Mais si le moi, arrivé au point O, est déjà déterminé dans un sens, l’autre voie a beau demeurer ouverte, il ne saurait la prendre. […] Vous aurez beau la tracer à l’avance ; c’est que vous vous supposerez alors arrivé au terme, et assistant par imagination à l’acte final.
La portière prête spontanément toute son attention aux commérages ; le peintre, à un beau coucher de soleil où le paysan ne voit que l’approche de la nuit ; le géologue, aux pierres qu’il rencontre où le profane ne voit que des cailloux. […] Il n’est même pas de plus beaux exemples d’attention spontanée, car celle-ci ne dure pas quelques minutes ou une heure, mais toujours. […] Un homme, dont Griesinger a rapporté l’observation, ne pouvait entendre le mot « beau » sans se poser, malgré lui, une série inextricable et indéfinie de questions sur les problèmes les plus abstrus de l’esthétique.
Et d’ailleurs on n’a pas eu la main heureuse : ce livre de lui, enveloppé et incriminé dans la liste, les Confessions d’un Révolutionnaire sont, de l’aveu même des adversaires, son meilleur livre, son plus beau.
On m’objectera, peut-être aussi, qu’en voulant dompter les passions, je cherche à étouffer le principe des plus belles actions des hommes, des découvertes sublimes, des sentiments généreux ; quoique je ne sois pas entièrement de cet avis, je conviens qu’il y a quelque chose de grand dans la passion ; qu’elle ajoute, pendant qu’elle dure, à l’ascendant de l’homme ; qu’il accomplit alors presque tout ce qu’il projette, tant la volonté ferme et suivie, est une force active dans l’ordre moral.
La raison Philosophique a beau murmurer & se plaindre, la raison Religieuse rend hommage à cette sage contrainte ; elle avoue qu’il n’y avoit qu’un Etre suprême qui pût connoître & le terme où son aveuglement commence, & le but qui doit diriger & affermir ses opérations ; elle le remercie des grandes vérités qu’il lui a apprises, comme s’il eût voulu la dédommager du joug qu’il lui a imposé.
: Sumite materiam vestris, qui scribitis, æquam Viribus, et versate diu quid ferre recusent, Quid valeant humeri ; cui lecta potenter erit res, Nec facundia deseret hunc, nec lucidus ordo ; [Horace, Art poétique, v. 38-41 (dans l’édition des Epîtres, Paris, Les Belles Lettres, 1995, p. 204) : « Prenez, vous qui écrivez, un sujet égal à vos forces et pesez longuement ce que vos épaules refusent, ce qu’elles acceptent de porter.
Ce trident n’était qu’un croc pour arrêter les barques ; le poète l’appelle dent par une belle métaphore, en ajoutant une particule qui donne au mot le sens superlatif.
Voilà bien un des plus beaux et des plus tristes sujets d’ironie.
L’interprétation C’est le sujet facile aux conversations, dans Bayreuth, que la comparaison des divers artistes qui interprètent Tristan et Parsifal ; comme chaque rôle est tenu en triple ou en double, il y a beau jeu à discussions, parmi les pèlerins de Bayreuth.
A la fin de sa vie, Linné prenait plaisir à lire ses propres œuvres, et quand il était lancé dans cette lecture, oubliant qu’il était l’auteur, il s’écriait : « Que c’est beau !
. — L’institut physiologique de Munich dirigé par Pettenkofer et Voit, attira son attention d’une manière spéciale ; il put voir dans cet établissement un magnifique appareil destiné à étudier les produits de la respiration, vaste et belle installation où l’on peut, heure par heure, jour par jour, mesurer la combustion et faire une statique exacte des phénomènes chimiques de la vie. […] Je mets sous vos yeux le plan d’un de ces laboratoires : c’est celui de Leipzig dirigé par Ludwig, qui est ici tracé dans le beau rapport de M. […] Il a beau répudier le principe vital en tant que principe unique : il nous en donne l’équivalent dans ses propriétés vitales. […] Dans leurs belles recherches sur la respiration, MM. […] Regnault et Reiset ont fait bien sentir cette différence qui existe entre les machines vivantes et les machines inertes, quand dans leurs belles recherches sur la respiration, ils ont analysé le travail de Dulong et Desprez sur la chaleur animale.
L’événement extérieur a beau être le même : s’il met en mouvement des nerfs d’espèce différente, les sensations excitées seront différentes. […] C’est pourquoi, si l’état du nerf change, l’excitant a beau être le même, la sensation change de degré, ou même de qualité.
Pour démêler la raison explicative, telle que nous l’avons définie, certaines conditions sont requises, et, si ces conditions ne sont pas remplies, elle aura beau être présente, nous ne pourrons pas la dégager. […] Voir sur tous ces points le beau chapitre de Stuart Mill : Logique, tome I, liv.
Il serait injuste de n’en voir que ce côté ; elle fut aussi pour la généralité, et surtout dans certains cas, une haute discipline de l’esprit ; elle donna à toute la vie intellectuelle du xviie siècle une tenue qui est en fin de compte une qualité de fond ; ce serait une belle tâche que d’en dégager l’essentiel, ce qui nous en demeure acquis grâce au travail de plusieurs générations, et aussi ce que nous en avons perdu par le journalisme hâtif, par l’arrivisme démagogique et par l’esprit facilement ordurier des boulevards ; mais ce sujet, même si je ne faisais que l’esquisser, nous entraînerait trop loin ; il me suffit de l’avoir indiqué, comme un complément nécessaire à ma synthèse. […] De cette crise prochaine se dégagera le principe nouveau que notre myopie ne distingue pas aujourd’hui, la foi dont l’homme a besoin pour vivre. — Notre époque est intéressante : pour celui qui pense, la vie actuelle est une belle douleur.
— Le Bien, qui est le Beau, est le plus-de-volonté, le Mal le moins-de-volonté à Savoir.
Or, les plus belles des collections privées de documents — à la fois bibliothèques et musées — furent naturellement en Europe, à partir de la Renaissance, celle des rois. […] Nous avons déjà dit que de « belles » corrections sont possibles même sur le texte de documents tout à fait modernes, typographiquement reproduits dans les meilleures conditions. […] L’auteur a essayé de plaire au public par des artifices littéraires, il a déformé les faits pour les rendre plus beaux, suivant sa conception de la beauté. […] Or la tendance naturelle est de croire plus volontiers les écrivains de talent et d’admettre plus facilement une affirmation présentée dans une belle forme. […] On ne demande plus guère à l’histoire des leçons de morale ni de beaux exemples de conduite, ni même des scènes dramatiques ou pittoresques.
2º Bédames (belles dames). — D’abord on lui a montré, en prononçant ce nom, les trois Grâces en bronze de Germain Pilon, hautes d’une coudée, sur la cheminée, et il a fini par prononcer le nom, par le répéter de lui-même, en tournant les yeux vers elles. — Puis, de lui-même, il l’a appliqué à diverses figures humaines peintes ou dessinées dans des livres d’enfants ou dans des tableaux. — Ces jours-ci, il a découvert au bout d’une petite canne une tête d’enfant en cuivre, grosse comme le bout du doigt, et il l’a apportée triomphalement, en criant : Bédames !
Si longue que soit une série d’événements réels, par exemple la suite des changements arrivés depuis la formation de notre système solaire, si vaste que soit un groupe de corps réels, par exemple l’assemblage de tous les systèmes stellaires auxquels nos télescopes peuvent atteindre, le réceptacle déborde au-delà ; nous aurions beau accroître la série ou le groupe, il déborderait toujours, et la raison en est qu’il n’a pas de bords. […] Nous avons beau connaître la structure du réceptacle hypothétique que nous avons forgé ; nous n’en pouvons déduire la structure du réceptacle indépendant dans lequel les corps se meuvent. — De même encore, dans le réceptacle fictif, au-delà de la troisième dimension, nous ne pouvons en imaginer une quatrième ; cela ne prouve pas que, dans le réceptacle réel, il n’y en ait pas une quatrième.
Galton (Revue scientifique, 13 juillet 1878 et 6 septembre 1879), il résulterait que l’image générique obtenue par la fusion optique de plusieurs images particulières serait plus belle que les images composantes ; ainsi la beauté de Cléopâtre, méconnaissable dans chacun des portraits que nous possédons de la reine d’Egypte, revivrait dans la moyenne, optiquement réalisée, de ces portraits ; la femme, obtenue par le même procédé, serait plus belle que toutes les femmes ; l’idéal serait donc une moyenne.
Qui donc a dit à ce propos, qu’étant « une disposition compagne de la faiblesse des organes, suite de la mobilité du diaphragme, de la vivacité de l’imagination, de la délicatesse des nerfs, qui incline à compatir, à frissonner, à craindre, à admirer, à pleurer, à s’évanouir, à secourir, à crier, à fuir, à perdre la raison, à n’avoir aucune idée précise du vrai, du bon, du beau, à être injuste, à être fou », la sensibilité, pour toutes ces raisons, n’était que la « caractéristique de la bonté de l’âme et de la médiocrité du génie » ? […] C’est qu’en effet ils ont beau protester de leur admiration pour « les modèles » ; au fond, ils ne doutent pas que les « progrès » de l’esprit philosophique ne se soient étendus insensiblement de la manière de penser à la manière d’écrire. […] Ce qui n’empêche qu’il y ait pour les curieux de fort belles éditions de Lemierre [en Œuvres choisies], Paris, 1811, F.
Elle n’attend rien des belles spéculations de la métaphysique sur l’ordre et l’unité de la vie universelle.
Mais, en attendant, il m’a paru utile de montrer ce mouvement de la physiologie aux personnes qui s’intéressent à cette belle science, afin qu’elles puissent se rendre compte de la tendance de ses progrès, tant par la méthode suivant laquelle elle procède, que par la nature des idées nouvelles qui surgissent et se trouvent en lutte avec les idées anciennes qui disparaissent. […] Barreswil : c’est un liquide d’un beau bleu parfaitement transparent, que nous désignerons désormais sous le nom de réactif cupropotassique ; car c’est en effet un sel double de potasse et de cuivre. […] La liqueur est limpide et d’une couleur jaune brunâtre ; quand on ajoute environ un volume égal de ce réactif à un liquide renfermant de l’alcool, de manière à colorer nettement le mélange, il y a échauffement ; aussitôt la réaction se manifeste, et le liquide devient d’un beau vert-émeraude, tout en restant transparent. […] Ainsi, le résultat que nous avons obtenu en localisant la sécrétion du sucre dans le foie, « serait (dit-on) en opposition avec les découvertes de la chimie organique, et avec ces belles et simples relations que la science moderne a si lumineusement établies entre les fonctions comparées des animaux et des plantes.
Lorsque je vis la grosseur des graines de ce beau Lis d’eau, le Nelumbium, me souvenant des remarques d’Alph. de Candolle au sujet de cette plante, je crus que sa distribution géographique devait rester à jamais inexplicable ; cependant Audubon affirme qu’il a trouvé les graines du grand Lis d’eau méridional (probablement le Nelumbium luteum, d’après le docteur Hooker) dans l’estomac d’un Héron.
Et tandis que notre planète a continué de décrire ces cycles perpétuels, d’après les lois fixes de la gravitation, d’un si petit commencement, des formes sans nombre, de plus en plus belles, de plus en plus merveilleuses, se sont développées et se développeront par une évolution sans fin.
On aurait beau multiplier les faits ou les observations, que cela n’en apprendrait pas davantage. […] Bertrand a écrit à ce sujet dans son bel éloge de Sénarmont : « La géométrie ne doit être pour le physicien qu’un puissant auxiliaire : quand elle a poussé les principes à leurs dernières conséquences, il lui est impossible de faire davantage, et l’incertitude du point de départ ne peut que s’accroître par l’aveugle logique de l’analyse, si l’expérience ne vient à chaque pas servir de boussole et de règle9. » La mécanique rationnelle et la physique mathématique forment donc le passage entre les mathématiques proprement dites et les sciences expérimentales. […] Regnault et Reiset, dans leur beau travail sur la respiration, s’expriment ainsi à propos des calculs que l’on a donnés pour établir la théorie de la chaleur animale. « Nous ne doutons pas que la chaleur animale ne soit produite entièrement par les réactions chimiques qui se passent dans l’économie ; mais nous pensons que le phénomène est beaucoup trop complexe pour qu’il soit possible de le calculer d’après la quantité d’oxygène consommé.
Beau, Archives générales de médecine, janvier 1848. — Delacour, thèse, janvier 1850. — Landry, Recherches sur les sensations tactiles. — Traité des paralysies. — Axenfeld, Des névroses, 332.
Morale ou physique, la forme que nous appelons régulière a beau être la plus fréquente, c’est à travers une infinité de déformations possibles qu’elle se produit. — On peut comparer la sourde élaboration dont l’effet ordinaire est la conscience à la marche de cet esclave qui, après les jeux du cirque, traversait toute l’arène un œuf à la main, parmi les lions lassés et les tigres repus ; s’il arrivait, il recevait la liberté.