Comptez quarante mille Druses, véritables Helvétiens du Liban, peuple fier, industrieux, sédentaire, vivant immémorialement en fraternité avec les Maronites dans le même village, et en parfaite harmonie, malgré leur culte différent, toutes les fois que des médiations étrangères ne leur mettent pas les armes à la main pour défendre leur part de nationalité dans les mêmes montagnes. […] Qu’est-ce que cette Italie, enfin, que vous avez héroïquement purgée de ses envahisseurs étrangers, par deux victoires, mais que vous laissez conquérir aujourd’hui par des envahisseurs d’un autre sang qui l’incorporent à une monarchie ambitieuse et précaire, au lieu de l’affranchir dans la liberté, et de la fortifier par une confédération, république de puissances, où chaque nationalité garde son nom et prête sa main à la ligue universelle des races diverses et des droits égaux ?
Vous avez voulu dans votre œuvre que tout ce qui est de l’humain vous restât étranger. […] Des poèmes évangéliques avaient précédé ; mais, en dépit de la forme magistrale, l’onction manquait ; on sentait que le poète était là sur un terrain étranger à sa pensée.
Solness le Constructeur rêve de bâtir sur terre étrangère : il échoue. […] Dépouillons le souci tatillon et confus d’être profitable aux étrangers.
Jaloux de donner à cet Ouvrage le degré de perfection & d’utilité dont il est susceptible, d’après nos propres réflexions, d’après celles de nos amis & de plusieurs personnes distinguées qui s’intéressent à la cause que nous défendons, nous n’avons épargné ni soins, ni recherches, pour le rendre digne des suffrages nationaux & étrangers. […] Oui, malgré les hurlemens de l’orgueil & de la médiocrité ; malgré le persifflage des esprits frivoles & libertins ; malgré les froids raisonnemens des ames pusillanimes ; malgré l’indifférence de ces caracteres isolés qui ne prennent part à rien ; malgré les faux jugemens, les fausses critiques, les fausses imputations ; malgré son imperfection même, nous ne craindrons pas de l’avouer, nous avons vu notre Ouvrage accueilli & défendu par les personnes les plus respectables, estimé par les Littérateurs les plus distingués ; nous l’avons vu se répandre chez l’Etranger, mériter les éloges des plus sages Souverains, être réimprimé en plusieurs endroits, par un empressement général à se le procurer.
À l’étranger de même, il est inutile de tenir compte soit des travaux de Brandèscj qui suit Sainte-Beuve, soit de la critique anglaise qui est théologique avec M. […] Alfred Mézières (1826-1915) : originaire de Moselle, ce professeur de littérature étrangère à la Faculté des Lettres de Paris, co-fondateur du journal Le Temps, membre de l’Institut, puis de l’Académie française (1874), a notamment consacré des études à la littérature européenne (Pétrarque, Shakespeare, Goethe).
Il se trouve dans sa jolie pièce : L’Habitude : L’habitude est une étrangère Qui supplante en nous la raison, C’est une vieille ménagère Qui s’installe dans la maison, …………………………………… Cette vieille au pas monotone Endort la jeune liberté. […] Mais l’état d’âme, c’est le cas fréquent, peut très bien rester passif, partant stérile, ou même encore présider simplement aux manifestations les plus diverses de la vie extérieure, et rester ainsi étranger à toute poésie.
Faisant un effort pour parler, il lui adresse rapidement ces mots : Étranger, tu me parais bien différent de ce que tu étais avant d’avoir ces habits, et tu n’es plus semblable à toi-même. […] » Joseph ne pouvant plus se retenir, et parce qu’il était environné de plusieurs personnes, il commanda que l’on fît sortir tout le monde, afin que nul étranger ne fût présent, lorsqu’il se ferait reconnaître de ses frères.
Aussi, une fois que l’assemblée s’est séparée, que ces influences sociales ont cessé d’agir sur nous et que nous nous retrouvons seul avec nous-même, les sentiments par lesquels nous avons passé nous font l’effet de quelque chose d’étranger où nous ne nous reconnaissons plus. […] Voilà ce que sont les phénomènes sociaux, débarrassés de tout élément étranger.
Il y a tant de manières de mal exprimer sa pensée : le néologisme, l’abus des images, les termes techniques, les tours barbares ou étrangers, défauts qui mènent tous à n’être point entendu. […] Les lettres grecques et romaines, le moyen âge et les temps modernes, la France et les pays étrangers, ont comparu, à leur tour devant cet infatigable tribunal qui commence aujourd’hui à se juger lui-même.
L’ingénieux Vapereau, l’historiographe de nos grands hommes, a tourné la difficulté affligeante et écrit cette phrase de consolation qui nous rend Buloz sans le prendre à la Suisse : « Buloz (François), littérateur français, d’origine étrangère. » Et c’est si bien trouvé, et c’est si joli, que tout le monde a été content, et moi surtout !!! […] On s’abreuvait à toutes les sources de la littérature étrangère, qui ne suffisaient pas… et l’exigence universelle était pour la France (pour la jeune France comme on disait alors) de n’être inférieure, en quelque production intellectuelle que ce pût être, à l’Angleterre ou à l’Allemagne.
Si un jour, et dans l’absence et sous les cris de paon des hidalgos révoltés contre le grand étranger auquel ils ne voulaient plus obéir, Isabelle fut sur le point de renier celui qui lui avait donné un monde, il faut rappeler qu’elle était femme et qu’elle aimait son époux. […] Une femme jeune, noble et belle, se dévoua à sa destinée et l’épousa, quoiqu’il fût étranger et pauvre et qu’il eût sur le front des cheveux blancs.
Semblables aux Tartares qui, quinze cents ans après, subjuguèrent la Chine, ou plutôt semblables à ces valets d’armée, qui, dans une prise d’assaut, pillent tout, et le lendemain enrichis des dépouilles, joignent un faste étranger à leur pauvreté réelle, les Romains dans leur gloire même devaient faire pitié aux Grecs, avant que les vaincus eussent instruit et poli leurs vainqueurs ; dans la suite même, tous les arts du dessin ne furent cultivés avec succès à Rome que par les Grecs ; il fallait que des Grecs leur bâtissent leurs temples, leurs portiques, leurs arcs de triomphe ; que des Grecs ornassent de peintures les murs de leurs palais. […] Bientôt cet honneur devint commun ; la flatterie et le mensonge ne tardèrent point à le corrompre ; on exagéra le bien, on fit disparaître le mal, on supposa des actions qui n’avaient point été faites, on créa de fausses généalogies ; enfin, à l’aide de la ressemblance des noms, on se glissa dans des familles étrangères, tant la fureur d’exister par ce qui n’est plus, et de prendre un nom pour du mérite, a été commune à tous les siècles.
Pendant ce séjour à l’étranger, il acheva de prendre rang comme écrivain par de piquants ouvrages, des portraits, des romans, etc.
Mais comment voudroient-ils, à travers les dangers, Poursuivre ma vengeance en des bords étrangers, Eux, que leur intérêt & l’amour de la vie Ont à peine arrachés du sein de leur patrie ?
Mais, de nos jours, quand les monastères, ou la vertu qui y conduit, ont manqué à ces âmes ardentes, elles se sont trouvées étrangères au milieu des hommes.
Inquiets et volages dans le bonheur, constants et invincibles dans l’adversité, formés pour les arts, civilisés jusqu’à l’excès, durant le calme de l’État ; grossiers et sauvages dans les troubles politiques, flottants comme des vaisseaux sans lest au gré des passions ; à présent dans les cieux, l’instant d’après dans les abîmes enthousiastes et du bien et du mal, faisant le premier sans en exiger de reconnaissance, et le second sans en sentir de remords ; ne se souvenant ni de leurs crimes, ni de leurs vertus ; amants pusillanimes de la vie pendant la paix ; prodigues de leurs jours dans les batailles ; vains, railleurs, ambitieux, à la fois routiniers et novateurs, méprisant tout ce qui n’est pas eux ; individuellement les plus aimables des hommes, en corps les plus désagréables de tous ; charmants dans leur propre pays, insupportables chez l’étranger ; tour à tour plus doux, plus innocents que l’agneau, et plus impitoyables, plus féroces que le tigre : tels furent les Athéniens d’autrefois, et tels sont les Français d’aujourd’hui.
Les besoins de la vie qui disposent impérieusement de nous égarent les talens qu’ils appliquent à des choses qui leur sont étrangères et dégradent souvent ceux que le hazard a bien employés.
C’était un pâtre d’un châlet voisin qui accourait, envoyé vers nous par deux étrangers abrités, comme nous cherchions à nous abriter nous-mêmes, sous son toit de feuilles. Ces deux jeunes et aimables étrangers, nous dit le pâtre, étaient le prince Napoléon et la princesse Charlotte, sa femme, arrivés un peu avant nous au monastère, et, comme nous, repoussés du seuil par l’affluence des pèlerins aux Camaldules. […] Un jeune et héroïque étranger, d’un grand nom, exilé comme elle de sa patrie et errant en Italie, comme elle, après l’ombre de la liberté, avait son amour. […] On n’a pas lu la dernière lettre, on n’a pas su avec quel indiscret étranger Léopold s’était entretenu, ce jour-là, sur le quai de Venise. Tout est resté mystère, conjecture, énigme, dont un seul homme a le mot, l’illustre étranger aimé d’une femme morte, et qui ne peut, sans sacrilège, trahir sa vie et sa mort !
Goethe, quoique étranger à l’art militaire, avait suivi courageusement son cher duc jusque sur les champs de bataille. […] Schiller, quoique étranger au professorat et à l’histoire, ouvrit son cours en 1789 avec un succès qui prouvait son aptitude universelle. […] L’enfant se sépare fièrement de la jeune fille ; il se précipite avec impétuosité dans le courant de la vie ; il parcourt le monde avec le bâton de voyage et rentre étranger au foyer paternel, et il voit devant lui la jeune fille charmante dans l’éclat de sa fraîcheur, avec son regard pudique. […] C’en est fait de sa direction assidue, de sa vigilante sollicitude, et désormais l’étrangère régnera sans amour à son foyer désert. […] « Elle me lisait ses poésies, et se réjouissait de mon approbation comme si j’avais été un grand public ; c’est qu’aussi je témoignais un vif désir de les entendre : non pas que je comprisse ce que j’entendais ; c’était plutôt pour moi un élément inconnu, et ses doux vers agissaient sur moi comme l’harmonie d’une langue étrangère qui vous flatte sans qu’on puisse la traduire.
Le canonico et le professore me prirent assez vite en amitié, par indulgence d’abord pour ma jeunesse, par complaisance ensuite pour la comtesse Léna, qui me traitait en frère plus qu’en étranger, et enfin pour ma prédilection de novice en faveur de la langue et de la poésie italiennes : seulement ils se hâtèrent de me prémunir contre mes enthousiasmes juvéniles et inexpérimentés pour la Jérusalem délivrée et pour le Tasse. « Poème et poète de décadence, d’afféterie et de boudoir, me disaient-ils tous les deux, avec une moue de mépris sur les lèvres. […] Prêtez-moi votre divin poème, mon cher professeur, ajouta-t-il en se tournant vers son ami le rhétoricien érudit de Padoue, je me charge de mettre le sinet aux pages avant la lecture, de telle façon que le jeune étranger, la comtesse et même ma petite-nièce Thérésina, pourront tout lire ou tout écouter sans qu’il monte une image scabreuse à l’imagination du jeune homme, ou une rougeur au front de l’innocente. […] La fille de notre roi, lui racontent-ils, accusée justement ou injustement d’un commerce clandestin avec un étranger, est condamnée par la loi sévère du pays à mourir, à moins que, dans l’espace d’un mois entre le crime et le supplice, un chevalier secourable et vainqueur ne vienne, les armes à la main, prendre sa défense et faire mentir son accusateur. […] Cet étranger se nommait Ariodant. […] Une fille de roi, aimée d’un paladin de la cour de son père ; une amitié tendre entre cette princesse et sa suivante, devenue en grandissant avec elle son amie ; la séduction de cette Olinde par un débauché qui abuse de son innocence, cette ruse infernale de l’échange des vêtements sur le balcon, qui donne l’apparence du crime à l’innocence endormie ; le désespoir de ce fidèle amant, témoin de la fausse infidélité de celle qu’il respecte et qu’il adore, le silence qu’il s’impose, et la mort qu’il essaye de se donner pour ne pas flétrir celle qui lui perce le cœur ; ce Renaud, étranger à tous ces intérêts d’innocence, d’amour ou de crime, qui vient, par le pieux culte de la femme et de la justice, se jeter l’épée à la main dans cette mêlée comme la Providence ; ce vieux roi, qui pleure sa fille et qui la livre à sa condamnation à mort par respect pour les mœurs féroces de son peuple ; cet Ariodant, qui se revêt chez l’ermite de son armure de deuil, et qui va combattre masqué contre son propre frère pour le salut de celle dont le crime apparent le fait mourir deux fois ; ce repentir et cette confidence de la suivante Olinde dans la forêt, retrouvée comme la vérité au fond du sépulcre ; ce Renaud, qui interrompt heureusement le combat fratricide entre Ariodant et Lurcin, qui tue Polinesso et qui lui arrache la confession de l’amour de Ginevra ; ces deux amants qui se retrouvent, l’une dans son innocence, l’autre dans son dévouement, et qui s’unissent dans les bras du vieux roi aux acclamations du peuple !
Mais ce peuple a-t-il consulté d’autre loi que sa colère, quand il a attaqué ce vieux donjon sans défenseurs et ce vieux cachot sans prisonniers, et massacré en allant triompher à l’Hôtel-de-Ville le gouverneur et les victimes très étrangères à ces événements ? […] Restait la plus grande difficulté ; il nous fallait des passeports pour sortir de Paris et du royaume ; nous fîmes si bien pendant ces deux ou trois jours, que le 15 ou le 16 nous en avions déjà obtenu, en qualité d’étrangers, moi de l’envoyé de Venise, mon amie de celui de Danemark, qui, seuls à peu près de tous les ministres, étaient restés auprès de ce simulacre de roi. […] Nous sûmes depuis que nous étions les premiers étrangers qui eussent quitté Paris et le royaume, depuis la catastrophe du 10 août. […] Bien qu’étranger, je devais craindre un traitement pareil ou plus cruel encore, car il était naturel que l’on m’eût signalé aux Français comme un contempteur et un ennemi de leur autorité. […] Du reste, le plus grand ennui et le plus oppressif, la corvée de loger le soldat, la commune de Florence eut l’heureuse idée de m’en exempter en qualité d’étranger, et comme ayant une maison étroite et trop petite.
Il est temps que la raison cesse de critiquer les religions comme des œuvres étrangères, élevées contre elle par une puissance rivale, et qu’elle se reconnaisse enfin dans tous les produits de l’humanité, sans distinction ni antithèse. […] Longtemps encore après que les modernes se furent créé des moyens d’observation plus parfaits, il resta de nombreuses causes d’aberration, qui défaçonnaient et altéraient de couleurs étrangères les contours des objets. […] Les religions, non plus que l’homme individuel, ne se rappellent leur enfance, et il est bien rare que des documents étrangers viennent lever l’obscurité qui entoure leur berceau. […] Le christianisme est primitivement un fait juif, comme le bouddhisme un fait indien, bien que le christianisme, comme le bouddhisme, se soit vu presque exterminé des pays où il naquit et que le mélange des éléments étrangers ait pu faire douter de son origine. […] Il paraît, du reste, que le culte primitif de l’Égypte se rapprochait de la simplicité sémitique et que le symbolisme polythéiste y fut une importation étrangère.
L’intrusion des littératures étrangères a compliqué encore le désordre. […] Quirin, de même, par ses chutes, montrera que la mystique était en lui une étrangère qui abuse de l’hospitalité. […] Ravaillac et le roi Henri sont prodigieusement étrangers l’un à l’autre. […] Telle est La Tragédie de Ravaillac, étrangère à cette époque-ci, étrangère à toute « actualité » contemporaine. […] Mme de Noailles paraît étrangère à tout cela.
S’il est des moments où l’âme est comme arrachée à elle-même par les monuments de l’histoire, par les œuvres de l’art ou par les beautés de la nature, elle se lasse bientôt de cette admiration solitaire ; elle sent le vide de son bonheur plus vite et plus longtemps qu’elle n’en a joui ; et rassasié d’émotions nouvelles, fatigué d’effleurer tant de choses et de livrer sans cesse la voile aux quatre vents, on aime, croyez-moi, dans ces heures de chagrin morne qui sont si fréquentes sous un toit étranger, on aime à rentrer en soi-même, à remonter le cours de la vie, à ranimer ses plaisirs et ses tristesses d’autrefois, à chercher dans les replis les plus cachés du cœur ces noms aimés, ces chers visages que la mort seule y peut effacer. […] Ici le contraste est parfait : Gandar et About, deux cerveaux disparates ; l’antithèse, pour qui les connaît, saute aux yeux et rit à l’esprit : l’un grave, consciencieux, religieux aux anciens, déférant aux modernes, se tenant dans sa voie et ne s’en laissant détourner par rien ; portant du sérieux et de l’affection en tout, de cet approfondissement attentif et pénétré, quelque peu étranger à la nature française, et que les Allemands qui se l’arrogent expriment très bien par le mot Gründlichkeit, réalisant encore l’idée du σπουδαῖος d’Aristote, l’homme vertueux et non léger ; un gros front énorme venant en surcroît au portrait163 : l’autre gai, vif, ironique, espiègle même, le nez au vent, la lèvre mordante, alerte à tout, frondant sans merci, à l’exemple de Lucien ne respectant ni les hommes ni les dieux : chez l’un l’École normale en plein exercice et développement de son professeur modèle, dans tout le large de la tradition régulière et directe ; chez l’autre cette même École en rupture de ban, en pleine dissipation et feu d’artifice d’homme d’esprit émancipé, lancé à corps perdu à travers le monde, mais d’un homme d’esprit, remarquez-le, dont c’est trop peu dire qu’il pétillé d’esprit, car sous sa forme satirique et légère il fait bien souvent pétiller et mousser le bon sens même, et toujours dans le meilleur des styles : toutes qualités par où il témoigne encore de son excellente nourriture et tient, bon gré mal gré, de sa mère. […] Rentré en France, il soutint ses thèses en 1854, fut nommé l’année suivante professeur suppléant de littérature ancienne à la Faculté de Grenoble, n’y resta qu’un semestre marqué par un fort bon discours d’ouverture sur Athènes, son génie et ses destinées ; nommé presque aussitôt à la Faculté de Caen professeur de littérature étrangère, il y fit quatre cours complets, de 1856 à 1860, et y traita successivement de Goethe, de Dante, de Pétrarque, de Shakespeare et de ses imitateurs, de Schiller, de Goethe encore, de Machiavel et des grands Italiens, écrivains ou artistes de la Renaissance. […] Il avait commencé ce cours de littérature étrangère par Goethe, auquel il devait encore revenir plus tard ; mais après ce prélude, qui était une entrée en matière relativement facile, il aborda la difficulté de front, par les sommets, et s’attaqua à Dante. […] Les temps commandent aux gens de cœur de demeurer étrangers à la vie publique ; lorsqu’on n’y recueille que des inquiétudes, il faut s’étudier à l’indifférence ; pour moi, j’oublie et j’ignore ; ce n’est pas sans peine, et je fais violence à ma nature qui aspire à tout autre chose que l’apathie et l’inaction ; mais le mouvement du voyage, Homère et les écrits que je me hâte de terminer me sont si à propos venus en aide, que les jours passent sans que j’y songe et sans que je me mêle le moins du monde à toute l’agitation qui m’entoure. » D’autres passages de ses lettres sont encore plus expressifs : un notamment à propos des souvenirs du duc de Reichstadt, retrouvés à Vienne ; il a dû être supprimé à l’impression.
Lorsque la cérémonie expiatoire fut terminée, Crésus, voulant savoir qui était cet homme et d’où il sortait, lui adressa la parole en ces termes : « Étranger, dites-moi qui vous êtes, de quel lieu de la Phrygie êtes-vous venu vous asseoir en suppliant près de mes foyers ? […] — Ô roi, répondit l’étranger, je suis fils de Gordius et petit-fils de Midas. […] Dans son désespoir, il invoquait Jupiter Expiateur, et le prenait à témoin du crime de l’étranger qu’il avait admis chez lui comme son hôte. […] » À cette nouvelle question, les mages répondirent : « Ô roi, il est tout à fait dans notre intérêt que votre empire s’affermisse ; s’il tombe dans une nation étrangère en passant à cet enfant, Perse d’origine, nous, qui sommes Mèdes, descendus au rang de sujets, nous ne sommes plus rien en comparaison des Perses, nous devenons nous-mêmes étrangers. […] Quelque temps après cette proscription, Épialte revint à Anticyre où il fut tué par un habitant de Trachis nommé Athénade, mais pour un motif étranger à sa trahison, et que j’aurai par la suite l’occasion de faire connaître.
Or rien de nouveau, en France surtout, ne peut surgir que de l’étranger, de l’exotisme. […] La littérature du moyen âge fut plusieurs fois renouvelée par l’apport étranger, influences bretonnes, influences grecques. […] Le romantisme n’est qu’un mélange d’influences étrangères où l’Angleterre tient encore la première place. […] Malgré cette politesse qu’ils nous font d’adopter notre transcription de quelques noms étrangers, je ne crois pas que nous devions leur rendre la pareille. […] Laissons leur Ghent pour leur usage personnel et respectons, quant à nous, le privilège que nous a donné la tradition de franciser hardiment les noms étrangers anciennement connus.
Les poètes et les penseurs les plus éminents du siècle de Louis XIV étaient restés profondément étrangers à la connaissance des arts plastiques. […] Or l’artiste qui obéit à une vocation puissante, qui subit l’appel irrésistible de l’idéal, qui a soif du beau, n’a pas la pensée de se détourner et de s’arrêter pour puiser à des sources étrangères. […] Étranger à l’homme en quelque sorte, il vient d’ailleurs et de plus haut. […] Les ressources, d’ailleurs, qu’on emprunte à ces auxiliaires étrangers sont de ces secours qui nous affaiblissent. […] La vérité scientifique n’a point d’action sur le cœur quand elle est réduite à elle-même, quand elle n’est pas combinée avec un élément étranger.