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301. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Siefert, Louisa (1845-1877) »

Paul Mariéton Une existence douloureuse secouée d’exaltations, de déceptions sans nombre faiblement compensées par la vision lointaine d’une gloire désirée et qui tarde à venir, voilà la vie, voilà la poésie de Louisa Sieffert.

302. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lesueur, Daniel (1860-1920) »

Deux sonnets : La Lutte pour l’existence et La Voix des morts, résument, sous la forme la plus belle, deux théories qu’exposent moins sûrement les longs volumes des philosophes de profession.

303. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Quand les grands ennuis font un moment trêve dans notre existence, il semble qu’un hasard méchant, et d’une imagination diabolique, met son ingéniosité à nous tourmenter par des persécutions insupportables, ironiques et bêtes. […] Dieu crée des existences, l’homme d’imagination crée des vies fictives, qui quelquefois, dans la mémoire du monde, laissent un souvenir plus profond, pour ainsi dire, plus vécu. […] Et nous voilà, tout le jour, dans un contentement anxieux et dans une fièvre de rêves d’embellissements, suspendus sur cette pensée de maison, sur ce grand changement de notre existence, et où nous espérons trouver plus de paix pour nos nerfs, plus de respect des milieux pour notre travail. […] les belles existences dans l’ordre de la matière et de la gueule qui ont dû être vécues au xvie  siècle ! […] Sentiment d’une spiritualité, toute pénétrée de la satisfaction intérieure de l’absence de l’existence.

304. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

L’existence monotone dans une garnison provinciale y revêt une apparence exacte, vivante, navrante. […] Le même écrivain flétrira rigoureusement les cruautés banales de l’existence, puis se complaira avec indulgence et sans arrière-pensée aux joies faciles de chaque jour. […] Très érudit, très curieux, tout en esquissant des portraits typiques, en racontant une intrigue quelconque — volontairement banale et qui bouleverse des existences — M.  […] Paul Brulat, Cette existence, assez tumultueuse, est bien celle que devait vivre l’auteur de l’Eldorado. […] Autour de lui, l’existence provinciale va son cours monotone ; des physionomies fixent le regard ; des types, un instant, nous arrêtent, observés et décrits avec justesse.

305. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Excepté Xénophon, qui avait été lui-même acteur dans l’histoire militaire qu’il raconte, mais qui néanmoins n’a jamais eu de pouvoir dans l’intérieur de la république, aucun des hommes d’état d’Athènes ne fut en même temps célèbre par ses talents littéraires ; aucun, comme Cicéron et César, ne crut ajouter par ses écrits à son existence politique. […] Les femmes avaient plus d’existence chez les Romains que chez les Grecs ; mais c’était dans leurs familles qu’elles obtenaient de l’ascendant : elles n’en avaient point acquis encore dans les rapports de la société. […] Dans un tel ordre de choses, il fallait que les patriciens se respectassent mutuellement pour en imposer au reste de la nation ; il fallait obtenir une estime de durée ; il fallait que chacun eût des qualités sérieuses et graves, qui pussent honorer ses pareils, et servir à leur existence, autant qu’à la sienne propre.

306. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

Bain, ne sont pas aptes à nous fournir des émotions esthétiques ; car il faut exclure de cette catégorie les plaisirs purement sensuels : d’abord parce qu’étant indispensables à notre existence, ils n’ont pas un caractère désintéressé ; ensuite parce qu’ils sont liés quelquefois à certains faits répugnants, enfin parce qu’ils sont égoïstes ou individuels ; deux hommes peuvent jouir du même tableau, ils ne peuvent jouir d’un même morceau de nourriture. […] La doctrine d’une loi morale indépendante, qui serve de critérium et de régulateur, n’est pas plus acceptable, car elle attribue à ce critérium une existence indépendante, sans rapport avec rien, bref à peine concevable. […] C’est faire violence au langage que de maintenir l’existence d’une vérité abstraite, et il en est de même pour les idées morales.

307. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

Si la fonction détermine le type, on doit déduire de la fonction l’existence, les variations, la persistance du type. […] Donc la fonction ne détermine pas l’existence de l’organe, puisque l’organe existe indépendamment de la fonction. […] Elle vient d’un fait général semblable aux autres, loi génératrice d’où les autres se déduisent, de même que de la loi de l’attraction dérivent tous les phénomènes de la pesanteur, de même que de la loi des ondulations dérivent tous les phénomènes de la lumière, de même que de l’existence du type dérivent toutes les fonctions de l’animal, de même que de la faculté maîtresse d’un peuple dérivent toutes les parties de ses institutions et tous les événements de son histoire.

308. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Poussin, Alfred »

Agir lui demande de tels efforts, qu’un unique petit livre est l’ouvrage de son existence entière.

309. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » p. 514

On a de lui un Traité de l’existence de Dieu, préféré à celui de Fénélon pour la méthode, la force & la chaîne des raisonnemens.

310. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Préface »

Maintenant, dans un Journal, comme celui que je publie, la vérité absolue sur les hommes et les femmes, rencontrés le long de mon existence se compose d’une vérité agréable — dont on veut bien ; mais presque toujours tempérée par une vérité désagréable — dont on ne veut absolument pas.

311. (1881) Le roman expérimental

J’ai dit qu’il insistait sur l’existence d’un milieu intérieur chez l’être vivant. […] On se heurte aux conditions d’existence du théâtre. […] Il est évident que chaque genre a ses conditions propres d’existence. […] Où sont la plus grande somme de travail, l’existence la plus large et la plus respectée ? […] Dix années de son existence se passent dans cette lutte terrible.

312. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Tout autre genre d’existence [art, vie d’action, vie industrielle] doit lutter péniblement, se développer accessoirement, non pas comme aboutissement projeté, mais comme occupation tolérée. […] Cassez plutôt les vitres et sautez dehors… Maintenant encore les grandes âmes peuvent trouver devant elles l’existence libre. […] Par contre, il met en avant en pleine lumière les qualités qui servent à adoucir l’existence de ceux qui souffrent. […] Mais il faut leur faire comprendre que c’est précisément par là que l’existence devient une monstruosité ; qu’un Dieu et une sensibilité universelle seraient quelque chose qui ferait condamner absolument l’existence. […] Il s’écrie au contraire : c’est le charme de tous les charmes, cette existence agitée, changeante, dangereuse, sombre et souvent ardemment ensoleillée.

313. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Notre amitié me rappelle celle de François de Sales et du président Favre : « Elles passent donc ces années temporelles, monsieur mon frère ; leurs mois se réduisent en semaines, les semaines en jours, les jours en heures et les heures en moments, qui sont ceux-là seuls que nous possédons ; mais nous ne les possédons qu’à mesure qu’ils périssent… » La conviction de l’existence d’un objet éternel, embrassée quand on est jeune, donne à la vie une assiette particulière de solidité. […] Le fond resta le même ; la direction morale de ma vie sortit de cette épreuve très peu infléchie ; l’appétit de vérité, qui était le mobile de mon existence, ne fut en rien diminué. […] Tout est bien qui finit bien, et, le résultat de l’existence ayant été en somme pour moi très agréable, je m’amuse souvent, comme Marc-Aurèle sur les bords du Gran, à supputer ce que je dois aux influences diverses qui ont traversé ma vie et en ont fait le tissu. […] L’existence qui m’a été donnée sans que je l’eusse demandée a été pour moi un bienfait.

314. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Il surgit au temps d’un théâtre, le seul mais qu’on peut appeler caduc, tant la Fiction en est fabriquée d’un élément grossier : puisqu’elle s’impose à même et tout d’un coup, commandant de croire à l’existence du personnage et de l’aventure, de croire, simplement, rien de plus. […] pas de fixes, ni de séculaires et de notoires, mais un être dégagé de personnalité, car il figure notre aspect multiple : que, de prestiges correspondant au fonctionnement de l’existence nationale, évoque l’Art, pour le mirer en tous. […] Ce fut déjà une impression nouvelle et délicieuse, une première morsure au fruit défendu, une vraie échappée hors des mœurs philistines dont on a toujours quelque peine à se délivrer lorsqu’on échappe à peine aux régularités de l’existence familiale. […] Ce résidu musical du déterminisme dramatique qu’est l’orchestre wagnérien, cette force physiologique qui associe si profondément notre organisme sensitif au devenir de l’action vivante, nous ignorons d’où elle sort, nos sens sont en désarroi, car cette musique semble ne plus avoir d’existence objective, elle nous semble aussi bien être le propre mouvement de notre pensée qu’un enchaînement orchestral : aucun point d’appui qui nous permette de le décider.

315. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

Et rien… Votre existence n’a pas marché, on a l’impression d’un nageur qui, en mer, ne se sent pas avancer. […] Cette Histoire de la société française pendant le Directoire, où nous avons mis tous les moxas, vendue à 500… Après la douce existence de Gisors, une vie de tracas, de courses vaines et déçues, de pensées de découragement. […] Et en ce meurt-de-faim, exténué d’imaginations peureuses : la terreur de la police de l’Empereur qui en veut à son existence, à son talent, à ses amours, qui l’a empêché d’être le mari d’une petite actrice entrevue au soleil des quinquets, et qui a empoisonné son amoureuse avec des mouches cantharides — son poison redouté, — et qui l’a enterré dans son jardin qu’il retourne, sans cesse, pour retrouver son cadavre. […] Il dit cela, remuant un paquet de cartes hautes d’un pied où sur chacune est une représentation d’une femme, d’un épisode de l’existence : toutes ces allégories dessinées par une main ignare du dessin, mais burlesquement fantastiques, mais bourgeoisement monstrueuses, et peinturlurées brutalement de noir et de vilain rouge, et mettant à ces images de la vie réelle, je ne sais quoi du sauvage et du macabre des figurations d’idoles des peuples primitifs et anthropophages.

316. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

Toute l’obstination de son caractère, toute son énergie entêtée, et en même temps toute sa facilité aux combinaisons financières les plus subtiles, toute, son ingéniosité d’expédients se devinent par ses œuvres autant et plus que par son existence. Très, souvent, chez les vrais artistes, l’existence pratique est l’extérieur, le superficiel ; c’est par l’œuvre que se traduit le mieux le caractère moral. […] D’une part, donc, l’œuvre d’art est l’expression plus ou moins fidèle des facultés, de l’idéal, de l’organisme intérieur de ceux qu’elle émeut ; d’autre part, l’œuvre d’art est l’expression de l’organisme intérieur de son auteur ; il s’ensuit qu’on pourra, de l’auteur, passer aux admirateurs par l’intermédiaire de l’œuvre et conclure à l’existence d’un ensemble de facultés, d’une âme analogue à celle de l’auteur ; en d’autres termes, il sera possible de définir la psychologie d’un groupe d’hommes, et d’une nation par les caractères particuliers de leurs goûts. […] On verra que, pour l’une, il faudra accumuler les détails de ton et de manières qu’elle est accoutumée à trouver dans son entourage ; pour les autres, il faudra exagérer certains traits d’existence luxueuse et perverse qu’ils se sont habitués, par haine de caste et par envie, à associer avec le type du noble.

317. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 510

Rien de si extravagant que le Systême de Peyrere, qui prétend prouver, par quelques passages de Saint Paul, l’existence des Hommes avant Adam.

318. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Henri de L’Épinois » pp. 83-97

Résumé d’une puissante plénitude, ce n’est là, après tout, qu’un morceau d’histoire… L’auteur a coupé dans l’histoire universelle de l’Église l’histoire de son gouvernement temporel, et il nous l’a montré depuis son origine et ses premières luttes jusqu’aux dernières, — depuis Constantin, et même avant, jusqu’à Napoléon, et même après, — et il a éclairé ce fort résumé d’une si pénétrante et pourtant si sobre lumière, qu’aucun éblouissement n’est possible et qu’il reste évident, pour qui lit attentivement cette histoire, que le gouvernement temporel de la Papauté, de tous les gouvernements déchirés par les hommes certainement le plus déchiré, est aussi essentiel au Christianisme, aussi constitutif de sa nature que son gouvernement spirituel, et qu’il y a entre eux une nécessité d’existence, une consubstantialité qui fait leur identité même, et contre laquelle rien ne pourrait prévaloir d’une manière absolue sans entraîner la mort de tous les deux ! […] Je n’avais, moi, à propos du livre de M. de L’Épinois sur le gouvernement temporel de la Papauté, qu’à rappeler à ceux qui l’incitent perfidement à renier son passé et son origine en donnant d’une seule fois sa démission de toutes ses couronnes, le principe de son existence historique, et, ce qu’il ne faut jamais perdre de vue, la grandeur morale — quand elle fut la plus politique — de son action.

319. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Caro. Le Pessimisme au XIXe siècle » pp. 297-311

pas tous ceux qui, dans le xixe  siècle, ont titanisé contre Dieu et maudit l’existence parce que la douleur y tient plus de place que le bien-être et que la joie… Il en cite quelques-uns, et se trompe sur d’autres. […] Caro, le précurseur dans la négation absolue, dans l’inepte mépris de l’existence, dans l’impiété tenace et raisonnée.

320. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Mgr Rudesindo Salvado »

Mgr Salvado rappelle en passant, dans les Mémoires historiques, les paroles sévères du Dr Lang, protestant très considéré, parlant d’une mission protestante fondée à Moreton-Bay, en 1838, au nord de Sydney, laquelle mission prit fin misérablement au bout de cinq ans d’existence, après avoir, comme tant d’autres, inutilement vécu. […] Elle ne fut jamais suspendue à l’existence de ces constitutions d’Ordres dont Richelieu lui-même fut la dupe sublime, si le mot qu’on lui prête est vrai.

321. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » pp. 423-424

. ; tout cela a disparu comme de légers éclairs qui ne laissent aucune trace de leur existence.

322. (1933) De mon temps…

Si la poésie fut son occupation souveraine, la comtesse de Noailles a été mêlée activement à l’existence de son temps. […] Son existence d’active paresse a fait de lui l’auteur de plusieurs authentiques chefs-d’œuvre. […] Les fatigues de sa vie nocturne et de son existence laborieuse l’avaient cruellement marqué, mais sa conversation conservait de la verve et de l’éloquence. […] Son existence errante se passait, selon la saison, dans le midi de la France ou sur la côte normande, aux bords du Rhin, en Suisse ou en Italie. […] Sa santé, qui était délicate, s’altérait à une existence trop régulière dans l’irrégularité.

323. (1929) Amiel ou la part du rêve

Après tout, son existence genevoise ne fut ni vide ni déchue. […] Mais le peu de foi qu’il avait dans l’existence de sa personne pendant la vie ne le préparait point à exiger d’une ferme espérance l’existence personnelle d’outre-tombe. […] Leur existence m’était révélée par celle même des individus éclatants, un peu moins solides. […] Il ne désigne plus l’existence puissante, mais l’existence en puissance, celle des mathématiques, « l’illusion d’un travail immense qui tout à coup deviendrait possible ». […] Le père de Teste s’est abstenu de toute concurrence balzacienne à l’état civil, et l’on refuse volontiers, dans Genève et ailleurs, l’existence à Amiel.

324. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Préface » pp. -

Mon assujettissement aux dates des faits, aux âges des personnes, à la nomenclature des ouvrages ; ma division en périodes, qui fait revenir souvent les mêmes noms sans autre motif que d’en présenter une revue à différentes époques, tout cela est très fastidieux ; et cependant comme mon but était de prouver que les notions généralement reçues confondaient des personnes, des choses sans relation, uniquement parce qu’on n’avait pas démêlé les temps de leur existence, j’ai voulu rendre aux amateurs d’histoire le service de remettre les choses en leur temps et les personnes à leur place.

325. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre V » pp. 48-49

Que reste-t-il donc de prouvé sur le caractère de la société de Rambouillet et sur ses effets pendant les vingt premières années de son existence ?

326. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 359

Son talent principal consistoit à disserter sur tous les Ouvrages nouveaux nouveaux, à les critiquer sans ménagement, à tourner en ridicule les Auteurs, à amuser les Sociétés où sa malignité le faisoit rechercher : pauvre genre de distinction, qui fait le seul mérite de tant d’Aristarques ambulans, dont les lumieres se bornent à prononcer, dans les Cafés & autres Bureaux d’esprit, sur tout ce qui paroît ; Etres déterminés à ne rien approuver que ce qui est marqué au coin des Fabriques qu’ils protégent, mais dont le Public rejette les censures, comme il ignore leur existence.

327. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Le nouveau recueil de lettres dessine très bien ce vieillard de quatre-vingts ans qui tout d’un coup rajeunit, qui se multiplie pour écrire au ministre réformateur et à ceux qui le servent, aux Trudaine, aux de Vaisnes, aux Dupont de Nemours, et s’écrie gaiement : « Nous sommes dans l’âge d’or jusqu’au cou. » Il était arrivé à Voltaire ce qui arrive naturellement à toute grande renommée littéraire qui est jointe à une existence sociale considérable, mais ce qui devait lui arriver à lui plus qu’à un autre, à cause de son activité prodigieuse et des preuves éclatantes qu’il en avait données. […] Voltaire, disons-le, dans les dernières années de sa vie, nous apparaît, par cette suite même de lettres, comme s’étant occupé activement du bien public dans sa petite contrée de Gex, et de tous les intérêts particuliers qui, de loin, faisaient appel à son patronage ; il plaide sans cesse auprès des ministres et des sous-ministres pour ses colons et pour tout ce qui peut assurer leur existence ou améliorer leur bien-être, et aussi pour les autres clients plus éloignés qui se donnaient à lui. […] Ce n’est pas le résultat le moins singulier de cette merveilleuse existence.

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