Armand Silvestre La chanson trouva dans Nadaud un défenseur qui eut, pour cette noble tâche, tout le talent et tout l’esprit nécessaire, plus une foi robuste en un genre dont aucune des délicatesses ne lui échappa.
Quels sont vos droits, Tircis, pour engager ma foi ?
Le futur dira comme l’Église saura glorifier sa propre vitalité ou témoignera de sa mort, en laissant le poète très pur, qui ne peut être effacé déjà dans le très pieux lévite, authentiquer sa foi par l’art inoublié, ou en éteignant l’art et l’artiste.
Nous dirons seulement qu’un Petit-Maître incrédule lui proposa un jour de disputer avec lui, & qu’il s’en défendit, en disant qu’il avoit toujours évité les disputes sur les points essentiels de la Foi.
Si leur foi s’affaiblit, c’est alors la passion qui se justifie elle-même, qui devient Dieu. […] Foi profonde au début. […] C’est ainsi que l’ingénuité de sa foi jette l’auteur à des témérités que je suis loin de lui reprocher. […] Sartiaux — pour mettre d’accord la raison et la foi, Aristote et saint Augustin. […] Reconnaissons qu’elle est également dangereuse pour la foi.
Est-elle loi d’état ou de police, règle de foi ou loi & décision de l’église ? […] Quelques évêques se sont encore déclarés pour règle de foi ; mais l’archevêque de Sens, M. […] Le parlement ne vouloit point qu’on la qualifiât règle de foi. […] On fut plus de six semaines pour arranger une profession de foi. […] Attaché très-fortement à la foi, mais en garde contre l’erreur, il ne put s’empêcher de faire les réflexions que j’ai marquées.
La preuve que cette foi a disparu, c’est qu’une autre existe. […] La foi, éternelle dans l’humanité, s’est déplacée. […] Ils sont rationalistes inconséquents et croyants vagues, parfois rationalistes sans logique et croyants sans foi. […] Tous les hommes ont cru cet acte de foi nécessaire et l’ont religieusement accompli. […] On sait ce qui est arrivé à Pascal pour avoir eu, d’abord le malheur de démontrer sa foi par tout un système d’agnosticisme qui semble parfois risquer d’emporter la foi elle-même, ensuite cet autre accident de n’avoir pas achevé son livre.
Mais quand l’amitié et les sentiments de la nature seraient sans exigence, quand la religion serait sans fanatisme, on ne pourrait pas encore ranger de telles affections dans la classe des ressources qu’on trouve en soi ; car ces sentiments modifiés rendent cependant encore dépendant du hasard : si vous êtes séparé de l’ami qui vous est cher, si les parents, les enfants, l’époux que le sort vous a donné, ne sont pas dignes de votre amour, le bonheur que ces liens peuvent promettre, n’est plus en votre puissance ; et quant à la religion, ce qui fait la base de ses jouissances, l’intensité de la foi, est un don absolument indépendant de nous ; sans cette ferme croyance, on doit encore reconnaître l’utilité des idées religieuses, mais il n’est au pouvoir de qui que ce soit de s’en donner le bonheur.
. — …… Jean Lombard avait gardé de son origine prolétaire, affinée par un prodigieux labeur intellectuel, par un âpre désir de savoir, par de tourmentantes facultés de sentir ; il avait gardé la foi carrée du peuple, son enthousiasme robuste, son entêtement brutal, sa certitude simpliste en l’avenir des bienfaisantes justices.
C’est bien l’âme armoricaine, avec l’inspiration de ses légendes et de sa foi, qui anime les chants de son biniou rustique.
Ses Traités de la Priere publique, des Devoirs d’un Evêque, des Principes de la Foi, les Caracteres de la Charité, l’Ouvrage des six Jours, dont la Préface est de l’Abbé d’Alfeld, le Recueil de ses Lettres, annoncent par-tout l’amour de la vertu, un zele sincere pour la Religion, & une grande facilité pour écrire.
C’est là ce qui m’a donné cet air de philosophie, qu’on dit que je conserve encore, car je devins stoïcien de la meilleure foi du monde, mais stoïcien à lier ; j’aurais voulu qu’il m’arrivât quelque infortune remarquable, pour déchirer mes entrailles, comme ce fou de Caton, qui fut si fidèle à sa secte. […] Il me semble qu’en rapprochant tout ce qu’on trouve de passages religieux dans ses écrits, de pour et de contre, on n’arrivera qu’à composer une velléité, une inquiétude chrétienne (elle a dû exister à certains moments), non une crise proprement dite, « Ce ne sont que des accidents de foi, m’écrit M. […] Certes je ne méprise point Saint-Just, ni son talent remarquable, ni cette puissance de fanatisme qui suppose un caractère énergiquement trempé; mais on s’est trop accoutumé de nos jours, sur la foi d’historiens qui énervent et romantisent l’histoire, à traiter ces hommes de terreur et de haine, comme des semblables, comme des humains, à les faire rentrer dans le cercle des comparaisons ordinaires, presque familières, et je repousse pour Vauvenargues tout rapprochement avec le jeune et beau monstre.
Une grande préoccupation était au cœur de Mme de Guérin : c’était, en même temps qu’elle recueillerait les restes poétiques de son frère, de donner quelques explications sur l’état moral de son âme, et de le revendiquer pour cette foi chrétienne et catholique dans laquelle il avait été nourri, dans laquelle il était rentré et il était mort. […] Mlle Eugénie de Guérin, et, depuis sa mort, les autres membres de la famille, ont tenu à établir la distinction qui est à faire entre la foi de Maurice de Guérin et toutes les apparences contraires qui semblent résulter du fond même de son talent. […] Son voyage de Paris fut un grand événement dans sa vie : elle dut, selon son expression, y être fréquemment tentée ; son intelligence si ouverte put y donner plus d’un secret assaut à sa foi ou du moins à son cœur.
Un autre motif qui l’avait fait différer jusque-là, quoique cette idée de renonciation fût déjà très ancienne chez lui, c’était que, s’il avait abdiqué un peu plus tôt, et vers le temps de sa fuite d’Inspruck, il eût quitté la partie sur des revers, qu’il eût donné gain de cause aux ennemis de la foi catholique et eût paru céder au découragement moral, quand il ne se rendait qu’à la fatigue. […] Bien que de sa personne, selon la remarque de Brantôme, il se fût mis un peu tard de la danse de Mars, n’ayant guerroyé d’abord que par ses capitaines, il fit merveille dès qu’il y entra, et parut un chevalier intrépide, armé pour la défense de la Chrétienté et le maintien de la foi. […] L’inventaire qu’on a retrouvé en fait foi.
Il appartient à une époque troublée, sceptique, railleuse, nerveuse, qui se tortille dans les ridicules espérances des transformations et des métempsycoses il n’a pas la foi du grand poète catholique, qui lui donnait le calme auguste de la sécurité dans toutes les douleurs de la vie. […] Les Solitaires ont auprès d’eux des têtes de mort, quand ils dorment, Voici un Rancé, sans la foi, qui a coupé la tête à l’idole matérielle de sa vie ; qui, comme Caligula, a cherché dedans ce qu’il aimait, et qui crie du néant de tout, en la regardant ! […] Il est évident que le poète est au-dessus du poème (car par l’expression ce livre en est un), et que, contrairement à Dante, qui fut le poète de la foi candidate en harmonie avec des croyances-vérités, il est, lui, le poète de l’ironie retorse qui se moque de nous en voulant d’abord nous faire envie, pour, après, nous faire peur.
« Ne désespérons donc pas : et que celui qui a dans l’âme assez de foi et de courage pour rendre témoignage de sa foi devant les hommes, chante Dieu, même au milieu du silence général : il ne manquera pas, d’abord, d’âmes qui sentent avec lui, et, bientôt, de voix qui répondent à la sienne ! […] C’eût été plus loyal, et l’heure est-elle si favorable à notre foi qu’on hésite à se joindre à nos persécuteurs ? […] Jamais, peut-être, on n’en publia davantage, et, si l’on en publie tant, c’est bien, ma foi, parce que l’on en lit un peu ! […] Quelle est la cause de cette pénible rupture du poète avec la foi de ses pères et de sa jeunesse ? […] Ma foi !
À la vérité il est plus instruit que Commines, et néanmoins le vieux seigneur gaulois, avec l’Évangile, et sa foi dans les ermites, a laissé, tout ignorant qu’il était, des mémoires pleins d’enseignement.
Boileau trouvait fort bon que l’on vantât dans Chapelain, l’honneur, la foi, la probité. […] C’est pourtant sur cet anachronisme de Voltaire que se sont établis les principaux détracteurs de l’hôtel Rambouillet ; c’est sur la foi du poète, inexact chronologiste, que les biographies et les commentaires se sont à qui mieux épuisés en mépris sur l’hôtel Rambouillet.
… Lui qui n’était pas pédant comme Villemain ni tiré à quatre épingles comme un doctrinaire, lui qui s’est permis tant de jeux de mots dans son Don Juan, il dirait, ma foi ! […] Seule, la femme, forte en orthographe de l’école doctrinaire, pouvait, à propos du mouvement d’imagination généreuse par lequel lord Byron fut emporté vers la Grèce, écrire, sans se déferrer, dans un style d’institutrice anglaise qui a lu Wilberforce, que Byron n’avait ni la foi d’un croisé (merci de me l’apprendre), ni l’ignorante ardeur d’un jeune homme, MAIS le sentiment d’un PHILANTHROPE SAGE et ÉCLAIRÉ !
Ce républicain d’occasion n’avait et ne pouvait avoir ni de principe de gouvernement, ni de foi politique ; et c’est pour cela qu’il allait devant lui, acceptant sans honte et sans embarras les transitions successives des partis qui expliquent tout par le progrès, — commode excuse ! […] C’était un Janin politique avec plus de mordant, et, ma foi !
Le fantastique, qui n’est pas uniquement la sphère de la fantaisie et qu’on n’a jamais nettement défini, Hoffmann l’aborda sous la pression de Goethe, mais il l’aborda comme un être faible dont la tête tournait dans l’émotion, et qui n’avait ni la foi profonde au monde surnaturel que n’aurait pas manqué d’avoir un véritable homme de génie, ni la combinaison froide et comédienne qui produit la terreur, quitte à la déshonorer dans notre âme en montrant par quels moyens on peut la produire. Hoffmann resta toute sa vie dans l’entre-deux, entre cette foi au surnaturel sans laquelle il ne saurait y avoir de vrai fantastique, et cette comédie de terreur qu’Anne Radcliffe nous a jouée en maître.
L’auteur, qui commence par imiter Fontenelle, finit, ma foi ! […] Telle est la foi et l’espérance de M.
Flourens, — de cet homme qui aurait pu, ma foi ! […] Ils ont été attirants, amusants, attachants, quelquefois brillants, et on a pu se risquer un jour, sur la foi de leurs livres, aux sciences physiques ou naturelles sans avoir la vocation d’un héros, d’un martyr, d’un Lapeyrouse qui n’en reviendra pas et qui croit s’en aller bravement se faire manger par les sauvages !
Littéralement, tels sont les préceptes de ce traité de l’Hygiène de l’âme, qui n’est, de la première ligne jusqu’à la dernière, qu’un cercle vicieux, ou vertueux plutôt ; car ce fut, ma foi ! […] Caro et Delondre, l’a rajeunie, et c’est Henri Heine… Henri Heine a prétendu, ma foi !
Cette femme dont ils résument probablement la vie les avait divisés en plusieurs parties, sous ces noms expressifs amour, Famille, Foi, Enfants et Jeunes Filles, et Poésies diverses. […] On comprend que la division de ce livre soit la division de son âme, étendue d’abord de l’amour à la famille, pour de là monter à la foi et redescendre aux enfants et enfin s’éparpiller dans l’indifférence des pièces diverses.
C’est la foi niaise à une science qui n’est pas encore, mais qui se fait, — le têtard de la sublime grenouille future, — foi badaude de bedeau scientifique, plus crédule, à lui seul, que tous nos bedeaux catholiques, à nous !
La société est fondée sur la famille, qui repose elle-même sur la foi des contrats domestiques. […] La foi du chien est, comme celle de l’enfant, un fétichisme prononcé. […] Sa foi religieuse, ses convictions politiques, ses goûts littéraires le séparaient de Mérimée. […] Il en souffrait beaucoup, car elle contrariait la foi de son âme, la foi de sa vie. […] Ils remplacèrent la foi par la tendresse, et l’espérance par la bonté.