Ainsi, en cette épître, d’après le sentiment dominant qui l’affectait, et que nous avons indiqué déjà, elle s’écrie : Souvent les yeux fixés sur ce beau paysage Dont le lac avec pompe agrandit les tableaux, Je contemplais ces monts qui, formant son rivage, Peignent leur cime auguste au milieu de ses eaux : Quoi ! […] De son côté, elle le jugeait l’homme le plus séduisant de l’Angleterre, ajoutant toutefois : « Je lui crois juste assez de sensibilité pour abîmer le bonheur d’une femme68. » Mais ce qu’on ne peut exprimer de Coppet aux années les plus brillantes, ce que vous voudriez maintenant en ressaisir, ô vous tous, cœurs adolescents ou désabusés, rebelles au présent, passionnés du moins des souvenirs, avides d’un idéal que vous n’espérez plus pour vous, — ô vous tous qui êtes encore, on l’a dit justement, ce qu’il y a de plus beau sur la terre après le génie, puisque vous avez puissance de l’admirer avec pleurs et de le sentir, c’est le secret et l’entre-croisement des pensées de ces hôtes sous ces ombrages ; ce sont les entretiens du milieu du jour le long des belles eaux voilées de verdure. Un hôte habituel de Coppet, qu’interrogeait en ce sens ma curiosité émue (il n’est pas de ceux que j’ai nommés plus haut)69, me disait : « J’étais sorti un matin du château pour prendre le frais ; je m’étais couché dans l’herbe épaisse, près d’une nappe d’eau, à un endroit du parc très-écarté, et je regardais le ciel en rêvant. […] C’est cette idée assez répandue, qu’elle aurait adhéré ou poussé au 18 fructidor, qui a fait dire d’elle « qu’elle jetait ses amis à l’eau pour se donner le plaisir de les repêcher le lendemain » En France un bon mot est souvent toute la preuve d’un fait. — Et puisque j’en suis à ces mots-là, je les mettrai ici tels que je les trouve dans les journaux du temps avec les variantes.
Entre la vase du fond et l’écume de la surface roulait le grand fleuve national, qui, s’épurant par son mouvement propre, laissait déjà voir par intervalles sa couleur vraie, pour étaler bientôt la régularité puissante de sa course et la limpidité salubre de son eau. […] Vous les entendez s’enorgueillir de leurs coups de poing, de leur viande, de leur ale, de tout ce qui peut entretenir la force et la fougue de la volonté virile. « Le roastbeef et la bière852 font des bras plus forts que l’eau claire et les grenouilles. » Aux yeux de la foule, leurs voisins sont des perruquiers affamés, papistes et serfs, sortes de créatures inférieures qui n’ont ni la propriété de leurs corps ni le gouvernement de leurs consciences, marionnettes et machines dans la main d’un maître et d’un prêtre. […] Le squire de campagne déblatère, après boire, contre la maison de Hanovre, et porte la santé du roi au-delà de l’eau ; le whig de la ville, le 13 janvier, porte celle de l’homme au masque855, et ensuite de l’homme qui fera la même chose sans masque. […] Entre ses mains, le duc de Bedford, qui lui a reproché sa pension, deviendra, « parmi les créatures de la couronne, le léviathan qui, deci delà, roule sa masse colossale, joue et gambade dans l’océan des bontés royales, qui pourtant, tout énorme qu’il soit et quoique couvrant une lieue de son étendue, n’est après tout qu’une créature, puisque ses côtes, ses nageoires, ses fanons, son lard, ses ouïes elles-mêmes, par lesquelles il lance un jet d’eau contre son origine et éclabousse les autres d’écume, tout en lui et autour de lui vient du trône871. » Il n’a point de goût, ses pareils non plus.
— Si vraiment Montesquieu n’a point remarqué, je crois, à quel point il était complexe, divers, fleuve où se jettent et se mêlent les eaux les plus différentes ; mais quand la variété des idées va jusqu’au conflit, il n’est pas homme à ne s’en point aviser. […] Voltaire ment comme l’eau coule. […] Le meilleur moyen, en matière d’histoire, de combattre et d’extirper le surnaturel, c’est donc de montrer qu’elle est absurde, qu’elle ne porte la marque d’aucune intelligence, que les révolutions des empires y dépendent d’un verre d’eau qui tombe, d’un nez trop court, d’un grain de sable, — et c’est ce que Voltaire a aimé à faire. […] La mer couvrant la terre tout entière, les Alpes sous les eaux ; il en reste des coquillages dans les montagnes ! […] Voyez-vous ces montagnes comme elles sont bien disposées pour la répartition des eaux en vue de la plus grande commodité l’homme66… (Voir dans Fénelon la première partie du Traité sur l’existence de Dieu.)
Mme de Léry demande d’abord du thé, puis elle redemande du sucre, puis elle redemande du lait, puis elle redemande de l’eau chaude, puis elle prie Chavigny de jeter le tout. […] Donc vous auriez pu voir, mardi dernier, vers huit heures et demie du soir, des ombres se faufiler à travers les baraques de la foire de Montmartre, et tourner anxieusement, parmi les flaques d’eau du pavé, autour de la place Pigalle, interrogeant du binocle les plaques des coins de rues. […] Pugnol nous conte, dans un de ses monologues, qu’il a été au bagne pour avoir jeté à l’eau une femme dont il était jaloux. — Alors, je ne comprend plus. […] N’allez pas, maintenant, me prêter cette pensée que le monde est clair pour nous comme eau de roche, ni m’accuser de nier l’inconnu que nous portons dans notre chair et dans notre âme, et quel mystère nous nous sommes les uns aux autres, et à nous-mêmes. […] Vous ne pensez à rien ; vous trouvez seulement qu’il fait chaud, et vous vous dites que vous seriez beaucoup mieux sur quelque terrasse ombragée de tilleuls ou près de quelque belle eau courante bordée de saules et de peupliers.
Trôler dans l’immense bâtiment, s’asseoir sur la chaise au pied du lit des fillettes de son âge et causer avec elles, aller jeter de l’eau bénite sur le corps d’une morte : c’est devenu une vie presque distrayante pour elle. […] Je m’amusais de l’ahurissement de ce monsieur très fort, quand Berthelot affirmait qu’il se vendait cent fois plus d’eaux minérales, que les sources ne pouvaient en débiter, que tout le lait de Paris, était du lait produit par des vaches enfermées et phtisiques, que tout le poisson était conservé avec du salicylate, très bon conservateur des produits alimentaires, mais mortel pour le cerveau et les reins de la population parisienne, que, que… enfin tous les que, dont un Parisien se doute un peu, sans pouvoir les préciser comme un chimiste. […] Des antres de bêtes, où l’on remarque des ébauches d’escaliers frustes, et des rigoles barbarement entaillées le long du contournement des rochers, et qui amenaient l’eau de la pluie dans des citernes.
L’espace toujours en mouvement, l’eau infatigable, les nuages « qu’on dirait affairés », le « vaste effort obscur », toute cette convulsion est un problème. « Qu’est-ce que ce tremblement perpétuel fait ? […] Les plaines où le ciel aide l’herbe à germer, L’eau, les prés, sont autant de phrases où le sage Voit serpenter des sens qu’il saisit au passage. […] J’aime autant de grands marais troubles et profonds par places que ces deux verres d’eau claire que le génie français lance en l’air avec une certaine force, se flattant d’aller aussi haut que la nature des choses.
Un déluge de maux couvre la terre ; une arche flotte au-dessus des eaux, comme jadis celle qui portait la famille du Juste ; mais cette arche-ci est demeurée vide, nul n’a été jugé digne d’y entrer ! […] N’est-ce point parce qu’étant privées d’eau sur les lieux élevés et exposées à l’ardeur du soleil, cette divine Providence, qui donne sa parure aux lis des champs, a voulu que leur calice pût retenir la rosée du matin, et que la fleur épanouie rendît à sa tige le bienfait qu’elle en avait reçu avant d’éclore ?
Car elle a placé dans les eaux ceux qui sont propres à nager ; dans les airs, ceux qui sont disposés à voler ; et, parmi les terrestres, elle a fait ramper les uns, marcher les autres ; elle a voulu que ceux-ci vécussent seuls, et ceux-là en troupeaux ; elle a rendu les uns féroces, les autres doux ; il y en a qui vivent cachés sous terre. […] Qui ne rirait pas de ces filets d’eau qu’ils appellent des Nils et des Euripes, en voyant ce que je vois ?
Il faut passer par le feu et par l’eau avant d’entrer dans le lieu de rafraîchissement. […] L’amour souvent ne connaît point de mesure ; mais, comme l’eau qui bouillonne, il déborde de toutes parts.
Mais à quoi bon l’histoire de la fête donnée sur l’eau, de cette sérénade, de ce festin dont il décrit le menu ? […] La prude Arsinoé, qui a voulu la brouiller avec ses amants pour pêcher un mari en eau trouble, reste sans mari, et prude avec le châtiment de se l’entendre dire.
. — Plus sachant, il n’est — nul que toi : — tu connais ce que le gouffre cache, — ce que le mont et le val, — l’air et l’eau enlacent ; — où sont des êtres — là souffle ton Souffle ; — où pensent des cerveaux, — est ta Pensée : — tout, dit on, — te serait connu. — Pour qu’à présent j’obtienne la Connaissance, — je t’ai éveillée du Sommeil. […] Il publia en 1876, À propos des Fêtes de Bayreuth, une fantaisie sur l’inauguration du palais des festivals (à laquelle il n’avait d’ailleurs pas assisté) dans la revue Paris à l’eau forte.
Qui nous dit que les âmes ne s’engendrent pas intellectuellement comme les corps, et que la dernière goutte d’eau ne participe pas à la corruption de la source ? […] Le fer ne peut la diviser, ni le feu la brûler, ni l’eau la corrompre, ni l’air l’altérer… Mais, soit que tu penses qu’elle meurt avec le corps, soit que tu la croies, comme moi, éternelle, ne t’afflige pas : toutes les choses qui ont un commencement ont une fin, et les choses sujettes à la mort doivent avoir un régénérateur.
Tant de nuances concourent à former cette atmosphère qu’il est impossible à l’homme qui la sent de la décomposer ; il aime ou il n’aime pas, voilà toute son analyse ; le jugement n’est qu’une impression aussi rapide qu’un instinct, et aussi infaillible en nous que l’impression que nous ressentons en plongeant la main dans une eau brûlante, tiède ou froide. […] « Servez donc ce roi immortel et si plein de miséricorde, qui vous comptera un soupir et un verre d’eau donné en son nom, plus que tous les autres ne feront jamais tout votre sang répandu ; et commencez à compter le temps de vos utiles services du jour que vous vous serez donnés à un maître si bienfaisant.
Rien ne ressemble à une Chanson de geste comme une autre Chanson de geste, si ce n’est un Roman de la Table-Ronde à un autre Roman de la Table-Ronde, un Conte à un autre Conte, ou enfin un Mystère à un autre Mystère ; et deux gouttes d’eau ne sont pas plus semblables, ou, pour mieux dire, deux tragédies classiques, ni deux romans naturalistes. […] William Edwards, Recherches sur les langues celtiques ; et Zeuss, Grammatica celtica]. — Que, si l’influence de l’élément celtique se retrouve dans le français, il semble que ce soit moins dans le vocabulaire que dans la syntaxe ; — et moins peut-être encore dans la syntaxe que dans la prononciation. — Considérations à ce sujet ; et de l’influence de la conformation des organes, ou de la nature des eaux, des airs et des lieux sur la prononciation. — Que, pour mal définie que soit l’influence celtique, on ne saurait pourtant la révoquer en doute ; — et qu’on ne saurait s’expliquer sans elle la différenciation du français, et de l’italien ou de l’espagnol.
. — Sur le milieu du second, une femme nue et debout, tord ses cheveux d’où dégouttent les derniers pleurs de l’eau salutaire et fécondante ; une autre, nue à moitié couchée, semble comme une chrysalide, encore enveloppée dans la dernière vapeur de sa métamorphose. — Ces deux femmes, d’une forme délicate, sont vaporeusement, outrageusement blanches ; elles commencent pour ainsi dire à reparaître. — Celle qui est debout a l’avantage de séparer et de diviser symétriquement le tableau. […] Boissard a toujours surnagé au-dessus des eaux troubles de la mauvaise époque dont nous parlions à propos de M.
De l’Unité sort la Triade, et de la Triade l’Unité ; non pas de la même manière que la source, le ruisseau, le fleuve, ne forment qu’une seule onde chassée en trois jets différents sur la terre ; non pas comme la flamme du bûcher s’en détache et revient s’y réunir ; non pas comme la parole s’élance de l’esprit, et pourtant y demeure ; non pas comme des eaux frappées par les traits du soleil jaillit une splendeur réfléchie sur les murailles, çà et là mobile, qui fuit au moment d’approcher, et se rapproche à l’instant où elle va fuir. […] seconde Rome, aussi supérieure aux autres villes que le ciel étoilé l’emporte sur la terre, je vous prends à témoin de tout ce que l’envie m’a fait, de quelle manière elle m’a séparé de mes religieux enfants, après mes longues luttes, après la lumière que j’avais apportée par les enseignements célestes, après les eaux limpides que j’avais fait jaillir du rocher !
Or, voici sur ce point ce qui me semble : Supposez un homme assis au bord d’une rivière ou au bassin d’une source, qui s’appliquerait à considérer avant tout la réflexion des objets dans l’eau, à en saisir tous les reflets, les nuances, à en déterminer les rapports, les plans, les perspectives et les profondeurs apparentes ; que penseriez-vous de cet homme s’il posait comme premier principe que les reflets qu’il observe n’ont rien de commun avec les objets du rivage, avec l’état des bords ou du fond, que son étude ne se rattache en rien à cette partie de la physique qu’on appelle l’optique, et qu’il n’a rien de mieux à faire que de s’en passer ?
Et ce n’est qu’ainsi qu’on s’explique aussitôt et pleinement, dit-il, pourquoi « l’on voit si souvent le paysagiste, qui est donc au fond un chercheur de choses à exprimer bien plus qu’il n’est un chercheur de choses à copier, dépasser tantôt une roche magnifique, tantôt un majestueux bouquet de chênes sains, touffus, splendides, pour aller se planter devant un bout de sentier que bordent quelques arbustes étriqués ; devant une trace d’ornières qui vont se perdre dans les fanges d’un marécage ; devant une flaque d’eau noire où s’inclinent les gaulis d’un saule tronqué, percé, vermoulu… C’est que ces vermoulures, ces fanges, ces roseaux, ce sentier, qui, envisagés comme objets à regarder, sont ou laids ou dépourvus de beauté, envisagés au contraire comme signes de pensées, comme emblème des choses de la nature ou de l’homme, comme expression d’un sens plus étendu et plus élevé qu’eux-mêmes, ont réellement ou peuvent avoir en effet tout l’avantage sur des chênes qui ne seraient que beaux, que touffus, que splendides ».
» Combien de fois ne forma-t-il point là-dessus, d’avance, un système de vie paisible et solitaire : J’y faisais entrer une maison écartée, avec un petit bois et un ruisseau d’eau pure au bout du jardin ; une bibliothèque composée de livres choisis, un petit nombre d’amis vertueux et de bon sens, une table propre, mais frugale et modérée.
J’ai ouï dire que Mlle Mars elle-même avait peu de sensibilité proprement dite ; mais elle était née pour jouer du Marivaux avec cette ingénuité habile, avec cet art du naturel, avec cet organe charmant, enchanteur, et cette voix sonore à travers laquelle se dessinaient les moindres intentions comme les perles dans une eau limpide.
Mme de Grammont était allée à des eaux avec le comte de Grammont qui s’y trouvait bien et qui, dit-on, y rajeunissait : Versailles, écrit à ce propos Fénelon, ne rajeunit pas de même ; il y faut un visage riant, mais le cœur ne rit guère.
Lassone, premier médecin du roi en survivance, avait à ce titre l’examen des remèdes secrets ; il avait l’administration des eaux minérales et médicinales.
Il parle une fois très sensément contre l’astrologie judiciaire ; il paraît avoir une conception assez juste et assez saine du système du monde ; il démontre par des considérations physiques et naturelles la chimère qu’il y a à prétendre tirer des horoscopes sur la fortune des hommes ; et l’instant d’après, parlant d’un voyage en mer que fait devant Dieppe la princesse Marie et d’un vent violent qui, se levant tout d’un coup, aurait pu la mettre en danger : « Cela me fit souvenir, dit-il, d’un songe que j’avais eu la nuit précédente pour un certain débordement d’eaux que je m’étais imaginé, comme il arrive assez souvent. » Il ne croyait pas à l’astrologie, et il a l’air de croire aux songes.
Le journal belge a commis une contravention en disant : « Les pluies tombées depuis dimanche ont fait subir à nos rivières une crue de plus de sept pieds », employant ainsi illégalement une dénomination ancienne pour déterminer la hauteur des eaux de la Meuse.
Quinet tout d’abord au plus honorable rang parmi les poëtes en vers de nos jours, c’est, après la grandeur de l’entreprise et la longueur de la carrière dont il faut tenir compte, une poésie générale, mouvante, puissante, qui circule dans tout cela, comme l’air sur de vastes plateaux élevés, ou comme l’esprit sur les eaux ; c’est de plus un certain nombre de morceaux très-beaux qui semblent lui assurer une manière.
que de générations spontanées vont éclore de toutes parts et lever la tête sur cette eau dormante !
Ce qui est bien de lui, c’est le prosaïque, le commun, la déclamation à vide, ou encore le mauvais goût, comme les livrées de Vertumne et les haleines qui fondent l’écorce des eaux.