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821. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — VII. La fausse fiancée »

Elle s’en fut trouver le roi et lui dit : « Grand massa, si tu me rassasies de viande sans os, je t’apprendrai une nouvelle intéressante149 ».

822. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Depuis dix ans qu’il était à Florence, il avait appris le grec tout seul. […] Le sens de cette démarche, qui dut paraître si extraordinaire alors, n’est plus un secret pour nous aujourd’hui : on craignait que Chateaubriand, ayant visité Florence, n’eût appris bien des choses qui pouvaient nuire un peu à l’idéale peinture des amours d’Alfieri et de la comtesse. […] Il a pris la servilité pour le caractère de la religion, parce qu’il a appris cette religion au lieu de la sentir. […] Je ne le retrouvai plus à son poste le lendemain, et j’appris qu’il était parti pour l’Italie, sans congé et sans avis !

823. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Elle apprit par lui la fuite de Bothwell dans les îles Shetland d’où il s’était embarqué pour le Danemark, pour y reprendre, avec ses anciens écumeurs de mer, la vie de pirate et de brigand, seul refuge que lui laissait sa fortune. […] Tout ce pays où je suis est entièrement dédié à la foi catholique, et à cause de cela et de mon droit que j’ai, à moi, sur ce royaume, il faudrait peu de chose pour apprendre à cette reine d’Angleterre de se mêler d’aider les sujets rebelles contre leurs princes ! […] Elle y apprit, on ne sait si ce fut avec joie ou avec douleur, la mort de son mari Bothwell ; après une vie errante sur les flots de la mer du Nord, où il avait repris, comme on l’a vu, l’infâme métier de pirate, Bothwell, surpris dans une descente sur la côte de Danemark et enchaîné dans le cachot d’une prison sur un écueil, était mort dans la démence ; l’excès des oscillations de sa fortune, le miracle de son élévation, l’étourdissement de sa chute avaient ébranlé sa raison. […] lui dit-elle, mon fidèle ami, apprends de moi à te résigner.

824. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

MM. d’Indy et Chabrier ; et d’autres avec eux, par les théories et les œuvres Wagnériennes ont appris à répudier la loi du poème à forme fixe ; leur esprit s’est habitué à un développement libre des émotions ; et, en même temps qu’ils s’inspiraient de la forme dramatique Wagnérienne, ils s’inspiraient (justement), de la langue Wagnérienne. […] Une bonne chose pourtant nous en resta, Richter ; et dès lors Richter a plus fait pour la cause Wagnérienne que tous les auteurs qui ont écrit sur le sujet, Richter fut le premier qui nous apprît que la question importante, à part même tout Wagnérisme. était le Style, et que, si nous désirions comprendre nos bien aimés Mendelssohn et Weber que nous croyions connaître par cœur, nous avions intérêt à nous tourner vers Wagner. […] Après avoir appris tout ce que nous pouvions de Richter, nous essayons de le mettre à la porte : heureusement Richter ne se laisse pas si facilement mouvoir. […] Ils ne se contentent pas d’employer tout ce que Wagner a pu leur apprendre, de prendre son système pour point de départ et de l’adapter à des formes et des mélodies anglaises, mais ils forcent leur muse à entrer en des formules Wagnériennes — ce qui est autre chose ; ainsi nous trouvons dans leurs œuvres des Leitmotifs qui ont presque l’air d’avoir été pris dans quelque drame de Wagner.

825. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

C’était lui qui avait appris aux pasteurs à recueillir le miel dans les bois. […] Le bon Pan lui apprend à poser ses doigts sur les roseaux du syrinx et à frapper la terre d’un pied cadencé. […] Le vieux Silène est là, plein jusqu’au gosier, ballotté sur l’âne qui apprit à tailler la vigne, lorsqu’on le vit la brouter. […] On leur apprenait que toutes les actions sont indifférentes, par conséquent que tout est permis : — Nihil nefas ducere.

826. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Et, par exemple, lui qui savait si bien le latin et qui avait une des plus belles bibliothèques de particulier, il avait peu étudié le grec, et des oracles qu’il citait sans cesse, il y avait une bonne moitié qu’il ne prenait pas directement à leur source : J’ai grand regret, écrivait-il à Spon, de n’avoir exactement appris la langue grecque tandis que j’étais jeune et que j’en avais le loisir ; cela me donnerait grande intelligence des textes d’Hippocrate et de Galien, lesquels seuls j’aimerais mieux entendre que savoir toute la chimie des Allemands, ou bien la théologie sophistique des Jésuites… Pour bien juger Gui Patin, il le faut voir en son cadre, en sa maison, dans son étude ou cabinet, et, par exemple, le jour enfin où, ayant été nommé doyen de la Faculté (honneur pour lequel il avait déjà été porté plus d’une fois, mais sans que le sort amenât son nom), il traite ses collègues dans un festin de bienvenue (1er décembre 1650) : Trente-six de mes collègues firent grande chère : je ne vis jamais tant rire et tant boire pour des gens sérieux, et même de nos anciens. […] Mais il est évident, à qui le lit jusqu’au bout, que ses prédilections et ses souvenirs le reportent plus naturellement à l’âge des Grotius et des Saumaise ; et dans la dernière lettre imprimée qu’on a de lui (janvier 1672), on lit : Je viens d’apprendre du jeune Vanderlinden que M.  […] Je viens aussi d’apprendre par des lettres de Bruxelles que M. 

827. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

C’est d’ordinaire sur les six heures du soir que Chamillart vient travailler avec moi, et pendant plus de trois mois il ne m’apprenait que des choses désagréables. […] Mais Saint-Simon ne le veut pas ; dans une de ses notes sur Dangeau, qui a trait au moment où l’heureuse nouvelle arrive à la Cour, on lit : M. de Villars crut si bien la bataille perdue, que Magnac, lieutenant-général (lisez maréchal de camp), le trouva sous un arbre s’arrachant les cheveux, qui lui apprit qu’elle était gagnée. […] J’en demande pardon à Saint-Simon : mais il est fâcheux, lorsqu’après tant de langueur et de médiocrité dans la conduite des armées, on apprend qu’on a enfin gagné une bataille, et qu’on l’a gagnée dans des circonstances difficiles et par un général nouveau qui se déclare, il est fâcheux de ne la prendre aussitôt que par un petit côté et par le ridicule.

828. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

On y apprend beaucoup de détails piquants de mœurs, et à connaître en somme (pourvu qu’on le lise avec contradiction) toute cette poésie du second âge. […] Une des choses qu’on apprend le mieux en profitant de l’expérience, c’est le mélange en tout, le faux et le vrai, le bon et le mauvais, se rencontrant, se contredisant, et pourtant… étant, comme dirait La Fontaine : dans un individu, un défaut radical n’empêchant pas de grandes qualités et de vrais talents en lui à côté, au sein de ce défaut, et ces grands talents ou ce génie n’empêchant pas le défaut de revenir les gâter et y faire tache : c’est là l’homme et la vie. […] Le petit envoi qui termine, et qui nous apprend que la pièce a été composée pour le jour de naissance de son ami, nous rend de véritables accents de cœur : Hæc tibi, parva quidem, genitali luce paramus Dona, sed ingenti forsan victura sub ævo, Tu cujus placido posuere in pectore sedem Blandus honos, hilarisque (tamen cum pondere) virtus : Cui nec pigra quies, nec iniqua potentia, nec spes Improba, sed medius per honesta et dulcia limes : Incorrupte fidem, nullosque experte tumultus, Et secrete palam : qui digeris ordine vitam ; Idem auri facilis contemptor, et optimus idem Comere divitias, opibusque immitter e lucem… Si Stace a eu tant de vogue en son temps, si l’on a trouvé à sa voix de la douceur, c’est aussi, apparemment, pour quelques-unes de ces notes aimables : il y avait lieu de le dire.

829. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Le petit Racine en vint rapidement à lire tous les auteurs grecs dans le texte ; il en faisait des extraits, les annotait de sa main, les apprenait par cœur. […] Je crois donc que Boileau avait raison lorsqu’il se glorifiait d’avoir appris à Racine à faire difficilement des vers faciles ; mais il allait un peu loin, si, comme on l’assure, il lui donnait pour précepte de faire ordinairement le second vers avant le premier. […] Je compte les miennes pour rien ; mais votre mère et vos petites sœurs prioient tous les jours Dieu qu’il vous préservât de tout accident, et on faisoit la même chose à Port-Royal. » Et plus bas : « M. de Torcy m’a appris que vous étiez dans la Gazette de Hollande : si je l’avois su, je l’aurois fait acheter pour la lire à vos petites sœurs, qui vous croiroient devenu un homme de conséquence. » On voit que madame Racine songeait toujours à son fils absent, et que, chaque fois qu’on servait quelque chose d’un peu bon sur la table, elle ne pouvait s’empêcher de dire : « Racine en auroit volontiers mangé. » Un ami qui revenait de Hollande, M. de Bonnac, apporta à la famille des nouvelles du fils chéri ; on l’accabla de questions, et ses réponses furent toutes satisfaisantes : « Mais je n’ai osé, écrit l’excellent père, lui demander si vous pensiez un peu au bon Dieu, et j’ai eu peur que la réponse ne fût pas telle que je l’aurois souhaitée. » L’événement domestique le plus important des dernières années de Racine est la profession que fit à Melun sa fille cadette, âgée de dix-huit ans ; il parle à son fils de la cérémonie, et en raconte les détails à sa vieille tante, qui vivait toujours à Port-Royal dont elle était abbesse25 ; il n’avait cessé de sangloter pendant tout l’office : ainsi, de ce cœur brisé, des trésors d’amour, des effusions inexprimables s’échappaient par ces sanglots ; c’était comme l’huile versée du vase de Marie.

830. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

La philosophie péripatéticienne, qu’il avait apprise chez les jésuites de Toulouse, ne le retient pas le moins du monde en présence du système de Descartes auquel il s’applique ; mais ne croyez pas qu’il s’y livre. […] Ses migraines, il nous l’apprend, l’obligeaient souvent à des jeûnes de trente et quarante heures continues. […] Ce n’est pas en effet en lisant ce Dictionnaire qu’on apprend à l’apprécier, c’est en s’en servant.

831. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Au dix-septième siècle, on les appelle « les honnêtes gens », et c’est à eux désormais que s’adresse l’écrivain, même le plus abstrait. « L’honnête homme, dit Descartes, n’a pas besoin d’avoir lu tous les livres ni d’avoir appris soigneusement tout ce qu’on enseigne dans les écoles » ; et il intitule son dernier traité « Recherche de la vérité selon les lumières naturelles qui, à elles seules et sans le secours de la religion et de la philosophie, déterminent les opinions que doit avoir un honnête homme sur toutes les choses qui doivent faire l’objet de ses pensées349 ». […] Éloquence, art, situations, beaux vers, tout y est, excepté des hommes ; les personnages ne sont que des mannequins bien appris, et le plus souvent des trompettes par lesquels l’auteur lance au public ses déclamations. […] Sur les organes les plus vitaux de la société, sur les règles et les pratiques qui vont provoquer une révolution, sur les droits féodaux et la justice seigneuriale, sur le recrutement et l’intérieur des monastères, sur les douanes de province, les corporations et les maîtrises, sur la dîme et la corvée378, la littérature ne m’apprend presque rien.

832. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Alexandre, dans l’étreinte, mordit le doigt de Lorenzino avec tant de fureur que Scoroncocolo, craignant de blesser son complice en le secourant, saisit son couteau et égorgea le prince ; il n’apprit qu’alors que c’était le grand-duc qu’il venait de tuer ; il resta anéanti de son crime et de son danger. […] Vous auriez dit que Laurent seul avait appris à mourir. […] Dans la nuit de la mort de Laurent, une étoile plus grande et plus brillante qu’à l’ordinaire, se levant sur le faubourg de la ville dans lequel mourut Laurent, parut perdre peu à peu de son éclat et s’éteindre au moment même où l’on apprit qu’il venait de quitter la vie.

833. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Voltaire à Cirey et à la Cour A Cirey, assez près de Paris pour participer à la vie du siècle, de la frontière pour être en sûreté à la moindre alerte, sous la garde despotique et prudente de la belle Émilie, Voltaire va résider pendant dix pleines années, et faire l’apprentissage de la vie qu’il mènera plus tard à Ferney : il va apprendre à se passer du monde, et à agir sur lui de loin. […] Pour se délasser, il a ces délicieux soupers, où Algarotti, Maupertuis, d’Argens, La Mettrie, le roi faisaient éclater les plus étranges ou impudents paradoxes, où rien n’était sacré à la raillerie sceptique, où Voltaire apprit, mieux qu’il n’aurait pu faire ailleurs, de quel pas il fallait marcher pour rester à la tête du siècle. […] Mais, cette fois, Voltaire fut imprenable : il n’avait plus rien à apprendre.

834. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

A Orléans, il apprit le grec sous Wolmar, luthérien, qui forma des espérances sur ce qu’il appelait la courbure 64 de l’esprit de Calvin. […] Les plus jeunes lui servaient de sténographes, corrigeaient les épreuves de ses nombreux écrits, lui apprenaient les bruits de la cité, les propos des libertins, tous les mouvements de l’opinion. […] Il lui a donné la méthode ; il l’a forcé d’apprendre ce qu’il avait oublié de retrouver ce qu’il avait perdu, de rentrer dans ces voies si connues des Pères, par lesquelles ils s’insinuaient si avant dans les cœurs.

835. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

En attendant, je me contente d’un récit qui m’en apprend assez sur les causes de la guerre pour que je ne confonde pas cette conquête manquée avec une guerre juste, et l’ambition du roi avec la querelle de la France ; qui des luttes intérieures de la Hollande fait ressortir cette triste vérité, que l’invasion même ne réconcilie pas les partis ; qui m’intéresse aux deux nations, à la Hollande par la justice et par le respect du faible, à la France par le patriotisme et l’amour de la gloire ; qui, parmi plusieurs portraits d’un dessin aussi juste que brillant, me laisse imprimées dans l’esprit les deux grandes figures royales du siècle, Louis XIV et Guillaume III, esquissées comme certains croquis de grands maîtres, dont le crayon ne laisse plus rien à faire au pinceau. […] Otez du discours d’un homme d’esprit ce qui est pensée ou sentiment juste, raillerie fine, louange délicate, il reste encore quelque chose qui ne nous apprend rien et pourtant qui n’est pas de trop. […] Aussi je ne sache pas de meilleur guide que sa Correspondance, pour apprendre à lire et à juger les écrivains des deux derniers siècles et Voltaire lui-même.

836. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Elle lui apprend que la chevalerie n’a qu’un défaut, comme la cavale de Roland, celui d’être morte, et elle l’exhorte à se lancer dans la bataille des affaires, à la conquête des millions. […] Il a appris que la vieille tante est à l’agonie, et il accourt, alléché par son héritage, sous le vertueux prétexte de faire rentrer sa femme dans le bercail conjugal. […] C’est par un entretien que nous apprenons tout cela.

837. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

Chaque jour je le paraissais davantage, et M. de Montperreux se crut payé de retour longtemps avant que je le lui eusse appris. » Tout ce récit que Mirabeau met dans la bouche de Sophie, et qui fait le milieu du second Dialogue, est plein de noblesse, de raison, de dignité dans l’aveu d’une faute, d’une demi-faute. […] que ne puis-je vous apprendre à jouir tranquillement du plus délicieux état de la vie ! […] La publication des Lettres écrites du donjon de Vincennes en a trop appris.

838. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

“Ç’a été, lui dit M. de Fontenelle, votre belle traduction de la Jérusalem du Tasse qui a brigué nos voix : vous avez appris aux François combien étoit estimable ce Poëte italien qu’ils estimoient déjà tant. […] Les quatre Chants dont il est composé, ne sont qu’un récit simplement historique, une espêce de paraphrase de ce que l’Evangile nous apprend sur les tentations de Jesus-Christ. […] On apprendra à mieux connoître ces auteurs & on lira même une partie de leurs ouvrages dans le Théâtre Anglois que M. de la Place donna en 1748.

839. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Et qu’on ne dise pas que le nombre des connaisseurs est imperceptible, que la masse est ignorante et n’entend rien aux questions qui s’agitent autour d’elle : il y a dans le public, et surtout dans le nôtre, dans notre Athènes moderne, je ne sais quel sentiment délicat du beau et du vrai, qui semble deviner ce qu’il n’a pas appris et odorer ce qu’il ne voit pas. […] À travers tout leur esprit, on sent le vide de la doctrine : on comprend que, sur ce qui nous touche le plus, ces hommes n’ont rien à nous apprendre ; et le bon sens du public reste indifférent pour eux, comme ils le sont eux-mêmes pour les intérêts les plus chers de l’humanité. […] Son sacerdoce n’est point désigné par un signe hiérarchique : apprendre, c’est recevoir l’onction ; instruire, c’est exercer le ministère.

840. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

Ces lectures variées remontent à l’antiquité, dont il connaît très bien certaines parties, dont il me semble ignorer complètement certaines autres, mais certainement Horace encore, Virgile, Stace, très probablement, mais je ne suis pas absolument sûr, Phèdre incontestablement, Babrios, le fabuliste de la décadence ; Homère avant tout et Platon, qui a été l’adoration même de sa vieillesse, comme Louis Racine nous l’apprend, et pour lequel il avait une espèce de fétichisme, de religion superstitieuse. […] » — Toujours est-il que Rousseau a été frappé de ce qu’il y avait de peu généreux dans les fables de La Fontaine et il a protesté contre elles, et il a supplié qu’on ne les donnât pas à apprendre aux enfants. […] La seconde, c’est que, en effet, il n’a pas, pour les enfants, la morale que tout naturellement, instinctivement, ils aiment à trouver et qu’il est bon de leur apprendre.

841. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Refusant de parvenir, l’homme qui travaille pour le peuple d’où il est sorti par l’éducation, où il revient par le sacrifice, apprend à le préférer dans ses vertus et se promet de le guérir de ses vices… Dès lors, un élargissement se produit du métier à la classe, de la classe à la nation, de la nation aux diverses confédérations nationales et à la confédération terrestre : l’ambition individuelle et les ambitions nationales se taisant, leur conflit cessera et le travail terrestre s’accomplira pour la première fois dans la paix,‌ Tout d’un coup, le 26 novembre, il s’élève sur son sommet et s’épanouît dans la note suivante :‌   « Considérant la guerre, je ne veux plus être révolutionnaire pour la classe ouvrière seule, mais pour tout l’homme. […] Je leur ferais passer trois semaines dans les tranchées et leur collerais le nez dans les boyaux pour qu’ils apprennent au moins ce que c’est. […] Peu après, il apprend la mort de Vaillant.‌

842. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

Il ne le fit point, et je m’en passai. » Un peu plus loin, Mme de La Fontaine apprend de son mari qu’on dit des merveilles sur les Limousines de la première bourgeoisie, sur leurs chaperons de drap rose sèche et sur leurs cales de velours noir. « Si je trouve quelqu’un de ces chaperons qui couvre une jolie tête, je pourrai bien m’y amuser en passant et par curiosité seulement. », Curiosité scabreuse et certes peu conjugale : l’aveu suivant ne l’est guère davantage. […] Deux ans après, la lecture d’une ode de Malherbe le ravit ; il ne lit plus autre chose, il passe les nuits à l’apprendre par coeur, il va déclamer son poëte à l’écart.

843. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

Là, par l’exemple d’Henriette d’Angleterre, ici par un développement tout général et spéculatif, il donne la même leçon, grande et utile : « Ô mort… toi seule nous convaincs de notre bassesse, toi seule nous fais connaître notre dignité ; … tu lui apprends (à l’homme) ces deux vérités, qui lui ouvrent les yeux pour se bien connaître : qu’il est infiniment méprisable, en tant qu’il passe ; et infiniment estimable, en tant qu’il aboutit à l’éternité. » Vous pouvez donc, quoi que vous ayez à démontrer, ou bien chercher dans l’étude des faits historiques ou naturels la preuve expérimentale de ce que vous voulez établir, ou bien chercher dans l’analyse de la question quelque principe évident par lui-même ou antérieurement prouvé, dont la vérité débattue dépende par une conséquence nécessaire. […] « Le portrait qu’il trace du Français, de corps chétif, sans vigueur musculaire, incapable d’avoir des enfants, ignorant l’orthographe (t la géographie, hors d’état d’apprendre une langue étrangère, libre penseur sans avoir jamais pensé, ne songeant qu’à être décoré d’un ordre quelconque et à émarger au budget, dépaysé quand il a dépassé le boulevard des Italiens, hostile au gouvernement et acceptant servilement tous les régimes, incapable de comprendre ni les mathématiques, ni le jeu d’échecs, ni la comptabilité ; ce portrait, dis-je, est une vraie caricature.

844. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

Contre ceux-ci, ils soutiennent qu’on ne peut égaler les anciens en leurs langues : il faut voir de quelle verve ils invectivent ces « reblanchisseurs de murailles », ces « latineurs » et « grécaniseurs » qui ont appris « en l’école à coups de verges » les langues anciennes, et croient avoir fait merveille d’« avoir recousu et rabobiné je ne sais quelles vieilles rapetasseries de Virgile et de Cicéron » : comme s’ils pouvaient faire autre chose que des « bouquets fanés ». […] Mais les anciens leur apprirent du moins la valeur de la technique, et leur inspirèrent la passion de perfectionner l’instrument que la langue et l’usage mettaient à leur disposition.

845. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

Cette influence, il nous l’a montrée bienfaisante — et restrictive : comment les femmes, par les salons, ont imposé et appris aux écrivains la décence et l’agrément, comment aussi elles ont émoussé l’originalité de quelques-uns et les ont, par trop de souci de l’agrément, détourné de certains problèmes et d’une vue complète de la vie. Je ne vois rien d’essentiel à ajouter là-dessus, car j’ai même appris beaucoup en lisant l’étude de M. 

846. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

Oh alors ma vie sera payée, ajouta-t-elle avec l’enthousiasme de la plus affreuse espérance ; alors il sera temps que le duc de Sierra-Leone apprenne comment sa femme, la duchesse de Sierra-Leone, aura vécu et comment elle meurt » (la Vengeance d’une femme). […] Comme il fait quelque chose avec le néant, comme ses inventions consistent en des riens parfaitement superflus et qui ne valent que par l’opinion qu’il en a su donner, il nous apprend que les choses n’ont de prix que celui que nous leur attachons, et que « l’idéalisme est le vrai ».

847. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

Seulement la différence ou la ressemblance des images nous apprennent que l’objet est distant ou rapproché. […] On peut dire que c’est un pouvoir non appris d’accomplir des actions de toute sorte, et plus particulièrement celles qui sont nécessaires ou utiles à l’animal.

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