Il y a, comme cela, des moments d’illumination intellectuelle, de sagesse absolue, où nous concevons tout à coup la grandeur du monde et l’inutilité ridicule de certaines manifestations de l’activité humaine. […] Et je conçois aisément quelque chose au-dessus du génie littéraire, à plus forte raison au-dessus du talent d’écrire congrûment.
L’ami de la raison doit aimer l’humanité, puisque la raison ne se réalise que par l’humanité… Ô univers, ô raison des choses, je sais qu’en cherchant le bien et le vrai je travaille pour toi. » Il croit à l’obligation de se sacrifier pour les fins de l’univers, telles qu’il nous a été donné de les concevoir. […] A côté de celle-là la foi volontaire et acquise, mouvement du cœur qui désire que ce que la raison conçoit comme le bien soit aussi le vrai, n’a plus l’air d’être la foi.
Le royaume de Dieu conçu comme l’événement des pauvres. […] On conçoit, d’un autre côté, que ces âmes tendres, trouvant dans leur conversion à la secte un moyen de réhabilitation facile, s’attachaient à lui avec passion.
Il y a une tendance à penser ensemble des phénomènes qui ont été éprouvés ou conçus comme contigus dans le temps ou l’espace. […] Il en est de même pour l’immortalité : il est aussi aisé de concevoir une succession de sentiments, un courant de conscience121 prolongée éternellement, qu’une substance spirituelle qui continue toujours d’exister : et s’il y a quelques arguments probants, ils peuvent aussi bien s’adapter à une théorie qu’à l’autre.
Cette sympathie, en s’exaltant dans leur âme, aidait le roi à concevoir le véritable amour où les puissances morales surpassent les jouissances physiques, et à substituer en lui des idées de bonheur aux idées de plaisir. […] Toute la suite de sa vie a montré qu’en cette occasion sa peine la plus sensible fut la perte des espérances qu’elle avait déjà conçues de ramener le roi à une conduite plus conforme aux sentiments de religion et de piété dont elle était pénétrée. » M. de Beausset se fonde sur les Mémoires de Saint-Simon, et il en cite l’extrait suivant : « Bossuet était un homme dont les vertus, la droiture et l’honneur étaient aussi inséparables que la science et la vaste érudition.
Mais comme nous n’avons plus sous les yeux la chose dont il est question, il ne nous est plus bien facile de concevoir ce que S. […] Mais sans discuter la possibilité de ce projet, je me contenterai de dire que les anciens ne pouvoient pas même l’imaginer, parce que leur horlogerie étoit trop imparfaite pour leur laisser concevoir une pareille idée.
On conçoit bien donc que celles des danses artificielles des anciens, où l’on imitoit, par exemple, les saults et les gambades que des païsans peuvent faire après avoir bû, ou les bonds forcenez des bacchantes ressembloient à nos danses, en un mot qu’on y tripudioit. […] Le geste des peuples qui sont à notre midi étant plus marqué que le nôtre, il est beaucoup plus facile de comprendre son langage quand on le voit sans rien entendre, qu’il ne l’est de concevoir en une pareille circonstance, ce que notre geste signifie.
Il avait conçu pour la prison une horreur profonde, et jurait de mourir plutôt que de s’y laisser reconduire. […] Ramené insensiblement à ses habitudes littéraires, ce fut presque uniquement pour l’occuper d’une manière utile que Ginguené et quelques autres conçurent le projet du journal intitulé : la Décade philosophique ; mais la mort qui naguère s’était trop fait attendre, quand il s’en remettait à elle du soin de l’affranchir des tyrans, ne lui laissa pas le temps d’y travailler.
Il n’y a là que des amours et des mariages, comme toutes les femmes conçoivent le mariage et l’amour, dans tous les romans qu’elles écrivent sur ces deux éternels sujets, les seuls qui fassent rêver leurs chères cervelles ! […] Avec une telle visée, du reste, on conçoit que le style de celle qui l’a manque de solidité.
L’histoire des peuples pyrénéens, non seulement telle que Cénac-Moncaut l’écrit, mais telle qu’on peut la concevoir, ne met en lumière rien de plus que ce que les autres histoires de la Féodalité chrétienne nous apprennent sur elle, depuis qu’elle s’est établie dans le sang mêlé du peuple romain et des barbares. […] Les considérations supérieures que la modestie de l’auteur ou sa fausse manière de concevoir l’histoire semble avoir redoutées, nous en avons signalé l’absence, mais non l’impuissance, à coup sûr.
Ce livre, qui n’est qu’un recueil de maximes, d’aperçus et de pensées de Gœthe, empruntés à ses œuvres complètes, donne une idée plus nette et plus riche de lui que les Entretiens d’Eckermann, et on le conçoit bien, pour peu qu’on se rappelle la nature spéciale de son esprit. On conçoit qu’étant un artiste réfléchi, savant, archaïque, qui s’assimilait bien plus les manières qu’il n’en créait, il eût moins de valeur sur place que dans ses livres.
Le positivisme, voilà le nom barbare de cette chose qui fut une folie parfaitement caractérisée dans le cerveau troublé qui la conçut, et dont aujourd’hui les uns veulent faire une religion encore, et les autres, plus malins, simplement une philosophie ! […] II Cette séparation très marquée entre les Talapoins du positivisme et ses philosophes, sinon plus positifs, au moins plus rassis et surtout plus habiles, existait déjà du temps du prophète et du dieu : mais c’est depuis sa mort que cette séparation s’est énergiquement accusée, et on le conçoit.
Poétiquement, il n’est pas tout à fait stérile ; même pour avorter, il faut concevoir, et, M. […] Plagiaire involontaire, et caméléon qui s’ignore ; ruisselant, comme un homme qui sort de l’eau, des lectures que tout le monde a faites et que dans son livre on peut aisément suivre à la trace, ce génie, à personnalité incertaine et confuse, ne vivrait même pas de sa pauvre manière d’exister, si des autres n’avaient pas existé avant lui… En dehors des fabulations qu’ils ont fécondées ou ornées, je peux bien concevoir les autres poètes, épiques ou non, que M.
About, qui conçoit ses chevaliers avec une tache au milieu du cœur, nous donne pour un Cid de noblesse, Germaine n’a pas trois mois à vivre. […] Maître Pierre, un Landais, une espèce de Robinson Crusoé de la Lande, est un paysan conçu à l’envers des paysans de Walter Scott, qui sont les fils respectueux du passé, qui aiment leurs coutumes et meurent pour elles.
mais non plus le roman comme on le concevait il y a quelques années, cet énorme imbroglio à péripéties, où s’enchevêtraient des situations et se heurtaient des caractères. […] Ce n’est pas non plus, assurément, indigence de souffle et de vigueur ; mais c’est que naturellement il conçoit son sujet sous la forme où il est concentré davantage, et que l’ambition de son talent doit être la concentration : « Les longs ouvrages me font peur », disait La Fontaine, cet homme unique, qui avait en lui la divinité du détail.
On conçoit à peine les travaux immenses qu’il entreprit pour se préparer à cette gloire. […] On a peine à concevoir combien d’ouvrages il écrivit pendant ce long deuil. […] On conçoit à peine cette prodigieuse vivacité d’esprit, à laquelle toutes les peines de l’âme ne pouvaient rien ôter. […] On conçoit, du reste, quelle devait être la déférence des habitants pour un Romain de si grand nom. […] On conçoit d’ailleurs combien, dans l’antiquité, toute investigation historique était lente, difficile, incertaine.
Après tant d’essais fastueux plus ou moins avortés et tant de théories vaines, on conçoit que la littérature du xixe siècle suscite cette critique tout historique et positive.
Fonder, à une époque de dissolution et de charlatanisme, une entreprise littéraire élevée, consciencieuse, durable, unir la plupart des talents solides ou brillants, résister aux médiocrités conjurées, à leurs insinuations, à leurs menaces, à leurs grosses vengeances, paraître s’en apercevoir le moins possible et redoubler d’efforts vers le mieux, c’est là un rôle que les entrepreneurs de la Revue (pour parler le langage du Messager) doivent s’honorer d’avoir conçu, et où il ne leur reste qu’à s’affermir.
Il est triste que cette imagination soit éteinte ; il est triste que tout passe et il est triste que nous ne puissions même pas concevoir un monde où rien ne passerait.
Chênedollé est, en général, très correct ; il est toujours harmonieux et s’élève fort souvent aux plus hautes formes poétiques ; c’en est assez pour faire concevoir que c’est un poème didactique recommandable (Le Génie de l’homme) ; il faut avouer aussi qu’il participe au malheur de presque tous les poèmes didactiques modernes : il est extrêmement pénible à lire de suite.
Il n’est pas question davantage de poser en face de la société l’individualité humaine conçue à la manière de Kant et de Fichte comme une unité absolue, une essence spirituelle, identique chez tous les êtres humains.
Il est facile de concevoir, par ces Pieces, qu’il eût pu se distinguer dans plus d’un genre, si son état lui eût permis de donner carriere à tous ses talens.
On conçoit qu’Antoine Arnault n’espère plus de plaisir, pas même de réelle distraction de sa Sultane-servante. […] Il est telle circonstance où l’on est assuré de rencontrer certains noms, comme tels lieux de réunion ne se peuvent même concevoir sans le groupement de certaines têtes. […] Ce fut un de mes étonnements, je ne le cache pas, à la première lecture de la Maison du Péché, qu’une femme eût pu concevoir avec cette force, réaliser avec cette vigueur. […] Comme Fanny est une nature noble, elle ne la conçoit qu’illuminée du sentiment qui vraiment l’ennoblira. […] Soutiendra-t-on qu’un tel art soit artificiel, artificiel étant synonyme d’insincère, c’est-à-dire conçu à froid, et ne répondant pas aux mouvements spontanés de l’être.
Il avoit, outre cela, un esprit naïf & judicieux, un style simple, quelquefois énergique, & sur-tout une manière de concevoir & de présenter les choses, qui en fait un Auteur original.
Draghicesco, est un phénomène social et on peut lui donner comme base la réalité expérimentale de la société ; on peut la concevoir comme un phénomène social incarné, qui a dû s’inscrire dans l’organisme, se traduire en langage psychologique3. » Ce n’est pas la socialité qui est un effet de la cérébralité humaine ; c’est la cérébralité humaine qui est un effet de la vie sociale. […] L’intelligence est seule capable de concevoir l’unité ; seule elle est capable de l’introduire dans le monde social. […] L’antinomie résulte de ce fait que l’individu n’étant pas un simple produit social, mais impliquant d’autres éléments (physiologie, hérédité, race) capables d’influer sur son intelligence, on conçoit qu’il puisse se produire une désharmonie plus ou moins profonde entre la pensée individuelle et la pensée du groupe. […] Elle établit un pont entre les moi par la communauté de la notion transmissible ; elle fait cesser l’isolement du moi en nous faisant concevoir l’impersonnel. […] Plus l’idéal de culture qu’ils ont conçu est haut, plus l’écart est grand entre cet idéal et l’humanité réelle.
A ce Bayreuth idéal et qui ne peut être, je dédie les illusoires souvenirs du vain Bayreuth, que, par le désespoir de concevoir celui-là, nous a donné Richard Wagnerab. […] Comment un génial parmi les artistes, en une histoire dont le cours très vaste imagine lointainement une histoire de l’art, par des recherches longuement suivies et une ardeur infatigable au mieux, entre les fortunes les plus variées et des misères fructueuses et de néfastes triomphes, — comment un artiste, des plus géniaux, ayant passé les ignorances stériles et traversé les folles ambitions, peu à peu est arrivé à se concevoir artiste et à l’être et à faire œuvre d’artiste, et à se reconnaître musicien et à le devenir et à instituer une œuvre de musique, — méditons-le en l’œuvre close de Wagner. […] Analoguement les décorations du Rheingold et de la Walküre sont les plus achevées qu’ait rêvées Richard Wagner ; les décorations du Parsifal seront l’adjacence de beaux tableaux, hors le drame, pour la magnificence d’un spectacle ; ici c’est la netteté de sites et ce plastiques faisant drame minutieusement ; songez quelle mise en scène grandiose et subtile, en ces deux pièces, dut rêver l’esprit du maître, et qu’il nous faudrait, pour concevoir son idée, contempler autrement qu’en les ignominies organisées par les imprésarios et les histrions de conservatoires. […] Mais point absente à ces vies n’était la musique, et je jouais par fois d’un violon ; et, tout appliqué disciple que je fusse aux rhétoriques diverses, je me sentais musicien et je composais des airs ; je concevais, aux heures de silence, des symphonies dont les ébauches orchestrales m’enorgueillissent ; et c’était, à la vérité, une lutte, alors de ces quinze ans, entre le démon de la musique et l’ange des lettres bien classiques. […] Richard Wagner conçut que toutes sensations procédaient de cette loi, et qu’en elle se synthétisait la vie.
Le meilleur de nos poètes philosophes, Sully-Prudhomme nous dit : « Le vers est la forme la plus apte à consacrer ce que l’écrivain lui confie, et l’on peut, je crois, lui confier, outre tous les sentiments, presque toutes les idées. » A une condition, toutefois, c’est que le vers ne soit jamais un vêtement ajouté après coup à des idées conçues d’abord d’une manière abstraite. […] Anselme, ta foi tremble et la raison l’assiste : Toute perfection dans ton Dieu se conçoit : L’existence en est une, il faut donc qu’il existe ; Le concevoir parfait, c’est exiger qu’il soit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . […] L’homme, dont le cœur seul, dans l’univers, a conçu la justice, disparaîtra, et la terre disparaîtra à son tour, et le ciel entier, avec ses étoiles, s’abîmera dans l’éternelle nuit. […] Buvant avec son lait la terreur qui l’enivre, A son côté gisant livide et sans abri, La foudre a répondu seule à mon premier cri ; Celui qui m’engendra m’a reproché de vivre, Celle qui m’a conçu ne m’a jamais souri.