/ 1872
1700. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

En juin et juillet, on a presque tous les jours, et d’habitude dans l’après-midi, une forte averse, qui est la bienvenue à cause de la fraîcheur qu’elle amène.

1701. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

Tout à coup, cependant, voilà qu’elle s’aperçut que les chèvres s’égaraient, par habitude, hors de la bruyère, sous les châtaigniers qui étaient à nous ; elle lança de la voix et du doigt le petit chien après les animaux pour qu’il les ramenât, comme il avait coutume, à leur devoir.

1702. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

CXCV Aussi, pour bien le confirmer dans l’idée qu’il allait me voir apparaître, quand je fus à la dernière arcade au tournant du cloître avant son grillage, je m’assis sur le socle de l’arcade et je jouai doucement, lentement, amoureusement, l’air de la nuit dans la tour, afin qu’il comprît bien que j’étais là, à dix pas de lui, et qu’il entendît pour ainsi dire battre mon cœur dans la zampogne ; et je finis l’air, non pas comme d’habitude, par ces volées de notes qui semblaient s’élancer vers le ciel, comme des alouettes joyeuses montant au soleil, mais je le finis par deux longs, lugubres et tendres soupirs de l’instrument qui semblait bien plutôt pleurer que chanter, hélas !

1703. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Quand je lui dis que je n’y avais été que trois ou quatre fois, elle se récria, me promit que nous irions souvent ensemble à la comédie, ajoutant qu’au retour il faudrait écrire le sujet des pièces et ce qui nous aurait frappées, que c’était son habitude… Ensuite, me dit-elle encore, nous nous écrirons tous les matins.

1704. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Il entendit un jour deux étrangers qui attribuaient, par ignorance, ce groupe au ciseau d’un autre sculpteur romain ; bien que Michel-Ange n’eût pas l’habitude de marquer ses œuvres d’un autre signe que leur immortelle perfection, il craignit cette fois que le temps ou l’erreur populaire ne lui dérobât sa gloire, et, rentrant la nuit dans la chapelle, il grava son nom en petits caractères sur l’étroite ceinture qui retient la robe de la Vierge au-dessous du sein.

1705. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

Pour hâter la décomposition de la société et de l’âme féodales, la peste noire, qui en 1348 enlève au monde connu le tiers de ses habitants, la guerre de Gent Ans, guerre étrangère, guerre civile, crises aiguës des invasions, ravages endémiques des routiers : tous les fléaux, toutes les souffrances oppressent les âmes, mais en somme les délivrent avec douleur, les arrachent à leurs respects, à leurs habitudes, à leur forme d’autrefois, remettent tout violemment dans l’indétermination, qui seule rendra possible une détermination nouvelle.

1706. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

J’avoue que je n’en crois rien : mais ce n’est pas la première fois que les habitudes mènent l’homme par des chemins opposés à ceux qu’indique l’aspiration momentanée de l’âme.

1707. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Le théâtre, à Paris, est fréquenté par les étrangers, qui ne sont pas blasés sur les plaisirs faciles, par des jeunes gens, qui, n’ayant pas de famille, tuent leurs soirées dans les salles de spectacle, et par les personnes qui, ayant l’habitude de se coucher tard, se réfugient dans les endroits où il y a de la lumière et du bruit.

1708. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

On n’est pas un poète tragique même de troisième ordre sans avoir beaucoup de talent ; on n’a pas beaucoup de talent sans avoir exprimé en perfection quelques vérités du cœur humain, c’est-à-dire sans avoir eu par accident ce que l’homme de génie a d’habitude.

1709. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Si son originalité n’avait été contrainte de s’exercer sur une ligne logique et productive, elle eût dégénéré en incohérence, en bizarreries de manières et d’habitudes.

1710. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

Selon l’habitude athénienne, on démura sa vie privée ; on le noircit, on le calomnia.

1711. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Première leçon »

J’ose ajouter, en outre, que, lors même qu’une telle entreprise pourrait être réalisée dans la suite, ce qui, en effet, se laisse concevoir, ce ne serait jamais néanmoins que par l’étude des applications régulières des procédés scientifiques qu’on pourrait parvenir à se former un bon système d’habitudes intellectuelles ; ce qui est pourtant le but essentiel de l’étude de la méthode.

1712. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Victor Hugo, peignant la cour de Versailles, et la peignant sous un jour odieux, bien entendu  vous connaissez ses habitudes littéraires et historiques surtout  Victor Hugo songe à La Fontaine et dit : La Fontaine offrait ses fables, Et soudain, autour de lui, Les courtisans presque affables, Les ducs au sinistre ennui, Les Louvois nés pour proscrire, Les vils Chamillard rampants, Gais, tournaient leur noir sourire Vers ce charmeur de serpents.

1713. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

Je sais et je sens que l’auteur de L’Éducation sentimentale est un matérialiste, et que le matérialisme doit nécessairement engendrer de certaines opinions politiques et non d’autres ; mais si je n’avais pas l’habitude des inductions et des déductions de la logique, d’honneur !

1714. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

Les habitudes originaires, particulièrement celle de l’indépendance naturelle, ne se perdent point tout d’un coup, mais par degrés et à force de temps.

1715. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Vous aurez beau réagir, forcer vos dégoûts, apprendre à sourire, il n’en sera pas moins vrai que la satiété tarit l’amour, que la passion devient habitude, que l’homme s’use à désirer et se lasse d’obtenir, que nous oublions et qu’on nous oublie, que toutes nos douleurs guérissent, que nous perdons les êtres qui nous sont chers, et qu’après des efforts stériles ou des résultats indifférents, la vie finit pour tout le monde par l’épouvante de la mort. […] Recherchant comme d’habitude l’anecdote et le voyage, il se complaît à examiner la vie et les théories de Stendhal, ce qu’il appelle ingénieusement « son rôle d’excitateur d’idées ». […] Dans l’éloignement de ces pays de rêve, Orient lumineux ou terres sauvages, l’optique change, les visions se transfigurent et la tendresse dégage des séductions que nos habitudes civilisées ne soupçonnaient pas. […] On ne comprend plus ces procédés, aujourd’hui qu’on a perdu l’habitude de ce qui est simple. […] Il avait l’habitude de composer en marchant et c’est seulement en rentrant chez lui, lorsqu’il avait l’imagination préparée, qu’il se décidait à coucher ses pensées sur le papier.

1716. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Les beaux-arts ayant été sa première occupation, principalement la poésie, il s’était fait une habitude, et presque une nécessité, de compasser toutes ses paroles et de les lier en cadence. » L’abbé Fabre, dans l’Étude qu’il a mise en tête des Lettres à Mme Deshoulières, cite ces jugements, dont il appelle. […] Je suis persuadé que, si les femmes étaient franches, ou, pour mieux dire et plus poliment, si ce n’était pas chez elles une habitude passée en nature que de subordonner leur jugement à celui des hommes, et de penser tout ce qu’elles pensent par convenance et par tradition plutôt que par conviction, elles avoueraient que Molière les choque et les blesse souvent. […] Ils ne savent pas quelle habitude impérieuse, ou plutôt invincible, les spéculatifs se font de leur liberté de penser et d’écrire ; que la liberté d’écrire est la continuation naturelle de la liberté de penser ; et qu’il n’y a de vraie liberté de penser qu’à condition de l’entière liberté d’écrire. […] Je crois volontiers, d’après eux, que Galiani dut avoir quelque peine à se refaire aux habitudes, aux mœurs, aux usages de ses compatriotes. […] Ne vaut-il pas mieux détremper cette sauce par les absences, les éloignements, l’habitude aux détachements ?

1717. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Pour voir en ces dernières années que l’état moral de la France était gravement atteint, il fallait quelque pénétration d’esprit, une certaine habitude des raisonnements politiques et historiques. […] Une fois la France entraînée, une fois son embonpoint bourgeois et ses habitudes casanières secoués, impossible de dire ce qui arrivera.

1718. (1886) Le naturalisme

Passions sentimentales, habitudes de luxe incompatibles avec sa position modeste de femme d’un médecin de campagne, expédients et désordres de plus belle, compliquent de telle sorte sa situation que, quand ses créanciers la pressent, elle s’empoisonne avec de l’arsenic. […] D’autres l’invoquaient, en surexcitant leurs facultés par l’abus du café, de l’opium ou de la bière ; et pour tous, ce qui est aujourd’hui pour Zola une fonction naturelle ou une habitude acquise comme celle de la sieste, était un heureux hasard. […] Ils écrivent donc des livres à la portée de l’enfance et de la jeunesse, ouvrages qui sont rédigés souvent par des plumes habiles et fameuses, qui ont l’habitude de s’adapter au degré de développement auquel sont arrivées les facultés du public spécial à qui elles s’adressent.

1719. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Le grand nombre n’aime pas à être troublé dans ses habitudes, celles-ci lui fussent-elles néfastes ; il regimbe contre tout effort vers le changement. […] Un préambule est nécessaire. — En effet, il ne s’agit pas, dans ce poème, d’une suite d’idées pareilles à celles que de fâcheuses habitudes d’esprit nous obligèrent d’admirer chez les grands écrivains de notre race. […] Ils insinuent, à mots peu couverts, que ma « pose » anarchiste s’allie à des habitudes sodomites et à l’usage quotidien de la morphine.

1720. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Pourtant Mme de Longueville manquait de direction encore, et avec son genre de caractère, avec cette habitude de ne suivre jamais que des sentiments adoptifs, et de ne les régler que sur une volonté préférée, elle avait plus que personne besoin d’un guide très-ferme.

1721. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Mais il est d’habitude, je dirai même de mode, d’injurier cette disposition d’esprit dans toutes les réunions, les solennités publiques, de la dépeindre comme un malheur, comme une infériorité morale déplorable.

1722. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

Ces formes diverses et successives de gouvernement ne sont ni absolument bonnes, ni absolument mauvaises en elles-mêmes : elles sont relativement bonnes ou mauvaises, selon qu’elles servent plus ou moins bien la souveraineté qu’elles sont chargées d’exprimer et de servir ; tout dépend de l’âge, du caractère, des mœurs, des habitudes, du nombre, du site, du climat, des limites, de la géographie même des peuples qui adoptent telle ou telle de ces formes de gouvernement.

1723. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Quoiqu’il ait passé la plus grande partie de sa vie à la campagne, cependant il n’est pas tout à fait étranger aux habitudes du monde et des cours ; il a un frère qui est depuis longtemps à la cour du pape ; il est l’ami du cardinal Vercelli, dont le rare mérite est en grande estime dans ce pays.

1724. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

L’Angleterre, par droit de parenté, exerçait de tout temps une sorte de médiation consacrée par l’habitude et par la force sur l’Écosse.

1725. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

Il ne retourna un moment à Cirey que pour en déménager ses livres, ses manuscrits, ses habitudes, ses souvenirs.

1726. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Car un fait considérable se produit à la fin du règne de Henri IV, l’organisation de la classe aristocratique en société mondaine ; alors s’établissent les rapports, les habitudes, les formes de vie et d’esprit qui caractérisent « le monde » ; alors s’établit pour deux siècles la souveraineté sociale et littéraire de cette minorité fermée, élite sans doute, mais aussi coterie dans la nation.

/ 1872