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1214. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Tous, à quelque pâturage d’opinion qu’ils appartiennent, ont senti l’importance de ce document qui leur tombait presque du ciel — car c’était de la main d’un pieux missionnaire — et qui brillait des deux qualités distinctives de tout document imposant : la probité et l’intelligence.

1215. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

« Quand leurs fortes mains, qu’ils avaient tenues si longtemps appuyées sur la terre asservie, détournées enfin de leur spécialité par le spiritualisme chrétien, voulurent se lever vers le ciel, aussitôt la terre leur échappa ! 

1216. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

Quand ton heure Plaintive aura sonné comme une voix qui pleure, Lorsque tu sentiras plier ton front hardi, Lorsque tu douteras si le ciel t’a maudit, Enfant, rappelle-toi la sorcière espagnole !

1217. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

Ici, le sublime Élégiaque fit monter l’Élégie désolée, cette douleur de la terre, sur les ailes ouvertes de l’aigle lyrique, qui pour la première fois l’emporta jusqu’au ciel !

1218. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

Vice-roi des pays qu’il avait découverts, voulant faire chrétiens des milliers de sauvages, d’un temps où l’ardeur du zèle se souciait peu que quelques gouttes de sang se mêlassent à l’eau du baptême, le révélateur de l’Amérique ne fit jamais tomber un cheveu de la tête de personne, et la colombe remporta au ciel, sans aucune tache, son blanc plumage !

1219. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

Cherchant aujourd’hui le droit dans le fait à propos de la Ligue qui l’avait trouvé dans le ciel, et en face de la race nouvelle érigée sur les débris des races anciennes parmi nous, il aurait proclamé l’arrêt suprême et vu ce que tout le monde sans exception verrait pour le moment en France, si la pitié pour les victimes n’attendrissait le jugement contre les coupables, et si quelques gouttes du sang de martyr de Louis XVI ne nous étaient entrées dans les yeux pour nous retomber sur le cœur !

1220. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

Pierre de Saint-Louis, de la province de Provence (1668), j’en ai rencontré de magnifiques, et que les plus grands poètes de ce temps de langue mûrie auraient été fiers designer : Phares des tours du ciel, lampes inextinguibles, Qui rendent, sans rien voir, toutes choses visibles !

1221. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

Marc-Aurèle, voyant son armée prête à périr par la soif, leva ses mains au ciel : Ô Dieu, dit-il, je lève vers toi, qui donnes la vie, cette main qui ne l’a jamais ôtée à personne.

1222. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Et pourtant, par de là la fournaise hurlante encore, la vivace espèce rance renaissait, au fond du grand ciel calme, d’une limpidité souveraine. […] Zola, et fasse le ciel que nous n’ayons jamais d’autres ennemis que ceux qui sont au-delà de nos frontières. […] La place était jonchée d’éclats, de ferrailles, de moellons ; une tête de statue avait roulé très loin ; elle gisait le nez au ciel. […] Des gypaètes tournoyaient dans le ciel. […] Nous voulons le ciel, rien de moins, et nous le voulons à coup sûr.

1223. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

La petite convenance était de ne point sortir de ma représentation officielle ; mais le grand devoir était de jeter au ciel un cri de protestation que toute la terre entendît. […] Non ; c’est celui qui prend le temps, observe les nuages, suit les variations de l’état du ciel, plie au besoin ses toiles et ménage l’avenir. […] Ne perdons pas notre peine à vouloir éteindre ces froides étoiles, qui continuent à briller au ciel sans gêner personne après tout. […] Si tu n’aperçois rien d’éternelle durée, Et si tout l’univers n’attend que le trépas, Suis toujours la vertu seule au monde assurée, Qui nous fait vivre au ciel en mourant ici-bas. […] Un don du ciel, c’est ainsi que Chateaubriand définit le style, en ajoutant qu’il ne s’apprend pas et qu’il y en a de mille sortes.

1224. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

D’autres ont fait descendre l’espérance du ciel sur la terre et espèrent et font espérer seulement dans l’avenir terrestre, dans le progrès humain, dans l’amélioration d’ici-bas, dans la perfectibilité. […] Il avait écrit dans Le Satyre : Le ciel, l’aube, où le jour, ce rire immense, luit. […] Un coup d’œil jeté au ciel de temps en temps avec une aspiration infinie. […] Les affections qui nous tombent du ciel et y remontent sont bien fortes. […] Je pleurerai longtemps, selon toute apparence. » Longue route grise de vieillesse indéfinie, longue route grise sous un ciel bas, longue route grise où se traîne à petits pas une robe noire se dirigeant vers un tombeau.

1225. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Et l’on peut donc considérer sa tragédie comme l’intermédiaire et l’on se risquerait à dire comme le médiateur entre le ciel grec et la terre grecque. […] Vie et beauté dans le ciel, vie et beauté sur la terre ; vie et beauté céleste enseignée par la tragédie à la terre. […] Et c’est justement pour cela que des individus et des générations entières peuvent envisager des tâches si grandioses qu’elles seraient apparues aux temps jadis comme de la folie et un jeu impie avec le ciel et l’enfer. […] Et alors, sa force contraire serait peut-être découverte en même temps, sa faculté immense de faire luire pour la joie un nouveau ciel étoilé !  […] Les Allemands auraient-ils trouvé en toute douceur un coin du ciel et s’y seraient-ils installés ?

1226. (1905) Propos littéraires. Troisième série

comme la mer gronde vers le ciel, et trouve de l’écho en toi, mon cœur ! Mon cœur, je le sens, c’est le même chaos qui s’agite en toi et soulève ses ilots jusqu’au ciel. […] Ce qui est absolument sans égal, c’est le ciel. […] Ce qu’il y a d’admirable, c’est le ciel, l’horizon, le Nil. […] José-Maria de Heredia qui se dressent, or sur or, flamboyants sur le ciel splendide.

1227. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Arrêtez-vous, sphères toujours mouvantes du ciel ; arrêtez-vous, afin que le temps puisse cesser, et que minuit n’arrive jamais ! […] je me sauverai vers le ciel ! […] Montagnes et collines, venez, venez ; écroulez-vous sur moi, et cachez ma tête à la colère du ciel ! […] Le beau ciel de l’Italie, le spectacle de cette contrée poétique, toute pleine des monuments des arts, et toute retentissante de la gloire du Tasse, charmaient l’imagination du jeune Anglais. […] Les anges révoltés tirant du canon dans le ciel, Dieu prenant un compas pour circonscrire l’univers, les diables changés en serpents pour siffler leur chef, sont des inventions plus capricieuses que grandes.

1228. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

« La France, dit la Gazette du 9, n’a pu s’empêcher de témoigner sa crainte par un effort de l’amour qu’elle doit au monarque… et d’en demander au ciel, par des vœux universels, l’issue heureuse qu’elle en a obtenue et qui l’a portée à des réjouissances singulières dont cette capitale a donné l’exemple durant deux jours. » On trouve à la dépense extraordinaire du 12 juin sur le livre de comptes de La Thorillière : « Retiré par M.  […] — La raison de cela, répondit le prince, c’est que la comédie de Scaramouche joue le ciel et la religion, dont ces messieurs ne se soucient point ; mais celle de Molière les joue eux-mêmes, et c’est ce qu’ils ne peuvent souffrir. » Le légat et les principaux prélats, consultés par le monarque, pour la sécurité de sa conscience, sur le danger prétendu de cette comédie, partagèrent ses dispositions favorables ; mais les tartuffes redoublèrent d’efforts. […] « C’est trahir visiblement la cause du ciel que de se taire dans une occasion où sa gloire est ouvertement attaquée, où la foi est exposée aux insultes d’un bouffon qui fait commerce de ses mystères et en profane la sainteté, où un athée foudroyé en apparence foudroie en effet et renverse tous les fondements de la religion à la face du Louvre, dans la maison d’un prince chrétien, à la vue de tant de sages magistrats et si zélés pour les intérêts de Dieu, en dérision de tant de bons pasteurs que l’on fait passer pour des tartuffes ! […] Théodose condamna aux bêtes des farceurs qui tournaient en dérision les cérémonies ; et néanmoins cela n’approche point de l’emportement qui paraît en cette pièce… « Molière devrait rentrer en lui-même et considérer qu’il est très dangereux de se jouer à Dieu, que l’impiété ne demeure jamais impunie, et que, si elle échappe quelquefois aux feux de la terre, elle ne peut éviter ceux du ciel… Il ne doit pas abuser de la bonté d’un grand prince, ni de la piété d’une reine si religieuse, à qui il est à charge et dont il fait gloire de choquer le sentiment. […] On allait lui adjuger le prix, quand le président s’écria : « Le premier est un héros, mais il n’a pas dépassé les forces de la nature humaine ; le second ne peut être qu’un dieu qui s’est moqué de nous. » Le dieu avoua tout, et s’en retourna au ciel en riantc.

1229. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Pendant la confession acerbe du romancier réaliste, Daudet se récite à lui-même des vers provençaux, et semble se gargariser avec la douce sonorité musicale de la poésie du ciel bleu. […] … comme le caoutchouc, où le pas ne s’entend pas… Un ciel bleu tendre… Vous ne connaissez que l’Orient clair et découpé… Là, à tous les plans, d’imperceptibles voiles de vapeur, devenant plus intenses à mesure qu’elles s’éloignent… Là, des bonshommes noirs ou bleus… il est très rare de rencontrer une note rouge… et quel joli ton fait là-dedans la cotonnade bleue… Je les vois, tous ces bonshommes, avec une petite lumière au front et à la clavicule. […] il faut une fière puissance de luminosité, pour rendre cela, dans ces milieux de terrains et de ciels un peu neutres, et parmi cette végétation, sortant d’un limon bitumeux, qui a des verdeurs comme nulle part… Je n’ai pas trouvé, en peinture, le mode pour rendre cela, non je ne l’ai pas trouvé encore, il faudra que je le recherche… Par le vent du Nord, le Nil est tourmenté, vagueux, sale, mais par le vent du Midi c’est du métal en fusion… Et un climat d’une douceur, d’une douceur, qui vous fait la peau comme moite.

1230. (1922) Gustave Flaubert

Quelquefois pourtant un coup des vents du ciel arrive et dévoile à votre éblouissement des perfections innombrables, infinies, merveilleuses. […] C’est à Ève que nous songeons devant le serpent, celui dont les Ophites, dans la première Tentation, disaient : « Sois adoré, grand serpent noir qui as des taches d’or comme le ciel a des étoiles ! […] Image d’ailleurs toute naturelle ; on songe par contraste à cet admirable morceau des Étoiles de Lamartine, où le poète sent la terre fendre comme un navire les flots de l’éther et mener dans un golfe du ciel l’humanité endormie. […] Il y avait dans le ciel de petits nuages blancs arrêtés, et l’ennui, vaguement répandu, semblait alanguir la marche du bateau et rendre l’aspect des voyageurs plus insignifiant encore. » A bord de ce bateau, il y a un jeune homme qui croit à la vie, Frédéric Moreau. […] L’homme qui se donne, après l’homme qui a tué, l’équilibre entre l’intensité de la pénitence et l’abondance du sang versé, le plateau plein de grâce qui compense peu à peu le plateau plein de meurtre, et sur lequel le lépreux transfiguré en Jésus-Christ, enlève au ciel le criminel transfiguré en saint.

1231. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Mes plaintes ne peuvent s’adresser qu’au ciel qui l’a placée trop tard sur ma route. […] Le bonheur de Laure ne peut être compris par l’intelligence humaine, et pourtant Laure attend son amant dans le ciel. […] Au son de ses paroles compatissantes ; peu s’en est fallu que je ne restasse dans le ciel. […] En regardant les yeux de la femme qu’il aime, il s’élève jusqu’à la contemplation du ciel. […] Son âme en s’échappant de ce beau sein avait purifié le ciel sur son passage.

1232. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Quand le ciel par nos mains à le punir s’apprête, Un lâche repentir garantira sa tête ! […] Il ne faut sans doute persécuter personne pour les opinions religieuses, tant qu’elles ne sont point manifestées et ne troublent point l’ordre public : la loi ne peut avoir d’empire sur les consciences ; elle n’a droit que sur les actes extérieurs : les théologiens n’ont jamais pu soutenir le contraire sans outrager et contredire l’Évangile ; mais il n’est pas moins vrai qu’il est très heureux pour une république que tous les citoyens soient réunis par le même culte comme par la même constitution, qu’ils aient tous le même dieu comme le même chef, que leur morale soit sanctionnée par les mêmes dogmes, et qu’ils soient tous persuadés que leur religion n’est pas une mode, un usage du pays, mais l’expression de la volonté divine, mais une loi universelle et sacrée, émanée du ciel pour le bonheur et le salut de la terre. […] Ce qu’il y a de plus fort, c’est que Pauline, lorsqu’elle retrouve son amant, ne rougit point devant lui d’une conduite que le code amoureux réprouve comme une faiblesse, une lâcheté ; et même une trahison ; au lieu de s’en justifier, elle s’en fait honneur : Le bruit de votre mort n’est point ce qui vous perd ; Si le ciel en mon choix eût mis mon hyménée, À vos seules vertus je me serais donnée. […] pourquoi, dans la première scène d’Alzire, a-t-il risqué un vers bien inférieur à celui qu’il blâme, lorsqu’il a fait dire à Alvarès : Par nous tout est en feu, par nous tout est en poudre, Et nous n’avons du ciel imité que la foudre. […] Tombe sur moi le ciel, pourvu que je me venge !

1233. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Le soleil se levait magnifiquement après de longues pluies ; les trompettes sonnaient, les cris de cette multitude armée montaient jusqu’au ciel ; à perte de vue, sur la plage, dans la rivière largement étalée, sur la mer qui s’ouvre au-delà spacieuse et luisante, les mâts et les voiles se dressaient comme une forêt, et la flotte énorme s’ébranlait sous le vent du sud78. […] Si jamais ils essayent de chanter, fût-ce dans le ciel, sur l’invitation de Dieu « un rondel haut et clair », ils produiront91 de petits raisonnements rimés aussi ternes que la plus terne des conversations. […] — Je crois qu’il m’est venu du ciel. —  Mon amour a quitté toutes les autres femmes — et s’est posé sur Alison. »  — « Avec ton amour, dit un autre, ma douce bien-aimée, tu ferais mon bonheur,  — un doux baiser de ta bouche serait ma guérison119. » N’est-ce point là la vive et chaude imagination du Midi ? […] Puis il fait conduire les soixante mille prisonniers dans une plaine. « Là, ils entendirent les anges du ciel — qui disaient : Seigneurs, tuez, tuez. —  N’en épargnez pas ; coupez-leur la tête. —  Le roi Richard entendit la voix des anges, et remercia Dieu et sa sainte croix131. » Là-dessus, on les décapite tous ; quand il prend une ville, c’est sa coutume de faire tout égorger, enfants et femmes.

1234. (1925) Portraits et souvenirs

Un ciel, une eau, un arbre, une fleur l’enchantaient, et, de celles-là, non les plus rares, mais les plus simples et les plus communes. […] Il devait à ses aïeux normands cette compréhension de notre passé, cet amour de notre sol, et ce fut sans regret d’exilé que se fermèrent à notre lumière de France ses yeux qui s’étaient ouverts aux clartés éclatantes du ciel des Tropiques. […] Sans eux, je n’aurais vu que le ciel pluvieux et gris de l’horrible été que nous traversons ; j’aurais gémi sur l’inclémence de la saison. […] Il me tardait d’entendre résonner, dans l’air si pur de ce ciel incomparable, la voix longtemps muette de la Marangona. […] Aussi est-ce sur le fond bleu du Lac Majeur et sous la lumière limpide du ciel florentin qu’il a dessiné les figures qui animent ses premiers romans ; mais, si vivement que l’auteur-de Sainte Marie des Fleurs et du Parfum des îles Borromées ait subi le sortilège de la terre lombarde ou toscane, cette magnifique influence ne lui a pas fait oublier longtemps la beauté plus modeste du sol natal.

1235. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Elles peuvent en effet n’avoir entre elles d’autre rapport que leur communauté d’origine, comme ces étoiles filantes qui par les belles nuits d’août s’éparpillent dans le ciel, émanant toutes d’un même radiant. […] Les images se construisent au hasard, comme les figures que forment les nuages dans le ciel, ou le lichen sur les vieux murs : on remarque celles qui ont un semblant de composition ; en général elles sont assez insignifiantes. […] C’est la zone indécise où les couleurs des objets s’effacent, où les colorations deviennent étranges et fantastiques, où la terre se fond en couches vaporeuses et rejoint le ciel ; c’est la région enchantée vers laquelle s’en vont nos rêves. […] Nos rêveries font les fleurs plus charmantes, le ciel plus profond, les couchants plus diaprés, les voix de la nature plus émouvantes. […] Le peintre nous montre une surface grise sur laquelle se détache en noir la silhouette de quelques roseaux ; au-dessus un ciel sombre, qui s’éclaire seulement à l’horizon d’une vague lueur.

1236. (1911) Études pp. 9-261

Dieu ne descend pas du ciel pour frapper le téméraire : nul coup de théâtre. […] L’église s’élance d’un second et vertigineux élan, déchirant l’épaisseur de ses murs, éployant ses ogives comme des ailes, produisant vers le ciel la prière de ses flèches. […] Aucune de ces vibrations délicieuses, aucun de ces paysages clairs et liquides, ou pleins de brume marine, qui s’ouvrent à chaque instant sous le ciel sombre de Pelléas […] promontoires lancés vers le ciel, où l’on s’avance, où l’on s’avance ; après lesquels on ne peut plus3 282.. […] Et : Promenant sur le ciel des yeux appesantis Par le morne regret des chimères absentes.

1237. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

Mettons donc l’intelligence où elle est, dans le corps organisé ; n’allons pas la détacher de son support, pour la jucher dans le ciel, sur un trône imaginaire. […] Puisque le ciel est vide, nous n’avons plus besoin de la chercher dans un commandement d’en-haut.

1238. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Ce site avait été, dès son enfance, propice au Tasse ; il y vit représenter l’Aminta avec les mêmes applaudissements qu’à Ferrare ; il y composa en l’honneur de Lucrézia, toujours belle dans sa maturité, ce fameux sonnet de la rose, devenu depuis le proverbe poétique et consolateur des beautés dont la fleur survit à leur printemps : « Dans l’âpre primeur de tes années, dit le poète à Lucrézia, tu ressemblais à la rose purpurine qui n’ouvre encore son sein ni aux tièdes rayons ni à la fraîche aurore, mais qui, pudique et virginale, s’enveloppe de son vert feuillage ; ou plutôt (car une chose mortelle ne peut souffrir la comparaison avec toi) tu étais pareille à l’aube céleste qui, brillante et humide dans un ciel serein, emperle de ses pleurs les campagnes et embaume les collines de ses senteurs ; et maintenant les années moins vertes de ta vie ne t’ont rien enlevé de tes charmes ; et bien qu’indifférente et négligée dans ta parure, aucune beauté puissante, parée de ses plus riches atours, ne peut s’égaler à toi : ainsi plus resplendissante est la fleur à l’heure où elle déplie ses feuilles odorantes ; ainsi le soleil, à la moitié de son cours, étincelle de plus d’éclat et brûle de plus de flamme qu’à son premier matin. » Le duc et la duchesse d’Urbin, sachant que les grâces faites au Tasse étaient les plus douces flatteries au cœur de Léonora, lui firent présent d’un anneau orné d’un magnifique rubis, qu’il vendit plus tard à Mantoue comme sa dernière ressource contre la faim, pendant ses misères. […] Il y a au fond du cœur des hommes nés sensibles une passion ou une maladie de plus que dans les autres hommes : c’est la passion ou la maladie des lieux qui les ont vus naître et dont le nom, le site, le ciel, les montagnes, les mers, les arbres, les images, évoqués tout à coup par un puissant souvenir, se lèvent devant leur imagination avec une telle réalité et une telle attraction du cœur, qu’il faut mourir ou les revoir.

1239. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Ton œuvre murmure, éternelle, Comme une forêt pleine d’ombre ; Et dans ta pensive prunelle, Qui vit les deuils et les désastres, S’épanouit le ciel, plein d’astres. […] Charles Garnier Il faut parler des forts quand on s’adresse aux Maîtres ; Il faut parler des preux quand on s’adresse au Roi ; Il faut parler du ciel quand on s’adresse aux prêtres ; Il faut parler des Dieux quand on s’adresse à toi !

1240. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Cette ville de Bayreuth, où est enterré Jean-Paulbe ressemble, au premier coup d’œil, à une des petites cités industrielles qui se trouvent au nord de l’Angleterre, sur cette langue de terre qui voisine l’Ecosse et qu’on appelle le border : de hautes cheminées d’usine, de la fumée dans le ciel et de la brume, pour tout horizon des bois sombres sur des collines basses. […] « Ces prétendus amants, dit Gasperini, sont deux élèves de Kant, de Schopenhauer, de l’école indienne, ce ne sont pas des créatures humaines ; jamais, grâce au ciel, l’amour n’a parlé cette langue ampoulée et barbare ; jamais il ne s’est précipité dans le deuil, dans la mort avec cette rage de délabrement et de submersion. » Va pour leur premier cri d’amour !

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