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1233. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Par quels actes concrets concevoir donc que cet Esprit-Saint se manifeste ? […] Je m’étonnerais, si aucune folie d’opinion pouvait étonner, d’entendre aujourd’hui glorifier le contraire, louer qu’une conscience démente ses principes par ses sentiments, qualifier de noble et de généreuse telle passion qui, passée en acte, produirait des effets absurdes et dégradants. […] Il avait fait de l’amour des sexes une sorte de révolution ineffable de toute la personne morale portant « jusque sur les idées, les raisonnements, les actes où il y a en apparence le moins de rapports avec la passion73 »s. […] … En ce moment et plus tard encore, ce sera perpétuellement de même une vie monotone et subtile, des pages blanches, des jours vides, des intervalles immenses pour des riens, des attentes dévorantes et si longues qu’elles uniraient par rendre stupide ; peu d’actes, des sentiments sans fin. […] Cependant il est difficile de faire évoluer le plus intolérable phraseur pendant cinq actes de drame ou cinq cents pages de roman, sans que sa conduite et ce qui se révèle nécessairement de ses « moyens d’existence » finissent par nous apprendre positivement qui il est.

1234. (1927) Des romantiques à nous

Si ce qui constitue avant tout la faute, c’est l’intention, les humains ne sont pas généralement dépourvus d’un certain pharisaïsme intérieur habile à travestir, à leurs propres yeux, la réelle intention d’actes ou d’habitudes qui, connus dans leur inspiration véritable, leur feraient honte, et à leur en suggérer quelque avantageuse version qui leur en attire des compliments. […] Et la « création » ne commence que par l’acte propre de l’intelligence et de la volonté pour s’emparer de ces mouvements jaillissants, les observer, les étudier comme s’ils étaient d’un autre, calculer froidement les moyens de les rendre sans les refroidir, les amener, sans les diminuer, à cette expression fixée, générale, objective, humaine qui en fera désormais le bien de tous les esprits et dans la production de laquelle le tourment de l’artiste, en quelque sorte délivré de lui-même, s’apaisera. […] C’était une base possible de paix entre le curé et l’instituteur, celui-ci s’en tenant à la notion de Dieu, considéré comme source et règle suprême de tout bien, celui-là y ajoutant les supposés particuliers de la religion touchant les actes de Dieu dans l’humanité et le salut éternel des individus. […] En un sens, le vieux moine que l’on voit au premier acte, dans une salle de son couvent, occupé à continuer, dans un esprit de sérénité qu’aucun événement n’agite, les annales de la Russie rédigées par la chaîne silencieuse de ses prédécesseurs, ce vieux moine est le principal personnage de l’œuvre. […] Que de beaux moments de jeunesse passés sur ce balcon, en particulier les soirs d’été, dans les entr’actes des séances de musique, consacrées à l’exécution branlante, mais enflammée, de trios et quatuors classiques, ou bien au chaleureux massacre d’un acte de Wagner.

1235. (1914) Une année de critique

Elle animait tous ses actes et le soutint jusqu’à son dernier jour. […] Émile Faguet connaît bien son homme, et moitié intuition, moitié raisonnement, il arrive souvent à retrouver la logique de ses sentiments ou de ses actes. […] Il ramène les animaux à l’humanité, non pas en leur attribuant, selon la manière de La Fontaine, nos actes et les mobiles de nos actes, mais en décrivant les leurs comme s’il s’agissait des nôtres. […] Si Jean Lorrain fut toute sa vie, possédé de ce grand désir de pureté dont on nous parle, et s’il ne parvint pas à accorder ses actes et ses aspirations, c’est une preuve de faiblesse ou de paresse ; en tout cas, le signe d’un défaut de virilité. […] Son acte la replonge dans la vie, dont elle éprouve soudain la grandeur et la mystérieuse noblesse.

1236. (1896) Études et portraits littéraires

Une longue comédie, une comédie, moins le rideau et les chandelles, moins le dialogue et la coupe des actes, et encore les scènes toutes faites y abondent-elles. […] Il a été ferme, vaillant ; le motif de ses actes a été pur, il n’en renie aucun. […] Vivre, c’est déjà être en acte ; vivre bien, c’est y être pleinement, ne laisser en langueur aucune de ses énergies. […] Le plaisir parachève l’acte, perfection suprême s’y ajoutant « comme à jeunesse sa fleur ». […] Ollé-Laprune définit à merveille « une vue proprement morale de soi et de ses actes, un compte rendu intérieur rigoureux, sévère ».

1237. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Brander Matthews répond à ces graves accusations que bluffer se réduit à la « Suppressio veri » et que cet acte exige du joueur une forte dose de courage physique. […] En eux, l’Angleterre a écrit elle-même son propre acte d’accusation et a donné à l’univers l’histoire de sa honte. […] Pour mûrir ses facultés, concentrer ses actes, apprendre le secret de sa propre force, et de la faiblesse de l’Angleterre, l’intellect celtique a dû traverser l’Atlantique. […] Je levai haut cette croix, et criai  : « A l’Enfer mon âme pour toujours, et à Dieu mon acte ! […] Le sentiment intolérable de l’obligation était inconnu ; les actes de l’espèce humaine ne laissaient aucune trace, et ses affaires ne devenaient point une rengaine que transmettent à la postérité d’imbéciles historiens.

1238. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Il est bien vrai que, durant ces années de long et sérieux travail, Mlle de Meulan avait de plus en plus appris à se vouer au vrai, à le croire utile, à le défendre, à se passionner au moins indirectement pour lui, en cherchant querelle à toute erreur, et aussi à régler chaque acte de sa vie sévère par l’empire, déjà religieux, de la volonté et de la raison. […] Ses ouvrages sur l’éducation furent donc à ses yeux un acte d’amour et de devoir maternel ; dans la préface des Lettres de Famille, elle n’a pu se contenir sur ce cher intérêt, comme elle l’appelle.

1239. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Non pas que ce qu’il écrivait portât les signes de la démence, bien que ses actes fussent déjà souvent d’un insensé ! […] On trouve la preuve de cet acte d’insanité dans la correspondance de Maffio Veniero, Vénitien résidant alors à Ferrare, et qui était chargé d’écrire à la cour des Médicis les nouvelles de la cour d’Este.

1240. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Elle viola les convenances de l’étiquette presque sacrée du temps jusqu’à l’admettre seul à sa table, dans ses appartements intérieurs ; elle supprima le nom du roi des actes publics, pour y faire apposer le nom de Rizzio. […] Il y eut, en effet, dans tous les actes de la reine qui précédèrent cette tragédie, non-seulement les indices d’une complicité atroce dans le plan d’assassiner son mari, mais quelque chose de plus atroce que l’atrocité même, c’est-à-dire l’artifice hypocrite d’une femme qui cache le meurtre sous l’apparence de l’amour et qui se prête au vil rôle d’embaucher la victime pour l’attirer sous le fer de son assassin.

1241. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Une de ces lettres, signée de Babington, disait textuellement à Marie Stuart : « Très-chère souveraine, moy mesme avec dix gentilz hommes et cent aultres de nostre compaignie et suitte, entreprendrons la délivrance de vostre personne royalle des mains de vos ennemys. » Marie Stuart répondait, après des remercîments et des conseils de prudence, par cette lettre qui ne laisse aucun doute sur sa participation de cœur à l’assassinat d’Élisabeth : Nous n’en citerons que le passage sinistre relatif aux six gentilshommes chargés d’exécuter, à Londres, l’acte préliminaire de la révolution : « .… Ces choses estant ainsy préparées, et les forces, tant dedans que dehors le royaulme toutes prestes, il fauldra alors mettre les six gentilshommes en besoigne, et donner ordre que leur desseing estant effectué, je puisse quant et quant estre tirée hors d’icy, et que toutes vos forces soyent en ung mesmes temps en campaigne pour me recevoir pendant qu’on attendra le secours estranger, qu’il fauldra alors haster en toute diligence...... […] « L’on m’avoit, pensant me dégrader, fayt abattre mon days ; et, depuis, mon gardien m’est venu offrir d’écrire à leur royne, disant n’avoir fait cet acte par son commandement, mais par l’avis de quelques-uns du conseil.

1242. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VIII : Hybridité »

Quoiqu’il y ait une différence évidente et fondamentale entre la simple adhérence d’une tige greffée, et l’union des éléments mâle et femelle dans l’acte de la reproduction, cependant nous venons de voir qu’il existe un certain parallélisme dans les effets de la greffe et de l’hybridation entre espèces distinctes. […] Si l’on considère les espèces comme provenant d’actes créateurs spéciaux, et les variétés comme produites par le jeu des lois secondaires, cette identité serait on ne peut plus surprenante.

1243. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Mon homme, pièce en trois actes d’André Picard et de Francis Carco, créée le 10 mars 1920 au Théâtre de la Renaissance, publiée chez J. […] Malikoko (roi nègre), pièce à grand spectacle, en quatre actes et dix-sept tableaux d’André Mouëzy-Éon (1880-1967), créée au Théâtre du Châtelet le 26 novembre 1919.

1244. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Cette mère pieuse lui avait, en effet, donné sa foi comme elle lui avait donné sa race, et c’est ainsi qu’il grandit dans l’amour de l’Église, identifié tellement à l’Église par cet amour qu’il crut parfois à tort ne faire qu’un avec elle, et que trop souvent, et par illusion coupable de cet amour encore, il confondit dans sa conscience et dans ses actes le Pape et le Roi ! […] Tous les actes et tous les faits du règne de Philippe II y sont émiettés scrupuleusement ; ils n’y sont ni condensés ni résumés dans un jugement qui ferait la figure d’un siècle ou d’un homme, avec cette poussière historique si soigneusement ramassée.

1245. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

[NdA] Ville brûlée par ordre du général Lasalle il y avait six mois, après quelque acte de trahison.

1246. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

La grande prétention et l’ambition, on le sait, du Père Lacordaire est de réconcilier pleinement le Christianisme, le Catholicisme, avec le siècle, de ne le retrancher d’aucun des actes, d’aucun des emplois légitimes de la vie et de l’esprit, de lui faire prendre pied partout pour y porter avec lui la consécration et le rajeunissement : aussi nie-t-il formellement que le dogme soit ni puisse être en rien opposé à la raison ; loin de là, il s’empare de la raison même au nom du dogme, pour la restaurer et la sanctifier.

1247. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Sully Prudhomme, à son tour, s’adresse à Musset ; il le prend sur un tout autre ton avec toutes les cérémonies et tous les respects, mais ce n’est que pour mieux marquer sa dissidence et pour faire acte de séparation : on ne dira pas du moins qu’il ne l’a pas senti et loué comme il faut : Toi qui naissais à point dans la crise où nous sommes, Ni trop tôt pour savoir, ni, pour chanter, trop tard, Pouvant poser partout sur les œuvres des hommes Ton étude et ton goût, deux abeilles de l’art ; Toi dont la muse vive, élégante et sensée, Reine de la jeunesse, en a dû soutenir Comme un sacré dépôt l’amour et la pensée, Tu te plains de la vie et ris de l’avenir !

1248. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

Frochot, retiré dans son village d’Aignay, ne fit du moins aucune démarche : ce fut le Conseil municipal de Paris qui prit l’initiative d’un acte de réparation et qui alla jusqu’à redemander son ancien préfet au ministre de l’intérieur, l’abbé de Montesquiou.

1249. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

Ce genre d’éloge pourra sembler un peu exagéré sans doute ; on n’en est plus tout à fait là aujourd’hui, non plus qu’à rechercher la règle fondamentale des cinq actes et des trois unités dans Sophocle et dans Eschyle.

1250. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

Quelle honte cependant que de montrer de l’esprit à l’appui des actes de rigueur ou de servitude !

1251. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

La religion mise à part et le respect du caractère sacré des œuvres, c’est une lecture exquise et charmante que celle des Évangiles, des Actes des Apôtres et de quelques Épîtres de saint Paul.

1252. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Tout ce qui est utile à l’humanité est bien ; tout qui est nuisible à l’humanité est mal ; ce qui ne fait ni bien ni mal à personne est indifférent ; que je mente, que je me grise, ou pis, qu’importe, si ces actes sont sans effets, sans prolongements funestes au dehors ?

1253. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lamartine, Alphonse de (1790-1869) »

Philarète Chasles C’était la plus étonnante créature de Dieu, la plus instinctive, la moins apte à conduire les affaires ou à juger les hommes, la mieux douée pour s’élever, planer, ne pas même savoir qu’il planait, tomber dans un abîme et un gouffre de fautes, sans avoir conscience d’être tombé ; sans vanité, car il se croyait et se voyait au-dessus de tout ; sans orgueil, car il ne doutait nullement de sa divinité et y nageait librement, naturellement ; sans principes, car, étant Dieu, il renfermait tous les principes en lui-même ; sans le moindre sentiment ridicule, car il pardonnait à tout le monde et sc pardonnait à lui-même ; un vrai miracle, une essence plutôt qu’un homme ; une étoile plutôt qu’un drapeau ; un arome plutôt qu’un poète, né pour faire couler en beaux discours, en beaux vers, même en actes charitables, en hardis essors, en spontanées tentatives, les trésors les plus faciles, les plus abondants d’éloquence, d’intelligence, de lyrisme, de formes heureuses, quoique trop fluides ; de grâces inépuisables, non pas efféminées, mais manquant de concentration, de sol et de virilité réfléchie.

1254. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre V. L’antinomie esthétique » pp. 109-129

« Que l’on admette un milieu social guerrier, Sparte par exemple, dit Guyau, et qu’il vienne à y naître, par une de ces variations fortuites que la théorie de la sélection est forcée d’admettre, un homme doué de sentiments délicats et pacifiques ; évidemment cet homme essaiera de ne point modifier son âme, de ne pas accomplir des actes qui lui répugnent.

1255. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XIII. Conclusions » pp. 271-291

Comme nous ne saurions jamais suivre à l’infini le retentissement de nos actes et comprendre leur rapport avec l’ensemble des choses, comment pourrons-nous jamais avoir une certitude sur la valeur morale de ce que nous faisons ?

1256. (1890) L’avenir de la science « XXI »

Il n’y a que les rhéteurs qui puissent préférer l’œuvre calme et artificielle de l’écrivain à l’œuvre brûlante et vraie qui fut un acte et apparut à son jour comme le cri spontané d’une âme héroïque ou passionnée.

1257. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

., X, 23 ; XIII, 41 ; XVI, 27-28 ; XIX, 28 ; XXIV, 27, 30, 37, 39, 44 ; XXV, 31 ; XXVI, 64 ; Marc, XIII, 26 ; XIV, 62 ; Luc, XII, 40 ; XVII, 24, 26, 30 ; XXI, 27, 36 ; XXII, 69 ; Actes, VII, 55.

1258. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XV. Commencement de la légende de Jésus  Idée qu’il a lui-même de son rôle surnaturel. »

Les auteurs de livres apocryphes (de « Daniel », d’« Hénoch », par exemple), hommes si exaltés, commettaient pour leur cause, et bien certainement sans ombre de scrupule, un acte que nous appellerions un faux.

1259. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Voir, pour exemples, le prologue de Grégoire de Tours à son Histoire ecclésiastique des Francs, et les nombreux actes de la première moitié du moyen âge commençant par la formule « A l’approche du soir du monde… » 817.

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