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445. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

Hugo, sans doute, fut désagréablement affecté quand Baudelaire lui présenta son bouquet des Fleurs du mal. […] — Après cela, je trouverais Hugo bien osé de ne pas faire relier les Fleurs du mal en cuir de Cordoue, gaufré et ornementé1. […] » Vous avez les cheveux taillés en brosse, — je me suis fait raser la tête à fleur de crâne ; Chaque matin, — dans votre parterre de Nice, — vous versez, du col de votre arrosoir vert, de fraîches ondées sur vos géraniums assoiffés ; — moi, qui n’ai pas de jardin, j’ai mis un arrosoir sur ma cheminée, en guise de pendule ; Portez-vous des pantalons collants ou des pantalons à la hussarde ?

446. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Les belles dames dont les robes à paniers, les collerettes de dentelles, les traînes de velours, les perruques poudrées se reflétaient, à la lumière des lustres, dans les glaces de la galerie de Versailles, pouvaient sourire des costumes de nos aïeules et aussi de nos grands-pères, de ces gros draps foulés, couleur de la terre et, comme elle, inusables, de ces jupons à mille plis et à rallonges, de ces corsets apparents ou de cette absence de corset, de ces bonnets de mousseline, qui ressemblaient souvent à des fleurs et qui avaient, comme elles, chacun son canton pour fleurir. […] Nos petites paysannes elles-mêmes ne se sont-elles pas imaginé d’orner leurs cheveux, bien tirés sur les tempes et lissés à l’eau claire, de fleurs artificielles montées sur des fils de laiton, de chapeaux à cinq ou dix francs, jardins affreux, macarons déplorables et d’un bon marché trompeur ! […] Je regrette les ailes blanches que le vent soulevait, les châteaux ajourés des Normandes, casques de la douce guerre, les capuchons rouges des Béarnaises, les mouchoirs multicolores noués sur la nuque des Provençales, les coquilles enroulées, les bandeaux transparents qui laissaient deviner la blancheur de leur front, et ces fleurs merveilleuses, marguerites, cyclamens, digitales, pensées, qu’avaient imitées nos grand-mères inconnues quand elles inventaient la coiffe de leur bourg natal, poème féminin, l’un des plus exquis et des plus profonds qui soient sortis du génie anonyme de la foule.

447. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Delair, Paul (1842-1894) »

André Lemoyne Le second volume de Paul Delair, les Contes d’à présent, est une œuvre sérieuse de maturité, où les fruits ont tenu la promesse des fleurs.

448. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Plessis, Frédéric (1851-1942) »

Ils y embrasseront la plus heureuse partie d’une vie, la fleur de quinze années d’études, de rêves et d’amour.

449. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vandeputte, Henri (1877-1952) »

Les oiseaux, les fleurs, les parfums, les aveux d’amour naïfs et tendres, tout y murmure, tout y ronronne des ritournelles qui nous captivent par leur joliesse vague et rêveuse, par leur charme délicat et juvénile.

450. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Nous n’avons que faire de fleurs non désirées. […] Nous n’avons que faire de fleurs non désirées. Et d’ailleurs, il n’est de fleur que désirée qui désire. […] Bien ne reste enfin, comme le parfum de la fée évanouie, que ce sourire de Shakespeare, sourire d’une adorable mélancolie, qui est la sienne, bien à lui, la racine de et sa fleur la plus rare : J’ai ma mélancolie à moi, faite de toute sorte de simples et où tout entre. […] Et la fleur du drame, au-dessus de la forêt pleine de monstres, s’épanouit enfin dans le pur séjour d’émotions tendres.

451. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Denne-Baron, Pierre-Jacques-René (1780-1854) »

— Les Fleurs poétiques (1825). — Traduction en prose d’Anacréon (1841). — Traduction en vers du Corsaire de Byron (1841).

452. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la révolution française — I. La Convention après le 9 thermidor. »

Certes il lui convenait mieux qu’à personne, à lui qui avait si bien prouvé les immenses services de la Montagne, de saluer d’un regret et d’une larme les hommes de ce parti, qui, à la fleur de l’âge et du talent, étrangers aux crimes et aux faveurs de la dictature, et coupables seulement d’exaltation républicaine, étaient proscrits au nom de la modération comme des brigands, et mouraient comme des martyrs en désespérant de la liberté. […] Rien n’était plus juste : des victimes aussi illustres, quoiqu’elles eussent compromis leur pays, méritaient des hommages ; mais il suffisait de jeter des fleurs sur leur tombe ; il n’y fallait pas du sang.

453. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VIII »

Albalat, en ce qui concerne Fénelon, a cette fois le dernier mot, car, s’il est exact, comme l’a dit M. de Gourmont, que Télémaque fut une réaction salutaire contre la carnavalesque antiquité des romans galants de la Fronde, et si l’on ne peut nier que plus tard l’archevêque de Cambrai fit ses preuves d’écrivain, par contre, les corrections de son manuscrit trahissent une recherche vraiment dépravée des lieux communs les plus stériles et des plus pitoyables fleurs de rhétorique. […] En disant par exemple : « Ce vieillard noble et majestueux, son teint frais et vermeil, … sa démarche douce et légère, les prés fleuris, ses fougueux désirs, la sombre demeure de Pluton, … les mains glacées de la mort », etc., Fénelon aurait expressément voulu signifier ceci : Ce vieillard était noble et majestueux et non pas sordide et vulgaire ; ce teint était frais et vermeil, et non pas fané et pâle ; la demeure de Pluton est sombre, et non pas claire ; sa démarche est douce et légère, et non pas insolente et lourde, Quand il dit : « Ce secret s’échappa du fond de son cœur », ce serait pour donner plus de force que s’il eût dit : « Ce secret s’échappa de son cœur », Quand il remplace « troupeaux » par « tendres agneaux », c’est pour mieux accentuer l’innocence des victimes ; quand il dit : « Comme un serpent sous les fleurs », c’est pour peindre l’astuce et le danger, et lorsqu’il répète six fois par page (voir nos citations) le mot doux, c’est probablement encore pour souligner l’idée de douceur.‌

454. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IV. Mme Émile de Girardin »

Pourquoi, dans cette fleur de la mode, si vite effeuillée, ne ferait-on pas voir quelques-unes des mœurs qui doivent lui survivre ? […] Elle rend compte du carnaval de je ne sais plus quelle année : « Il n’y avait de curieux que le bœuf gras, dit-elle ; il était fleur de pêcher.

455. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre X. Mme A. Craven »

Fleurange est l’ange ou la fleur d’une famille allemande, dans le genre de celles d’Auguste La Fontaine, et dont ce roman est l’histoire. […] C’est la même turlutaine d’événements que dans les dames de cette époque : ce sont des fleurs jetées, par les fenêtres, à de beaux cavaliers, — des bals masqués, — la poésie des femmes qui n’y vont pas et des dramaturges qui y vont trop — des bals masqués où l’épouse masquée est prise pour la maîtresse par le mari infidèle et qui découvre ainsi la catastrophe !

456. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Ch.-L. Livet »

Tout périssait sous cette vapeur de la serre chaude de Rambouillet, sous cette asphyxie de madrigaux et de bel esprit, sans cette charmante La Fayette, que toutes leurs mignardises n’avaient pu étioler et qui un jour balaya toutes leurs fausses fleurs avec un bouquet de fleurs vraies (la Princesse de Clèves).

457. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Musset »

Musset sur Musset, comme fleurs sur fleurs pour Ophélie.

458. (1893) Alfred de Musset

Ô fleurs des nuits d’été, magnifique nature ! […] comme les fleurs des prairies s’entr’ouvrent ! […] Vous cultiviez des fleurs, ma chambre en était pleine. […] Pourquoi as-tu semé dans ma pauvre pensée tant de fleurs étranges et mystérieuses ?  […] que faites-vous là à cueillir ces fleurs ?

459. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Cet extérieur était un des plus séduisants qu’on pût rencontrer dans les salons de l’Europe : une taille svelte, le buste en avant, comme le cœur, attribut des races militaires, un mouvement d’encolure de cheval arabe dans le port de la tête, des cheveux blonds à belles volutes de soie sur les tempes, des yeux grands, bleus et clairs, qui n’auraient pas pu cacher une mauvaise pensée, l’ovale et le teint d’une éternelle jeunesse, un sourire où le cœur nageait sur les lèvres, un geste accueillant, une parole franche, l’âme à fleur de peau ; seulement une certaine légèreté de physionomie, une certaine distraction d’attitude et de discours interrompus qui n’indiquaient pas une profondeur et une puissance de réflexion égale à la grâce de l’homme. […] De plus, madame Récamier était royaliste par sa famille et républicaine par le temps où elle était en fleur, au milieu d’une société républicaine. […] Il cherchait aventure dans les événements et dans les partis ; véritable condottiere de la parole, conspirant, dit-on, peu d’années auparavant avec le duc de Brunswick contre la révolution française, conspirant maintenant avec quelques femmes la chute de Bonaparte, bientôt après fanatique à froid de la restauration de 1814, puis sonnant le tocsin de la résistance à Napoléon au 20 mars 1815 dans une diatribe de Caton contre César, huit jours après se ralliant sans mémoire et sans respect de lui-même à ce même Napoléon pour une place de conseiller d’État, prompt à une nouvelle défection après Waterloo, intriguant avec les étrangers et les Bourbons vainqueurs pour mériter une amnistie et reconquérir une importance ; échappé du despotisme des Cent-Jours, reprenant avec une triple audace le rôle de publiciste libéral et d’orateur factieux dans la ligue des bonapartistes et des républicains sous la monarchie parlementaire, poussant cette opposition folle jusqu’à la haine des princes légitimes sans cesser de caresser leurs courtisans, tout en fomentant contre eux l’ambition d’une dynastie en réserve, prête à hériter des désastres du trône légitime ; caressant et caressé après les journées de Juillet par le nouveau roi, recevant de lui le subside de ses nécessités et de ses désordres ; puis, honteux de l’avoir reçu, ne pouvant plus concilier sa dépendance du trône avec sa popularité républicaine, réduit ainsi ou à mentir ou à se taire, et mourant enfin d’embarras dans une impasse à la fleur de son talent : tel était cet homme équivoque, nourri dans le sein de quelques femmes politiques du temps. […] La reine, plus ferme, quoique peut-être non moins émue, et craignant que le trouble de Joachim ne fût aperçu, alla elle-même lui préparer un verre d’eau et de fleur d’oranger, en le priant de se calmer. […] Sur les fenêtres étaient des pots de fleurs.

460. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Leur composition un peu banale était pleine des images, des Bucoliques, des ruisseaux, des troupeaux, des oiseaux, des bergers assis sous des hêtres et jouant des airs champêtres sur leurs chalumeaux, des prairies émaillées de fleurs sur lesquelles voltigeaient des nuées d’abeilles et de papillons. […] J’avais été élevé à la campagne, dans l’âpre contrée que je viens de décrire ; je n’avais vu, autour de la maison rustique et nue de mon père, ni les orangers à pommes d’or semant leurs fleurs odorantes sous mes pas, ni les clairs ruisseaux sortant à gros bouillon de l’ombre des forêts de hêtres, pour aller épandre leur écume laiteuse sur les pentes fleuries des vallons, ni les gras troupeaux de génisses lombardes, enfonçant jusqu’aux jarrets leurs flancs d’or ou d’albâtre dans l’épaisseur des herbes, ni les abeilles de l’Hymète bourdonnant parmi les citises jaunes et les lauriers roses. […] On les voit ensuite se répandre dans leurs petits jardins bordés de sureaux, dont la fleur ressemble à la neige qui n’a pas encore été touchée du soleil ; elles y cueillent des giroflées qu’elles attachent par une épingle à leurs manches, pour les respirer tout le jour en travaillant. […] Elle ne brille pas glaciale comme pendant l’hiver sur le givre des prés ; elle chauffe la terre, et elle essuie la rosée qui fume en s’élevant des brins d’herbe et du calice des fleurs dans les jardins. […] On chuchotait, sans le dire tout haut, qu’il avait été employé par la diplomatie secrète de Louis XV dans le nord de l’Europe ; qu’il avait vécu longtemps à Berlin et à Pétersbourg dans l’intimité confidentielle de Catherine II et du grand Frédéric ; qu’il avait été lié avec les politiques, les philosophes, les écrivains de cette dernière cour, et qu’il avait puisé là cette universalité de connaissances, cette fleur d’élocution et cette élégance exquise de manières dont il faisait preuve quand il revenait dans le monde.

461. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Les fleurs s’ouvrent sous la fenêtre, amoureusement. […] Tout naturellement le parfum des fleurs s’évapore pour lui en « encens ». […] Ils ont cru en Dieu dans leur jeunesse, mais à fleur d’esprit. […] Et une fleur de songe a grandi, mystérieuse comme cet Océan, triste comme ces landes, solitaire comme ces rochers. […] Les fleurs délicates ne grandissent pas sous les coups du vent et au soleil capricieux de la grand’route.

462. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Foulon de Vaulx, André (1873-1951) »

Il s’est fait, pour parler ainsi et pour user d’une expression du moyen âge, un joli chapel de fleurs, composé des mêmes guirlandes et où brillent les mêmes couleurs.

463. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Frémine, Charles (1841-1906) »

Par moments, il semble qu’on se promène sous des pommiers en fleurs et qu’une brise tiède fait pleuvoir sur nous ce que Victor Hugo a si admirablement appelé « la neige odorante du printemps ».

464. (1763) Salon de 1763 « Peintures — La Tour » p. 223

Ces deux pastels représentent l’Innocence sous la figure d’une jeune fille qui caresse un agneau, et le Plaisir sous la figure d’un jeune garçon enlacé de soie, couronné de fleurs et la tête entourée de l’arc-en-ciel.

465. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 362-361

Le miel que cette abeille avoit tiré des fleurs, Pouvoit de sa piqûre adoucir les douleurs*.

466. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 214-216

Si dans la fleur de son bel âge, Fille qui pourroit tout charmer, Vous donne son cœur en partage, Qu’on est sot de ne pas aimer !

467. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Les fleurs sont mortes, une à une, en le vent rude. […] Étudier l’œuvre d’un Paul Fort, c’est avancer un peu plus loin encore dans la connaissance de cet état lyrique ; c’est, dans la prairie émaillée de fleurs, humer le parfum d’une fleur nouvelle. […] Elle s’ajoute à moi comme une récompense, quand je laisse mes sens errer de l’astre aux fleurs. […] Mais, dans son désir exaspéré de faire choir l’azur, la fleur sanctifiée s’est nuancée d’une lueur d’azur. […] Ô fleur royale, Gloire de siècles éternels !

468. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Girardin, Delphine de (1804-1855) »

Antoine de Latour Ses compositions, remarquables par la vivacité d’esprit et une rare finesse d’observation, se distinguent aussi par une fleur d’élégance et une convenance de style qu’il faut admirer.

469. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tellier, Jules (1863-1889) »

Si les minores de l’antiquité étaient perdus, la couronne de la Muse hellénique serait dépouillée de ses fleurs les plus fines.

470. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 200-202

Le silence régnoit sur la terre & sur l’onde, L’air devenoit serein, & l’olympe vermeil ; Et l’amoureux Zéphyr, affranchi du sommeil, Ressuscitoit les fleurs d’une haleine féconde.

471. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Bientôt paraissent des chants tristes sur la mort d’un jeune enfant, sur la fin d’une noble dame ; puis de graves et nobles vers sur le Temps, à propos d’une musique solennelle, sur sa vingt-troisième année, « printemps tardif qui n’a point encore montré de boutons ni de fleurs. » Enfin le voici à la campagne chez son père, et les attentes, les rêveries, les premiers enchantements de la jeunesse s’exhalent de son cœur, comme en un jour d’été un parfum matinal. […] … —  Souvent j’ai entendu ma mère Circé avec les trois sirènes — au milieu des naïades aux robes de fleurs, —  cueillant leurs herbes puissantes et leurs poisons mortels, —  emporter par leurs chants l’âme captive — dans le bienheureux Élysée ; Scylla pleurait, —  les vagues aboyantes se taisaient attentives, —  et la cruelle Charybde murmurait un doux applaudissement… —  Mais un ravissement si sacré et si profond, —  une telle volupté de bonheur sans ivresse, —  je ne l’ai jamais ressentie502. […] Tout s’effaçait devant le spectacle de la Renaissance riante, transformée par la philosophie austère, et du sublime adoré sur un autel de fleurs. […] » Elle fabrique du vin doux, du poiré, des crèmes, répand des fleurs et des feuilles sous la table. […] Les poëmes sacrés des Hindous, les prophéties de la Bible, l’Edda, l’Olympe d’Hésiode et d’Homère, les visions de Dante sont des fleurs rayonnantes où brille concentrée une civilisation entière, et toute émotion disparaît devant la sensation foudroyante par laquelle elles ont jailli du plus profond de notre cœur.

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