. — et dans son auteur un « précurseur de Molière ». — De l’abus qu’il y a dans cette perpétuelle recherche des « origines » ; — et qu’il ne suffit pas de quelques scènes d’un bon comique pour qu’on prononce le nom de Molière.
J’ajouterai qu’il y a tout un public et un ordre d’esprits sur lesquels cet ingénieux harcèlement n’a jamais de prise ; ce sont ceux qui goûtent avant tout quelques scènes de L’Étourdi de Molière, ou Les Folies amoureuses de Regnard.
La Bruyère, précurseur de Molière !!!
Savant déjà illustré dans la haute carrière, on le voit concourir en 1767 et en 1769 pour les Éloges de Charles V et de Molière, proposés par l’Académie française, et obtenir un accessit et une mention ; en 1768, il concourut pour l’Éloge de Pierre Corneille à l’Académie de Rouen et obtint également un accessit.
Molière, qui sait son Lucrèce, n’a guère eu le temps ni l’occasion, près de Gassendi, d’aller jusqu’à Homère.
Le monde que nous fait voir Tallemant, c’est la ville proprement dite, la ville à l’époque de Mazarin, avant ou après la Fronde et sous la minorité de Louis XIV, ce qui répond assez dans notre idée à ces premières satires de Boileau des Embarras de Paris et du Repas ridicule, le Paris où remuait en tous sens une bourgeoisie riche, hardie et libre, dont les types sont dans Molière, dont Gui Patin est le médecin comme attitré, et dont sera un jour Regnard.
Qui a fait de ces vers-là n’a jamais dû rien entendre à ceux de Molière ni de Racine.
Colletet père, Marcassus, un de Molières qui n’est pas le grand Molière, et bien d’autres, étaient de cette société académique, qui naissait d’avance un peu surannée.
C’est joli, mais il me semble que la vraie mesure n’est pas où la met cet homme d’esprit, et de doctrine un peu trop idéale : Racine, par exemple, était un génie religieux et croyant, et nul n’a été plus que lui sensible et susceptible ; il était un amour-propre plus vulnérable que Molière ou Shakespeare.
Molière, ce n’est plus même là votre roi !
On tombe dans le personnage de Molière.
Sarcey a gardé l’intelligence et le culte de Racine, de Corneille, de Molière : il a fermé ses oreilles aux abominations russes ou Scandinaves.
Molière manque à sa gloire, elle le proclame, et il n’est pas le seul.
Ce musicien qui savait autre chose que de la musique et dont les études sur Molière sont encore appréciées, n’attachait de prix, dit-il quelque part, qu’à ses œuvres provençales. […] Certes, l’Académie ne l’est pas : elle le prouva, ne sachant ouvrir ses portes — pour ne rien dire de Molière ou de Balzac — ni à Théophile Gautier, ni à Paul de Saint-Victor, ni à Fromentin, ni à Flaubert, ni même à Théodore de Banville, le parfait rimeur, quand il avait du talent. […] Dans la vieille capitale de la Provence, Brueys et Zerbin, que se rappela peut-être Molière, quand il écrivit son Avare 50 précèdent Jean de Cabanes, dont l’œuvre gît, encore inédite, à la Bibliothèque nationale et à la bibliothèque Méjanes. […] Prenant son bien où il le trouvait, Louis Roumieux, de l’œuvre de Molière, extrayait une œuvre qui est bien à lui par le fouillé du détail et la primesautière sveltesse de l’ensemble. […] Il est certain que l’art dramatique s’apprend, s’il ne s’enseigne pas, comme tous les arts, et, quand Peyrusse aura lu et étudié, non pas Scribe, mais Shakespeare, Cervantès, Molière et Émile Augier, il est trop poète pour ne pas créer à son tour.
Sainte-Beuve, qui s’y était très vivement intéressé, nous a laissé des détails curieux sur la façon dont ces lectures furent organisées alors pour la première fois, sur l’accueil que le peuple illettré fit à Corneille, à Racine, à Molière. […] On lut du Molière, du Corneille, du Racine, du Victor Hugo. […] Molière, les pièces les plus dignes d’étude, et dans ces pièces, les parties les plus belles, les plus expressives, les plus propres à élever les sentiments, à éclairer l’esprit des auditeurs ou des lecteurs peu informés. […] Corneille et Molière ont ouvert la route ; Voltaire les a suivis. […] Pour ne pas laisser de doute à ses lecteurs sur son intention hostile, Verlaine, dans une note, a mis le point sur l’i : il cite tout le vers de Molière : « Et de Monsieur de l’Isle il prit le nom pompeux », en soulignant « Monsieur de l’Isle. » 15.
Il sait bien que, à ce compte, il faudrait chasser du théâtre les fils de Molière qui dérobent, aux éclats de rire du parterre, la cassette paternelle, et jeter au feu le Légataire universel. […] Tout bonnement parce que Molière et Regnard ne veulent pas le corrompre, mais le faire rire : l’innocence de l’intention de l’auteur est la sauvegarde parfaite de l’honnêteté du spectateur. […] Les uns n’en donnent pas, ils se contentent d’affirmer solennellement que le vers est impossible dans un sujet bourgeois, effaçant ainsi d’un trait de plume Molière et Regnard. […] supprimer le vers à cause de l’habit noir, c’est toujours supprimer Molière et Regnard. […] La supériorité de Shakespeare, de Molière et de Balzac vient de leur impersonnalité.
Ce que nous appelons notre romantisme, c’est-à-dire l’ensemble de notre littérature française de l’année 1820 à l’année 1840 environ, ne serait qu’une phase dans le développement de ce grand phénomène historique, la plus dramatique et la plus éclatante, il est vrai, celle où nous voyons une magnifique pléiade de beaux génies de chez nous, cruellement séparés des vives sources nationales où un Corneille, un Racine, un Molière, un Bossuet, un La Fontaine, avaient bu leur immortelle jeunesse, et en proie à mille démons nordiques sous l’inspiration desquels un Byron, un Schiller, le Goethe de Werther et du premier Faust purent s’épanouir dans toute la richesse et la plénitude de leur nature, mais ils ne pouvaient, eux, que grimacer, s’agiter et se convulser. […] Cependant Montaigne, Molière sont-ils chrétiens ? […] Chateaubriand, Lamartine, Victor Hugo ont été à leur époque des hommes, je ne dirai pas plus célèbres, mais plus importants que Molière, Corneille et Racine ne l’avaient été à la leur, et sur qui le public avait les yeux beaucoup plus tournés, comme eux-mêmes provoquaient et retenaient sous plus de faces l’attention publique. […] C’est au XVIIe, la France de l’Ile-de-France, de la Champagne, de la Normandie et de la Bourgogne avec Corneille, Molière, Racine, La Fontaine, Bossuet. […] Il se souvenait que les illustres salons d’autrefois, si importants dans l’histoire de nos lettres, ont connu la présidence de femmes qui, de la reine Marguerite de Valois et Mlle de Rambouillet, aux grandes bourgeoises encyclopédistes du XVIIIe siècle, furent des modèles de rectitude et de santé d’esprit, de goût généreux et franc, et contre qui l’immortelle satire de Molière, qui trouverait aujourd’hui tant de lamentables applications, ne porte point.
Molière et tout ce qui le faisait rire m’est trop présent pour cela. […] Le président de Brosses, l’ami de Sainte-Palaye, qui s’occupait de la formation mécanique des langues, en négligeait tellement la formation historique, qu’il écrivait ces étranges paroles : « Assurément le français de Molière est plus éloigné de celui de Villehardouin qu’il ne l’est de Goldoni.
Tout le siècle, sauf une ou deux grandes exceptions (sauf Molière et La Fontaine), était comme Louis XIV. […] De Brosses s’est occupé de la formation mécanique des langues ; s’il s’était plus occupé de leur formation historique, de celle de la nôtre en particulier, il n’aurait pas écrit ces étranges paroles : « Assurément le français de Molière est plus éloigné de celui de Villehardouin qu’il ne l’est de l’italien de Goldoni. » 23.
Il serait oiseux de discuter si dans un avenir prochain les œuvres de Victor Hugo vivront dans la mémoire des hommes, comme celles de Molière et de La Fontainec en France ; de Heine et de Goethe, en Allemagne ; de Shakespeare en Angleterre ; de Cervantès, en Espagne ; ou bien si elles dormiront d’un sommeil profond à côté des poèmes du Cavalier Marin, feuilletés avec lassitude, seulement par quelques érudits, étudiant les origines de la littérature classique. […] La forme est pour lui la chose capitale, « ôtez, dit-il à tous ces grands hommes cette simple et petite chose, le style, et de Voltaire, de Pascal, de Boileau, de Bossuet, de Fénelon, de Racine, de Corneille, de La Fontaine, de Molière, de ces maîtres, que vous restera-t-il ?
[NdA] N’est-ce pas ici, au sérieux, la leçon pratique que Molière a mise partout en action dans ses comédies ?
Il lui semblait, comme à Martial, que pour créer des poètes, et de grands poètes, il ne s’agissait que de les encourager par des largesses ; il pense là-dessus comme Clément Marot, comme les poètes valets de chambre (avant que Molière en fût) ; il n’a pas de doctrine plus relevée, et, dans une pièce imitée de Martial même, il le dit très lestement au maréchal de Noailles, l’un de ses patrons d’autrefois : Dans ce beau siècle où Paris est au faite, Grâce à son roi, des biens, des dignités, Où sous son ombre elle élève sa tête Cent pieds de haut sur les autres cités, À concevoir vous trouvez difficile Pourquoi ce roi, plus couvert de lauriers, Plus grand qu’Auguste, a manqué de Virgile Pour consacrer ses triomphes guerriers.
Pourquoi aussi ces rapprochements périlleux et imprudents, cet exæquo, dès le début, avec Molière et avec Corneille ?
Ô Molière, où es-tu ?
Je passe à l’extrême opposé : ayant à parler de Chapelle, l’ami de Molière (18 mai 1855), il manque le caractère de l’homme et le rapporte à une famille d’esprits dont il n’était pas ; car ce Chapelle, qui avait assurément de l’esprit et du plus naturel, mais un franc ivrogne et un paresseux, lui paraît représenter une classe d’amateurs et de connaisseurs « d’un goût singulièrement fin, délicat, difficile, qui ont tout lu, qui savent toutes choses, etc. » Rien de moins exact et de moins justifiable. — C’est ainsi encore que, sur la foi d’un de ses maîtres, M.
On a dit de Saint-Simon ou de Molière, qu’il était le mâle de Mme de Sévigné ; mais c’était elle, Mme de Staël, qui par le talent et l’initiative était le mâle de Benjamin Constant.
Il faudrait, pour parler dignement de ce livre, un critique qui eût pris d’avance une potion de Rabelais ou de Molière ; le génie qui a inspiré la cérémonie du Malade imaginaire semble, à première vue, le seul esprit dans lequel il conviendrait de deviser d’un pareil Journal.