Breton admirait d’ailleurs beaucoup l’éloquence du jeune homme, notamment lorsque celui-ci initia ses amis surréalistes aux « sommeils hypnotiques ». […] De cela encore, nous avons la preuve dans une de ces métaphores, qui, fussent-elles du plus strict XVIIe, n’en trahissent pas moins leurs auteurs, et, avec ces auteurs, qui les admire.
Il est fort poli, fort prudent, presque obséquieux, mais absolu dans ses goûts, qu’il appelle des principes ; il admirait tout avec des superlatifs, et je le conduisais, un peu embarrassé de son admiration. […] On y voit la difficulté et les complications des grandes affaires ; on peut y admirer le plus souvent des merveilles de logique, de tact, de science positive, de prévision ; on y devient modeste, et l’on y apprend le présent par le passé. […] Et cet orgueil n’est au fond qu’une variété de l’égoïsme. » Tout cela finit par une bonne et durable amitié. — Mais n’admirez-vous pas cette manière agréable de faire sa cour ? On se rencontrait au Louvre, à Versailles, dans les bois des environs ; on s’y promenait en tête à tête, en secret, longuement, même en janvier, plusieurs fois par semaine ; il admirait « une radieuse physionomie, de fines attaches, une blanche main, de superbes cheveux noirs », une intelligence et une instruction dignes de la sienne, les grâces d’une beauté originale, les attraits d’une culture composite, les séductions d’une toilette et d’une coquetterie savantes ; il respirait le parfum exquis d’une éducation si choisie et d’une nature si raffinée qu’elles résumaient pour lui toute une « civilisation » ; bref, il était sous le charme. […] Clément m’approuvera lui-même de ne faire que mentionner son ouvrage si instructif et si solide, pour en venir tout de suite à l’homme éminent que nous avons admiré et respecté tous les deux.
Le vieil homme se rend au souper que le bâtard offre à ses camarades (la description du festin est un excellent morceau de poésie parnassienne) ; il verse, sans être vu, dans la coupe d’Ion, le poison gorgonien… Admirons ici l’imagination charmante d’Euripide, et comme il sait répandre un sourire et une grâce sur des noirceurs à la Pixérécourt. […] Il faut admirer avec quel art l’auteur a su réduire au minimum la responsabilité d’Edouard en cette affaire. […] Mais admirez ici (je le dis sans aucune raillerie) le scrupule et la bravoure de M. […] Garnier a des devoirs naturels envers la France, et il est personnellement l’obligé de l’empereur, qu’il admire et qu’il aime.
Scherer, dans un bien excellent article, justement admiré de Sainte-Beuve, est stupéfait devant ce singulier christianisme où il n’y a pas trace d’amour, comme si le christianisme n’était pas tout entier aimez-vous les uns les autres. […] Il semble bien, en vérité, que c’est l’idée de Bonald, puisque cette constitution il l’admire, et puisque cette reconstitution, il la fait. […] Il le considère, il l’admire, il le cite, il le combat ; il songe toujours à lui, le plus souvent il est « Rousseau retourné. » Rousseau a cru à un « état de nature » ; de Bonald croit que la société a toujours existé. […] Ce sentiment général que la distinction et la supériorité morale (Delphine), que la distinction et la supériorité intellectuelle (Corinne) ne sont pour tous, et surtout pour la femme, que des conditions d’infortune ; ce sentiment aussi que mieux vaudrait le bonheur obscur et tout simple que tant d’heureux dons qui vous font plus admirée que chérie ; cette sorte de colère enfin contre l’iniquité d’un tel sort, ces voyages, ces courses fiévreuses, ces poursuites du bonheur qui fuit, Corinne en Angleterre, Delphine en Allemagne, départs subits, arrêts, retours, images des agitations d’un cœur ardent et inapaisé ; tout cela est bien vivant et individuel, sent la confidence et presque la confession, fait entendre, tout proche, le battement du cœur. […] Il nous offre ce singulier spectacle d’un homme dont on peut détacher ses idées pour les considérer à part, et, ici, ce serait pour avoir plus ses aises à les admirer.
* * * Cette conversion irrésistible de tous les genres littéraires en roman, il n’y a sans doute ni à la déplorer ni à l’admirer. […] Nous avons gardé, après tout, la plus grande partie des chefs-d’œuvre admirés des anciens, et, quand on songe aux chances de destruction, on imagine qu’il a fallu vraiment qu’ils fussent conduits jusqu’à nous, comme le jeune Tobie, par la main d’un ange. […] Nous l’admirons, cette claire ordonnance, dans tous nos classiques.
Seulement, je l’admire d’après un ensemble d’idées qui m’oblige ensuite à me montrer très sévère pour lui. […] J’admire beaucoup leur talent, les qualités différentes qu’ils apportent. […] Quand j’ai admiré en lui l’heureux don de la langue, les procédés et les facilités de la description, je n’ai plus qu’à fermer le livre. […] Ou vous êtes un observateur qui rassemblez des documents humains, ou vous êtes un poète qui me contez vos rêves, et je ne vous demande que du génie pour vous admirer. […] Il faut voir son indignation, quand il s’étonne qu’on puisse admirer l’attache d’un muscle, le jeu d’un organe, le mécanisme d’un corps !
Elle ne répondit pas à l’amour du poète, qu’elle admirait pourtant avec enthousiasme, mais lui voua une amitié fraternelle, qui fut de longue durée ; et Giacomo, dont l’aspect débile et un peu difforme était plus fait pour inspirer la pitié que la passion, sut se contenter de ce sentiment tranquille et sérieux. […] Filopanti, le grand astronome, le courageux député à la Constituante romaine, je l’ai vu combattant seul avec un mousquet à la défense de Rome… » Garibaldi est si reconnaissant à Massimo d’Azeglio de s’être fait blesser à Vicence, qu’il s’oublie, je crois, jusqu’à admirer Niccolò de Lapi. […] « On me dira : Comment avez-vous pu les admirer, ne sachant que peu d’espagnol et ne vous connaissant guère en poésie ?
Ils appartiennent à cette société où, avant d’admirer tout à fait un grand général, on demandait « s’il était aimable ».
La naïveté de ses joies ou de ses peines, selon que l’enfant est plus ou moins admiré sur sa route, s’exprime dans ses lettres avec une inimitable candeur.
Admirez ici l’entraînement des caractères !
J’en vins à bout dans trois mois, et je l’ornai de figures et de feuillages si bien imités qu’il n’y avait qu’à admirer.
Et bientôt, au sortir de ces songes flottants, Je me sentis pleurer, et j’admirai longtemps Que de ces hommes morts, de ces choses vieillies, De ces traditions par hasard recueillies, Moi, si jeune et d’hier, inconnu des aïeux, Qui n’ai vu qu’en récits les images des lieux, Je susse ces détails, seul peut-être sur terre, Que j’en gardasse un culte en mon cœur solitaire, Et qu’à propos de rien, un jour d’été, si loin Des lieux et des objets, ainsi j’en prisse soin.
Près de lui était mon jeune, mon cher Oscar, penché sur sa lance ; il admirait le roi de Morven, et son âme s’agrandissait au récit de ses actions.
Faut-il les admirer ou les mépriser ?
Quand on se voit préféré à tout le monde, et cela par quelqu’un qu’on admire plus que tous les autres, l’amour de l’approbation est satisfait à un degré qui dépasse toutes les expériences antérieures : spécialement, lorsqu’à cette satisfaction directe il faut joindre la satisfaction indirecte qui résulte de ce que cette préférence est attestée par des indifférents.
» Je répondais : « Parce que la littérature se renouvelle comme toutes les choses de la terre… et qu’il n’y a que les gens qui sont à la tête de ces renouvellements, qui survivent… parce que, sans vous en douter, vous n’admirez, vous-même, que les révolutionnaires de la littérature dans le passé, parce que… tenez, prenons un exemple, parce que Racine, le grand, l’illustre Racine a été chuté, sifflé par les enthousiastes de Pradon, par les souteneurs du vieux théâtre, et que ce Racine avec lequel on éreinte les auteurs dramatiques modernes, était en ce temps un révolutionnaire, tout comme quelques-uns le sont aujourd’hui. » Jeudi 16 janvier Pillaut avec son dilettantisme musical de lettré et de penseur, cause de Wagner, et dit que sa forme musicale fait penser à un monde futur, et que ses sonorités sont des sonorités qui semblent fabriquées pour les oreilles de l’humanité qui viendra après nous.
il ne faut pas les envier, il faut les plaindre d’être admirées.
Je n’ai jamais compris pourquoi l’on admire la réponse d’Aristippe à Diogène : si tu savais vivre avec les hommes, tu ne vivrais pas de légumes.
Je me trompe : il y en a une autre, aussi grande à sa façon que celle de Bonaparte l’était à la sienne ; il y a Madame Royale de France, la fille de Louis XVI, que Napoléon lui-même admirait, cette femme surnaturelle de force et de douleur, et cependant impopulaire, à qui nous en avons trop fait, sans doute, pour pouvoir jamais lui pardonner !
Admirons leur sublime naïveté… « L’Église, nous disent-ils, est innocente des excès qui furent alors commis au cours de la destruction de l’« hérésie ».
Après une lecture de D’Annunzio, il m’arrive souvent de relire ses œuvres lyriques de la bonne époque ; mais ce n’est plus qu’une vaine consolation ; plus on admire ce qu’il fit alors, tout ce qu’il promettait, et plus on s’attriste de voir ce clair génie latin prostitué à tous les carrefours de la route qui mène au succès bruyant et éphémère.
Il a été peintre, peintre à la manière de Ribeira et de Saint-Simon ; il a fixé sur la toile le portrait de cette belle Frezzolini qu’il admire sans réserve aujourd’hui. […] M. de Pontmartin admire les grands écrivains du grand siècle je m’agenouillerai à ses côtés, s’il veut bien me permettre de partager cet honneur avec lui ; mais notre prière en commun achevée, il est à craindre qu’un dissentiment profond ne nous sépare.
Mais le livre isolé n’est qu’une des toiles dans cette galerie de portraits qu’à travers son œuvre chaque écrivain qui compte trace tout inconsciemment de lui-même ; et ce livre isolé, je n’ai pas essayé de le situer dans une série (tâche qui, lorsqu’elle est vraiment conduite à terme, suppose une maîtrise de sa propre émotion que je ne possède point ; qui en revanche, lorsqu’elle a seulement l’air de l’être, implique une bonne santé, une robustesse dans le superficiel que je me borne à admirer du dehors) : plutôt ai-je cherché à le respirer, à vivre avec lui, à en exprimer — et plus encore par ma manière d’en parler que par les choses mêmes que j’en dis — cette qualité unique qui se dérobe hélas si adroitement dès qu’on tente de la fixer par des mots. […] Il faut citer une fois encore l’étonnant passage : Je n’admire pas l’excès d’une vertu, comme de la valeur, si je ne vois en même temps l’excès de la vertu opposée, comme en Épaminondas, qui avait l’extrême valeur et l’extrême bénignité. […] C’est le signe d’un talent en pleine croissance et qui n’a pas fini de nous donner d’heureuses surprisesdf », écrivait Rivière à propos du Fleuve de Feu, ne se contentant pas d’avoir su comme à l’ordinaire reconnaître le premier la valeur du livre et l’accueillir dans sa revue, mais revenant délicatement à la charge pour lui apporter en une note son témoignage personnel. « L’heureuse surprise » du Désert de l’amour nous savons qu’il eut encore le temps de la connaître dans la Revue de Paris, qu’en fait le Désert de l’Amour — et ce n’est pas un de ses moindres titres de gloire — est un des derniers livres qui exercèrent longuement son attention scrupuleuse ; nous savons qu’il l’aima, qu’il l’admira, et qu’avec l’excès de modestie dont de façon si touchante il était sans cesse affligé, de cette réussite l’artiste créateur en Rivière allait jusqu’à faire surgir une source de découragement quant à son œuvre propre. […] Elle l’admirait autant que le premier jour ; en lui seul elle sentait une force sur laquelle elle pouvait s’appuyer.
Le Français s’admire en soi, de tout son cœur. Il se fait centre naturellement et se persuade très volontiers que la circonférence doit l’admirer. […] Autre aspect de la même question : Si (par exemple) décidant que sera déclaré député tout homme qui, dans tout le pays, aura réuni tel nombre de suffrages suffisant pour être élu dans une circonscription moyenne, vous amenez ainsi à la Chambre des hommes qui n’auraient été élus dans aucune circonscription, mais qui sont connus, aimés et admirés un peu partout dans le pays tout entier, que faites-vous ? Vous tenez compte du suffrage des minorités, évidemment ; mais vous amenez à la Chambre des hommes beaucoup trop connus, beaucoup trop admirés et beaucoup trop aimés, des espèces d’hommes supérieurs, des illustrations politiques, scientifiques, littéraires.
Il convient qu’on admire la désinvolture avec laquelle ils ont rejeté les anciennes formes littéraires. […] (J’éprouve ici le besoin de déclarer qu’évidemment il y a de très beaux poèmes parnassiens, et que je les admire. […] Son talent d’écrivain est dans l’emploi qu’il en a fait, et ce qu’il faudrait admirer le plus chez lui, c’est une merveilleuse fantaisie d’imagination, grâce à laquelle son style se renouvelle au fur et à mesure qu’apparaissent les idées, s’invente perpétuellement, si l’on peut dire, pour les besoins très divers de la pensée la plus complexe.
Mme d’Abzac, sa sœur aînée, morte à quarante ans dans notre petit Saint-Yrieix, vers l’époque, je crois, du Consulat, était d’une si prodigieuse beauté, que bien peu de temps avant sa mort, alors qu’elle était hydropique, on s’arrêtait pour l’admirer lorsqu’on pouvait l’apercevoir.
Il faut respecter et protéger le malheur d’une dynastie qui s’écroule sur son faux principe, c’est ce que nous avons fait ; mais il ne faut pas relever un faux principe tombé pour servir de base au trône d’une veuve qu’on admire et d’un enfant qu’on plaint.