henri IV se plaignait de ses serviteurs (tels que Givry, et particulièrement M. d’O), qui en divers temps y avaient laissé entrer des vivres par connivence. […] » Le roi, secouant la tête, lui répondit : « C’est un peuple : si mon plus grand ennemi était là où je suis, et qu’il le vît passer, il lui en ferait autant qu’à moi, et crierait encore plus haut qu’il ne fait. » Cromwell ne dirait pas mieux ; mais, comme le caractère d’un chacun imprime aux mêmes pensées une diverse empreinte, Henri IV ne laissait pas de rester, à travers cela, indulgent et bon, et, qui plus est, de gausser l’instant d’après comme de coutume. […] Cette querelle nous est commune ; l’issue de cette journée nous laissera plus d’envieux que de malfaisants : nous en partagerons l’honneur en commun.
J’ai donc laissé faire le temps, et j’ai aussi beaucoup laissé dire. […] En tout il est plus grec et français que latin. — Je laisse de côté bien d’autres aménités dont on le gratifia dans cette querelle de littérature et de théologie mêlées ; il y eut de ces fines injures qui allaient jusqu’à la moelle, et dont le xvie siècle, sur la matière que Fracastor a célébrée, n’était jamais avare.