Néanmoins une sagacité remarquable le portait à choisir le bien comme une chose raisonnable, et ses lumières lui faisaient parfois trouver ce que la conscience aurait inspiré à d’autres. […] Je montai donc dans ma voiture avec mes enfants et cet officier, qu’on avait choisi comme le plus littéraire des gendarmes. […] « J’arrive à Paris dans une maison nouvellement louée, et que je n’avais pas encore habitée ; je l’avais choisie avec soin dans le quartier et l’exposition qui me plaisaient ; et déjà, dans mon imagination, je m’étais établie dans le salon avec quelques amis dont l’entretien est, selon moi, le plus grand plaisir dont l’esprit humain puisse jouir. […] Je vous invite à me faire connaître celui que vous aurez choisi. » XL Les deux fils de madame de Staël, innocents des opinions et du génie de leur mère, se présentèrent en vain à Fontainebleau pour intercéder auprès de Napoléon ; ils reçurent l’ordre de s’éloigner et furent compris dans l’exil. […] Bonaparte a dit une fois : « Si l’on me donnait à choisir entre faire moi-même une belle action ou induire mon adversaire à commettre une bassesse, je n’hésiterais pas à préférer l’avilissement de mon ennemi. » Voilà toute l’explication du soin particulier qu’il a mis à déchirer ma vie.
Quels plus riches matériaux de langue un grand poète éclectique comme Racine pouvait-il trouver sous la main pour construire à sa gloire et à la gloire de sa nation le chef-d’œuvre achevé et insurpassable de la langue poétique française, si ce poète surtout savait choisir avec la sûreté de bon sens, la délicatesse de goût et le tact infaillible du caractère français ce qui convenait le mieux dans ces matériaux étrangers au génie sensé, clair, simple et naturel de la nation ? […] Versailles et l’immortalité de son nom, ses monuments et sa renommée ne lui paraissaient jamais trop chers ; il voulait, comme Alexandre, des témoins des exploits de son règne, et il choisissait ses témoins parmi les poètes, ces échos éternels du temps. […] XVII Avant de choisir le sujet d’Esther, Racine, qui était resté toujours plein de déférence pour Boileau, alla le consulter sur son projet de chercher des tragédies dans la Bible. […] Dans la première scène Esther raconte à sa confidente Élise comment Assuérus l’a choisie pour épouse, sans connaître sa race, à la place d’une première épouse ennemie des Juifs et disgraciée pour son orgueil. […] Songez-y bien : ce Dieu ne vous a pas choisie Pour être un vain spectacle aux peuples de l’Asie, Ni pour charmer les yeux des profanes humains : Pour un plus noble usage il réserve ses saints.
Le « recueil d’expressions choisies » est également une erreur. […] Parmi les auteurs à lire, lesquels faut-il choisir ? […] C’est trop, en effet, que de vouloir tout dire ; il s’agit de choisir et de mettre en relief ce qu’on a choisi. […] Florian avait le droit de choisir la façon dont les choses se sont passées. […] La comparaison fit choisir ce dernier péril.
Par cela même, nous voilà forcés de choisir à l’aveugle entre ces deux lendemains possibles de l’existence actuelle. […] Ce serait donc choisir encore, ce serait admettre le néant. […] Le contraste était trop fort entre ce métier, choisi d’avance par une aveugle exaltation de tête, et cette nature de songeur. […] Il choisit, pour les mettre à cette place de lumière, les mots qui donnent la tonalité au morceau poétique. […] Il est arrivé que Stendhal a choisi en effet un champ, et que nos romanciers contemporains en ont choisi un autre.
Et pour l’expression, quelque attention qu’on ait donnée à choisir les termes propres, expressifs, simples, il restera toujours quelque chose à rhabiller, a éclaircir, à préciser, à détendre, à fortifier, à raccourcir.
Si j’avais à choisir entre les pièces pour achever l’idée du portrait, au lieu des joujoux gothiques déjà indiqués, au lieu des tulipes hollandaises et des miniatures sur émail de Japon qui ne font faute, je tirerais de préférence, du sixième livre intitulé les Silves, les trois pages dénature et de sentiment, Ma chaumière, sur les Rochers de Chèvremorte et Encore un printemps.
. — Morceaux choisis des écrivains havrais (1894). — Passé l’Amour (1895). — Gens de mer (1897). — Morgane (1898). — La Payse (1898). — Le Bois dormant (1889-1899-1900).
Le sujet qu’il a choisi « prête à la poésie » et, en effet, il y a de la poésie dans ce tome, de la plus haute, de la plus mystérieuse, — mais la forme en est impersonnelle.
Il en sera toujours de même des Auteurs qui se passionnent trop pour les modeles, choisis plus par attrait que par jugement.
Le lieu en pourrait être mieux choisi.
En effet c’est une propriété innée de l’âme humaine d’aimer l’uniformité ; lorsqu’elle est encore incapable de trouver par l’abstraction des expressions générales, elle y supplée par l’imagination ; elle choisit certaines images, certains modèles, auxquels elle rapporte toutes les espèces particulières qui appartiennent à chaque genre ; ce sont pour emprunter le langage de l’école, des universaux poétiques.
On voulut qu’ils fussent dignes des divinités à qui l’on adressait un hommage : on choisit donc un rythme plus lent et plus grave. […] Le style des écrivains géomètres, tels que Pascal et d’Alembert, est le plus clair et le plus précis que puissent choisir ceux qui écrivent des traités d’instruction. […] Les exemples qu’il choisit éclaircissent parfaitement ses définitions, et partout il se montre riche d’un savoir puisé dans la langue attique et dans la bonne latinité. […] sur l’impropriété des mots ; mais la poésie doit souvent rejeter le mot propre, et choisir le mot figuré. […] mais l’irrégularité du Cid empêche de le choisir pour modèle, et c’est un admirable écart du génie, qu’on pardonne en faveur de son vif éclat.
Ce fut lui qu’on choisit et auquel d’Argenson ne succéda que sept ans plus tard. […] Un de mes amis16 me faisait remarquer l’autre jour que si M. le chancelier (d'Aguesseau), qui a soixante-neuf ans, venait à manquer, on devait naturellement me choisir, car personne du ministère n’est à portée de cela : M. […] Il était naturel que le petit-fils du comte d’Argenson, ayant à choisir dans les papiers de son grand-oncle, ne fît point porter précisément les extraits sur ce qui était au désavantage de son aïeul : mais l’omission eût mieux valu qu’une altération qui fausse jusqu’à un certain point la physionomie des deux hommes et le sens des caractères.
Deux nuits entières il lutta, les mains jointes, contre cette vision ; elle disparut enfin et le laissa meurtri, brisé, mais saintement humilié et persuadé qu’il avait choisi la bonne part13. » Voilà des miracles de la littérature exquise, de celle qui ne brille que par l’étendue et la rapidité des aperçus, la justesse heureuse des touches, les ménagements et le choix des couleurs et du langage. […] Il a des débuts heureux, de jolis lieux communs, des amas, comme on disait autrefois, des enfilades de citations qui, bien choisies, font comme un chapelet qu’on égrène. […] Et l’on a cité des exemples sensibles et les mieux choisis prouvant l’inutilité de tant de recherches pour jouir et pour goûter.
Si parfois de mon sein s’envolent mes pensées, Mes chansons par le monde en lambeaux dispersées ; S’il me plaît de cacher l’amour et la douleur Dans le coin d’un roman ironique et railleur ; Si j’ébranle la scène avec ma fantaisie, Si j’entre-choque aux yeux d’une foule choisie D’autres hommes comme eux, vivant tous à la fois De mon souffle, et parlant au peuple avec ma voix ; Si ma tête, fournaise où mon esprit s’allume, Jette le vers d’airain, qui bouillonne et qui fume, Dans le rhythme profond, moule mystérieux, D’où sort la Strophe, ouvrant ses ailes dans les cieux ; C’est que l’amour, la tombe, et la gloire, et la vie, L’onde qui fuit, par l’onde incessamment suivie, Tout souffle, tout rayon, ou propice ou fatal, Fait reluire et vibrer mon âme de cristal, Mon âme aux mille voix, que le Dieu que j’adore Mit au centre de tout comme un écho sonore ! […] Si l’on se reporte par la pensée vers l’année 1823, à cette brillante ivresse du parti royaliste, dont les gens d’honneur ne s’étaient pas encore séparés, au triomphe récent de la guerre d’Espagne, au désarmement du carbonarisme à l’intérieur, à l’union décevante des habiles et des éloquents, de M. de Chateaubriand et de M. de Villèle ; si, faisant la part des passions, des fanatismes et des prestiges, oubliant le sang généreux, qui, sept ans trop tôt, coulait déjà des veines populaires ; — si on consent à voir dans cette année, qu’on pourrait à meilleur droit appeler néfaste, le moment éblouissant, pindarique, de la Restauration, comme les dix-huit mois de M. de Martignac en furent le moment tolérable et sensé ; on comprendra alors que des jeunes hommes, la plupart d’éducation distinguée ou d’habitudes choisies, aimant l’art, la poésie, les tableaux flatteurs, la grâce ingénieuse des loisirs, nés royalistes, chrétiens par convenance et vague sentiment, aient cru le temps propice pour se créer un petit monde heureux, abrité et recueilli. […] On aurait pu compter ce soir-là tout le bataillon sacré, tout le chœur choisi : de peur de froisser personne en mentionnant, en qualifiant ou en omettant, j’aime mieux renvoyer pour les noms le lecteur curieux aux collections de la Muse.
Nodier, Hugo, de Vigny, l’appréciaient comme un de ces confrères choisis qui nous sont à eux seuls un public aimé, comme un de ces trouvères heureux qui sentent toujours, qui expriment quelquefois. […] Sage comme je m’imaginais l’être, je n’avais plus d’autre vœu qu’une société choisie et moins éparse, ma famille, la campagne sans l’isolement, quelques livres, surtout la poésie, celle qui répondait à mes besoins, à mes sentiments, et çà et là encore, non loin de moi, quelque liaison délicate et tendre, pour achever d’aimer. […] Arthur se compose d’une première partie toute en mémoires, en lettres et en récit, et d’une seconde partie presque toute en citations, en extraits de lectures, et qui n’est pas la moins intéressante ni la moins originale, tant le malade attendri a su animer, commenter naïvement, mouiller de ses pleurs, reproduire et continuer dans ses accents les pages choisies dont il s’environne.
Pour être juste, il faut tenir compte de la différence des temps, et ne pas chicaner un écrivain sur les moyens d’expression qu’il a choisis, quand on n’en connaissait pas d’autres de son temps. […] Voici maintenant trois vers, où non les rimes seules, mais tous les mots, sont choisis pour la qualité expressive de leur son : Sous les coups redoublés tous les bancs retentissent ; Les murs en sont émus ; les voûtes en mugissent ; Et l’orgue même en pousse un long gémissement. […] Il choisit ses mots, non comme signes, mais comme sons, et par les rimes, les coupes, les rythmes, il s’efforce de donner au vers une forme sensible capable de susciter une impression déterminée.
Tous lui construisirent un beau palais aux salles choisies. […] Pour Villiers, l’homme se choisit lui-même son illusion, et le monde n’est que la forme extérieure et visible de ses idées. […] J’ai gardé à cette conférence, faite à la Société des Conférences, le 6 février 1900, le même titre que porte l’excellent recueil de Morceaux choisis que MM.
Augier, et nous y reviendrons tout à l’heure, de méconnaître, à chaque instant, les convenances de l’époque qu’elle a choisie, du cadre dans lequel elle s’est placée, du rang et de la figure des personnages qu’elle met en scène ; il introduit les mœurs de la tonnelle et de la taverne dans ce château aristocratique : Immitit liquidis fontibus aprum… Ce qu’on pourrait traduire : il lâche le… sanglier de Rabelais dans le boudoir de porcelaines du dix-huitième siècle. […] Philiberte, pour éprouver, une dernière fois, l’amour de Raymond, remet à son arbitrage les rivalités de ses deux prétendants : qu’il choisisse, pour elle, entre l’oncle et le neveu ; le contrat, rédigé et signé, avec le nom du mari en blanc, n’attend plus que sa décision. […] Comment se fait-il que vous ayez choisi l’Allemagne pour y placer cet étrange spectacle d’un musicien humilié et excommunié par le monde ?
Nul moment ne saurait être mieux choisi que celui-ci. […] On admire, en le lisant, à quel point il est homme à idées et à ressources ; il en a plutôt un trop grand nombre ; et si, au lieu de conseiller, il était mis en mesure d’agir, il aurait certainement à choisir et à élaguer. […] Je n’excepte pas même une contre-révolution armée ; le royaume serait reconquis, qu’il faudrait encore que le vainqueur composât avec l’opinion publique, qu’il s’assurât de la bienveillance du peuple, qu’il consolidât la destruction des abus, qu’il admît le peuple à la confection de la loi, qu’il lui laissât choisir ses administrateurs ; c’est-à-dire que, même après une guerre civile, il faudrait encore en revenir au plan qu’il est possible d’exécuter sans secousse.
Elle poussa jusqu’au bout la maladie de l’esprit, car elle choisit pour confesseur l’abbé Couet, qui avait beaucoup d’esprit et qui était connu pour tel. » Mme de Lambert, qui ne se séparait pas volontiers de sa raison et de sa pensée, même dans ces choses de religion, a trouvé de belles paroles à la fin de ce même Traité de la vieillesse, lorsqu’elle a dit : Enfin, les choses sont en repos, lorsqu’elles sont à leur place : la place du cœur de l’homme est le cœur de Dieu. […] Elle montre que, depuis qu’on les a raillées sur cette prétention à l’esprit, les femmes ont mis la débauche à la place du savoir : « Lorsqu’elles se sont vues attaquées sur des amusements innocents, elles ont compris que, honte pour honte, il fallait choisir celle qui leur rendait davantage, et elles se sont livrées au plaisir. » Ce petit écrit de Mme de Lambert ; où plus d’une idée serait à discuter, ne doit point se séparer des circonstances qui l’inspirèrent : il fut composé pour venger et revendiquer dans son sexe l’honnête et solide emploi de l’esprit en présence des orgies de la Régence. […] C’est là qu’elle réunissait, le mardi et le mercredi de chaque semaine, une société choisie de grands seigneurs et d’hommes de lettres ou de gens lettrés. » (Frédéric Lock, Documents pour l’histoire de la Bibliothèque impériale.)
Le critique qui, par définition doit être un esprit clair, méthodique, ami des dissociations d’idées, partisan de la différenciation, oublie, tout comme les autres, les limites propres au genre qu’il a choisi : 2º Accablé par la quantité d’œuvres qu’il doit examiner, il n’a plus la lucidité nécessaire, le temps et la place de développer ses idées, d’examiner l’ensemble d’un roman ou d’une comédie. […] Il faut choisir entre la Raison ou la Révolution, entre le classique et le romantique, entre la Tradition ou l’Esclavage… Historien des Amants de Venise, le styliste d’Anthinea, le critique de la Gazette de France et de la Revue Encyclopédique, a réussi à créer un mouvement et à faire partager sa haine du romantisme. […] Il a publié des morceaux choisis des conteurs libertins, les œuvres galantes des conteurs italiens.
Sa langue lui offre toutes les teintes imaginables, c’est à lui à les bien choisir. […] Le gain du premier lot consistait à entrer le premier dans le lieu de l’exposition, et à choisir le tableau qu’on aurait préféré. Ainsi il n’y avait d’autre juge que le gagnant ; tant pis pour lui et tant mieux pour celui qui choisissait après lui, si négligeant le jugement des artistes et du public, il s’en tenait à son goût particulier.
Entre ces deux avis différens, Galilée choisit donc celui qui lui parut le meilleur. […] Il choisit la Marché d’ Ancône pour le théâtre de son zèle. […] Ils choisirent Claude Duret pour leur avocat. […] Il fallut se choisir de nouveaux avocats. […] Les dominicains choisirent Alvarès pour le leur, & Valentia fut celui des jésuites.
. — Contes choisis (1896). — Domnine, roman (1896). — Friquettes et Friquets (1897). — Le secret de Polichinelle (1897). — Les Poésies de Paul Arène, avec une préface d’Armand Silvestre (1899).
Tous les traits psychologiques, tous les tics, tous les gestes furent par lui scrupuleusement choisis, pour particulariser des êtres dont nul ne ressemblât aux autres.
Son talent très fier ne souffre rien que d’absolument choisi au plus fin fond des considérables sensualités dont il s’agit, et vous serez ravis des deux preuves que voici de ce que j’avance là.