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58. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

En les méditant, on arrive à connaître le paysan russe aussi parfaitement que si on avait passé sa vie dans le pays. […] Ils partent ensemble, ils arrivent à la tombée de la nuit près du moulin où l’on refuse d’abord de les recevoir. […] six mois après, je la vois arriver de nouveau vers moi avec la même prière. […] Nous arrivâmes enfin à l’extrémité du ravin. […] … Vous y arrivez en courant : vous entrez… Quelle pluie !

59. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

Comment arriver à l’âme endurcie contre les paroles par tant d’expressions mensongères ? […] Jetez les yeux sur une foule nombreuse ; combien de fois ne vous arrive-t-il pas de rencontrer des traits dont l’expression amie, dont la douceur, dont la bonté vous présagent une âme encore ignorée, qui entendrait la vôtre, et céderait à vos sentiments ! […] Mais si les vérités morales parviennent un jour à la démonstration, et que la langue qui doit les exprimer arrive presque à la précision mathématique, que deviendra l’éloquence ? […] Il est souvent arrivé de séduire un individu, en lui parlant seul, par des motifs malhonnêtes ; mais l’homme, en présence des hommes, ne cède qu’à ce qu’il peut avouer sans rougir. […] Ce qui est vrai dans le fanatisme politique, c’est l’amour de son pays, de la liberté, de la justice, égale pour tous les hommes, comme la Providence éternelle ; mais ce qui est faux, c’est le raisonnement qui justifie tous les crimes pour arriver au but que l’on croit utile.

60. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

Il a fallu y arriver par une autre voie, par l’expérimentation. […] Quoiqu’il en soit, voici les résultats auxquels il sont arrivés. […] Mais il est difficile de comprendre comment ils arrivèrent à trouver que ce liquide était acide dans certaines circonstances. […] Voici ce qui nous arriva à propos du pancréas. […] Il arrive même quelquefois, lorsque la salive est très alcaline, qu’il y a en réalité une émulsion.

61. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre II. De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »

Les vibrations qui m’arrivent sont les mêmes qui frappent leurs oreilles. […] Il n’arrivait donc pas, probablement, à les séparer et à les distinguer. […] Il semble que le malade n’ait plus la force de ressaisir ses souvenirs acoustiques, qu’il tourne autour de l’image verbale sans arriver à se poser sur elle. […] Ainsi la théorie se compliquait de plus en plus, sans arriver pourtant à étreindre la complexité du réel. […] C’est alors par degrés successifs que l’idée arrive à prendre corps dans cette image particulière qui est l’image verbale.

62. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Quelquefois cependant il est arrivé à M.  […] comment est-il arrivé à confondre la succession et l’enchaînement ? […] Hugo est arrivé au théâtre comme au roman, par l’ode. […] La pièce de M. de Vigny arrivait après les ouvrages de MM.  […] Les applaudissements, s’ils lui arrivent, ne lui appartiendront jamais sans partage.

63. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Qu’arrive-t-il ? […] Arrivé à ces cimes terribles que le regard peut à peine mesurer, M.  […] Arrivé à la théorie du drame, M.  […] Par une pente irrésistible, il arrive à souhaiter la mort de sa victime. […] C’est ce qui arrive nécessairement toutes les fois que le style manque d’unité.

64. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Mais il ne riait jamais, ou il lui arrivait d’être saisi d’une sorte de rire convulsif qui le rendait malade. […] Que de rêves ne fit-il pas jusqu’à ce qu’il arriva à la porte de sa maison ? […] « Voilà ce qui lui arrive toujours quand il rit ainsi, murmura Michel. Je n’y comprends rien. » Viéra arriva toute troublée et les yeux rouges. […] Lorsque Guérassime arriva à la maison, l’aspect de ce rude colosse lui fit peur.

65. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Imprudent qui s’amuse à déplacer des idées, c’est l’expression même qu’il faut déplacer, l’idée arrive ensuite, obéissante à la parole nouvelle. […] Un jour que ces messieurs étaient de frérie, il arriva que M. de Grammont se mit, au début, à chanter une chanson galante ; à cette chanson galante, M. de Fronsac répondit par des gravelures — « que diable ! […] Il faut avoir partagé l’émotion de cette soirée, dramatique, s’il en fut, pour arriver à un juste idée de ce que peut être une réunion d’honnêtes gens qui aiment sincèrement les beaux-arts. […] Alors vraiment arriva la fin du monde, et nul depuis ce temps, n’a osé reprendre cette facile, et dangereuse conversation du siècle révolté de Voltaire et de Diderot. […] disait-elle, nous sommes venus de bien loin, mon mari et moi, pour vous voir jouer une fois encore, mais nous sommes arrivés trop tard ! 

66. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

J’arrive à La Fontaine considéré comme touriste. […] Ils arrivent, Jannart, La Fontaine et le « valet de pied du Roi », ils arrivent à Port-de-Piles. […] Il pourra même arriver, si vous goûtez ce récit, que vous en goûterez après de plus sérieux. […] Mais figurez-vous le malheur qui est arrivé à La Fontaine. […] Mais vous voyez : il arrive avec M. 

67. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

Et les magasins sont forcés, les convois de grains arrêtés, les marchés pillés, les boulangers pendus, le pain taxé, en sorte qu’il n’arrive plus ou se cache. […] Arrive la maréchaussée, les braconniers font ferme et la repoussent. […] En attendant, ils sont transférés de brigade en brigade dans les prisons qui se trouvent sur la route, où ils séjournent jusqu’à ce qu’il en soit arrivé un assez grand nombre pour former un convoi. Les hommes et les femmes sont renfermés dans la même prison, et il en résulte toujours que celles qui n’étaient pas grosses quand elles ont été arrêtées le sont toujours quand elles arrivent au dépôt. […] Dialogues sur le commerce des blés, par Galiani (1770). « Si les forts de la halle sont contents, il n’arrivera aucun désastre à l’administration.

68. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Elle s’y refusa, et, sur l’ordre du gouverneur, quatre fusiliers arrivèrent pour l’y décider. […] Si Barnave a jamais atteint à quelque chose qui approche de ce qu’on peut appeler le sentiment ou l’expression poétique (accident chez lui très rare), c’est ce jour-là qu’il y est arrivé par l’émotion. […] Quel espace immense franchi dans ces trois années, et sans que nous puissions nous flatter d’être arrivés au terme ! […] Cependant, pour peu qu’on réfléchisse, on se convainc que, quoi qu’il arrive, nous ne pouvons pas cesser d’être libres, et que les principaux abus que nous avons détruits ne reparaîtront jamais. […] Il aurait vu arriver ce moment qu’il prévoyait, où la nation, rassasiée de discours, se jeta tout entière du côté de la victoire.

69. (1881) Le roman expérimental

Nous arrivons ainsi à l’hypothèse. […] C’est ce qui vient d’arriver ; on a pu voir M.  […] J’arrive à M.  […] J’arrive à la langue. […] Enfin, il arrive.

70. (1860) Ceci n’est pas un livre « Le maître au lapin » pp. 5-30

Il aurait pu certainement, en aidant son talent d’un peu d’intrigue, — à l’instar de ses camarades de la littérature et des arts, — arriver, lui aussi, c’est-à-dire vivre. […] Un dernier mot sur l’homme — et j’arrive à l’artiste. […] Puisque ce n’est pas à l’aide des personnages eux-mêmes, comment et par quoi arrivera-t-il à produire cette impression ? […] Il pourrait bien m’arriver ce qui arriva à certain journaliste de Toulouse. […] Que cela ne vous arrive plus. » Et il sortit. — Vous reconnaissez à ce trait l’homme droit jusqu’à la brutalité que je vous ai présenté en commençant.

71. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

. — Soit une comédienne excellente qui simule très bien la douleur ; devant elle, nous arrivons presque à l’illusion ; un spectateur novice ou passionné y arrive tout à fait ; témoin ce soldat de garde qui, sur un théâtre d’Amérique, voyant jouer Othello, cria tout d’un coup : « Il ne sera pas dit que devant moi un méchant nègre ait tué une femme blanche » ; sur quoi il ajusta l’acteur et d’un coup de fusil lui cassa le bras. — Nous n’allons pas si loin ; mais quand la pièce est très bonne et imite de très près la vie contemporaine, aujourd’hui encore, dans une première représentation, les exclamations supprimées, les rires involontaires, cent vivacités montrent l’émotion du public. […] Mais ce sera une correction ultérieure et supplémentaire, une rectification sur une rectification, un second et dernier stade dans la série des réductions par lesquelles l’image passe pour arriver à paraître telle qu’elle est effectivement. — Au premier stade, à l’instant où nous sommes, elle m’apparaît encore comme sensation, non pas comme sensation actuelle, ainsi qu’il arrive dans l’hallucination proprement dite et dans le rêve, mais comme sensation passée et située à une distance plus ou moins grande du moment où je suis, comme la sensation d’un certain bleu lustré et d’un certain blanc mat, intercalée entre mes sensations actuelles et d’autres sensations plus lointaines. — Et de fait, quand une série un peu longue de souvenirs bien liés s’éveille en nous, quand nous repassons en esprit telle journée notable d’un voyage intéressant, nous nous croyons en face de faits éloignés, mais réels. […] Quand je pense à la vieille pendule qui est dans l’autre chambre, quand, au moyen de paroles mentales, je suis dans ma tête un long raisonnement, quand je me développe ce qui pourrait bien arriver si je faisais telle démarche, non seulement j’ai dans l’esprit l’image de la pendule, l’image des sons et des mouvements vocaux que comporterait mon raisonnement prononcé à haute voix, l’image des gestes, émotions, événements que provoquerait en moi et hors de moi ma démarche, mais encore je sais que toutes ces images sont de simples images actuelles. […] Ils arrivent à se donner des moments d’hallucination ; mais ce ne sont que des moments. […] Cet acte est vide ; d’où il arrive que nous l’estimons pur, simple, spirituel : l’erreur est justement celle où nous tombions tout à l’heure à propos de la perception extérieure et de la mémoire. — En somme, ici comme ailleurs, l’événement intérieur se réduit à la conception, représentation ou fantôme actuel intérieur ; la connaissance qu’il est tel, c’est-à-dire actuel, interne et fantôme, n’est pas autre que la rectification ou négation par laquelle il est exclu du dehors, du futur et du passé.

72. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Aussi, quand il leur arrive quelque disgrâce, ils n’en sont point accablés, comme la plupart des autres hommes. […] Le soir, nous arrivâmes à Anarghie, percés de pluie jusqu’aux entrailles. […] Après une heure de navigation, nous arrivâmes à la mer. […] Il venait d’arriver à ce sujet, lorsque j’étais à Tiflis, une aventure fort pitoyable. […] Enfin il continue son voyage et arrive à Ispahan.

73. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

« Cependant, nous dit Foucault, étant partie le lendemain de Saint-Jean-Pied-de-Port à quatre heures du matin, notre petite troupe n’arriva qu’à dix-heures du soir, ayant trouvé trois pieds de neige à deux lieues de Roncevaux. […] M. de Bellefonds étant arrivé, leur confirma ce que je leur avais dit. […] Je logeai chez le sous-prieur, chez lequel je vis une très-jolie fille qui disparut un moment après que-je fus arrivé. […] De rigueurs, il n’en fut un moment question que pour en rejeter aussitôt l’idée, et Foucault se fit fort d’arriver au but par une tout autre méthode que celle de son prédécesseur, laquelle avait si mal réussi. […] Ce terme expiré, ils me demandèrent encore huit jours pour donner le temps à leur courrier d’arriver.

74. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre premier. La contradiction de l’homme » pp. 1-27

L’opium et l’alcool sont des produits sociaux, et, par notre intermédiaire, ils arrivent parfois à gâter même la vie des bêtes. […] Il m’arrivera aussi de faire quelques sacrifices, soit par affection naturelle, soit pour acheter un plaisir au prix d’un plaisir moindre. […] Il arrive ainsi que nous préférons tout naturellement le bien des autres. […] Ainsi, grâce à l’école, aux tribunaux, aux gendarmes, nous arrivons à payer régulièrement nos impôts, à faire notre service militaire, à nous priver de tuer, de blesser autrui, de prendre ostensiblement son bien. […] Il ne faut pas nier qu’on puisse arriver ainsi à quelques résultats.

75. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Certes, non ; mais pour arriver à une appréciation plus exacte des choses, nous avons dû passer par bien des niaiseries. […] il arrive à M.  […] Ainsi qu’il arrive pour tous les efforts difficiles, M.  […] Toute sa famille littéraire, le passé et le présent, se trouva enveloppée un beau jour dans la même défaite ; il arriva que le public ne voulut plus qu’on lui en parlât, et alors, chose curieuse, on vit le contraire de ce qui arrive dans les batailles. […] Il arriva ce qu’on devait attendre.

76. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Introduction »

Wallace, qui étudie actuellement l’histoire naturelle de l’archipel malais, est arrivé presque exactement aux mêmes conclusions que moi sur l’origine des espèces. […] Je ne puis y donner que les conclusions générales auxquelles je suis arrivé, avec quelques exemples qui suffiront pourtant, je l’espère, dans la plupart des cas. […] Quand on réfléchit à ce problème de l’origine des espèces, en tenant compte des rapports mutuels des êtres organisés, de leurs relations embryologiques, de leur distribution géographique et d’autres faits analogues, il semble naturel tout d’abord qu’un naturaliste arrive à conclure que chaque espèce ne peut avoir été créée indépendamment, mais doit descendre, comme les variétés, d’autres espèces. […] Il est pourtant de la plus haute importance d’arriver à une conception claire des moyens de modification et d’adaptation employés par la nature.

77. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

… Ce qu’il y a de plus terrible dans mon affaire, c’est que le misérable état de situation qui en est le prétexte arrivait sans doute à Dresde au moment même où le courrier qui vient de me déshonorer aux yeux de l’armée en partait. […] Moreau est arrivé à l’armée russe. […] Arrivé le 16 août à Prague, il reçut de l’empereur Alexandre l’accueil bienveillant auquel il pouvait s’attendre. […] An quartier général des souverains alliés, pendant toute cette campagne de France, les envoyés des diverses parties de la Suisse arrivaient, s’agitaient et, dans l’intervalle des combats, plaidaient pour leurs intérêts ou pour leur cause. […] Moreau était arrivé à Prague le 16 août peu d’heures avant Jomini, mais Jomini ne se rencontra avec lui pour la première fois que le 2 !

78. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

Pendant que M hiers entrait au Constitutionnel par M tienne, M ignet arrivait par Châtelain au Courrier, et y prenait rang d’abord dans des articles sur la politique extérieure qui eurent l’honneur d’être remarqués de M e Talleyrand. […] Lui et M hiers, d’ailleurs, ils arrivaient à Paris avec une pensée arrêtée en politique, avec une opinion déjà faite, qui aidait beaucoup à la résolution de leur marche et qui simplifiait leur conduite. […] L’homme, il faut bien se le dire, n’atteint en rien la réalité, le fond même des choses, pas plus en histoire que dans le reste ; il n’arrive à concevoir et à reproduire que moyennant des méthodes et des points de vue qu’il se donne. […] J’avoue (et j’en demande pardon à la philosophie de l’histoire) que tout cela fait bien rêver ; on arrive, après cette lecture, à croire sans trop de peine, et presque comme si l’on avait été ministre dans le bon temps, que tous les grands politiques ont été plus ou moins de grands dissimulateurs, pour ne pas dire un autre mot. […] De nouveaux documents arrivés d’Espagne, et relatifs au rôle de Philippe II dans le meurtre d’Escovedo, permettent à l’auteur de préparer une prochaine édition plus complète, et dans laquelle ses premières conjectures se trouveront confirmées.

79. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

C’est celui-ci, qui arrive chez Giraud, examine l’effraction, et dit : « Ça, c’est un maçon… et c’est un limousin. » Puis au bout de quelques instants de réflexion : « Et c’est un tel. » C’est celui-là qui arrive chez un autre monsieur volé, lui demande à voir les gens de service, adresse à l’un cette question : — Est-ce que je ne vous ai pas vu à l’estaminet du Helder ? […] Et il m’est arrivé ces temps-ci de me priver de regarder, tout un jour de travail, un objet acheté la veille et apporté le matin. […] Et Castellani ne doute pas qu’en fouillant plus profondément, on arrive à une seconde succession de couches, dont la dernière renfermera des objets de l’âge de pierre… Le Tibre, ce qu’il contient ! […] L’enfant avoue. « Mais, lui dit l’Empereur, tu l’as donc fait exprès, car il est impossible qu’il y en ait autant de brisés… voyons, dis-moi comment c’est arrivé ?  […] Il y avait déjà plusieurs jours de festoieries de la sorte, quand le Français demandait au mandarin de le faire arriver à une conclusion.

80. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES » pp. 456-468

Ceux à qui il arrive d’exprimer quelques vérités qui peuvent sembler profondes et hardies, ne doivent pas trop s’enorgueillir ; car, il faut bien se l’avouer, arrivés à un certain âge, la plupart des hommes, je veux dire des hommes qui pensent, pensent au fond de même ; mais peu sont dans le cas de produire ouvertement et de pousser à bout leur pensée. […] En vain les Adolphe et les René se croient le privilége de leurs orages ; tous les jeunes cœurs sensibles passent à peu près par les mêmes phases d’émotion, comme plus tard les judicieux arrivent aux mêmes résultats d’expérience. […] Il vient un moment triste dans la vie, c’est lorsqu’on sent qu’on est arrivé à tout ce qu’on pouvait espérer, qu’on a acquis tout ce qu’on pouvait raisonnablement prétendre. […] Mais, en avançant, il arrive que nos pensées et nos sentiments ne peuvent plus remplir notre solitude ; — ou du moins ils ne peuvent plus la charmer.

81. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Ils parcoururent ainsi l’espace de quarante-cinq stades pour arriver au temple. […] Ils arrivent au mont Olympe, et l’on se met en quête du sanglier. […] Un messager, arrivé en toute hâte à Sardes, annonça à Crésus et le succès de la chasse et la mort de son fils. […] Arrivé chez lui, il confia les ordres qu’il avait reçus d’Astyage à sa femme, qui lui demanda quel était son dessein ? […] Il raconta ensuite à sa femme ce qui était arrivé, et lui fit partager sa joie.

82. (1925) Comment on devient écrivain

Ce n’est pas par le talent qu’on arrive, mais par la camaraderie et les relations. […] C’est par la nouveauté des procédés que l’art évolue et qu’on arrive à Cézanne. […] Il faut arriver à comprendre le réalisme comme le comprenait Balzac. […] C’est un peu ce qui est arrivé à Judith Gautier. […] Cela consiste à démontrer les effets et les causes et toute la liaison des événements humains, à expliquer comme quoi tout ce qui arrive ne pouvait arriver autrement.

83. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Mais je me permettrai de vous demander si vous croyez donc que vous serez plus libre d’engagement, si vous arrivez par les légitimistes, les républicains ou une nuance quelconque de la gauche que par le juste milieu. […] Mais vous n’avez pu croire que je prisse assez peu au sérieux le métier que je fais pour désirer de vous voir arriver sous l’un des drapeaux de nos adversaires. […] Si vous arrivez, je m’en féliciterai pour vous, et d’autant plus, permettez-moi de l’ajouter, que la pratique des affaires et des hommes pourra vous rapprocher de ces malheureux ministres qu’il vous paraîtrait si fâcheux aujourd’hui de paraître appuyer. […] Je vous assure que je vois arriver ce moment avec une grande anxiété et une sorte de terreur. […] Cette méthode, qui est singulière et toute personnelle, une vraie méthode a priori, est chez lui invariable et inflexible ; il n’a pas l’idée de la modifier selon les sujets, il faut que les sujets s’y accommodent et arrivent bon gré mal gré sous sa prise.

84. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

La meilleure manière d’arriver à être juste pour M.  […] Voilà une recrue plébéienne qui lui arrivait, sur laquelle il ne comptait pas : un Cadoudal à côté du La Rochejaquelein. […] parce qu’un homme de bon esprit, étudiant les sciences, méditant sur les faits naturels, sur les lois qui les régissent, sur les origines mystérieuses et les transformations qui s’y opèrent, ne peut arriver à concevoir l’idée de Création proprement dite, et qu’il accepte plus volontiers l’idée d’une succession continue, avant comme après, pendant un temps infini, — cet homme qui, en raison de cette conception qui lui paraît la plus probable, ne peut avoir les mêmes idées que vous sur la Genèse et l’origine du monde ; — vous qui n’avez nulle idée des sciences proprement dites ni de leurs méthodes, ni de leurs résultats, ni de leur progrès continuel et croissant, vous l’insulterez pour ce fait seul, — lui qui est d’ailleurs un savant de mérite, un honnête homme, un sage ! […] — Cet autre homme, lui, est chrétien ; il admet la divinité, une émanation plus ou moins directe de la divinité, une inspiration d’en haut dans la vie, dans les actes et les paroles du Christ : mais il se permet de rechercher quels ont été au vrai ces actes et ces paroles ; il étudie les témoignages écrits, les textes ; il les compare, il les critique, et il arrive par là à une foi chrétienne, mais non catholique comme la vôtre : homme pur d’ailleurs, de mœurs sévères, de paroles exemplaires : et cet homme-là, parce qu’il ne peut en conscience arriver à penser comme vous sur un certain arrangement, une certaine ordonnance, magnifique d’ailleurs et grandiose, qui s’est dessinée surtout depuis le ve siècle, vous l’insulterez, vous l’appellerez à première vue blafard en redingote marron ! […] Avec les idées qu’il a, ce n’est pas comme candidat à la députation qu’il devait arriver à Chignac, c’est comme missionnaire.

85. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

Je viens d’arriver, Monsieur le maréchal, et me voilà prêt à exécuter les ordres que vous voudrez bien m’adresser. […] Il vient de m’arriver, Monsieur le maréchal, un tambour de l’armée des alliés : je vous l’envoie, imaginant que vous ne voulez pas, surtout après la journée d’avant-hier, leur rien cacher. […] C’est ce qui arriva pour cette affaire académique. […] Le mardi, 20 mars, qui était un jour d’Académie, il résolut d’y arriver incognito et de surprendre l’assemblée. […] Il en résulte bien nettement que ce prétendu académicien n’était que frivole ; qu’il ne concevait les gens de lettres que comme des amuseurs, tout au plus comme des professeurs d’élégance, et que, dès qu’il leur arrivait de penser un peu ferme, il ne les avouait plus.

86. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Arrive-t-il quet’chose ? […] Les v’là, les v’là arrivés. […] Cela devait arriver. […] Mais que faut-il pour arriver à ce trompe-l’œil ? […] — Comment cela est-il arrivé ?

87. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

On parlait de Léa ; presque en même temps elle arrive calme et pâle dans sa robe de deuil, pour causer de son procès avec M.  […] Il arrive, bouillant de colère, sous prétexte de remplir le mandat qu’il refusait, la veille, à Beaubourg. […] Il arrive pour la remercier de son offrande magnifique, qui lui sera du reste inutile ; car, depuis la veille, sa souscription est presque couverte. […] Le secours arrivait avec Navarette, la courtisane dont il était le complice. […] Aussi bien le jeune Adhémar arrive à point pour écraser le Moustique.

88. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

L… arrive de Londres. […] En apprenant cette nouvelle, il m’est arrivé de dire… . […] Il arrive. […] On ne sait comment, il arrive on ne sait d’où. […] Il arrive nécessairement ce qui devait arriver.

89. (1881) Le naturalisme au théatre

Et le don arrive. […] Mais, arrivés devant les Fourchambault, de M.  […] C’est la question littéraire que je désire traiter, et j’y arrive. […] J’arrive et j’écoute religieusement. […] On en est arrivé à un grand mépris des jugements sincères.

90. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

C’est ce qui est arrivé à toutes les philosophies. […] Le seizième siècle, personnifié dans ses libres penseurs, Montaigne en tête, était arrivé au doute par le savoir. […] Il veut douter, mais pour arriver à la croyance. […] Au seizième siècle on y arrivait par la multitude des connaissances et par la difficulté d’y faire un choix. […] Outre qu’il soutient l’âme, et qu’il la met en garde contre toute pensée qui ne lui arrive pas par la bonne voie, il rend l’imitation impossible.

91. (1888) Études sur le XIXe siècle

Il était encore bon lorsqu’il arriva au bagne. […] Rien de plus heureux ne pouvait m’arriver que la rencontre de ce frère d’armes. […] Nous y arrivâmes. […] Je dis alors au docteur Zanzini qui venait aussi d’arriver : “Tâchez de sauver cette femme !” […] À présent, qu’arrivera-t-il ?

92. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Mon père Jean, qui était caché près de là, et qui les écoutait, arriva à l’improviste, et s’écria : Ah ! […] Tu dis la vérité, me répondit-il ; et comme il était fort gai, il se mit à rire et à chanter ; et en riant et en chantant, nous arrivâmes à Rome. […] Arrivé à quelque distance de Naples, il la retrouve dans une hôtellerie et la perd de nouveau. […] « Le lieu où j’étais, et les paroles de cet homme, m’annonçaient assez ce qui devait m’arriver. […] Mais cela n’arriva pas ; et je crus m’en être tiré à bon marché.

93. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

On m’accuserait d’avoir assassiné mon frère — ce qui arrivera peut-être un jour — que je me tairais. […] Le jour convenu, Lacroix arrive tout seul, disant qu’il lui a été impossible de le rencontrer. […] Quand Lefèvre arriva, le prince était par terre, zagaïé, et dépouillé de tous ses vêtements. […] Daudet est arrivé hier d’Angleterre, tout plein de vie et d’entrain, et, par ma foi, engraissé. […] Elle la faisait porter à un mage, qui l’avertissait de se défaire au plus tôt de cette pierre, sous peine de mort subite, ce qui était arrivé à lord Lytton.

94. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

L’artiste souffre ; il arrive dès l’abord, sous le poids des siècles qui ont précédé, mais aussi sous leur aiguillon, dans un monde où les premiers rôles de la poésie et de l’art sont pris et, en quelque sorte, usurpés par les ancêtres. […] Pour arriver à ce vêtement complet et chaste et transparent, que de veilles, on le conçoit ! […] Ses autres convictions et croyances illusoires s’étaient usées une à une, comme il arrive trop souvent aux âmes même des plus poëtes. […] C’est ce qui arriva. […] Dès que je cesse de lire votre prose rêveuse et si spirituelle, je voudrais en causer aussi avec Ronsard lorsqu’il arrive à son tour, et ceci me gêne un peu.

95. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

qu’en allant au fond de l’art et de la poésie grecque, on arrive à je ne sais quel mélange de laideur et de beauté, et qu’on rejoigne le caractère sauvage, souvent rude et, en tous cas, plus compliqué, de la poésie du Nord, de la poésie shakspearienne ! […] Venu environ un siècle et demi après Théocrite, après ses diminutifs Bion et Moschus, arrivé le lendemain de la grande moisson, il eut l’idée naturelle de glaner, de choisir dans tout ce qui était épars, de nouer la dîme des gerbes et de les ranger. […] On se figurera les pertes qu’on a faites ainsi en chemin, lorsqu’on saura que de ces quatre Anthologies successives il ne nous est arrivé que la quatrième, la dernière, et encore on ne la connaît bien au complet que depuis un demi-siècle. […] Me voilà arrivé moi-même avec toi et avant toi. » Ce message ardent allait à une certaine Lycænis, qui paraît n’avoir été qu’une coquette, et à laquelle il reprochait peu après de l’avoir joué par un semblant d’amour. […] Ou peut-être veut-il dire simplement qu’elle ne l’attende point vers la haute mer, et qu’il arrivera par terre du côté de la Carie et d’Halicarnasse, qui n’était séparée de Cos que par un trajet.

96. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Il tient surtout dans sa lettre (car nous en sommes toujours à cette même lettre décisive, où il se découvre) à bien montrer à Mirabeau qu’on peut désirer de sortir d’une condition médiocre et d’arriver à une grande situation, par de grands motifs et sans du tout abjurer la hauteur des sentiments : Il y a des hommes, je le sais, qui ne souhaitent les grandeurs que pour vivre et pour vieillir dans le luxe et dans le désordre, pour avoir trente couverts, des valets, des équipages, ou pour jouer gros jeu, pour s’élever au-dessus du mérite et affliger la vertu, et qui n’arrivent à ce point que par mille indignités, faute de vues et de talents : mais, de souhaiter, malgré soi, un peu de domination parce qu’on se sent né pour elle ; de vouloir plier les esprits et les cœurs à son génie ; d’aspirer aux honneurs pour répandre le bien, pour s’attacher le mérite, le talent, les vertus, pour se les approprier, pour remplir toutes ses vues, pour charmer son inquiétude, pour détourner son esprit du sentiment de nos maux, enfin, pour exercer son génie et son talent dans toutes ces choses ; il me semble qu’à cela il peut y avoir quelque grandeur. […] » — Sur Voltaire : « Vous avez vu mépriser Voltaire, dites-vous, par des gens qui ne le valent pas… Ceux qui méprisent Voltaire se rangeraient s’il passait, je l’ai vu souvent arriver ; ils n’auraient jamais connu M.  […] Il y arrive, à l’éloquence, dans sa lettre du 22 mars 1740, non sans avoir passé par quelques lenteurs ; car il résume assez longuement les espèces de conférences morales qu’il tient avec le chevalier : ces conversations pour former un parfait honnête homme sont un peu sermon pour nous, comme elles l’étaient probablement pour son impatient élève ; puis tout à coup, à propos des lectures qu’il lui voudrait voir faire, entre autres celle des Vies de Plutarque, il s’enflamme et se laisse emporter : C’est une lecture touchante, j’en étais fou à son âge ; le génie et la vertu ne sont nulle part mieux peints ; l’on y peut prendre une teinture de l’histoire de la Grèce, et même de celle de Rome. […] C’est là ce qui m’a donné cet air de philosophie, qu’on dit que je conserve encore, car je devins stoïcien de la meilleure foi du monde, mais stoïcien à lier ; j’aurais voulu qu’il m’arrivât quelque infortune remarquable, pour déchirer mes entrailles, comme ce fou de Caton, qui fut si fidèle à sa secte. […] Il me semble qu’en rapprochant tout ce qu’on trouve de passages religieux dans ses écrits, de pour et de contre, on n’arrivera qu’à composer une velléité, une inquiétude chrétienne (elle a dû exister à certains moments), non une crise proprement dite, « Ce ne sont que des accidents de foi, m’écrit M. 

97. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Elles arrivèrent le soir, et, dès le lendemain, elles occupaient, dans la rue qui continue la place, la petite maison où depuis bien des années était situé le bureau. […] Le général, en attendant mieux, fit aussitôt accorder ce bureau de poste, et c’est ainsi qu’elles arrivaient. […] Parmi ces dernières, il lui arriva d’en remarquer jusqu’à trois à la même adresse, à celle du comte Hervé de T…, et toutes les trois de la même main, d’une main qui semblait élégante, et de femme, et comme mystérieuse. […] Christel n’apprit ces détails que successivement, et sans rien faire pour s’en enquérir ; mais, quoique sa mère et elle ne reçussent habituellement aucune personne du lieu, les simples propos des voisines, la plupart du temps en émoi si l’on voyait le jeune homme arriver au galop du bout de la place, puis mettre son cheval au pas en approchant, auraient suffi pour instruire. […] C’était un dimanche ; elle était sortie avec sa mère pour une promenade, ce qui leur arrivait si rarement.

98. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Il y a, parmi les académiciens, des médiocres qui arrivent par le respect et parce qu’ils ne portent ombrage à personne ? Il y en a qui arrivent par l’intrigue, la flatterie, ou des influences de salons et des manèges féminins ? […] Du bateau où il croque des paysages, pendant que ses beaux enfants « pétris d’amour et de lumière » s’ébattent sur la rive, il tend ses mains de christ aux jeunes générations… Avec tout cela, je crois bien qu’il lui arrive de dire des sottises  des sottises de rapin échauffé, d’artiste à grande barbe et à grands gestes. […] le saligaud, nous a-t-il assez raclés, épluchés, sarclés… Il y en avait qui résistaient au fer et à la bêche, mais le vieux s’acharnait des outils et des ongles, arrivait à nous faire tous propres et plats comme un banc d’école. […] Etant doué de façon si particulière, il est nécessairement étroit et intransigeant (quoiqu’il lui soit arrivé, je le sais, de faire effort pour élargir ses sympathies).

99. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — II » pp. 161-173

Il cavaliere Solaro, décoré d’un crachat de tous les grands ordres, arrivait de la citadelle ; il nous pria à dîner, fit monter Masséna et moi dans son carrosse, et fit accompagner nos officiers par des colonels. […] Mandé la veille de la bataille de Castiglione, il arrive à temps pour y prendre sa bonne part : J’arrivai à l’heure indiquée (le 4 août à six heures du soir) : Voilà Joubert, dit un des aides de camp du général en chef, c’est un bon augure pour la journée de demain. — « Il faut encore que tu donnes un coup de collier, me dit Bonaparte, et nous nous reposerons ensuite. » Je l’ai vivement donné ce coup de collier… On sourit involontairement : on songe à cette longue série de coups de collier, depuis Montenotte, depuis Castiglione jusqu’à Moscou, jusqu’à Montmirail. […] Les blessés sont l’élite de l’armée, écrivait Bonaparte au Directoire (13 novembre 1796) : tous nos officiers supérieurs, tous nos généraux d’élite sont hors de combat ; tout ce qui m’arrive est si inepte, et n’a pas la confiance du soldat ! […] Il arrive sur le plateau de Rivoli dans la nuit. […] Masséna, avec sa division fraîche, n’arrive qu’à huit heures.

100. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XI » pp. 39-46

Bref on finit par en être excédé et par crier grâce, surtout quand il n’arrive pas de nouveau sujet, de nouveau tremblement de terre, de nouveau chef-d’œuvre. […] On se l’arrache, il dîne en ville, n’y arrive qu’à huit heures du soir, et il s’en tire… M. […] Tout ce qu’il y a de jeune dans le catholicisme en France, tout ce qui est arrivé là par l’imagination, par les idées absolues, par les systèmes, par la tête plutôt que par le cœur, par la mode, les disciples des cathédrales et de l’art chrétien, les convertis du Saint-Simonisme enclins à la théocratie, les hommes venus là au sortir du jacobinisme révolutionnaire ou même sans en sortir (et il y a un noyau dont le type est Buchez), tout cela forme une milice ardente, violente, ou même légère, qui parade dans les églises aux Semaines Saintes, qui guerroie dans les journaux, et qui essaye le tapage aux cours. […] Puis, au bout de quelque temps, il lui arrive de Paris une couple d’acolytes.

101. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre V. Résumé. »

Vous savez que je suis un peu prophète, je vous le répète, vous la verrez… Savez-vous ce qui arrivera de cette révolution, ce qui en arrivera pour vous tous tant que vous êtes ici   Ah ! […] « C’est précisément ce que je vous dis : c’est au nom de la philosophie, de l’humanité, de la liberté, c’est sous le règne de la raison qu’il vous arrivera de finir ainsi ; et ce sera bien le règne de la raison, car elle aura des temples, et même il n’y aura plus dans toute la France, en ce temps-là, que des temples de la raison… Vous, monsieur de Chamfort, vous vous couperez les veines de vingt-deux coups de rasoir, et pourtant vous n’en mourrez que quelques mois après. […] Ceux qui vous traiteront ainsi seront tous des philosophes, auront à tout moment à la bouche les phrases que vous débitez depuis une heure, répéteront toutes vos maximes, citeront comme vous les vers de Diderot et de la Pucelle  Et quand tout cela n’arrivera-t-il   Six ans ne se passeront pas que tout ce que je vous dis ne soit accompli  Voilà bien des miracles, dit Laharpe, et vous ne m’y mettez pour rien  Vous y serez pour un miracle tout au moins aussi extraordinaire ; vous serez alors chrétien  Ah !

102. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

C’est ce qui arrive toujours entre collaborateurs. Chacun croit tout faire et on arrive à ne plus souffrir le partage du travail. […] La phrase elle-même n’est pas construite ; M. de Goncourt s’essaie sous vos yeux à la bâtir et n’y arrive pas. […] Il faut arriver à notre temps pour trouver des auteurs qui s’ingénient à immortaliser leur dégoût. […] Il lui arrivera ce qui est arrivé à Voltaire, ce qui arrive à Wagner, c’est que ses disciples empêcheront de l’admirer.

103. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

« La sagesse n’est pas donnée à tout le monde, écrira-t-il un jour gaiement à son frère ; mon pauvre ami, je suis arrivé tard à l’appel quand on la distribuait. […] Il fait office de capitaine en attendant qu’il en ait le grade : le grade désiré arrive (août). […] Cette idée fixe d’avancement ne lui est point particulière, elle est celle de tout militaire qui n’est pas encore arrivé au sommet de la hiérarchie. […] C’est ce qui arriva dans la seconde quinzaine d’août. […] Je pousse les opérations aussi vite que je le peux pour arriver jusqu’au bout.

104. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

Sans cela, même en ayant déjà l’idée de l’espace, vous n’arriveriez jamais à distinguer les cas où c’est votre main seulement qui est affectée et ceux où c’est votre corps entier. […] Sans doute, pour arrivera définir la ligne comme ligne, à la définir géométriquement, il faudra abstraire et raisonner ; mais pour la voir, et la voir avec sa forme propre, il n’y a qu’à ouvrir les yeux. […] Après une certaine éducation, il arrive à connaître et à apprécier la distance, l’éloignement, la profondeur, sans avoir besoin des formes a priori de Kant. — De même pour la vue. […] Enfin, comme nous avons deux yeux et deux images stéréoscopiques, nous arrivons, par l’exercice, à localiser les objets vus au point de rencontre des deux percées visuelles. […] C’est seulement quand tout le mécanisme des relations géométriques s’est établi de lui-même que l’enfant arrive à en abstraire l’espace.

105. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Quand on arrive comme moi dans un pays dont on veut rendre le caractéristique, avant de pouvoir le rendre, il faut faire un véritable travail long et pénible. […] non, je vous assure ; j’en ai fait trop souvent l’expérience, ce n’est que par l’inspection la plus grande, la patience la plus méritoire, et je dirai naturellement, le sentiment que l’on doit avoir en soi, qu’on peut arriver à faire quelque chose. […] trop souvent notre raison n’est pas assez forte pour combattre le mal qui nous arrive. […] Il y avait quelque chose de si imposant dans l’effet des lumières, dans les sons si sévères de l’orgue et les voix des chanteurs, que j’en ai été pénétré : j’aurais voulu y être arrivé plus tôt. […] La société italienne lui convenait peu ; au milieu d’un agrément extérieur, il n’y trouvait pas la satisfaction intime, ni ce sentiment de sévérité et de vertu que son éducation protestante lui rendait plus nécessaire que cela n’arrive habituellement chez les artistes.

106. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Pour les gens de lettres eux-mêmes, s’ils en valent la peine, il n’est pas sans profit d’attendre la fin de l’épreuve et de n’arriver à l’Académie qu’un peu sur le tard. […] Même dans les plus beaux jours du passé académique, de bien illustres, il est flatteur de se le dire, sont entrés tard et bien tard : Boileau, La Fontaine, Voltaire : Et j’avais cinquante ans quand cela m’arriva. […] Je ne dirai pas, je ne sous-entendrai pas un mot de politique dans tout ceci, je me hâte de le déclarer, même s’il m’arrivait par mégarde de me risquer à toucher au discours de M. […] l’un et l’autre pourtant, à l’aide ou des saillies ou des nuances de cette parole, l’un et l’autre de plus ou moins loin et tous les deux de près, arrivent à produire un effet analogue de persuasion facile, de séduction aisée. […] Ce fut un moment unique pour tous ; que n’était-ce pas pour ceux qui y arrivaient dans le flot montant et l’aurore de leur propre jeunesse !

107. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Joseph mourut avant que son fils fût arrivé à aucun rôle public. […] Ainsi qu’il arrive souvent dans les natures très élevées, la tendresse du cœur se transforma chez lui en douceur infinie, en vague poésie, en charme universel. […] Jésus n’arriva pas sans doute du premier coup à cette haute affirmation de lui-même. […] D’autres étaient des pensées de sages plus modernes, surtout d’Antigone de Soco, de Jésus fils de Sirach, et de Hillel, qui étaient arrivées jusqu’à lui, non par suite d’études savantes, mais comme des proverbes souvent répétés. […] Philon, dans le monde judéo-égyptien, arrivait en même temps que Jésus à des idées d’une haute sainteté morale, dont la conséquence était le peu de souci des pratiques légales 263.

108. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

Ce qui arrive au sol, lorsqu’il cesse d’être travaillé par l’homme social, arrive à l’homme lui-même lorsqu’il fuit la société pour la solitude : les ronces croissent dans son cœur désert. […] Mais alors il arrive que les conservateurs des doctrines sociales sont eux-mêmes atteints de cette cruelle maladie. Voyez ce qui est arrivé dans la révolution française, où l’on a marché dans cette voie du dégoût : on a commencé par abolir toutes les hiérarchies sociales, et il n’y a plus eu de ces barrières concentriques où les principes conservateurs peuvent, en se retirant, se retrancher avec quelque succès. […] Il a fallu partir de l’existence de la société pour raisonner avec certitude sur le nouvel ordre de choses qui tend à s’établir, quelque indépendant qu’il soit d’ailleurs de tout ce qui a précédé, comme il a fallu partir du don primitif de la parole pour arriver à expliquer l’émancipation graduelle de la pensée : c’est ce qui nous reste à faire pour achever le tableau de l’âge actuel de l’esprit humain. […] Dans tous les cas, le moment n’est pas encore venu de prévoir ; il ne peut toutefois tarder d’arriver.

109. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Heureusement c’est fini, nous arrivons. […] — Arrivons à l’Académie. […] … Pourvu qu’il ne t’arrive rien en route ! […] J’ai beau m’attarder, il faut que j’y arrive. […] Je pris la diligence et j’arrivai à Paris.

110. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Voici l’histoire : le jeune employé était peu exact à son bureau ; il n’arrivait guère qu’à deux heures pour repartir à quatre. […] monsieur, on dit que vous ne venez qu’à deux heures à votre bureau… — Il est vrai, monsieur le comte ; j’arrive un peu tard ; la rue Sainte-Avoie est si loin du faubourg Saint-Honoré où je demeure ! […] La source s’annonçait déjà, ce semble, sous le gazon ; elle allait sourdre et jaillir, mais je ne sais quel obstacle tout à coup s’interpose et l’empêche d’arriver. […] Au théâtre, quand le sujet est indécent, ce qui arrive quelquefois, il faut au moins que la façon soit vive et réjouissante. […] Il arriva à temps de sa retraite d’Aulnay ; le mercredi matin 28, il était auprès de M. 

111. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Nous arrivons avant le lever du rideau. […] On peut y arriver en vingt-huit jours, presque sans fatigue. […] Ce monsieur donc arrive et se présente. […] Ça arrive sur vous comme un tourbillon. […] Il y a un homme qui arrive et qui donne des places.

112. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Valentine (1832) »

Ce roman nous arrivait si vite après le premier ; deux mois à peine d’intervalle ! […] Chaque auteur, si jeune, si plein d’avenir qu’il soit, du moment qu’il a levé la tête et que son nom a été prononcé dans la cohue, est comme un ambitieux qui, se sentant miné d’une fièvre lente et voulant arriver au ministère, fait œuvre, sur l’heure, de toutes ses ressources, accumule et jette aux yeux tous ses expédients, et blanchit en deux ou trois chétives saisons plus qu’autrefois Sully en quarante ans. […] Après l’intérieur de la ferme et le bal champêtre qu’un critique très-spirituel, dans la Revue des deux Mondes, a comparés à quelque tableau malicieux et tendre de Wilkie, on a, au retour, cette nature si fleurie et si odorante, sur laquelle la nuit jette ses ombres grandioses et que la lune éclaire avec beauté ; on a, dans ces solitudes suaves, un chant mélodieux de jeune homme qui arrive tout d’abord au cœur d’une amazone égarée comme Herminie. […] Le premier, c’est le songe de Louise, au moment où Valentine arrive à son chevet. […] Valentine promet plus qu’Indiana, parce qu’Indiana, avec plus de profondeur, je crois, et d’originalité, pouvait sembler à la rigueur un de ces romans personnels et confidentiels comme on n’en a qu’un à faire avant de mourir, tandis que Valentine est véritablement l’œuvre d’un romancier peintre du cœur et de la vie, fécond en personnages, et qui n’a qu’à vouloir cheminer un peu patiemment pour arriver jusqu’au bout.

113. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre II. Précurseurs et initiateurs du xviiie  siècle »

Il n’y a pas eu de révélation ; les lois de la nature n’ont jamais été dérangées par une intervention divine ; tout ce qui est arrivé, arrive, arrivera dans la vie de l’univers et de l’humanité, est naturel, donc rationnel. […] Il lui arrive de mettre trop de rubans et de pompons à son style, et de tourner l’astronomie en madrigaux ; si la science en est un peu rabaissée, la conquête des salons valait bien quelques sacrifices, et ce n’était pas trop l’acheter que de quelques fadeurs. […] Il avait montré — avec une pénétration peut-être imprudente — que toutes les pièces de la tradition se tiennent, que l’on ne peut commencer à refuser soumission à l’Église sans aller jusqu’à l’incroyance absolue, que la négation, logiquement, doit gagner de dogme en dogme jusqu’à ce que rien du dogme ne subsiste, et que les seuls sociniens sont conséquents, qui sont arrivés à dépouiller la religion de tous les mystères.

114. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

Les baillis arrivaient de toutes parts dans son camp pour traiter de la contribution et commencer les payements. […] Les nouvelles recrues, arrivées du fond des campagnes et des provinces du centre, d’où la misère les chassait, furent une grande ressource, et ces natures patientes, habituées à peiner et à pâtir sans murmure, rendirent du nerf à l’armée. […] Il y a peu d’exemples de ce qui m’arrive, et que l’on perde dans la même semaine son petit-fils, sa petite-belle-fille et leur fils, tous de très grande espérance et très tendrement aimés. […] S’il arrivait ce malheur à l’armée que vous commandez, quel serait votre sentiment sur le parti que j’aurais à prendre pour ma personne ? […] On traversa l’Escaut sur des ponts improvisés ; on arriva à cette double ligne établie pour la sûreté des convois, et que les ennemis avaient appelée le chemin de Paris ; on assaillit d’emblée le camp surpris, et on défit totalement le corps qui y était retranché.

115. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

On arrive à la limite des terres cultivées ou cultivables appelées le Tell : ce n’est pas le désert encore, on est à la lisière du désert. […] Elle leur a fait voir que le but est d’exprimer, et que, pour y arriver, les moyens les plus simples sont les meilleurs. […] La réverbération du sol et des murs est épouvantable ; les chiens poussent de petits cris quand il leur arrive de passer sur ce pavé métallique ; toutes les boutiques exposées au soleil sont fermées : l’extrémité de la rue, vers le couchant, ondoie dans des flammes blanches. […] Peu à peu, cependant, on voit sortir des porches entrebâillés de grandes figures pâles, mornes, vêtues de blanc, avec l’air plutôt exténué que pensif ; elles arrivent les yeux clignotants, la tête basse, et se faisant, de l’ombre de leur voile, un abri pour tout le corps, sous ce soleil perpendiculaire. […] J’y suis le matin, j’y suis à midi, j’y retourne le soir ; j’y suis seul et n’y vois personne, hormis de rares visiteurs qui s’approchent, attirés par le signal blanc de mon ombrelle, et sans doute étonnés du goût que j’ai pour ces lieux élevés… A l’heure où j’arrive, un peu après le lever du soleil, j’y trouve une sentinelle indigène encore endormie et couchée contre le pied de la tour.

116. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

Je m’en suis tirée en Dauphine un peu novice, mais cela n’a pas mal fait… » J’aime à observer ce premier développement d’une nature pure, honnête et droite ; c’est, quoi qu’il arrive, un premier fonds inestimable. […] Dans la forêt, deux pages à cheval sont accourus vers M. de Choiseul, et peu après j’ai vu arriver un grand cortège : c’était le roi qui avait la bonté de venir me surprendre. […] Louis XV aimait beaucoup cette jeune belle-fille qui lui arrivait avec toute sa naïveté et sa fraîcheur, et il fut constamment bien pour elle, quoiqu’il la traitât toujours un peu en enfant. […] Il arriva à Marie-Antoinette, peu après son arrivée à Versailles, le même contre-temps qu’à Marie Leckzinska : le ministre qui avait contribué à l’appeler au trône ne resta pas auprès d’elle pour diriger ses premiers pas et pour éclairer ses premières démarches. […] Y voir plus serait trop et pourrait véritablement étonner les contemporains s’ils revenaient au monde ; mais on n’y saurait voir moins sans injustice. — Le terrible moment, le moment de régner arrive ; quoique bien prévu, il la surprit, il l’étonna et la remplit presque d’épouvante.

117. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Les journaux qui m’arrivent, et que je lis tard, m’en apprennent plus que je ne veux. […] Mollien fait tout comme moi. — Je me suis mis à lire les articles littéraires des journaux qui arrivent ici, et j’en serai très probablement bientôt dégoûté. […] On aura remarqué le mot touché en passant sur sa petite nièce Pauline : « La douce approche d’une jolie enfant a un grand charme. » S’il y a eu un bon côté dans M. de Talleyrand arrivé à l’extrême vieillesse, ç’a été ce coin d’affection pure. […] « Voilà le beau temps arrivé : il se présente avec l’air de la durée. […] L’âge aussi le lui conseillait : il était arrivé aux limites de la vieillesse ; sa quatre-vingtième année était sonnée : il ne songea plus qu’à finir de tout point convenablement.

118. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

Mitscherlich, et vous arrivâtes à votre belle théorie de la dissymétrie moléculaire. […] Bientôt, en effet, vous arriverez à voir que tous les produits artificiels des laboratoires et toutes les espèces minérales sont à image superposable, tandis que les produits essentiels de la vie sont dissymétriques. […] Il ne s’agit pas seulement, en ces obscures matières, de savoir ce qui est possible, il s’agit de savoir ce qui est arrivé. […] Littré excelle à montrer qu’ils n’arrivent pas ; et, s’ils n’arrivent pas, n’est-ce point le cas de se poser la question de Cicéron : « Pourquoi ces forces secrètes ont-elles disparu ? […] À la vue de tant de bonnes choses qu’enseignent les lettres, en apparence frivoles, vous arriverez à penser que le doute discret, le sourire, l’esprit de finesse dont parle Pascal, ont bien aussi leur prix.

119. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Benjamin, qui le voyait faire, qui entendait causer ceux qui y contribuaient de leur plume, et qui lui-même travaillait à l’imprimer, eut l’idée de donner quelques articles ; mais, sentant bien qu’on les refuserait avec dédain à cause de sa jeunesse, si on l’en savait l’auteur, il les fit arriver d’une manière anonyme et en déguisant son écriture. […] Il y arrive dans un assez piteux état, en habit d’ouvrier, mouillé par la pluie, ayant ramé durant la traversée ; il ne lui restait que bien peu d’argent en poche, et il voulut pourtant payer son passage aux bateliers. […] Il arrivera toujours que, par un accident ou un autre, il se démasquera. […] Plus tard, dans les relations diplomatiques, lord Shelburne, traitant avec Franklin, observait que son caractère principal en affaires était « de ne point s’embarrasser de faire naître les événements, mais seulement de bien profiter de ceux qui arrivaient » ; et il lui reconnaissait la science de la médecine expectative. […] Il arrivait, par une voie laborieuse, à une fortune honnête et à une indépendance qui allait le mettre en état de se livrer à ses goûts pour l’étude et pour les sciences.

120. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Réception à l’Académie Française »

Or, il arrive souvent que les hommes de génie qui commencent les révolutions dans l’art se lassent sitôt que leur œuvre individuelle est achevée ; il arrive qu’un matin ils ressentent pour eux-mêmes un soudain besoin de repos et désespèrent volontiers : que d’autres puissent jamais aller plus loin. […] Voix sonore et retentissante, timbre éclatant et pur, geste simple ; puis une parole facile, abondante, harmonieuse ; une manière de style étrangère à toute affectation, à toute enflure ; un laisser-aller plein de ressources ; un art heureux de diriger, de détourner sa pensée, de la lancer chemin faisant dans les questions, et de l’arrêter toujours à propos ; un penchant à s’étendre sur les moralités consolantes quand il y a jour, et, sitôt qu’on arrive aux hommes, un parfait mélange de discrétion et de loyauté, voilà ce qui nous a surtout frappé dans l’éloquent discours de M. de Lamartine. […] Cuvier est un homme de génie lui-même ; arrivé à ces hauteurs de la science où elle se confond presque avec la poésie, il était digne de comprendre et de célébrer le poète philosophe qui, dans l’incertitude de ses pensées, avait plus d’une fois plongé jusqu’au chaos, et demandé aux éléments leur origine, leur loi, leur harmonie : Aristote pouvait donner la main à Platon.

121. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

On part, on descend, on s’arrête, on saute, on remonte, on redescend, on arrive. […] Ce n’est point parce qu’elle arrive, c’est parce qu’elle part. […] Arriver ailleurs plutôt que de ne pas arriver. Arriver où on n’allait pas plutôt que de ne pas arriver. Avant tout arriver.

122. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Il arrive au français ce qui était arrivé au latin lors de l’invasion des barbares. […] Ceci n’arrive pas à tuer Cela, et il marche hésitant, ballotté, mécontent des autres et de lui-même, s’épuisant à concilier deux choses à peu près inconciliables. […] si à l’heure qu’il est, nous voyions arriver un chevalier armé de pied en cap, portant écu, haubert et gorgerin, et qui viendrait tranquillement lancer des javelots contre des batteries de canons. […] C’est ce qui arrive, par exemple, au xvie  siècle. […] Il leur arrive aussi d’être raillés, bernés, maltraités, et tous n’ont pas le courage de crier comme l’un d’entre eux : « Prenez garde ; j’ai une plume ». — Il leur arrive d’être employés à de vilaines besognes, comme le pauvre Jodelle qui use les restes de sa verve à faire par ordre l’apologie de la Saint-Barthélemy.

123. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Quant à M. de Balzac, il lui arriverait immanquablement quelque bonheur pareil, si les femmes qu’il émeut n’étaient mariées déjà, malheureuses et désabusées dans le mariage. […] Certains côtés délicats et sensibles auraient pu être touchés avec art ; mais l’écrivain, pur épicurien, n’y est pas arrivé encore. […] Mais, bien que l’économie des moyens doive compter, l’essentiel après tout, c’est d’arriver à un résultat, et M. de Balzac en mainte occasion est et demeure victorieux. […] Apaisez en ce tableau quelques couleurs criardes ; arrivez, en éteignant, en retranchant çà et là, à une harmonie plus égale de ton, et vous aurez la plus touchante peinture domestique. […] Il est vrai que le cheval arabe n’arrive jamais ; gare le dénoûment !

124. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Il était grand temps que cette édition arrivât, et l’on pouvait craindre que, si elle ne se faisait pas sans plus tarder et avec l’exactitude requise, une incertitude croissante ne finît par envahir cette portion si considérable de notre héritage religieux et littéraire. […] Il est temps d’arriver à la question du fond, à la question capitale, à celle qu’une curiosité légitime n’a cessé de se faire durant tout ce débat, et qu’il est fâcheux sans doute d’avoir laissé s’enfler au gré de la curiosité frivole. […] Il m’est arrivé, dans un chapitre de Port-Royal, d’avancer que chacun, plus ou moins, porte en soi son Montaigne, c’est-à-dire sa nature un peu païenne, son moi naturel où le christianisme n’a point passé. […] Que si on s’en tient aux récits contemporains et à ses œuvres mêmes, on arrive à quelque chose de plus suivi et de plus cohérent, à quelqu’un de plus réel. […] Qu’arrive-t-il pourtant depuis qu’on s’est mis à faire le vestibule si spacieux et si beau ?

125. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre IV. L’espace et ses trois dimensions. »

Nous constatons qu’il peut arriver qu’un changement externe soit corrigé par un changement interne qui rétablit les sensations primitives. […] Il serait aisé de décrire les expériences par lesquelles nous pourrions arriver à ce résultat. […] J’ai envisagé plus haut deux séries de sensations musculaires S et S′ et j’ai dit qu’il arrive quelquefois qu’on est conduit à envisager deux pareilles séries S et S′ comme inverses l’une de l’autre parce que nous avons souvent observé que quand ces deux séries se succèdent nos impressions primitives sont rétablies. […] J’ai dit que souvent, mais non toujours, la série σ conserve l’impression tactile A éprouvée par le doigt D ; et de même il arrive souvent, mais non toujours, que la série σ′ conserve l’impression tactile A′ éprouvée par le doigt D′. […] Cela arrive très souvent, mais pas toujours.

126. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

Il paraît que cela était arrivé à fond de cale, dans les profondeurs d’un vaisseau allant aux Indes, et avait été observé, puis raconté à La Fontaine. […] Nous arrivons à La Fontaine donnant des conseils ou semblant bien en donner. Nous arrivons à sa morale, à la morale que l’on peut appeler la morale de La Fontaine. Nous arrivons à ce qu’il nous a donné comme règle de vie et d’existence. […] Voilà à quoi vous arrivez.

127. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

Vraiment ce pays de France vaut qu’on se batte pour lui…‌ Il arrive dans les bois de Meuse, voisins des coteaux, des sources et des bosquets de Jeanne d’Arc. […] Il m’arrive, écrit Léo Latil, de m’attacher à un rêve, mais le plus souvent je vis, au milieu de mes hommes, leur vie, de tout mon cœur. […] Beaucoup sont tombés, beaucoup tomberont encore ; je viens d’apprendre la mort de plusieurs de mes camarades arrivés récemment sur le front comme aspirants. Si cela m’arrivait, je compte sur vous, ma chère J…, pour consoler mes parents. […] Ce n’est pas, croyez-moi, du jour au lendemain que l’on arrive à persuader ces lourds paysans regrettant leurs bœufs, ou ces ouvriers gouailleurs qui ont toujours à la bouche l’argot du faubourg.‌

128. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

Il est vrai que je ne vois pas non plus de fait décisif qui tranche la question, comme il arrive en physique et en chimie. […] La mémoire peut manquer d’ampleur ; elle peut n’embrasser qu’une faible partie du passé ; elle peut ne retenir que ce qui vient d’arriver ; mais la mémoire est là, ou bien alors la conscience n’y est pas. […] Ne lui arrive-t-il pas de s’endormir ou de s’évanouir ? […] Qu’arrive-t-il quand une de nos actions cesse d’être spontanée pour devenir automatique ? […] Mais nous arriverions à la même conclusion encore en suivant une troisième ligne de faits, en considérant, chez l’être vivant, la représentation qui précède l’acte, et non plus l’action même.

129. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre VI : Règles relatives à l’administration de la preuve »

Que de fois il est arrivé à la science de réduire à l’unité des causes dont la diversité, au premier abord, paraissait irréductible ! […] C’est ainsi qu’il leur arrive sans cesse de mettre sur le même plan les observations confuses et rapidement faites des voyageurs et les textes précis de l’histoire. […] On ne prouve rien quand, comme il arrive si souvent, on se contente de faire voir par des exemples plus ou moins nombreux que, dans des cas épars, les faits ont varié comme le veut l’hypothèse. […] Parfois, pour juger du sens dans lequel se développent les événements sociaux, il est arrivé qu’on a simplement comparé ce qui se passe au déclin de chaque espèce avec ce qui se produit au début de l’espèce suivante. […] La comparaison ne peut être démonstrative que si l’on élimine ce facteur de l’âge qui la trouble ; pour y arriver, il suffira de considérer les sociétés que l’on compare à la même période de leur développement.

130. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note II. Sur l’hallucination progressive avec intégrité de la raison » pp. 396-399

Lorsqu’il tenait son regard fixé sur elles et que quelqu’un entrait dans la chambre, l’arrivant était momentanément caché par l’image et semblait passer derrière elle lorsqu’il arrivait au point où elle était ; mais, si le regard se portait sur l’arrivant dès son entrée dans la pièce et demeurait attaché sur lui pendant sa marche, celui-ci paraissait passer devant l’image et la dérobait un instant à la vue du malade, lorsqu’il arrivait au point où elle se trouvait. — Jusqu’ici, la vue seule était hallucinée. […] Alors, de sa main dépliée, il embrasse pleinement cette main plus petite, il la sent dans la sienne, il palpe ces doigts, ce pouce, ces tendons, recouverts d’une peau souple, halitueuse et douce ; il arrive au poignet, mince et bien pris ; il sent parfaitement la tête du radius et cherche le pouls ; mais alors la figure à laquelle appartient cette main chimérique lui dit d’une voix fraîche, enfantine et souriante, mais sans relever la tête : “Je ne suis pas malade.” — L’alité allait lui demander : “Qui êtes-vous ?”

131. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — V. L’avare et l’étranger »

L’étranger arrive : « Mon mari vient de mourir, lui déclare la femme. — Bon, répond-il j’ai beau avoir faim, il me reste assez de force pour lui creuser une tombe. […] Quand ils le virent arriver, ils se précipitèrent à sa rencontre, des couteaux aux poings : « Je ne viens pas ici pour vous nuire leur dit-il, mais seulement pour vous faire connaître que quelqu’un vous a insultés ». […] Arrivé chez le chef, l’avare lui parle ainsi : « Chef, on m’a volé mon mil : il ne me reste rien pour nourrir ma femme et mes enfants.

132. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Mais il fallait faire sept verstes pour arriver aux bons endroits. […] Le voilà qui arrive à grandes enjambées, ton homme charmant ! […] Dieu sait de quelle profondeur embaumée elle arrivait jusqu’à lui. […] Elle feint le repentir le plus pieux et arrive inopinément. […] Qu’arriva-t-il ensuite à Lavretzky ?

133. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Mais quand arrivera le moment si doux de la vengeance ? […] Que serait-il arrivé ? […] à peine étais-je arrivé à la sixième page, qu’un froid mortel se répand dans mon petit salon. […] Qu’est-il arrivé ? […] Sur quel théâtre une telle tragédie pourrait-elle arriver au troisième acte ?

134. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

J’arrive au moment où le projet est rejeté. […] Aujourd’hui, arrive ici un monteur de billards. […] Je crains toutefois que ça arrive un peu tard, pour en profiter longtemps. […] Là-dessus arrive Saint-Victor, qui présente Dalloz. […] Un jour arrive le mot : Intempérie.

135. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « quelque temps après avoir parlé de casanova, et en abordant le livre des « pèlerins polonais » de mickiewicz. » pp. 512-524

Tout lendemain d’article emporté vaillamment A pour moi son réveil matinal et charmant, Tant la pensée afflue et tant l’image arrive ! […] Il nous est arrivé à nous-même (je n’ai garde de l’oublier), en parlant de certaine beauté, d’oser dire qu’elle avait l’épaule nacrée. […] Louis Boulanger, ou l’étrange et admirable Melancholia d’Albert Durer ; s’il n’avait pas commis tout à l’entour trop d’énormités pittoresques (comme sa Bataille du Thermodon), il aurait pu ajouter quelque chose pour sa part à la faculté d’expression de notre langue poétique ; il aurait pu arriver, à force de discrétion dans l’audace, à reculer d’une ligne ou de deux la bordure de ce grand cadre presque inflexible. […] S’il y a une loi générale selon laquelle les littératures et les poésies, arrivées à un certain point de perfection et de maturité, dépérissent en se raffinant, il y a toujours moyen, pour les individus d’élite, de faire exception, et c’est surtout l’exception qui compte dans les arts. […] Cela arrive souvent aux devanciers par rapport à leurs successeurs ; ils sont sur la défensive, en méfiance, grondeurs tout d’abord et comme grognons.

136. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la révolution française — I. La Convention après le 9 thermidor. »

Voilà qu’elle apparaît d’abord, cette seconde anarchie dont il fallait sortir pour arriver enfin au régime légal, et gagner le peu de liberté qui, à peine acquis, fut sitôt perdu. […] En vain le montagnard Goujon, récemment arrivé des camps, s’écriait :« C’est la Convention qu’on accuse, c’est au peuple qu’on fait le procès, parce qu’ils ont souffert l’un et l’autre la tyrannie de Robespierre. » En vain Robert Lindet, dans un éloquent rapport sur la situation politique de la France, disait à ses collègues : « Cessons de nous reprocher nos malheurs et nos fautes. […] que nous est-il arrivé qui n’arrive à tous les hommes jetés à une distance infinie du cours ordinaire de la vie ?  […] On les fit retirer ensuite, pour les déposer dans une salle particulière avant de les conduire à l’échafaud : ils s’étaient promis de n’y pas arriver.

137. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Stendhal, son journal, 1801-1814, publié par MM. Casimir Stryienski et François de Nion. »

« Si quelqu’un s’étonne de ce fragment, il n’a qu’à me le dire, et, parlant de la définition de la vertu, qu’il me donnera, je lui prouverai par écrit, aussi clairement que l’on prouve que toutes nos idées arrivent par nos sens, c’est-à-dire aussi évidemment qu’une vérité morale puisse être prouvée, que mon père à mon égard a eu la conduite d’un malhonnête homme et d’un exécrable père, en un mot d’un vilain scélérat. » Ce défi est assez bizarre. […] Cet orgueil s’accompagnait, comme il arrive souvent, d’une extrême timidité, qui n’en était que la conséquence  timidité qu’exaspéraient encore sa sensibilité d’artiste et sa sagacité d’observateur. […] Finalement, il fait à Louason sa cour pendant plus d’un an sans arriver à rien. […] En somme, c’est l’histoire d’un premier échec, puisque, s’il arrive à son but, c’est après y avoir renoncé et par d’autres moyens que ceux sur lesquels il comptait. […] Mais c’est le contraire qui est arrivé.

138. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 10, continuation des preuves qui montrent que les anciens écrivoient en notes la déclamation » pp. 154-173

Comparaison de ce changement avec celui qui est arrivé dans notre musique et dans notre danse sous Louis XIV . retournons aux preuves de fait, qui montrent que les anciens écrivoient en notes la déclamation de leurs pieces de théatre. […] Comme Horace a écrit après Ciceron et avant Quintilien, il est curieux d’examiner ce qu’il dit sur les changemens arrivez dans la déclamation théatrale, et sur la difference qu’il y avoit entre la nouvelle maniere de réciter, et l’ancienne. […] C’est ce qui arrive toujours dans les nouveautez qui sont goûtées du public. […] Les danseurs eux-mêmes n’entrerent qu’avec peine dans l’esprit des nouveaux airs, et souvent il arriva que Lulli fut obligé de composer lui-même les entrées qu’il vouloit faire danser sur les airs dont je parle. […] Ceux qui ont vû notre danse théatrale arriver par dégrez à la perfection où elle est parvenuë, n’en sont pas si frappez, mais les étrangers qui ont été long-temps sans venir en France sont très-surpris d’un progrès qui leur semble un progrès subit.

139. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

La même chose m’arrive quand je me représente un disque nuancé. […] Si, comme il arrive souvent, le fantôme se meut, l’image prépondérante, à mesure qu’elle avance et couvre une autre portion du mur, efface et laisse reparaître tour à tour des fragments distincts de sensation. […] Il m’est arrivé plusieurs fois de lui abaisser moi-même les paupières, et aussitôt elle me nommait une foule d’objets qui lui apparaissaient ». […] Il m’est arrivé il y a quelques jours, dans un rêve parfaitement net et bien suivi, de faire une sottise ridicule et énorme ; impossible de l’écrire ; supposez à la place quelque chose de moindre, par exemple ôter gravement ses bottes et les poser sur la cheminée à la place de la pendule. […] Nous laissons de côté l’ébranlement inconnu qui, au contact d’un objet extérieur, atteint le bout extérieur du nerf, se transmet à la moelle, arrive à la protubérance, rayonne dans les circonvolutions, persiste dans les centres nerveux, et plus tard s’y renouvelle.

140. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Ils y arrivèrent heureusement et avant moi. […] Même chose arriva à une tragédie de Roméo et Juliette, que je développai pourtant tout entière, mais avec effort et non sans me reprendre. […] Néanmoins il m’était arrivé très souvent de la rencontrer dans les théâtres et à la promenade. […] Charles-Édouard arrive, et rendez-vous est pris pour le soir même, à minuit, dans l’hôtel du duc de Choiseul. […] Le comte n’y voit nul obstacle ; on monte en voiture, on part, on arrive au couvent, non loin duquel on rencontre M. 

141. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Si Wagner a fait ce drame si rapidement, c’est qu’il le portait dans son esprit depuis plusieurs années et qu’il était arrivé à maturité. […] Mais arrivé au troisième acte, l’obsession devait nécessairement le reprendre, et de plus fort. […] Et comme cela arrive fréquemment lorsque « tout le monde » sait une chose, c’est une pure invention, qui ne repose sur rien. […] Une fois arrivé à la connaissance du monde, que fait l’homme ? […] Dans la première esquisse, Parsifal devait arriver à Karéol dans le troisième acte ; de nouveau un trait emprunté au roman français.

142. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

Saint-Simon, en deux ou trois endroits, a peint le marquis de Lassay en courant, et ce portrait nous le présente comme un type de ces hommes qui veulent être de tout, et qui, sans échouer absolument, n’arrivent jamais qu’à être dans l’à-peu-près ; bien moins un figurant, comme je l’ai dit pour abréger, qu’un homme qui n’a pu avoir les beaux rôles. […] En essayant, sans trop d’effort, de rejoindre ensemble ce que Saint-Simon nous dit de Lassay et ce que Lassay nous dit de lui-même, il arrivera pourtant que nous serons peut-être plus indulgent envers l’homme : c’est un résultat moins rare qu’on ne pense. […] Cela m’est déjà arrivé une fois à l’occasion de M. d’Antin ; nous le vérifierons encore aujourd’hui sur M. de Lassay, que nous allons trouver, au milieu de ses diversités de conduite, un homme d’esprit, de lecture et de coup d’œil. […] Lassay n’était âgé que de dix ans au moment où arriva cette aventure, et sa jeune imagination en avait été frappée ; il avait eu l’occasion presque au sortir de l’enfance de rencontrer Marianne et s’était accoutumé à l’admirer, à l’aimer. […] La différence toutefois, c’est qu’il était arrivé à cette période finale où l’on cherche à se distraire de sa douleur ; il n’était plus dans celle où on la veut nourrir en silence et honorer.

143. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

C’est donc, je le maintiens, indépendamment des résultats particuliers auxquels il a pu arriver dans son examen critique, c’est par nature un esprit religieux que M.  […] Dieu m’est témoin, vieux pères, que ma seule joie, c’est que parfois je songe que je suis votre conscience, et que, par moi, vous arrivez à la vie et à la voix. » Et voilà l’homme qu’une partie de la jeunesse française refuserait d’écouter avec respect, parlant dans sa chaire des études et des lettres religieuses et sacrées, sous prétexte qu’il a, comme critique, des opinions particulières ! […] Il m’arrive comme à un fils dont la tendresse filiale se serait refroidie, et qui, entendant attaquer l’honneur de son père, sent se rallumer dans son cœur l’amour qui paraissait éteint. […] Renan, dans ses diversions vers l’Art, n’a rien écrit de plus fin, de plus pénétrant, de plus touchant, que ce qu’il a donné sur la Tentation du Christ, d’Ary Scheffer ; c’est dans ce morceau d’une parfaite élégance et d’un exquis raffinement moral qu’il nous a peut-être livré le plus à nu le secret de son procédé, la nature et la qualité de son âme, et la visée de son aspiration dernière : « Toute philosophie, dit-il, est nécessairement imparfaite, puisqu’elle aspire à renfermer l’infini dans un cadre limité… L’Art seul est infini… C’est ainsi que l’Art nous apparaît comme le plus haut degré de la critique ; on y arrive le jour où, convaincu de l’insuffisance de tous les systèmes, on arrive à la sagesse… » Ceux qui craignaient d’abord que, malgré les précautions sincères de M.  […] Je suis arrivé au terme de l’espace que je me suis accordé, et je n’ai rien dit des divers, ouvrages de M. 

144. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VI. De la philosophie » pp. 513-542

Je ne concevrai jamais, je l’avoue, par quel procédé de l’esprit l’on peut arriver à donner à la moitié de ses facultés le droit de proscrire l’autre : et si l’organisation morale pouvait se peindre aux yeux par des images sensibles, je croirais devoir représenter l’homme employant toutes ses forces sous la direction de ses regards et de son jugement, plutôt que se servant d’un de ses bras pour enchaîner l’autre. […] Si les questions de politique, par exemple, pouvaient jamais arriver à un degré d’évidence tel que la grande majorité des hommes y donnât son assentiment comme aux vérités de calcul, combien le bonheur et le repos du genre humain n’y gagneraient-ils pas ? […] Il en serait de même des politiques ; ils ne pourraient pas dire : Telle révolution arrivera tel jour ; mais ils seraient assurés du retour des mêmes circonstances dans un temps donné, si les institutions restaient les mêmes. […] On peut arriver, par un raisonnement subtil, à représenter le dévouement le plus généreux comme un égoïsme bien entendu ; mais c’est prendre l’acception grammaticale d’un mot plutôt que le sentiment qu’il réveille dans le cœur de ceux qui l’écoutent. […] La vertu est de ce nombre ; elle est fille de la création, et non de l’analyse ; elle naît presque en même temps que l’instinct conservateur de la vie, et la pitié pour les autres se développe presque aussitôt que la crainte du mal qui peut nous arriver à nous-mêmes.

145. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Envoyé à Paris par son père pour y faire des études administratives, il y arriva le 11 août 1792, juste le lendemain de la chute du trône. […] S’il est arrivé à la lisière des vents alizés, cet oiseau rebrousse aussitôt et se replonge dans la région orageuse. […] Chamfort ulcéré s’écriera : « Tout homme qui est arrivé à quarante ans et qui n’est pas misanthrope, n’a jamais aimé les hommes !  […] On se voyait régulièrement ; on déjeunait, on dînait ensemble chaque semaine avec frugalité et gaieté, et quand Ducis arrivait de Versailles à Paris, c’était une fête. […] J’arrive à l’ouvrage le plus sérieux de M. 

146. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Amaury arrive ainsi à son troisième amour. […] Il part, il vole, il arrive au pont de Kehl ; mais adieu la gloire ! […] Et que serait-il arrivé ? […] J’arrive à M.  […] Nous arrivons dans l’Inde.

147. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

Parmi les développements divergents auxquels elle donne naissance, les uns continuent indéfiniment, les autres arrivent plus ou moins vite au bout de leur rouleau. […] Arrivons à l’évolution des animaux, qui nous intéresse plus particulièrement. […] Une chaîne nerveuse, même sous sa forme la plus rudimentaire, arrive cependant à les réconcilier. […] Et c’est ce qu’elle exprime en disant qu’ainsi seulement elle arrive à la distinction et à la clarté. […] Pourtant il est douteux que la science, avec ses procédés d’explication actuels, arrive jamais à analyser l’instinct complètement.

148. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Qu’arrive-t-il ? […] On arrive au Temple. […] Masson-Forestier arrivera au premier rang. […] Elle manque de tout ; les vivres n’arrivent point ou arrivent trop tard. […] La voici, elle arrive au grand galop.

149. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Il se trouvait à Paris dans la journée du 10 Août et dans les journées suivantes ; il fut témoin des canonnades et des massacres, et paraît surtout sensible à la protection singulière dont le couvrit la Providence en ces journées : il avait des papiers d’affaires à retirer et à envoyer chez son père, et il ne cessa de circuler dans Paris sans qu’il lui arrivât malheur. […] C’est à sa manière un millénaire, un utopiste à imagination pieuse ; et les beaux résultats qu’il se peint à l’avance, le futur âge d’or de sa philosophie divine, cette espèce d’Éden plus ou moins retrouvé dès ici-bas, quelles que soient les épreuves de la crise dernière, ne lui paraissent pas trop chèrement payés. — Lui, de tous les hommes le moins semblable assurément à Condorcet, il lui arrive de rêver et de délirer comme lui. […] Âgé d’environ soixante ans, Saint-Martin sentait intérieurement les approches de sa fin et ne continuait pas moins de cultiver ses relations d’amitié : J’arrive à un âge et à une époque, disait-il, où je ne puis plus frayer qu’avec ceux qui ont ma maladie. […] [NdA] Cependant il disait assez spirituellement des plus grands hommes d’alors, de ceux même en qui il voyait des agents et instruments providentiels destinés à mener à bon terme la Révolution : « Ils se tromperont s’ils se croient arrivés. Je les regarde au contraire comme des postillons qui ont fait leur poste ; mais ils ne sont que des postillons de province, il en faudra d’autres pour nous faire arriver au but du voyage, qui est de nous faire entrer dans la Capitale de la Vérité. » (Mars 1801.)

150. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Tout remue, tout danse ; le pêle-mêle de sensations est complet, la joie du départ l’emporte ; il a, pour le rendre, ses refrains familiers : « Marseille, 21 octobre 1839 Voilà le grand moment arrivé. […] Arrivé en Égypte, à Alexandrie, il voit tout, il note tout, et l’homme de sens ne se sépare. […] C’est dans son voyage de Syrie qu’Horace Vernet paraît avoir conçu pour la première fois ses idées sur l’immobilité de l’Orient et sur les applications qu’on en pouvait tirer à la peinture ; il lui arriva alors une chose rare, unique dans sa vie : il eut un système, il fit une théorie. […] C’est un événement qui arrive, dit-on, à chaque manœuvre de ce genre. […] La nouvelle de la mort du duc d’Orléans arriva sur ces entrefaites (juillet 1842) ; elle tomba comme un coup de foudre, la veille d’un bal et d’une fête de cour que l’on contremanda.

151. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

81 Le général Foy, qui fut dépêché quand on sut la prise du général Franceschi, arriva trop tard à Madrid. […] À peine étions-nous arrivés à nos logements, que plusieurs officiers de ce général vinrent nous prier de sa part d’accepter à dîner avec lui. […] Cette dernière ville était en pleine insurrection quand ils arrivèrent. […] Mais voilà qu’arrivés en vue de Carthagène, le gouverneur les empêche de débarquer, pendant n’avoir pas d’ordre à recevoir de celui de Malaga, et le bâtiment dut faire voile vers Majorque. […] On recommençait à espérer en l’avenir et en la délivrance, lorsqu’un bâtiment arrivé des côtes d’Afrique apporta les germes de la fièvre jaune.

152. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre III. La notion d’espace. »

Il arrive que nous sommes capables de distinguer deux impressions l’une de l’autre, tandis que nous ne saurions distinguer chacune d’elles d’une même troisième. […] Certes on ne peut pas exiger de nous que nous sachions le définir, car en remontant de définition en définition il faut bien qu’il arrive un moment où l’on s’arrête. […] Nous arrivons donc à savoir si la position relative d’un objet par rapport à notre corps est ou non restée la même. […] Mais il arrive justement que l’expérience nous apprend que, quand deux sensations visuelles sont accompagnées d’une même sensation de convergence, elles sont également accompagnées d’une même sensation d’accommodation. […] Va-t-on dire alors que c’est l’expérience qui nous apprend que l’espace a trois dimensions, puisque c’est en partant d’une loi expérimentale que nous sommes arrivés à lui en attribuer trois ?

153. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

La biologie doit prendre aux sciences physico-chimiques la méthode expérimentale, mais garder ses phénomènes spéciaux et ses lois propres. » Arrivera-t-on un jour à réduire tous les phénomènes vitaux aux phénomènes physico-chimiques, comme on l’a fait déjà pour quelques-uns d’entre eux ? […] « On entend tous les jours les médecins employer ces mots, le plus ordinairement, le plus souvent, ou bien s’exprimer numériquement en disant : “Huit fois sur dix, les choses arrivent ainsi.” […] « On isole encore un organe, dit l’auteur, en détruisant par des anesthésiques les réactions du consensus général ; on arrive au même résultat en divisant les nerfs qui se rendent à une partie tout en conservant les vaisseaux sanguins. […] Suivant lui, comme nous l’avons vu, rien n’arrive dans l’ordre physiologique sans une condition antécédente, absolument déterminée, liée elle-même à une condition antérieure ; de condition en condition, il faut toujours arriver à une excitation externe, c’est-à-dire à un phénomène physico-chimique sans lequel aucun phénomène vital ne peut se produire. […] Pendant toute sa durée, l’être vivant reste sous l’influence de cette même force vitale créatrice, et la mort arrive lorsqu’elle ne peut plus se réaliser.

154. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Les députés, partis en poste, arrivèrent devant la ville de Lille le 6 août. […] Pourquoi moi et pas celui-là, celui-là qui arrive, sans rien comprendre, et sans rien deviner ? […] Dubois annonce son maître, son maître arrive. […] L’instant d’après, l’avocat arrive. […] Qu’est-il donc arrivé ?

155. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Post-scriptum sur Alfred de Vigny. (Se rapporte à l’article précédent, pages 398-451.) »

Je me rappelle qu’à l’Académie où nous entendions M. de Vigny plus souvent et plus longuement que nous ne l’aurions désiré (car il s’obstinait la plupart du temps à des choses ou impossibles ou inutiles ou déjà résolues,), il m’arriva plus d’une fois de laisser voir mon impatience ; sur quoi notre doux et indulgent confrère, M.  […] Je suis presque avec vous tous, bientôt j’y serai mieux encore. » Et il m’écrivait le 7 mai 1829 : « Adieu, mon ami, si vous n’avez pas embrassé mon Victor sur les deux joues, j’irai vous chercher querelle. » Je n’ai nullement dessein de publier les lettres de M. de Vigny toutes remplies de compliments et d’éloges pour moi : mais, puisqu’il niait en 4 835 le droit et la légitimité de ma méthode critique, je me contenterai de lui opposer ce passage d’une de ses lettres, du 29 décembre  1829 (je venais d’écrire dans la Revue de Paris un premier article sur Racine) : « Je suis distrait, et outre cela il m’arrive presque toujours d’être en présence de mes amis ce qu’est un amant devant sa maîtresse, si aise de la voir qu’il oublie tout ce qu’il avait à lui dire. […] Il m’est arrivé, depuis que je l’ai écrit, un certain nombre de lettres qui, la plupart, le confirment. […] Nous causâmes ensemble pendant la route, et quand notre régiment fut arrivé à Nancy, je fus très surpris de recevoir de mon sergent-major un billet de logement d’officier, dans une maison bourgeoise distinguée.

156. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres mises en ordre par M. J. Sabbatier. (Tome II, 1844.) » pp. 144-153

Il y a longtemps que la destinée de Victorin Fabre est en butte aux contre-temps de toutes sortes ; on dirait que, même en cette publication dernière, il trouve moyen de nous arriver gauchement ; il est malencontreux encore. […] Il lui arriva un peu ce qui arrive à de certaines jeunes filles qui épousent des vieillards : en très-peu de temps leur fraîcheur se perd on ne sait pourquoi, et le voisinage attiédissant leur nuit plus que ne feraient les libres orages d’une existence passionnée : Je crois que la vieillesse arrive par les yeux, Et qu’on vieillit plus vite à voir toujours les vieux, a dit Victor Hugo.

157. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre VII. Éducation de la sensibilité »

Éducation de la sensibilité Il peut arriver que des natures brutes et incultes, dans une violente agitation, rendent avec facilité ce qu’elles éprouvent, mais cela est rare. […] Que de fois arrive-t-il que, faute de se connaître, on écrit d’un style qui ne représente pas la personne qu’on est ! […] Il arrive souvent que les jeunes gens s’imaginent que les démonstrations prolixes de sentiments, les abondantes confidences sont le devoir et le signe de l’amitié. […] Sans elle, on aura beau s’abreuver de toutes les rhétoriques, se consumer sur les sujets particuliers qui s’offriront, on n’arrivera jamais qu’à se souvenir et à amplifier ; on n’aura jamais une façon d’écrire naturelle et personnelle.

158. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 14, comment il se peut faire que les causes physiques aïent part à la destinée des siecles illustres. Du pouvoir de l’air sur le corps humain » pp. 237-251

Cette difference entre deux generations des habitans du même païs arrivera par l’action de la même cause qui fait que les années n’y sont pas également temperées, et que les fruits d’une récolte valent mieux que les fruits d’une autre récolte. […] Quelquefois les altérations de l’air causent ces vicissitudes, comme il arrive aussi que les vicissitudes de l’air y causent des altérations. […] Comme les qualitez de l’air que nous avons appellées permanentes, doivent avoir plus de pouvoir sur nous que ses vicissitudes, il doit arriver dans notre machine lorsque ces qualitez s’alterent, des changemens plus sensibles et plus durables, que ne sont les changemens causez par les vicissitudes de l’air. […] Une autre preuve sensible du pouvoir que les qualitez de l’air ont sur nous, est ce qui nous arrive en voïageant.

159. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 16, objection tirée du caractere des romains et des hollandois, réponse à l’objection » pp. 277-289

Enfin il est arrivé de si grands changemens dans l’air de Rome et dans l’air des environs de cette ville, depuis les Cesars, qu’il n’est pas étonnant que les habitans y soient à present differens de ce qu’ils étoient autrefois. Au contraire, suivant notre systême, il falloit que la chose arrivât ainsi, et que l’altération de la cause altérât l’effet. […] Elle y croupit, et elle y devient tellement infectée, que lorsqu’il arrive aux fouilleurs d’ouvrir en creusant un de ces canaux, la puanteur et l’infection qui s’en exhalent, leur donnent souvent des maladies mortelles. […] De pareilles révolutions sur la surface de la terre, qui causent toujours beaucoup d’altération dans les qualitez de l’air, et qui ont encore été suivies d’un si grand changement dans les alimens ordinaires, que les nouveaux habitans se nourrissent en pêcheurs et en jardiniers, au lieu que les anciens habitans se nourrissoient en chasseurs, de pareilles révolutions, dis-je, ne sçauroient arriver sans que le caractere des habitans d’un païs cesse d’être le même.

160. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Première partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées religieuses » pp. 315-325

Entre les époques dont nous parlons, celle où nous sommes arrivés à cela de remarquable que, quoique toutes nos traditions soient finies, nous ne sommes point dans l’attente d’une révélation. […] Une autre considération à laquelle je ne puis assez me hâter d’arriver, et que la plupart de mes lecteurs ont sans doute prévue, c’est que la parole a conservé toute sa puissance et toute sa fécondité dans la sphère des idées religieuses. […] Ce simple pêcheur arrive tout seul dans la ville maîtresse du monde. […] Le moment est donc arrivé où nous devons nous entendre sur les croyances générales et unanimes.

161. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Il faut arriver de province et être naïf pour cela. […] avec l’argent arrive la démoralisation et le cynisme. […] Eh bien, c’est ce qui arrive pour la poésie. […] C’est ce qui est arrivé à M.  […] Ce qui arrive par elle, n’arrive qu’à une intention.

162. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Aussi qu’est-il arrivé ? […] Je me hâte d’arriver à l’histoire. […] Qu’est-il arrivé ? Ce qui devait arriver. […] C’est ce qui est arrivé à Tiedemann.

163. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Goethe dit : « Ce qui lui arrive est bien fait. […] Soret arriva, apportant des compliments de condoléance de la part de la duchesse régnante. […] Frédéric venait d’ouvrir une grande caisse qui arrivait de Paris. […] qu’arrivera-t-il ? […] Pour rendre nos relations plus intimes, le fiancé de l’une d’elles arriva, et je me trouvai lié plus exclusivement avec l’autre.

164. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

Le plus que puisse faire l’analyse, c’est d’arriver à quelque élément ultime, qui, dans les limites de l’expérience, nous fasse comprendre la composition de l’esprit. […] Bref, nous arrivons à cette classification fondée sur la structure : émotions, sensations externes, sensations internes ; ou, comme s’exprime l’auteur, états de conscience centraux, épipériphériques, entopériphériques. […] Par des décompositions successives de nos connaissances en éléments de plus en plus simples, nous devons arriver finalement au plus simple, à l’élément matériel ultime ou substratum. […] Nous voici donc arrivés au dernier terme de notre analyse. […] Les hommes de science, maintenant, comme toujours, subordonnent les verdicts de la conscience auxquels on arrive par une opération immédiate ; ou, pour parler plus exactement, ils subordonnent les verdicts auxquels ou arrive par un raisonnement prolongé et conscient à ces verdicts auxquels on arrive par un raisonnement qui est si près d’être automatique qu’on ne doit plus l’appeler un raisonnement.

165. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Les pères avaient dû mourir dans le désert, on serait la génération qui touche au but et qui arrive. […] Il devint clair, à ceux qui avaient espéré mieux, que ce ne serait pas cette génération si pleine de promesses et tant flattée par elle-même, qui arriverait. […] En montant par un certain versant et par des sentiers bien choisis, on arrive au plus haut sans rien découvrir, et, au dernier pas exactement qui vous porte au plateau du sommet, tout se déclare. […] Ses opinions, afin de prévaloir, avaient besoin d’arriver par M.  […] On se rendait, une fois par semaine seulement, à ces prédications de la philosophie ; on y arrivait comme avec ferveur et discrétion ; il semblait qu’on y vînt puiser à une science nouvelle et défendue, qu’on y anticipât quelque chose de la foi épurée de l’avenir.

166. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Nous sommes écœurés de ces idées, mais la majorité des esprits les avale comme l’eau et passe par leur ivresse avant d’arriver à leur corruption. […] Or, qu’est-il arrivé de cette méconnaissance ? […] Il traîne la chaîne qu’il a rompue comme s’il espérait encore de la rattacher, et le livre arrive à son terme sans qu’il ait brûlé son vaisseau. […] Et ce qui, en morale, est arrivé à M. Ernest Feydeau, lui arrive aussi en littérature, car l’homme est d’une unité effrayante, et là comme ailleurs le pur génie de la conscience a cédé au génie troublé, agité, orageux, de la contradiction.

167. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers (suite) »

Ce brave officier, l’honneur et le scrupule même, ne se pardonnait pas ce retard, qui aurait pu être cependant aussi profitable que nuisible en donnant à Grouchy le temps d’arriver, mais qui, de fait, devint funeste ; et tandis que d’autres cherchaient à s’excuser de ce dont ils étaient réellement coupables, il s’accusait, lui, de ce dont il était innocent. […] Bülow arrivait, Ziethen ou d’autres allaient arriver, et Grouchy, Grouchy n’arrivait pas ! […] J’aime la vérité assurément et la réalité franche, je le répète assez souvent ; je sais même surmonter un dégoût pour arriver au plus profond des choses, au plus vrai de la nature humaine ; mais je m’arrête là où l’inutilité saute aux yeux et où la puérilité commence.

168. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. Vitet à l’Académie française. »

Il ne serait pas impossible, nous le croyons, d’arriver à donner le sentiment réel, vivant et presque dramatique de l’histoire, par l’excellence même du récit ; et, au besoin, les belles pages narratives par lesquelles M.  […] Si l’artiste a mal vécu, s’il a vécu au hasard, au seul gré de son caprice et de son plaisir, qu’arrive-t-il le plus souvent lorsqu’il a dépensé ce premier feu, cette première part toute gratuite de la nature ? Pour un ou deux peut-être, doués d’une élévation naturelle qui résiste et d’un goût à l’épreuve qui a l’air plutôt de s’aiguiser, qu’arrive-t-il de la plupart en ce qui est de l’œuvre et de la production même ? […] Il en est de plus timorés, qui répugnent à mentir aussi bien qu’à se trahir, et qui arrivent bientôt à se taire, car ils n’ont plus rien de bon à dire ou à chanter. […] C’est ce qui était arrivé pour la séance de réception de M. de Vigny ; le public y avait supposé et mis, à l’instant même, beaucoup plus de malice qu’il n’y eu avait eu au fond.

169. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre V. Le théâtre des Gelosi (suite) » pp. 81-102

Toutefois, arrivé chez lui, son épouse se disculpa avec de si bonnes raisons, qu’elle réussit à apaiser sa colère. » La pièce s’ouvre dans ces circonstances. […] Arrive justement le docteur. […] Arrive ensuite Flavio, que la comédienne arrête avec des discours engageants. […] Gratiano arrive à son tour. […] Pantalon et Gratiano, se trouvant en face de leurs valets qui sont en chemise, leur demandent ce qui leur est arrivé.

170. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Edgar Quinet »

c’est un débutant qui ne doute de rien et qui arrive dans les sciences comme un provincial, qui veut s’amuser, arrive à Paris ! […] Ce n’était pas la peine de la suivre, puisqu’elle arriva de tous les côtés ; mais c’est l’ivresse de cette lumière qui, sans doute, le fait parler avec cette stricte précision. […] Il n’a pas, dans Son livre, pour les savants, l’exactitude du savant ; il n’a pas non plus la beauté d’imagination du poète, pour les poètes ; — et il n’arrive, en se mettant une jambe deci dans la poésie, et une jambe de la dans la science, qu’à être le colosse de Rhodes de l’amphigouri ! […] Mais ils n’arrivent pas à la cause première et à ce terrible passage de la cause seconde à la cause première, qui seule, ici par exemple, expliquerait la création.

171. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Un médecin arrive, puis un autre. […] Celui-ci veut, en effet, que l’historien parle de ce qui est arrivé, et, le poète de ce qui aurait pu arriver. […] Il arrive dans l’île où s’ouvre la caverne miraculeuse de Saint Patrice. […] Il arrive et se met tout de suite à parler au prince avec désinvolture. […] Ils arrivaient avec des provisions et escortés de médecins.

172. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

L’art en est arrivé à une époque de décadence manifeste, ceci n’est pas douteux ! […] Nous en sommes arrivés à la littérature flamboyante : la renaissance n’est pas loin. […] Pour arriver jusqu’à elle il fallait avoir le mot de passe qui faisait baisser la herse, il fallait connaître le : Sezame, ouvre-toi ! […] Qu’est-il arrivé de cette guerre impie, de cet antagonisme insensé ? […] » J’avoue que je n’en suis pas encore arrivé là ; mais je crois qu’il faut laisser les vieilles allégories, les vieilles histoires, les vieilles images dans la demeure vide des dieux détrônés.

173. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Antoine arrive tout heureux. […] Au fond, malgré du froid arrivé entre nous, je lui suis resté et lui reste toujours reconnaissant de son article sur mon frère. […] Il dit que jamais rien ne lui est arrivé qu’une boxe dans le quartier, où il y a la plus grande agglomération de coquins londoniens. […] — Qu’est-ce que vous dites, monsieur de Goncourt, de la surprise qui m’arrive ? […] Bientôt arrive Coppée, qui vient de Combs-la-Ville, d’un petit village de l’autre côté de la forêt de Senart, où il a loué cette année.

174. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Il parle des vingt, trente, quarante croquis, qu’il est obligé parfois de faire, pour arriver à l’image voulue. […] » Et il arrive à temps, poussant devant lui les hommes et les femmes de sa troupe. […] Et il arrive qu’après la lecture, Koning l’emmène, et demeure, un long temps, j’en suis persuadé, à la frictionner moralement. […] Enfin Méténier et Alexis sont arrivés, et nous voici prenant un verre de madère, chez Riche. […] Les acteurs arrivent un peu tristes, parce qu’ils ne font pas d’argent, mais pas découragés.

175. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — II. (Fin.) » pp. 398-412

Un jeune prince grec, Alexis, fils d’Isaac l’Ange, d’un de ces empereurs dépossédés à qui leurs parents et frères usurpateurs faisaient crever les yeux, sollicite l’appui de l’armée ; il arrive lui-même dans le camp ; d’un visage animé et avec le feu de son âge, il implore les chefs. […] Les premiers vaisseaux arrivés attendent les autres au port d’Abydos, et de là tous remontent, par le canal dit alors de Saint-Georges, jusque dans cet admirable bassin et en cette mer intérieure qu’on appelait aussi quelquefois du même nom : En ces huit jours d’attente arrivèrent tous les vaisseaux et les barons, et Dieu leur donna bon temps : alors ils quittèrent le port d’Abydos. […] s’écrie tout d’un coup Nicétas en s’interrompant, le Barbare devance mes paroles ; il est emporté plus rapide dans sa course que l’aile de l’Histoire, et aucun obstacle ne l’arrête ; car elle, elle en est encore à le montrer saccageant Thèbes, s’emparant d’Athènes, envahissant l’Eubée : mais lui, il ne marche pas, il vole, il traverse les airs laissant en arrière tout récit ; il marche vers l’Isthme, il renverse l’armée romaine qui lui barre le passage ; il pénètre dans cette ville assise sur l’Isthme même et qui était jadis l’opulente Corinthe ; il se porte à Argos, il enveloppe tout le pays de Lacédémone, il s’élance dans l’Achaïe, court de là à Méthone, et se rue sur Pylos, la patrie de Nestor : puis, arrivé aux bords de l’Alphée, il s’abreuvera, je pense, de ses ondes, et, s’y baignant, il y puisera le souvenir de la tradition antique et gracieuse ; et, dès qu’il aura su que le fleuve s’est fondu d’amour pour Aréthuse, la source de Sicile, qui désaltère les fils de l’Italie, je crains fort que, ne faisant violence au fleuve lui-même, il n’écrive sur ses eaux et ne fasse savoir par lui à ses compatriotes de là-bas les exploits dont ont souffert les Grecs. […] Dans cet Empire éphémère des Latins, en effet, à peine arrivé au sommet de la pente glorieuse, on sent qu’on n’a plus qu’à la redescendre. […] Il serait évident, rien qu’à voir les deux styles, que, dans l’intervalle de Villehardouin à Du Cange, il est arrivé un accident à la langue ; qu’elle s’est de nouveau compliquée, qu’elle a été reprise de latinisme et ne s’en est pas encore débarrassée.

176. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal de Dangeau. tomes III, IV et V » pp. 316-332

Mais enfin, en poursuivant cette lecture à travers les mille particularités dont elle se compose, et en faisant la part de la bienveillance et de l’optimisme de Dangeau, décidé à trouver tout bien, on arrive à un résultat qui, selon moi, ne trompe point : on ressent et l’on respire ce qui est dans l’air à un certain moment. […] On part de Versailles pour le siège de Namur le 10 mai ; on arrive devant la place le lundi 2659. […] Il arrive là, à cette prise de Namur, ce qui est plus d’une fois arrivé à la France dans le temps d’une victoire remportée sur terre, c’est un désastre sur mer : on apprend la défaite de M. de Tourville à La Hogue. […] Dangeau, qui dans le premier moment de la nouvelle l’appelle le combat d’Enghien, nous dit : « Samedi 9 août, à Versailles. — M. le comte de Luxe arriva ici ; il apporta au roi une relation fort ample de M. de Luxembourg de tout ce qui s’est passé au combat. […] Il est temps, c’est l’impression qu’on a, que la paix se fasse, et que le traité de Riswick arrive pour procurer à la France un intervalle de repos qui, malheureusement, ne sera pas assez long.

177. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

Son dix-septième volume, qui est peut-être le plus beau de tous, et qui est certainement le plus émouvant, le plus poignant d’intérêt pour tout cœur français, comprend les événements des deux derniers mois de 1813 et des quatre premiers de 1814 : il ne reste plus à l’auteur, pour clore entièrement son œuvre, qu’à écrire l’histoire des Cent-Jours, cette histoire pénible, où d’autres, avides de désastres, se sont jetés avant lui, où lui il n’arrive qu’à regret et comme par nécessité, et où, venant le dernier, il saura apporter, sur des points encore controversés, des lumières, à quelques égards nouvelles et peut-être décisives. […] Enfin, parti le 25 janvier au matin de Paris, il arrive le même jour à Châlons-sur-Marne, où il a appelé ses maréchaux : les renforts ne sont pas prêts encore, il n’apporte que lui-même, mais lui tout entier, lui redevenu soldat, plus actif, plus confiant que jamais, plus fertile en combinaisons et en ressources, ayant comme laissé à Paris tous les soucis amers, serein de visage et l’étoile au front, et, pour tout dire, le général de l’armée d’Italie. […] Blucher, à ce qu’il pressent, ne peut rester si près de Schwarzenberg ; laissant celui-ci opérer sur la Seine, l’ardent général prussien doit désirer de se porter lui-même sur la Marne, afin d’être plus libre d’agir à sa guise, et pour arriver, s’il se peut, le premier au but. […] Forçant les difficultés de terrain, perçant par des marais dits impraticables, d’où son artillerie se débourbe à force de bras, il arrive en droite ligne et débouche sur Champaubert, surprend le corps d’Olsouvieff, qu’il coupe de Blucher, resté en arrière à Étoges ; il le détruit en partie et le rabat sur Montmirail. […] Quand un gros nuage chargé de foudre passe dans l’air, tous les corps s’en ressentent aussitôt et reprennent chacun le genre d’électricité qui leur est propre, bien souvent une électricité contraire : ainsi arriva-t-il en 1840 dans le conflit des opinions sur la grande mesure : Faut-il, ou ne faut-il pas fortifier Paris ?

178. (1875) Premiers lundis. Tome III « Lafon-Labatut : Poésies »

Un soir d’hiver arrivèrent à pied, dans le village, un homme et un enfant épuisés de fatigue ; ils vinrent frapper à la porte de M.  […] La pauvre femme était morte de la peste en route, à Gibraltar ; le père et l’enfant, après mille traverses, exténués de misère et de besoin, arrivaient donc seuls ; ils furent reçus avec cordialité. […] Ne m’arrivera-t-il pas de remplacer le mauvais par le plus mauvais encore ?

179. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

Il a ses sources dans les Fables milésiennes, ces contes gracieux de la molle Ionie, qui malheureusement ne nous sont pas arrivés dans un recueil à part, et dont quelques-uns seulement, à travers Pétrone ou Apulée, ont filtré jusqu’à nous. […] Arrivé sur le soir à Hypate, la première ville qu’il rencontre, et descendu chez le vieil avare auquel on l’a assez maladroitement adressé, il se couche sans souper ; mais le lendemain matin, éveillé avec le jour, il ne songe plus qu’à satisfaire sa soif d’aventures. […] Une jolie aventure qui arrive au Lucius-Apulée avant sa métamorphose, c’est celle qui termine le joyeux souper qu’il est allé faire chez Byrrhène : rentrant de nuit et la tête troublée de vin, il s’imagine voir devant la porte de son hôte trois terribles brigands contre lesquels il dégaine et qu’il transperce à coups d’épée. […] Cependant le grand jour de la métamorphose arrive. […] Dès qu’on est arrivé au repaire dans la montagne, au quartier général de tous les Mandrins de la contrée, les histoires de voleurs se succèdent et ne tarissent pas ; chaque bande qui arrive raconte la sienne, ses prouesses, ses pertes : il y a de fameux voleurs qui viennent de périr et qu’on exalte ni plus ni moins que des héros, Lamachus, Thrasyléon ; il faut entendre comme leurs compagnons en parlent, comme ils en sont fiers et en quels termes ils les déplorent : c’est à donner envie de se faire brigand, si l’on a du cœur.

180. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Sept ans arrivent : il sent, il se souvient, il peut peindre son enfance. […] » Et elle se met en marche vers l’église, appuyée sur l’enfant ; pas de soleil encore, il bruine ; l’odeur du laurier qui jonche le chemin lui arrive parfois et la fait frissonner. […] ne vois-tu pas que nous arrivons ? […] Quand il arrive au refrain : Les chemins devraient fleurir, etc., et que, cessant de déclamer, il chante, toutes les larmes coulent ; ceux même qui n’entendent pas le patois partagent l’impression et pleurent. […] Qu’il ne le perde point de vue ; et puisse-t-il arriver à vieillir, suivant ses souhaits, dans sa ville natale, poëte toujours aimable, mais de plus en plus sérieux, touchant et honoré !

181. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Les générations ne se succèdent pas toujours comme il arrive dans une famille aimante et bien réglée. […] Que du milieu de la moisson si riche de ses premiers triomphes, de cette ferveur généreuse des Vêpres Siciliennes, de cette exquise versification des Comédiens, il me soit permis de choisir, et d’exprimer ma prédilection toute particulière pour des portions du Paria : le jeune auteur y trouvait dans l’expression de l’amour des accents passionnés et vrais ; dans ses chœurs, surtout quand il exhale les tristesses et les langueurs de sa Néala, il arrivait au charme et nous rendait mieux qu’un écho de la mélodie d’Esther. […] Casimir Delavigne avait trente ans : il était arrivé à la maturité de la jeunesse, à la possession de la célébrité la plus flatteuse et la plus pure ; les générations de son âge et celles qui s’étaient élevées depuis, ou qui grandissaient, l’avaient pour première idole. […] S’il n’est ni si impétueux, ni si entraîné qu’on voudrait d’abord, laissez-le faire, laissez-le rêver à loisir, seul, ne l’interrompez ni ne l’excitez : il arrive aussi à ses effets, à ses nobles et douces fins. […] Nous autres critiques qui, à défaut d’ouvrages, nous faisons souvent des questions (car c’est notre devoir comme aussi notre plaisir), nous nous demandons, ou, pour parler plus simplement, Messieurs, je me suis demandé quelquefois : Que serait-il arrivé si un poëte dramatique éminent de cette école que vous m’accorderez la permission de ne pas définir, mais que j’appellerai franchement l’école classique, si, au moment du plus grand assaut contraire et jusqu’au plus fort d’un entraînement qu’on jugera comme on le voudra, mais qui certainement a eu lieu, si, dis-je, ce poëte dramatique, en possession jusque-là de la faveur publique, avait résisté plutôt que cédé, s’il n’en avait tiré occasion et motif que pour remonter davantage à ses sources à lui, et redoubler de netteté dans la couleur, de simplicité dans les moyens, d’unité dans l’action, attentif à creuser de plus en plus, pour nous les rendre grandioses, ennoblies et dans l’austère attitude tragique, les passions vraies de la nature humaine ; si ce poëte n’avait usé du changement d’alentour que pour se modifier, lui, en ce sens-là, en ce sens unique, de plus en plus classique (dans la franche acception du mot), je me le suis demandé souvent, que serait-il arrivé ?

182. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

S’il est malade, s’il n’écrit pas assez souvent, elle le menace agréablement des plus violentes extrémités : Remarquez bien, dit-elle, que ce ne sont point des lettres que j’exige, mais de simples bulletins : si vous me refusez cette complaisance, aussitôt je dirai à Viart (son secrétaire) : Partez, prenez vos bottes, allez à tire-d’aile à Londres, publiez dans toutes les rues que vous y arrivez de ma part, que vous avez ordre de résider auprès d’Horace Walpole, qu’il est mon tuteur, que je suis sa pupille, que j’ai pour lui une passion effrénée, et que peut-être j’arriverai incessamment moi-même ; que je m’établirai à Strawberry-Hill, et qu’il n’y a point de scandale que je ne sois prête à donner. […] mon tuteur, prenez vite un flacon, vous êtes prêt à vous évanouir ; voilà pourtant ce qui vous arrivera, si je n’ai pas de vos nouvelles deux fois la semaine. […] On me permettra de citer encore ce passage, parce qu’on a accusé Mme Du Deffand de ne point aimer Plutarque, et que je suis sûr que, si elle ne l’a point aimé, c’est qu’elle a découvert un tant soit peu de rhéteur en lui : J’aime les noms propres aussi, dit-elle ; je ne puis lire que des faits écrits par ceux à qui ils sont arrivés, ou qui en ont été témoins ; je veux encore qu’ils soient racontés sans phrases, sans recherche, sans réflexions ; que l’auteur ne soit point occupé de bien dire ; enfin je veux le ton de la conversation, de la vivacité, de la chaleur, et, par-dessus tout, de la facilité, de la simplicité. […] Dans un des voyages qu’il fit à Paris (août 1775), Walpole, au débotté, voit arriver à son hôtel Mme Du Deffand ; elle assiste à sa toilette, ce qui n’a nul inconvénient, remarque-t-elle, puisqu’elle ne voit rien. […] Il est très doux ; il ne mord personne ; il n’était méchant qu’auprès de sa maîtresse. » Or, dans une lettre de Walpole, datée du 4 mai 1781, je lis ces mots : « Le petit chien de ma pauvre chère Mme Du Deffand est arrivé.

183. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Dès l’abord elle charme la jeune reine, une gracieuse et vraiment spirituelle élève, lui devient nécessaire, et par elle arrive à l’être au jeune roi, prince d’un esprit juste, brave à la guerre, mais d’un caractère timide, d’un tempérament impérieux, et par là dépendant étroitement de sa femme (uxorius), en un mot chaste, dévot et amoureux. […] Il nous arrive à nous-même presque comme à Louis XIV ; Mme des Ursins regagne dans notre esprit, du moment qu’elle parvient à être écoutée. […] Je ne savais où étaient les fenêtres, parce que nous étions arrivés de nuit dans ce lieu-là ; je pensai me casser le nez contre la muraille, et nous fûmes, le roi d’Espagne et moi, près d’un quart d’heure à nous heurter en les cherchant. […] Il lui fallait passer par ces soins domestiques pour arriver aux affaires d’État et pour y conduire peu à peu ce jeune couple. […] Geffroy, dans lesquelles elle sollicite et remue ciel et terre pour arriver à être choisie.

184. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Ce qui arrive là au sujet du prince de Vaudémont se renouvelle sans cesse. […] Tout à coup, du côté où l’on s’y attendait le moins, la nouvelle d’une victoire arrive. […] Le 23 décembre 1714, comme la reine y arrivait, Mme des Ursins la reçut avec les révérences d’usage. […] Je la vois souvent agitée et quelquefois calme : voilà les cours ; voilà ce que j’ai vu, voilà ce qui m’est arrivé, voilà ce qui excite votre généreuse compassion. […] Elle y vit arriver, déchus à leur tour, plus d’un de ceux qui l’avaient renversée elle-même, et elle mourut en décembre 1722, à plus de quatre-vingts ans.

185. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Un coup de théâtre n’intéresse pas quand il n’arrive que pour dénouer une situation : il doit la poser tout au contraire. […] Chaque événement doit, après avoir pour ainsi dire traversé le premier, arriver au second. […] Puis les premières infidélités à la discipline et enfin la série de dégradations et de glissements par lesquelles il arrive jusqu’au brigandage. […] Elle a aussi travaillé au lavoir des Enfants-Rouges, où l’eau arrive par des robinets. […] Quand Cosette y arriva, elle n’était encore qu’une enfant, Jean Valjean lui livra ce jardin inculte. — Fais-y tout ce que tu voudras, lui disait-il.

186. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Il arrive à Paris dans l’été de 1795, il y embrasse une cause, il s’y fait une patrie. […] « C’est cependant ce qui est arrivé de la façon la plus singulière. […] J’arrive à Calais, je m’embarque, j’arrive à Douvres, et je me réveille comme d’un songe. […] En premier lieu, je me sers moi tout seul, ce qui ne m’était jamais arrivé. […] Le courrier qui arrive ordinairement le mardi n’est arrivé qu’aujourd’hui, et, en ne recevant point de lettres de vous hier, je m’étais résigné et j’attendais vendredi avec crainte et impatience.

187. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Il arriva un moment où ces jeunes gens, devenus des hommes, entrèrent dans le monde. […] On sait ce qui arriva aussi en France et ce qui s’ensuivit. […] Des formes les plus bizarres, on arrive aux formes les plus simples ; de la langue la plus coloriste, à la langue la plus crue. […] Quant à moi du moins voici ce qui arrive. […] Moi je vous ai convaincus, en traversant les âges, d’être des professeurs de désespoir et de suicide, et maintenant nous voici arrivés au monstrueux.

188. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Seconde faculté d’une Université. Faculté de médecine. » pp. 497-505

Juste ou cruel, il peut arriver et il arrive tous les jours que le bon médecin est adressé au célibataire et le mauvais au chef d’une nombreuse famille. […] Un mauvais médecin arrive toujours trop tôt et reste toujours trop longtemps ; un bon médecin peut arriver trop tard et ne pas rester assez.

189. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 18, reflexions sur les avantages et sur les inconveniens qui resultoient de la déclamation composée des anciens » pp. 309-323

Voilà ce qui arrive tous les jours sur les théatres modernes, où des comediens dont quelques-uns n’ont jamais étudié même leur métier, composent à leur fantaisie la déclamation d’un rolle dont souvent ils n’entendent pas plusieurs vers. […] Ces inconveniens n’arrivoient point lorsque la declamation étoit notée, ou du moins ils ne pouvoient arriver que comme ils arrivent à l’opera quand un acteur chante faux. […] Ainsi dans les choses qui doivent tomber sous notre sentiment, les effets de la nature causent toujours en nous les mêmes sensations agreables ou desagreables, soit que nous observions, soit que nous n’observions pas comment la chose arrive, soit que nous nous embarrassions de remonter jusqu’aux causes de ces effets, soit que nous nous contentions d’en joüir : soit enfin que nous aïons réduit en methode l’art de ménager, suivant des regles certaines, l’action des causes naturelles, soit que nous ne suivions que l’instinct dans l’application que nous faisons de ces causes.

190. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Horace Yernet, notre grand peintre de batailles, arrive demain à Djemmâa-el-Ghazaouet. […] Nous nous sommes mis à courir et sommes arrivés à temps pour voir entrer en ville ce cortège singulier. […] Chacun de nous veut sans doute arriver au même but, puisque nos intérêts si chers sont aussi les mêmes ; mais la manière d’y arriver est différente. […] La garde arrive : « Vos passe-ports, Messieurs ?  […] Il arrive, il entre dans la chambre, un peu raide et comme sur ses gardes pour l’accueil qu’il recevra.

191. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Quelques-uns de ces mots sont comme de la monnaie bien frappée qui garde sa valeur, mais la plupart ressemblent plutôt à des flèches acérées qui arrivent brusquement et sifflent encore. […] D’autre part, ses instincts sérieux, réfléchis, se développaient avec les années ; il y avait bien des points où il atteignait à la profondeur ; il se flattait d’arriver à la sagesse, au stoïcisme, à l’indifférence supérieure qui ne laisse plus de prise aux choses. […] Arrivé à peu près à ce terme, j’ai senti que j’avais assez d’aisance pour vivre solitaire, et mon goût m’y portait naturellement. […] L’homme arrive novice à chaque âge de la vie. […] C’est ce qui doit arriver chez un peuple neuf, qui, pendant trois années, a parlé sans cesse de sa sublime Constitution, mais qui va la détruire, et, dans le vrai, n’a su organiser encore que l’insurrection.

192. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

Ces jours-ci, est arrivé un molosse assourdissant, escorté de quatre paons, qui remplissent le petit jardin de leurs cris de mirliton crevé. […] J’ai fait un livre brave, arrive ce qui pourra ! […] Elle se plaignait d’une maladie de cœur, et comme il y avait une grande côte à monter, avant d’arriver au bois, elle me faisait mettre la main sur son cœur, sans corset, pour me démontrer comme il battait fort. […] il arrive, les poches bourrées de menus, pour les faire exécuter par les consciencieux cordons bleus de la province. […] Il y a quelque chose de triste chez l’homme arrivé à la somme de notoriété, qu’un littérateur peut acquérir de son vivant.

193. (1904) Zangwill pp. 7-90

Il ne faut pas objecter qu’une récompense qui n’arrivera peut-être que dans un milliard de siècles serait bien affaiblie. […] Tout cela suppose un Dieu moins affairé que vous ne croyez, un Dieu déjà arrivé, qui s’amuse et jouit d’un état acquis définitivement. […] Arrivé là, on doit s’arrêter. […] Il est probable que les moments les plus dangereux dans la vie d’une planète sont ceux où la science arrive à démasquer ses espérances. […] Si quelqu’un pouvait en être attristé, il faudrait lui dire comme le bon curé qui fit trop pleurer ses paroissiens en leur prêchant la Passion : « Mes enfants, ne pleurez pas tant que cela : il y a bien longtemps que c’est arrivé, et puis ce n’est peut-être pas bien vrai. » « La bonne humeur est ainsi le correctif de toute philosophie. »… La réalisation de son Dieu n’arrivera que dans bien longtemps ; et il n’est peut-être pas bien vrai qu’elle doive jamais arriver.

194. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

On arrive ainsi à une chambre qui a environ douze pieds en hauteur, et qui est entourée de bancs taillés dans le rocher. […] de pénétrer dans le souterrain et d’arriver jusqu’au « paradis ». […] » Giovanni dit : « Où voulons-nous arriver ce soir ?  […] Il arriva [à Scaricalasino] à l’auberge d’un hôte qui a nom Capecchio, et il posa les enfants devant le feu, et il se mit à l’aise, lui et les enfants, et il fit tuer une couple de bons chapons, et ils étaient déjà mis au feu et le pot bouillait, quand arriva Giano, qui croyait sûrement avoir perdu ses fils, et qui fit grande fête, et un bon bout de temps après arriva Andrea. […] On ne voit pas bien seulement par quelle voie ces idées arrivèrent en Occident.

195. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Je suis arrivé ici depuis peu de jours, et aujourd’hui, pour la première fois, je suis allé chez Goethe. […] J’étais le premier arrivé, et je regardai avec plaisir les pièces pleines de lumières qui se succédaient l’une à l’autre. […] Il me dit qu’une jeune Polonaise, qui venait d’arriver, devait improviser sur le piano. […] Il ne fallut pas longtemps pour que la conversation arrivât sur le théâtre. […] La comtesse vient d’arriver de Paris, elle a été témoin des préliminaires de la Révolution, et elle n’en a pas déduit une mauvaise doctrine.

196. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

Taine arrive, commence par nous reprocher des mots, qui ne se disent pas, qui ne se trouvent pas dans le dictionnaire. — Lequel ? […] Donc deux dames qui arrivent bientôt. […] Cela arrive menu, menu, à petits coups. […] * * * — J’ai vu presque tous les voulant arriver au but de leur vouloir. […] Mme Feydeau arrive dans une robe de soie rouge, de ces robes qui mettent et roulent des flots d’étoffe derrière les pas de la femme, et nous dit : « Eh bien !

197. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Arrivé à cette étape, il devient la révolution. […] C’est ainsi que l’on arrive aux catastrophes. […] Les mécomptes arrivèrent pour M.  […] Il était arrivé une fois de plus à M.  […] Cela devait arriver par une raison que M. 

198. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre premier. Que personne à l’avance ne redoute assez le malheur. »

On n’y arrive point par effort, on y est au contraire entraîné. […] Au sortir de l’enfance, l’image de la douleur est inséparable d’une sorte d’attendrissement qui mêle du charme à toutes les impressions qu’on reçoit ; mais il suffit souvent d’avoir atteint vingt-cinq années pour être arrivé à l’époque d’infortune marquée dans la carrière de toutes les passions. […] L’imagination a tout envahi, la douleur est au terme de toutes les réflexions, et il en arrive subitement de nouvelles qui découvrent de nouvelles douleurs.

199. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note III. Sur l’accélération du jeu des cellules corticales » pp. 400-404

. — J’arrivai devant une rivière où il n’y avait pas de pont, mais une barque plate et large destinée à traverser bêtes et gens. […] Bref, nous arrivâmes le soir dans une hôtellerie ; nous y passâmes la nuit. Nous repartîmes le lendemain ; nous arrivâmes dans une ville, où nous allâmes au théâtre et où je passai, il me semble, plusieurs jours.

200. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Il m’arrivera certainement de vous dire des choses qui m’apparaîtront moins vraies aussitôt que je les aurai dites et qu’il me faudra, ou retirer, ou transformer. […] Puis, dès qu’il était arrivé, sans qu’il s’en rendît compte, ses yeux brillaient d’une telle joie que M.  […] Combien de fois n’arrive-t-il pas qu’on désire aimer un être sans y réussir ? […] Puis, dès qu’il était arrivé, sans qu’il s’en rendît compte, ses yeux brillaient d’une telle joie que M.  […] De cette tempête sentimentale, son intelligence arrive à fixer les moindres contours.

201. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Le comte Xavier de Maistre, ce charmant et fin attique, y arrive en ce moment, pour la première fois de sa vie, à l’âge de soixante-seize ans. […] C’est ce qui arriva aux Neuchâtelois : ils se fâchèrent. […] Nous étions arrivés au haut de la contredanse, et nous allions commencer, quand Mlle de La Prise s’est écriée : — Ah ! […] Le lendemain au bal, à l’assemblée, pâle elle-même, plus grave et avec un je ne sais quoi de solennel, elle arrive. […] Cela même finit par une catastrophe, et, de piqûres en douleurs, il arrive au désespoir : il se tue.

202. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Adonc il arrivait, que le prince après avoir tiré, déposait le fusil qui lui avait servi sur un second fusil qui partait, et allait percer, sous la flottaison, le batelet le plus rapproché et la partie inférieure d’une dame qui était dedans. […] Arrivé dans les coulisses, je vois Méténier plus blême qu’à l’ordinaire, et Paul Alexis, affalé sur une rampe d’escalier, l’oreille tendue à la parole de sa femme, qui lui conte qu’un de ses confrères a passé la soirée à crier, que c’est un four. […] Puis, c’est la religion encore plus bêtement fanatique d’une coloration sang de bœuf ou foie de mulet, dans une poterie, et l’on arrive à aimer cela, mieux qu’une forte pensée, qu’une belle phrase. […] Un corps de fer, ainsi qu’on le sait, et ayant toutes ses dents à sa mort, et de ses vieilles dents cassant encore un noyau d’abricot, six mois avant qu’elle n’arrivât. […] En passant sur la Seine, au moment d’arriver à Rouen, étendant la main vers le fleuve couvert de brouillard, il s’écrie : « C’est mon canotage là-dedans, le matin, auquel je dois ce que j’ai aujourd’hui ! 

203. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre II. Les sensations totales de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher et leurs éléments » pp. 189-236

Dans cette occasion, on doit voir un rouge ou un violet plus intenses que ceux du spectre ; ce qui arrive. […] Le nerf est donc lui-même capable d’actions uniformes ; c’est pourquoi il est naturel que les sensations excitées par son action se laissent elles-mêmes ramener à un type simple, comme il arrive pour celles de son, ou à des types peu nombreux, comme il arrive pour celles de couleur. — Tout au rebours pour les autres groupes de sensations. […] Enfin les nerfs gustatifs sont probablement protégés par une membrane colloïde, perméable, comme tous les colloïdes, aux substances non colloïdes, presque imperméable aux colloïdes, d’où il arrive que les substances colloïdes n’ont pas de saveur, et que les substances non colloïdes en ont une. […] Une molécule arrive au contact d’une fibrille olfactive ou d’une papille gustative ; là se produit dans la molécule un système de mouvements atomiques, et dans la fibrille une action correspondante suit ; une seconde molécule semblable arrive au même point ; un second système semblable de mouvements atomiques se produit, et dans la même fibrille une seconde action correspondante toute semblable suit. […] Voilà tout ce qu’ils disent quand on les interroge sur le caractère de leur perception. » — On arrive à la même conclusion en considérant les sensations des personnes dont le corps, à la suite d’une arrestation ou de quelque autre plaie, présente une large cicatrice.

204. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Drumont arrive nerveux, surexcité, drolatiquement guilleret : « Aujourd’hui, s’écrie-t-il, cinquante-cinq personnes… la sonnette ne cesse pas… on commence à s’arrêter dans la rue, devant la maison, en voyant tous ces gens qui entrent… des gens qui viennent me dire : « Ah ! […] » Là-dessus Daudet arrive, et dit que ç’a été féroce, et qu’il a été au moment de se battre avec Meyer. […] La peau n’est plus perméable, et un cataplasme est une absurdité n’ayant aucun effet, même lorsqu’il lui arrive d’empoisonner avec du laudanum. […] À ce moment, arrivent les sénateurs qui viennent de voter l’expulsion des princes, l’air assez penaud, et comme honteux de cette expulsion. […] Et à ce qu’il paraît, le libertinage n’était pour rien dans la possession de ses malades : c’était seulement pour le docteur, un moyen d’arriver à la connaissance complète de l’être qu’il traitait.

205. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Il lui fallut, pour arriver au but de ses désirs, vaincre l’incertitude et les tergiversations du prince de Condé, le plus insaisissable et le plus maniaque des hommes. […] Et le plaisant, c’est qu’il trouve moyen d’arriver à cette conclusion d’un air de modestie. […] Malgré cette humble et confiante prière, je ne répondrais point que sa religion fût aucunement orthodoxe : il se permettait souvent des réflexions assez libres, qui ont un certain air théophilanthropique, et l’on sent que le souffle du xviiie  siècle arrivait. […] À quatre-vingt-six ans, arrivé au terme, il écrivait : « Je sens que je suis usé : je tombe avec le soleil ; le soir je me trouve dans un état misérable ; le sommeil me redonne des forces, et le matin, en m’éveillant, je me porte bien. » — M. de Lassay mourut à Paris, le 21 février 1738. […] il arrive quelquefois jusqu’aux idées, il les atteint, il les touche, il les palpe, mais il ne les empoigne pas ! 

206. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Il se montrait dès lors très préoccupé de ses ennemis et de ses envieux, qui, le voyant décidément percer et arriver aux plus grands emplois, redoublaient en Cour de railleries et de méchants propos. […] Villars était arrivé au point où doit viser tout homme qui est né pour le commandement : agir seul et en chef. […] L’heure à laquelle il arrivait était marquée par des mouvements dans mon sang. […] Tout cela n’est arrivé que par la confiance que j’ai en vous. […] Qu’est-il arrivé ?

207. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Il y a des actions qui nous arrivent si bien présentées, que l’on peut craindre que l’art et l’habileté du narrateur n’y soient pour quelque chose. […] On s’y est vite accoutumé autour d’elle, et dès que dans une famille pauvre il éclate une affliction soudaine, dès qu’une maladie se déclare, le premier mot est : « Vite, allez chercher la maîtresse. » Avec elle arrivent la consolation et le secours. […] Il lui est arrivé plus tard de rencontrer Ary Scheffer chez le duc d’Elchingen. […] et aussi chemin faisant, et à plus d’une porte, ainsi qu’il arrive en pareil cas, des humiliations et des refus ! […] L’abbé Courbezon a également la passion, — mais qu’il pousse jusqu’à la manie, — des fondations, des constructions ; ce faible l’entraîne beaucoup trop loin : avec un cœur d’or il lui arrive de commettre de sublimes, mais aussi d’irréparables imprudences.

208. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Nous arrivons à Psyché. […] Il ne vient auprès d’elle que dans une obscurité absolue, que dans les ténèbres les plus profondes, et il ne dissimule pas qu’il ne doit pas être vu, qu’il arriverait malheur s’il était vu d’elle. […] » Vous vous doutez de ce qui arrive. […] J’arrive aux Contes proprement dits. […] Son frère arrive… Voilà le ton, presque toujours, dans les Contes.

209. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Il m’arrivera souvent d’apprécier un tableau uniquement par la somme d’idées ou de rêveries qu’il apportera dans mon esprit. […] Il arrive souvent (cela est arrivé au moyen âge) que, tout étant perdu, tout est à refaire. […] Il arrive quelquefois que l’œil tombe sur des morceaux charmants, irréprochablement vivants ; mais cette méchante pensée traverse alors l’esprit, que ce n’est pas M.  […] Il lui est arrivé d’appeler les femmes de Delacroix des grenouilles. […] Ces différentes peintures servent à constater la prodigieuse certitude à laquelle le maître est arrivé.

210. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Ce commandement devait être compliqué : il s’agissait pour Catinat de se concerter avec le prince de Vaudemont, général pour le roi d’Espagne notre allié, et de plus d’être ainsi que lui sous les ordres du duc de Savoie notre allié également, lorsque ce prince serait arrivé à l’année. […] J’y ai fait de mon mieux ; les événements en sont désagréables ; il faudrait bien des pages d’écriture pour montrer comment ces disgrâces sont arrivées, les motifs qui y ont donné occasion, et comment les fautes y ont été commises. […] Je crois que bien des gens seraient surpris s’ils connaissaient jusqu’où va mon intérieur sur ce sujet ; j’ai bien fait des réflexions en ma vie sur les révolutions qui peuvent arriver aux hommes, et particulièrement à ceux qui sont honorés d’être en place ; j’y ai trouvé quelque appui et quelque consolation dans l’étourdissement où ce coup m’a mis. […] Les années n’ôteront rien à Catinat, et il est arrivé à la consécration dans son genre. […] Quand on est un guerrier brave, simple, modeste, dévoué, tout au devoir, sans jactance, quand on arrive et quand on avance par son seul mérite, quand on garde et qu’on observe un esprit de modération et d’équité dans un métier de violence, c’est qu’on a les yeux sur Catinat ; on prend de loin Catinat pour exemple et pour modèle.

211. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Cependant Jasmin, arrivé à l’âge de gagner sa vie, s’était fait coiffeur ou barbier, et dans sa boutique proprette, dans son petit salon de la promenade du Gravier, il chantait selon l’instinct de sa nature, en usant de cette facilité d’harmonie et de couleur qu’offre à ses enfants l’heureux patois du Midi. […] Alors je compris que, dans nos moments d’émotion et de fièvre, parlant et agissant, nous étions tous laconiques et éloquents, pleins de verve et d’action, vrais poètes enfin lorsque nous n’y songions pas ; et je compris aussi qu’une muse pouvait, à force de travail et de patience, en arriver à être tout cela en y songeant. […] Je n’ose donc pas entrer en lice avec vous ; le coursier qui traîne son char péniblement, mais qui arrive pourtant, ne peut lutter contre la fougueuse locomotive du chemin de fer. […] C’est une lettre de Jacques ; il est retrouvé, il est libre, il arrive le dimanche suivant. […] Ainsi il va arriver et tout apprendre d’un seul coup : il aura toutes les heureuses surprises à la fois.

212. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Possédé de l’ardeur de faire parler de lui, et d’arriver au grand, à l’extraordinaire ; en même temps qu’il entrait dans le monde sous le règne d’un ministre despotique, il n’avait de ressource que dans l’idée de conspiration, et il tourna de ce côté ses prédilections premières, comme, en d’autres temps, il les eût peut-être inclinées autre part. […] Et Retz, dans cette comparaison, a le désavantage d’avoir survécu, d’avoir assisté à l’entier avortement de ses espérances, de s’y être en partie démoralisé, rabaissé et dégradé, comme il peut arriver aux plus fortes natures à qui le but échappe. […] La domination de Richelieu avait été si forte et si absolue, la prostration qui en était résultée dans tout le corps politique avait été telle, qu’il n’avait pas fallu moins de quatre ou cinq ans pour que la réaction commençât à se faire sentir, pour que les organes publics qu’il avait opprimés reprissent leur ressort et cherchassent à se réparer ; et encore ils ne le firent, comme il arrive d’ordinaire, qu’à l’occasion de mesures toutes particulières qui les irritaient personnellement. […] L’homme qui sous Louis XIV, vers 1672, âgé de cinquante-huit ans, écrivait ces choses dans la solitude, dans l’intimité, en les adressant par manière de passe-temps à une femme de ses amies, avait certes dans l’esprit et dans l’imagination la sérieuse idée de l’essence des sociétés et la grandeur de la conception politique ; il l’avait trop souvent altérée et ternie dans la pratique ; mais plume en main, comme il arrive aux écrivains de génie, il la ressaisissait avec éclat, netteté et plénitude. […] Ils commencent eux-mêmes à compter vos armées pour rien ; et le malheur est que leurs forces consistent dans leur imagination : et l’on peut dire avec vérité qu’à la différence de toutes les autres sortes de puissances, ils peuvent, quand ils sont arrivés à un certain point, tout ce qu’ils croient pouvoir.

213. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Les épreuves plus sérieuses arrivèrent. […] Arrivé à Paris, il se trouve rayé de son commandement dans l’Ouest et sans fonctions. […] Cette verve chez lui ne dégénère jamais, comme il arrive trop souvent à de nobles guerriers, en orgueil et en louange excessive de soi-même. […] Arrivé à Charenton et sentant l’importance du poste de Romainville pour la défense de la capitale, il envoie un officier pour reconnaître si la position est déjà occupée par l’ennemi. […] Il y arrive à la pointe du jour.

214. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Son livre est rempli de vues élevées ou fines, mais sous forme un peu compacte ; il est fait pour être lu et médité par des hommes de pensée et de réflexion plutôt que par l’ordinaire du public ; il n’a rien qui se détache ni qui frappe ; l’auteur continue d’être abstrait, tout en sentant que l’abstrait ne prend point et n’est pas le plus court chemin pour arriver à l’effet qu’il désire. […] Necker, des élans d’espérance qui arrivent à une sorte d’éclat d’expression : Il y a quelque secret magnifique caché derrière cette superbe avant-scène qui forme le spectacle du monde. […] Arrivons au ministre maintenant, c’est-à-dire à l’homme moral dans le ministre, et connaissons-le. […] Necker visita à Genève le Premier consul en 1800 ; voici le passage des Mémoires de Napoléon où il est fait mention de cet entretien : Le 6 mai 1800, le Premier consul partit de Paris… Il arriva à Genève le 8. […] Comme écrivain, il s’était beaucoup formé par l’usage, et il était arrivé à se faire un style : style singulier, fin, abstrait, qui se grave peu dans la mémoire et ne se peint jamais dans l’imagination, mais qui atteint pourtant à l’expression rare de quelques hautes vérités.

215. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

J’ai à traverser une introduction et toutes sortes de préambules et de dissertations de publiciste libéral-constitutionnel, avant d’arriver à ce que j’y cherche de préférence, à cette belle étude de Lamennais, à ce morceau sur M.  […] Il leur arrive de l’oublier trop souvent. […] Puis, le régime de Juillet échéant, il serait arrivé sans doute comme d’autres, plus que d’autres et parmi l’élite. […] À quoi serait-il arrivé ? […] Saint-Marc Girardin, qui serait arrivé à son tour et à son heure comme ministre de l’instruction publique, ne le pouvait être que sur la fin, avec et par M. 

216. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

Il n’y aurait pour cela qu’à partir de quelques principes généraux et convenus, à se montrer rigide et inexorable pour tout ce qui s’écarte de nos mœurs, de notre état de société et de civilisation, à faire la leçon d’un bout à l’autre, à condamner au nom d’un symbole whig ou d’un catéchisme libéral tout ce qui s’écarte de la droite ligne, une fois tirée : on arriverait ainsi à un effet certain et à une unité de conclusion qui séduit et satisfait toujours à première vue les lecteurs superficiels et les esprits tout d’une pièce. Mais la nature humaine est moins simple, l’histoire des nations est d’une formation plus dure et plus rebelle, le bien et le mal y sont moins aisés à démêler, à produire ou à corriger, que cette théorie ne le suppose ; et si fâcheux souvent qu’ils soient, si à charge ; qu’on les trouve pour les inconvénients dont ils font payer leurs qualités, on n’est pas, encore arrivé, dans notre Europe du moins, à rendre inutiles pour le gouvernement des États les grands caractères et les grands hommes. […] Lorsque Catherine arriva avec sa mère à Moscou où la Cour était alors, en février 1744, elle trouva son fiancé très-enfant, quoiqu’il eût déjà seize ans, ne s’occupant dans ses chambres qu’à faire faire l’exercice à une couple de domestiques qu’il avait pour son service. […] Il avait vu précédemment Catherine à Hambourg et avait grondé sa mère de faire trop peu de cas de cette enfant, qui avait, disait-il, « une tournure d’esprit très-philosophique. » Arrivé en mission à Pétersbourg, il vit beaucoup la mère et la fille, et s’intéressa de plus en plus à celle dont il avait deviné le génie : « Il me demanda comment allait ma philosophie dans le tourbillon où j’étais placée. […] Comment arriva cet événement si attendu, que les peuples souhaitaient ardemment, que l’impatience de l’Impératrice Élisabetlï appelait de ses voeux ; et que détermina même son ordre ?

217. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Je me console toutefois de ce qui est arrivé, parce que j’espère que l’acte sanglant de Vincennes nuira au premier Consul. » Ainsi parlait d’un Bourbon français cette sœur de Marie-Antoinette. […] Le golfe de Naples devait s’ouvrir à l’invasion combinée des Russes et des Anglais ; un général russe était arrivé à Naples dès les premiers jours de juin pour prendre clandestinement les mesures et fixer le point du débarquement. […] Lefebvre eut cessé de parler, elle leva la tête et tourna vers lui ce visage sillonné moins encore par le temps que par les soucis du trône : son regard avait, en ce moment, quelque chose de dur et de sinistre qui semblait dire que toutes ces explications arrivaient trop tard. […] « Son œil est plein de feu, mais d’un feu doux, sa conversation riche et abondante, son expression toujours pittoresque, et sa pensée rarement ordinaire. » Rien n’égale à mes yeux le prix des témoignages contemporains quand ils sont donnés avec cette précision, cette justesse, et qu’ils nous arrivent contrôlés par les juges les plus compétents. […] Lefebvre a retenu l’esprit, les idées et les expressions de notre causerie ; il arrive rarement que nos vues soient aussi bien saisies par un étranger avec lequel nous nous entretenons pour la première fois.

218. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

La prétention, en effet, des principaux chefs de cette génération qui ne relevait ni du droit divin ni d’aucun principe préconçu, et qui arrivait à la politique par l’étude des choses et de l’histoire, était de tout comprendre ; et, depuis quelque temps, ils me semblent, en vérité, ne se plus mettre en peine de cela. […] Ces hommes de la Chambre de 1815 arrivèrent ou revinrent impraticables parce qu’ils étaient violents, parce qu’ils avaient accumulé en silence mille aigreurs et mille rancunes, parce qu’ils étaient restés, dix années durant, à l’état de pistolets chargés : quand on vint à vouloir s’en servir de nouveau, ils éclatèrent dans la main qui les employait. […] Mais qu’il tombe : le soir même de la disgrâce, m’assure-t-on, subitement, rudement, avec une brutalité dont je n’ai jamais été témoin, le vide se fait autour de lui ; quand je dis le soir, ce n’est peut-être que le lendemain ; car je ne puis supposer que, pour la forme, quelques politesses au moins n’arrivent pas ; puis, la cérémonie faite, il ne reste que les amis. […] Je l’y vis arriver mourant, et j’y reçus ses derniers adieux. […] Surtout je ne puis, pour mon compte, avoir grande pitié des gens auxquels il n’est arrivé d’autre malheur inconsolable que celui de ne me plus gouverner.

219. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

Il réglemente, avec une minutie comique, ce qui est encore à l’état de rêve et qui n’a chance d’arriver que dans le palo-post futur. […] Présenté aujourd’hui par extraits, il a pour nous le mérite d’avoir vu d’avance des choses qui sont en partie arrivées ou qui ont l’air de vouloir se réaliser un jour ou l’autre. […] Ces choses sont arrivées quoiqu’il les ait dites et précitées. […] Dans sa manie d’éducabilité, il croyait qu’on arrivait à acquérir l’équivalent du génie, vers l’âge de cinquante ans, à force d’avoir assisté à des conférences. […] Pour moyens d’y arriver, il n’eut que deux maximes principales, qu’il suivit constamment et exactement tous les jours : c’était d’étudier mieux que ses rivaux toutes les choses qui déplaisaient à celui qui gouvernait, pour les éviter, et toutes les choses qui lui plaisaient et celles qui lui plaisaient le plus, pour les rechercher avec soin dans l’étendue de son ministère.

220. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

IV La science n’a d’ennemis que ceux qui jugent la vérité inutile et indifférente et ceux qui, tout en conservant à la vérité sa valeur transcendante, prétendent y arriver par d’autres voies que la critique et la recherche rationnelle. […] La tendance des classes pauvres au bien-être est juste, légitime et sainte, puisque les classes pauvres n’arriveront à la vraie sainteté, qui est la perfection intellectuelle et morale, que par l’acquisition d’un certain degré de bien-être. […] Jusqu’à ce qu’on soit arrivé à comprendre que l’idéal est près de chacun de nous, on n’empêchera pas certaines âmes (et ce sont les plus belles) de le chercher par-delà la vie vulgaire, de faire leurs délices de l’ascétisme. […] Assurément, un homme qui embrasserait une vie inutile non par un besoin contemplatif, mais pour ne rien faire (et ce fut ce qui arriva, dans l’institution dégénérée), serait profondément méprisable. […] Mais on se console en songeant que, si sa puissance interne est diminuée, sa création est bien plus personnelle, qu’il possède plus éminemment son œuvre, qu’il en est l’auteur à un titre plus élevé ; en songeant que l’état actuel n’est qu’un état pénible, difficile, plein d’efforts et de sueurs, que l’esprit humain aura dû traverser pour arriver à un état supérieur ; en songeant enfin que le progrès de l’état réfléchi amènera une autre phase, où l’esprit sera de nouveau créateur, mais librement et avec conscience.

221. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

Tout en allant ainsi devant lui presque au hasard, il arriva sur les bords du Rhin. […] Ce qu’elles contiennent, on le voit d’ici ; c’est l’épanchement quotidien ; c’est le temps qu’il a fait aujourd’hui, la manière dont le soleil s’est couché hier, la belle soirée ou le matin pluvieux ; c’est la voiture où le voyageur est monté, chaise de poste ou carriole ; c’est l’enseigne de l’hôtellerie, l’aspect des villes, la forme qu’avait tel arbre du chemin, la causerie de la berline ou de l’impériale ; c’est un grand tombeau visité, un grand souvenir rencontré, un grand édifice exploré, cathédrale ou église de village, car l’église de village n’est pas moins grande que la cathédrale, dans l’une et dans l’autre il y a Dieu ; ce sont tous les bruits qui passent, recueillis par l’oreille et commentés par la rêverie, sonneries du clocher, carillon de l’enclume, claquement du fouet du cocher, cri entendu au seuil d’une prison, chanson de la jeune fille, juron du soldat ; c’est la peinture de tous les pays coupée à chaque instant par des échappées sur ce doux pays de fantaisie dont parle Montaigne, et où s’attardent si volontiers les songeurs ; c’est cette foule d’aventures qui arrivent, non pas au voyageur, mais à son esprit ; en un mot, c’est tout et ce n’est rien, c’est le journal d’une pensée plus encore que d’un voyage. […] Des esprits, excellents et nobles d’ailleurs, l’ont controversée en France assez vivement à cette époque, et ont pris tout d’abord, comme il arrive presque toujours, deux partis opposés, deux partis extrêmes. […] N’est-ce pas un devoir pour l’écrivain, quel qu’il soit, d’être toujours adhérent avec lui-même, et sibi constet, et de ne pas se produire autrement qu’on ne le connaît, et de ne pas arriver autrement qu’il n’est attendu ? […] Il n’est pas d’écrivain un peu réfléchi auquel cela ne soit arrivé.

222. (1912) L’art de lire « Chapitre II. Les livres d’idées »

Non, dans une république aristocratique ; non, surtout si vous observez que Platon parle surtout du respect aux lois anciennes, qui ne sont, au moment présent, l’œuvre ni de la foule, ni d’une élite, mais l’œuvre du passé, l’oeuvre lente des siècles ; et vous arrivez à cette conclusion que peut-être Platon est un homme qui veut qu’un peuple soit surtout gouverné par son passé, ce qui est l’essence même de l’aristocratisme. — Vous vous trompez peut-être ; mais vous avez comparé, rapproché, contrôlé une idée par l’autre, limité ou rectifié une idée par l’autre, et vous avez goûté le plaisir qui est celui que l’on doit aller chercher chez un penseur, qui est le plaisir de penser. […] Mais j’ai parlé d’idées générales où l’auteur est arrivé, peu à peu en ramassant un grand nombre d’idées ou d’observations de détail. Platon vous paraîtra avoir procédé ainsi pour arriver à sa théorie des idées. […] Soit ; mais qu’est-il donc arrivé ? Il est arrivé qu’à lire et à relire La Rochefoucauld, La Rochefoucauld s’est transformé sous nos yeux.

223. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre IV. Moyens de déterminer les limites d’une période littéraire » pp. 19-25

Et pourtant, je le répète, nous sommes arrivés à une date importante, à un tournant du siècle. […] Comme il arrive toujours en pareil cas, une série de petits faits individuels trahit la puissante évolution qui s’accomplit obscurément. […] De plus, une société, après de longues et terribles secousses, arrive parfois ù un état d’équilibre qui donne aux contemporains l’illusion d’un repos indéfini ; c’est ainsi que, dans la première partie du règne personnel de Louis XIV, la plupart des Français crurent la langue, les règles de la poésie et du bon goût, le régime politique et religieux aussi bien que le régime littéraire fixés en France pour l’éternité. […] Avant d’arriver au milieu de la harangue, on a déjà rencontré tant de points de repère que l’on est tout à fait dérouté.

224. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires sur Voltaire. et sur ses ouvrages, par Longchamp et Wagnière, ses secrétaires. »

On n’arrive à ces détails clairsemés qu’à travers un texte hérissé d’interminables notes, par-delà onze préfaces, avis, avertissements d’auteur ou d’éditeur ; et on ne peut éviter, chemin faisant, d’entendre MM.  […] Or, il semble dans la nature des choses que, tout immortelle, toute légitime qu’elle soit, une telle renommée doive, un jour ou l’autre, perdre tant soit peu, non pas en estime, non pas en reconnaissance, mais en vogue, en enthousiasme auprès de la postérité ; bien plus, il semble désirable que l’instant arrive, et qu’il arrive au plus tôt, où, la victoire étant décidée et le libre usage de la raison à jamais reconquis, on se mette, sans plus craindre d’être harcelé et distrait, à marcher dans les voies nouvelles plus loin que ses devanciers, et si loin que, tout en les voyant encore et les saluant toujours du regard, on ne les voie plus qu’à distance et dans le passé, environnés d’une consécration à la fois plus auguste et plus calme.

225. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVII » pp. 298-304

Rien ne m’a appris ce qui était arrivé au départ du roi pour l’armée de Flandre. […] Il semble que l’on regardât L’éloignement de madame de Montespan comme une consolation, une satisfaction, une vengeance qui était due à madame de Montausier : ce dernier tribut de l’estime et de l’affection des gens de bien arrivait trop tard. […] L’accomplissement de ce noble projet devait rapprocher sa condition de celle de la duchesse de Montausier, et c’est ce qui arriva dès que le duc du Maine eut annoncé ses heureuses qualités.

226. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 25, des personnages et des actions allegoriques, par rapport à la poësie » pp. 213-220

Les évenemens dépeints dans ce poëme, sont arrivez en des tems où le commun des hommes étoit persuadé de leur existence. […] C’est à bien répresenter ce qui a pû veritablement arriver, et à l’orner par des images nettes et élegantes que consiste l’art du poëte. […] Les sçavans sont tous convaincus que ce poëte fait souvent allusion dans ces comedies à differens évenemens arrivez dans cette guerre, ou à des avantures dont elle avoit été l’occasion.

227. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Vingt minutes avant que la députation du gouvernement provisoire arrivât… J’étais là avec mon cabriolet… Ah ! […] j’étais très bien avec les d’Orléans, 48 arrive, la République me met pendant des années au rancart. […] Rien de tout cela n’est arrivé. […] C’est arrivé tout seul. […] Elle arrive au bas de l’escalier, où elle se repose, un instant, sur une chaise.

228. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Et il arrive, le plus souvent, que les œuvres de M.  […] Il faut arriver, à tout prix, et arriver, vite. […] Son nom est arrivé jusqu’aux illettrés. […] En effet, il arrive de deux choses l’une. […] Daudet ne nous conte que des choses arrivées.

229. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Le roi arrive ici ce soir. […] Mon cher amour, Duncan arrive ici ce soir. […] Cela n’arrivera jamais. […] — J’ai entendu galoper des chevaux : qui donc est arrivé ? […] Elle aurait dû mourir plus tard : il serait arrivé un moment auquel aurait convenu une semblable parole.

230. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Considérant Jésus comme l’incarnation de la vérité, Jean ne pouvait manquer de lui attribuer ce qu’il était arrivé à prendre pour la vérité. […] Mais il faut avouer que, dans l’état où ils nous sont arrivés, ces évangiles sont inférieurs, pour l’autorité critique, à la rédaction de l’évangile de Matthieu que nous possédons. […] Qu’on essaye d’arriver au vrai sur la manière dont s’est passé tel ou tel fait contemporain ; on n’y réussira pas. […] Si on ne réussit pas à le rendre tel par le récit, c’est que sûrement on n’est pas arrivé à le bien voir. […] Les expressions : « En ce temps-là… après cela… alors… et il arriva que… », etc., sont de simples transitions destinées à rattacher les uns aux autres les différents récits.

231. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Enfin arrivait la première représentation. […] Arrivons à la dernière question, à la question personnelle, et cherchons en nous tout ce qui peut expliquer cet inexplicable déchaînement d’hostilités. […] Puis nous avons encore le malheur de passer pour être riches, de passer pour être heureux, de passer pour être arrivés facilement. […] Nous sommes arrivés pas à pas, livre à livre, obligés de tout disputer et de tout conquérir. […] Il se passait un an, dix-huit mois, au bout desquels il lui arrivait un accident de voiture, dans le voisinage du château de celle qu’il aimait.

232. (1887) George Sand

Il lui est arrivé plus d’une fois d’idéaliser dans le chimérique et le faux. […] Quand par hasard il lui arrive de conserver l’unité de l’œuvre, c’est à son insu et comme par un coup de la grâce. […] Elle ne savait pas la veille ce qui arriverait de ses héros ou à ses héros. […] Le dénouement arrive. […] Vous êtes arrivé à savoir ce que vous faites et à imposer votre volonté au public.

233. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 44, que les poëmes dramatiques purgent les passions » pp. 435-443

Il arrive donc souvent que nous nous trompions nous-mêmes, en voulant deviner ce que pensent les hommes, et plus souvent encore ils nous trompent eux-mêmes dans ce qu’ils nous disent de la situation de leur coeur et de leur esprit. […] La chose n’arrive pas toûjours, mais elle arrive quelquefois.

234. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « Préface »

La Critique doit donc traverser le livre pour arriver à l’homme ou l’homme pour arriver au livre, et clouer toujours l’un sur l’autre… ou bien c’est… qu’elle manquerait de clous ! Quant aux principes sur lesquels elle s’appuie… pour clouer, — cette Critique, qui n’est, telle que nous la concevons, ni la Description, ni l’Analyse, ni la Nomenclature, ni la Sensation morbide ou bien portante, innocente ou dépravée, ni la Conscience de l’homme de goût, c’est-à-dire le plus souvent la conscience du sentiment des autres, toutes choses qu’on nous a données successivement pour la Critique, elle les exposera certainement dans leur généralité la plus précise, mais lorsque l’auteur des Œuvres et des Hommes arrivera à cette partie de son Inventaire intellectuel, intitulée : Les Juges jugés ou la Critique de la critique… Seulement d’ici-là, sans les formuler, ces principes auront rayonné assez dru dans tout ce qu’il aura écrit, pour qu’on ne puisse pas s’y tromper.

235. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Et c’est justement ce qui arrive. […] Pour arriver à ce beau résultat, il invente tout un stratagème. […] Et c’est, en effet, ce qui est arrivé. […] Voilà le départ absolu que le poète arrive à faire entre lui et son œuvre. […] Comment est-ce que le poète y est arrivé ?

236. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

— Sûzel, cria Kobus, arrive donc !  […] interrompit Fritz, si la chose arrive… alors comme alors, il sera temps d’aviser. […] Sûzel, arrive donc, lui cria Kobus ; il faut que je te remercie ; je suis content de toi, tu m’as bien traité. […] Vous pourriez bien me la confier ; l’occasion de prendre un peu de plaisir n’arrive pas si souvent, que diable ! […] Quel honneur plus grand pourrait nous arriver en ce monde que d’avoir pour gendre un homme tel que vous.

237. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « en tête de quelque bulletin littéraire .  » pp. 525-535

Les talents plus anciens, et des plus éminents, qui appartenaient à des groupes et à des doctrines considérables sous la Restauration, se sont trouvés tout d’un coup sans protection et comme jetés hors de leur cadre : ils n’ont plus su se tenir, et, en voulant continuer à se déployer, ils sont vite arrivés à n’être plus eux-mêmes. […] Or, il arrive qu’en fait, le critique, depuis huit ans, cherche à grand’peine un tel groupe conseiller et protecteur. […] Les poésies, les romans sont arrivés à un tel degré d’individualité, comme on dit, à un tel déshabillé de soi-même et des autres ; — le style, à force d’être tout l’homme, est tellement devenu non plus l’âme, mais le tempérament même, — qu’il est à peu près impossible de faire de la critique vive et vraie sans faire une opération inévitablement personnelle, sans faire presque de la physiologie à nu sur l’auteur et parfois de la chirurgie secrète ; ce qui frise à tout moment l’offensant. […] Il nous arrive un peu comme au xvie  siècle, lorsque les procédés mis en circulation par les chefs de l’école, par Du Bellay et Ronsard, furent devenus familiers à tous et que chaque jeune cœur au renouveau se crut poëte.

238. (1874) Premiers lundis. Tome I « J. Fiévée : Causes et conséquences des événements du mois de Juillet 1830 »

« Par une déplorable fatalité, la monarchie nous ramenait une suite de quatre vieux rois : Louis XVII, Charles X, le duc d’Angoulême quand son tour serait arrivé, et le duc de Berry, s’il avait vécu. […] Cette réflexion m’avait frappé avant même qu’on eût proclamé que l’arrivée d’un Bourbon ne nous apportait qu’un Français de plus ; elle a dominé mes pensées dans tous les écrits que j’ai publiés, elle est la seule explication des motifs qui m’ont toujours porté du côté de l’opposition ; aucun parti arrivé au pouvoir n’ayant jamais compris que le salut de la royauté et de nos libertés était dans l’exécution de la Charte, dans le renversement sans pitié d’une administration formée pour l’empire. […] La grande raison politique alors se bornait à rappeler combien les Anglais avaient mis d’années pour arriver à la liberté dont ils jouissent ; ce qui signifiait apparemment que les antres peuples étaient condamnés à ne les suivre qu’à quelques siècles de distance. […] Sainte-Beuve signale en ces termes son ancien article que nous allons reproduire : « Comme il m’est arrivé de parler bien des fois des mêmes hommes et que c’est par suite de ce commerce réitéré que je me hasarde ainsi à les juger en définitive, j’indiquerai encore quelques lignes de moi sur la nature de talent et d’esprit de M. 

239. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alexandre Dumas. Mademoiselle de Belle-Isle. »

La marquise de Prie occupée à brûler les billets galants dont on l’assiège, et plaignant ce bon duc de Richelieu qui arrive sur le fait et lui rend à son tour la moitié de sa pièce : tout cela est engagé à merveille. […] Le chevalier d’Aubigny arrivait furieux, on lui riait au visage ; Mme de Prie se frottait les mains ; Mlle de Belle-Isle, survenant, ne comprenait rien, et d’Aubigny, rassuré, se gardait bien de l’instruire : il emmenait vite sa fiancée. […] D’Aubigny arrive ; mademoiselle de Belle-Isle ignore tout ; ils parlent longtemps sans s’entendre, et, lorsqu’il a expliqué enfin sa colère, elle ne peut l’éclairer d’un mot à cause de ce fatal serment que Mme de Prie lui a fait prêter devant nous dans une formule si rigoureuse. La scène où le duc arrive à son tour et parle sans se douter que le chevalier écoute, est très amusante et parfaite de jeu, quoiqu’elle ramène et promène trop à plaisir l’imagination sur les impossibles erreurs de la nuit.

240. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — George Sand. Cosima. »

Les romantiques eux-mêmes et leurs amis, s’ils étaient là, ne devaient pas être de cet avis du tout ; le nouveau confrère, déjà couronné par d’autres victoires en rase campagne, et qui leur arrivait à l’assaut sur le théâtre d’élite où ils n’ont guère eu qu’un pied, avait de quoi les inquiéter d’abord, et la cause ne leur semblait pas tout à fait commune. […] Au quatrième acte, lorsque Alvise, qui a entendu dans le parc les derniers mots d’adieu de sa femme et d’Ordonio, vient chez ce dernier lui demander raison de l’injure et lui raconter qu’il sait tout ; lorsqu’il arrive au moment même où sa femme était accourue chez le séducteur dans un accès de jalousie, et tout exprès (subterfuge du cœur !) […] Dans le cours de sa plainte austère, Alvise, qui s’exalte, arrive jusqu’à dire à Ordonio : « Je vous observais depuis longtemps ; … je suivais tout… Si vous eussiez aimé vraiment, … si vous eussiez été aimé, … peut-être… alors… qui sait ? […] Et aussitôt après, quand l’oncle le chanoine arrive, et tout joyeux lui annonce d’heureuses nouvelles, elle s’est déjà élancée dans ses bras : « Vous les savez, mon enfant ?

241. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVI. De l’éloquence et de la philosophie des Anglais » pp. 324-337

., avec des systèmes différents, recherchent quel fut l’état primitif des sociétés, afin d’arriver à connaître quelles sont les lois qu’il faut instituer pour les hommes. […] Je n’examine point ce qui est préférable pour le bonheur national ; mais l’art d’écrire et la méthode de composer ne peuvent se perfectionner, en Angleterre, jusqu’au point où l’on devait arriver en France, lorsque les écrivains visaient toujours et presque exclusivement au suffrage des premiers hommes de leur pays. […] Les deux partis qui ont divisé le parlement ne luttaient point comme les plébéiens et les patriciens, avec toutes les passions de l’homme ; c’était presque toujours quelques rivalités individuelles, contenues par l’ambition même, qui les excitaient ; c’étaient des débats dans lesquels l’opposition voulant donner au roi un ministre de son parti, gardait toujours, dans sa résistance même, les égards nécessaires pour arriver à ce but. […] Les Anglais ont considéré l’art de la parole, comme tous les talents en général, sous le point de vue de l’utilité ; et c’est ce qui doit arriver à tous les peuples, après un certain temps de repos fondé sur la liberté.

242. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Seconde partie. Émancipation de la pensée » pp. 300-314

Je ne dois pas dissimuler surtout qu’au point où nous sommes arrivés de la discussion, ce qui me reste à expliquer, afin d’achever la tâche que je me suis imposée, est trop conjectural pour ne pas m’inspirer une réserve extrême. […] Il arrivait donc pour cela, par exemple, que, dans le verbe, la pensée manquait d’expression, et était obligée de ne s’appuyer que sur elle-même. […] J’arrive donc enfin à cette conclusion que j’avais annoncée : Le christianisme a été une première émancipation du genre humain, dans l’ordre moral ; l’extension des limites de la liberté morale par l’affranchissement des liens de la parole est une seconde émancipation, dans l’ordre intellectuel. […] Mais dans la musique des âges suivants, on reconnut l’impossibilité d’arriver à un accord parfait entre les quintes et les octaves.

243. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Ainsi, par des voies différentes, nous arrivons à connaître plus entièrement et plus commodément La Boétie, et nous apprenons sur son compte tout ce qu’on en peut savoir. […] Que serait-il arrivé de Voltaire, me suis-je demandé quelquefois, s’il avait rencontré de bonne heure un tel ami ; si, jeune, au lieu des liaisons frivoles et dissipées de la Régence, il avait trouvé un Vauvenargues de son âge, et si leurs âmes s’étaient prises, ne fût-ce que pendant quelques années, par un tel lien ? […] Il arrive d’ordinaire, dans les réflexions de moraliste sur les sentiments, qu’on ne fait ainsi que généraliser ses impressions secrètes et l’histoire de son propre cœur. […] Les amitiés d’hommes, pour porter tout leur fruit, doivent être comme des greffes de printemps : ici, on recueille encore les plus doux fruits, même lorsque l’on n’arrive que dans l’extrême automne. […] L’immortel honneur de La Boétie est de nous représenter Montaigne en cette époque de stoïcisme moral et avant le scepticisme, Montaigne enthousiaste du bien ; et toutes les fois qu’il lui arrivera plus tard de resonger à son ami et d’en parler, Montaigne redeviendra ce qu’il était en ces années où il le connut et où ils s’unirent.

244. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Son père, d’ailleurs respectable et attentif, ne le comprit pas et le contraignit ; lui qui sera si ami de la vérité, il lui arriva, tout enfant, de mentir quelquefois à son père par crainte. […] Comme il lui arriva plus tard de vendre cette maison d’Athée qui était du côté de Beauvais-sur-Cher, il lui semble voir là-dedans un rapport avec sa destinée qui a été de rompre avec les athées : un pur jeu de mots ! […] Il lui arriva seulement, à la vue de toutes ces cérémonies et de ces cercles qui sentaient la cabale, de dire au maître avec le bon sens du cœur : « Comment, maître, il faut tout cela pour prier le bon Dieu ?  […] Un jour, en 1780 ou 1781, la maréchale de Noailles arrivait au Luxembourg, où il dînait, pour conférer avec lui sur le livre Des erreurs et de la vérité qu’elle avait lu et qu’elle ne comprenait pas bien, non plus que nous ne le faisons nous-même : Elle arriva, dit Saint-Martin, le livre sous le bras et rempli de petits papiers pour marque. […] Lorsque arrive la Révolution avec ses rigueurs et ses spoliations fatales, persuadé de l’idée que c’est une expiation divine, il a une pitié médiocre pour les personnes.

245. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

D’Argenson, arrivé à cette date du milieu du siècle, en vient donc à le juger moins désespéré et moins incurable qu’il ne l’avait déclaré d’abord. […] Il est donc arrivé que j’en ai eu trop peu de soin, m’occupant trop du gros de mes objets, qui sont toujours vertueux. De là est arrivé que je ne me suis pas trouvé aux dangers du combat de Fontenoy, et que je n’arrivai que pour être témoin de la victoire, étant allé au camp, à trois lieues du combat, dès la veille, pour travailler à mes dépêches, que je n’avais pas alors visitées depuis dix jours. […] Ainsi, lui qui a écrit une si belle lettre sur ce champ de bataille où il est arrivé vers la fin, il n’a pas eu de près les honneurs de son attitude et du rôle où l’histoire aime de loin à le présenter. […] Il avait cinq à six connaissances de fermes ou de filles qui lui avaient conservé de l’amitié et lui accordaient ce qu’on appelle en galanterie la petite oie (il me faut, bon gré mal gré, abréger un peu sur ce point le détail des goûts médiocrement platoniques du vieux Damon)… Avec cela, la fréquentation des bons esprits plus que des beaux esprits, d’honnêtes gens surtout ; une imagination assez pittoresque, de la sensibilité sans aucun intérêt personnel, tout en générosité, nulle bigoterie ; il arriva à une longue et saine vieillesse.

246. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Dans tout ce qu’on a dit sur lui, on n’a pas seulement exagéré, comme cela est arrivé pour le poète Coquillart de Reims, lequel, du moins, était célèbre en son temps ; mais on a procédé par voie d’invention, ce que je distingue fort du procédé de réhabilitation. Il m’est arrivé quelquefois de réhabiliter d’anciens auteurs, et l’on m’a même reproché d’en avoir l’habitude et le goût ; mais, si j’en ai réhabilité quelques-uns, je me flatte du moins de n’en avoir pas inventé. […] Sa vie, comme il arrive aisément pour ces gloires populaires, s’est mêlée de quelque légende. […] — Je ne voulais arriver, en parcourant l’élégant et ingénieux dialogue, qu’à la citation de ces charmants passages qui prouvent, une fois de plus, l’avance marquée qu’eut presque de tout temps la prose française sur la poésie. […] Je ne sais s’il y en a qui n’auraient jamais voulu arriver à l’existence et vivre, je ne le crois pas ; mais ce que je sais bien, c’est qu’il y en a qui ne voudraient, à aucun prix, recommencer et revivre ; c’est assez pour elles d’une fois.

247. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Pour arriver à une œuvre qui enlève, qui passionne tout le public et fasse événement, il faut en venir au Cid représenté avec un applaudissement enthousiaste vers la fin de décembre 1636, et qui sacra Corneille grand poète. […] Et puis, à notre point de vue dramatique, le dialogue et le duel de paroles à deux se détache mieux ainsi ; la querelle est mieux tranchée ; on n’arrive que par degrés à l’extrême insulte. […] Dans la pièce espagnole, scène correspondante, Diègue raconte que, voyant son ennemi étendu sans vie, il a porté la main à sa blessure et a lavé (à la lettre) avec le sang la place du soufflet sur sa joue ; et il arrive la joue encore teinte de ce sang. […] » On arrive à la belle scène pathétique à travers les pointes et le mauvais goût indispensable. […] Enfin, on arrive au mot décisif, qui lui est arraché, et qu’elle brûlait de proférer : Va, je ne te hais point !

248. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

On arriverait naturellement à cette conséquence assez singulière, que, sous une telle forme sobre et dissimulée, l’esprit poétique, intime, précis, et en tant qu’il touche aux racines mêmes, existe plus peut-être que dans d’autres manières bien autrement brillantes et spécieuses, où le critique écrivain se rapproche et s’inspire davantage de l’orateur et du peintre. […] Un autre bel exemple encore à proposer d’une forte combinaison semblable au sein d’un talent, est celui de M. de Tocqueville, lequel, avec le regret natif des anciens jours, est arrivé, comme malgré lui, à l’idée et à l’initiation de la démocratie grandissante. […] Ampère, il ne m’appartient pas de raconter en détail la diversité et la multiplicité des influences, ou, pour mieux dire, des aimantations successives que reçut ce noble esprit avant d’arriver à sa formation entière et à sa constitution actuelle. […] Mais, un beau jour, il s’aperçoit que la chanson peut tout tenir d’essentiel, même le grand, et le voilà qui s’y porte en entier et y triomphe. — Arrivons donc à cette histoire littéraire dans laquelle le talent, l’imagination, la sagacité et le savoir de M. […] Ampère est arrivé à dominer avec étendue et certitude les siècles plus connus qui suivent et qui ne font plus que collines ou plaines ; il faut voir comme, sans hasarder, sans faire d’irruption fougueuse, et toujours avec sa hardiesse régulière, il y porte des directions neuves et longues, ou les prend à la descente par des revers justes, mais inattendus.

249. (1890) L’avenir de la science « II »

Pour nous, arrivés au grand moment de la conscience, il ne s’agit plus de dire. […] Ce n’est pas du premier coup que l’homme arrive à la conscience de sa force et de son pouvoir créateur. […] Il semble naturel de croire que la grâce vient d’en haut ; ce n’est que bien tard qu’on arrive à découvrir qu’elle sort du fond de la conscience. […] On ne prouvera jamais la marche de l’humanité à celui qui n’est point arrivé à la découvrir. […] Par toutes les voies nous arrivons donc à proclamer le droit qu’a la raison de réformer la société par la science rationnelle et la connaissance théorique de ce qui est.

250. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Il faut donc arriver à concevoir la possibilité d’une vie intellectuelle pour tous, non pas en ce sens que tous participent au travail scientifique, mais en ce sens que tous participent aux résultats du travail scientifique. […] Les béguards de Flandre, les humiliati d’Italie arrivèrent aussi à une grande exaltation mystique et poétique, sous la pression vive de cet archet mystérieux, qui fait vibrer si puissamment les âmes neuves et naïves. […] Le brahmane dans la forêt, vêtu de quelques guenilles, se nourrissant de feuilles souvent sèches, arrive à un degré de spéculation intellectuelle, à une hauteur de conception, à une noblesse de vie inconnus à l’immense majorité de ceux qui parmi nous s’appellent civilisés. […] La vie antique arrivait au même résultat par l’esclavage : l’homme libre était vraiment dans une belle et noble position, dispensé des soins terrestres et libre pour l’esprit. […] Je me demande même si, un jour, on n’arrivera pas à une conception plus élevée encore.

251. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

A peine si Boileau accorde à Villon et à Marot quelques maigres éloges qui encore portent à faux ; il traite Ronsard et son école avec une insultante pitié ; et l’historien qu’il essaie d’être pousse un soupir de soulagement, comme un homme perdu dans la nuit qui voit poindre l’aurore, quand, dans sa course rapide à travers le passé littéraire de la France, il arrive à Malherbe, son précurseur. […] Ils croient être arrivés à quelque chose de parfait et partant d’immuable. […] Descartes n’est, pas sûr que la nature existe ; il se défie là-dessus du témoignage de ses sens ; il a besoin de se prouver à lui-même que le monde — tel qu’il le voit, tel qu’il le touche — n’est pas une illusion, et c’est par un long raisonnement qu’il arrive à établir que la terre, les arbres, les autres hommes sont bien des êtres réels. […] Mais tous, en s’inspirant du monde environnant, s’efforcent de s’élever au-dessus ; ils ne se bornent pas à constater des faits particuliers ; ils veulent arriver à « des vérités qui soient vraies demain comme elles l’étaient hier. […] Notre siècle a mêlé le tragique et le comique ; il en est arrivé à des œuvres théâtrales qui, né sachant, comment se définir, se sont vaguement intitulées pièces.

252. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

La mère de Goethe, qui aimait la magnificence, mit « une pelisse fourrée de velours cramoisi, qui avait une longue queue et des agrafes d’or », et elle monta en voiture avec des amis : Arrivés au Main, raconte-t-elle, nous y trouvâmes mon fils qui patinait. […] Elle n’y arrive qu’après avoir passé plusieurs nuits sans dormir sur le siège de la voiture. […] je croyais que tout ce qui arrivait à Weimar vous intéressait ? […] que ne puis-je aller en Tyrol, et y arriver à temps pour mourir de la mort des héros !  […] On fut fort étonné chez nous de le voir arriver avec moi.

253. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Comment et par quelles épreuves, par quelles traverses arriva-t-il de bonne heure à cette connaissance de la vie, à cette entière et parfaite maturité à laquelle l’avait destiné la nature ? […] On comptait que la lecture se ferait avant le dîner ; quelques affaires le retinrent, et il arriva tard. […] Mais il ne mérite cet éloge que tout à la fin, et cela nous encourage ; nous sentons, en le lisant, que nous pouvons, sans trop d’effort et de présomption, arriver un jour comme lui. […] Loin de s’améliorer, il arrive, en ce moment d’ivresse, au pire degré de faute où il soit tombé, à l’insensibilité du cœur, à la méconnaissance de sa famille et de ses premiers amis. […] Il le redevint si bien, que la mort de Montmesnil, qui arriva subitement en 1743, fut la grande affliction de sa vieillesse.

254. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — II. (Suite.) Janvier 1830-mars 1831. » pp. 105-127

Je voudrais présenter d’une manière claire et incontestable pour tout le monde la vraie situation de Carrel au National, dès l’origine en janvier 1830, et les diverses gradations d’idées, de sentiments et de passions par lesquels il arriva à la polémique ardente et extrême qui a gravé son image dans les souvenirs. On ne doit s’attendre à rencontrer dans cette étude aucune passion ancienne, pas plus qu’aucun appel aux directions sociales si inverses qui ont succédé : je parlerai de ces temps et de ces choses déjà si lointaines comme je parlerais de ce qui arriva en Angleterre sous Jacques II ou sous les ministères de la reine Anne. […] Des circonstances de sa vie intérieure que chacun savait alors, et que ses amis arrivés au pouvoir auraient dû apprécier, le détournaient impérieusement d’accepter des fonctions publiques en province. […] Le peuple ayant tout fait en trois jours, on est arrivé trop tôt, et l’on a été pris à l’improviste. […] Il n’est pas homme à donner dans les utopies ; il ne veut pas que le mouvement des trois jours soit autre chose que l’emploi courageux du moyen commandé par la Constitution elle-même pour son propre salut : « Il est arrivé dans notre pays ce qui devait y arriver une fois, pour que la Révolution, commencée en 89, fût vraiment terminée. » La révolution de 1830, pour lui c’est une fin ; elle clôt 89 et ne laisse point à craindre de 93.

255. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

En second lieu il arrive que le traducteur latin d’un historien françois qui pour faire le détail d’un siege, d’un combat naval ou d’une séance du parlement a eu sous sa main tous les termes propres qui sont necessaires à sa narration, ne peut trouver des mots reciproques dans la langue latine. […] Il arrive encore à quelques sons de blesser l’oreille lorsqu’ils viennent la frapper immediatement après de certains sons, qui feroient plaisir à l’oreille s’ils se presentoient après d’autres sons. […] Le changement arrivé dans la prononciation du latin nous a voilé, suivant les apparences, une partie de ces beautez, mais il ne nous les a point cachées toutes. […] Il arrive en premier lieu que des vers françois ausquels les regles n’auront rien à reprocher, ne laisseront pas de contenir des suites trop longues de syllabes bréves ou de syllabes longues. […] Cet inconvenient, comme je l’ai déja dit, n’arrive point à ceux qui composent des vers latins, les regles le préviennent.

256. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Il ne séparait pas la science de la morale, et il n’était pas non plus de ceux qui ensevelissent leurs débuts pénibles et leurs origines ; il avait eu la vie rude et même misérable ; il avait été pauvre, et il lui arrivait de le rappeler à son fils en des termes qui ne s’oublient pas : « Il m’est arrivé de manquer de pain, toi déjà né. […] Hachette, conduisant le convoi sanglant, chapeau bas, à travers le respect universel, était arrivé à la maison de M.  […] On se trompait parfois à les voir arriver tous deux, et l’on ne savait lequel précisément se présentait aux suffrages : « Non, ce n’est pas Aristote cette fois, disait M.  […] Tout ce qui arrive a sans doute ses raisons d’être et d’arriver, mais ces raisons ne sont pas nécessairement les plus justes par rapport à nous ni les meilleures. […] J’avais tort de désespérer ; ces Stances désirées m’arrivent à l’instant, avec quelques autres pièces de vers, de la jeunesse de l’auteur.

257. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Je cours pour écouter les publications, et j’arrive juste au moment où cela commençait. […] » Le 8 janvier sa tante et sa cousine arrivent pour lui porter bonheur au tirage. […] « Vous arrivez tard, me dit cette femme. […] — Le bon père Goulden arrivait pour les consoler ; mais en entrant il se mettait à sangloter avec eux, et tous pleuraient dans une désolation inexprimable, criant : « Ô pauvre Joseph ! […] Enfin la queue de tout ce monde arriva.

258. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Arrivé à ce terme de la discussion, il s’exécute, et convient à peu près qu’il n’a voulu faire qu’un agréable et assez instructif roman : Je me vois, monsieur, dit-il agréablement à Voltaire qui est censé toujours vivant, je me vois réduit à l’embarras des auteurs de romans qui, après avoir conduit leur prince ou leur héros jusqu’au dernier volume, ne savent plus comment s’en défaire, et finissent par le faire assassiner. […] Arrivé à Chaillot, où il passait les étés depuis trente ans, Bailly s’y voit l’objet d’une ovation, ou plutôt d’une fête patriarcale et champêtre, « fête sans faste, dont la décente gaieté et les fleurs firent tous les frais », et qu’on lui donne chez lui, dans les différentes pièces de sa maison et de son jardin : Je ne dis rien de trop en disant que je fus embarrassé par cette foule presque entière, qui se pressait autour de moi avec les plus vives expressions de l’amour et de l’estime, une joie pure et douce, une paix qui annonçait l’innocence : cette fête était vraiment patriarcale ; elle m’a donné les plus délicieuses émotions, et m’a laissé le plus doux souvenir. […] Il arrive à Bailly, après sa présidence d’un mois à l’Assemblée nationale, ce qui lui était déjà arrivé lors de sa nomination de député dans l’assemblée des électeurs de Paris : un nouvel et soudain honneur vient le saisir derechef, l’affliger à la fois et le combler. […] Arrivés aux Tuileries, puis à l’Hôtel de Ville, les larmes, les transports de la foule redoublèrent : On leur distribuait des cocardes nationales rouges, bleues et blanches ; on se pressait autour d’eux, on leur prenait les mains, on les embrassait. […] redoublent ; Bailly ne peut s’empêcher de les enregistrer avec son émotion ordinaire : mais, par une espèce de pressentiment trop justifié, il ajoute : J’arrivai à Notre-Dame dans cette espèce de triomphe, le premier dont un citoyen né dans ce qu’on appelait jadis l’obscurité, ait été honoré.

259. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

La pensée des grands hommes est une courbe que l’on n’embrasse bien qu’après qu’elle est décrite : il arrive même à de bons yeux de ne la voir d’abord que brisée et morcelée comme elle l’est souvent en effet dans le détail, et comme elle peut l’être à tout moment dans l’ensemble par les accidents plus forts que le génie. […] Les paroles de Frédéric sont d’une grande autorité, et nous arrivent en accents qui vibrent encore : Vous avez mis, par votre mauvaise conduite, mes affaires dans une situation désespérée ; ce n’est point mes ennemis qui me perdent, mais les mauvaises mesures que vous avez prises. […] J’ai attaqué à une heure avec ma droite, et il est sept heures que j’arrive ici. […] Frédéric, après la perte de la bataille de Kunersdorf contre les Russes, arriva à l’armée du prince et dérangea des plans qu’il jugeait insuffisants en définitive, et auxquels il estimait qu’il fallait apporter plus de nerf : Ne trouvez-vous pas, disait-il gaiement à son frère (10 novembre 1759), que j’arrive chez vous comme Pompée ? Lucullus avait presque réduit Mithridate lorsque l’autre arriva, et lui ravit l’honneur de cette expédition ; mais je suis plus juste que cet orgueilleux romain, et, bien loin de rogner de votre réputation, je voudrais pouvoir accroître votre gloire et y contribuer moi-même.

260. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

La cabale considérable, qui était alors opposée à don Juan, crut voir arriver dans l’ambassadeur de France un puissant auxiliaire, et il eut besoin de toute sa modération et de sa délicatesse pour ne pas se laisser entraîner à une opposition qui sortait de son rôle. […] Au moment où la jeune arrivait, toutes les créatures de don Juan étaient encore en place, et elles essayèrent de s’y maintenir. […] Le marquis de Villars, qui découvrit leur intention. parla haut, maintint son droit, et eut raison de leur procédé malhonnête ; il assista à la cérémonie : « Le roi arriva sur les onze heures du matin au village, composé de neuf ou dix maisons. […] Il leur fut signifié de la part du roi « qu’il ne leur arrivât plus à l’avenir, quand ils rencontreraient Leurs Majestés, de se ranger du côté de la reine et de la saluer. […] L’argent manquait absolument ; quand le galion arrivait chaque année des Indes, l’or si attendu qu’il apportait était dépensé à l’avance, et aussitôt dévoré et dilapidé.

261. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Il lui arrivait d’écrire en 1809 : « Je me trouve parfaitement d’accord sur les principes politiques avec Mme de Staël, passablement sur les sentiments qui les accompagnent, excepté que dans tous ses jugements elle est trop souvent haineuse et méprisante. […] Et le 7 septembre 1811 il écrivait encore, et de Coppet même : « Il n’arrive jamais à Mme de Staël de se mettre à la place des autres, et tout son esprit ne lui suffit pas pour comprendre ce qui n’est pas elle ; et puis, si l’on voulait bien entendre les riches, il n’y aurait de malheur que pour eux. […] Il y a, je vous le dis, une fatalité dans mon sort ; je n’ai pas un hasard pour moi, tout ce que je redoute est ce qui m’arrive. […] Dans une lettre à sa mère, du 16 janvier 1812, il disait avec une naïveté parfaite et en livrant le fond de son cœur : « Genève est devenue chaque année plus triste et plus déserte pour Mme de Staël ; elle en a de l’humeur ; elle juge avec une extrême sévérité, et elle ne met presque rien de son cru pour réparer tout cela : il m’arrive très souvent de m’ennuyer chez elle, et cela arrivait aussi l’année passée, et cependant elle parle de l’ennui des autres d’une manière qui me met souvent en hostilité avec elle. […] Il arrivait pourtant à Sismondi, dans le beau temps de Coppet, et quand la conversation, à certains jours, était des plus vivement engagées entre Jean de Muller, Benjamin Constant et Schlegel, d’être si fort émerveillé de tout ce qui se disait d’étonnant, qu’il en était comme abasourdi ; c’est Bonstetten qui nous l’apprend, et qui l’en raillait avec bien de la légèreté et de la grâce : « Le bon Sismondi est complètement abasourdi ; il m’avouait hier que tout lui semblait maintenant d’une crasse ignorance ; je dus le consoler.

262. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Il est plus difficile qu’on ne le croirait de saisir tout d’une venue les grands hommes en tout genre : il faut du temps et passer par plus d’un degré pour arriver à les embrasser dans leur ensemble. […] Chacun, dès que le grand homme paraît et se déclare, après l’avoir admis volontiers au premier degré, s’empresse aussitôt de le continuer à sa guise, de l’achever à sa manière et selon ses goûts, de lui dicter son rôle de demain ; et si le personnage ne répond pas à cette idée qu’on s’en fait et ne suit pas le programme, on est bien près de le renier, de s’écrier qu’il fait fausse route et qu’il se perd, ce qui arrive quelquefois, mais par d’autres raisons le plus souvent que celles dont on se payait d’abord assez à la légère. […] Armand Lefebvre n’est point arrivé à ce résultat, je le répète, en vertu d’une idée favorite et préconçue, mais par la seule étude des faits. […] Pour arriver à ce résultat, il n’existait qu’un moyen : c’était de briser les nœuds qui, depuis dix ans, réunissaient sous les mêmes drapeaux l’Angleterre et l’Autriche, de procéder, soit envers l’une, soit en vers l’autre, par voie de concession, et de contracter une paix sérieuse et permanente. […] Il a su, dans les divers morceaux écrits par lui à des temps différents, éviter l’écueil de la contradiction : entre le morceau du 15 avril 1838 et ses dernières publications de 1857, il y a une harmonie frappante, et ce n’est nullement par fatalisme ou par un excès de logique qu’il est arrivé à ce cachet d’unité, c’est par un esprit d’examen rigoureux et sévère.

263. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Ils arrivèrent à un fleuve lourd. […] Il arrive même à ce beau converti de voler dans les lieux saints. […] Souvent j’arrive, par un chemin différent, aux mêmes conclusions. […] La leçon arrive toujours, en effet, gauchement amenée, peu fondue avec la « critique » et les anecdotes qui la doivent faire passer. […] Mais précisément parce qu’au pays des faits, il lui arrive d’être un guide sûr, je relèverai chez lui deux erreurs matérielles.

264. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

Il arrive à Madrid, va trouver Clavico sans se nommer, invente un prétexte, le tâte dans la conversation, le met sur la littérature, le flatte, le prend par l’amour-propre, puis tout à coup se retourne, aborde le point délicat, pousse sa pointe, tient quelque temps le fer en suspens pour mieux l’enfoncer encore : tout ce dialogue (avec la pantomime du patient) est un chef-d’œuvre de combinaison et de conduite, et qui, à chaque instant, touche au tragique et au comique à la fois. […] Laissons une bonne fois ce Beaumarchais-Grandisson qui fait fausse route, et arrivons, à travers les divers incidents de sa vie, au Beaumarchais véritable dont la veine comique jaillira à l’improviste et d’autant plus naturelle, même avant qu’il soit devenu le Beaumarchais-Figaro. […] C’est alors que, dans sa détresse et son désespoir, on lui apprit qu’il y avait un moyen d’arriver jusqu’au cabinet de ce juge ; c’était de faire quelque cadeau à sa femme. […] On peut voir, dans la correspondance de Voltaire, l’impression et le reflet de cette lecture chez un esprit supérieur et de la même famille, qui revient de ses préventions : ce qui arriva là à Voltaire en faveur de Beaumarchais dut arriver également à tout le monde : J’ai lu, écrivait-il, à d’Argental, tous les Mémoires de Beaumarchais, et je ne me suis jamais tant amusé. […] J’ai voulu citer cette image heureuse et fraîche, et comme faire sentir cette brise matinale qui lui arrivait, malgré tout, à travers les barreaux de sa prison.

265. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

Supposons cependant que l’on soit arrivé à une idée exacte et précise du génie, pris psychologiquement, et qu’on ait ramené toutes ces formes à une seule, que faudrait-il pour établir l’identité physiologique de la folie et du génie ? […] Et d’abord, pour ce qui est de la folie, nous avons vu combien les médecins sont bien loin d’être arrivés à signaler la lésion certaine qui en est la cause ou le signe, et nous avons exposé plus haut toutes leurs divergences. […] Car, s’il n’y a qu’une différence du plus au moins entre le génie et la folie, comment n’arrive-t-il pas souvent que la folie, dans ses moments de rémittence, dans ses intervalles de lucidité, rencontre précisément le degré de vibration nécessaire pour produire de grandes choses ? Or, c’est ce qui n’arrive jamais. […] Maintenant, même dans des conditions si larges, arrive-t-il cependant à des résultats un peu précis ?

266. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Partout où sera la critique, j’arriverai éperonnant la vérité et le bon sens. […] Voyez ce qui arrive ! […] Vous allez vous donner des couleurs, et il y a longtemps, Madame, que cela ne vous arrive plus. […] Son style n’a pas de sexe avec les œuvres qu’il lui arrive de fêter le plus. […] Que fût-il arrivé, grand Dieu !

267. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

J’y arrivai pourtant, et, tournant un des robinets, je remplis d’eau le verre. […] Je m’y acharnais sans y arriver. […] Nous y arrivions essoufflées et, le plus souvent, en avance. […] S’il m’arrivait de pleurer trop fort, on m’entendrait et on me découvrirait. […] … Elle venait à peine d’arriver, la Chérie !

268. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

D’autant plus que, — soit par leur faute, soit par celle du public, — ils ne sont jamais arrivés au-delà d’une demi-faveur. […] et d’abord il n’y a rien ; cependant tout arrive ! […] Il n’arriva jamais, comme Lamartine, comme M.  […] Mais plus heureux que les uns et les autres celui qui n’est pas arrivé dans cette vie244 ». […] Encore un pas, il n’existera pour ainsi dire plus : nous arrivons à Bouvard et Pécuchet.

269. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Arrive Bruant, quinze années plus tard. […] Nous n’arrivons à notre valeur qu’en nous soumettant au grand tout. […] Et vous verrez ce qui arrivera. […] Pour arriver à ce résultat, ils appellent l’artiste à leur aide. […] Pour arriver à ce sentiment, il ne faut que ceci : être poète.

270. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

Pour y arriver, voyons quel est le but de la science. […] Arrivé là je fais le mouvement inverse et je retouche B, puis A. […] Il arrivera donc à croire que C précédera toujours D. […] Mais à quel prix arrivons-nous à comprendre ? […] La synthèse est la méthode inverse ; elle part de la proposition à laquelle arrive l’analyse, et arrive à celle d’où part l’analyse.

271. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Que peut-il en arriver ? […] arrive, d’étape en étape, jusqu’aux portes de Moscou. […] Qu’arriva-t-il ? […] Nous voici arrivés à la Fille d’Eschyle. […] Il vous est arrivé, n’est-ce pas ?

272. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Observez ce qui arrive à la représentation. […] Ce serait affreux ; mais vous verrez que nous y arriverons. […] Qu’arrive-t-il ? […] Vadius arrive. […] Qu’arrivera-t-il ?

273. (1887) Discours et conférences « Appendice à la précédente conférence »

C’est en écoutant les voix les plus diverses, venant des quatre coins de l’horizon en faveur du rationalisme, qu’on arrive à se convaincre que, si les religions divisent les hommes, la raison les rapproche, et qu’au fond, il n’y a qu’une seule raison. […] Il s’agit pour les parties éclairées du christianisme et de l’islam, d’arriver à cet état d’indifférence bienveillante où les croyances religieuses deviennent inoffensives. […] Le désaccord entre les libéraux sur ces différents points n’est pas très profond, puisque, favorables ou non à l’islam, tous arrivent à la même conclusion pratique : répandre l’instruction chez les musulmans.

274. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — I. Takisé, Le taureau de la vieille »

Quand la petite troupe arriva chez Zeynêbou le messager du chef dit à celle-ci : « Le sartyi nous envoie prendre ton taureau « pour l’abattre dès demain ». — « Je ne puis « m’opposer aux volontés du roi, répondit-elle. « Tout ce que je vous demande c’est de « ne m’enlever Takisé que demain matin. » Le lendemain, au point du jour, le dansama et les sept bouchers se présentèrent chez la vieille et se dirigèrent vers le piquet auquel était attaché Takisé. […] Arrivés devant le roi, les bouchers couchèrent le taureau sur le flanc et lui lièrent les quatre membres puis un d’eux s’approcha avec son coutelas pour l’égorger ; mais le coutelas ne coupa même pas un poil de l’animal, car Takisé avait le pouvoir d’empêcher le fer d’entamer sa chair. […] Le sartyi manda la vieille et lui dit : « Si on n’arrive pas à égorger ton taureau sans plus tarder, je vais te faire couper le cou. » La vieille s’approcha de Takisé qui était toujours lié et couché sur le côté et lui dit : Takisé mon Takisé laisse-toi égorger.

275. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

» Le lendemain il pleut, on arrive trop tard à la municipalité, et l’officier n’y est déjà plus. […] Mais je retrouve plus tard Mlle de Meulan qui arrive à des opinions également neuves et justes en matière de poésie, par suite de cette même indépendance et droiture de raison. […] Guizot arrivait dans le monde avec des convictions philosophiques, religieuses, très-prononcées, et qui avaient quelque chose alors de la rigueur absolue de la jeunesse. […] En un mot, en se rencontrant tout d’abord, Mlle de Meulan et lui, à une grande élévation d’idées, ils y arrivaient partis d’origines intellectuelles diverses et presque contraires. […] La réalité perce pour moi tous les voiles dont l’art peut s’envelopper ; mon imagination, une fois ébranlée, y arrive du premier bond.

276. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Saint-Sulpice doit son origine à un homme dont le nom n’est point arrivé à la grande célébrité ; car la célébrité va rarement chercher ceux qui ont fait profession de fuir la gloire et dont la qualité dominante a été la modestie. […] Que serait-il arrivé si M. de Chateaubriand avait été modeste ? […] Je pensais surtout à Malebranche, qui dit sa messe toute sa vie, en professant sur la providence générale de l’univers des idées peu différentes de celles auxquelles j’arrivais. […] Le bruit qu’il y avait des écrivains dans le siècle arrivait quelquefois jusqu’à nous ; mais nous étions si habitués à croire qu’il ne pouvait plus y en avoir de bons, que nous dédaignions à priori toutes les productions contemporaines. […] Il me défendit de penser à ce qui venait d’arriver ; je le trouvai même ensuite plus affectueux que jamais.

277. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

Un soir de samedi saint, il lui était arrivé des huîtres toutes fraîches : dans sa joie il courut vers la grande-duchesse pour la convier à en manger : elle venait de se mettre au lit, harassée des exercices de dévotion de la semaine sainte, et ayant à être debout à minuit pour les matines de Pâques. […] Il célébrait les fêtes de la Cour avec beaucoup de régularité, en faisant faire le feu roulant à ces troupes-là ; outre cela, chaque jour on relevait la garde, c’est-à-dire que de chaque table on prenait les poupées qui étaient censées monter la garde ; il assistait à cette parade en uniforme, bottes, éperons, hausse-col et écharpe ; ceux de ses domestiques qui étaient admis à ce bel exercice étaient obligés d’y assister de même. » Dans l’état d’ivresse qui lui était habituel, il lui arriva plus d’une fois, vers ce temps, d’entrer chez la grande-duchesse et de tirer l’épée dans sa chambre, soit pour la menacer, soit sous prétexte de la défendre contre de chimériques ennemis : sans s’effrayer, elle le renvoyait cuver son vin et dormir. […] Vers ce même temps (1755), arriva à Pétersbourg, en qualité d’ambassadeur d’Angleterre, sir Charles Hanbury Williams, amenant à sa suite le jeune Poniatowsky : cet Anglais, homme d’esprit et de hardiesse, d’une conversation amusante, encouragea la grande-duchesse dans son esprit d’émancipation, et elle noua même avec lui, à ce début de la guerre de Sept Ans, une intrigue politique dans le sens de l’Angleterre et aussi de la Prusse contre la France. […] Arrivés dans mon cabinet, un petit chien de Bologne, que j’avais, vint au-devant de nous et se mit à aboyer fortement contre le comte Horn ; mais, quand il aperçut le comte Poniatowsky, je crus que le chien allait devenir fou de joie. […] Il n’eut garde non plus de se vanter de ce qui venait de lui arriver, parce que nous l’assurâmes qu’à la moindre impolitesse ou matière qu’il nous donnerait à nous plaindre de lui, nous renouvellerions la même opération, voyant qu’il n’y avait que ce moyen-là pour venir à bout de lui.

278. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Cousin, que l’humanité se développe à la manière de l’individu ; que les périodes de l’une répondent aux âges de l’autre ; que dans son enfance elle débute par la spontanéité et la religion, pour arriver dans son âge mûr à la réflexion et à la science, il est bien vrai, en ce sens, de dire que la destinée de l’espèce peut se lire en raccourci dans celle de l’individu ; mais, après quelques rapprochements ingénieux, quelques perspectives neuves du passé, il faut bientôt quitter ce point de vue trop hasardeux, trop vague, et duquel on ne tire rien de certain ni de vivant sur l’avenir. […] Il faudrait donc admettre, pour que les inductions que la psychologie prétend tirer du moi présent à l’avenir de l’humanité fassent légitimes, que toutes les grandes évolutions du moi eussent achevé leur cours, et que de plus il existât une sorte d’égalité psychologique entre tous les individus, entre tous les moi de l’humanité adulte ; de sorte qu’un de ces moi quelconque, s’observant lui-même par une bonne méthode, arrivât aux mêmes résultats que les autres moi ses semblables. […] Alors l’homme élu. dans les entrailles duquel toutes les souffrances de l’humanité doivent retentir ; qui doit sentir en son sein s’amasser douloureusement un amour immense ; qui doit concevoir en sa tête féconde la forme nouvelle, plus large et plus heureuse, de l’association humaine ; cet homme vraiment divin, ce poëte, cet artiste, ce révélateur fils de Dieu, est déjà né ; que ce soit Moïse, Orphée, Jésus, Confucius ou Mahomet, il grandit, se développe miraculeusement, se perfectionne avant tous ses contemporains ; véritable fruit providentiel, il mûrit et se dore sous un soleil encore voilé pour d’autres, mais dont la chaleur lui arrive déjà, à lui, parce qu’il est au foyer de l’univers, et qu’il ne perd pas un seul des rayons de Dieu. […] Dire qu’une nouvelle religion est impossible parce qu’elle ne saurait plus offrir ces phénomènes singuliers qui ont entouré le berceau des religions anciennes, c’est se prendre aux apparences et ne pas tenir compte des circonstances différentes ; c’est comme si l’on objectait aux philosophes eux-mêmes que toute philosophie est désormais impossible, parce que Socrate, leur père, croyait à un démon familier, et que pareille chose probablement n’arrivera plus. […] Jouffroy va s’efforcer d’y arriver à l’aide de l’observation psychologique et de l’induction ; car, dit-il, ce sont les idées qui gouvernent les individus, ce sont les idées qui gouvernent également les nations ; c’est par conséquent dans les idées du moi et dans la raison individuelle qu’on peut seulement trouver la solution du problème social.

279. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

C’est un cerveau très affiné, un cerveau supérieur depuis qu’il est malade. » Et Xaxier Aubryet, en temps ordinaire strictement homme d’esprit42, atteignait au plus terrible pittoresque dès qu’il peignait ses douleurs : « Je deviens aveugle, disait-il, de jour en jour, je descends dans l’ombre ; j’ai vu, tour à tour, disparaître les barreaux de ma fenêtre puis la vitre elle-même ; et maintenant je n’aperçois plus qu’une tache de lumière lorsqu’elle m’arrive à bout portant ! […] Elle a présidé, de l’aveu formel des de Goncourt, à la genèse douloureuse de leur œuvre totale ; et c’est peut-être son originalité, écrivait Edmond à Zola, au lendemain de la mort de son frère, « que ces peintures de la maladie, nous les avons tirées de nous-mêmes, et qu’à force de nous détailler, de nous étudier, de nous disséquer, nous sommes arrivés à une sensibilité supra-aiguë que blessaient les infiniment petits de la vie. […] Il lui arrive enfin de se réveiller « tout valide, un beau matin ». […] Devant le succès de cette méthode — apanage des esprits malades ou des corps débiles — il arriva ceci : que loin de chérir l’équilibre et la force, on se prit à aimer leurs contraires. […] Nous voici donc arrivé, par une marche logique, à une issue de chapitre exactement inverse de la précédente : l’observation objective, en s’épurant, atteignait, nous l’avons vu, le stade involontaire ; l’observation subjective, en s’exagérant, aboutit, au contraire, à la Consciente expérimentation.

280. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la tragédie chez les Anciens. » pp. 2-20

Ce divertissement passager devint un usage annuel, puis sacrifice public, ensuite cérémonie universelle, enfin spectacle public profane : car, comme tout était sacré dans l’antiquité païenne, les jeux et les amusements se tournèrent en fêtes, et les temples à leur tour se métamorphosèrent en théâtres ; mais cela n’arriva que par degrés. […] De là, dit Plutarque, il arriva que la tragédie fut détournée de son but, et passa des honneurs rendus à Bacchus, à des fables et à des représentations passionnées. […] La nature va ordinairement de l’un à l’autre dans les arts, ainsi que dans ses productions ; et il arrive presque toujours que l’idée nouvelle qui survient, a quelque rapport avec celle qui l’a fait naître. […] Sophocle et Euripide coururent après lui la même carrière ; et en moins d’un siècle, la tragédie grecque, qui avait pris forme tout d’un coup entre les mains d’Eschyle, arriva au point où les Grecs nous l’ont laissée : car, quoique les poètes dont je viens de parler, eussent des rivaux d’un très grand mérite, qui même l’emportèrent souvent sur eux dans les jeux publics, les suffrages des contemporains et de la postérité se sont néanmoins réunis en leur faveur. […] Comme nous sommes plus sensibles au mal qu’au bien, nous haïssons beaucoup plus l’un que nous n’aimons l’autre ; et nous souhaitons moins vivement d’être heureux, que nous n’appréhendons d’être misérables ; d’où il arrive que la crainte nous est plus naturelle et nous donne des secousses plus fréquentes que toute autre passion, par le sentiment intime et expérimental qui nous avertit toujours que les maux assiègent de toutes parts la vie humaine.

281. (1864) Le roman contemporain

Arriverait-on jusqu’au bas de cette pente ? […] On a donc cherché par quelles routes on arriverait au but. […] Le dénouement prévu arrive. […] Champfleury en est arrivé là. […] Elle s’attribua le droit d’arriver au but qu’elle s’était marqué, et d’y arriver par le fer, le feu, le sang, la spoliation, l’extermination.

282. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

C’est ce qui arriva à Étienne en cette occasion. […] Enfin le jour tant attendu arriva. […] Pendant les heures qu’il consacrait au repos, il arrivait au milieu de ses élèves. […] Aussi, quand j’arrivai en Italie, avec M.  […] mon Dieu oui… Cela ne m’était pas arrivé depuis que j’ai quitté Rome… Oh !

283. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

il importe d’arriver. […] Trente ans après, c’est un Suisse qui la découvre. » Nous en arrivons donc à conclure, que, d’une façon générale, il faut bien se garder de considérer tous les emprunts non avoués comme des plagiats. […] On ne saurait critiquer ou discuter sa morale ; il n’en a point ; c’est un sens qui lui manque absolument ; et chaque fois qu’il a énoncé une morale quelconque (cela lui arrive souvent), il s’est moqué de nous. […] Il lui est arrivé ce qui arrive à Lorenzaccio dans le drame de Musset : à force de jouer la comédie, il se fait l’âme comédienne. […] Il arrive souvent qu’une intuition plus ancienne persiste en partie, en troublant l’harmonie d’une intuition plus récente.

284. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Or que m’arrive-t-il ? Il m’arrive de lire le beau livre de M.  […] Gazier, qui était arrivé aux mêmes conclusions que M.  […] Il n’est jamais arrivé à Thiers de ne pas répondre. […] Germaine arrive, bien entendu.

285. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Rodenbach, mais j’ai hâte d’arriver à l’œuvre de M.  […] … Qu’est-ce qui lui est arrivé, mon bon Monsieur ? […] Elle arrivait à lui faire horreur ! […] J’arrive au dénouement. […] En un mot, il faut n’arriver qu’à son heure.

286. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

Mais j’arrive a vos articles, et je me défends, — je vous combats pied à pied. […] Mais « la nouvelle, dites-vous, « pouvait arriver d’un moment à l’autre au camp. » Par quel moyen ? […] « J’arrive aux richesses d’Hamilcar. […] « J’ai fini l’analyse et j’arrive à votre jugement. […] J’arrive à des noms connus du public.

287. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Son chagrin naturel s’aigrit à la vue de ces ruines faites par la même main qui avait relevé la France ; et si, à force de voir le mal, il lui arriva de l’exagérer ou de le supposer quelquefois, n’était-il pas plus près de la vérité que ceux qui ne voulaient voir que le bien ? […] Le plus y vient avant le moins, la fin avant le commencement ; plus d’une chose à peine indiquée figure à côté d’une chose terminée, plus d’un trait n’arrive pas au moment précis où la loi du discours le voudrait ; mais tout arrive. […] La pensée ne leur arrive pas d’abord dans sa plénitude ; un premier travail la tire en quelque sorte du fond de leur esprit, et la leur montre, incertaine encore, dans une sorte de demi-jour. […] Si la pensée leur arrive complète, c’est tant mieux car ils ne savent pas recommencer ; ils ne retrouvent pas pour les retouches la verve du premier jet. […] C’est ce qui serait arrivé aux deux plus étonnants des écrivains rapides du dix-septième siècle, Saint-Simon et Mme de Sévigné, quoique celle-ci, par plus de modération et plus d’étude, soit plus correcte dans la même rapidité.

288. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

. — Sont arrivés : M. et Madame H. […]   Le soir du même jour, à 8 heures, arrivait à Bayreuth le train des Viennois. […] Le 29, — arrivés : la comtesse de Beausacq, M.  […] Le 30, — arrivés : MM.  […] Dans la première ébauche du drame de Tristan et Isolde, de 1855, Parsifal, à la recherche du Saint-Gral, devait, dans le troisième acte, arriver en pèlerin à Karéol (Bayr.

289. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Je suis d’ailleurs persuadé qu’au fur et à mesure des représentations, les deux parties instrumentale et vocale du drame arriveront à s’incorporer plus étroitement encore. […] Or, il faut savoir ce qu’on entend généralement par un « artiste » : c’est un être créé uniquement pour produire et non pour penser ; quand il a le malheur de réfléchir avant d’agir, il lui arrive ce qui est arrivé, d’après M.  […] Ces différentes impressions passent par les sens et arrivent au cerveau : c’est la que s’opère ce que le maître a appelé la « Gefühlswerdung des Verstandes », c’est-à-dire l’intelligence sensuelle de l’œuvre. […] Notre objet dans cette étude est de suivre dans le drame de Parsifal cette perception des sens et d’arriver par elle à la compréhension de l’œuvre. […] Les wagnériens de toute opinion ont soutenu la bataille ; voici que le succès enfin leur arrive, voici que des œuvres de vérité vont enfin être représentées sur nos scènes.

290. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Ils savent trop bien leur métier, les poètes dramatiques surtout, qui sont obligés de plaire aux instincts, aux passions, aux penchants de la multitude, et qui savent que, surtout dans l’art de la comédie, il arrive souvent que celui-là ne prouve rien, qui veut trop prouver. […] Certes, voilà ce qui ne vous serait pas arrivé il y a dix ans, quand vous étiez quelque peu un poète, quand votre âme honnête et jeune s’ouvrait facilement aux nobles impressions du beau et du bon. […] qu’arriva-t-il ? […] Il arrivait donc en toute hâte : — Tête-bleu, Messieurs, s’écriait-il (il jurait devant le roi), tête-bleu, me voulez-vous faire enrager aujourd’hui ? […] Ils veulent être les premiers dans leur opinion. — Méfiez-vous aussi des critiques qui arrivent, la règle et le compas à la main, jaugeant et toisant une comédie ainsi qu’ils feraient un bâtiment.

291. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

Ne jamais oublier que ces catégories sont factices, c’est déjà en corriger sensiblement le défaut ; et si la pensée s’efforce de combiner toujours ce que le langage analytique est forcé de scinder, si l’on procède (dans une sage mesure) par anticipations et par rappels, on arrive peu à peu à la vision synthétique, à l’intuition de la vie. […] En distinguant ainsi, par l’histoire littéraire, les ères successives et les trois périodes de ces ères, on arrive, non pas à prophétiser l’avenir, mais du moins à reconnaître avec une sérénité plus consciente les devoirs du présent. […] Les hommes de bonne volonté, s’ils unissaient leurs efforts, devraient arriver à une certitude à peu près suffisante. […] Le chimiste n’arrive pas plus que l’historien à expliquer la vie ; du moins peut-il répéter presque à volonté une expérience donnée et connaît-il avec précision les réactions de certains éléments ; tel n’est pas le cas, hélas, de l’historien, du psychologue. […] Nous arrivons ainsi à un problème essentiel qu’on résume généralement sous cette forme pratique : le créateur doit-il s’isoler, ou au contraire se mêler à son peuple, à son temps ?

292. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Il arrivait cependant des jours, où il lui venait l’idée de faire un dîner, comme dans un restaurant de Paris. […] J’allais sortir, quand il arrive. […] L’actrice du Théâtre-Français, est la maîtresse commandée, imposée à tout homme arrivé en politique. […] Et cependant, il aurait une grande curiosité de la figure du Saint-Père, et de la succession de chambres papales, pour y arriver. […] Et voici ce qui était arrivé à un Européen, dont il avait fait la connaissance.

293. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier après les funérailles »

Les sujets qu’il choisit, et sur lesquels sa verve le plus souvent s’exerce, ne lui arrivent point par le bruit du dehors et comme un écho de l’opinion populaire ; ils tiennent plutôt à quelque fibre de son cœur, ou il ne les demande qu’à l’écho des bois. Ce sont parfois des poursuites, des entraînements singuliers dont les hommes positifs, les esprits judicieux et qui ne songent qu’à arriver ne se rendent pas bien compte, et auxquels ils sourient non sans quelque pitié. […] Plus d’une fois, nous l’avons vu, le matin, à quelque réunion d’amis à laquelle il était convié et dont il était l’âme : il arrivait au rendez-vous, fatigué, pâli, se traînant à peine ; aux bonjours affectueux, aux questions empressées, il ne répondait d’abord que par une plainte, par une pensée de mort qu’on avait hâte d’étouffer. […] Je glisse au bas de la page ce mot humble, ce mot touchant, que je préfère à d’autres mots plus glorieux, parce qu’il sent l’homme cette heure de vérité, ce mot toutefois qu’il faudrait être lui pour prononcer comme il convient, avec sensibilité et ironie, avec un sourire dans une larme ; il s’agissait de ces marques d’affection et d’honneur qui lui arrivaient en foule et ne cessèrent plus, dès qu’on le sut en danger : « Qui est-ce qui dirait, à voir tout cela, que je n’ai toujours été qu’un pauvre diable ? 

294. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — II »

Profondément distincte de ce qui tient aux passions personnelles, au milieu et comme au travers de leurs impressions, elle nous arrive plus désintéressée et plus pure, et ne nous parle que du beau, du sublime, de l’invisible. […] Loin de s’affaiblir et de s’effacer, comme il arrive chez certains talents impuissants à rien reproduire, elles se sont forcées et chargées outre mesure. […] Absorbé dans son atroce jouissance, dont le réveillait par instants un cri lointain arrivé à ses oreilles, il ne s’amusait guère à énumérer par leurs noms et qualités Pallas l’affranchi, le Grec Agénor, Aglaé de Phalère et Sénèque, qui, tout en louant Diogène, buvait du falerne dans l’or . […] Espèce de colombe messagère entre les deux amis, Trilby arrive un soir chez le poète, porté sur un rayon du couchant ; et, avant la nuit, il repart avec le message du retour ; surtout il est bien prémuni contre les dangers du voyage : N’erre pas à l’aventure, Car on en veut aux Trilbys.

295. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Édouard Rod »

Sa compagne devient grosse… Je connais des gens qui, s’ils avaient une femme et si cela lui arrivait, auraient la candeur de s’en réjouir. […] Il voudrait croire pour être tranquille, et n’y arrive pas. […] Mais l’ennui, on y arrive tout aussi bien par d’autres routes. […] Et je me figure que l’origine de ce mouvement, c’est, quoi qu’on en dise, cette curiosité même qui est la marque éminente de notre temps : car on arrive assez vite à reconnaître que la curiosité intellectuelle et sentimentale ne suffit pas pour vivre pleinement, et c’est là une constatation qui a des conséquences.

296. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Caro. Le Pessimisme au XIXe siècle » pp. 297-311

Lorsque les temps sont arrivés à ce point de produire, avec toutes les prétentions à la science et à la vérité absolue (il faut bien dire le mot, quoiqu’il répugne), de ces gigantesques sottises que M.  […] Caro appelle : « Le Pessimisme au xixe  siècle », il commence par en faire l’histoire sentimentale avant d’arriver à la théorie scientifique de ces deux Enragés du néant qu’il nous serait impossible d’admettre deux minutes, eux et leurs idées, s’ils étaient seuls, si nous n’étions pas préparés, par cette précaution d’une histoire, à une théorie de métaphysique qui n’en reste pas moins, malgré cette histoire préliminaire, de la plus incompréhensible absurdité ! […] L’auteur y semble pressé, il a hâte d’arriver à ce qui est pour lui la grande affaire : — la philosophie. […] Caro, qui a charge de philosophie, compte et recompte, comme un horloger les ressorts brouillés ou cassés de ses montres, les inconséquences, les hiatus, les contradictions, les impossibilités de ces deux systèmes, dont l’un est basé sur le tout-un, l’autre sur l’inconscient, mais, tous les deux, sous ce pédantesque et exécrable jargon, pour arriver à la conclusion Indoue, qui est l’anéantissement du monde par des moyens différents.

297. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Il arrive aussi que les plantes réagissent les unes sur les autres. […] Or, cela n’arrive jamais. […] Arrivé dans son ascension à la hauteur des épaules de M.  […] L’accident arrive ou n’arrive pas. On sait qu’il peut arriver, mais on ne sait pas s’il arrivera.

298. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre II. De la sensibilité considérée comme source du développement littéraire »

Il arrive qu’un sentiment violent, agitant toute l’âme, ébranlant à la fois tous les ressorts de l’intelligence et du cœur, arrache à un homme un cri sublime, qui fait l’admiration des âges et justifie le célèbre dicton. […] Ce qui arrive ordinairement, c’est que, dans ces bouleversements de l’âme entière, le fond de la nature apparaît, et le mot est ce que le caractère primitif et les habitudes invétérées le font. Que de fois est-il arrivé qu’un sentiment généreux, même héroïque, n’a trouvé qu’une locution triviale, une grossière injure pour s’exprimer !

299. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

En nous interrogeant scrupuleusement nous-mêmes, nous verrons qu’il nous arrive de peser des motifs, de délibérer, alors que notre résolution est déjà prise. […] Il se représentera donc un moi qui, après avoir parcouru une série MO de faits de conscience, arrivé au point O, se voit en présence de deux directions OX et OY également ouvertes. […] On la mettra au point O ; on dira que le moi, arrivé en O, et devant deux partis à prendre, hésite, délibère, et opte enfin pour l’un d’eux. […] Mais si le moi, arrivé au point O, est déjà déterminé dans un sens, l’autre voie a beau demeurer ouverte, il ne saurait la prendre. […] Vous aurez beau la tracer à l’avance ; c’est que vous vous supposerez alors arrivé au terme, et assistant par imagination à l’acte final.

300. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Il arrive à des formules presque vides de faire surgir ici ou là, véritables paroles magiques, l’esprit capable de les remplir. […] C’est ce qui est arrivé, croyons-nous, à la pensée hindoue. […] Mais dès les premiers temps du Brahmanisme il se persuada qu’on arrivait à la délivrance par le renoncement. […] Qu’on adhère ou non à la religion, on arrivera toujours a se l’assimiler intellectuellement, quitte à se représenter comme mystérieux ses mystères. […] Nous arrivions ainsi à ce que nous venons d’annoncer comme le second point.

301. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Mais ce qui arrive doit arriver. […] Cela n’arrive point, me direz-vous. […] Il arrive toujours. […] Vous n’arriverez jamais. […] Varennes arriva.

302. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Après déjeuner, quand ma digestion est dans le sac, Denis arrive et me déshabille. […] Un moment arriva où ils cessèrent de monter, arrivés en haut du coteau ; et ils disparurent au dernier coude du chemin… Au ciel il semblait y avoir moins d’étoiles. […] Il avait beau chercher, il ne pouvait arriver à se rappeler le verset du saint livre. […] J’arrive à mon anecdote. […] Ma femme et mes enfants arrivent trop tard.

303. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Mais quel moyen d’y arriver ? […] Rouher venait d’y arriver. […] Ils sont arrivés. […] C’est ce qui arrive à nos deux voyageurs. […] Nos malles n’arrivèrent que le lendemain.

304. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

Tout au plus des souvenirs de luxe arrivent-ils, par la porte entre-bâillée, à passer en contrebande. […] L’endroit où l’on arrive ne dessine pas la forme du chemin qu’on a pris pour y arriver, au lieu qu’une structure organique est l’accumulation même des petites différences que l’évolution a dû traverser pour l’atteindre. […] Mais arrivons aux exemples. […] Arrivons donc à la seconde des deux grandes hypothèses que nous devions examiner. […] C’est ce qui arrive sans doute le plus souvent.

305. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Il arriva la dernière fois que l’épicier fut alité, que sa pauvre bête devint aussi malade, et elle se démena et se tourmenta si furieusement jusqu’au jour de sa mort, qu’elle mourut aussi au même instant. […] Cependant, il n’en arrive jamais d’accident, par la sévère justice qu’on fait des voleurs en ce pays-là. […] Ce fut Abas le Grand lui-même qui retrancha jusqu’à cette liberté aux femmes de son palais, par l’aventure étrange qui lui arriva comme il était en Hyrcanie. […] Il arriva, durant une nuit obscure qu’Abas, qui allait avec le sérail, voulut prendre les devants. […] Cela arriva néanmoins d’une façon que l’on peut appeler miraculeuse, tant pour les circonstances que nous avons déjà observées, que pour celles que nous allons marquer, et qui font dire qu’il y a une puissance supérieure qui se mêle souverainement dans les affaires humaines, qui se rend maîtresse des événements, et qui fait réussir les choses bien souvent contre notre attente, comme il arriva ici, où Sefie fut élu malgré le complot des personnes intéressées, et les dispositions favorables qu’ils avaient données à leur entreprise.

306. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Ce n’est pas, on en conviendra, la peine de réunir 450 députés pour arriver à un pareil résultat. […] que de donnera un pareil système le nom de conservateur ; cela ne ressemble-t-il pas infiniment à ce qui arrive à M.  […] — Et si je m’oppose à ce que l’on continue, qu’arrivera-t-il ? […] Je ne vais pas les chercher, moi, elles m’arrivent. […] Maintenant, arrivons aux preuves de sympathie que M. 

307. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Cela dit, j’arrive au fond même de la discussion. […] Enfin l’œuvre arrive à maturité et elle demande à être réalisée. […] Comment, en effet, expliquer que le poème arrive à s’imposer aux autres âmes, s’il n’y a pas une loi assez générale pour dominer toutes les âmes humaines ? […] On arrive ainsi à voir clairement quel peut être ce rôle et à pouvoir, par conséquent, formuler quelques conclusions pratiques. […] Lorsque le romantisme, préparé en France par Rousseau et Diderot, Mme de Staël et Chateaubriand, naquit chez nous, il arrivait à son heure.

308. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

Comme, à cause du blocus anglais, le vaisseau sur lequel voyageait Humboldt ne pouvait s’arrêter plus de quatre ou cinq jours, Humboldt devait se hâter d’arriver avec Bonpland au port d’Orotava, d’où il prendrait un guide pour le conduire au pic. […] C’est au milieu des impressions produites par cette nature de paradis que Humboldt et ses compagnons arrivèrent à Orotava. […] L’émotion qu’il ressentit à cette heure de sa vie, ses propres paroles nous la révèlent : « Quand on commence à jeter les yeux sur les cartes géographiques, et à lire les descriptions des voyageurs, on éprouve pour certains pays, pour certains climats, une sorte de prédilection dont, arrivé à un âge mûr, on ne peut pas trop bien se rendre compte. […] Mais la catastrophe n’arriva pas aussi rapidement qu’on le craignait. […] Il ne connaissait ni jalousie ni politesse, là où d’autres opinions le blessaient, pourvu qu’elles fussent guidées par le désir d’arriver à la vraie science.

309. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Tout à fait étranger à la philosophie naturelle et à l’esprit scientifique, dont la première condition est de n’avoir aucune foi préalable et de rejeter ce qui n’arrive pas, il resta dans cet équilibre où une conviction moins ardente eût trébuché. […] On chercherait en vain entre les directeurs et les élèves la cordialité ; c’est là une plante qui ne croit guère qu’en Bretagne ; mais les directeurs ont un certain esprit large et bon, qui plaît et convient parfaitement à l’état moral des jeunes gens tels qu’ils leur arrivent. […] On ne saurait prouver qu’il soit arrivé un miracle dans le passé, et nous attendrons sans doute longtemps avant qu’il s’en produise un dans les conditions correctes qui seules donneraient à un esprit juste la certitude de ne pas être trompé. […] C’est d’avoir embrassé ce qu’ils désiraient, c’est d’être arrivés aux opinions irréligieuses parce qu’ils avaient envie qu’elles fussent vraies. […] » Mais, avec la notion précise et à la fois respectueuse que j’avais du catholicisme, je n’arrivais point à concevoir une honnête attitude d’âme qui me permit d’être prêtre catholique en gardant les opinions que j’avais.

310. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Gambetta arrive essoufflé, la voix rauque, se présentant avec une espèce de dandinement roulant, titubant, et toutes les marques et les apparences d’une caducité extraordinaire chez un homme, né en 1838. […] Axenfeld déjà souffrant, d’abord silencieux, se levant tout à coup et dominant les paroles tumultueusement confuses : « Moi, s’écriait-il, je mourrai du cerveau », — et il se mettait à raconter sa mort, telle qu’elle arriva. […] Il est arrivé quelques personnes de tous les mondes, qui, le dîner fini, ont pris place autour de la table. […] Pendant que je me promène au milieu de cette industrie féerique, arrive le chocolatier Marquis, auquel la vue de ces merveilles semble donner la démarche et le pas de l’ivresse. […] Puis il passait à une autre, détachant un nouvel éclat… Et arrivé à la maison, il se mettait à casser frénétiquement tout le pain de sucre, pour qu’on ne s’aperçût pas du déchet.

311. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Il a eu deux vocations, c’est-à-dire deux fausses vocations, comme il arrive si souvent aux jeunes gens entre vingt et vingt-cinq ans. […] Comme il arrive presque toujours, dans ces cas-là, ils ont des torts réciproques. […] Colbert qui arriva peu de temps après une grande maladie que fit le chancelier M.  […] Un jour, La Fontaine arriva un peu en retard, ce qui n’étonna pas de lui. Et la règle était, à cette époque, de ne donner le jeton de présence qu’à ceux qui étaient arrivés à l’heure précise.

312. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

. ; qu’on assemblât les États généraux de deux en deux ans, etc. » Dans toutes ces parties de son Histoire, l’opinion et les préférences personnelles de Mézeray percent assez : pourtant il n’y met pas de système ; il s’accommodera fort bien que, sous Henri IV, on arrive au bien public sans toutes ces machines qui sont à double fin en temps de passion, et qui ne sont parfaites que dans l’esprit des vertueux. […] C’est l’ambition qui le jette d’abord du côté des réformés ; mais bientôt son esprit se prend tout de bon à leurs opinions, et il s’y glisse du fanatisme de doctrine ou de parti : Il était arrivé la même chose à l’Amiral, dit agréablement Mézeray, qu’il arrive à un jeune homme qui vient à se piquer tout de bon d’une maîtresse qu’il n’aurait entrepris d’aimer que par feinte et pour donner de la jalousie à une autre : il s’était si fort embéguiné de cette nouvelle religion que rien n’était plus capable de l’en désabuser. […] Mézeray, nous racontant la Saint-Barthélemy et le contrecoup de cette nuit sanglante dans les provinces, me fait l’effet d’un historien qui raconterait les massacres de Septembre après en avoir recueilli toutes les circonstances dans les auteurs originaux et de la bouche de quelques témoins survivants : un historien qui déroulerait aujourd’hui, comme il le fait, la longue traînée de forfaits qui s’alluma à ce signal dans les provinces, la bande de massacreurs en bonnets rouges à Bordeaux, les massacres des prisons à Rouen en dépit du gouverneur, « si bien qu’il y fut assommé, tué ou étranglé six ou sept cents personnes qu’ils appelaient par rôle les uns après les autres », les scènes de Lyon qui surpassèrent tout le reste en horreur, arquebusades, noyades dans le Rhône, le tout par le commandement de Pierre d’Auxerre, homme perdu de débauche, arrivé tout exprès de Paris, le Collot d’Herbois de ce temps-là ; — un historien qui écrirait, de nos jours, ces mêmes pages de Mézeray, paraîtrait avoir voulu faire des allusions aux personnages et aux événements de la Révolution française : et c’est en cela que le récit de Mézeray me paraît préférable à tous autres et d’un intérêt inappréciable, en ce que l’historien, encore à portée de ces temps, a résumé dans son propre courant tous les narrateurs originaux du xvie  siècle, et qu’en nous rendant naïvement les faits et les impressions qu’ils excitent, il nous en fait sentir l’expérience toute vive, sans soupçon de complication ni de mélange. […] En ce temps-là aussi on se croyait arrivé au comble de l’expérience humaine et de l’histoire (il en est ainsi de chaque génération), et, si le monde tournait autrement qu’on n’avait compté, on s’écriait : « Eh ! […] Quand il avait la goutte, ce qui lui arrivait quelquefois, il disait, en jouant sur le mot, qu’elle lui venait « de la fillette et de la feuillette ».

313. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Il arrive que ce petit Julien, être sensible, passionné, nerveux, ambitieux, ayant tous les vices d’esprit d’un Jean-Jacques enfant, nourrissant l’envie du pauvre contre le riche et du protégé contre le puissant, s’insinue, se fait aimer de la mère, ne s’attache en rien aux enfants, et ne vise bientôt qu’à une seule chose, faire acte de force et de vengeance par vanité et par orgueil en tourmentant cette pauvre femme qu’il séduit et qu’il n’aime pas, et en déshonorant ce mari qu’il a en haine comme son supérieur. […] La prompte introduction de ce jeune homme timide et honteux dans ce monde pour lequel il n’avait pas été élevé, mais qu’il convoitait de loin ; ce tour de vanité qui fausse en lui tous les sentiments, et qui lui fait voir, jusque dans la tendresse touchante d’une faible femme, bien moins cette tendresse même qu’une occasion offerte pour la prise de possession des élégances et des jouissances d’une caste supérieure ; cette tyrannie méprisante à laquelle il arrive si vite envers celle qu’il devrait servir et honorer ; l’illusion prolongée de cette fragile et intéressante victime, Mme de Rênal : tout cela est bien rendu ou du moins le serait, si l’auteur avait un peu moins d’inquiétude et d’épigramme dans la manière de raconter. […] S’il fallait discuter la vraisemblance de l’action dans le roman, on pourrait se demander comment il se fait que cet accident de grande route ait une si singulière influence sur la destinée future de Fabrice ; on demanderait pourquoi celui-ci, ami (ou qui peut se croire tel) du prince de Parme et de son Premier ministre, coadjuteur et très en crédit dans ce petit État, prend la fuite comme un malfaiteur, parce qu’il lui est arrivé de tuer devant témoins, en se défendant, un comédien de bas étage qui l’a menacé et attaqué le premier. […] Toutes les fois que j’arrivais à une louange un peu forte, et j’en rencontrais à chaque pas, je voyais la mine que feraient mes amis en le lisant80. […] Enfin il se donne bien de la peine pour s’expliquer une chose très simple ; il n’était pas de ceux à qui l’image arrive dans la pensée, ou chez qui l’émotion lyrique, éloquente, éclate et jaillit par places dans un développement naturel et harmonieux.

314. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

À l’égard du peuple, il sera toujours sot et barbare : témoin ce qui est arrivé à Lyon. […] Le nouveau recueil de lettres dessine très bien ce vieillard de quatre-vingts ans qui tout d’un coup rajeunit, qui se multiplie pour écrire au ministre réformateur et à ceux qui le servent, aux Trudaine, aux de Vaisnes, aux Dupont de Nemours, et s’écrie gaiement : « Nous sommes dans l’âge d’or jusqu’au cou. » Il était arrivé à Voltaire ce qui arrive naturellement à toute grande renommée littéraire qui est jointe à une existence sociale considérable, mais ce qui devait lui arriver à lui plus qu’à un autre, à cause de son activité prodigieuse et des preuves éclatantes qu’il en avait données. […] moins d’un mois après cette lettre à Marin, il arrive à Paris, dans ce dernier et imprudent voyage qu’il se décida à y faire. […] Quant aux notes, je ferai observer que le curé Meslier (tome i, page 349) était curé d’Étrépigni et de But, et qu’il ne s’agit point là de lord Bute ; que, si le Pollion de Thieriot (tome i, page 65) est en effet M. de la Popelinière, ce Pollion, à deux pages de là (p. 63), n’est probablement pas le duc de Richelieu ; que, si le marquis d’Argenson perdit le portefeuille des affaires étrangères, ce ne fut point purement et simplement, comme on l’affirme (tome i, page 263), parce qu’il avait des sentiments généreux et de la probité, mais aussi parce qu’il était utopiste et secrétaire d’État de la république de Platon ; qu’il est douteux que l’ami qui servait de lien entre Diderot et Voltaire (tome ii, page 519) fût Thieriot, et qu’il est bien plus vraisemblable que c’était Damilaville ; que, si l’on prodigue le contre-seing Belle-lsle (tome ii, page 370) pour faire arriver les lettres franc de port, ce ne sont pas messieurs de Laporte qui en seront mécontents, mais plutôt messieurs de la Poste, etc., etc.

315. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Il est nouvellement arrivé et à peine établi à Montpellier, et dès lors, après une transplantation qui lui a fait sentir plus que jamais combien il est, lui et les siens, entre les mains de celui qui peut tout, il tient à se rendre un compte exact de l’emploi de son temps, « afin que si cet emploi est bon, il se réjouisse et rende grâces à Dieu, et que, s’il en perd quelque chose par distraction ou par sa faute, il le sache aussi et reconnaisse son malheur ou son imprudence ». […] Père de vingt enfants (ce qui ne laisse pas d’être une distraction et une charge pour un savant et un pur homme de lettres), Casaubon, on le voit, ne considère chaque nouveau-né qui lui arrive que comme un présent du ciel. — Et c’est ainsi que tout en lisant Sénèque et les stoïciens, il s’emparait de leurs maximes pour leur donner le vrai sens, et il les détournait, il les accommodait, par une parodie d’un genre nouveau, disait-il, à la piété véritable. […] Mais puisque rien de ce qui est arrivé n’est arrivé sans la permission de Dieu, je me tairai, ô Dieu éternel, j’implorerai ton nom, et je le demanderai pour moi, pour tous les miens, des sentiments d’humilité profonde, etc. […] Il subsistait, lui et sa nombreuse famille, des bienfaits et des gages du Roi ; il était son bibliothécaire ; dans ses peines et ses surcroîts d’embarras domestiques (et il avait une sœur qui lui en donna), il était obligé de solliciter par du Perron la faveur et l’appui du roi : « Tu sais, ô mon Dieu, s’écriait-il, que c’est bien à contrecœur que je m’y résous, de peur que le monde ne répande des bruits sur mon compte. » En effet, recevoir et demander toujours, et ne rien accorder jamais, est chose difficile : il y avait des moments où Casaubon avait peur de fléchir, et il se retrempait alors par la prière : « Ô mon Dieu, affermis-moi contre ceux qui, profitant de mes embarras et de mes ennuis de famille, cherchent à tenter mon âme et à me subtiliser ma foi. » Notez qu’il n’était qu’un demi-protestant, ou du moins un demi-réformé : ses conversations continuelles avec du Perron et ses lectures assidues des Pères grecs l’avaient conduit à ce résultat, où plus d’un de ses coreligionnaires de bonne foi est arrivé depuis. […] [NdA] Ce mot de Henri IV, de ce roi vraiment tutélaire et qui sentait à quel point il l’était, rappelle les belles paroles de Richelieu, en son testament politique, sur la vigilance nécessaire au chef d’un État et sur la gravité de la charge dont il porte le poids à toute heure, la ressentant d’autant plus qu’il est plus habile : « Il faut dormir comme le lion, sans fermer les yeux… Une administration publique occupe tellement les meilleurs esprits, que les perpétuelles méditations qu’ils sont contraints de faire pour prévoir et prévenir les maux qui peuvent arriver les privent de repos et de contentement, hors de celui qu’ils peuvent recevoir voyant beaucoup de gens dormir sans crainte à l’ombre de leurs veilles et vivre heureux par leur misère. »

316. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Gavarni travaillait d’ordinaire par jour ses dix-huit heures sur vingt-quatre, et c’est ainsi qu’il est arrivé à produire ce chiffre de pièces qui n’est pas encore bien connu : les uns disent dix mille ; d’autres qui doivent être bien informés aussi, prétendent que c’est dix fois plus. […] Il arrivait précédé par sa réputation de peintre spirituel des mondanités et des élégances parisiennes : l’aristocratie anglaise crut avoir trouvé en lui un dessinateur, un artiste tout à son gré et à son choix, comme elle l’eut bientôt dans Eugène Lami. […] C’est ainsi que l’artiste appelle tous ceux qui ont largement usé de la jeunesse et qui sont arrivés à l’heure ingrate et fatale où l’illusion n’est plus possible et où l’on se répète tout bas, avec M. de Parny : « C’en est fait, j’ai cessé de plaire !  […] Son intelligence de la physionomie humaine est telle que rien qu’à voir un individu il lui arrive souvent de mettre sur son visage non seulement son caractère, mais sa profession. […] Tout en n’étant pas insensible au progrès de la grandeur publique, il m’est bien souvent arrivé, je l’avoue, à l’aspect de ces abatis de maisons qui prenaient en écharpe de vieux quartiers de Paris et des faubourgs tout entiers, de regretter et de recomposer une dernière fois en idée ce que démasquait tout d’un coup le prodigieux ravage, ces petites maisons cachées, blotties dans la verdure et toutes revêtues de lierre, qui avaient été longtemps l’asile du bonheur ; mais jamais je ne me suis mieux rendu compte de ce genre de regret qu’en voyant menacé d’une coupe prochaine le jardin de Gavarni.

317. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

J’arrive un peu tard pour en parler, et sans autre dessein que de mettre par écrit quelques réflexions que m’avait suggérées une première lecture et qu’une seconde vient de confirmer. […] Son personnage principal, le duc Pompée-Henri de Joyeuse, un lion à la mode, beau, aimable, doué de tous les talents, un ténor et un virtuose comme on en a connu, — comme un Mario ou un Belgiojoso, — arrivé à l’âge de quarante ans, cette extrême limite de la jeunesse, à bout de ressources et de désordres, tout à fait ruiné, est appelé en Allemagne par un ancien ami de sa famille, un ami de sa mère, le comte Herman qui, en mourant, l’adopte et lui laisse par testament son immense fortune, à la condition de prendre son nom et de séjourner en Allemagne au moins une année. […] Orphelin dès ma naissance, pendant ma longue jeunesse, j’ai cherché le plaisir, j’ai vécu de la vie des autres hommes, mais c’est vous, vous seule, qui m’avez appris à aimer. » Un comte de Noirmont, homme de soixante-six ans, et qui fut longtemps le guide, le tuteur d’Herman au moral, qui jusqu’à un certain point l’est encore, est arrivé depuis peu de jours dans cet intérieur. […] Mlle Pompéa a par hasard appris du tapissier chargé de meubler l’hôtel du comte, et qui se trouve être le sien, qu’il est de retour en France, qu’il habite à Maran aux environs de Fontainebleau, et elle s’est mise en route sur l’heure pour le revoir : elle arrive, accompagnée d’une vieille cantatrice, la signora Barini, ancien contralto qui a eu ses beaux jours, une manière de duègne très-peu duègne, une utilité, un embarras, le meilleur cœur et la meilleure langue de femme, baragouinant un français italianisé et jargonnant à tue-tête. […] Pour la première fois, après bien des agaceries, au retour de la chasse où il a accompagné Emma, sa prochaine belle-sœur, il lui arrive de risquer une déclaration qui n’est pas mal reçue d’elle.

318. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

Il arriva alors que, sentant en Saint-Simon un ami qui pourrait bien devenir prochainement incommode et gênant, le duc de Noailles eut l’idée de lui tendre un piège qui le compromît dès le début de la Régence et lui cassât le cou, comme on dit. […] il ne faut jamais trop rechercher ce qu’ils ont pu faire dans un moment donné : ils ont été capables de tout, pour se tirer d’un mauvais pas, pour se débarrasser d’un collègue importun, pour couler un rival, pour arriver plus vite à leurs fins. […] Le maréchal de Noailles de la fin, comblé, honoré, satisfait et repu même dans ses demi-défaites d’ambition et ses mécomptes, ne saurait nous représenter le duc de Noailles à trente-sept ans, dans son âpreté d’ambition première, inquiet, avide, pressé d’arriver, visant à tout, sans scrupule, cherchant qui le sert et le caressant, donnant du croc-en-jambe à qui le gêne. […] J’admettrais même volontiers que ce qui était arrivé au duc de Noailles avec Saint-Simon, et dont les conséquences furent longues et dures, pût lui servir de leçon pour ne pas recommencer et s’y laisser reprendre. […] Elles assiègent la fortune à la sape, quand les hommes d’un vrai mérite perdent la leur par des orages ; et s’il arrive que quelques-uns de ces grands seigneurs se fassent une réputation d’application et de bons mots, on les charge d’affaires, et on en fait les premiers personnages du théâtre.

319. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

Ce goût déclaré qu’ils ont pour les civilisations arrivées à leur terme le plus raffiné fait aimer à MM. de Goncourt la Chine, le Japon, dont ils connaissent l’art travaillé, recherché et bizarre, avec ses merveilles d’imitation ou ses chimères, autant qu’on peut le connaître et l’apprécier de si loin. […] A un endroit ils nous montrent une entrée de bal, un défilé de femmes au moment où elles arrivent dans le salon : il y en a six, six profils de suite décrits par eux avec un art, un soin, une ciselure, une miniature des plus achevées ; mais les peintres écrivains ont beau faire, ils ont beau dire, ils ont beau multiplier et différencier les comparaisons de médaillons et de camées, je ne me fais pas une idée distincte de ces six têtes, je les confonds malgré moi : six, c’est trop pour mon imagination un peu faible ; la prose n’y suffit pas : j’aurais besoin d’avoir les objets mêmes sous les yeux, ici la confusion des moyens d’expression entre un art et l’autre est sensible. […] Tout est bon au peintre écrivain pour arriver, non au fac-similé direct des choses (toujours impossible par un coin et toujours infidèle), mais à l’impression pleine et juste qu’il veut en laisser. […] Voici un petit rêve d’élégie bien française, bien moderne, qui vaut certes toutes les réminiscences des Ovide et des Tibulle : c’est léger, délicat, d’une tendresse de dilettante, d’un regret de xviiie  siècle dans le xixe  ; un idéal rapide de bonheur d’après Fragonard et Denon : « J’ai toujours rêvé ceci, — et ceci ne m’arrivera jamais : Je voudrais, la nuit, entrer par une petite porte que je vois, à serrure rouillée, collée, cachée dans un mur ; je voudrais entrer dans un parc que je ne connaîtrais pas, petit, étroit, mystérieux ; peu ou point de lune ; un petit pavillon ; dedans, une femme que je n’aurais jamais vue et qui ressemblerait à un portrait que j’aurais vu ; un souper froid, point d’embarras, une causerie où l’on ne parlerait d’aucune des choses du moment, ni de l’année présente, un sourire de Belle au bois dormant, point de domestique… Et s’en aller, sans rien savoir, comme d’un bonheur où l’on a été mené les yeux bandés, et ne pas même chercher la femme, la maison, la porte, parce qu’il faut être discret avec un rêve… Mais jamais, jamais cela ne m’arrivera ! […] Ainsi, dans Virgile, dans la ixe Églogue, quand les deux bergers chantent en marchant, l’un d’eux propose à l’autre de s’arrêter à mi-chemin en vue du tombeau de Bianor, ou bien, s’ils craignent que la pluie n’arrive au tomber de la nuit, de poursuivre leur route vers la ville en chantant toujours : Aut, si nox pluviam ne colligat ante, Veremur… « Si nous craignons que la nuit ne rassemble la pluie… » Quel mot plus juste !

320. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Les plus vifs de caractère et d’humeur y arrivent à la longue tout comme les autres. […] » Ce mot d’homme d’esprit est fort sage : en effet, le moment arrive assez vite, pour tout nom célèbre, où il est rassasié et comme saturé de tout ce qu’il peut porter et contenir de propos en l’air et de médisances : à partir de ce moment, on a beau dire et écrire, rien ne mord plus, rien n’a prise sur lui, tout glisse, et le nom désormais garanti est partout reçu à son titre, et compté pour ce qu’il vaut. […] Allons, nous verrons ce qui arrivera ! […] C’est une anecdote qui m’arrive par tradition, en droite ligne, et que Berryer aimait à raconter. […] Mollien, très bienveillant de M. de Tayllerand, et en général très circonspect dans ses Mémoires sur tout ce qui touche aux personnes, raconte qu’il arriva plus d’une fois à Napoléon, dans ses entretiens, de regretter la présence de Tayllerand pendant les Cent-Jours.

321. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Ce fut un de ces heureux esprits qui passent leur vie à penser, à converser avec leurs amis, à songer dans la solitude, à méditer quelque grand ouvrage qu’ils n’accompliront jamais et qui ne nous arrive qu’en fragments. […] « Le bon jugement en littérature, disait-il, est une faculté très lente, et qui n’atteint que fort tard le dernier point de son accroissement. » Arrivé à ce point de maturité, M.  […] Quand M. de Chateaubriand, arrivé à Paris, lui eut été présenté, elle reconnut aussitôt ce mérite sous sa forme la plus séduisante de poésie, et elle l’adora. […] Souvent, quand il m’est arrivé de hasarder quelque remarque critique sur un talent du jour, on m’a répondu : « Qu’importe ! […] Je me suis demandé quelquefois ce que pourrait être une rhétorique française, sensée, juste, naturelle, et il m’est même arrivé, une fois dans ma vie, d’avoir à en conférer en quelques séances devant des jeunes gens.

322. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Je reconnus que le moment de parler était arrivé, et que les vieux temps allaient revenir. » Il se rendit donc à la cour de Ghaznin, où il eut quelque peine encore à se faire remarquer du sultan ; il y parvint enfin et réussit à le charmer. […] Mais, comme pour le Tasse, ce tardif hommage arriva trop tard pour Ferdousi et ne rencontra qu’une tombe. Au moment où les chameaux chargés d’or arrivaient à l’une des portes de Thous, le convoi funèbre sortait par une autre. […] Roustem arrive pourtant ; mais, mal accueilli par le roi, il entre dans une colère d’Achille, et il est tout prêt à s’en retourner dans sa tente. […] Roustem est appelé ; il arrive, il se trouve seul en présence de son fils, et le duel va s’entamer.

323. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

Il commençait à arriver à la réputation en même temps que s’installait le nouveau régime promu en juillet 1830. […] Ainsi ces trois époques de physionomie si diverse qui constituent le siècle arrivé à son milieu, M. de Balzac les a connues et les a vécues toutes les trois, et son œuvre en est jusqu’à un certain point le miroir. […] Ce qui est arrivé là à d’Urfé s’est renouvelé à la lettre pour M. de Balzac. […] Pour soutenir cette victoire, pour porter cette vogue, n’en être ni effrayé ni découragé, ne pas défaillir et ne pas abdiquer sous le coup comme fit Léopold Robert, il faut avoir une force réelle, et se sentir arrivé seulement à son niveau. […] Les Parents pauvres nous montrent ce talent vigoureux arrivé à sa plus forte maturité et se donnant toute carrière.

324. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Dans le monde on pouvait sourire quand on le voyait arriver d’un air de conquête, « bien poudré, en habit de velours noir, avec sa veste dorée et ses manchettes de filet brodé », dans sa double coquetterie d’homme galant et de bel esprit, comme il était enfin quand il allait faire une de ces cent lectures de son drame de Mélanie, pour lesquelles on se l’arrachait. […] L’héroïde n’était pour La Harpe qu’un degré pour arriver à la tragédie. […] Nous aujourd’hui, même quand nous voyons Phèdre, nous ne sommes guère sensibles qu’aux trois ou quatre grandes scènes et à l’admirable style ; mais l’ordre de la pièce, la suite des scènes intermédiaires, leur arrangement et une foule de détails ne nous arrivent plus ; nous n’y entrons plus complètement. […] Il arriva à ce cours un grave accident, il fut coupé en deux par la Révolution française. […] Avec tous ses défauts et toutes ses imperfections de nature, donnant en mourant la main à Chateaubriand, à Fontanes, à tout ce jeune groupe littéraire en qui était alors l’avenir, il transmit le flambeau vivant de la tradition, et il justifia le premier pronostic de Voltaire à son égard : « Quelque chose qui arrive, je vous regarde comme le restaurateur des belles-lettres. » C’est le mot magnifique, mais juste après tout (si l’on considère l’ensemble du rôle et de l’influence), qu’il faudrait graver sur son tombeau.

325. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Et tout d’abord Alfred, à peine arrivé au château, trouve Suzette, une fille de concierge, mais élevée un peu en demoiselle, et, en la voyant, il ne peut s’empêcher de s’écrier assez militairement devant Léonie : « Ah ! […] Pourtant, quand il s’aperçoit de ses petits désaccords avec Léonie, il lui arrive une ou deux fois, et sans en avoir l’air, d’y prendre garde et de les réparer. […] Elle finit par l’épouser sans qu’Alfred en souffre trop ; et la morale du roman, cette fois excellente, c’est que, « de tous les moyens d’arriver au bonheur, le plus sûr (pour une jeune fille qui sort du couvent) est celui que choisit la prévoyante tendresse d’un père ». […] » Les femmes, pour peu qu’elles écrivent et qu’elles marquent, portent très bien en elles le cachet des époques diverses, et, si l’on voulait désigner en leurs personnes les périodes successives de Louis XVI, du Directoire et de l’Empire, de la Restauration et du régime de Louis-Philippe, on arriverait à quelques aperçus de mœurs qui ne tromperaient pas. […] La Restauration arrive : donnez-lui le temps de s’asseoir et de recueillir son esprit.

326. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Des directeurs de journaux, qui sont obligés d’avoir l’air de dire quelque chose, sur n’importe quoi, à n’importe qui, arrivent à ne plus faire la distinction des gens auxquels ils parlent. […] Arrive Bocher, un ami de la maison, arrive Meurice, aux pas qui ne font pas de bruit. […] Si ce que dit l’avocat est la vérité, et ce dont je doute, c’est assez tragiquement funambulesque cette conception d’un prétendant, d’arriver au trône par une présidence de Cour d’assises. […] Dans ce pays, qu’est-ce qu’il arrive, lorsque les instincts du jeune homme sont par trop scientifiques, il se met dans une carrière satisfaisant à moitié ses goûts, à moitié son désir d’enrichissement, il devient ingénieur de chemin de fer, directeur d’usine, directeur de produits chimiques… Déjà cela commence à arriver en France, où l’École polytechnique ne fait plus de savants. » Et la conversation continuant, Berthelot ajoutait : « Que la science moderne, cette science qui n’a guère que cent ans de date, et qu’on dote d’un avenir de siècles, lui semblait presque limitée par les trente années du siècle dans lequel nous vivons.

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