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476. (1891) [Textes sur l’école romane] (Le Figaro)

C’est dans ce noble but que les poètes Maurice du Plessys, Raymond de La Tailhède, Ernest Raynaud, et le savant critique Charles Maurras sont venus à moi, non en « escorte », mais pour avoir trouvé dans mon Pèlerin passionné les aspirations de leur race et notre commun idéal de Romanité.

477. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface et poème liminaire des « Châtiments » (1853-1870) — Au moment de rentrer en France. — 31 août 1870 »

Puisque c’est l’heure où tous doivent se mettre à l’œuvre,                                Fiers, ardents, Écraser au-dehors le tigre, et la couleuvre                                Au-dedans ; Puisque l’idéal pur, n’ayant pu nous convaincre,                                S’engloutit ; Puisque nul n’est trop grand pour mourir, ni pour vaincre                                Trop petit ; Puisqu’on voit dans les cieux poindre l’aurore noire                                Du plus fort ; Puisque tout devant nous maintenant est la gloire                                Ou la mort ; Puisqu’en ce jour le sang ruisselle, les toits brûlent,                                Jour sacré !

478. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Argument » pp. 287-289

Il les présente ici sous une forme toute historique, il ajoute l’indication générale des caractères de l’âge des hommes, et trace ainsi une esquisse complète de l’histoire idéale indiquée dans les axiomes.

479. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Il est, si j’en ose parler d’après ceux qui le connaissent, de ces natures élevées, originales, qui ont besoin d’admirer, d’aimer, et qui, même dans l’ordre intellectuel, n’ont de satisfaction réelle que de se dévouer exclusivement à ce qu’ils aiment, à la mémoire illustre en qui leur sentiment de vénération et d’idéal s’est une fois logé. […] Et il définit cette vertu idéale à laquelle il faut tendre ; il n’ose se croire digne encore de l’atteindre, mais du moins il la recherche, il la poursuit, et partout où il lui est donné de la contempler, il l’aime et l’admire. […] Un homme qui est plus qu’on ne croit de la trempe de Montaigne, Saint-Évremond, trouva également dans sa vie un ami parfait, M. d’Aubigny ; mais Saint-Évremond alors n’était déjà plus depuis longtemps à cet âge où on lutte pour les hautes aspirations premières et pour l’idéal : il se contenta de chercher la sûreté, la douceur du commerce, le charme infini des entretiens ; et, quand il perdit M. d’Aubigny, il le pleura comme l’ami qui faisait sa joie, et dans la conversation duquel il trouvait un agrément universel.

480. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Il faut, en effet, pour arriver à elles, pour prétendre à les ravir et à être nommé d’elles leur bienfaiteur, joindre à un fonds aussi précieux, aussi excellent que celui de l’Homme de Désir, une expression peinte aux yeux sans énigme, la forme à la fois intelligente et enchanteresse, la beauté rayonnante, idéale, mais suffisamment humaine, l’image simple et parlante comme l’employaient Virgile et Fénelon, de ces images dont la nature est semée, et qui répondent à nos secrètes empreintes ; il faut être un homme du milieu de ce monde, avoir peut-être moins purement vécu que le théosophe, sans que pourtant le sentiment du Saint se soit jamais affaibli au cœur ; il faut enfin croire en soi et oser, ne pas être humble de l’humilité contrite des solitaires, et aimer un peu la gloire comme l’aimaient ces poëtes chrétiens qu’on couronnait au Capitole.  […] Son âme est comme l’idéal accompli de la généralité des âmes que l’ironie n’a pas desséchées, que la nouveauté n’enivre pas immodérément, que les agitations mondaines laissent encore délicates et libres. […] Dans les femmes qu’il a aimées, même dans Elvire, Lamartine a aimé un constant idéal, un être angélique qu’il rêvait, l’immortelle Beauté en un mot, l’Harmonie, la Muse.

481. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Jeune, on rêve la gloire littéraire sous une forme plus brillante, plus idéale, plus poétique ; on tente l’arène lyrique ou la scène, on se propose tout bas ce qui donne le triomphe au Capitole et le vrai laurier. […] Une ravissante actrice, miss Smithson, apportait et confondait, pour nous séduire, sa jeunesse, son talent, sa grâce idéale, et le charme de toutes ces beautés dramatiques si neuves qu’elle interprétait à nos eux pour la première fois. […] Il y a plus : comme, dans les critiques que nous faisons, nous jugeons encore moins les autres que nous ne nous jugeons nous-mêmes, il est assez bon que le critique, tout en n’étant que cela, tout en ne portant aucun trésor personnel, aucun bagage apparent, n’ait pas à être au dedans trop préoccupé de soi, qu’il ne se sente pas un goût secret trop marqué, qu’il ne caresse pas tout bas un idéal trop cher.

482. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

On la suit dès le berceau, on assiste à ses jeux, à ses rêveries d’enfance, à son mariage, à sa première vie diplomatique, à ce premier débordement d’imagination qui cherchait un objet idéal, même dans son sage mari ; on la voit, à Venise (1784-1786), laissant s’exalter près d’elle la passion d’Alexandre de Stakieff, le jeune secrétaire d’ambassade, dont elle fera plus tard le Gustave de Valérie, ne favorisant pas ouvertement cette passion, ne la partageant pas au fond, mais en jouissant déjà et certainement reconnaissante. […] J’ai dit qu’à l’aide de ses très-curieux documents il m’a gâté un peu mon idéal de Valérie. […] Ai-je donc eu raison de dire que le trop de connaissance du dedans me gâtait désormais le personnage de Valérie, et que l’idéal y périssait ?

483. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

Boileau n’en doute pas, et n’estime pas que certaines formes littéraires soient liées à certains états de civilisation, ni que l’idéal poétique puisse être relatif et variable selon le génie des peuples. […] Voilà comment Boileau achève l’œuvre commencée il y a plus d’un siècle par Ronsard, et fait triompher définitivement la doctrine qui voulait régler la poésie moderne sur l’idéal ancien, sur les modèles anciens. […] Car c’est à Racine qu’il a constamment songé : Racine avait réalisé son idéal.

484. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Il méprisait les hommes en masse, le peuple, et il a eu des phrases révoltantes sur ce bétail humain que les propriétaires, les rois, doivent engraisser dans leur propre intérêt : il n’estimait pas l’humanité capable de faire elle-même son bien ; il ne croyait qu’aux réformes venues d’en haut, et le despote bienfaisant était son idéal. […] Ses contes et ses romans sont comme des problèmes de mécanique dont ses descriptions seraient les figures : de la réalité copieuse et substantielle, Voltaire ne tire en quelque sorte que des forces abstraites et des mobiles idéaux. […] Mais il faut dire deux choses à la décharge de Voltaire : d’abord qu’il attaquait, non pas la religion idéale, mais l’Église de son temps ; et il est excusable de n’avoir pas compris celle-là en regardant celle-ci.

485. (1890) L’avenir de la science « II »

On n’y voit d’ordinaire que des applications, qui sans doute ont leur prix et servent puissamment par contrecoup le progrès de l’esprit, mais qui n’ont en elles-mêmes que peu ou point de valeur idéale. […] Cette tendance à placer l’idéal dans le passé est particulière aux siècles qui reposent sur un dogme inattaqué et traditionnel. […] Tous les peuples anciens plaçaient l’idéal de leur nation à l’origine ; les ancêtres étaient plus que des hommes (héros, demi-dieux).

486. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

L’idéal de la vie humaine serait un état où l’homme aurait tellement dompté la nature que le besoin matériel ne fût plus un mobile, où ce besoin fût satisfait aussitôt que senti, où l’homme, roi du monde, eût à peine à dépenser quelque travail pour le maintenir sous sa dépendance, et cela presque sans y penser, et par la partie sacrifiée de sa vie, où toute l’activité humaine en un mot se tournât vers l’esprit, et où l’homme n’eût plus à vivre que de la vie céleste. […] Aux yeux d’hommes grossiers, un homme qui jeûne, qui se flagelle, qui est chaste, qui passe sa vie sur une colonne, est l’idéal de la vertu. […] Ô jour où il n’y aura plus de grands hommes, car tous seront grands, et où l’humanité revenue à l’unité marchera comme un seul être à la conquête de l’idéal et du secret des choses 184 !

487. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

L’humanité, en effet, aime l’idéal ; mais il faut que l’idéal soit une personne, un fait, un récit ; elle n’aime pas une abstraction. […] Selon votre vieille et bonne manière d’entendre les choses, la littérature n’est pas seulement ce qui s’écrit ; le grand politique qui résout avec éclat les problèmes de son temps, l’homme du monde qui représente bien l’idéal d’une société brillante et polie, n’eussent-ils pas écrit une ligne, sont de votre ordre.

488. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Qui ne se souvient de sa véronique, cette enfant idéale, née dans une échoppe de brocanteur auvergnat, comme une Vierge de Raphaël égarée parmi des croûtes de bric-à-brac. […] Mais voilà que ce dialogue nous rappelle, comme un air, joué sur un piano de salon bourgeois, pourrait rappeler quelque idéale mélodie de harpe éolienne suspendue aux branches d’un pin d’Italie dans l’Isola bella, le duo virginal de la Ninon et de la Ninette d’Alfred de Musset : Ninon L’eau, la terre et les vents, tout s’emplit d’harmonies Un jeune rossignol chante au fond de mon cœur. […] Augier est toujours le poète qui, dans Gabrielle, a raillé la rêverie, la mélancolie, l’idéal, et qui, dans la même pièce, s’est moqué de la lune par-devant notaire.

489. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Or, savez-vous quel labeur a rempli ses veilles, quel idéal il poursuit et il réalise ? […] Les petites mains du sire, ses petits pieds, sa peau blanche, ses cheveux bouclés, tout cela compose un idéal de la vitrine d’un coiffeur, mis à la portée de sa maîtresse, et qui la subjugue. […] L’auréole mystique de Claude illumine, a ce moment, M. de Montaiglin d’un faux idéal.

490. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Turgot, c’est Condorcet plus idéal et plus original, c’est Condorcet resté moral et innocent. […] On n’a jamais vu d’idéal plus tristement placé. C’est là le dernier rêve, et le plus fastidieux, de la pure raison entêtée d’elle-même ; c’est l’idéal encyclopédique dans toute sa beauté opaque.

491. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Les mœurs furent de tout temps son côté faible ; il avait les passions violentes et peu idéales, et le propos familier trop souvent à l’unisson. […] Il faut l’entendre là-dessus parler avec autorité et conviction : Les grands sujets de cette belle et solide instruction chrétienne, si bien indiqués par l’Église dans l’ordre annuel et la distribution des Évangiles ; ces sujets si importants, si féconds, si riches pour l’éloquence, et sans lesquels la morale, dépourvue de l’appui d’une sanction divine et déshéritée de l’autorité vengeresse d’un Juge suprême, n’est plus qu’une théorie idéale et un système purement arbitraire qu’on adopte ou qu’on rejette à son gré ; ces sujets magnifiques, dis-je, furent plus ou moins mis à l’écart par les orateurs chrétiens qui composèrent malheureusement avec ce mauvais goût, et qui, en s’égarant dans ces nouvelles régions, renoncèrent d’eux-mêmes aux plus grands avantages et aux droits les plus légitimes de leur ministère. […] On sent que c’est là son idéal préféré.

492. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Son idéal se traça de bonne heure en lui, et, à travers tous ses mécomptes, il ne s’en détourna jamais. Cet idéal, c’était de fonder une espèce de colonie qui aurait tenu de l’idylle, et où il aurait régi, non sans y mêler quelques sons de la flûte antique, des hommes dociles et heureux. […] Dans ce premier essai de Bernardin, on saisit déjà le fond et les lignes principales de son talent : c’est moins développé, moins idéal, mais, en cela même aussi, plus réel par endroits et plus vrai en un sens que ce qu’il dira plus tard dans les Études et les Harmonies.

493. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Ainsi sont liés, dans la pensée de l’homme, dans son intelligence, dans ses affections, le présent, le passé, le futur, le monde idéal et le monde positif, le fini et l’infini, le temps et l’éternité. […] La poésie transporte dans un monde idéal, c’est-à-dire dans un monde où les limites de la liberté de l’homme, de ses facultés, de ses prérogatives, de son intelligence, sont moins restreintes par l’état de déchéance ; dans un ordre de choses où la pureté des formes et de l’expression a moins été altérée par les passions et les sentiments mauvais. […] De là ce quelque chose de factice et d’artificiel, qui vient frapper de froideur même l’expression des sentiments vrais ; de là cette nature et ces mœurs convenues, qui ne sont ni dans la vérité ni dans l’idéal ; de là enfin cette perfection de détails, ce fini d’exécution, qui annoncent le travail et non l’inspiration.

494. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

Son idéal est de « reconstituer, en France, la sympathie ». […] … Il est descendu cependant, cet homme prodigieux de lectures et de connaissances, accoutumé à l’idéal des plus nobles génies, des plus forts esprits qui aient pensé sur l’humanité, qui l’aient observée et triturée dans leurs mains puissantes ; il est descendu jusqu’à l’idéal du bonhomme Bailly et du pâle Tocqueville.

495. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

Où est-elle, cette Muse inouïe, cette poésie faite avec des laideurs vraies, et parce qu’elles sont vraies, sensibles et douloureuses, ces laideurs, arrivant à un effet d’impression sur les âmes, égal à celui de la plus idéale beauté ? […] Les autres, et les plus beaux, ceux que les connaisseurs aiment le plus, ont leur coin de mensonge ou d’idéal exagéré ! […] L’un puisait par en haut dans cet étang de sang, de larmes et de fanges typhoïdes ; l’autre puisait par en bas, mais ils étaient tous deux originaux, tous deux trouveurs, l’un, en nous rapportant son idéale amphore de marbre noir veiné de rose, l’autre son humble cruche de grès, toutes deux remplies de la même vase saignante et des mêmes larmes de l’humanité !

496. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

Mais cette forme de gouvernement n’est qu’un des nombreux moyens par lesquels les hommes associés peuvent garantir leurs droits ; des organisations politiques très différentes, variant avec les circonstances géographiques et historiques, sont capables de satisfaire aux mêmes exigences des consciences, et rien n’empêche a priori que, parmi les formes gouvernementales, il en soit qui s’accordent tant avec l’idéal démocratique qu’avec l’accroissement de la quantité sociale. […] D’ailleurs, les formes sociales n’agissent pas seulement ni même principalement sur nos théories politiques par les modes qu’elles imposent à l’action collective, par les formes gouvernementales qu’elles rendent nécessaires : le spectacle particulier que notre société nous représente chaque jour détermine plus directement encore notre idéal. […] N’est-il pas vraisemblable, dès lors, que l’élargissement réel des formes sociales favorise cet élargissement idéal des concepts sociaux ?

497. (1888) Études sur le XIXe siècle

Du reste, Paolina vivait du souvenir de son premier amour et, si elle songeait encore à se marier, c’était pour fuir son milieu plutôt que dans l’espoir de réaliser son ancien idéal de jeune fille. […] Avec Rossetti, quoique son inspiration soit encore religieuse, nous nous éloignons déjà beaucoup de cet idéal d’ascète et de puritain. […] Les idées d’Opéra et drame se trouvent en germe dans des écrits bien antérieurs, et Tristan et Yseult n’est en somme que la réalisation d’un idéal dès longtemps entrevu. […] Quant aux moyens pratiques de réaliser ce triple idéal, ils sont les plus simples du monde : il suffit d’écrire beaucoup de romans sociaux en dix volumes. […] J’adorais la beauté idéale de cette angélique créature, et mon amour n’avait rien de profane.

498. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Avec Carmen, on prend congé de l’humide septentrion, de toute la vapeur d’eau de l’idéal wagnérien. […] Si, d’autre part, nous prenons au sérieux l’idéal, calomnions la mélodie ! […] Si l’on m’y force, il pourrait peut-être me servir de cure-dent idéal pour me débarrasser de restes d’aliments. » Combien délicate cette comparaison ! […] Si l’on peut dire de Beethoven qu’il est l’auditeur idéal des ménétriers, Schubert serait lui-même le ménétrier idéal. » « Félix Mendelssohn. — La musique de Félix Mendelssohn est la musique du bon goût pour tout ce qu’il y a eu de bon : elle montre toujours derrière soi. […] Le xviiie  siècle, le siècle de la rêverie, des idéals brisés et du bonheur fugitif se chante seulement dans la musique de Beethoven et de Rossini.

499. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

L’idéal de la pensée est en avant de l’homme, dans une fin, et non en arrière, dans un commencement. […] Il est dans ce coin du roman l’idéal actif qui fait que le roman existe. […] Phrase personnelle, illogique certes dans un roman qui veut être tout objectif, mais combien précieuse ouverture sur l’idéal d’art en vue duquel l’expérience précise et actuelle n’est qu’un moyen ! […] Ensuite il nous présente un fidèle miroir de son époque, ou plutôt de l’idéal que se formait cette époque. […] Gabriel Thyébaut, ce naturaliste idéal qui aussi, écrit M. 

500. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre II. Pourquoi il faut préférer la méthode inductive » pp. 13-14

C’est même, si l’on veut, l’idéal pour une science de pouvoir se tirer tout entière de deux ou trois principes féconds, comme le sont les axiomes qui servent de base à la géométrie.

501. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

* *   * On dit que nous chassons l’idéal de la littérature : l’idéal des imbéciles, oui ; mais quelqu’un qui nous ferait en littérature de l’idéal intelligent et sérieusement simple à la façon de la Mélancolie d’Albert Dürerj, de la Danse des morts d’Holbein, des Caprices de Goyak, de certaines pièces espagnoles, de certains tableaux de Velasquez, de l’idéal contenant quelque chose d’humain, contenant des idées, fussent-elles bizarres, nous l’accueillerions plus que bien. […] Vous parlez de vagues régions idéales, de douces contemplations, et vous pensez m’avoir donné une idée de ce que vous appelez poésie, et c’est moi que vous accusez de ne pouvoir vous faire comprendre le réalisme ! […] Aussi arrive-t-il souvent que la préoccupation de l’idéal sans limite lui fait perdre de vue le cas limité de l’application. […] Dans sa religion même, il n’oubliera pas son avantage, seulement il l’ennoblit et le sanctifie dans l’idéal du bien suprême. […] Aie soin d’enlever à leur visage toute expression qui se rattacherait à la vie commune, afin qu’il y ait quelque charme à examiner des formes idéales.

502. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

Quelques critiques insistent avant tout et préférablement sur l’aspect idéal et pur de l’art grec, sur la beauté dont il donne le suprême exemple ; il est permis de ne pas moins insister sur la simplicité inséparable et la vérité qui en sont le fond et l’accompagnement, sur cette naïveté dans le sentiment et dans l’expression, qui se joint si bien à la grâce et qui ajoute aussi au pathétique et à la grandeur. […] L’idéal, en cette période de Sophocle, peut sensiblement revêtir et comme modeler les groupes tragiques, mais c’est un idéal encore qui n’altère en rien le naturel simple et vif, et qui respecte la douleur humaine prête à se faire jour par des cris au besoin et par tout ce qu’il y a de plus vrai dans le langage. […] Ainsi le printemps de Méléagre n’était pas un idéal dans lequel, comme dans presque tous nos Avril et nos Mai, l’imagination, éveillée par le renouveau, assemble divers traits épars, les arrange plus ou moins, et les achève.

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