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868. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Le français, l’italien, le grec, le latin, l’histoire, la théologie, la poésie, la musique, la danse se partageaient, sous les plus savants maîtres et sous les plus grands artistes, ses études. […] Elle fut saluée reine d’Écosse, le lendemain, dans un splendide concours des lords écossais et des seigneurs français de sa famille ou de sa suite. […] Les nobles écossais n’étaient pas moins ivres que les Français de ce culte chevaleresque ; mais se déclarer sensible aux hommages d’un de ses sujets, c’était s’aliéner par la jalousie tous les autres. […] Les récits adressés par l’ambassadeur français à sa cour représentent ce mariage comme l’union de deux amants s’effaçant l’un l’autre par leurs charmes, et s’enivrant dans des fêtes prolongées du premier bonheur de leur vie. […] Dès le 12 mars, c’est-à-dire lorsque le sang de Rizzio fumait encore sur le parquet de sa chambre et sur la main de Darnley, dès le 12 mars, écrit l’envoyé français à sa cour, la reine reprit tout son empire sur les sens et sur le cœur de Darnley.

869. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Le voilà qui apparaît, cet état de nature, dont on va tant parler jusqu’à la Révolution française ! […] Il arrive au français ce qui était arrivé au latin lors de l’invasion des barbares. […] Et, en notre siècle, est-ce que la littérature française ne doit pas ses peintures les plus éclatantes de la nature dans le pays du soleil et des bengalis à un poète créole, à Leconte de Lisle ? N’est-ce pas par l’intermédiaire de ce Français, né entre la France et l’Inde, qu’a pénétré en nous la vision la plus nette et la plus puissante des jungles où le tigre est aux aguets et l’esprit des doctrines où respire le génie endormeur de l’Inde antique ? […] En effet, ils se jettent sur les grands sujets qu’un La Bruyère, avec un soupir de regret, déclarait interdits à un homme né chrétien et français.

870. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Je voudrais que le public français eût quelque chose des goûts du public italien. […] C’est admirable, même en français. […] — C’est un avis à donner et au public français et aux poètes français, qui croient trop volontiers qu’il est inutile, s’il n’est pas inélégant, de sentir. […] Ils sont une bonne fortune pour l’étudiant en français, en style français, en « composition » française et en métrique française. […] Donc il prend part aux dernières guerres de l’Europe contre l’empire français.

871. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Arvède Barine nous a donné le portrait dans la collection des Grands écrivains français. […] Il n’y en pas de plus beaux dans la langue française que ceux de Leconte de Lisle. […] Nous ne sommes assurés que d’être Français ou Allemands, Italiens ou Anglais, Américains ou Chinois. […] Comment s’est formée la race française ? […] Le Français qui le dit n’apprend rien à l’étranger : je serais heureux qu’il le rappelât à quelques Français qui l’ont trop oublié.

872. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Ils sont un peu longs ; tous les écrits de ce temps, français ou imités du français, partent d’esprits trop faciles ; mais comme ils coulent ! […] S’il est exalté, il est outre cela gracieux, poli, plein de mièvreries, de demi-moqueries, de fines gaietés sensuelles, et un peu bavard, tel que les Français l’ont toujours fait. […] Voilà déjà la satire du mariage ; vous la trouverez chez Chaucer à vingt reprises : il n’y a plus, pour épuiser les deux perpétuels sujets de la moquerie française, qu’à joindre à la satire du mariage la satire de la religion. […] Songez que je n’ai traduit le texte qu’en partie, et dispensez-moi de montrer jusqu’au bout comment les gravelures françaises ont passé dans le poëme anglais. […] La veine ingénieuse et épuisée de Charles d’Orléans coule encore dans ses ballades françaises.

873. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Je lui demande qu’est-ce qui l’a poussé à apprendre le français au Japon, et ce qui l’a amené à venir en France. […] Il nous parle de son jardinier japonais, parlant le français par axiomes, axiomes choisis dans l’idiome le plus moderne. […] » Et il dit du jardin japonais, à l’opposite du jardin français : « Jardin japonais, jamais d’agglomération !  […] À l’heure présente, on joue à l’Opéra, du Wagner, quatre fois par semaine, et il y a soixante-cinq opéras français qui attendent, et qui ne seront peut-être jamais joués. […] C’est ainsi que les mines d’or, offertes il y a dix ans à des maisons française, ont été refusées par toutes ces maisons.

874. (1823) Racine et Shakspeare « Préface » pp. 5-7

Enfin, et c’est ce qui lui vaudra l’immortalité, il s’aperçut que le genre niais de l’ancienne école française ne convenait plus au goût sévère d’un peuple chez, qui commençait à se développer la soif des actions énergiques. […] Enfin ce grand jour arrivera, la jeunesse française se réveillera ; elle sera étonnée, cette noble jeunesse, d’avoir applaudi si longtemps, et avec tant de sérieux, à de si grandes niaiseries.

875. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leygues, Georges (1857-1933) »

. — La Lyre d’airain, ouvrage couronné par l’Académie française (1883). […] [Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-1888).]

876. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pommier, Amédée (1804-1877) »

Amédée Pommier, un talent très distinct et très particulier entre tous, dans cette époque qui ne sait pas rire et où les plus grands poètes, Victor Hugo, de Vigny, Lamartine, Auguste Barbier, sont si tristes ou du moins si graves, qu’ils semblent avoir changé le génie français. […] Classique, il se fit plus calme, dirigea correctement le Journal des arts agricoles, exécuta d’honnêtes traductions pour la collection Panckouke, professa un cours de littérature très sage à l’Athénée ; et, d’une inspiration régulière et rangée, concourut, sans tapage, aux prix de vers ou de prose proposés par l’Académie française.

877. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Soulié, Frédéric (1800-1847) »

Soulié, Frédéric (1800-1847) [Bibliographie] Les Amours françaises (1824). […] Michaud Frédéric Soulié avait consacré ses loisirs à la composition de quelques essais poétiques qu’il publia à Paris sous le titre d’Amours françaises.

878. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Avis du traducteur » pp. -

Rendre sensible cette unité, telle devait être la pensée de celui qui au bout d’un siècle venait offrir à un public français un livre si éloigné par la singularité de sa forme des idées de ses contemporains. […] Si cette première traduction française de la Science nouvelle, résolvait d’une manière satisfaisante les nombreuses difficultés que présente l’original, elle le devrait en grande partie au zèle infatigable de son amitié.

879. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

Mais les flibustiers cosmopolites, les Danois, les Bretons, les Français, les Portugais, les Espagnols, y ont mis le pied bien avant eux ; témoin la Louisiane, les deux Canadas, les Français, les Anglais, l’immense colonie britannique, dont ils sont eux-mêmes le résidu. […] C’est que cette pensée de prendre position contre les États-Unis au Mexique ne devait pas être exclusivement française, mais européenne ; il fallait se consulter, se concerter, s’entendre franchement avant d’agir ; on ne l’a pas fait. […] Mes aïeux étaient Français et protestants. […] Je lui adressai la parole en français, idiome dont la plupart des Indiens de ces contrées savent au moins quelques mots. […] L’Indien, d’un geste éloquent, désigna les deux fils de la mégère, et s’écria en mauvais français à peine intelligible : — Eux vouloir tuer celui-là, l’homme blanc, et moi, l’homme rouge.

880. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Le Français porte mal le mensonge. […] Péladan et que je blâme de toutes les forces de mon respect pour la langue française. […] Il n’est pas un seul Français qui ne prit joyeusement part à ces deux anniversaires. […] Il étudie aussi bien les artistes étrangers que les nôtres, leurs auteurs aussi bien que les auteurs français. […] Le duc d’Orléans était soldat, soldat français dans l’âme.

881. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Lundi 24 avril 1854 Chaque fois qu’il meurt un membre de l’Académie française, on fait son éloge ; je voudrais faire aujourd’hui l’éloge d’un académicien qui ne l’a pas été, mais qui aurait dû l’être. « Vous faites, mon cher ami, l’arrière-garde de la belle littérature française, et il faut que vous ayez été aussi paresseux de corps que peu paresseux d’esprit pour n’avoir pas été de l’Académie. […] Recette à part, M. de Meilhan, très bon observateur de la société à cette date, ne croyait pas du tout, comme on l’a professé depuis, que la Révolution française, dans les termes où elle a éclaté, fût inévitable. […] Il est le moraliste qui nous a le mieux décrit et présenté le Français de son temps, le Français déjà formé avant 89 et ne pouvant que souffrir et perdre après cette date, qui sépare deux régimes par un abîme.

882. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

Chez lui, la gaieté, l’observation fine, une sensualité spirituelle, la malice et la bonne humeur, — ce qui faisait le fonds de cette nature française, — ont triomphé. […] La Harpe a eu bien des querelles fâcheuses, il a eu des ridicules : il n’a pas fait de choses basses ; il est honnête, il est respectable, et le petit homme, quand il a parlé de ce qu’il savait, a été un maître. — Notre lignée, à nous critiques français, c’est Bayle, Despréaux ; au besoin j’y mettrais cent fois La Harpe plutôt que Fréron : celui-ci jamais. […] Selon moi, il n’a pas tiré un parti assez sérieux de Linguet et de ses nombreux écrits ; Linguet le paradoxal, si éloquent lorsqu’il a raison ; celui de qui Voltaire écrivait dans une lettre à Condorcet (24 novembre 1774) : « Si ce Linguet a d’ailleurs de très-grands torts, il faut avouer aussi qu’il a fait quelques bons ouvrages et quelques belles actions » ; celui dont Mme Roland, qui l’avait vu à Londres en 1784, a parlé comme d’un homme « doux, spirituel, aimable », corrigeant dans sa personne et dans sa conversation ce que sa plume pouvait avoir d’âpre et d’amer, et en particulier (chose rare chez un exilé) ne s’exprimant sur la France et les Français qu’avec circonspection, réserve et modestie17. […] Monselet a une qualité précieuse : il est dans la veine française, mot dont on abuse et qui est vrai pour lui. […] Voir page 55 des Lettres écrites pendant la Révolution française, par J.

883. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Le génie des Romains, comme celui des Français au XVIIe et au XVIIIe siècle, avait un caractère positif qui se prêtait mieux à la politique, à l’histoire, à la philosophie, qu’à la poésie lyrique ou épique. […] Un voyageur, qui est allé récemment aux confins de la Norwége la plus reculée, rapporte que, pour ces bons paysans, France et Napoléon ne font qu’un ; ils demandent à tout Français, quel que soit son âge, s’il a servi sous Napoléon ; s’il est vrai que les Anglais l’ont tenu prisonnier dans des souterrains et des cavernes assez pareilles à celles dont il est question dans l’Edda : s’il est vrai enfin que tous ses lieutenants eussent rang de roi. […] Le poëte n’a pas inventé, comme on l’a dit, des rhythmes nouveaux ; il n’a imprimé à la versification française aucune modification technique, comme l’ont fait Ronsard, Malherbe, et de nos jours M. […] Je vois en lui un neveu errant et quelque peu sauvage de Corneille et de Schiller, de ce dernier surtout, un élève lyrique de Gœrres, qui, pour nous Français, a sans doute trop vécu sur le Rhin, sous les balcons de Heidelberg, et qui n’a pas assez cuvé parmi nous cette première ébriété poétique, laquelle vaut mieux pourtant qu’une clarification trop glacée. […] Toutefois, Français de la tradition grecque et latine rajeunie, mais non brisée, ami surtout de la culture polie, studieuse, élaborée et perfectionnée, de la poésie des siècles d’Auguste, et, à leur défaut, des époques de Renaissance, le lendemain matin qui suit le jour de cette lecture, je reprends (tombant dans l’excès contraire sans doute) une ode latine en vers saphiques de Gray à son ami West, une dissertation d’Andrieux sur quelques points de la diction de Corneille, voire même les remarques grammaticales de d’Olivet sur Racine ; et aussi je me mets à goûter à loisir, et à retourner en tous sens, au plus pur rayon de l’aurore. le plus cristallin des sonnets de Pétrarque.

884. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Il n’avait pas seulement ce qu’on peut appeler la dureté de l’âme générale et l’inhumanité, défaut commun chez les écrivains et les personnages célèbres de son temps, seul défaut saillant d’un siècle où bien décidément le caractère et l’esprit français ont atteint leur point de perfection et d’équilibre. […] C’est là une de ses idées les plus personnelles et les plus chères, une de celles qu’il a le plus souvent développées, et dès janvier 1858, dans le plus long chapitre de ses Essais sur l’histoire de la littérature française. […] C’est d’abord une passion très vive, à la fois sincère et étudiée, pour certaines formes particulièrement élégantes de l’esprit français et pour les périodes où cet esprit a montré le plus de finesse et de grâce et aussi le plus de générosité. […] Après cela, je ne vois pas pourquoi tel morceau de Regnard, de Marivaux, de Piron, ne serait point de la poésie aussi bien qu’une scène de Shakespeare, un chant de Dante ou une ode de Victor Hugo ; et pour ceux qui la goûtent par-dessus tout, cette poésie proprement française est, en effet, la meilleure. […] Essais sur l’histoire de la littérature française (1 vol. 

885. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

. — De la société française au dix-septième siècle. — § II. […] Des temps où fleurissent les moralistes — De la société française au dix-septième siècle. […] Vers les deux tiers du dix-septième siècle, la société française en était arrivée là. […] La société française connaissait toutes choses ; elle commençait à jouir d’elle-même sous un gouvernement qu’elle croyait dans l’ordre de Dieu, et sous un prince digne de ce gouvernement. […] L’un est un grand seigneur, de ceux qui avaient pu croire que l’autorité royale usurpait sur la leur ; l’autre, sans naissance, appartient à cette classe moyenne qui devait donner à la littérature française ses plus grands noms.

886. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Couronnée à l’âge de neuf mois, déjà disputée en mariage par les partis anglais et français, qui cherchaient à prévaloir en Écosse, elle fut bientôt, par l’influence de sa mère Marie de Guise, sœur des illustres Guises, accordée au dauphin de France, fils de Henri II. […] Elle y vécut en tout comme une princesse française. […] Elle s’y accoutuma au sein de la cour la plus polie, la plus savante, la plus galante d’alors, y brillant en sa fleur naissante comme l’une des plus rares merveilles et des plus admirées, sachant la musique et tous les arts ( divinae Palladis artes ), apprenant les langues de l’Antiquité, soutenant des thèses en latin, commandant des rhétoriques en français, jouissant de l’entretien de ses poètes et leur faisant rivalité avec sa propre poésie. […] Avec cela un esprit léger, gracieux, enjoué, la raillerie française, une âme vive et capable de passion, ouverte au désir, un cœur qui ne savait pas reculer quand l’animait la fantaisie ou la flamme, on entrevoit l’enchantement : telle était la reine aventureuse et poétique qui s’arrachait à la France en pleurant, et que des oncles politiques envoyaient pour ressaisir l’autorité au milieu de la plus rude et de la plus sauvage des Frondes. […] « Porte ces nouvelles, disait-elle au vieux Melvil au moment de mourir, que je meurs ferme en ma religion, vraie catholique, vraie Écossaise, vraie Française.

887. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Je crois, dit-elle, d’après cette réflexion, qu’il ne faut pas qu’une Française voyage. […] Par quel hasard, ou par quelle influence, les Français ont-ils donc tant d’avantages sur les autres nations ? […] Etymologie : ne pourroit-on pas substituer un mot français à la place de celui-là ! […] … La langue française eut besoin d’être enrichie de mots nouveaux. […] Nous avons la matiere, & l’industrie ne manque fûrement point aux Français.

888. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Est-ce le moment de mal parler des Français, quand les flammes de Moscou menacent Paris ? […] Vous n’êtes pas Français, Benjamin !  […] Une collection des « grands écrivains français » qui l’accueille, compromet son titre. […] Il écrira un peu plus tard dans la Lettre à Cuvillier-Fleury : « Français ayant à parler surtout à des Français, pour commencer, j’avais à savoir ce que des âmes françaises donnent dans leurs combinaisons avec leurs lois et leurs mœurs particulières. […] Les Grands écrivains français, 1 vol. in-16º; Hachette.

889. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gilkin, Iwan (1858-1924) »

Georges Barral Le plus brillant, le plus puissant des poètes contemporains de langue française. […] Tout le livre célèbre, dans la forme la plus ravissante, les pensées d’amour et de joie, rimées en français sur le mode anacréontique.

890. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

C’est là l’esprit français. […] Je ne le crois pas, et je considère ces horreurs comme une grâce spéciale attribuée à la race française. […] Il obéissait évidemment à cette humeur française qui craint surtout d’être dupe, et qu’a si cruellement raillée l’écrivain français qui en était le plus singulièrement obsédé. […] Les victoires françaises engendrent sans cesse un grand nombre de peintures militaires. […] M. Français nous montre un arbre, un arbre antique, énorme il est vrai, et il nous dit : voilà un paysage.

891. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

La poésie française au xvie  siècle est un des champs qui ont été le plus fouillés et retournés en tous sens depuis trente-cinq ans, et il s’y produit chaque jour de petites découvertes nouvelles. […] Elle apprit le latin dès l’enfance ; elle savait l’italien et l’espagnol aussi bien que le français, et jouait du luth. A seize ans, elle fit des siennes et prit son essor : « elle quitta la maison paternelle et suivit une compagnie de soldats qui passait par Lyon, allant rejoindre l’armée française que François 1er envoyait en Roussillon, sous le commandement du Dauphin, pour mettre le siège devant Perpignan. […] accoutrement de tête mieux séant, quand elles s’accoutreront à l’espagnole, à la française, à l’allemande, à l’italienne, à la grecque ? […] — Je ne voulais arriver, en parcourant l’élégant et ingénieux dialogue, qu’à la citation de ces charmants passages qui prouvent, une fois de plus, l’avance marquée qu’eut presque de tout temps la prose française sur la poésie.

892. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Elle fut coiffée à la française, on lui mit du rouge, comme si le rose de ses joues fraîches ne suffisait pas. […] On dit qu’elle n’est point grande, que son nez est fort mal, et que, quoiqu’elle entende fort bien le français, elle le parle mal et avec peine. […] On dit à la dauphine que la première, Madame Henriette, était assez sérieuse, et que Madame Adélaïde était fort gaie ; elle répondit : « Je prendrai donc conseil de Madame Henriette, et je me divertirai avec Madame Adélaïde. » Un tel mot, malgré les quelques incorrections de langage qui lui échappaient, la naturalisa Française du premier jour. […] Et ici je rencontre un témoin brave, spirituel, galant et brillant, au propos bien français, mais un peu avantageux, ce me semble, le marquis de Valfons dont on a publié depuis quelques années les Souvenirs. […] Il dut céder à l’exigence française ; sa bonne étoile ne lui fit pas défaut ; il fut heureux ; son lieutenant Lœwendal mena à bien cette entreprise réputée impossible et fort inutile de Berg-op-Zoom qui n’était que pour l’honneur et pour la montre : le succès de Lawfeld, dès cette campagne, put sembler couronné d’un résultat.

893. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

La situation de Jomini dans l’armée française ayant presque toujours été jalousée, et plus d’une fois remise, en question, il n’est pas inutile d’entrer ici dans une explication qui a son importance. […] Les aides de camp ne s’en plaignaient pas ; ils se trouvaient plus à leur aise en vivant ensemble, et se livraient sans contrainte à la gaieté qui caractérise la jeunesse, la jeunesse française, la jeunesse militaire. […] Après la conquête de la Prusse, Napoléon avait deux partis à prendre : ou bien s’allier en Prusse avec le parti français, s’y appuyer, bien traiter cette puissance, la relever, la désintéresser pour l’avenir ; ou bien la pousser à bout, l’abaisser sans pitié, poursuivre la guerre contre les Russes et contre les débris de l’armée prussienne en relevant la Pologne. […] Mais le Français, dira-t-on, où était-il ? […] Ce devait être aux Français de se retirer si Ney n’arrivait pas.

894. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

La plus douce occupation du guerrier philosophe, au milieu de cette inaction prolongée qui le dévorait, était de s’entretenir avec le jeune Victor, de le prendre sur ses genoux, de lui lire Polybe en français, s’appesantissant à plaisir sur les ruses et les machines de guerre, de lui faire expliquer Tacite en latin ; car l’intelligence robuste de l’enfant mordait déjà à cette forte nourriture. […] Cette même année, il avait envoyé de sa pension, au concours de l’Académie française, une pièce de vers sur les Avantages de l’Étude, qui obtint une mention. […] L’Académie des Jeux floraux, en couronnant ces odes, éprouva plus d’étonnement encore que l’Académie française n’en avait eu précédemment, et M. […] Voilà jusqu’à ce jour les principaux faits de cette vie du poëte ; il nous reste seulement à en caractériser plus en détail deux portions qui se mêlent intimement à la chronique fugitive de notre poésie contemporaine : ce sont les deux périodes que j’appellerai de la Muse française et du Cénacle. […] Il s’agissait seulement de rallier quelques âmes perdues qui ignoraient cette chartreuse, de nourrir quelques absents qui la regrettaient, et la Muse française servit en partie à cela.

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