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1674. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

» mais bien : « Qu’est-ce qu’un seau sans une pelle pour le remplir de sable. » Au moins la grand-mère, qui est dure d’oreilles, a compris. […] Les exemples feront mieux comprendre. […] C’est ainsi que Zola, dans La Débâcle, a compris la guerre de 1870. […] Mieux vaut comprendre et expliquer les répugnances de cette critique que les condamner en bloc. […] On comprend qu’un écrivain soit tenté par ce beau sujet : représenter dans un grand génie une magnifique explosion d’amour.

1675. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Mais peu de temps après, Voiture alla trouver Corneille pour lui faire comprendre doucement que Polyeucte n’avait pas été approuvé autant qu’il pensait. […] Pourtant, Marceline avait parfaitement compris et senti son Nord : où vinrent s’asseoir les ferventes Espagnes . […] Malgré son désespoir, elle comprit que ce n’était pas le moment de gémir sur sa destinée. […] Ces questions naïves de l’enfant firent comprendre au futur montreur de marionnettes, que le spectacle aurait besoin d’être accompagné d’une sorte de légende pour réussir devant le public. […] Il ne suffit pas à l’acteur de comprendre son rôle, il lui faut encore le sentir.

1676. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Mais il ne paraît pas que le pronostic ait eu son effet : Mme de Ferriol comprit vite que son crédit dans le monde et sa considération étaient attachés à cette liaison avec le maréchal-ministre, et elle s’y tint. […] Mlle Aïssé, sentant qu’elle allait devenir mère, n’avait pu prendre sur elle de se confier à Mme de Ferriol, qui aurait trop triomphé de voir le naufrage d’une vertu naguère si assurée, et qui n’était pas femme à comprendre ce qui sépare une tendre faiblesse d’une séduction par intérêt ou par vanité. […] Je sais quelqu’un qui a écrit : « Ce qu’était l’abîme qu’on disait que Pascal voyait toujours près de lui, l’ennui l’était à Mme du Deffand ; la crainte de l’ennui était son abîme à elle, que son imagination voyait constamment et contre lequel elle cherchait des préservatifs et, comme elle disait, des parapets dans la présence des personnes qui la pouvaient désennuyer. » Jamais on n’a mieux compris cet effrayant empire de l’ennui sur un esprit bien fait, que le jour où, malgré les plus belles résolutions du monde, l’ennui que lui cause son mari se peint si en plein sur sa figure, — où, sans le brusquer, sans lui faire querelle, elle a un air si naturellement triste et désespéré, que l’ennuyeux lui-même n’y tient pas et prend le parti de déguerpir. […] Le joli chien Patie , comme s’il comprenait la pensée de sa maîtresse, se tenait toujours en sentinelle à la porte pour attendre les gens du chevalier. — Cependant Aïssé était une de ces natures qui n’ont besoin que d’être laissées à elles-mêmes pour se purifier : elle allait toute seule dans le sens des conseils de Mme de Calandrini. […] Pour le cœur je n’y comprends rien : Dans quel lieu s’est-elle adressée ?

1677. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Assurément non, et si c’était là sa pensée, je la laisserais à comprendre aux critiques français, qui s’extasient mal à propos à tous les endroits tragiques de leurs poètes comiques, et apprécient peu la pure comédie. […] Et néanmoins cette petite pièce est d’un comique achevé ; la gaieté s’y élève jusqu’à une sorte de délire13… mais n’anticipons pas ; je me réserve de réparer plus loin, par une analyse détaillée de cette merveille unique sur la scène française, l’injustice de la France qui ne l’a pas comprise, et de la postérité qui s’en rapporte trop légèrement à la France. […] Il nous offre ainsi l’image d’un homme qui travaille avec un sérieux énorme pour nous mesurer convenablement le rire et la gaieté, et nous comprenons, envoyant la peine qu’il se donne, ce que dit Despréaux :              Tel mot pour avoir réjoui le lecteur A coûté bien souvent des larmes à l’auteur. […] À tout le moins, l’absence de gaieté est l’écueil où va se perdre la foule des comédies, pendant que le poète, qui comprend l’essence de son art, lutte contre le courant qui l’y entraîne. […] Les Français, en somme, admirent trop Molière et ne le comprennent pas assez.

1678. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Comprendre ces exaltations soudaines, ces tristesses imprévues, ces incroyables soubresauts de la sensibilité pervertie ; reproduire ces arrêts de pensée, ces interruptions de raisonnement, cette intervention d’un mot, toujours le même, qui brise la phrase commencée et renverse la raison renaissante ; voir le sourire stupide, le regard vide, la physionomie niaise et inquiète de ces vieux enfants hagards qui tâtonnent douloureusement d’idées en idées, et se heurtent à chaque pas au seuil de la vérité qu’ils ne peuvent franchir, c’est là une faculté qu’Hoffmann seul eut au même degré que Dickens. […] Il faut s’intéresser aux passions pour comprendre toute leur étendue, pour compter tous leurs ressorts, pour décrire tout leur cours. […] Le seul moyen de composer un tout naturel et solide, c’est de faire l’histoire d’une passion ou d’un caractère, de les prendre à leur naissance, de les voir grandir, s’altérer et se détruire, de comprendre la nécessité intérieure de leur développement. […] Ôtez les personnages grotesques qui ne sont là que pour occuper de la place et pour faire rire, vous trouverez que tous les caractères de Dickens sont compris dans deux classes : les êtres sensibles et les êtres qui ne le sont pas. […] Il faut, pour comprendre cette complaisance du peintre et ce choix de caractères, songer à leur type physique.

1679. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

D’après ce seul principe de l’hérédité des modifications, nous pouvons donc comprendre pourquoi des sections de genres, des genres entiers ou même des familles sont si souvent, et avec une évidence si frappante au premier coup d’œil, confinés dans les mêmes régions. […] L’influence si considérable et si frappante des barrières naturelles de toute nature sur la distribution géographique des êtres organisés ne peut se comprendre que dans le cas où la majorité des espèces auraient été créées seulement d’un côté de ces obstacles, et incapables d’émigrer de l’autre côté. […] Nous comprendrons de plus ce fait singulier, constaté par plusieurs observateurs : c’est que, pendant les derniers étages tertiaires, les productions d’Europe et d’Amérique étaient en plus étroite connexion qu’aujourd’hui ; car, durant les chaudes périodes, les parties septentrionales de l’Ancien Monde et du Nouveau auraient été presque continuellement réunies par des terres qui pouvaient alors leur servir de ponts, mais que le froid a rendues depuis infranchissables aux migrations réciproques de leurs habitants. […] Il est très difficile de comprendre comment un grand nombre de formes spéciales, confinées entre les tropiques, se seraient conservées pendant la période du maximum de froid de la période glaciaire. […] Faudrait-il donc supposer au nuage cosmique de l’honorable membre de l’Institut une course hyperbolique avec une très petite vitesse, et un volume suffisant pour qu’à son passage à travers notre système il occupât tout l’espace du ciel compris dans l’orbite de la terre, de sorte que notre globe, en tournant autour du soleil pendant une ou plusieurs années, n’aurait pu apercevoir la lumière de cet astre ?

1680. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Avec quelle partie de son âme pourrait-il comprendre la poésie et la fantaisie ? […] Qu’on puisse oser beaucoup dans un roman, on le comprend. […] Nous comprenons par lui, comme par La Bruyère ou Nicole, la force de la prévention, l’entêtement du système, l’aveuglement de l’amour. […] Il a lu, il comprend le jargon de Trissotin et de M.  […] Il comprenait qu’il n’est point viveur ni mondain, mais réfléchi et intérieur.

1681. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Jules Sandeau » pp. 322-326

L’Académie ne pouvant espérer de les comprendre jamais, ces talents ou même ces génies d’écrivains, dans ses appels et ses récompenses, ne peut vouloir les atteindre seulement par sa critique, si fine que soit cette critique, si spirituelle que soit l’épigramme.

1682. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « [Béranger] » pp. 333-338

Nul n’a mieux compris que lui combien le génie de Napoléon s’était confondu à un certain jour dans celui de la France, combien l’orgueil national et l’orgueil du héros ne faisaient qu’un, combien leur défaite était la même ; nul n’a mieux donné à pressentir combien le réveil et le jour de réparation pour ces deux gloires, la gloire de la France et celle du nom napoléonien, étaient unis et comme solidaires, et ne faisaient naturellement qu’une même cause.

1683. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine de Boileau »

Dans l’époque, à la fois magnifique et décente, Qui comprit et qu’aida ta parole puissante, Le vrai goût dominant, sur quelques points borné, Chassait du moins le faux autre part confiné ; Celui-ci hors du centre usait ses représailles ; Il n’aurait affronté Chantilly ni Versailles, Et, s’il l’avait osé, son impudent essor Se fût brisé du coup sur le balustre d’or.

1684. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame du Hausset, femme de chambre de madame de Pompadour. »

Celle-ci, d’un esprit fin et juste en ce qui la touchait, comprit dès l’abord ce qu’il fallait au roi ; et elle s’y aida de tous les charmes de sa personne et de sa conversation, de toutes les ruses d’une courtisane habile.

1685. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires relatifs à la Révolution française. Le Vieux Cordelier, par Camille Desmoulins ; Les Causes secrètes ou 9 thermidor, par Villate ; Précis du 9 thermidor, par Ch.-A. Méda, Gendarme »

Le style en paraît verbeux, le ton guindé, les idées factices ; il faut un commentaire ou une préface pour comprendre que cet emportement a été de la chaleur, et cette déclamation de l’éloquence.

1686. (1874) Premiers lundis. Tome I « Bonaparte et les Grecs, par Madame Louise SW.-Belloc. »

Elle a parfaitement compris et fait ressortir tout ce que la révolution grecque a d’original et d’indigène.

1687. (1874) Premiers lundis. Tome II « L. Bœrne. Lettres écrites de paris pendant les années 1830 et 1831, traduites par M. Guiran. »

Nous n’avons pas totalement oublié, durant la révolution, quoi qu’il en dise, nos études philosophiques du xviiie  siècle, nous les avons même poussées plus avant et plus haut ; nous pouvons nous croire, sans vanité, capables encore de comprendre Condillac et même quelque chose au-delà.

1688. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre X. De la simplicité du style »

Ils échappent à la séduction de l’art pur dans le style, peut-être faute de pouvoir comprendre ce que c’est, plutôt que par la résistance d’un goût sûr et du bon sens.

1689. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bergerat, Émile (1845-1923) »

Vous avez bien lu, Francisque Sarcey, qui alors… mais, depuis… On comprend qu’avec de pareils guides, Bergerat ne pouvait manquer d’aller loin.

1690. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Signoret, Emmanuel (1872-1900) »

À ceux qui comprennent l’importance des suprêmes œuvres d’art au point de vue de l’évolution, je conseille, en attendant Jacinthus, d’étudier avec moi les richesses si variées et si pures que contient cette œuvre nouvelle du plus grand poète des temps modernes et peut-être de tous les temps.

1691. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre V. Un livre de Renan et un livre sur Renan » pp. 53-59

Il ne comprend point le pessimisme, ni Amiel, qui est un raté pour lui.

1692. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Préface » pp. -

Il n’a pas compris, et nous attribue ce que son esprit fermé à toute idée générale, lui a fait croire ou entendre.

1693. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface et note de « Notre-Dame de Paris » (1831-1832) — Note ajoutée à l’édition définitive (1832) »

Il y a plus, l’auteur ne comprendrait pas qu’on ajoutât après coup des développements nouveaux à un ouvrage de ce genre.

1694. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre V. Suite des précédents. — Héloïse et Abeilard. »

Nous sommes encore à comprendre comment un poète a pu se tromper au point de substituer à cette description un lieu commun sur les langueurs monastiques.

1695. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 44, que les poëmes dramatiques purgent les passions » pp. 435-443

Les écrivains qui ne veulent pas comprendre comment la tragédie purge les passions, alleguent pour justifier leur sentiment, que le but de la tragédie est de les exciter.

1696. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VI »

Je vérifierai par comparaison en quoi j’ai manqué ; je comprendrai plus clairement et plus complètement cette méthode.

1697. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Sully Prudhomme l’a compris. […] Brigitte si douce et parfaite, il ne saurait la comprendre. […] Et nous avons, ces temps-ci, beaucoup de pharisiens : ils ne comprennent pas. D’ailleurs, comprendre, ce n’est point approuver. […] oui, je le comprends, ce Didier-là !

1698. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

La facilité qui était sienne, et qu’il avait en maint sujet pour venir à bout des choses avec beaucoup de travail, mais sans le laisser voir, lui manquait pour les langues : s’il les comprenait, c’était des yeux, jamais de l’oreille ; jamais il ne put s’accoutumer à l’accentuation ni à la prononciation. […] Magnin fut de ceux qui se montrèrent le plus disposés à comprendre et à aider les poètes, sans leur rien céder pourtant de ses droits comme juge. […] Il n’était guère sorti de son cabinet, il n’avait pas voyagé, il n’avait pas même visité ce qui était à sa portée, il avait peu vu de ses yeux : sa myopie était extrême ; mais il avait lu, il avait écouté de sa fine oreille, il avait compris, il savait rendre ; il y a de ces tours d’adresse de l’écrivain et du lettré habile.

1699. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Heureux le poëte lyrique, le frère harmonieux des Coleridge et des Wordsworth, qui peut à temps, et mieux qu’eux, se ménager une œuvre d’ensemble ; une œuvre (s’il est possible) qu’une lente perfection accomplisse ; où ne sera pas plus de génie assurément que dans ces feuilles sibyllines éparses, âme sacrée du poëte, mais une œuvre plus commode à comprendre et à saisir des générations survenantes ; — espèce d’urne portative que la Caravane humaine, en ses marches forcées, ne laisse pas derrière, et dans laquelle elle conserve à jamais une gloire ! […] Jocelyn a tout compris, et il se décide au sacrifice. […] Ne comprenaient pas l’œuvre, et maudissaient du cœur  Cette race stupide acharnée à sa perte, Qui détruit jusqu’au ciel l’ombre qui l’a couverte !

1700. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

IX Je relus vingt fois le billet du prince de Talleyrand, et je dis à la jeune fille qui attendait, en me regardant lire et relire, toute rouge de l’émotion qu’elle lisait de même sur mon visage sans le comprendre : « Viens que je t’embrasse, ma petite Lucy ! […] Dis à ta mère que tu m’as apporté un quine. » C’était alors le langage compris des concierges, institution du hasard qui tenait toujours ouverte à la fortune la loge du portier. […] Tout était sérieux dans ce génie, austère dans cette grâce ; je compris que j’étais en face d’une sœur du jeune Pic de la Mirandole, quand cette intelligence surnaturelle, incarnée dans un bel adolescent, comparut devant le pape, les cardinaux et le congrès de tous les érudits d’Italie, pour répondre sur toutes les matières et dans toutes les langues à ce cénacle de l’intelligence humaine.

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