De plus, une société, après de longues et terribles secousses, arrive parfois ù un état d’équilibre qui donne aux contemporains l’illusion d’un repos indéfini ; c’est ainsi que, dans la première partie du règne personnel de Louis XIV, la plupart des Français crurent la langue, les règles de la poésie et du bon goût, le régime politique et religieux aussi bien que le régime littéraire fixés en France pour l’éternité.
— C’est assez vrai ; mais leur punition méritée est sans doute qu’on les dépouille, au lieu de les enrichir, eux qui veulent paraître plus riches qu’ils ne sont et qui donnent les apparences de la richesse à leur pauvreté ; et qu’on jette de la lumière dans l’appartement volontairement obscur où ils nous reçoivent, pour voir l’ameublement un peu usé sur lequel ils voulaient faire illusion.
Mais, jeune ou non, éprouvé par le travail ou caressé par l’inspiration facile, qu’il se souvienne du conseil que nous lui donnons en toute sympathie et dans l’intérêt de ses œuvres futures ; il y a deux hommes en lui, — l’homme de la veine et l’homme de la culture ; l’homme de la poésie sentie et l’homme de la poésie ressouvenue.
Ce n’est point un pacha, c’est un klephte à l’œil noir Qui l’a prise et qui n’a rien donné pour l’avoir, Car la pauvreté l’accompagne, etc.
L’auteur d’Indiana, depuis son roman, a donné à une Revue une nouvelle intitulée Melchior, où se retrouvent dans un moindre espace les mérites d’observation et de passion que nous venons de signaler.
Tout ce tableau qu’on nous donne du xviiie siècle est faux, chargé, noirci par la passion politique, et tendant à faire ressortir notre enfer actuel, qui, selon l’auteur, en est venu.
Et d’abord, pour donner quelque dignité à cette discussion impartiale, dans laquelle il cherche la lumière bien plus qu’il ne l’apporte, il répudie tous ces termes de convention que les partis se rejettent réciproquement comme des ballons vides, signes sans signification, expressions sans expression, mots vagues que chacun définit au besoin de ses haines ou de ses préjugés, et qui ne servent de raisons qu’à ceux qui n’en ont pas.
Les raisons à donner de cela sont trop évidentes.
à partir de 1830 et de ce romantisme qui avait donné des poètes comme M. de Lamartine, M.
La forme donnée leur est incompatible et enraye leur développement. […] Étant donnée une image quelconque à un moment quelconque, on pourra toujours expliquer sa présence actuelle par le commencement de renaissance qu’elle avait dans l’image ou sensation précédente, et sa netteté, son énergie, sa facilité à renaître, toutes ses qualités intrinsèques par le degré d’attention et par le nombre de répétitions qu’auparavant, soit en elle-même, soit dans la sensation correspondante, elle aura subies ; toutes remarques comprises dans notre loi fondamentale qui constate dans la sensation et dans son image la tendance à renaître, et qui partant assure à l’image commencée, à l’image accompagnée d’attention, à l’image fortifiée par des répétitions, une prépondérance qui aboutit.
Mais la grande qualité de Fontenelle, et par où il donna le ton à toute la philosophie du siècle, ce fut la clarté.
Un régime libre, d’après cette conception dont Stuart Mill donne assez bien la formule, est un régime qui permet à chaque citoyen de s’occuper des questions politiques et sociales qui l’intéressent et sur lesquelles il est suffisamment compétent.
Impossibilité de la haute science dans un système de révélation ; car la science n’a de valeur qu’en tant que cherchant ce que donne la révélation.
La grande vision du royaume de Dieu, sans cesse flamboyant devant ses yeux, lui donnait le vertige.
Or, si la justesse du mépris de Tacite, après dix-huit cents ans, a été suspectée, que serait-ce donc s’il s’agissait d’un mépris, supérieur au sien peut-être, pour des hommes vivants qui n’ont donné leur démission de rien, et dont nous coudoyons les fautes et les crimes, les lâchetés et les trahisons ?
Sans daigner répondre à ces reproches d’immoralité et de tyrannie, faits par les hautes moralités du xviiie siècle à une mesure qui eut l’assentiment d’hommes comme Le Tellier, Bossuet et Grotius, le plus vénéré des protestants, il eût examiné seulement, la tête dans le xviie siècle, si la mesure de Louis XIV avait cette convenance du moment et cette prévoyance de l’avenir qui donnent à tout pouvoir, eût-il échoué, un bill d’amnistie devant l’Histoire.
Et c’est ce qui donne à cette histoire son intense réalité !
Jamais la probité exaltée, l’honneur, le génie, toutes les poésies du cœur et de l’esprit, n’ont donné un plus beau spectacle que celui qu’on trouve en ces lettres, et cependant je n’ai pas encore dit ce qu’on y trouve de plus touchant et de plus beau !
qui lirait, à cette heure, le poète des Réveils, s’il n’y avait que ses idées dans ses vers et si la forme qu’il leur donne ne les faisait pas souvent oublier ?
Je me suis consacré à toi dès ma jeunesse et j’espère que l’exemple que j’ai cherché à donner aura servi à te faire glorifier.
Mais le choix est dangereux : la méchanceté adroite sait tromper ; et de tous les maux qu’elle fait, le plus funeste c’est qu’elle prend le masque des vertus, et abuse ainsi ou l’ignorance qui ne voit pas, ou la précipitation qui ne se donne pas le temps de voir.
Il a, sur cette vaste terre, suppléé par le scrupule moral et la contrainte volontaire à la rare et timide intervention d’une force officielle ; il a gouverné religieusement ces hommes si difficiles à maîtriser par l’autorité humaine ; et ainsi, à cette société active et calme, irrésistible et presque incontrôlable dans son droit populaire, il avait donné pour contrepoids et pour modérateur le droit évangélique228, la loi suprême de justice et de charité.
Cousin a eu une heureuse idée, celle de revoir, de retrouver en quelque sorte son Cours de 1815 à 1820, et de le donner au public aussi fidèlement qu’il a pu le ressaisir, mais sans se faire faute au besoin de suppléer l’éloquent professeur de ce temps-là par le grand écrivain d’aujourd’hui.
Alors, les autorités ne fonctionnant plus, les passions antisociales de la population se sont déchaînées de façon à donner une idée bien faible de l’efficacité de l’instinct social.
A propos du Maçon, retouché par cet esprit que la religion a retouché aussi jusque dans le fond et le tréfond de son être, il est peut-être curieux et piquant d’esquisser à traits pressés une vie singulière, que les Mémoires du dix-neuvième siècle ne donneront pas, et qu’en bonne conscience l’Histoire littéraire de cette époque ne pourrait décemment oublier.
Tel autre arrêt, par sa rigueur même, donne l’idée d’une bonté touchante. […] L’âme pécheresse, c’est elle seule qui meurt. — Un homme est juste, il pratique le droit et l’équité ; — Il ne mange pas sur les Hauts Lieux le festin des fêtes, il ne lève pas les yeux vers les idoles, il ne souille pas la femme de son prochain ; — Il n’opprime personne, il rend au pauvre le gage de la dette, il donne son pain à l’affamé, il couvre d’un vêtement celui qui est nu ; — Il ne prête pas à usure, il retire sa main de l’injustice, et prononce, suivant le droit, entre celui-ci et celui-là ; — Il marche selon ma règle et il observe mes commandements. — Cet homme est un juste, il vivra, dit le Seigneur Dieu. — Mais cet homme engendre un fils violent qui fait tout le contraire de son père : — Il verse le sang, mange sur les montagnes, il rend impure la femme de son prochain, il lève les yeux vers les idoles, il opprime le pauvre et l’indigent. — Et il vivra ?
Les travailleurs accourent de toutes parts à cette oasis d’où les soucis matériels sont chassés par la propriété une fois donnée, l’entente et le travail.