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1931. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Tallemant des Réaux »

Selon nous qui venons de le relire, c’est un écrivain sans vue et sans style, et nous défions Paris lui-même de citer de lui une page ou une phrase qui soit timbrée de cette marque indéniable et si facile à reconnaître qu’on appelle (quelle qu’en soit la force ou la faiblesse) le génie de l’écrivain. […] Tant de légèreté en des esprits qui devraient être si mûrs nous étonne… Dès le temps de Tallemant des Réaux déjà, pour les hommes d’alors qui savaient observer, mais surtout pour nous qui reprenons l’histoire à revers et qui pouvons la remonter de marche en marche, il est cependant bien aisé de voir que tout était fini de cette majestueuse société qui défilait si majestueusement encore le long des galeries de Versailles, couverte d’or, de pourpre et de soie, et dont la sanie tombée, les guenilles immondes, la poussière cadavéreuse, s’appellent si joliment des Historiettes sous la plume stupide d’un bourgeois sans portée qui veut s’amuser.

1932. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Mathilde de Toscane »

Aujourd’hui, l’Italie ne brûlerait pas encore de son dernier combat contre l’Autriche, que Renée n’en publierait pas moins la vie d’une femme qui, au Moyen Age, a résumé l’Italie dans sa plus opiniâtre résistance à la race allemande, et qui mérita d’être appelée « la Grande Italienne ». […] Il y a plus, Mathilde elle-même, que Renée a appelée avec une analogie heureuse la Jeanne d’Arc de l’Italie, et dont la mission dura plus longtemps que celle de cette pauvre Jeanne d’Arc de France, Mathilde, l’héroïque guerrière qui fut pendant si longtemps l’ange armé du pontife romain, Mathilde n’existe que par Grégoire après sa mort, comme elle n’a existé durant sa vie que pour Grégoire.

1933. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Ch.-L. Livet »

Enfin, dernière raison, et la plus puissante, quand on a mis son pied dans ce qu’on appelle présentement le réalisme, il n’est pas étonnant que d’horreur on s’en aille l’essuyer jusqu’au balai du petit laquais Almanzor ! […] Ces sirènes corruptrices mirent des concetti dans le vieux Corneille, et, dans cet invulnérable de goût et de génie qu’on appelle Racine, surent trouver le tendon d’Achille, qu’elles ne coupèrent pas, mais qu’elles énervèrent.

1934. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Louis XIV. Quinze ans de règne »

Les forces sont des lions qui dorment en nous, dans ces parties de notre être intellectuel que Bacon appelait des cavernes (speluncas). […] Ceux-là, on pourrait les appeler les tragiques de l’Histoire.

1935. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Sixte-Quint et Henri IV »

pas manqué d’appeler les choses par ce qu’il croit leurs noms, et ces noms sont terribles. […] Cela ne rabaisse point Sixte-Quint d’avoir été un de ceux que Jésus-Christ appelle « ses membres » avant d’avoir été son représentant sur la terre, et, au contraire, la grandeur d’un si grand homme se voit mieux quand on la mesure à la profondeur d’abjection dont il est sorti.

1936. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme au XVIIIe siècle » pp. 309-323

J’attendais ce livre, qui m’en fera parler mieux… MM. de Goncourt, qu’on pourrait appeler M. de Goncourt, tant ces deux adorables frères n’étaient qu’un, sont, en fait, — qu’on en convienne ou qu’on n’en convienne pas !  […] Elles créent en effet, elles révèlent, elles incarnent en elles-mêmes une corruption supérieure à toutes les autres et que l’on serait tenté d’appeler une corruption idéale : le libertinage des passions méchantes, la Luxure du Mal ! 

1937. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVII. Mémoires du duc de Luynes, publiés par MM. Dussieux et Soulier » pp. 355-368

Elle s’appelle les Mémoires du duc de Luynes sur la cour de Louis XV. […] III Car c’est là le côté sérieux mais terrible de ces recueils de futilités, — de ces vains et tristes livres dans lesquels on nous rapporte avec une importance, maintenant grotesque, la façon dont les classes qui pouvaient tout et qu’on appelle l’ancien régime, passèrent leurs dernières heures en France !

1938. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

Si cela peut s’appeler de la vie ! […] Toujours est-il que l’Ange funeste, comme il l’appelle, resta, sans en bouger jamais, dans la glaciale perfection de ses férocités éthérées.

1939. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hoffmann »

Les Contes inconnus que Champfleury a traduits et mis en lumière, sont assurément les plus mauvais qu’ait jamais écrits cette fée de cabaret que l’on appelle la fantaisie d’Hoffmann. […] Une des raisons probantes du génie d’Hoffmann que nous donne Champfleury dans cette introduction, est l’effet produit par les Contes fantastiques sur la mémoire des enfants : « Celui de mes lecteurs qui est assez jeune — dit-il — pour avoir lu Hoffmann étant enfant, doit avoir dans une des cases de son cerveau quelques personnages bizarres, quelque souvenir de maisons étranges », et, pour élever son idée à la majesté d’un axiome et glacer l’objection, qu’il ne glacera pas, il ajoute carrément : « Tout ce qui s’oublie n’est pas né viable », ce qui peut très bien être une fausseté, si ce n’est pas une simplicité, ce que les Anglais appellent un truism.

1940. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Byron »

que dirait-il, le grand poète, s’il vivait à cette heure du siècle et s’il apprenait tout à coup qu’en France, ce pays de convenance et de goût, il est livré dans une de ses plus belles œuvres aux faiseurs de flonflons, et, comme il les appelait : aux violonneurs ! […] Taine admire Byron comme le plus grand poète de l’Angleterre et comme le sujet le plus intense de ce qu’il appelle, lui, l’organisation anglaise.

1941. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XX. M. de Montalembert »

Villemain et de Montalembert sont particulièrement ce qu’on appelle des orateurs. […] Il l’a détaillé et rapetissé, croyant, bien à tort, qu’en rapetissant et en détaillant un sujet, on le fait mieux voir et mieux tenir, et il n’a pas su éviter la monotonie, la monotonie qui vient parfois de la beauté et de la profondeur des choses, mais que cette misérable petite créature éphémère, qui s’appelle l’homme, ne peut pas longtemps supporter !

1942. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « MM. Delondre et Caro. Feuchtersleben et ses critiques. — L’Hygiène de l’âme » pp. 329-343

D’ailleurs, quand on s’appelle Schlesinger, on doit savoir l’allemand. […] Toujours il se garda de l’apathie, qu’il appelle cependant divine ; et peut-être est-ce pour cela qu’il faut s’en garder ?

1943. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « A. P. Floquet »

Eh bien, c’est cette partie de la vie de Bossuet que j’appelle la plus biographique et la plus utile à connaître pour nous expliquer ce grand homme, que Floquet a particulièrement étudiée. […] À cette époque de son histoire, Bossuet réalise le jugement dit sur lui par un génie fastueux : « Il voyait tout, mais sans franchir les limites posées à sa raison et à sa splendeur, comme le soleil, qui roule entre deux bornes éclatantes, et que les Orientaux appellent pour cela l’Esclave de Dieu. » Ne les franchit-il jamais ?

1944. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

Il l’appelle un réformateur, mais il le diminue… Allons ! […] Cela s’appelle Bungener, Stahalin, Gaberel, Drelincourt, Coulin, quels noms étoilés !

1945. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Marquis Eudes de M*** »

Il a donc développé avec beaucoup de soin, dans l’introduction de son livre, les conditions de son programme : « Nous prenons — dit-il — l’engagement de démontrer dans une foule de cas physiologiques, psychologiques, historiques et physiques, l’intervention très fréquente de ces agents mystérieux que nous appelons des forces intelligentes, autrement dit des esprits. […] Notre mission n’est pas de chanter un hymne, mais de conjurer un fléau. » Et il ajoute : « Nous prendrons de plus l’engagement de n’appeler à notre aide que l’élite de la science, ou les autorités les plus graves, car ce premier mémoire n’est guères qu’une exposition sur pièces officielles, exposition raisonnée, il est vrai, discutée et terminée par des conclusions ; mais ces conclusions auront leur conséquence et ne sont, en définitive, que le prélude de débats et de questions bien autrement graves, réservés pour un second mémoire. » Après avoir tracé et déterminé les caractères qui doivent donner son autorité à tout témoignage et garantir l’authenticité de chaque fait, il commence l’histoire de ces phénomènes qui ne sont pas d’hier dans le monde, mais qu’une science infatuée et superficielle y croit d’hier, parce qu’elle les a nommés de noms nouveaux.

1946. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Musset »

Il n’est pas non plus un frère comme le cynique Piron appelait le sien. […] Et que si la vie ne devait pas se trouver dans cette Vie qu’on demandait au frère, qui hésitait peut-être, que s’il n’y avait, à la place, que l’extinction prudente d’un sujet dont on craignait les flammes, que la lumière ménagée, tamisée et promenée avec précaution sur les passions et les fautes de ce délicieux et coupable génie qui s’appelait Alfred de Musset, les éditeurs s’en souciaient bien !

1947. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme de Girardin. Œuvres complètes, — Les Poésies. »

Sa mère l’avait nommée Delphine, par préoccupation de Mme de Staël, et elle resta éternellement timbrée de cette préoccupation de sa mère, qui était devenue la sienne… La poésie, qui se compose de sentiments exprimés avec plus ou moins de puissance, la poésie est si naturelle à la femme, être tout de sentiment, qu’une femme n’est pas nécessairement ce qu’on appelle un bas-bleu dans la langue littéraire, parce qu’elle fait seulement des vers. […] Je suis convaincu que le mariage, fatal à la poésie, même chez les hommes, — car la poésie veut presque des prêtres, et la rhétorique, qui appelle les poètes : prêtres d’Apollon, cache un sens profond, toute rhétorique qu’elle est !

1948. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Sandeau » pp. 77-90

et qui nous tue plutôt, et qu’on traîne à la tombe, la passion, qui n’eut dans ses écrits qu’une seule page, qui s’appelle Mariana, n’eut peut-être aussi qu’une page dans sa vie. […] Elle a un enfant, une petite fille, qui s’appelle Renée, comme sa grand’mère.

1949. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXX. De Fléchier. »

On connaît cette vertu rigide au milieu d’une cour ; cette âme inflexible, incapable et de déguisement et de faiblesse ; cette probité qui se révoltait contre la fortune, quand la fortune devait coûter quelque chose au devoir ; cet attachement à la vérité, et tous ces principes de conduite si fermes, que les âmes d’une honnêteté courageuse appellent tout simplement vertu, et que les âmes faibles ou viles, ce qui est trop souvent la même chose, sont convenues d’appeler misanthropie, pour n’avoir point à rougir73.

1950. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

. — Entre ces deux extrêmes il y avait une lacune ; il manquait la divine Psyché, ce que nous appelons : l’ame ; je veux dire cette aspiration de l’être spirituel à la pureté, à la bonté, à la perfection qui, seule, peut ennoblir la nature inférieure, l’attirer peu à peu vers les hauteurs de la spiritualité et de l’intelligence divine. […] Mais il n’est pas compris de celle-là même qui l’avait pressenti et appelé. […] ton maître t’appelle, toi l’innommable : diablesse originaire ! […] Mais la voix de Kundry, douce et tentatrice, sort d’un bosquet et appelle Parsifal par son nom. […] Hors d’elle, la femme dépossédée bondit de fureur et appelle Klingsor au secours.

1951. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

II Chateaubriand appelait la guerre d’Espagne le « René de sa politique », voulant dire le chef-d’œuvre de sa carrière publique. […] Quelquefois je rougissais subitement et je sentais couler dans mon cœur, comme des ruisseaux d’une lave ardente ; quelquefois je poussais des cris involontaires et la nuit était également troublée de mes songes et de mes veilles. » Il appela la mort. […] Les prêtres, qui sortaient des trous où ils s’étaient terrés, soufflaient la haine et la vengeance ; les nobles rentraient arrogants, ils menaçaient de châtier les coupables, de reprendre leurs biens, de détruire ces insolentes et iniques fortunes, que Rivarol appelait de « terribles objections contre la Providence ». […] Dumas appelle le capital de la jeune fille. — Les théories ont parfois de curieuses vicissitudes : un pasteur écossais, Malthus, invente une prétendue loi de population et aussitôt des sociétés de bourgeois honnêtes et modérés se fondent pour propager dans le peuple anglais l’art de ne pas procréer des enfants ; elles échouent ; en France, on assourdit le public de déclamations morales contre le malthusianisme et on le pratique au point d’inquiéter les statisticiens. […] Son précepteur qui la modelait sur Clarisse Harlowe et sur Pamela, n’espérant pas qu’elle trouvât en elle la force de résistance des héroïnes anglaises, appela à son aide la religion et lui imposa un vœu de virginité, en guise de frein.

1952. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

S’il est vrai comme quelques-uns l’ont écrit, qu’il n’ait ni le nerf, ni l’énergie ni, comme il l’appelle lui-même le tonnerre de Démosthènes ; il le surpasse par l’abondance & l’agrément de la diction, par la variété des sentimens, & sur-tout par la vivacité de l’esprit. […] C’est-là ce qu’on appelle être exact à la lettre & à l’esprit. […] Après le texte, venoit un long exorde qui rouloit le plus souvent sur un passage de l’Ecriture, & qui conduisoit le Prédicateur à ce qu’on appelle l’Ave Maria. […] Il l’interrompit en disant : La Cour observera que ma Partie ne s’appelle pas Scamandre, mais Michault. […] Quoique le ton de ces sortes d’éloges ne doive pas être celui d’un discours oratoire, ils appartiennent cependant à ce genre d’éloquence que les Latins appellent Tempéré.

1953. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Peut-être faudrait-il rapprocher leur trouble mental de celui qui a été décrit par Coriat sous le nom de reduplicative paramnesia 18 et que Pick lui-même, dans un travail plus récent, a appelé « une nouvelle forme de paramnésie » 19. […] Que si, au contraire, les deux images se forment ensemble, la continuité de l’illusion se comprend mieux, mais le rejet de l’une d’elles dans le passé appelle plus impérieusement encore une explication. […] Ce dernier, que nous appelons perception, est le seul qui nous intéresse. […] Un souvenir est là : c’est un souvenir, car il porte la marque caractéristique des états que nous appelons communément de ce nom et qui ne se dessinent à la conscience qu’une fois leur objet disparu. […] La première condition est alors que nous éprouvions un certain étonnement tout particulier, que j’appellerai l’étonnement de se trouver là.

1954. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Il était mécontent de lui-même, mécontent du monde, mécontent de ce qu’il appelait encore Dieu. […] Pendant quelques mois, il a même tué ces choses-là tous les jours, dans ces petits autodafés quotidiens du Temps, qu’il appelait « billets du matin » et qu’il écrivait en prenant son chocolat. […] J’ai un ami excellent, que nous appellerons Jacques, si vous le voulez bien. […] Il n’en faut pas davantage pour mettre sa conscience en paix et l’arracher à ce que les romantiques appelaient « les tourments du doute »  Ainsi dégagé de toute croyance positive, M.  […] Pourtant, il n’a pu feuilleter les écrits contemporains ni suivre les représentations théâtrales sans rencontrer une foule de délicats problèmes, sur lesquels il a été appelé à donner son avis.

1955. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Bazin qu’il appelle d’abord M.  […] La pièce eût été bien mieux appelée de son sous-titre : Les Contre-Temps. […] Ils s’appellent les raseurs. […] Non, vous ne devez pas appeler sur votre rôle la sympathie et la pitié. […] Bélise l’appelle et feint de la gronder.

1956. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Frémine, Charles (1841-1906) »

Par moments, il semble qu’on se promène sous des pommiers en fleurs et qu’une brise tiède fait pleuvoir sur nous ce que Victor Hugo a si admirablement appelé « la neige odorante du printemps ».

1957. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Peyrefort, Émile »

Il y a dans son livre qui s’appelle la Vision, une singulière perfection de forme.

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