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443. (1858) Cours familier de littérature. V « Préambule de l’année 1858. À mes lecteurs » pp. 5-29

Dans le ravin plus vert, sous l’ombre du coteau, N’y voit-on pas filtrer goutte à goutte un peu d’eau, Où, pourvu que le Ciel avare un jour y pleuve, Altéré par ses chants, ton rossignol s’abreuve ? […] La Fortune, semblable à la servante agile Qui tire l’eau du puits pour sa cruche d’argile, Élevant le seau double au chanvre suspendu, Le laisse retomber quand il est répandu ; Ainsi, pour donner l’âme à des foules avides, Elle nous monta pleins et nous descendit vides.

444. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

Palissy surtout mériterait d’être lu plutôt que bien des auteurs de Mémoires politiques et militaires : quand il nous parle de son jardin, ou des engrais, et des terres, et des sels, et des eaux, est-il moins près de nous que celui qui nous raconte les démêlés du roi de France et de l’empereur, ou bien les amours et les intrigues d’une cour ? […] Éditions : Recette véritable par laquelle tous les hommes de la France pourront apprendre à multiplier et à augmenter leurs trésors, la Rochelle, 1563 ; Discours admirables de la nature des eaux et fontaines tant naturelles qu’artificielles, des métaux, des sels et salines, des pierres, des terres, du feu et des émaux, etc, Paris, 1580.

445. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

Déesse qui descend dans le lac des péchés Et, dans l’ombre sur l’eau de ses cheveux penchés, Parmi tous les iris cueille la rouge vulve. […] Gustave Kahn Tu sus le grand sanglot des jets d’eau, Les affres des absences loin des terrains bleus Tout parfumés d’essence et gais de pagnes bleus ; Tu sus ce qu’on peut savoir de nostalgique.

446. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VIII. La crise actuelle de la Physique mathématique. »

Qu’une goutte de vin tombe dans un verre d’eau ; quelle que soit la loi du mouvement interne du liquide, nous le verrons bientôt se colorer d’une teinte rosée uniforme et à partir de ce moment on aura beau agiter le vase, le vin et l’eau ne paraîtront plus pouvoir se séparer.

447. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre III : Sentiments et Volonté »

Des sons d’une autre nature produisent le sentiment du beau : une chute d’eau, le murmure d’un ruisseau, la clochette des troupeaux54. […] Pour le paysan, le couvre-feu marque simplement une heure de la soirée, les clochettes d’un troupeau sont signe qu’il y en a un dans le voisinage, le bruit d’une cascade est le signe d’une chute d’eau.

448. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

La goutte d’eau qui tombe du rocher perce la montagne, pourquoi la goutte d’eau qui tombe d’un esprit ne percerait-elle pas les problèmes historiques ?

449. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

Les nuages y paraissent sans couleur et la joie même y est un peu triste ; mais des fontaines d’eau froide y sortent des rochers et les yeux des jeunes filles y sont comme ces vertes fontaines où, sur des fonds d’herbes ondulées, se mire le ciel. » Je laisse de côté l’effet de peinture qui est étonnant ; mais j’appelle l’attention sur l’effet rythmique ; il est dans l’opposition, légère du reste, et qu’il serait inepte de marquer comme un contraste, mais dans l’opposition cependant, des sons étouffés, sourds, des tons tristes « mousses marines… au fond des baies solitaires…, nuages sans couleur » et des sons plus clairs, plus chantants, sans avoir rien d’éclatant, de triomphant ni de sonore, « yeux de jeune fille…, vertes fontaines. ., se mire le ciel ». […] Il en faut user avec lui comme avec un peintre, dont tantôt on étudie la composition, tantôt le dessin, tantôt la couleur, tantôt les figures et physionomies humaines, tantôt les eaux et tantôt le ciel.

450. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

Je me disais que quand il s’agit de Byron et qu’on eut l’honneur d’en être aimée, il fallait quelque chose de plus… Je m’étais persuadé qu’une femme, au moins d’esprit, qui s’aviserait d’avoir du courage, après avoir si longtemps pensé au danger d’en avoir et qui prenait, au dernier moment de sa vie, le parti de dire le mot de la fin sur Byron, ne voudrait pas, uniquement, nous précipiter dans d’anciennes lectures déjà faites, et nous faire reprendre un bain déjà pris dans la même baignoire et dans la même eau. […] Mais elle était de ce temps d’indifférence religieuse où les femmes préfèrent à l’eau bénite du grand Pascal l’encre vaniteuse de leur écritoire ; et tout doucement, elle se fit bas-bleu, d’une nuance très douce, il est vrai, et peu appuyée… Elle glissa dans l’azur… Elle avait attendu.

451. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

Avec une sagacité singulière et une puissance de rapprochement qui n’oublie rien et centralise tout, il est allé chercher jusque dans le nom de Christophe Colomb (Christum ferens) et la légende du géant saint Christophe, qui passe le Christ sur ses épaules, à travers les eaux, des analogies prophétiques, comme la tradition catholique a toujours permis à l’écrivain d’en dégager… Par-là, il a complété le profond mysticisme de son œuvre. […] Vice-roi des pays qu’il avait découverts, voulant faire chrétiens des milliers de sauvages, d’un temps où l’ardeur du zèle se souciait peu que quelques gouttes de sang se mêlassent à l’eau du baptême, le révélateur de l’Amérique ne fit jamais tomber un cheveu de la tête de personne, et la colombe remporta au ciel, sans aucune tache, son blanc plumage !

452. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

Mais il n’est — comme on dit — pire eau que l’eau qui dort… C’est dans celle-là, en effet, qu’on se noie le mieux, et que M. 

453. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Un plein jour blafard passait librement, dans la buée chaude, dans la vapeur d’eau suspendue, comme un brouillard laiteux. […] TITI. — Attends ; je ne puis courir fort… Mon soulier prend l’eau. […] Elle répétait les mêmes, prières, jetait de l’eau bénite sur les draps, revenait s’asseoir et la contemplait. […] Au Fil de l’eau. — 1878. […] C’est une maîtresse femme qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Louis-Philippe.

454. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Klingsor, Tristan (1874-1966) »

C’est bien le recueil d’un ramageur de ballades à la cour des Papes en Avignon, ou d’un ménestrel du royaume d’Arles, au temps de la comtesse de Die : cela chante, chatoie, frissonne et flamboie comme une étoffe de soie moirée de jadis, avec des cliquetis de joaillerie et une belle envolée d’oriflammes ; cela jase comme un jet d’eau, babille comme une mandoline et embaume comme une fleur : marjolaine et pimprenelle ; c’est à la fois sauvage, élégant et précieux, et c’est bien en mai neigeux d’amandiers ou en juin de flamme qu’il faut feuilleter, à l’heure de la sieste, avec la mer ensoleillée apparue entre les lamelles des persiennes closes, ces jolis lais et virelais qui fleurent la ruine, le thym, le passé et la brise du large… [Le Journal (8 juin 1897).]

455. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre IV. Effet pittoresque des ruines. — Ruines de Palmyre, d’Égypte, etc. »

Quelquefois, dans les débordements du fleuve, ces ruines ressemblent sur les eaux à une grande flotte ; quelquefois des nuages jetés en ondes sur les flancs des pyramides, les partagent en deux moitiés.

456. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — II. Le fils des bâri »

La vieille a demandé 7 œufs, du riz pilé délayé dans un peu d’eau jusqu’à consistance de pâte et une bouteille de tafia de traite.

457. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

— Quelques années plus tôt, en café, limonade, chocolat, orgeat, eaux glacées, le roi payait par an 200 000 francs ; plusieurs personnes étaient inscrites sur l’état pour dix ou douze tasses par jour, et l’on calculait que le café au lait avec un petit pain tous les matins coûtait pour chaque dame d’atour 2 000 francs par an232. […] Mme de Civrac étant obligée d’aller aux eaux, ses amis entreprennent de la distraire pendant le voyage ; ils la devancent de quelques postes, et, dans tous les endroits où elle vient coucher, ils lui donnent une petite fête champêtre, déguisés en villageois, en bourgeois, avec bailli, tabellion et autres masques qui chantent et disent des vers  Une dame, la veille de Longchamps, sachant que le vicomte de V… a deux calèches, lui en fait demander une ; il en a disposé, mais il se garde bien de s’excuser, et sur-le-champ il en fait acheter une de la plus grande élégance, pour la prêter trois heures : il est trop heureux qu’on veuille bien lui emprunter quelque chose, et sa prodigalité paraît aimable, mais n’étonne pas. […] En 1744, à propos de la guérison du roi, M. de Montigny, frère du président de Bourbonne, invite à souper tous les ouvriers, marchands et artisans qu’il emploie, au nombre de quatre-vingts, avec une seconde table pour ses commis, secrétaires, médecins, chirurgiens, procureurs et notaires ; le cortège s’assemble autour d’un char de triomphe couvert de bergères, de bergers et de divinités champêtres en costume d’opéra ; des fontaines laissent couler le vin « comme s’il était de l’eau », et, après le souper, on jette toutes les confitures par les fenêtres  Autour de celui-ci, chaque parlementaire « a son petit Versailles, un grand hôtel entre cour et jardin ». […] Ils chantent, ils dansent, et viennent tour à tour débiter de petits vers de circonstance qui sont des compliments bien tournés286. — À Chantilly, « la jeune et charmante duchesse de Bourbon, parée en voluptueuse Naïade, conduit le comte du Nord, dans une gondole dorée, à travers le grand canal, jusqu’à l’île d’Amour » ; de son côté, le prince de Conti sert de pilote a la grande-duchesse ; les autres seigneurs et les dames, « chacun sous des vêtements allégoriques », font l’équipage287, et, sur ces belles eaux, dans ce nouveau jardin d’Alcine, le riant et galant cortège semble une féerie du Tasse  Au Vaudreuil, les dames, averties qu’on veut les enlever pour le sérail, s’habillent en vestales, et le grand prêtre, avec de jolis couplets, les reçoit dans son temple au milieu du parc ; cependant plus de trois cents Turcs arrivent, forcent l’enceinte au son de la musique, et emportent les dames sur des palanquins le long des jardins illuminés  Au Petit Trianon, le parc représente une foire, les dames de la cour y sont les marchandes, « la reine tient un café comme limonadière », çà et là sont des parades et des théâtres ; la fête coûte, dit-on, quatre cent mille livres, et l’on va recommencer à Choisy sur plus grands frais. […]  » On y invite les gens quinze jours d’avance. « Cette fois, on renversa les tables, les meubles ; on jeta dans la chambre vingt carafes d’eau ; enfin je me retirai à une heure et demie, excédée de fatigue, assommée de coups de mouchoir, et laissant Mme de Clarence avec une extinction de voix, une robe déchirée en mille morceaux, une écorchure au bras, une contusion à la tête, mais s’applaudissant d’avoir donné un souper d’une telle gaieté et se flattant qu’il ferait la nouvelle du lendemain. » — Voilà où conduit le besoin d’amusement.

458. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Nous allions chercher, ma jeune femme et moi, les sites pittoresques et la fraîcheur des eaux et des bois dans les hautes gorges du groupe des Apennins, à Vallombrose et aux Camaldules, deux célèbres abbayes presque inaccessibles, comme la Grande-Chartreuse de Grenoble. […] Votre âme se transfigure en rayons et se répand, comme cette pluie de feu, dans toute l’étendue ; vous n’êtes plus ici ou là ; vous êtes partout, vous contractez l’ubiquité de cette lumière : elle est si transparente que vous croyez lire jusqu’au fond du firmament, comme on voit dans une eau claire, à l’ombre d’un cap, jusqu’aux grains de sable de la plage. […] On voit se dessiner sur la ligne de la mer les profils de quelques vieilles glaneuses qui portent une gerbe sur leurs têtes, ou de quelques belles jeunes filles balançant à la cadence de leur pas, sur leurs épaules, une urne étrusque contenant l’eau pour les lieurs de blé mûr ; leur ombre lapidaire les suit sur la route comme un pli de leur lourde robe. […] Admirez la profonde réflexion du peintre, qui pouvait être tenté par un beau chêne aux bras tortueux ou par quelques fraîches fleurs de lotus endormies sur le lit des eaux. […] Le ciel bas et brumeux de Venise en automne, le silence des grèves interrompu seulement par le bruit des pierres de ses quais qui tombent une à une dans l’eau morte de ses lagunes, étaient un site et un séjour admirablement choisis d’instinct pour la conception et pour l’exécution d’une telle œuvre.

459. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

Selon Spencer, on le sait, la vue d’un paysage réveille en nous simultanément des milliers d’émotions profondes, maintenant vagues, qui existaient dans la race humaine aux temps barbares, quand toute son activité se déployait surtout au milieu des eaux et des bois26. […] Comme le remarque le physiologiste Fick, si toutes les sources et rivières laissaient couler naturellement de l’alcool au lieu d’eau, il serait arrivé de deux choses l’une : ou bien, dans ce milieu ainsi modifié, tous les hommes auraient fini par détester l’alcool et par le fuir instinctivement, comme les animaux fuient les poisons ; ou bien nos nerfs se seraient organisés par sélection de manière à supporter l’alcool impunément. […] Un agent extérieur, son, lumière, choc, vient-il exciter un nerf, l’équilibre rompu produit un mouvement de dépense nerveuse, qui excite un mouvement de réparation simultanée, comme l’eau qui sort d’un siphon appelle à sa place l’eau qui y monte. […] Il est agréable de manger ou de boire quand on a faim ou soif, de se plonger dans l’eau fraîche quand la peau est brûlante ; mais buvez ou mangez sans soif et sans faim préalable, si vous éprouvez encore du plaisir, ce sera seulement par l’effet particulier des alimens sur le sens spécialisé du goût.

460. (1894) Textes critiques

La grosse chouette noire griffue sur les rails a ricané le départ d’Anna Mahr ; et Johannes, frappant pour l’avertir d’ouvrir son linceul le plat tambour de l’eau, la tête plongeante de graine flottante qui crèverait vers le nadir sa collerette horizontale, se perd dans un cercle — toujours — mais grandissant de diamètre jusqu’à l’infini, avec les bornes de sa Solitude.‌ […] Rappelons pourtant la grève profonde, peinte de la falaise assis, jambes pendantes, le sable couleur de paupières que l’eau découvre de son couvercle à coulisses ; les champs bretons, marqueterie, habits rapiécés dont l’éloignement repasse le velours à côtes, une maison blanche dans un sentier, au toit rouge, dent et gencive sens dessus dessous. […] Un arc-en-ciel grésille cassé dans de l’eau de la Martinique, avec la chute glissante des varechs et goémons. […] Aux eaux glauques se mirent translucides des baigneuses, nymphes premières d’Hogarth chevauché par Munthe, si l’on peut comparer à d’autres un qui ABSTRAIT — en si peu de traits sur les murs de Balthazar. […] Les Laveuses d’Amiet prosternées au sexe des arbres dont les feuilles se cachent du ciel, et lavent le sang de leur ombre en l’eau violette ; là-bas vers la ferme, une jalonne la fuite du sentier.

461. (1903) La renaissance classique pp. -

On médite, on regarde autour de soi : ce ciel, ces marbres, cette blancheur des pierres, ces reflets des eaux dormantes sous le pâle soleil d’arrière-saison ! […] On s’arrête devant la blanche Colonnade avec ses jets d’eau taris, dont les vasques se dressent, sous la courbe gracieuse du portique, comme de hautes coupes à sorbets ; et l’on y évoque, en de chaudes soirées d’août, abritées par des voiles éclatants, des assemblées de femmes parées ou dévêtues comme des nymphes… Embarquements pour Cythère ! […] Gigantesques miroirs créés tout exprès pour refléter sa magnificence, les parterres d’eau répètent et prolongent dans leurs ciels illusoires la vaste ordonnance du palais avec ses statues, ses trophées de cuirasses et de drapeaux, ses pilastres et ses colonnes au mol ionique fleuri de guirlandes, ses hautes fenêtres au cintre épanoui comme pour accueillir plus abondamment la lumière. […] Seuls, les marbres rouges avec leurs veines ardentes, — allusion symbolique aux flammes du Désir, — les petits Éros des jets d’eau qui lutinent les tiges dorées des héliotropes de bronze, rappellent la destination amoureuse du logis. […] Les vasques moussues égrènent leurs gouttelettes sur les eaux stagnantes.

462. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Depuis l’installation d’un arrosage chez moi, avec l’eau de la ville, après cette desséchante sécheresse, faire de la pluie sur les feuilles, qui revivent verdissantes : ça m’enlève à tout, à la biographie de la Camargo, au scénario de La Faustin, que je veux tirer de mon roman. […] Cette image me donne un peu l’idée de l’effet produit par l’action de l’eau d’ici, sur l’intelligence. Jeudi 8 juillet Hier, au moment où j’étais arrivé aux jours, dans lesquels les médecins probabilisent une crise pour les buveurs d’eau, j’ai reçu une sommation d’un M.  […] -S. — Et ainsi que vous l’avez ajouté à la plume sur votre carte de visite : chevalier de la Légion d’honneur. » * * * Une excursion à Thiers en compagnie de mon jeune et charmant compagnon d’eau, Maurice Pottecher. […] » Et contre cette porte fermée, où il y a les bocaux d’eau phéniquée, les éponges, la table pour le charcuter, Lorrain dit des choses légères, rieuses, plaisantes, comme en dit un homme d’esprit, pour lequel le lendemain est sans bistouri.

463. (1922) Gustave Flaubert

D’abord l’illusion dans le temps, qui est le propre du désir, et qui est d’ailleurs aussi nécessaire à la vie que l’eau aux plantes. […] Ça bâille après l’amour, comme une carpe après l’eau sur une table de cuisine. […] En 1853, au moment même où Flaubert écrit Homais, le père Buloz publie dans sa revue les Buveurs d’eau, scènes de la vie d’artiste, par Mürger. […] Il semble qu’il tienne une place analogue au motif de l’eau. […] Dans cette détente de l’idée du style tout coule comme une eau puissante.

464. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Donnay, Maurice (1859-1945) »

Et le lendemain, votre bouche est amère, votre estomac brûlant, et vous sentez tout le prix de l’eau fraîche, des légumes au naturel, de l’odeur des fleurs des champs et de la simplicité !

465. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre II. De l’Allégorie. »

Remarquez même que l’esprit est moins choqué de la création des dryades, des naïades, des zéphyrs, des échos, que de celle des nymphes attachées à des objets muets et immobiles : c’est qu’il y a dans les arbres, dans l’eau et dans l’air un mouvement et un bruit qui rappellent l’idée de la vie, et qui peuvent par conséquent fournir une allégorie comme le mouvement de l’âme.

466. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre V. Ruines des monuments chrétiens. »

Quelquefois égaré dans sa route, un vaisseau caché sous ses voiles arrondies, comme un Esprit des eaux voilé de ses ailes, sillonne les vagues désertes ; sous le souffle de l’aquilon, il semble se prosterner à chaque pas, et saluer les mers qui baignent les débris du temple de Dieu.

467. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

Tous les bassins d’eau douce rassemblés ne forment qu’une petite étendue en comparaison des mers et des terres, conséquemment la concurrence entre les productions d’eau douce a toujours dû être moins vive qu’autre part ; les nouvelles formes ont dû s’y former plus lentement et les anciennes y ont été plus lentement détruites. Or, c’est dans l’eau douce que nous trouvons sept genres de poissons Ganoïdes, seuls restes actuels d’un ordre autrefois prépondérant. […] Quelques individus, par exemple, peuvent devenir peu à peu capables de se nourrir de nouvelles proies, soit mortes, soit vivantes, d’autres d’habiter de nouvelles stations, de grimper aux arbres, de fréquenter les eaux ou, enfin, quelques-uns peuvent devenir moins carnivores. […] Il en est de même des plantes et des insectes sur de petits îlots uniformes, et de même encore dans de petits étangs d’eau douce. […] Il est admis en physiologie que le cerveau, pour acquérir une grande activité, a besoin d’être baigné de sang chaud, ce qui exige une respiration aérienne ; de sorte que les mammifères à sang chaud qui habitent les eaux y vivent à quelques égards avec quelque désavantage, comparativement aux poissons.

468. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

La nuit tombe ; le vent tiédit, édulcoré Par la calme fraîcheur des pièces d’eau voisines ; On sent dans l’air du lilas neuf et des glycines, Tandis qu’un astre vieux, d’or détérioré, Émerge, puis un autre un peu moins incolore ; Or les jeunes étoiles ont aussi jailli ; Alors, honteux du premier astre trop vieilli, Voilà le ciel soudain qui le réincorpore. […] À l’eau s’en va la verte branche,       Le rossignol       A pris son vol… À l’eau s’en va la verte branche À l’eau du soir, à l’eau si blanche ! […] Il ne faut point qu’un poète fasse retentir dans de dures trompettes mugissantes les bruissements doux de l’eau, des printemps, des fleurs. Mais le poète est lui-même cette pompeuse trompette qu’embouchent tour à tour les eaux et les fleurs : voyez mon Traité du Poète-Roi. […] Puis, au loin un Anarchiste, d’une voix murmurante et mourante, selon le rythme du jet d’eau dans la vasque :

469. (1940) Quatre études pp. -154

Ô douce renonciation à la personnalité, ô délices de devenir le nuage qui passe, la goutte d’eau qui tombe en rosée, de n’être plus que la cendre qui annonce la résurrection ! […] Comme les sources, par la vertu de leurs eaux, font jaillir les arbres altérés : en lui aussi, les sources de vie jaillissent des profondeurs du monde ; et vers lui viennent les altérés. […] Le navire s’enfonce au fond des eaux. […] Si au contraire le soleil vient à manquer avant qu’elle soit totalement embrasée, elle peut continuer à perdre ses eaux… Mais quelle que soit sa destinée et celle de ses habitants, il y a lieu de croire que dans la multitude innombrable des globes que renferme ce vaste univers, les uns enflammés et les autres opaques, dont nous n’apercevons que la moindre partie, il y en a toujours qui seront dans une augmentation d’eaux et de matières, tandis que la diminution continuera dans les autres. […] Si nous pénétrons dans son intérieur, nous y trouverons des métaux, des minéraux, des pierres, des bitumes, des sables, des terres, des eaux, et des matières de toute espèce, placées comme au hasard et sans aucune règle apparente.

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