Les premiers Capétiens chantent au chœur à Saint-Denis.
mais chez nous, quand l’âme est prise si violemment, se peut-il que la chair s’absente d’un concert, où tout chante le désir d’aimer !
On fait un trou au haut du plancher, et la fumée sort par là. » Dans cet air qui aveugle et suffoque, « grouillent une douzaine d’hommes et autant de femmes, plus noirs que des diables, puants et sales comme des cochons, et vêtus comme des gueux. » Un d’eux râcle une mauvaise guitare et chante avec une voix de chat enroué. […] On les embellit de quantités de fontaines dont l’eau retombe dans des bassins, les uns d’argent, les autres de marbre et de porphyre. » Des jasmins, des orangers plus hauts que des hommes y répandent leur senteur pénétrante, et de petits oiseaux chantent parmi les feuillages verts. — Une religion ainsi entendue donne aux sens toute leur excitation et toute leur pâture, et l’on comprend enfin pourquoi l’Inquisition s’est enracinée dans ce pays, comment elle a pu enrôler parmi ses serviteurs les plus glorieux poètes, garder jusqu’au bout les sympathies populaires, allumer des bûchers jusqu’au seuil de la Révolution française5, faire assister à ses meurtres le roi, la reine et toute la cour, brûler trente mille personnes vivantes, abolir la pensée avec la science, et souffler pendant deux siècles sur l’intelligence humaine comme le simoun sur un champ de fleurs6. […] Les Parques ont chanté un chant de mort sur ce dernier des Titans que les despotes divins précipitaient dans l’abîme.
C’est lui qui a écrit : Les hommes seuls entre eux ont posé ces barrières Qui s’effacent déjà, qui tomberont un jour ; Car du nord au midi tous les hommes sont frères ; La nature partout chante son chant d’amour. […] Un moment des hannetons entrèrent, mais personne n’y fit attention, pas même les tout petits, qui s’appliquaient à tracer leurs bâtons, avec un cœur, une conscience, comme si cela encore était du français… Sur la toiture de l’école, des pigeons roucoulaient tout bas, et je me disais en les écoutant : « Est-ce qu’on ne va pas les obliger à chanter en allemand, eux aussi ? […] Après l’écriture, nous eûmes la leçon d’histoire ; ensuite, les petits chantèrent tous ensemble le BA BE BI BO BU.
Il y a une église et un casino ; on y chante des cantiques, cependant que le phonographe y étale ses flons-flons ; on y consomme force eau bénite et force limonade gazeuse, les deux commerces se prêtent un mutuel appui ; mais le grand attrait de Bonsecours, c’est son cimetière, endroit privilégié au sens pieux comme au sens esthétique.
Que cet homme, qui a l’air de représenter la vitalité universelle, louât magnifiquement une époque qui fut pleine de vie, que le créateur du drame romantique chantât, sur un ton qui ne manquait pas de grandeur, je vous assure, le temps heureux où, à côté de la nouvelle école littéraire, florissait la nouvelle école de peinture : Delacroix, les Devéria, Boulanger, Poterlet, Bonington, etc., le beau sujet d’étonnement !
Du passé faisons table rase , chantent-ils, sans se douter que ce passé c’est eux-mêmes, puisque sans lui, ils ne seraient pas et, pour finir : « … Groupons-nous et demain L’Internationale Sera le genre humain. » Il est pathétique de le remarquer : aussitôt qu’ils essaient de passer de ce programme abstrait à sa réalisation, ces illuminés se heurtent à la nécessité d’adopter un type de groupement, élaboré par une nation particulière et qui en reproduit la mentalité. […] « Le monde va changer de base… » Cela se chante dans les grèves.
Et quels aigles pourraient lui porter les augures, Quelle Sibylle encor lui chanter l’avenir ?
Vers 1820, un très-jeune homme qui était reçu chez M. de Maistre, et qui s’effrayait de lui voir entre les mains quelque tome tout grec de Pindare ou de Platon, fut un jour fort étonné de lui entendre chanter de sa voix la plus joviale et la plus fausse quelques couplets du vieux temps, la Tentation de saint Antoine, par exemple.
Elles chantent les chansons de Polly ; leurs nerfs n’ont peur d’aucun détail ; elles ont déjà respiré ces senteurs de bouges dans les pastorales limées de l’aimable poëte812.
Aux endroits les plus impénétrables il semble prendre la lyre de David, et il chante comme enivré par cette nuit profonde, où il est si doux pour le chrétien d’abîmer l’orgueil de son entendement.
Ainsi je crois qu’Homere ne s’est proposé d’abord que de chanter la colere d’un héros, comme un sujet capable d’attacher l’esprit et d’enlever l’admiration ; et que pour plaire plus surement aux grecs, il a orné ce fond de tout ce qui pouvoit les intéresser ; de la description de leur pays, et de leurs usages ; de l’histoire de leurs rois, et de celle de leurs dieux.
Et il en sort en effet ceci : inspiration qui se chante elle-même, qui se prend pour matière poétique, et qui, parce qu’elle représente le génie artistique à sa plus haute température, dans sa plus formidable tension, coïncide spontanément avec cet élan créateur du monde dont le génie nous donne probablement la clef.
Toute œuvre d’art, quelle que soit sa forme, petite ou grande, figurée, chantée ou parlée, toute œuvre d’art, vraiment belle ou sublime, jette l’âme dans une rêverie gracieuse ou sévère qui l’élève vers l’infini. […] Dans ce groupe des trois Muses, auxquelles on peut donner le nom qu’il plaira, celle qui tient sur ses genoux un livre de musique, et qui chante ou va chanter, n’est-elle pas la plus ravissante créature, une sainte Cécile qui prélude encore avant de s’abandonner à l’enivrement de l’inspiration ?
Chantez la phrase, vous verrez que les derniers sons an, on, e, a, oi, u, font une gamme chromatique ascendante. […] Il fit en 1841 un voyage en Lombardie pour voir les lieux où Virgile a vécu et qu’il a chantés.
Et n’est-ce pas là, sous une forme nouvelle, ce mal du doute que les poètes de 1830 ont si bien chanté ? […] Quelques-uns d’entre eux écrivent volontiers des contes dévots, lisent la Légende dorée ou l’Imitation, s’abandonnent volontiers à des rêveries édifiantes : c’est comme des mélomanes athées qui vont écouter la messe, quand elle est de Bach ou de Beethoven et bien chantée.
. — Le premier vers de son Alaric : Je chante le vainqueur des vainqueurs de la terre. […] L’École des femmes, pour la donnée principale, et pour les détails du sujet, comme la scène du maître à chanter, Le Malade imaginaire]. — Que l’on pourrait donc presque dire que, depuis deux cents ans, une comédie est bonne à proportion qu’elle se rapproche de la comédie de Molière ; — et médiocre ou mauvaise, à mesure qu’elle s’en éloigne ; — ou, qu’en d’autres termes, il a constitué, depuis deux cents ans, la « comédie européenne » comme genre.
Elle n’écrit pas pour chanter, mais pour penser et agir. […] Le poète a d’abord chanté la fraîcheur et célébré l’éclat de ses premières impressions, il s’est amusé au jeu des déclamations, des couleurs et des rythmes : son lyrisme s’est exprimé en chansons, en drames, en romans.
» Qu’il lui répète, après cela, qu’il l’aime, elle sait ce que ce mot veut dire ; c’est pour d’autres qu’il chante désormais.
Le merveilleux séduit & entraîne la multitude ; on se plut à croire que les héros devoient chanter en parlant : on n’avoit vû jusqu’alors sur la scene qu’un naturel inculte & bas, on applaudit avec transport à un artifice brillant & noble. […] Osons le dire à l’avantage des Lettres : le plaisir de chanter ses malheurs, en étoit le charme : il les oublioit en les racontant : il en eût été accablé, s’il ne les eût pas écrits ; & si l’on demande pourquoi il les a peints froidement, c’est parce qu’il se plaisoit à les peindre.
Le sauvage chantera dans le cadre, et le stoïcien ne dissertera pas dans la goutte ! […] Il faut en convenir, il est incertain si l’auteur de cet ouvrage se montre plus rampant et plus vil dans les éloges outrés qu’il adresse à Polybe, que dans les flatteries dégoûtantes qu’il prodigue à l’empereur : ce n’est point un poëte qui chante, c’est un philosophe qui disserte ; et je ne suis point étonné que dans un traité plein de recherches, de raison, de goût, de sentiment et de chaleur, un des auteurs modernes qui pense et s’exprime avec le plus d’élévation, ait versé sans mesure son mépris sur la Consolation à Polybe.
La maison du baobab, le cabinet du héros tapissé de poignards, de tromblons, de kriss malais et de flèches caraïbes, Tartarin s’en revenant de chanter le duo de Robert le Diable, Tartarin et les chasseurs de casquettes, Tartarin chez les Teurs, Tartarin chez Baïa, Tartarin chassant de compagnie avec le prince de Monténégro, le retour de Tartarin escorté du chameau qui lui a vu tuer tous ses lions ; toutes les aventures enfin de Tartarin sont autant d’épisodes d’une histoire tombée désormais dans le domaine public. […] Bientôt le mugissement prit une forme, quelque chose à la fois de distinct et de vague ; c’était le faubourg Saint-Marceau qui descendait sur Paris, cinq ou six mille voix chantaient à l’unisson la Marseillaise.
Que sera-ce, si le dieu est chanté par les poètes, logé dans des temples, figuré par l’art ?
Il est démocrate, et personne n’a dit plus de mal du suffrage universel ; son idéal est la justice, et il a magnifiquement affirmé et comme chanté le droit de la force ; il est individualiste de toute son âme, et la liberté sous forme de concurrence lui paraît un leurre et comme un perpétuel assassinat ; il adore la Révolution française, et exècre et méprise un à un exactement tous les révolutionnaires ; il est socialiste, et tous les systèmes socialistes sont ruinés par lui avec une puissance et une perfection de clarté et de logique laquelle on ne souhaite rien. […] Et, dans le même temps, Sainte-Beuve, comme critique, s’efforçait de chanter les grands poètes romantiques, Lamartine et Hugo au moins.
Il n’en est guère auquel il ne se soit intéressé, qu’il n’ait compris et qu’il n’ait chanté. […] Telle la Vie immense, auguste, palpitait, Rêvait, étincelait, soupirait et chantait.
De cet endroit de Candide rapprochons un passage du Discours sur l’histoire universelle [Cf. partie III, ch. 5] : « Une des choses qui faisait aimer la poésie d’Homère est qu’il chantait les victoires et les avantages de la Grèce sur l’Asie.
Pensez-vous que quand il chantait sur la lyre, il eût en vue le bien ? […] Lorsqu’il se présente quelque chose d’agréable et de gracieux, mais en même temps de mauvais [au point de vue moral], prend-il soin de le supprimer, de chanter et de déclamer ce qui est désagréable mais utile, sans se soucier que les spectateurs y trouvent du plaisir ou n’en trouvent point ?