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1220. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

  Si nous appelons génie l’instinct que traduit une parole spontanée et nouvelle et talent la faculté d’ordonner, d’harmonier les mots, les images et les sons, on décidera que tout écrivain créateur, s’il veut faire œuvre pérennelle, doit avoir à un égal degré talent et génie, qu’il doit être à la fois artiste et poète, subjectif puisqu’il est trouveur et conscient aussi des masses objectives pour douer sa trouvaille d’une forme aux justes proportions. […] Griffin fait grandir ses riches tulipes sont ouverts à tous librement et vastes, vastes comme la vie ; et du milieu de leur étendue en fleurs lorsqu’il nous appelle, nous obéissons à cette voix entendue près de nous et qui peut toujours nous parler de nous. […] Celle de M. de Régnier diffère infiniment de celle-ci ; pourtant, — outre la sympathie, — elles ont toutes deux, sinon au même degré, au moins une qualité commune : la « santé », par laquelle je n’entends pas précisément ce qu’appelle ainsi, dans Pro Arte, M.  […] Le titre d’un fragment exquis de ses « poèmes anciens » paraît avoir été choisi par un devin subtil pour signifier à jamais les paroles qu’il devait dire ensuite : motifs de légende et de mélancolie… et voilà l’œuvre entière du poète appelée par ces mots. […] Ceux-là se sont appelés Eschyle et Dante, Michel-Ange et Phidias, Christian von Gluck, Sébastien Bach, Léonard de Vinci, mais ils ont porté aussi d’autres noms qui sont plus près de nous.

1221. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Le fils des croisés s’est transformé en manieur d’argent, l’amoureux n’est plus qu’un libertin sceptique, fort allumé, à l’heure qu’il est, par le chignon pourpre de Blanche de Montgiars, une petite dame appelée Baronnette de son nom de guerre, à qui il a envoyé, la veille, un peigne de saphirs enveloppé dans un madrigal. […] L’appel terminé, il passait devant les rangs, lorsqu’un mobile en sortit et lui dit : — « Commandant, on a oublié d’appeler un de vos hommes. — Comment vous nommez-vous ? — Je m’appelle Jean, répondit le mobile, en baissant les yeux. — Qui êtes-vous ? […] Leur collaboration a produit, dans la comédie de genre, ce chef-d’œuvre qui s’appelle le Gendre de Monsieur Poirier. […] Madame Caverlet s’appelle, en réalité, madame Merson.

1222. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

C’est bien lui, un esprit qui ne prend plus aucune jouissance par la guenille matérielle, et qui n’a, en ce moment, de plaisir, de récréation à son terrible labeur, que lorsqu’il a la conversation d’un de ces gens qu’il appelle les riches, les êtres pleins de faits, comme Guys, Aussandon, etc., ces originaux complexes qui sont un résumé et un assemblage d’un tas de choses, ces hommes au langage concret, dont la vie, selon la phrase du dessinateur, « se passe à être un objet d’étude et de jouissance pour l’intelligence de ceux qui boivent avec eux, et cela sans qu’il reste rien de cela dans une œuvre écrite ou peinte ». […] Et quelle reine magique de Versailles, celle qu’on appelle de ce grand nom : « Madame !  […] Il n’a guère fait qu’une sortie pour aller acheter 300 francs de plantes à l’exposition d’horticulture. « C’est ma grande passion, dit-il, cela n’a cependant aucun rapport avec mes idées, avec les mathématiques. » Pourtant cette chinoiserie, comme il l’appelle, est si forte en lui qu’il a été transporté par la lecture d’un catalogue de pépiniériste d’Angers, et qu’il songe, lui si casanier, à faire le voyage par amour d’une plante annoncée : le lierre à feuilles de catalpa. […] Dans le bas du tableau, un négrillon du Véronèse tend une corbeille de fleurs à celle que le Régent appelait mon petit corbeau noir, à la frêle jeune femme aux nerfs d’acier pour le plaisir et l’orgie. […] — Pas possible plus que le vendredi. » Et il me montre des photographies de Memling qu’il appelle le Vinci flamand, et parle de la spiritualité de ses vierges, faite chez cet artiste avec la lymphe des Flandres.

1223. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

Voici le fait : Quatre hommes du monde, quatre hommes comme il faut, de ces hommes qu’on a pu rencontrer dans un salon, et avec qui peut-être on a échangé quelques paroles polies ; quatre de ces hommes, dis-je, avaient tenté, dans les hautes régions politiques, un de ces coups hardis que Bâcon appelle crimes, et que Machiavel appelle entreprises. […] Remarquez que ce n’est pas la première fois qu’on cherche à appeler votre attention sur la charrette, sur les grosses cordes et sur l’horrible machine écarlate, et qu’il est étrange que ce hideux attirail vous saute ainsi aux yeux tout à coup. […] Cela s’appelle un acte public et solennel de haute justice. […] N’ayez pas peur qu’il appelle les choses par leur nom.

1224. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

À la vérité, le Nord, à cette époque-là, c’était la France, car il est bien certain que La Fontaine n’a pas lu Shakespeare, ni Marlowe, mais il veut dire : « Je lis les Français, les Italiens, quelquefois même un peu d’Espagnols, et je lis les auteurs anciens. » Autre particularité, et très importante, à laquelle on a fait attention et sur laquelle j’appelle la vôtre, il n’était pas seulement un livresque, comme a dit Montaigne, il tirait sa fable souvent d’aventures qui lui étaient racontées, de choses présentes, de choses du temps. […] Cependant, je vous montrerai que La Fontaine — je le crois — touche à la morale, à quelque chose, du moins, qui peut s’appeler une morale ; cela à certains moments ; mais je reconnaîtrai aussi que ces moments sont assez rares. […] J’appelle morale quoi que ce soit qui fait que l’homme préfère — préfère quelquefois ou préfère souvent — l’intérêt d’autrui à son propre intérêt. […] Nous arrivons à sa morale, à la morale que l’on peut appeler la morale de La Fontaine. […] Cette fable, que l’on pourrait appeler la Fontaine, la Mère et l’Enfant, cette fable qui est parfaitement authentique, me paraît contenir une assez bonne leçon.

1225. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Je veux vous citer encore quelque chose d’assez curieux que je vous ai signalé, ce me semble, et qui me paraît devoir du moins appeler votre attention. […] Nous voilà dans ce qu’on peut appeler le La Fontaine, non seulement élégiaque, mais lyrique. […] On n’appelle « Dieu » l’homme qu’on aime que parce qu’on sait bien qu’il ne l’est pas… Vérifiez. […] Il écrit à sa marraine, c’est-à-dire celle qu’il appelait ainsi parce qu’elle lui avait donné un sobriquet, à Mme Jaubert : Il est donc vrai, vous vous plaignez aussi, Vous dont l’œil noir, gai comme un jour de fête, Du monde entier pourrait chasser l’ennui ! […] Je suis bien loin d’être le chêne, Mais, dites-moi, vous qu’en un autre temps… J’aurais nommée Iris, ou Philis ou Climène, Vous qui, dans ce siècle bourgeois, Osez encor me permettre parfois De vous appeler ma marraine, Est-ce bien vous qui m’écrivez ainsi, Et songiez-vous qu’il faut qu’on vous réponde ?

1226. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

Mais le degré de valeur d’un homme en place étant exposé au grand jour, les louanges qu’on lui donne, s’il en est indigne sont honteusement démenties par le public ; au lieu que les langues qu’on appelle savantes étant presque absolument ignorées, leurs panégyristes ne craignent guère d’être contredits. […] Observons d’abord que ce qu’on appelle harmonie d’une langue devrait plutôt s’appeler mélodie. Car l’harmonie est proprement le plaisir qui résulte de plusieurs sons qu’on entend à la fois, la mélodie est celui qui résulte de plusieurs sons qu’on entend successivement ; or ce qu’on appelle harmonie d’une langue, est le plaisir qui résulte de la suite des sons dans un discours fait en cette langue ; on ferait donc mieux de donner à ce plaisir le nom de mélodie. […] De ne pas appeler (page 171) l’Imitation de J.

1227. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Que dirait, qu’écrirait, — je le répète, — en face de phénomènes insolites, un de ces modernes professeurs-jurés d’esthétique, comme les appelle Henri Heine, ce charmant esprit, qui serait un génie s’il se tournait plus souvent vers le divin ? […] La France, il est vrai, par sa situation centrale dans le monde civilisé, semble être appelée à recueillir toutes les notions et toutes les poésies environnantes, et à les rendre aux autres peuples merveilleusement ouvrées et façonnées. […] Théophile Gautier appelle cela une Compensation. […] Il lui est arrivé d’appeler les femmes de Delacroix des grenouilles. […] Quant aux autres, quelquefois des femmes historiques (la Cléopâtre regardant l’aspic), plus souvent des femmes de caprice, de tableaux de genre, tantôt des Marguerite, tantôt des Ophélia, des Desdémone, des Sainte Vierge même, des Madeleine, je les appellerais volontiers des femmes d’intimité.

1228. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

L’un vendait des journaux et soufflait dans une corne de cuivre, l’autre poussait une de ces petites charrettes que les gens de la profession nomment des « balladeuses », et où il y avait de la mercerie, des bonnets de tulle, des pièces d’étoffe, des miroirs, des lanternes de fer-blanc, et celui-ci, pour appeler ses clients répandus dans l’immensité des blés, portait à ses lèvres, de temps en temps, la pointe d’un grand coquillage rose, qui s’évasait en forme de trompe. […] Mais je n’ai pas à faire ici de critique littéraire, et la seule chose que je veuille expliquer, c’est l’impossibilité de faire entrer le roman naturaliste dans le genre que j’ai appelé : le roman populaire. […] Au temps où parurent les Misérables, Louis Veuillot, après avoir fait les réserves les plus légitimes, les plus nécessaires, reconnaissait, dans le roman de Hugo, ce qu’il appelle « un souffle de justice, un souffle de foi chrétienne, et catholique par conséquent, souffle court et mêlé, mais brûlant, parfois sublime ». […] « Dans le pays, dit-il, on l’appelait l’Alouette. […] Je les appelle de tous mes vœux.

1229. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

On appelle de ce nom d’humanistes les poètes, les beaux esprits, — et aussi les pédants, — qui ranimèrent ou plutôt qui retrouvèrent le sens perdu de l’antiquité. […] Ai-je besoin d’apporter ici le nom de cet Étienne Dolet, que l’on appelle quelquefois « le martyr de la Renaissance », et qui ne le fut à vrai dire que de l’orgueilleuse violence de son caractère ou du débordement excessif de sa personnalité ? […] Autant vaut dire que Nature est d’elle-même institutrice de vertu, et c’est à cet égard que Pantagruel peut être à bon droit appelé « la Bible » de la Renaissance. […] Mais, ce qui me paraît bien plus significatif, il n’est, dans cette adoration des énergies de la nature, que l’interprète inspiré des idées communes de son temps ; et par là son Pantagruel a vraiment ce que l’on peut appeler, ce qu’il faut même qu’on appelle une portée « européenne ». […] Le style de Montaigne. — Comment cette tristesse est déguisée par le charme du style. — Que voulait dire Montesquieu quand il appelait Montaigne « l’un des quatre grands poètes » ?

1230. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Thiers lui-même, le petit bourgeois, appelait la vile multitude. […] Zola m’appellerait normalien. […] Elle ne l’appelle pas sire ! […] tu m’appelles bourgeois ! […] Elle appelle à son aide la morphine.

1231. (1899) Arabesques pp. 1-223

Jacques Nervat déclare que « les Intellectuels sont les parias de ce qu’on appelle la Société ». […] Il fulmine aussi d’âpres anathèmes contre les hagiographes qu’il appelle « des ganaches de sacristie ». […] Alors la vieille maman appelle à son aide ses premiers-nés chéris : les métaphysiciens. […] C’est ce que Nietzsche appelle « l’état dionysien ». […] Beaucoup subissent, sans raisonner, cette collection de préjugés qu’on appelle la Morale.

1232. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Je ne vois que des individus épars, une écume de toute parts bouillonnante, et quelquefois très-brillante en se brisant, qu’on appelle langue, et des pirates intitulés littérateurs qui font la course. […] Töpffer appelle, pour abréger, le bourgeon, le faible de vanité d’un chacun ; il déduit très-bien cela. […] Avant qu’il ait appelé Charles pour lui signifier le départ, celui-ci, qui semble avoir le pressentiment de quelque explication, s’est dérobé de dessous les yeux de M. […] L’exécution générale du style, dans ce que j’appelle l’idylle, reste à la fois naturelle et neuve, pleine de particularités et d’accidents, riche d’accent et de couleur ; c’est un style dru, il sent son paysage. […] Cela, me disais-je, ne peut se passer se maintenir de la sorte que dans un ordre de société où cette rapidité dévorante ou futile, cette banalité qu’on appelle la mode ou la gloire, n’a pas flétri et usé les vertus.

1233. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

« Que m’importe cet être que vous appelez Dieu ? […] Pour bien saisir la grandeur du Cosmos, il ne faut pas subordonner la partie sidérale, que Kant a appelée l’histoire naturelle du ciel, à la partie terrestre. […] Toutes sont également faites pour la liberté, pour cette liberté qui, dans un état de société peu avancé, n’appartient qu’à l’individu ; mais qui, chez les nations appelées à la jouissance de véritables institutions politiques, est le droit de la communauté tout entière. […] Terrick Hamilton, a déjà appelé l’attention sur les accents bibliques qui résonnent comme un écho dans les vers d’Antar. […] On peut citer en outre chez les Anglais Milton, dans sa description d’Éden ; chez les Français, Rousseau, Buffon, Bernardin de Saint-Pierre ; enfin Chateaubriand, que M. de Humboldt appelle son ami.

1234. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Il servait avant la révolution dans un corps de nobles, à Turin, qu’on appelait les chevaliers-gardes. […] Il est singulier qu’appelé par mon état à voir beaucoup de jeunes filles, je ne me rappelle pas d’en avoir vu à Chambéry une seule qui ne fût pas charmante. […] Plus loin, à quelques centaines de pas, est une tour carrée, adossée au mur antique, et construite avec le marbre dont il était jadis revêtu : on l’appelle la Tour de la frayeur, parce que le peuple l’a crue longtemps habitée par des revenants. […] je m’appelle le Lépreux ! […] En reconnaissance de la faveur que Dieu nous avait accordée en nous donnant cet ami, ma sœur l’avait appelé Miracle ; et son nom, qui contrastait avec sa laideur, ainsi que sa gaieté continuelle, nous avait souvent distraits de nos chagrins.

1235. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Ce jeu de cache-cache avec l’antiquité s’appelle l’épigraphie. […] Paul Bourget appelle spirituellement le « snobisme vestimentaire ». […] C’est un produit qui appelle la serre, l’exposition, l’étalage. […] Seulement, comme il avait l’air très militaire, on l’appelait le général. […] Cela s’appelle, en pays latin, être conséquent avec soi-même.

1236. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Dumas n’est pas, à proprement parler, ce qu’on appelle un réaliste. […] Sous sa forme la plus basse, l’ironie s’appelle la blague. […] Il se mêle au sentiment religieux, et s’appelle alors le mysticisme. […] Ses cousines Tonnelier l’appelaient la déesse. […] Le brigadier Mangin s’appelait le brigadier Mangin tout simplement.

1237. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Est-ce là ce qui s’appelle juger le théâtre contemporain et son influence sur les mœurs ? […] Poirier et à toutes ces peintures sans ménagement que l’on appelle la comédie forte. […] Il porte le fer et le feu sur nos blessures qui appellent le baume ; il brûle, il taille, il tranche, il comprime. […] Il importe peu de quel nom on l’appelle maintenant. […] On n’imagine pas d’honnête homme plus affranchi de ces préjugés incommodes qu’on appelle principes.

1238. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

En 1670, un Duc et Pair attaché à la cour de Louis XIV, appelait son fils, en lui parlant, monsieur le Marquis, et Racine eut : une raison pour faire que Pilade appelle Oreste Seigneur. […] Aujourd’hui une telle amitié nous semble appeler le tutoiement. […] J’eusse été vêtu de ce que nous appelions si ridiculement un habit habillé. […] La défaveur où le Déjeuner a fait tomber l’Académie ne peut que s’accroître ; car jamais la majorité des hommes dont le public admire le talent ne sera appelée à y entrer. […] Toutes les classes de gens ridicules n’ont-elles pas des protecteurs naturels qui se coalisent pour le maintien de ce qu’on appelle la décence publique ?

1239. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXIV » pp. 247-253

Si nous n’avons pas tout ce que nous désirons du Génie, nous avons du moins quelque chose ; mais ce qu’il y a de mieux, à mon avis, ce sont les bons termes sur lesquels il est maintenant avec notre Henri ; il est désormais à ses ordres, il ira partout où on l’appellera, et quand on l’appellera.

1240. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VII. De la propriété des termes. — Répétition des mots. — Synonymes. — Du langage noble »

En somme, on peut, et même on doit appeler les choses par leur nom, précisément comme faisait le vieux Boileau si exécré des romantiques. […] Haute et sérieuse, elle formera à sa ressemblance les termes qui la peignent ; elle pourra appeler à soi les mots du peuple, et même de la populace : elle leur ôtera par cette élection leur grossièreté en leur laissant leur énergie.

1241. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

Henri IV, qui aimait à se divertir des parades comiques qui commençaient à faire la réputation de l’acteur français, le faisait appeler quelquefois. […] Ce fut la fin de la farce de ces beaux jeux, mais non de ceux que voulurent jouer, après, les conseillers des aides, commissaires et sergents, lesquels, se prétendant injuriés, se joignirent ensemble et envoyèrent en prison MM. les joueurs ; mais ils furent mis dehors le jour même, par exprès commandement du roi, qui appela les autres sots, disant Sa Majesté que, s’il fallait parler d’intérêt, il en avait reçu plus qu’eux tous, mais qu’il leur avait pardonné et pardonnerait de bon cœur, d’autant qu’ils l’avaient fait rire jusqu’aux larmes.

1242. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La réforme prosodique » pp. 120-128

Nous avions la ressource d’en appeler à Verlaine, et de lui opposer son Art poétique. […] Mendès appelait « l’observance hypocrite d’une règle abolie », mais enfin elle subsistait.

1243. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VIII » pp. 70-76

Godeau, de l’Académie française, évêque de Vence, ayant adressé à Voiture un défi de vers galants en honneur de cette belle personne, Voiture lui adressa ce rondeau fanfaron : Comme un galant et brave chevalier, Vous m’appelez en combat singulier D’amour, de vers et de prose polie ; Mais à si peu mon cœur ne s’humilie, Je ne vous tiens que pour un écolier ; Et fussiez-vous brave et docte guerrier, En cas d’amour, n’aspirez au laurier. […] Voltaire, dans son Commentaire sur Corneille, a relevé comme grossier, un mot employé par l’auteur dans une épigramme contre Scudéry, qui à la suite de quelques débats à l’occasion de la critique du Cid, l’avait appelé en duel.

1244. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « I. Historiographes et historiens » pp. 1-8

La Couronne n’entoura jamais d’assez d’éclat ceux qu’elle appelait ses historiographes. […] mais qui ont historié l’histoire (est-ce pour cela qu’ils s’appellent historiens ?)

1245. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Le condottière s’appelle Jan-Félix Caërdal. […] Il s’appelle Le Plaisir des jours. […] On appelle Celtil. […] Elle appelle François. […] On appelait libertin, jadis, un incrédule.

1246. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

S’il étudie l’histoire, c’est pour y trouver des preuves de la vérité du dicton ; et c’est même ce qu’il appelle « la lire en philosophe ». […] Avant cette altération elles sont ce que j’appelle en nous la nature » [Émile, I, 1]. […] On pourrait encore l’appeler, si ces deux mots ne hurlaient pas d’être, comme on dit, accouplés ensemble, un Fontenelle fanatisé. […] Et il est vrai que de la façon qu’il s’y est pris, il a bien montré qu’il n’était pas ce que l’on appelait alors une « tête pensante ». […] — ou de ce que Vauvenargues est, comme Rousseau, ce qu’on appelle un « autodidacte » ?

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