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2893. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Je comprends donc qu’on l’exalte, qu’on la glorifie, qu’on baise pieusement le bas de sa robe poudreuse que tant de génies, que tant de beautés ont portée ; mais de là à prêcher son culte, sa recherche, son fanatisme, il y a loin ; et ici je vous abandonne à votre enthousiasme.

2894. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Vous me jurez votre bonheur initial, Et que de moi vous vient la force et la noblesse Du génie, et qu’en vous mon seul sourire laisse Comme un dépôt sacré tout l’espoir nuptial.

2895. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Des vers qui font songer à Rimbaud, mais sans faire oublier cette personnalité étrange : Jean Marville, un explorateur qui pourrait bien avoir une lueur de génie.

2896. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

Que le jeu tout mécanique des causes qui arrêtent la roulette sur un numéro me fasse gagner, et par conséquent opère comme eût fait un bon génie soucieux de mes intérêts, que la force toute mécanique du vent arrache du toit une tuile et me la lance sur la tête, c’est-à-dire agisse comme eût fait un mauvais génie conspirant contre ma personne, dans les deux cas je trouve un mécanisme là où j’aurais cherché, là où j’aurais dû rencontrer, semble-t-il, une intention ; c’est ce que j’exprime en parlant de hasard.

2897. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Un certain Champin, portier de la maison où demeure Charles, renoue avec Reybaz qu’il a connu autrefois, et devient bientôt le mauvais génie du roman.

2898. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Il y a des traits de génie dans ses sermons de Metz, et jamais il ne fera mieux que dans le Panégyrique de saint Bernard (1653).

2899. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

» Oui, il y a vraiment dans le temps de critique et d’analyse où nous vivons, abus d’ingénuité en ce génie de 1830 : le masque à bandeau qui rend Triboulet sourd et aveugle à la fois, et lui fait encore perdre le sentiment de sa droite et de sa gauche, est une invention dramatique par trop enfantine.

2900. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

J’aurais voulu que la vie publique mêlât le talent littéraire à tout ; rien ne me paraissait réellement beau, dans les champs de bataille, dans les vicissitudes des empires, dans les congrès des cours, dans les discussions des tribunes, que ce qui méritait d’être ou magnifiquement dit, ou magnifiquement raconté par le génie des littérateurs.

2901. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Chacun d’eux est singulier, mais il finira, s’il porte la marque du génie, par être accepté de tout le monde.

2902. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Rien de plus ordinaire parmi nous que de réaliser un emploi, une charge, une dignité ; nous personifions la raison, le goût, le génie, le naturel, les passions, l’humeur, le caractere, les vertus, les vices, l’esprit, le coeur, la fortune, le malheur, la réputation, la nature. […] Génie supérieur. […] (Gramm.) idiotisme Anglois, c’est-à-dire, façon de parler propre à la langue Angloise : par exemple, si l’on disoit en François fouetter dans de bonnes moeurs, whip into good manners ; au lieu de dire, fouetter afin de rendre meilleur, ce seroit un anglicisme, c’est-à-dire, que la phrase seroit exprimée suivant le tour, le génie & l’usage de la langue Angloise. […] ) que les maîtres qui en faisant apprendre les déclinaisons Latines font dire hoec musa, induisent leurs disciples en erreur ; & que pour rendre littéralement la valeur de ces deux mots Latins, selon le génie de la langue Greque, il faudroit traduire hoec musa, αὕτη ἡ μοῦσα, c’est-à-dire cette la muse. […] Le, la, les, indiquent que l’on parle 1°. ou d’un tel individu réel que l’on tire de son espece, comme quand on dit le roi, la reine, le soleil, la lune ; 2°. ou d’un individu métaphysique & par imitation ou analogie ; la vérité, le mensonge ; l’esprit, c’est-à-dire le génie ; le coeur, c’est-à-dire la sensibilité ; l’entendement, la volonté, la vie, la mort, la nature, le mouvement, le repos, l’être en général, la substance, le néant, &c.

2903. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Dans ce genre secondaire où la délicatesse et un certain intérêt suffisent, mais où nul génie (s’il s’en rencontre) n’est de trop ; que l’Art poétique ne mentionne pas ; que Prevost, Le Sage et Jean-Jacques consacreront ; et qui, du temps de Mme de La Fayette, confinait, du moins dans ses parties élevées, aux parties attendrissantes de la Bérénice ou même de l’Iphigénie, Mme de La Fayette a fait exactement ce qu’en des genres plus estimés et plus graves ses contemporains illustres s’étaient à l’envi proposé.

2904. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Plus loin, ce sont des portes garnies de clous énormes, où le génie de nos ancêtres a tracé des hiéroglyphes domestiques dont le sens ne se retrouvera jamais.

2905. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Un créateur de types, avec une silhouette, des gestes, une physionomie des épaules, un masque du crime d’après des études sur le vrai, d’après des modèles entrevus dans une imitation de génie.

2906. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Ils ne veulent pas, ces bons critiques, — et cela avec une colère enfantine, ils ne veulent pas de génies, d’esprits originaux.

2907. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Par opposition au génie espagnol, qui va, lui, mêler ensemble ce que les Chansons de geste ou les Romans de la Table-Ronde ont de plus extravagant et ce que « la folie de la Croix » a de plus héroïque, l’esprit français se manifeste comme un esprit de « gausserie », d’ironie, et déjà de révolte.

2908. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Leur génie fut plus religieux que leur cœur, et même ce fut leur art qui fut plus religieux que leur génie. […] Tout Français est un Voltaire ou un Rousseau, moins le génie, qui n’est pas loin de croire qu’il est impossible qu’il n’ait pas toujours raison, qui n’est pas loin d’estimer que les autres hommes sont imbéciles dans la proportion où ils le contredisent et qu’il n’y a besoin ni d’autre signe ni d’autre mesure. […] En France le génie réussit peu, ou tardivement ; la force de pensée ne réussit pas sans le talent ; mais la moindre chose réussit quand le talent s’y joint et se mêle de lui faire un succès. […] Au fond, Montesquieu, ici comme partout ailleurs, est un magistrat du xviiie  siècle ; c’est un robin qui a du génie.

2909. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Il faut donc ajouter que le génie de l’auteur anime d’une vie intense les principaux personnages, que la plupart des scènes sont peintes avec un relief et une puissance de coloris tels qu’on y croit assister, enfin et surtout qu’il circule dans l’œuvre un courant d’émotion vraie qui nous gagne. […] C’est, au contraire, parce que j’ai une admiration profonde pour ce puissant et extraordinaire génie — une admiration que rien ne saurait entamer, — que j’ai apprécié en toute liberté un enfant de sa vieillesse qui n’ajoutera rien à sa gloire, mais qui ne peut rien contre elle. […] Prenez donc ces vers, premiers enfants de mon génie, et gravez-les sur les parois du monument. — Et le disciple les y a gravés, en effet, sans se demander si le maître ne témoignait pas à son endroit une sorte de défiance. […] comme il a le génie des bagatelles de la porte !

2910. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Au contraire en France, tout concourt à faire fleurir l’esprit de société ; en cela le génie national est d’accord avec le régime politique, et il semble que d’avance on ait choisi la plante pour le terrain.

2911. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

Tant de dons précieux, un esprit si fin, un tact si délicat, une fantaisie si mobile et si riche, une gloire si précoce, un si soudain épanouissement de beauté et de génie, et au même instant les angoisses, le dégoût, les larmes et les cris !

2912. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

Mais il était maître du pape par l’amitié, maître du premier consul par son génie de conciliation.

2913. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Le savant philologue Nietzsche, professeur à l’université de Bâle, a écrit : « Ce qu’il y a de plus splendide dans le génie de Wagner, c’est cette faculté de créer pour chaque nouvelle œuvre une langue nouvelle… » (Richard Wagner à Bayreuth, 71).

2914. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre cinquième. Genèse et action des principes d’identité et de raison suffisante. — Origines de notre structure intellectuelle »

Deux hommes ont le même talent de dessin, mais l’un a un génie naturel non cultivé, l’autre a acquis son habileté à force d’exercice : vous ne direz pas que tous les deux doivent leur talent à « l’expérience ».

2915. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Voici le dehors, quant au dedans, un grand esprit enterré vif dans un village, nourri de moelle spirituelle par la réflexion solitaire et une constante lecture, familier avec tous les hauts livres, un moment foudroyé par la mort d’un fils de onze ans, mais en train de reprendre son parti de la vie, « un cauchemar entre deux néants », un causeur à la parole espacée de mots qui font réfléchir, et jugeant à vol d’aigle, et allant au sommet des plus grandes questions, et enfermant sa pensée dans une formule nette, à arêtes coupantes, comme le métal d’une médaille ; un cœur tendre, mais un politique aux principes inflexibles, un génie dantonien auquel le théâtre et les circonstances ont manqué, le seul homme que j’aie vu préparé à tout et digne de tout9.

2916. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Après bien des souffrances et des vicissitudes, Caliste, mariée à un autre, pure et dévorée, meurt ; elle meurt, comme cet empereur voulait mourir, au milieu des musiques sacrées ; génie des beaux-arts et de la tendresse, elle exhale à Dieu sa belle âme en faisant exécuter le Messiah de Haendel et le Stabat de Pergolèse.

2917. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Son génie naturel ayant trouvé là sa vraie voie, il déborda spontanément de facilité, de grâce et de force.

2918. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

L’imagination peut représenter l’idéal par des formes, par des sentiments, par des actions : de là naissent l’art, la religion, la morale même, car c’est un art en action que la moralité : les génies créateurs et inventeurs dans la morale sont ceux qui ont pu trouver et représenter dans leurs actions les formes les plus hautes de la bonté, du courage, de la force d’âme, de l’empire sur les passions, de la sagesse.

2919. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Qu’un génie mystique surgisse ; il entraînera derrière lui une humanité au corps déjà immensément accru, à l’âme par lui transfigurée.

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