/ 3799
2218. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

Bonne ou mauvaise, je crois que l’influence de Flaubert sur ses premières années a été considérable  à cet égard et à quelques autres. […] Dès le début il considère l’amour et les démarches de l’amour du même œil que le reste, comme des phénomènes tout aussi naturels (je crois bien !) […] Ces changements imperceptibles (mais que je ne crois pourtant pas inventer) se sont faits chez lui, fort heureusement, sans altérer en rien le calme et la sûreté de son regard.

2219. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

Avant d’entrer dans ce brillant avenir, je crois à propos de dire avec quelque précision quel était en 1660 l’état de la langue et de la littérature française. Il résulte, je crois, de ce qui précède, qu’on peut regarder la révolution opérée dans la langue comme l’ouvrage de deux sociétés distinctes qui se partageaient la société générale des femmes honnêtes. […] On pourrait croire que l’unité de ton était, au moins pour notre théâtre, la conséquence nécessaire de cette loi de l’art qui établissait l’unité de lieu, de temps, d’action : Qu’en un lieu, qu’en un temps, un seul fait accompli Tienne, jusqu’à la fin, le théâtre rempli.

2220. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 140-155

Quoique né avec les plus grands talens, il a eu la sage précaution de ne se montrer au Public, que quand il s’est cru capable de l’étonner par ses premiers essais, & de nourrir son admiration par de nouvelles Productions aussi vigoureuses que les premieres. […] Le comble de l’illusion dans les Philosophes, est de se croire réservés à des découvertes pour le bonheur des hommes ; & le comble du crime est de nous ravir le bonheur présent, sous l’espoir de cette chimere. […] Jamais, disent-ils, la vérité n’est nuisible aux hommes ; je le crois comme eux ; & c’est, à mon avis, une grande preuve que ce qu’ils enseignent n’est pas la vérité. » *.

2221. (1767) Salon de 1767 « Les deux académies » pp. 340-345

Les quarante oies viennent de couronner une mauvaise pièce d’un petit Sabatin Langeac, pièce plus jeune encore que l’auteur, pièce dont on fait honneur à Marmontel, qui pourrait dire comme le paysan de Mme De Sévigné accusé par une fille de lui avoir fait un enfant : je ne l’ai pas fait ; mais il est vrai que je n’y ai pas nui ; pièce que Marmontel a lue à l’assemblée publique, sans que la séduction de sa déclamation en ait pu dérober la pauvreté ; pièce qui a ôté le prix à un certain M. de Rhulières, qui avait envoyé au concours une excellente satire sur l’inutilité des disputes, excellente pour le ton et pour les choses, et qu’on a cru devoir exclure pour cause de personnalités. […] Vous croyez peut-être que la nuit survint et que tout s’appaisa. […] Est-ce que tu crois qu’elle est faite pour réparer vos sottises ?

2222. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 5, explication de plusieurs endroits du sixiéme chapitre de la poëtique d’Aristote. Du chant des vers latins ou du carmen » pp. 84-102

Du chant des vers latins ou du carmen Je ne crois pas pouvoir mieux faire pour confirmer ce que j’ay déja dit concernant la melopée et la melodie tragiques des anciens, que de montrer qu’en suivant mon sentiment, on comprend très-distinctement le sens d’un des plus importans passages de la poëtique d’Aristote, que les commentaires n’ont fait jusques ici que rendre inintelligible. […] De-là principalement est venuë l’erreur qui leur a fait croire que le chant des pieces dramatiques des anciens étoit un chant proprement dit, parce que les auteurs anciens se servent ordinairement des termes de chant et de chanter, lorsqu’il parlent de l’execution de ces pieces. Ainsi avant que d’appuïer mon sentiment par de nouvelles preuves tirées de la maniere dont la déclamation composée s’executoit sur le théatre des anciens, je crois qu’il est à propos de faire voir que le mot de chant signifioit en grec comme en latin, non seulement le chant musical, mais aussi toute sorte de déclamation, même la simple recitation ; et que par conséquent on ne doit pas inferer de ce qu’il est dit dans les anciens auteurs, que les acteurs chantoient ; que ces acteurs chantassent, à prendre le mot de chanter dans la signification que nous lui donnons communement.

2223. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 9, de la difference qui étoit entre la déclamation des tragedies et la déclamation des comedies. Des compositeurs de déclamation, reflexions concernant l’art de l’écrire en notes » pp. 136-153

Je vais encore rapporter plusieurs passages des auteurs anciens que je crois propres à prouver mes opinions. […] Ce port de voix extraordinaire dans la déclamation, étoit excellent pour marquer le désordre d’esprit où Monime doit être dans l’instant qu’elle apperçoit que sa facilité à croire Mithridate, qui ne cherchoit qu’à tirer son secret, vient de jetter, elle et son amant dans un péril extrême. […] Peut-on croire que cette intonation fut même difficile ?

2224. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « J.-J. Ampère ; A. Regnault ; Édouard Salvador »

II Le Voyage en Orient 20, que nous avons placé à dessein, dans cet examen forcément rapide, en regard de la Promenade en Amérique, est un livre beaucoup moins cavalier de ton, beaucoup moins beau touriste, mais, par le sujet et par la manière simple dont il est traité, nous croyons qu’il intéressera davantage. […] D’un autre côté, les événements qui font en ce moment fermenter cette vieille terre, qu’on croyait épuisée, et qui se remue comme si elle était immortelle, donnent à un livre de voyage en ce pays un intérêt de hauteur d’histoire. […] Salvador, que nous ne connaissons pas et que nous croyons un jeune homme, n’est pas un écrivain de métier, comme il y en a tant, qui badigeonne plus ou moins proprement sa pensée.

2225. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXII. Des panégyriques latins de Théodose ; d’Ausone, panégyriste de Gratien. »

On voit combien ce nom et le souvenir d’une ancienne grandeur en imposaient encore : « L’orateur, dit-il, craint de faire entendre devant les héritiers de l’éloquence romaine, ce langage inculte et sauvage d’au-delà des Alpes, et son œil effrayé croit voir dans le sénat les Cicéron, les Hortensius et les Caton assis auprès de leur postérité pour l’entendre. » Il y a trop d’occasions où il faut prendre la modestie au mot, et convenir de bonne foi avec elle qu’elle a raison ; mais ici il y aurait de l’injustice : l’orateur vaut mieux qu’il ne dit ; s’il n’a point cet agrément que donnent le goût et la pureté du style, il a souvent de l’imagination et de la force, espèce de mérite qui, ce semble, aurait dû être moins rare dans un temps où le choc des peuples, les intérêts de l’empire et le mouvement de l’univers, qui s’agitait pour prendre une face nouvelle, offraient un grand spectacle et paraissaient devoir donner du ressort à l’éloquence : la sienne, en général, ne manque ni de précision, ni de rapidité. […] Le Romain, fier et courageux, voyant approcher les tyrans, choisit la mort pour barrière ; alors il crut avoir trouvé une ressource contre le malheur : et par un sentiment bizarre, mais vrai, le pouvoir de se donner la mort fit braver la mort même. […] On croit que saint Augustin, alors professeur d’éloquence à Milan, prononça un discours public sur le même sujet.

2226. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Une discussion dans les bureaux du Constitutionnel »

Sainte-Beuve n’était pas encore sénateur, ce qui prouve bien que sa nomination ne tenait pas à un article, comme ont pu le croire certains de ses confrères à l’Académie française, gros bonnets de la littérature, qui payèrent leur tribut au livre de… César par avancement d’hoirie, et n’entrèrent au Sénat que de longues années après. […] Nous croyons devoir entourer ces Appendices, qui contiennent des fragments importants, mais inachevés, de notes et commentaires explicatifs, qui nous obligent, à notre grand regret pour le public, à prendre quelquefois la parole.

2227. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbey d’Aurevilly, Jules (1808-1889) »

C’est une des intelligences les plus profondes, les plus complètes et les plus complexes de ce temps-ci, que cet homme qui aurait pu être, à son gré, un condottiere comme Carmagnola, un politique comme César Borgia, un rêveur à la Machiavel, un corsaire comme Lara, et qui s’est contenté d’être un solitaire, écrivant des histoires pour lui-même et pour ses amis, faisant bon marché de l’argent et de la gloire, et, prodigue éperdu, semant à tous les vents assez de génie pour laisser croire qu’il en a le mépris… En M.  […] Trébutien, l’ami intime du poète, qui lui écrivit — le croira-t-on ? 

2228. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Montesquiou, Robert de (1855-1921) »

Au Parcours du rêve au souvenir, nous assistions à ce spectacle d’un brave homme qui se croit devenu Ariel, et qui n’est qu’un triste homme-orchestre, empêtré dans sa grosse caisse, ses cymbales et son chapeau-chinois, dans les rues provinciales de quelque Brie-Comte-Robert ; ce n’est pas moi qui invente que ce poète se croit transformé en Ariel, c’est lui qui le dit sans pose.

2229. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVI. Consultation pour un apprenti romancier » pp. 196-200

Au juste, comme il a passé son baccalauréat et séduit une fille de chambre, il se croit mûr pour le roman. […] Un médaniste me confiait, dans le sourire de sa sagesse ingénue : « Moi, j’écrirais Peau d’Âne que je croirais l’inventer. » — Laissez vierge, mon jeune ami, votre mémoire littéraire.

2230. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 202-207

Le style qui y regne, annonce, nous en convenons, une plume exercée, le ton d’un Critique pénétrant, qui croit démêler le principe des actions & apprécier justement les hommes ; mais des Critiques plus pénétrans retrouvent trop souvent le Romancier dans l’Historien, le Bel-Esprit académique dans l’Ecrivain, l’homme à prétention dans le Moraliste. […] « Quand je dîne à Versailles, disoit-il à ses amis, il me semble que je mange à l’office : on croit voir des Valets qui ne s’entretiennent que de ce que font leurs Maîtres ».

2231. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 122-127

Ce n'est pas tout, Ronsard égara une foule d'Imitateurs, qui crurent, d'après son exemple, ne pouvoir mériter le suffrage des Lecteurs, qu'en entassant des mots barbares, qu'en étalant une folle érudition, & qu'en s'enveloppant dans un entortillage de pensées ; abus ridicule dont on ne tarda pas à revenir, & que tout esprit censé auroit rejeté avec indignation. […] Ces distinctions accordées aux talens, prouvent que les talens ont une grandeur personnelle, que l'on peut croire égale à celle de la naissance & des dignités.

2232. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre VIII. Des Églises gothiques. »

L’ancienne France semblait revivre : on croyait voir ces costumes singuliers, ce peuple si différent de ce qu’il est aujourd’hui ; on se rappelait et les révolutions de ce peuple, et ses travaux, et ses arts. […] Son affinité avec les monuments de l’Égypte nous porterait plutôt à croire qu’il nous a été transmis par les premiers chrétiens d’Orient ; mais nous aimons mieux encore rapporter son origine à la nature.

2233. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre V. Moralistes. — La Bruyère. »

Il croirait sans doute que les nouveaux esprits forts sont des hommes très supérieurs aux écrivains qui les ont précédés, et que devant eux, Pascal, Bossuet, Fénélon, Racine, sont des auteurs sans génie. […] Nous croyons le voir s’attendant à trouver à chaque ligne quelque grande découverte de l’esprit humain, quelque haute pensée, peut-être même quelque fait historique auparavant inconnu, qui prouve invinciblement la fausseté du christianisme.

2234. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IX. Des Epistolaires ou Ecrivains de Lettres. » pp. 265-269

Ce style enchanteur n’appartenoit qu’à Madame de Sevigné ; & celui qui croiroit, en écrivant une Lettre, devoir ou pouvoir l’imiter, se tromperoit lourdement. […] Mais les Lettres étant puisées dans différens auteurs, qu’un homme, d’un esprit ordinaire, ne sçauroit imiter, ce recueil est beaucoup moins utile qu’on ne croit.

2235. (1761) Salon de 1761 « Peinture — Vien » pp. 131-133

Je crois que Le Sueur a aussi le goût plus austère. […] Pour son Germain qui donne une médaille à Ste Genevieve, je crois que celui qui ne voit pas avec la plus grande satisfaction ce morceau, n’est pas digne d’admirer Le Sueur.

2236. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — X. Service de nuit. »

Tu ne me crois pas ? Vous autres blancs, vous ne voulez jamais rien croire !

2237. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Pierre Mancel de Bacilly »

Aux théories dont le siècle est encombré et auxquelles il n’a jamais cru plus que nous, il a voulu répondre, non par une théorie de plus, mais par un principe dominateur de toute théorie, et que l’expérience lui apportait comme une véritable LOI de l’Histoire. […] L’auteur du Pouvoir et de la Liberté, qui appartient, par les tendances générales de sa philosophie autant que par ses convictions religieuses, à la grande école des de Maistre et des Bonald, ne croit pas à la souveraineté du peuple, et la plus grande partie de son livre est consacrée à la combattre ; mais l’originalité de son principe consiste précisément en ceci qu’il n’est faussé par l’application d’aucune théorie et qu’il embrasse et domine les plus opposées, aussi bien la théorie de la souveraineté du nombre que la théorie mystique du droit divin.

2238. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre III. Du temps où vécut Homère » pp. 260-263

En réunissant toutes ces observations, recueillies pour la plupart dans l’Odyssée, ouvrage de la vieillesse d’Homère au sentiment de Longin, nous partageons l’opinion de ceux qui placent l’âge d’Homère longtemps après la guerre de Troie, à une distance de quatre siècles et demi, et nous le croyons contemporain de Numa. […] Dans l’impuissance d’accorder ainsi la douceur et la férocité, ne placidis coeant immitia, on est tenté de croire que les deux poèmes ont été travaillés par plusieurs mains, et continués pendant plusieurs âges.

2239. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

On pourra trouver, je crois, que le jugement que je porte sur cette école, sans être complaisant, n’est ni rigoureux ni injuste. […] Je ne le crois pas : il n’y a pas de conditions dans le domaine de l’impossible. […] L’importance de ce costume de Phèdre est beaucoup plus grande qu’un examen superficiel ne permettrait de le croire. […] On peut le croire, car elle pousse furieusement à l’envahissement de la scène par le réel, et elle n’y réussit que trop bien. […] C’est là qu’est le danger immédiat ; car l’homme est l’esclave des choses plus qu’il ne le croit.

2240. (1921) Esquisses critiques. Première série

Croyez-moi votre ami dévoué. […] Et cependant, je crois bien que c’est un conteur que l’on doit voir en cet auteur. […] Bourget n’en ait jamais rencontré — et nous croirions alors devoir le plaindre. […] Tout le monde n’y pénètre pas, mais chacun s’en croit le familier après ces lectures. […] Je crois qu’il serait regrettable qu’il s’orientât définitivement de la sorte.

2241. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Mais je crois que dès celui-ci elles apparaissent déjà clairement. […] Je ne crois donc pas ce livre inutile. […] On croit ce jardin, vu de loin, régulier et de discipline sévère. […] Et j’ai tout lieu de croire, hélas ! […] Je crois pouvoir affirmer qu’ils ne ressemblent en rien à ce qu’on publiait alors.

2242. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

N’ayons pas l’orgueil de croire que notre sensibilité poétique puisse augmenter d’intensité : il y a seulement, dans l’évolution apparente de notre sensibilité, adaptation de notre organisme pour percevoir toujours le même degré d’émotion. […] Je l’ai mordue avec les yeux fermés du somme, Pour me croire debout dans un herbage vert. […] Vraiment, ce sont là jeux de petites filles très pures et même très pieuses : elles croient à l’amour et s’entrebaisent avec une respectueuse adoration. […] Mais elle sait transformer cérébralement cette douleur en volupté, et se donner des raisons de croire à son décevant amour. […] Au nom des familles « indo-européennes », au nom de la « morale aryenne », il se dresse contre un envahissement d’idées qu’il croit germaniques, et qui sont toutes françaises.

2243. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Tout concourt cependant à nous faire croire que cette régularité est assimilable à celle de la nature. […] Autant vaudrait croire que c’est le volant qui fait tourner la machine. […] On s’abstient d’affirmer, mais on voudrait laisser croire que la « société humaine » est dès à présent réalisée. […] Mais c’est alors seulement que l’esprit se sent ou se croit créateur. […] Mais, parce que l’on continuait à employer le même mot, on a trop cru qu’il s’agissait de la même chose.

2244. (1923) Paul Valéry

Valéry s’exprimait dans la langue des vers parce qu’il croyait la connaître mieux que les autres langues. […] Il ne s’inquiète pas des difficultés que peut rencontrer le lecteur, à l’existence duquel il ne croit guère. […] Il croit que son œuvre poétique s’arrêtera là, et qu’il a à peu près épuisé la matière lyrique départie à sa nature. […] Il le croit sans pouvoir en faire état comme philosophe, puisqu’il n’y a pas là d’expérience proprement dite. Mais Valéry, qui le croit sans doute aussi, peut en faire état comme poète.

/ 3799