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961. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Maurice Barrès donna Sous l’œil des Barbares, les causeurs et les critiques trop nombreux qui parlent des livres après les avoir à peine feuilletés, s’imaginèrent que l’auteur entendait par ces Barbares, à la mode romantique, les imbéciles, les bourgeois, les Philistins, tandis qu’au contraire il comprenait dans ce terme tous les hommes, fussent-ils de la plus haute, de la plus délicate culture, qui attentent à l’intégrité de notre moi, ou empêchent que nous en prenions pleine conscience. […] On comprend que, au xviie  siècle, à l’époque où le goût du gros comique allait jusqu’à travestir la Passion de Notre-Seigneur en vers burlesques (1649), on se soit moqué de ces titres ridicules chers aux dévots. […] Un érudit allemand vient d’en commencer une bibliographie qui comprendra au moins deux volumes.

962. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Les deux cathédrales »

Il crut comprendre que non seulement il n’y avait pas antagonisme entre son être propre et l’être du monde, mais qu’ils étaient éternellement unis, consubstantiels et solidaires ; qu’il y avait dès lors nécessité absolue pour lui de se plonger, à âme perdue, dans cette fontaine de vie, dans cet océan dénaturé, dont il tirait le meilleur de ses forces. […] On comprend facilement la portée prodigieuse de cette révolution dont la conscience de l’homme fut le théâtre. […] » 106‌ Je crois vous comprendre, M. 

963. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

. — L’étranger s’étonne de la « combinazione », la blâme sans la comprendre ; elle est à la fois un art de la politesse et le dernier refuge des consciences opprimées. […] Pour comprendre, il suffit de comparer la situation politique des deux pays ; en France : Philippe-Auguste, saint Louis et Philippe le Bel ; en Italie : la catastrophe de Frédéric II ; il semblait désigné pour faire de l’Italie une nation ; les lettres et les sciences florissaient à sa cour, et sa mémoire est encore bénie par Dante ; mais le pape l’a vaincu, Manfred tombe à Bénévent, et Conradin livre sa tête blonde au bourreau. […] Aujourd’hui que le positivisme a desséché nos âmes, que le sentiment et l’intuition ne sont que des « phrases », on a peine à comprendre cette action immense d’un rêveur.

964. (1930) Le roman français pp. 1-197

— il est impossible de comprendre quelques aspects de notre romantisme. […] Il les comprend… Il comprend les détraqués, les intoxiqués, les demi-fous. […] Il essaie d’abord de comprendre. Ce n’est que lorsqu’il a compris qu’il utilise sa sensibilité originelle. […] Mais c’est du Baudelaire mal compris.

965. (1911) Nos directions

et la comprendre ! […] elle n’était point développée, mais diffusée comme une lumière épandue ; on ne comprit pas. — Mais puisqu’il n’y avait rien à comprendre ! […] Peut-être que je me suis trompé sur vous ; vous comprenez la valeur de l’argent. […] Libre pour toujours, comprenez-vous ?  […] On comprend qu’Hugo s’en soit contenté.

966. (1929) Amiel ou la part du rêve

On comprend le sourire d’Amiel devant le contresens de ces reproches. […] On comprend que cela devienne pour elles une affaire considérable que de savoir qui sera, sous le nom de madame Amiel, la dixième au Grand Conseil. […] Il a écrit autant de vers patriotiques suisses que de vers patrotiques genevois, — y compris une manière d’épopée sur les guerres de Charles le Téméraire. […] Mais il faut comprendre l’Ersatz comme tel. […] Elle désire dormir dans le même cimetière, « car je ne comprends pas le ciel même sans vous ».

967. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

J’y vis une intention marquée de s’éloigner de moi royaliste, devant ses amis bonapartistes et révolutionnaires, et je compris trop bien son intention pour ne pas m’éloigner moi-même et sans retour de sa maison. […] C’est ainsi que j’avais compris, après la révolution de 1830, le rôle qu’un orateur homme d’État et qu’un chef parlementaire (intelligent des grandes crises) aurait dessiné au parti légitimiste dans le parlement, dans l’armée, dans le journalisme, dans les élections, dans les campagnes et dans la rue. […] On ne me comprenait pas, mais on commençait à me soupçonner d’une utilité future dans les événements que le temps amène avec lui. […] On ne comprenait guère pourquoi l’un tombait, pourquoi l’autre s’élevait. […] Le parterre de Paris vaut mieux aussi que le parterre d’Athènes : vous en êtes la preuve, vous et vos jeunes amis, puisque la fausse apparence seulement d’une raillerie mal comprise m’a valu, de la part de cette jeunesse si délicate et si généreuse, une protestation qui honore son cœur et relève le mien !

968. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Mais si c’est pour faire une énumération vide de sens, de laquelle ne doit se dégager aucune impression véritable, si c’est le fastidieux plaisir de voir pour voir, non pour comprendre et sentir, mieux vaut laisser dans l’ombre ce qui ne mérite pas d’en être tiré ou peut-être ce qu’on n’a pas su en faire sortir. […] On peut ne pas se rendre compte entièrement de soi à soi-même, mais on aime à comprendre et à ramener à l’unité les actions ou les pensées d’un personnage représenté dans une œuvre d’art ; et de fait tous les grands types dramatiques, en dehors de quelques bizarreries voulues chez Hamlet, sont des caractères bien arrêtés, de véritables doctrines vivantes. […] Aujourd’hui, nous comprenons qu’il y a une autre manière d’être grand : c’est d’être profondément quelqu’un, n’importe qui, l’être le plus humble. […] On a compris la nature avant le naturel, et c’est Rousseau qui nous a fait comprendre la nature. […] Pour comprendre comme Pascal s’était fortement pénétré du style biblique il suffit de lire les traductions qu’il a faites dans les Pensées, de divers passages des prophètes, surtout celles du chapitre cxix d’Isaïe : « Ecoutez, peuples éloignés. » C’est, dit M. 

969. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Comprenons bien la portée de cette nouvelle discussion. […] On comprend qu’il n’appartenait pas à l’école empirique de faire revivre cette noble partie de la science philosophique. […] C’est ainsi que Socrate comprenait la vraie éloquence114. […] Il vient après eux, il est vrai, mais il est de leur compagnie : il les comprend, il les aime, il les soutient. […] Mais pour admirer nos artistes, il faut les comprendre.

970. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Malheureusement, le devoir qui incombe à un théâtre subventionné est rarement bien compris de la foule. […] Pour comprendre toute son importance, il nous suffira de nous reporter à la mise en scène des Femmes savantes. […] Mais un exemple fera mieux comprendre la portée de cette observation. […] Et ici ce sont bien les sentiments par lesquels passe Athalie qu’il faut nous faire comprendre et partager. […] Tout cela, bien que ne présentant aucune difficulté, se comprendra mieux encore au moyen d’un exemple.

971. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Comprendrait-on que le caractère lui-même de l’œuvre fût encore un objet de dispute et de controverse entre philosophes et chrétiens ? […] Mais ce que l’on comprend moins, c’est que M.  […] On a peine à comprendre que, instruit par de telles expériences, Voltaire ait osé s’aller établir à Berlin. […] D’ailleurs il comprit qu’il ne ramènerait pas Frédéric. […] C’est encore ainsi que, s’il s’était agi de peinture, j’aurais sacrifié, sans balancer, toute l’école française — depuis Clouet jusques et y compris M. 

972. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Nous en comprendrons mieux la nature. […] Il nous en fait comprendre le charme. […] Je cherche à comprendre les phrases, à m’assimiler les idées. […] Il me faut interpréter ce texte, comprendre ce que le poète veut dire, me mettre au courant de la situation. […] Il faut mieux comprendre sa situation.

973. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « La poésie »

Dans l’ode, dans le genre lyrique tout noble et sévère, il a été plus à l’aise, il a pu presque tout dire : il a fait comprendre Pindare, autant qu’il nous est donné de le comprendre aujourd’hui.

974. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Grosclaude. »

Meissonnier : « Il faudrait n’avoir aucune expérience de ce qui se lit entre les lignes d’un journal pour ne pas comprendre que ces réticences cachent quelque horrible mystère. […] Les raisons que j’ai essayé de démêler n’expliquent pas, en somme, la joie bizarre que me donne l’énorme et placide déraison de ces facéties ; et peut-être aurez-vous beaucoup de peine à comprendre mon admiration et à me la pardonner, et y soupçonnerez-vous quelque gageure… Mais non, il n’y en a point… Je relis l’interview que Grosclaude est allé prendre à la plus ancienne locomotive de France, à l’occasion du cinquantenaire des chemins, de fer, et je n’y résiste pas plus qu’à la première lecture.

975. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Marcel Prévost et Paul Margueritte »

Enfin, la vie à la campagne et le soin des enfants achèvent d’apaiser et d’assagir la petite femme ; elle devient plus sérieuse et plus intelligente, elle comprend plus de choses et conçoit mieux son devoir. […] « Toinette et lui se regardèrent et, pour la première fois, peut-être, ils se comprirent… « À cette heure ils ne regrettaient pas de s’être mariés jeunes et pauvres, car toute une vie robuste, par cela même, s’ouvrait encore devant eux.

976. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIV. Moralistes à succès : Dumas, Bourget, Prévost » pp. 170-180

Il avait seulement un vif désir de savoir, de comprendre, et c’était — et c’est — un esprit délié et cultivé. […] Bourget est un des derniers audacieux qui croient mieux faire comprendre une catastrophe morale en la comparant à une éruption volcanique.

977. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre II. Recherche des vérités générales » pp. 113-119

Or, de nos jours l’homme est, si l’on peut s’exprimer ainsi, rentré dans la nature ; on a compris qu’il n’est pas isolé au centre de l’Univers ; qu’il est soumis à des lois qui lui sont communes avec les êtres environnants. […] Il songe à cette tyrannique nécessité de changement, à cette alternance régulière qui emporte les nations d’un extrême à l’autre ; il comprend que la France et l’Europe ont repris goût à la verdure des bois et des prairies et aux charmes de la solitude, précisément parce qu’elles étaient lasses et dégoûtées de spectacles et de plaisirs contraires ; il trouve enfin dans cette réaction violente contre les prédilections du siècle précédent un cas particulier de cette grande loi du rythme qui semble être une des lois de la vie universelle.

978. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 239-252

Qui ne comprendra, par exemple, que dans la Description énergique du Tableau du Jugement dernier, par Michel-Ange, le Poëte a eu pour but principal, de faire sentir aux Peintres combien il est essentiel de ne pas négliger, dans leurs Ouvrages, les bienséances, les mœurs & le costume ? […] Il est aisé de comprendre par-là, combien la Philosophie est opposée aux vrais talens, combien elle nuit au bonheur.

979. (1894) Notules. Joies grises pp. 173-184

Aussi comprendra-t-on l’instrument précieux qu’est l’assonance pour le poète un peu raffiné, puisqu’il peut avec elle nuer ses rêves à l’infini pour les yeux ensemble et pour l’oreille. […] Ailleurs elle fut admise en tant qu’harmonie imitative : de cette représentation des sensations physiques à l’élucidation sensorielle de l’idée (telle on comprend aujourd’hui l’allitération) il n’y avait qu’un pas.

980. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et l’abbé Desfontaines. » pp. 59-72

Parmi les personnes amies de M. de Voltaire, qui s’employèrent pour la délivrance de l’abbé Desfontaines, il faut comprendre principalement M. le comte d’Argenson. […] Mais personne ne prit le change, & l’on n’a pas manqué de comprendre la Voltairomanie dans la liste qu’on a donnée récemment de tous ses ouvrages.

981. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’insurrection normande en 1793 »

L’Égalité politique et physiologique de Rousseau, lequel ne comprit jamais rien à l’unité complexe de la famille, pesait les hommes comme mâles et ne les pesait pas comme pères, par conséquent noyait les forces morales de l’ordre et de la société dans la force brute d’un nombre qui n’était pas du tout, malgré son titre, suffrage universel. […] Le mouvement fut digne de ceux qui l’avaient inspiré ou qui le fomentèrent, de ces principaux chefs de la Gironde, proscrits du « déplorable 31 mai », comme dit Vaultier, collégiens réussis qui furent des politiques manqués, et qui, le doux Vaultier lui-même l’affirme, n’ont compris ni les hommes, ni les événements, ni le jeu des intérêts sociaux : rien que cela !

982. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Henri Rochefort » pp. 269-279

Il avait essayé du rire, du rire à large fente, et il s’en est fait un comme à la scène on se fait une tête ; car naturellement, si j’en crois le livre que j’ai sous les yeux, il n’est pas un esprit gai ; il n’a pas la promptitude, et la sveltesse, et le pétillement et la couleur rose qui font ce qu’on appelle la gaîté, du moins comme on l’entend en France, le seul pays où on la comprenne. […] Mais, ici, pour être compris, un exemple de cela est nécessaire.

983. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Louis Wihl »

Ces vers, il faut sans doute, pour en comprendre toutes les beautés, les lire dans la langue du poète ; mais on peut, dans une traduction, en comprendre au moins la puissance.

984. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pierre Dupont. Poésies et Chansons, — Études littéraires. »

Si le poète, aveugle au buste, est aussi aveugle à la leçon, d’autres la comprendront pour lui. D’autres qui auraient été tentés de l’imiter peut-être comprendront mieux, en présence de cette violente et grossière image, les précautions et les délicatesses avec lesquelles on est tenu de traiter le talent, — cette voix qui se fausse si aisément, quand on en a.

985. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Renan contait, ce soir, que Boccace dit quelque part être en adoration devant la couverture d’un Homère qu’il a dans sa bibliothèque, et dont il ne peut comprendre un mot. […] * * * — La description matérielle des choses et des lieux n’est point dans le roman, telle que nous la comprenons, la description pour la description. […] Du premier coup elle comprend et elle rend. […] Elle comprend si vite qu’elle comprend chaque jour quelque chose de nouveau. […] J’ai compris de suite, à première vue, que notre préface avait tué la pièce.

986. (1927) Approximations. Deuxième série

Dans l’instant fugitif, il comprit fortement qu’il voulait vivre et garder son amour jusqu’à l’inévitable mort. […] Le premier est compris partout, mais l’hypocrisie veut qu’on le déclare grossier. […] — Je ne comprends pas. […] Tâche de te comprendre et de comprendre les choses ». […] Qui est-ce qui sera là pour comprendre si je tourne courtjo ?

987. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Grâce à Montesquieu, les femmes, à leur toilette, ont cru pour la première fois comprendre le langage du droit ; et, dans les salons comme à la cour, où il avait plus d’un ami, la « jurisprudence universelle » est devenue, grâce à lui, un sujet de conversation. […] Cette remarque a son importance, et nous aide à comprendre la nature de l’influence anglaise. […] Mais on comprend après cela quelles auxiliaires elles ont été pour les Encyclopédistes. […] Mais on ne comprend pas toujours ce que l’on admire, ni même ce que l’on redoute ; et, en réalité, les contemporains de Rousseau ne l’ont pas compris : premièrement, parce qu’ils sont les « mondains » qu’ils sont, les habitués des « salons » qu’il attaque ; et puis, parce qu’en leur qualité de mondains, après un peu d’émoi que leur a causé ce citoyen de Genève, d’autres distractions, d’autres curiosités, d’autres discussions, de toutes parts, les sollicitent, les appellent, et les retiennent. […] Elle comprend : La Théorie de la terre ; l’Histoire de l’homme et l’Histoire des quadrupèdes, 15 vol. in-4º, en collaboration avec Daubenton pour la partie anatomique, 1749-1767.

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