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1721. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Ceci nous indique la pente du siècle ; on demandait alors aux écrivains non seulement des pensées, mais encore des pensées d’opposition. […] La noblesse de Clermont en Beauvoisis546 ordonne à ses députés « de demander avant tout qu’il soit fait une déclaration explicite des droits qui appartiennent à tous les hommes ». […] La noblesse de Reims demande « que le roi soit supplié de vouloir bien ordonner la démolition de la Bastille ». — Maintes fois, après des vœux et des prévenances semblables, les délégués de la noblesse et du clergé sont accueillis dans les assemblées du Tiers par des battements de mains, « des larmes », des transports. […] Aucun gouvernement ne s’est montré plus doux : le 14 juillet 1789, il n’y avait à la Bastille que sept prisonniers, dont un idiot, un détenu sur la demande de sa famille, et quatre accusés de faux553.

1722. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

On résume en un clin d’œil sa vie et ses œuvres ; on se demande : Qu’avons-nous perdu ? […] « Lady Stanhope m’a avoué depuis que j’avais en effet attiré son attention ; elle ne pouvait croire, disait-elle, qu’une demande sans compliments ni emphase fût d’un voyageur uniquement indiscret ou curieux. […] XXXIV « Lady Stanhope me demanda mon nom : je vis que les journaux qu’on lui envoyait de temps en temps, malgré ses ordres, ajouta-t-elle, le lui avaient déjà prononcé ; j’ajoutai que des fonctions m’attachaient à la résidence de Constantinople, d’où je venais ; et elle me parla de quelques hommes d’État anglais que j’avais dû y voir. […] « Lady Stanhope m’avait quitté un instant dans le cours de la nuit ; je la vis revenir bientôt, et je m’aperçus qu’elle boitait ; je lui en demandai la cause.

1723. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

« Je me retourne, et lui demande où est son maître. […] Ainsi, le besoin d’une chose ayant poussé un homme à se joindre à un homme, la multiplicité des besoins a réuni dans une même demeure plusieurs hommes pour s’entraider, et nous avons donné à cette association le nom dérivant d’État. » Les fondements de l’État sont donc nos besoins, et, de cette vérité, Platon, dérivant tout à coup des spécialités de besoins, qui demandent des spécialités de fonctions pour les satisfaire, établit des catégories de citoyens et des castes de professions correspondantes à tous ces besoins. […] Il bouleverse à l’instant ce divin poème de la maternité ; il défend à la mère de connaître son enfant, à l’enfant de se suspendre à la mamelle de sa mère ; il condamne celle-ci à subir les souffrances de la gestation et de l’enfantement, à faire tarir dans son sein le lait providentiel qui demande à couler ou qui reflue avec fièvre et danger de mort au cœur de la mère. […] Il nous faudrait pour cela un second Montesquieu ; le temps le demande et la Providence nous le doit.

1724. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

« Le cygne : Ma vie tranquille se passe dans les ondes, elle n’y trace que de légers sillons qui se perdent au loin, et les flots à peine agités répètent comme un miroir pur mon image sans l’altérer. » « L’aigle : Les rochers escarpés sont ma demeure, je plane dans les airs au milieu de l’orage ; à la chasse, dans les combats, dans les dangers, je me fie à mon vol audacieux. » « Le cygne : L’azur du ciel serein me réjouit, le parfum des plantes m’attire doucement vers le rivage, quand, au coucher du soleil, je balance mes ailes blanches sur les vagues pourprées. » « L’aigle : Je triomphe dans la tempête quand elle déracine les chênes des forêts, et je demande au tonnerre si c’est avec plaisir qu’il anéantit. » « Le cygne : Invité par le regard d’Apollon, j’ose me baigner dans les flots de l’harmonie ; et reposant à ses pieds, j’écoute les chants qui retentissent dans la vallée de Tempé. » « L’aigle : Je réside sur le trône même de Jupiter : il me fait signe et je vais lui chercher la foudre ; et pendant mon sommeil, mes ailes appesanties couvrent le sceptre du souverain de l’univers. » « Le cygne : Mes regards prophétiques contemplent souvent les étoiles et la voûte azurée qui se réfléchit dans les flots, et le regret le plus intime m’appelle vers ma patrie, dans le pays des cieux. » « L’aigle : Dès mes jeunes années, c’est avec délices que dans mon vol j’ai fixé le soleil immortel ; je ne puis m’abaisser à la poussière terrestre, je me sens l’allié des dieux. » « Le cygne : Une douce vie cède volontiers à la mort : quand elle viendra me dégager de mes liens et rendre à ma voix sa mélodie, mes chants jusqu’à mon dernier souffle célébreront l’instant solennel. » « L’aigle : L’âme, comme un phénix brillant, s’élève du bûcher, libre et dévoilée ; elle salue sa destinée future, le flambeau de la mort la rajeunit en la consumant. » XLVIII Mais rien ne surpasse son analyse et sa traduction du drame de Faust, par Gœthe, et cette scène à laquelle ni l’antiquité ni Shakespeare n’ont de scène tragique à opposer. […] Ce n’était plus l’empire, c’était la dictature qu’il demandait l’épée à la main. […] « Tu me demandes si j’ai vu madame de Staël, pendant mon séjour sur les bords du lac de Genève ? […] Je tremblai même un instant qu’elle ne fît arrêter la voiture pour me demander ce que j’avais à lui dire.

1725. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Auguste Vacquerie Lorsque Marion rencontre Didier et qu’elle court après lui, c’est un amant et non un mari qu’elle demande. […] Qui voudrait aujourd’hui demander compte au général des manœuvres qu’il employa, des sacrifices qui furent les conditions du succès ? […] Émile Zola Vous me demandez une page sur Victor Hugo. […] Ils ont sonné pour moi, comme pour bien d’autres, le siècle de la liberté dans lequel nous entrons… » Voilà la page que vous demandez, mon cher confrère, et je regrette simplement qu’elle ne soit pas plus complète et plus éloquente.

1726. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Pour Achille, n’est-ce pas un étrange héros d’épopée qu’un homme qui demande à la déesse sa mère de le venger de ses ennemis, et qui reste sous sa tente pendant qu’on se bat ? […] Elle demande à toute chose ses preuves, et comme le sentiment n’en peut administrer aucune, elle le nie. […] Une femme du monde ; curieuse, comme on l’était alors, des découvertes de la philosophie nouvelle, demande à notre philosophe comment est fait le monde que nous habitons, et s’il y a d’autres mondes habités. […] Nous continuons à douter qu’il soit dans les desseins de Dieu que nous étouffions de nos mains la lumière qui luit en chaque homme venant au monde ; mais nous demandons à Pascal son secours pour apprendre dans le christianisme la science de nous-mêmes et la règle de notre vie.

1727. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

La morale s’est détachée de la vie, elle a été considérée comme une chose à part, existant en soi et pour soi, à qui personne n’a de comptes à demander, et avec qui on ne discute pas. […] « Si, dit-il, je demande à un honnête homme qui, malgré les suggestions de la misère, a respecté le dépôt qui lui avait été confié, pourquoi il a fait cela ; il me répondra : Parce que c’était mon devoir. Si j’insiste, si je lui demande pourquoi c’était son devoir, il saura très bien me répondre : Parce que c’était juste, parce que c’était bien. […] On lui demande, en somme, de faire que des êtres différents ne soient plus qu’un.

1728. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

On ne connaît jamais bien l’homme qu’on étudie, tant qu’on ne s’est pas demandé quelle est sa religion et qu’on ne s’est pas fait la réponse. […] Rentrant de là dans son cabinet : « Je me tiens plus heureux céans, disait-il, avec mes livres (avec mes maîtres muets, dit-il encore ailleurs) et un peu de loisir, que n’est le Mazarin avec tous ses écus et ses inquiétudes. » Il ne demandait que la continuation de la santé et de ces intervalles de loisir « pour étudier, ou pour méditer la patience de Dieu sur les péchés des hommes, et considérer le tric-trac du monde ». […] Quelques notes plus nourries, à la fin des volumes, contiendraient les anecdotes ou les épisodes qui demanderaient plus de développement.

1729. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Il dîne bien ; un laquais vient lui dire qu’on le demande ; il descend, va à la porte et trouve trois messieurs garnis de cannes qui lui régalèrent les épaules et les bras gaillardement. […] On ne parle plus de ceux de Voltaire, il les garde : on s’est souvenu du mot de M. le duc d’Orléans, à qui il demandait justice sur pareils coups, et le prince lui répondit : « On vous l’a faite. » » L’évêque de Blois a dit : « Nous serions bien malheureux si les poètes n’avaient point d’épaules. » On dit que le chevalier de Rohan était dans un fiacre lors de l’exécution, qu’il criait aux frappeurs : « Ne lui donnez point sur la tête !  […] Je ne suis pas exigeant et je ne demanderais que ce qui est partout, ce me semble : au défaut de l’auteur, un correcteur en première.

1730. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

Demande à Dieu pour moi la grâce de supporter la vie elle me devient tous les jours plus à charge. » Il ne se dissimule pas un des périls les plus grands auxquels il sera soumis, la tentation d’écrire. […] Il n’est pas sans se le demander et, en homme qui se connaît, sans se faire la réponse : « Si je me chargeais d’une semblable tâche, je ne pourrais guère m’occuper d’autre chose, et demeurerais par conséquent exposé à tous les dangers qui accompagnent l’état d’homme de lettres, et que M.  […] Quant aux avis qu’on y pourrait ajouter, l’expérience que j’en ai a tellement rétréci ma confiance, qu’à moins d’être contraint d’en demander, je suis bien résolu à ne jamais procurer à personne l’embarras de m’en donner ; et j’en dis autant des exhortations.

1731. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Quand je me dis combien de manières il y a de mal observer un homme qu’on croit bien connaître, de mal regarder, de mal entendre un fait qui se passe presque sous les yeux ; quand je songe combien d’arrivants béats et de Brossettes apprentis j’ai vu rôder, le calepin en poche, autour de nos quatre ou cinq poëtes ; combien d’inconstantes paroles jetées au vent pour combler l’ennui des heures et varier de fades causeries se sont probablement gravées à titre de résultats sentencieux et mémorables ; combien de lettres familières, arrachées par l’importunité à la politesse, pourront se produire un jour pour les irrécusables épanchements d’un cœur qui se confie ; quand, allant plus loin, je viens me demander ce que seraient, par rapport à la vérité, des mémoires sur eux-mêmes élaborés par certains génies qui ne s’en remettraient pas de ce soin aux autres, oh ! […] D’ailleurs elle n’eût pas mieux demandé que de tenir de moi ce qu’elle était obligée d’acheter d’un autre. […] Dans les prisons, où l’on trompe souvent l’ennui des heures obscures par des chants en chœur, les prisonniers, interrompant d’ordinaire le coryphée qui leur entonne une gaie chanson, lui demandent autre chose ; ils veulent du triste, une romance, comme ils disent.

1732. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

D’autres auraient pu croire qu’il suffisait, en commençant, d’exposer la situation du royaume, l’état de l’administration, le système des lois politiques, civiles et pénales, au moment où saint Louis arriva au trône ; l’Académie n’en demandait pas davantage ; mais l’esprit du jeune écrivain était plus exigeant : de bonne heure attentif à remonter aux causes, à suivre les conséquences, à ne jamais perdre de vue l’enchaînement, il se dit que l’influence et la gloire de saint Louis consistaient surtout dans l’abaissement et la subordination du régime féodal, et il rechercha dès lors quel était ce gouvernement féodal dans ses origines et ses principes, comment il s’était établi, accru, et par quels degrés, ayant atteint son plus grand développement, il approchait du terme marqué pour sa décadence. […] De même Richelieu, amoindri d’abord, demandait à être replacé à son vrai rang, et bien moins en tête des ambitieux ministres que dans la série même des rois. […] Les deux volumes de Notices et Mémoires historiques (1843) qui contiennent le tribut payé par M.Mignet à titre de membre et d’organe de deux académies, et particulièrement de celle des Sciences morales et politiques, demanderaient plus d’espace pour l’examen que nous ne pouvons leur en donner ici.

1733. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

 » Ce serait trop demander pourtant au lecteur d’aujourd’hui que de me suivre en détail près de chaque poëte de cette famille, de cette coterie. […] Elle naît avec lui, sans cesse lui demande Un tribut dont en vain son orgueil se défend. […] On en peut demander des nouvelles à Saint-Lambert, qui est en plein milieu.

1734. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Ses romans, en effet, avaient un cours prodigieux ; on les contrefaisait de toutes parts ; quelquefois on les continuait sous son nom, ce qui est arrivé pour le Cléveland ; les libraires demandaient du l’abbé Prévost, comme précédemment du Saint-Évremond ; lui-même, il ne les laissait guère en souffrance, et ses œuvres, y compris le Pour et Contre et l’Histoire générale des Voyages, vont beaucoup au-delà de cent volumes. […] On n’a qu’une phrase de lui qui donne suffisamment à penser et qui révèle la teinte à la direction de ses sentiments durant les orages de sa première jeunesse : « Quelques années se passèrent, dit-il (à ce métier des armes) ; vif et sensible au plaisir, j’avouerai, dans les termes de M. de Cambrai, que la sagesse demandoit bien des précautions qui m’échappèrent. […] Il obtint sa demande ; le bref devait être fulminé par l’évêque d’Amiens à un jour marqué ; Prévost y comptait, et de grand matin il s’échappa du couvent, en laissant pour les supérieurs des lettres où il exposait ses motifs.

1735. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

C’est donc en écartant cette époque monstrueuse, c’est à l’aide des autres événements principaux de la révolution de France et de l’histoire de tous les peuples, que j’essayerai de réunir des observations impartiales sur les gouvernements, et si ces réflexions me conduisent à l’admission des premiers principes sur lesquels se fondent la constitution républicaine de France, je demande que, même au milieu des fureurs de l’esprit de parti qui déchirent la France, et par elle le reste du monde, il soit possible de concevoir que l’enthousiasme de quelques idées n’exclut pas le mépris profond pour certains hommes1, et que l’espoir de l’avenir se concilie avec l’exécration du passé. […] Avant d’aller plus loin l’on demanderait, peut-être, une définition du bonheur ; le bonheur, tel qu’on le souhaite, est la réunion de tous les contraires, c’est pour les individus, l’espoir sans la crainte, l’activité sans l’inquiétude, la gloire sans la calomnie, l’amour sans l’inconstance, l’imagination qui embellirait à nos yeux ce qu’on possède, et flétrirait le souvenir de ce qu’on aurait perdu ; enfin, l’inverse de la nature morale, le bien de tous les états, de tous les talents, de tous les plaisirs, séparé du mal qui les accompagne ; le bonheur des nations serait aussi de concilier ensemble la liberté des républiques et le calme des monarchies, l’émulation des talents et le silence des factions, l’esprit militaire au-dehors et le respect des lois au-dedans : le bonheur, tel que l’homme le conçoit, c’est ce qui est impossible en tout genre ; et le bonheur, tel qu’on peut l’obtenir, le bonheur sur lequel la réflexion et la volonté de l’homme peuvent agir, ne s’acquiert que par l’étude de tous les moyens les plus sûrs pour éviter les grandes peines. […] Les gouvernants dans un petit pays sont beaucoup plus multipliés par rapport aux gouvernés, et la part de chacun, à une action quelconque, est plus grande et plus facile : enfin, si l’on répétait d’une manière vague, qu’on n’a jamais vu une constitution fondée sur de telles bases, qu’il vaut mieux adopter celles qui ont existé pendant des siècles ; on pourrait demander de s’arrêter à une réflexion qui mérite, je crois, une attention particulière.

1736. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

En effet, d’un bout à l’autre de sa philosophie, pour toute préparation il ne demande à ses lecteurs que « le bon sens naturel », joint à cette provision d’expérience courante que donne la pratique du monde. — Comme ils sont l’auditoire, ils sont les juges. « C’est le goût de la cour qu’il faut étudier, dit Molière350, il n’y a point de lieu où les décisions soient si justes… Du simple bon sens naturel et du commerce de tout le beau monde, on s’y fait une manière d’esprit qui, sans comparaison, juge plus finement les choses que tout le savoir enrouillé des pédants. » — À partir de ce moment, on peut dire que l’arbitre de la vérité et du goût n’est plus, comme auparavant, l’érudit, Scaliger par exemple, mais l’homme du monde, un La Rochefoucauld, un Tréville351. […] Cela est plus commode pour l’attention paresseuse ; il n’y a que les termes généraux de la conversation pour réveiller à l’instant les idées courantes et communes ; tout homme les entend par cela seul qu’il est du salon ; au contraire, des termes particuliers demanderaient un effort de mémoire ou d’imagination ; si, à propos des sauvages ou des anciens Francs, je dis « la hache de guerre », tous comprennent du premier coup ; si je dis « le tomahawk », ou « la francisque », plusieurs supposeront que je parle teuton ou iroquois360. […] Il n’y a pas de phrase qui demande une moindre dépense d’attention, ni où l’on puisse, à chaque pas, constater plus sûrement l’attache ou l’incohérence des parties363  La méthode qui arrange la phrase simple arrange aussi la période, le paragraphe et la série des paragraphes ; elle fait le style, comme elle a fait la syntaxe.

1737. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

Là-dessus, ils lui firent des remontrances, mais en même temps ils accrurent ses craintes en imitant les gémissements des blessés et des mourants, et quand il demandait, ce qu’il faisait souvent, qui était tombé, ils lui nommaient ses amis particuliers. […] Il le loua comme excellent — cette eau avait bien pour lui le goût du brandy — et il en demanda d’autre tout en buvant avec avidité. — Dans un second cas, J.  […] Je lui demande si elle se rappelle un individu du nom de G…, et elle me répond aussitôt que c’était un garde du port de la Marne, quand mon père construisait son pont.

1738. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

Avant tout, il demande à celui qui veut faire des vers d’être né poète, d’avoir le génie. […] Faire d’après nature, c’est-à-dire se subordonner à la nature, n’avoir d’esprit et d’art que ce qu’elle en demande pour revivre dans une image fidèle, la prendre, elle, et non soi ni sa gloire, pour unique raison d’être de l’ouvrage, et si l’on s’y met soi-même, s’y mettre sans y songer, naïvement, par accident et par surcroît, voilà, pour un poète, ce que c’est que tendre au bon sens. […] » demande Boileau dans une de ses Préfaces.

1739. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Même les plus courts mystères ceux qui ne demandent qu’un jour, usent du temps et du lieu avec une extrême liberté. […] La farce nous ramène au particulier, aux faits, aux individus, à l’accident sans portée à qui l’on ne demande que de faire rire. […] Ainsi, selon les milieux, la farce se diversifie : la farce judiciaire, parodie de la procédure et du jargon de la chicane, amusera les basochiens ; les écoliers feront leurs délices du jargon latin et des calembours ou drôleries pédantesques ; le paysan ne se lassera pas de se voir en scène, lui, son ménage, femme, voisins, M. le curé, le frère quêteur du couvent prochain, parfois le magister de son village, ou le charlatan à qui il demande une drogue quand sa femme ou lui sont bien malades, souvent le soldat, qui est son ennemi naturel.

1740. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Avant lui, on se demandait s’il était facile d’écrire des poèmes en russe, et toute une école de critiques autorisés soutenait, « par vives raisons », qu’on devait employer pour la poésie la langue slavone, c’est-à-dire celle dans laquelle sont traduits les livres saints, la langue de la liturgie et de la chaire. […] Pour combattre la révolution, on avait demandé à la religion des armes nouvelles. […] Je n’ai pas la pédanterie de demander à Pouchkine dans quelle tribu il a vu des bohémiennes prendre leur rom parmi les Busné, c’est-à-dire un mari étranger à leur race.

1741. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre IV. L’espace et ses trois dimensions. »

Nous nous proposions de rechercher ce qu’on veut dire quand on dit que l’espace a trois dimensions et nous nous sommes demandé d’abord ce que c’est qu’un continu physique et quand on peut dire qu’il a n dimensions. […] Ce groupe des déplacements, nous l’avons vu, est apparenté à l’espace et on pourrait en déduire l’espace, mais il n’est pas équivalent à l’espace puisqu’il n’a pas le même nombre de dimensions ; et quand nous aurons montré comment la notion de ce continu peut se former et comment on peut en déduire celle de l’espace, on pourrait toujours se demander pourquoi l’espace à trois dimensions nous est beaucoup plus familier que ce continu à six dimensions, et douter par conséquent que ce soit par ce détour, que s’est formée dans l’esprit humain la notion d’espace. […] Cet espace tactile que nous analyserons dans le paragraphe suivant et sur lequel je demanderai en conséquence la permission de ne pas m’expliquer davantage pour le moment, cet espace tactile, dis-je, a trois dimensions.

1742. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

Mihir Nerseh, dans une proclamation adressée aux Arméniens pour les détourner du christianisme, leur demande comment ils peuvent croire des gueux mal habillés, qui préfèrent les gens de petit état aux gens de bonne maison et sont assez absurdes pour faire peu de cas de la fortune. […] On est parfois tenté de se demander si l’humanité n’a pas été trop tôt émancipée. […] Toute grande entreprise de cette sorte demande une première assise d’hommes.

1743. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

La lutte fut violente, il brûlait d’amour. » — On lui demande : — « Lui as-tu accordé de s’unir à toi, comme font ceux qui s’aiment ?  […] La prophétesse a disparu, l’Esprit s’est retiré d’elle avec ses insignes : il ne reste plus qu’une femme brisée qui demande qu’on l’achève sans la faire souffrir. — « Que je sois tuée d’un seul coup ! […] C’est avec une satiété attristée qu’elle demande à Égisthe de faire trève aux meurtres. — « Ô le plus cher des hommes !

1744. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Mais elle, sans bien se rendre compte de cette froideur, elle disait à Mme Du Hausset, en y resongeant : « Si c’était Louis XIV, il ferait du jeune enfant un duc du Maine ; mais je n’en demande pas tant : une charge et un brevet de duc pour son fils, c’est bien peu ; et c’est à cause que c’est son fils que je le préfère, ma bonne, à tous les petits ducs de la Cour. […] , demandait-elle un jour au comte de Saint-Germain, qui avait la prétention d’avoir vécu plusieurs siècles ; c’est un roi que j’aurais aimé. » Mais Louis XV ne pouvait s’accoutumer à l’idée de compter les gens de lettres et d’esprit pour quelque chose, et de les admettre sur aucun pied à la Cour : « Ce n’est pas la mode en France, disait ce monarque de routine, un jour qu’on citait devant lui l’exemple de Frédéric ; et, comme il y a ici un peu plus de beaux-esprits et plus de grands seigneurs qu’en Prusse, il me faudrait une bien grande table pour les réunir tous. » — Et puis il comptait sur ses doigts : « Maupertuis, Fontenelle, La Motte, Voltaire, Piron, Destouches, Montesquieu, le cardinal de Polignac. » — « Votre Majesté oublie, lui dit-on, d’Alembert et Clairaut. » — « Et Crébillon, dit-il, et La Chaussée !  […] Dans ce moment, je sais que je chasse en quelque sorte sur ses terres ; mais ce n’est pas sans lui en avoir demandé l’agrément.

1745. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Je lui demandai s’il n’était point blessé. — Non, me dit-il,-c’est du sang de ces coquins… Et jusque dans cette satirique Histoire des Gaules, il nous le représente ainsi : Le prince Tiridate (le Grand Condé) avait les yeux vifs, le nez aquilin et serré, les joues creuses et décharnées, la forme du visage longue, et la physionomie d’une aigle 34 les cheveux frisés, les dents mal rangées et malpropres ; l’air négligé, et peu de soin de sa personne, la taille belle. […] Veuf d’une première femme et voulant se remarier, « cherchant du bien, dit-il, parce qu’il savait qu’il sert beaucoup à faire obtenir les grands honneurs », il s’était laissé persuader par quelques entremetteurs intrigants qu’une jeune veuve fort riche, Mme de Miramion, ne demandait pas mieux que de l’épouser, mais qu’elle avait besoin d’y paraître contrainte pour donner un consentement que sa famille n’aurait pas approuvé. […] Ces âmes plus ardentes que hautes, telles que celle de Bussy, avaient les maladies de leur temps ; demandons-nous, avant de les trop mépriser, si nous n’aurions point celles du nôtre.

1746. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

Mais il reste à se demander : 1° si cette simultanéité est constante ou seulement ordinaire ; 2° si elle est naturelle ou acquise. […] La difficulté de l’expression est en raison de l’originalité de la pensée ; à l’abstraction croissante des concepts, à l’imprévu toujours plus grand des jugements, correspond un écart toujours plus difficile à combler entre le langage usuel et le rôle nouveau qu’il est appelé à remplir, entre l’offre du langage, pourrait-on dire, et la demande de la pensée. […] Je la cherche, je la trouve, et j’ai l’idée demandée : 433.

1747. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

La rémunération modeste demandée en échange d’un service qu’on va rendre. — Une vieille femme, en général demande comme récompense d’une précieuse révélation qu’elle se dispose à faire, soit de la viande sans os (des Œufs) soit un peu de son et une vieille pipe (V. […] La demande de cheveux d’un être puissant ou merveilleux, épreuve malaisée comme condition d’un pardon ou d’une faveur : Cf. 

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