Et cette direction prenait un caractère d’éloquence persuasive et de grâce qui se répandait à distance, en raison d’une faculté particulière de diction qui était en lui. […] Enfin, pour choisir le dernier et, selon quelques-uns, le plus éminent entre ces mérites d’Anselme, je dirai qu’il joignait à ses qualités de moraliste et de praticien des âmes une faculté qui en est souvent séparée, l’élévation paisible et le tour contemplatif du métaphysicien qui s’applique aux conceptions premières des choses.
Ce qui est vrai, c’est que la notion abstraite et générale d’activité n’exprime point une faculté réelle et distincte de ses actes concrets, une entité métaphysique. Mais ce qui est en question, ce n’est pas l’existence d’une activité comme faculté, c’est l’existence de l’action même, de l’action réelle, de l’agir ; or, c’est cette action dont, nous avons perpétuellement conscience dans tous nos états, quoique nous ne puissions, encore une fois, nous la représenter, c’est-à-dire l’imaginer sous la forme passive d’une sensation affaiblie.
Au bout de quelques mois au contraire, les parties antérieures et supérieures se développent avec plus d’énergie que les autres parties, et alors commencent pour l’enfant l’attention, la réflexion, le langage, en un mot les facultés vraiment rationnelles. […] Comment deux cerveaux aussi semblables correspondent-ils à des facultés intellectuelles si inégales ?
Sans doute ces deux êtres ne sont pas séparés dans l’homme ; mais il est évident que les facultés qui appartiennent à l’être intelligent ont pris l’ascendant, pour la direction générale de la société, sur les facultés qui sont le partage exclusif de l’être moral.
C’est un livre intéressant comme s’il n’était pas amusant, et amusant comme s’il n’était pas de l’intérêt le plus raisonnable ; car l’auteur de ce livre sur Sterne cache sous son nom allemand (ou plutôt il ne le cache pas) l’esprit le plus français en raison précise, en droiture de jugement, en possession de sa faculté de critique devant l’imagination la plus dérangeante, la plus emportante et la plus ensorcelante. […] Cet homme, digne de porter le nom d’une femme, tant il en avait la tendresse (il s’appelait Lawrence, et, nous l’avons dit plus haut, il croyait que le nom influait sur la destinée), avait dans ses facultés ce que les Saints ont dans leurs vertus.
C’est que le cœur de l’humanité vibrait de sentiments nouveaux et qu’une faculté dangereuse, ennemie de l’obéissance et du respect, la raison, s’était peu à peu réveillée du sommeil où la descente d’un Dieu sur la terre l’avait plongée. […] En même temps il se reconnut maître d’une faculté dont le libre exercice lui avait été présenté comme criminel et sacrilège : la pensée.
Pour mieux juger, le savant fait taire sa sensibilité, son moi profond, et se concentre tout entier dans son moi réfléchi, dans ses facultés d’élaboration. […] De même en ce qui concerne les rapports de la théorie et de la pratique : certains tempéraments sont doués de facultés analytiques ; d’autres demeurent incapables d’objectiver en normes logiques leurs représentations. […] L’artiste, doué de cette précieuse faculté de contemplation analytique, a le devoir de publier, dans l’intérêt de tous ses confrères, le résultat de ses opérations. […] D’où ce désir de « tout sentir », cette joie de vie, ce besoin d’émotions multiples, ce perpétuel éveil des sens, cette faculté de s’exalter qui caractérise la poésie moderne. […] L’intuition lyrique réclame l’âme entière et ce n’est pas seulement une de nos facultés qui aspire, mais notre être complet.
Étant donné que toute œuvre d’art ne vaut que par l’émotion qu’elle produit, ce peintre désire exciter la sympathie de ses spectateurs par l’exactitude minutieuse et il faut le dire, magistrale, avec laquelle il reproduit ses types ; par leur choix généralement excellent et notable ; par leurs occupations et manières d’être parfaitement appropriées à leur extérieur ; en d’autres termes, par sa pénétration dans une série de caractères, d’âmes, de natures humaines ; et par sa faculté de nous les faire pénétrer, de nous les révéler.
Positivement, on ne sait rien, et, en attendant qu’on sache quelque chose, on insulte le mysticisme, on nie les faits de l’ordre surnaturel et on mutile la faculté de connaître !
Chacun de ces romans, sans révéler littéralement une manière inattendue, indique cependant une grande variété d’aperçus, une faculté puissante dans la création des caractères. […] Il n’a ni l’abnégation d’un saint, ni l’ardeur d’une bête fauve ; et en échappant à ce double écueil, il garde toute l’énergie et toute la grandeur de ses facultés. […] L’enthousiasme où l’âme s’est laissé emporter dans les premiers jours de l’engagement, a métamorphosé à son insu toutes ses facultés. […] Au jour du réveil, ils ont retrouvé ce qu’ils avaient dédaigné dans leur folie orgueilleuse, la faculté d’aimer. […] La solitude ne lui est pas bonne : au lieu de raffermir et de fortifier son esprit, elle égare ses facultés en les exaltant.
Partout ailleurs, la civilisation a rompu l’équilibre naturel des facultés ; elle a opprimé les unes pour exagérer les autres ; elle a sacrifié la vie présente à la vie future, l’homme à la divinité, l’individu à l’Etat ; elle a fait le fakir indien, le fonctionnaire égyptien ou chinois, le légiste et le garnisaire romains, le moine du moyen âge, le sujet, l’administré, le bourgeois des temps modernes. […] Ils ont eu la charmante liberté d’esprit, la surabondance de gaieté inventive, la gracieuse ivresse d’imagination qui poussent l’enfant à fabriquer et à manier incessamment de petits poëmes, sans autre but que de donner carrière aux facultés neuves et trop vives qui tout d’un coup s’éveillent en lui. […] Moins artificiel, moins spécial, moins éloigné de l’état primitif, le Grec agissait dans un cercle politique mieux proportionné aux facultés humaines, parmi des mœurs plus favorables à l’entretien des facultés animales : plus voisin de la vie naturelle, moins assujetti par la civilisation surajoutée, il était plus homme. […] Pour mesurer la puissance d’une pareille idée et la grandeur de la transformation qu’elle impose aux facultés et aux habitudes humaines, lisez tour à tour le grand poëme chrétien et le grand poëme païen, d’un côté la Divine comédie, de l’autre l’Odyssée et l’Iliade. […] Voyez les procédés logiques de Platon et d’Aristote, notamment les preuves de l’immortalité de l’âme dans le Phédon. — Dans toute cette philosophie, les facultés sont supérieures à l’œuvre.
Cette faculté électrique qui, lors de l’assassinat du duc d’Enghien, le porta instantanément à briser avec le gouvernement coupable, ne l’a pas abandonné encore ; elle est, chez lui, restée irrésistible et entière comme son génie. […] Cette faculté d’indignation honnête, ce sens d’énergie palpitante et involontaire que rien n’attiédit, et qui se fait jour, après des intervalles, à travers le factice des diverses positions, est une marque distinctive de certaines âmes valeureuses, et constitue une forte portion de leur moralité. […] En présence surtout de l’œuvre et de la vie de M. de Chateaubriand, j’ai senti combien il sied à la faculté puissante, au génie, d’enfanter de longues espérances, de se proposer de grands buts, d’épouser d’immenses causes.
. — Restauration de facultés perdues. — Apparition de facultés nouvelles. — Exemples. — Les aptitudes et facultés sont liées à l’état organique. — Possibilité de deux états organiques tranchés et périodiquement successifs dans le même individu. — Cas d’une dame américaine. — Deux vies et deux états moraux peuvent se rencontrer dans la même personne. — Exemples. — En quoi consiste la personne morale. — Deux personnes morales pourraient se succéder dans le même individu. — Ce qui fait la continuité d’une personne morale distincte, c’est la renaissance continue d’un même groupe d’images distinctes.
Je réponds à cela que sans doute je serais très-condamnable, si la nature avait accordé aux hommes la faculté de pouvoir s’occuper dans tous les instants des choses qui sont le plus véritablement dignes d’estime ; mais comme cette faculté n’a été donnée qu’à un petit nombre d’individus, et que ceux-là mêmes ne trouvent pas souvent dans le cours de leur vie l’occasion d’en faire usage, il me semble, en considérant l’imperfection de notre nature, que l’on doit accorder le plus d’estime aux occupations dans lesquelles il y a le moins à reprendre. — Si les raisons que j’ai apportées déjà ne paraissaient pas suffire à ma justification, ajoute-t-il ensuite, je n’ai plus qu’à me recommander à l’indulgence de mes lecteurs. […] « Ranime, ô mon esprit, tes facultés endormies ; chasse de tes yeux ce sommeil perfide qui leur dérobe la vérité ; réveille-toi enfin, et reconnais combien est vaine, inutile et trompeuse toute action qui n’est pas dirigée par une raison supérieure à nos désirs.
Notre littérature est comme l’image vivante de ce gouvernement de toutes les facultés par la raison. […] Là, la nature est à peu près maîtresse, et cet équilibre de toutes les facultés, que j’admire dans nos grands écrivains, y est à chaque instant rompu. […] Ce qui est pour la France comme une sorte de constitution écrite dans des grammaires et des vocabulaires officiels, consacrés et, si le temps n’avait pas tout relâché, défendus par des corps institués pour cet objet, est, chez les autres nations, une faculté individuelle qui n’est réglée que par le succès.
Quoi qu’il en soit, aucun membre de nos Facultés ne serait capable d’une telle œuvre ; ce ne sont que d’habiles empiriques ou des éclectiques instruits.
Cousin à la Faculté des Lettres ; le tome Ier vient de paraître ; il contient Plotin et sa théorie. « C'est moins, dit l’auteur dans sa préface, la reproduction de mon cours qu’un ouvrage sur le sujet qui a fait la matière de mon enseignement. » L'auteur y travaille depuis plusieurs années.
L’horizon recule devant soi à mesure que l’on avance ; on essaye de penser pour vaincre les sensations, et les pensées les multiplient ; enfin, l’on se persuade bientôt que ses facultés sont baissées, la dégradation de soi flétrit l’âme, sans rien ôter à l’énergie de la douleur ; il n’est point de situation dans laquelle on puisse se reposer, on veut fuir ce qu’on éprouve, et cet effort agite encore plus ; celui qui peut être mélancolique, qui peut se résigner à la peine, qui peut s’intéresser encore à lui-même, n’est pas malheureux.
Mais à force d’exercer son imagination on la dompte, et cette faculté renduë docile fait ce qu’on lui demande.
Nous sommes flattés que les grands hommes aient quelques-unes de nos facultés bourgeoises : nous voulons qu’ils aient de l’ordre, de la mesure, de la sobriété, qu’ils soient toujours à ce qu’ils font. […] Avec les mêmes facultés, avec la même portée d’esprit, ils auraient eu, dans d’autres temps, et plus de talent et du talent de meilleur aloi. […] Quand on lit les grands monuments de la littérature française, on est frappé de ce déploiement et de ce travail simultané de toutes les facultés de l’esprit. […] Ce n’est pas ce concours admirable de toutes les facultés qu’on admire dans les ouvrages, d’ailleurs si distingués, de M. […] Victor Hugo ne nous paraît pas avoir été doué naturellement de ces deux facultés si nécessaires à l’écrivain français, il en a érigé le mépris en système.
. — Autre chose est dire — ce qui est raisonnable — qu’on peut jusqu’à un certain point éduquer les sens de l’enfant ; autre chose est aller jusqu’à attribuer notre faculté perceptive et presque nos organes sensoriels eux-mêmes à un dressage social poursuivi pendant des siècles. […] Draghicesco que l’école crée la faculté d’attention, c’est méconnaître ce simple fait d’observation courante chez ceux qui ont la pratique de renseignement : l’énorme différence dans la puissance d’attention qu’on peut remarquer chez les enfants, différence qui a sans aucun doute sa racine dans l’organisation native, nerveuse et même musculaire de l’enfant. […] La tendance à regarder toutes les facultés intellectuelles comme apprises, comme acquises, comme suggérées par l’éducation relève toujours de la même erreur qui consiste à vouloir tout expliquer par la socialité et à ne faire aucune part aux différenciations congénitales de l’individu. […] Chez beaucoup, il est vrai, la faculté intuitive reste silencieuse, étouffée qu’elle est par les notions toutes faites mises en nous presque à notre insu par la société.
Les grandes calamités, en humiliant l’homme et en émoussant la pointe de ses vives et audacieuses facultés, deviennent par là un véritable danger pour le rationalisme et inspirent à l’humanité, comme les maladies à l’individu, un certain besoin de soumission, d’abaissement, d’humiliation. […] L’homme dans cette hypothèse a tout fait par ses facultés naturelles : ici spontanément et obscurément ; là scientifiquement et avec réflexion ; mais enfin l’homme a tout fait : il se retrouve partout en face de sa propre autorité et de son propre ouvrage. […] C’est la reconnaissance de la nature humaine, consacrée dans toutes ses parties, c’est l’usage simultané et harmonique de toutes les facultés, c’est l’exclusion de toute exclusion. […] Il est trop clair que le bon sens dont il est ici question n’est pas celui qui résulte des facultés humaines agissant dans toute leur rectitude sur un sujet suffisamment connu.
Ils ont rêvé qu’à l’origine des choses et des êtres l’homme ne fut lui-même qu’une boursouflure de fange échauffée par le soleil, puis douée d’un instinct qui le force au mouvement sans impulsion, puis de quelques membres rudimentaires qu’une intelligence sourde et obtuse dégageait successivement de la boue pour se créer à elle-même des organes ; puis enfin de la forme humaine, se débattant encore pendant des milliers de siècles contre le limon qui résistait au mouvement, puis douée successivement de l’instinct, ce crépuscule de l’âme ; de la raison, ce résumé réfléchi de l’instinct ; du balbutiement, ce prélude de la parole ; et enfin de toutes ces facultés merveilleuses qui font aujourd’hui de l’homme la miniature abrégée et périssable d’un Dieu. […] VIII Or, si les organes n’ont pas changé, comment les facultés qui résultent de ces organes et qui sont limitées par ces organes auraient-elles changé ? Une faculté de plus aurait supposé un sens de plus : où est le sens ? […] Milieu de tous les mondes, il les remplit de son étendue ; n’ayant lui-même aucun organe, il est le résumé de toutes les facultés des organes ; sans être incorporé dans rien, il contient tout, et sans aucune qualité des choses il participe souverainement à toutes les qualités.
Puisque la combinaison des éléments dont nos organes se composent n’explique pas la faculté de penser, pourquoi la dispersion de ces éléments s’opposerait-elle à la permanence de cette faculté ? […] C’est une noble faculté sans doute que l’impartialité ; mais il ne faut pourtant pas qu’elle réduise en cendres toute sympathie. […] Guizot d’après l’histoire seule de la révolution anglaise, car c’est dans son enseignement de la Sorbonne qu’il a donné la mesure complète de ses facultés. […] Connaître les faits et savoir les raconter exigent des facultés très distinctes. […] Guizot a souvent abusé de cette faculté.
Montesquieu écrit peu (autant du moins qu’on en peut juger par ce qu’on a), et il écrit sans prétention : son grand esprit, sa forte et haute imagination, sa faculté élevée de concevoir et son talent de frapper médaille ou de graver, sont tout entiers tournés et employés à ses compositions savantes et rares. […] Buffon était une exception ; il avait assez d’amour-propre pour cela ; il possédait au plus haut degré la faculté du dédain contre l’offense ; il l’avait bien autrement que Montesquieu.
La direction de nos facultés morales tend à la vertu, comme celle de nos facultés physiques à la santé ; et l’âme du jeune homme que la première éducation n’a pas flétrie s’élève d’elle-même vers le ciel comme la tige d’une plante vigoureuse.
Fortoul, cet ami des talents, l’avait distingué et lui confia la chaire de littérature française à la Faculté d’Aix, cette même chaire qu’il avait occupée lui-même avant de passer à la politique. […] Un régime où toutes nos facultés ont leur action et leur jeu, à plus forte raison leur triomphe, nous paraît aisément le plus légitime, le seul légitime.