Les récits de Saint-Simon ne ressemblent point à ceux des historiens de l’antiquité, ni à l’idée qu’on s’est faite, d’après leurs exemples, de l’histoire narrative. […] Saint-Simon raconte ce qui ne se voit pas, ou ce qui a peu de témoins : négociations, intrigues, vues secrètes, et non seulement les intentions exprimées par les paroles, mais celles que les paroles servent à déguiser ; les vrais mobiles des actions, non d’après certains lieux communs de morale, mais sur ce qu’il en a surpris ou pénétré ; les passions avec les nuances qu’elles reçoivent des situations et des caractères. […] La conduite générale du personnage a fourni les traits principaux : le mélange du bien et du mal, dans la même vie, a fourni les contrastes : on dirait un portrait qu’un peintre habile aurait fait d’un inconnu d’après une tradition. […] Les contemporains n’ont pas mieux connu les originaux de Saint-Simon, d’après le mal ou le bien qu’ils en ont reçu, que la postérité, sur ce qu’il nous en a dit.
Servièresk va nous décrire, d’après M. […] Or, il faut savoir ce qu’on entend généralement par un « artiste » : c’est un être créé uniquement pour produire et non pour penser ; quand il a le malheur de réfléchir avant d’agir, il lui arrive ce qui est arrivé, d’après M. […] Quelques rares Wagnériens, en Allemagne, travaillent d’après ces principes et leurs recherches critiques donneront certes des résultats plus utiles que toutes les admirations et tous les emballements de nos wagnériens de France. […] Nous n’avons, pour l’œil, que des mesures angulaires, et, d’autre part, nous ne pouvons connaître qu’un homme, par exemple, est plus ou moins grand que nature qu’en estimant sa hauteur angulaire et en la jugeant d’après la distance à laquelle il nous semble placé.
Il est donc probable que, d’après le nom que cet auteur avait adopté, on a appliqué la dénomination de sottie aux pièces de théâtre que le ton satirique distinguait des autres, comme on appelle, dans la conversation ordinaire, des pasquinades les plaisanteries épigrammatiques et mordantes, semblables à celles qu’on affiche à Rome sur la statue de Pasquin.
D’après lui l’État contrebalancerait heureusement certaines influences oppressives pour les individus93 (influences locales, régionales, professionnelles, domestiques, cléricales, etc.), et pourrait ainsi devenir une sauvegarde pour les individus menacés ou opprimés par ces influences. […] Un régime libre, d’après cette conception dont Stuart Mill donne assez bien la formule, est un régime qui permet à chaque citoyen de s’occuper des questions politiques et sociales qui l’intéressent et sur lesquelles il est suffisamment compétent.
Deux moyens de preuve, les miracles et l’accomplissement des prophéties, pouvaient seuls, d’après l’opinion des contemporains de Jésus, établir une mission surnaturelle. […] Mais les quatre narrateurs de la vie de Jésus sont unanimes pour vanter ses miracles ; l’un d’eux, Marc, interprète de l’apôtre Pierre 762, insiste tellement sur ce point que, si l’on traçait le caractère du Christ uniquement d’après son évangile, on se le représenterait comme un exorciste en possession de charmes d’une rare efficacité, comme un sorcier très puissant, qui fait peur et dont on aime à se débarrasser 763.
Les hommes chargés de l’exécution la retardent, craignant qu’il ne les châtie l’heure d’après, pour avoir trop vite obéi. […] Peut-être consulta-t-il, pour s’en informer, cette coupe magique gardée dans le trésor des rois de Perse, où, d’après le Schah-Nameh, les contours des sept zones du monde étaient gravés en relief, et qui montrait à ses initiés tout ce qui se passait sur la terre.
I D’après le titre général qu’il a placé au-dessus du titre particulier de son livre sur Gustave III, Léouzon-Leduc a le projet de nous donner une série d’histoires, sans autre lien entre elles que la catastrophe qui les termine. […] Mais, enfin, l’Histoire n’est point une commission bien faite qu’on rapporte dans ses bagages… Or, en conscience, et d’après son livre, il me serait impossible de savoir ce que serait comme historien Léouzon-Leduc s’il n’était pas allé à Stockholm.
Si ce qu’on a publié de lui est vrai, il n’a pas dû en prendre l’idée d’après sa propre expérience : on dit qu’il étoit si bizarre ou si indigent, qu’il n’avoit, pour ainsi dire, aucune demeure fixe.
C’est dans cette source que la plupart de nos Auteurs didactiques d’aujourd’hui ont puisé les bons préceptes qu’ils ont donnés, & c’est d’après ces préceptes que les jeunes Littérateurs doivent travailler pour obtenir de véritables succès.
Qu’il n’ait point fait les Lettres d’Asi à Zurac, celles du Colonel Talbert, le Traité de Morale que nous lui avons attribués [d’après l’Auteur de la France Littéraire], peu importe au Public, & encore moins à sa réputation.
Nous observerons ensuite les procédés par lesquels elle bâtit, assemble, varie et emplit ses cellules ; et nous tâcherons d’indiquer les lois chimiques et les règles mathématiques d’après lesquelles les matériaux qu’elle emploie sont fabriqués et équilibrés.
Germain l’Auxerrois, d’après le plan qu’il en avoit tracé lui-même, est vraiment celui d’un Antiquaire enthousiaste.
Il paroît s'être attaché sur-tout à imiter la Bruyere, comme on peut en juger par son Essai sur les Mœurs, qui, sans valoir son Modele, est bien au dessus de tant de mauvaises Copies, faites d'après le même Original.
L'Auteur n'écrit que d'après les Livres originaux, & une sage critique vient toujours à l'appui de ce qu'il avance.
Ce Challe a rapporté d’Italie dans son portefeuille quelques centaines de vues dessinées d’après nature, où il y a de la grandeur et de la vérité.
. — Comment il figure le monde d’après son propre esprit. […] L’homme, d’après lui, est un animal habillé. […] Bien des gens trouveront Carlyle outrecuidant, grossier ; ils soupçonneront, d’après ses théories et aussi d’après sa façon de parler, qu’il se considère comme un grand homme méconnu, de l’espèce des héros ; qu’à son avis le genre humain devrait se remettre entre ses mains, lui confier ses affaires. […] Lès poëtes se sont faits érudits, philosophes ; ils ont construit leurs drames, leurs épopées et leurs odes d’après des théories préalables, et pour manifester des idées générales. […] Il nous les impose pour modèles, et ne juge le passé ou le présent que d’après eux.
Théodore de Banville C’est un de nos poètes les plus savants et les plus délicats, M. le comte de Gramont, qui, d’après la Sextine italienne de Pétrarque, crée la Sextine française, en triomphant d’innombrables et de terribles difficultés.
Gustave Kahn Le sujet de ce poème, car l’Esprit qui passe est bien une sorte d’épopée à la fois enchaînée et variée, c’est-à-dire composée de poèmes simplement juxtaposés d’après une unité de sujet, de rythme et de mouvement, en somme la forme actuelle du poème, ce serait la vie en un poète de l’Esprit, se cherchant dans le passé pour prendre conscience de lui-même.
D’après cela, les connoisseurs se flattoient de voir bientôt sortir du tombeau la Comédie d’intrigue, & peut-être à sa suite celle de caractere, qui est la véritable.
Il ne faut pas non plus le juger d’après les louanges un peu outrées de M.
Au moment où dans Paris la sédition se chauffe, il devient très sensible, d’après le récit de Mézeray, que de tout temps les choses en pareil cas se sont passées à peu près de même. […] On raconte que l’aimable fils de Colbert, M. de Seignelay, pour lors âgé de seize ans, et qui étudiait en philosophie au collège de Clermont, ayant lu le livre, en parla à son père, et lui parut singulièrement instruit, d’après cette lecture, de l’origine des impôts et revenus du roi, de la taille, gabelle, paulette, etc., et même de leurs abus et inconvénients, que Mézeray était plus porté à exagérer qu’à diminuer. […] Mézeray, ne l’oublions pas, était un républicain d’avant Louis XIV et non d’après Louis XVI, un républicain royaliste d’un genre approchant celui de Gui Patin.
Jugeant trop des autres d’après lui, et aussi d’après le milieu parisien de son temps, Gibbon crut le monde arrivé à un état complet d’indifférence et de scepticisme. […] Un autre endroit est celui qu’il a eu le bon goût de citer d’après son premier précepteur, John Kirkby, et où nous voyons ce digne et indigent vicaire de village se promenant au bord de la mer, « tantôt regardant l’étendue des flots, tantôt admirant la variété de belles coquilles éparses sur le rivage, et en ramassant toujours quelques-unes des plus rares pour en amuser au retour ses pauvres petits enfants ».
Le défaut de Beyle comme romancier est de n’être venu à ce genre de composition que par la critique, et d’après certaines idées antérieures et préconçues ; il n’a point reçu de la nature ce talent large et fécond d’un récit dans lequel entrent à l’aise et se meuvent ensuite, selon le cours des choses, les personnages tels qu’on les a créés ; il forme ses personnages avec deux ou trois idées qu’il croit justes et surtout piquantes, et qu’il est occupé à tout moment à rappeler. […] Fabrice, d’après ses débuts et son éclair d’enthousiasme en 1815, pouvait devenir un de ces Italiens distingués, de ces libéraux aristocrates, nobles amis d’une régénération peut-être impossible, mais tenant par leurs vœux, par leurs études et par la générosité de leurs désirs, à ce qui nous élève en idée et à ce que nous comprenons (Santa-Rosa, Cesare Balbo, Capponi). […] Une de ses grandes théories, et d’après laquelle il a écrit ensuite ses romans, c’est qu’en France l’amour est à peu près inconnu ; l’amour digne de ce nom, comme il l’entend, l’amour-passion et maladie, qui, de sa nature, est quelque chose de tout à fait à part, comme l’est la cristallisation dans le règne minéral (la comparaison est de lui) : mais quand je vois ce que devient sous la plume de Beyle et dans ses récits cet amour-passion chez les êtres qu’il semble nous proposer pour exemple, chez Fabrice quand il est atteint finalement, chez l’abbesse de Castro, chez la princesse Campobasso, chez Mina de Wangel (autre nouvelle de lui), j’en reviens à aimer et à honorer l’amour à la française, mélange d’attrait physique sans doute, mais aussi de goût et d’inclination morale, de galanterie délicate, d’estime, d’enthousiasme, de raison même et d’esprit, un amour où il reste un peu de sens commun, où la société n’est pas oubliée entièrement, où le devoir n’est pas sacrifié à l’aveugle et ignoré.
Une Réception Académique en 1694 d’après Dangeau (tome V) [Samedi 18 août 1855.] […] Fils de l’ami le plus intime du cardinal de Retz et de sa seconde femme, Mlle de Verthamon, de celle sous les auspices et d’après l’inspiration de laquelle Fléchier écrivit ses Grands Jours de Clermont, il avait vu la grâce et l’ingénieuse ironie présider à son berceau. […] Sur quoi Saint-Simon ajoute au plus vite cette explication : « C’est qu’il n’y ayant plus de filles d’honneur que les deux souffertes à Mme la princesse de Conti, il n’y avait plus personne pour quêter. » Mais cette incorrection parfois incroyable de diction ne doit pourtant pas faire admettre de lui toute locution étrange d’après une copie fautive.
Voici pourtant comment, après avoir lu et avoir regardé de mon mieux, je me les représente en effet, et aussi d’après mon excellent guide. […] Il n’est guère possible de les distinguer entre eux d’après leurs œuvres ; ce serait tout au plus possible pour le troisième, plus mondain. […] L’un, une scène d’après souper : — la bonne grand’mère est assise sur le devant, les deux mains posées l’une sur l’autre, regardant le spectateur et lui souriant.
. — D’après nature. — Œuvres choisies. — Le diable à Paris […] C’est d’après nature. […] Ceux qui s’intitulent philosophes et qui ne sont que des professeurs ou des raisonneurs de philosophie, ne se doutent pas du degré de philosophie véritable auquel atteignent naturellement et de prime saut quelques-unes de ces natures qu’on appelle artistes. — Mais Michel, après avoir fait voir et dire à l’oiseau babillard tant de choses merveilleuses et à étonner les simples, se rabattait l’instant d’après à donner à Marie d’aimables et riants conseils, bien capables de l’apprivoiser : « La vie, telle qu’elle est, est pleine de choses heureuses, Marie ; les plaisirs de la pensée sont infinis.
. — D’après nature. — Œuvres choisies. — Le diable à Paris […] Il y a la scène d’avant et la scène d’après. […] A-t-il eu besoin précisément de voir de ses yeux tout ce qu’il dessine ensuite et qu’il intitule à bon droit D’après nature ?