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1610. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Je troquerais de bon cœur la rosette rouge, l’habit à palmes vertes, et tout le tremblement, contre un de mes « Quinze Août » du second Empire, avec dinette à Vélizy, quand j’avais encore d’assez bonnes dents pour casser des noisettes, quand on ne me donnait pas du « cher Maître » et qu’on m’appelait tout populairement « mon trésor » … Dieu de Dieu ! […] Vers la fin de l’Empire, en 1868, les héritiers de Lesurques poursuivirent sa réhabilitation solennelle et la révision de son procès. […] Pour l’instant, M. d’Esparbès est, au sentiment général, le poète de l’Empire.

1611. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

« Si vous êtes humble, obscur, mais tendre et dévoué, et que vous ayez un ami sublime, ambitieux, puissant, qui aime et obtienne la gloire et l’empire, aimez-le, mais n’en aimez pas trop un autre, car cette sorte d’amitié est absolue, jalouse, impatiente de partage ; aimez-le, mais qu’un mot équivoque, lâché par vous au hasard, ne lui soit pas reporté envenimé par la calomnie ; car ni tendresse à l’épreuve, ni dévouement à mourir mille fois pour lui, ne rachèteront ce mot insignifiant qui aura glissé dans son cœur.

1612. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Après sept ans de bonheur sans nuages, Goriot, malheureusement pour lui, perdit sa femme : elle commençait à prendre de l’empire sur lui, en dehors de la sphère des sentiments.

1613. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Sauf la vaisselle plate marquée aux armes de l’Empire, sauf la gravité et l’impassibilité des laquais, vrais laquais de maisons princières, on ne se croirait guère chez une altesse, tant il règne en cet aimable logis une liberté d’esprit et de parole.

1614. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

L’ornemaniste se montre empire, perruque, né pour l’agrémentation du zinc.

1615. (1925) La fin de l’art

Cependant, dès cette époque, son heure littéraire était passée : elle s’écoula sous le second Empire.

1616. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

 » — Voyez cette empreinte humaine dont la pointe se dirige vers la sortie de l’hypogée… Celle trace légère, qu’un souffle eut balayée, a duré plus longtemps que des civilisations, que des empires, que les religions mêmes et que des monuments qu’on croyait éternels. 

1617. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

La richesse constante de la rime est le pendant de l’emphase oratoire qui faisait la beauté du style au temps du premier empire, et qui nous fait sourire aujourd’hui.

1618. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Vigny, Lamartine, Musset, Baudelaire, Verlaine s’étagent dans la période qui va de l’Empire premier jusque nous.

1619. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Mais leur mystère, ce n’est pas le point d’interrogation formidable, le sphinx que la vie nous oppose à tous les tournants de notre route vers la beauté, pour que nous combattions et que nous soyons vainqueurs, c’est l’empire des brouillards créé en eux seuls par une volonté atrophiée. […] Comme l’empire romain jadis, notre groupement social se meurt à la fois de pléthore et d’anémie sous un lacis de fonctionnaires inféodés à quelques gros mangeurs qui absorbent la vie de la race.

1620. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Tu sais, une fois mariée, mon genre est tout décidé, genre mythologique, empire ou plutôt directoire, mais plus décent, très décent. […] L’Empire, c’est la paix.

1621. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

C’est à leur avis un des premiers fruits de l’ignorance & de la fainéantise, où la barbarie a fait tomber les siecles qui ont suivi la décadence de l’Empire. […] Empire Ottoman. […] L’Empire d’Allemagne.

1622. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Puis, c’est Voltaire avec sa note particulière, son pathétique brillant et facile, son joli romanesque… Et, après Voltaire et Crébillon, sous l’Empire, sous la Restauration, même sous la monarchie de Juillet, la tragédie se remet à couler d’un flot pâle et ininterrompu. […] Non seulement des couplets entiers, de ces airs de bravoure « étincelants » et « cravachants », à la mode des chroniqueurs du Second Empire, ont été biffés, mais même d’assez longues séries de répliques. […] Parti en guerre voilà vingt ans, pour la patrie et pour la Révolution, il se trouve aujourd’hui, sans bien savoir comment, maréchal de l’Empire, serviteur d’un despote, — lui, l’ancien volontaire de la liberté, — et sentinelle d’une conquête violente et démesurée. […] On appelait ça de la « parisine » sous le second Empire, quand on était sûr qu’il y avait un Paris.

1623. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

. — Avec La Fontaine, Racine, La Bruyère, Saint-Simon, Fléchier, il s’est arrêté dans le décor pompeux de la monarchie absolue et de la société polie, empire de la raison oratoire et des idées générales, où le talent de bien dire, l’art de louer, de médire, de conter avec grâce sont prisés par-dessus tout, patrie d’une littérature de salon et de cour, milieu propice à l’éclosion de cet esprit classique qui, après avoir fait des merveilles en littérature, devint l’esprit jacobin et fit des ravages en politique. […] N’oublions pas, avant de discuter avec Taine, qu’il a dépouillé une multitude de documents, la correspondance d’un grand nombre d’intendants, directeurs des aides, fermiers généraux pendant les trente dernières années de l’ancien régime, les procès-verbaux et cahiers des États généraux en cent soixante-seize volumes, la correspondance des commandants militaires en 1789 et 1790, des lettres, mémoires et statistiques contenus dans les cent cartons du comité ecclésiastique, la correspondance en quatre-vingt-quatorze liasses des administrations de département et de municipalité, les rapports des conseillers d’État en mission à la fin de 1801, la correspondance des préfets sous le Consulat, sous l’Empire et sous la Restauration jusqu’en 1823, quantité d’autres pièces dont le seul catalogue découragerait l’attention des plus robustes chartistes.

1624. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Par plus d’un aspect elle ressemble à celle du Consulat et des commencements de l’Empire, 1800-1810. […] Harpin le receveur, violent, grossier, brutal, fils de paysan un peu verni, qui redevient paysan pur sous L’empire de la colère, qui entasse les parbleu, les morbleu, les têtebleu, les ventrebleu, qui n’est point d’humeur à payer les violons pour faire danser les autres ; qui n’entend pas que la femme qu’il honore de ses faveurs, si titrée qu’elle puisse être, soit infidèle à la fois à sa passion et à sa bourse et qui jure par tous les jurons de France que M. le receveur ne sera plus Monsieur le donneur. […] […] Un père, je l’avoue, a sur nous tant d’empire, Que je n’ai jamais eu la force de rien dire.

1625. (1897) Aspects pp. -215

À l’écart d’une troupe de virtuoses : les Parnassiens voués aux apparences, soucieux de sonorités verbales, exaltant de la même encre aujourd’hui le Bouddhaa et demain Apollon, dignitaires de cet empire du Néant : l’Art pour l’Art, il écoutait la vie hurler, rire ou se plaindre dans son âme. […] À relire les deux livres3 où il s’expose tout nu, comme un faune au soleil, on a l’impression non d’une œuvre d’art voulue, mise au point, littéraire mais d’une entrée violente dans les empires profonds de la conscience. […] Tandis que ceux-ci incitent les bons citoyens à lécher les pattes de la jeune hyène qui remplace, depuis peu, l’Alexandre III emporté par la pourriture endémique des races royales, j’ai cru bon d’esquisser le profil d’un des plus hauts révoltés que produisit l’empire knouto-kalmouk : Le vieux monstre Russie aux regards ronds et troubles comme disait Victor Hugo.

1626. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Le voici qui trouve mieux encore : après l’argument aristocratique, l’argument philosophique ; le panégyriste improvise une théorie du droit et une réfutation de l’esclavage ; il attaque éloquemment le berger qui s’arroge sur les animaux « un chimérique empire. » Ainsi parle un orateur de la couronne : « Quand vous voudrez revendiquer une province, disait le grand Frédéric à son neveu, faites provision de troupes.

1627. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

J’ai souvent demandé aux Orientaux le sens vrai de ce mot : « Tchilibi, me répondaient-ils, ne signifie officiellement aucune dignité positive, aucun emploi précis dans l’empire ; mais il signifie plus : cette expression représente une dignité intellectuelle et morale, une distinction qui n’est point accordée par le sultan, mais par le concours libre, spontané, incontestable et inaliénable de l’opinion publique.

1628. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

L’ardent défenseur des aspirations modernes, l’évocateur de la République universelle couvait déjà dans l’enfant qui anathématisait à la fois, en 1822, la Révolution et l’Empire, et chantait la race royale revenue derrière l’étranger victorieux.

1629. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

L’hypnotisé reprend sur sa vie végétative l’empire que lui avait fait perdre l’habitude d’être tout entier à la vie de relation.

1630. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Troisième partie. Dictionnaire » pp. 243-306

. — L’Île et l’Empire de Grande Bretagne, id.

1631. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Pour que l’art prospère dans un empire, dans un royaume ou dans une république, il faut que le chef du gouvernement, empereur, roi ou consul, aime l’art ou fasse semblant de l’aimer.

1632. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

La nature qui nous a formés de quatre éléments guerroyant dans nos poitrines pour l’empire, nous apprend à tous à former d’ambitieuses pensées ; nos âmes, dont les facultés peuvent concevoir la prodigieuse architecture du monde et mesurer la course de chaque planète errante, aspirant toujours après une science infinie et toujours en mouvement comme les sphères sans repos, veulent que nous nous consumions nous-mêmes, sans nous reposer jamais, jusqu’à ce que nous ayons atteint dans sa plénitude le fruit de tous nos efforts, ce bonheur parfait et cette unique félicité, la douce jouissance d’une couronne terrestre. » C’est peut-être, dans toute cette vaste tragédie, ce que Tamerlan nous dit déplus clair et de plus précis sur son caractère et sur les mobiles de ses actes. […] Cela prouve que cette métis de l’Amérique du Sud, cette belle créature qui doit avoir dans les veines le soleil de son pays, a un rude empire sur elle-même. […] La « psychologie » de l’émigré à cette époque, et celle du général de la république tout prêt à devenir maréchal de l’empire, c’était pourtant là, à ce qu’il semble, un sujet intéressant.

1633. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Si vous imitez encore, ce sera que vous le voudrez bien ; ce sera parce que vous prélèverez votre part là où vous la trouverez bonne à prendre ; ce sera en rival qui ne craint pas les rencontres, en roi puissant pour agrandir votre empire.

1634. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Thackeray lui a donné cette bonté tendre, presque féminine, qu’il élève partout au-dessus des autres vertus humaines, et cet empire de soi qui est l’effet de la réflexion habituelle.

1635. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Barrès d’avoir pu échapper — par des moyens factices — à l’empire du mal pessimiste.

1636. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Pareille chose s’est produite au temps des Romains de l’Empire. […] Voici les poèmes d’Albert Giraud ; leur tenue parfaite, leur distinction un peu hautaine rappellent certains portraits de Van Dyck : Sur le rêve effacé d’un antique décor, Dans un de ces fauteuils étoilés de clous d’or Dont la rude splendeur ne sied plus à nos tailles, Le front lourd de pensées et balafré d’entailles Repose, avec l’allure et la morgue d’un roi, En un vaste silence où l’on sent de l’effroi, L’aventurier flamand qui commandait aux princes Et qui jouait aux dés l’empire et les provinces, Celui dont la mémoire emplit les grands chemins, Celui dont l’avenir verra les larges mains S’appuyer à jamais en songe sur l’Épée10.

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