Si bien que Tartuffe apporte un secours imprévu aux théories de M.
Le bohème est avant tout un esprit faux ; il emprunte à l’indépendance d’esprit de l’art et des théories anarchistes la fainéantise et la plénière indulgence morale.
Arlequin va nous faire une théorie de la faillite qu’on serait tenté de croire plus moderne.
La grande théorie de l’apocalypse du Fils de l’homme est en effet réservée, dans les synoptiques, pour les chapitres qui précèdent le récit de la passion.
Le caractère tout nouveau de cette éducation est dans le mélange du jeu et de l’étude, dans ce soin de s’instruire de chaque matière en s’en servant, de faire aller de pair les livres et les choses de la vie, la théorie et la pratique, le corps et l’esprit, la gymnastique et la musique, comme chez les Grecs, mais sans se modeler avec idolâtrie sur le passé, et en ayant égard sans cesse au temps présent et à l’avenir.
La science chez lui est inventive, et il la rend familière : « Un singulier bonheur d’induction, a dit sir Humphry Davy, guide toutes ses recherches, et par de très petits moyens il établit de très grandes vérités. » Il ne se retient point dans ses conjectures et dans ses hypothèses, toutes les fois qu’il s’en présente de naturelles à son imagination, et il s’en est permis de fort hardies pour l’explication de certains grands phénomènes de la nature, mais sans y attacher d’autre importance que celle qu’on peut accorder à des conjectures et à des théories spéculatives.
Criminel instruit, ayant tué par théorie, nerveux, tendre, disposé aux consultations de conscience, farouche cependant et d’une volonté raidie par accès, posé ainsi comme un mécanisme complexe, il est amené successivement aux contacts, qui causeront en lui telle ou telle évolution spirituelle.
Ils sont convaincus de l’avortement fatal de l’effort humain, dénigrent ses succès nécessairement partiels, dénoncent toutes les institutions nationales, contestent la possibilité du progrès et aboutissent, quand ils formulent la théorie générale de leurs sentiments, aux anathèmes du catholicisme ou à ceux plus absolus et aussi peu fondés de Schopenhauer.
C’est dire que de semblables théories expriment, non les faits qui ne sauraient être épuisés avec cette rapidité, mais la prénotion qu’en avait l’auteur, antérieurement à la recherche.
D’abord, parce qu’il est toujours pénible de voir un homme de talent se fourvoyer sans ressource ; et puis, parce qu’il est plus pénible encore de le voir compromettre avec lui, dans son aventure, ce qu’il pouvait y avoir de justesse et de vérité dans les théories d’art auxquelles les circonstances avaient attaché son nom.
Une part de la doctrine lui est indifférente : c’est, par exemple, la théorie de l’arc-en-ciel, ou le Traité de la formation du fœtus ; et je ne veux point rechercher à ce propos s’il a tort ou raison dans son indifférence. […] Il faut retenir cet argument, pour bien entendre la philosophie de Bossuet sur les « choses fortuites », et ce que l’on pourrait appeler sa théorie du hasard. […] On voudra bien faire attention que la science, même la plus prudente, n’en demande pas davantage pour édifier tant de théories ou plutôt d’hypothèses, qu’elle considère comme des certitudes ? […] Là est le vice, et là le danger de ses théories. […] Elles reparaissent avec Fontenelle, dont on sait, pour le dire en passant, que la foi cartésienne ira jusqu’à contester les théories de Newton.
Ainsi la théorie positiviste du beau dans les lettres et les arts est la plus conforme que je connaisse à l’idéal élevé, sévère et moral de M. […] De la part de ce cynique en théorie, il y a là une sorte de don-quichottisme. […] Ces leçons forment un livre délicieux qui a pour précédent dans notre littérature les Entretiens sur la pluralité des mondes, de Fontenelle, et qui évoque la merveilleuse fable dédiée à Mme de La Sablière, où La Fontaine, non content de mettre en pièces avec une maîtrise légère l’automatisme des bêtes, selon Descartes, propose sur la nature de l’âme animale une théorie dont le ravissant langage n’exclut pas la remarquable pertinence philosophique. […] Masse des faits expérimentaux et des théories de détail dans les sciences physiques, déjouant tout essai de constitution d’une métaphysique de la nature consonante à nos connaissances. — Masse des informations sur l’humanité, sur ses variétés infinies dans le temps et dans l’espace, sur le sort ruineux de ce qu’elle paraît avoir édifié de plus beau dans le passé, d’où résulte une difficulté de se diriger et d’opter, une timidité critique dans le choix des principes de civilisation et des disciplines de pensée convenables au siècle qui vient. — Masse des hommes dans la société, masse des peuples dans la mêlée internationale, opposant une immense couche inerte et décourageante à la pénétration de toute parole et de toute idée qui n’aille pas dans le sens du moindre effort, mais tende au réveil d’une foi humaine. […] Pour les musiciens qui, conformément à certaine théorie de Wagner, croient qu’il y a une essence populaire d’inspiration, distincte de l’inspiration cultivée et savante et dans laquelle celle-ci gagnera à se baigner et se rafraîchir, leur vocabulaire esthétique appelle une nette rectification.
Le bon sens dira ce qu’il voudra de cette prétention ambitieuse, en supposant que l’interprétation que je donne soit juste ; il trouvera que c’est étrangement s’octroyer les droits et privilèges d’oint du Seigneur, et se faire à soi-même avec un suprême dédain les honneurs de la terre ; cela conduira plus tard M. de Vigny à sa théorie exagérée du poète, et finalement, à cet Exegi monumentum des Destinées : je sais les abus qu’on a vus sortir et qu’a trop tôt engendrés cette doctrine superbe tant de l’omnipotence que de l’isolement du génie ; mais ici, dans ce poème de Moïse, l’idée ne paraissait qu’enveloppée, revêtue du plus beau voile ; l’inspiration se déployait grande et haute ; elle restait dans son lointain hébraïque et comme suspendue à l’état de nuage sacré. […] Je constate la vogue et le succès : ce n’est pas le moment de discuter ici la théorie.
Il n’est point entraîné par des théories, engourdi par l’inertie, arrêté par les contradictions. […] Dans ce vide, qui est comme une vaste mer, les rêves, les théories, les fantaisies, les convoitises déréglées, poétiques et maladives, s’amassent et se chassent les unes les autres comme des nuages.
Quelle théorie de la monarchie ! […] Voilà un prophète de consolation qui nous vient des montagnes. » Il continue, il console ses coexilés par une magnifique théorie de l’irrésistible puissance de la Révolution qui broie tout devant elle, ses amis comme ses ennemis.
L’expliquer en détail, ce serait développer toute la théorie wagnérienne sur l’œuvre d’art de l’avenir ; je préfère renvoyer mes lecteurs à Opéra et Drame (III et IV), à la Musique dans le drame (X), etc. […] On trouvera la théorie de Wagner sur la modulation dans la musique dramatique aux volumes IV (185 à 195) et X (243 à 249).
C’est dans la « fréquence numérique des sensations et des expériences » que Spencer cherche l’explication des formes structurales du cerveau et de la pensée : il attribue ces formes à « l’enregistrement d’expériences continuées pendant des générations sans nombre. » — « Toutes les relations psychiques, quelles qu’elles soient, depuis les nécessaires jusqu’aux fortuites, résultent des expériences des relations extérieures correspondantes et sont ainsi mises en harmonie avec celles-ci… La cohésion entre les états psychiques est proportionnelle à la fréquence avec laquelle la relation entre les phénomènes extérieurs corrélatifs s’est répétée dans l’expérience. » La théorie de Spencer est donc celle de l’association des idées, mais étendue à l’espèce entière. […] La théorie de l’innéité prend ainsi, dans le darwinisme, un aspect curieux : les formes natives du cerveau, les conceptions nécessaires de la pensée tiennent précisément à des accidents ; c’est le hasard qui a été le père de cette nécessité.
Causerie du docteur Robin donnant des détails relatifs à des expériences saisissantes et de haute terreur, sur des décapités, sur des corps d’hommes sans tête, qui, au bout de quarante-cinq minutes de mort, portent la main, avec un mouvement de vivant, à leur poitrine, à l’endroit où on les pince, et beaucoup d’autres épreuves venant à l’appui d’une théorie sur l’indépendance du cerveau et du cœur. […] Et à propos de cette théorie, par un de ces zigzags qui lui sont familiers, il cite Jeanne d’Arc qui n’est plus un miracle depuis qu’il a fait voir toute la faiblesse et l’insuffisance de l’armée anglaise, opposée à la concentration et au rassemblement de toutes les forces françaises.
Il avait l’occasion de dérouler, avec la magnificence de l’épopée, ses théories politiques, et d’exercer, avec cette verge de la satire que les prophètes n’ont pas dédaigné de manier, ses impitoyables vengeances. […] Dante était, pour ainsi dire, un païen à peine converti, traînant encore dans l’Église les théories de son vieux culte et les lambeaux de son premier costume.
Et tout à côté il retraçait le portrait du véritable et pur incrédule par doctrine et par théorie, le portrait de Spinoza qu’il noircit étrangement, dont il fait un monstre, mais en qui il touche pourtant quelques traits fondamentaux : Cet impie, disait-il, vivait caché, retiré, tranquille ; il faisait son unique occupation de ses productions ténébreuses, et n’avait besoin pour se rassurer que de lui-même.
Mais chez Froissart ne cherchons point de système ni d’inspiration plus profonde : les Claverhouse pas plus que les de Maistre en théorie ne sauraient le revendiquer comme un des leurs.
Les orateurs qui argumentent sont plus facilement compris par la foule que les orateurs qui s’enthousiasment ; il faut des ailes pour suivre l’orateur lyrique… Cette théorie faite toute exprès à la plus grande gloire des orateurs lyriques et des hommes démesurés est ici en défaut.
Ils s’affichent eux-mêmes par cette antipathie, devenue une théorie et presque une chevalerie chez M.
Il lui avait envoyé son poème sur La Loi naturelle ; elle lui propose des doutes sur sa théorie, un peu trop platonicienne selon elle ; il semble que pour son compte elle adopterait plutôt celle de Hobbes, de Pascal, et de ceux qui ne cherchent l’origine de la justice que dans l’amour de la conservation et dans la seule utilité de la société.
Sans aller si loin que Bernardin de Saint-Pierre, Mme Sand, qui s’était peut-être ennuyée d’abord dans son Berry, ne s’est plu ensuite à nous le montrer que par des aspects assez attrayants ; elle ne nous a pas désenchantés, tant s’en faut, des bords de la Creuse ; en y introduisant même des personnages à théories ou à passions, elle a laissé circuler un large souffle pastoral, rural, poétique dans le sens des anciens.
Sa théorie de l’utilité de l’art, et d’un but public et politique à lui donner, laisse bien à dire ; elle distingue essentiellement Béranger des artistes proprement dits et marquera plus tard sa séparation d’avec la nouvelle école littéraire.
Leur théorie ne laisse pas d’éprouver de secrets échecs, et il y a bien des moments où le corps a raison de l’esprit.
Gratry a déjà été distingué par l’Académie dans le concours Montyon, pour un livre de théologie morale où il se trouve bien du talent, bien des observations ingénieuses, et aussi bien des théories hasardées.
Fagon, comme tous les vrais disciples d’Hippocrate, triomphe des théories préconçues et des mauvaises doctrines, tour à tour régnantes, par l’observation pratique et le tact.
En présence de ce roman ou de ce poème tout archéologique, c’est le cas ou jamais de le redire : l’art, nonobstant toute théorie, l’art dans sa pratique n’est pas une chose purement abstraite, indépendante de toute sympathie humaine : et je prends le mot de sympathie dans son acception la plus vaste.
Renan s’en soit tiré à la satisfaction de tous les lecteurs, ni peut-être à la sienne propre, avec sa théorie des « sincérités graduées » et des « malentendus féconds » ; mais il a mis du moins à cette transition, et pour la sauver, tout l’art et toute la ténuité, toute la subtilité d’explication dont un esprit aussi distingué est capable.
Questions de l’année Il y a en M. de Girardin l’homme positif, pratique, qui a le tact et le sentiment des situations, des occasions décisives et des crises ; il y a l’homme de théorie et de système ; les deux coexistent sans se confondre et sans se nuire.
Dans sa théorie, il attribuait aux. immenses biens du Clergé une efficacité particulière pour la prospérité des sociétés et la guérison ou l’adoucissement des plaies inévitables.
La Restauration, un régime contraire et ennemi, avait d’abord succédé, avec des théories constitutionnelles qu’avaient sucées de nouvelles générations libérales, et, comme telles, encore moins favorables qu’opposées à l’idée impériale ; on semblait ne se rallier à ce passé récent que par la religion de la gloire et du malheur.
Tout le terrain gagné en théorie depuis Port-Royal jusqu’à Daunou semble perdu.
Adolphe Dumas, reprenant les idées de la préface, les redouble agréablement, et tend à consacrer tout à fait cette théorie de négligence et de laisser aller indéfini que trop d’autres pièces confirment sans en parler.
Mais on est tenté d’oublier ces portions magnifiques quand on songe à tant d’autres récidives simplement opiniâtres, à cette absence totale de modification et de nuance dans des théories individuelles que l’épreuve publique a déjà coup sur coup jugées, à ce refus d’admettre, non point en les louant au besoin (ce qui est trop facile), mais en daignant les connaître et en y prenant un intérêt sérieux, les travaux qui s’accomplissent, les idées qui s’élaborent, les jugements qui se rassoient, et auxquels un art qui s’humanise devrait se proportionner.
Venu dans les premiers moments de l’innovation romantique en France, il semble n’avoir voulu, pour son compte, en accepter et en aider que la part vigoureuse, énergique, toute réelle et observée : à d’autres la théorie ou le chant, la vapeur et le nuage ; lui, ennemi du convenu, se méfiant de la phrase, pratiquant à la fois le positif et le distingué, il s’attacha tout d’abord à circonscrire ses essais pour mieux les creuser et les asseoir.
Théorie superficielle, scabreuse, et qui renferme bien plus d’obscurité qu’on ne croirait d’abord, mais qui pour Rabelais n’est que l’expression d’une irrésistible et universelle sympathie.
L’esquisse merveilleuse s’éparpillait en croquis légers ; la haute théorie s’enguirlandait d’anecdotes charmantes qui, exquises dans leur grâce ou plaisantes en leur malice, valaient un rire juste et sobre. » « On entrait chez Mallarmé, écrit encore un poète de la génération suivante, M.
L’Allemagne est le seul pays où la littérature se laisse influencer par les théories préconçues de la critique.
Cependant, je n’entreprendrai pas de le discuter en lui-même, en pesant les arguments apportés par les partisans des deux théories opposées : mieux qu’une telle discussion, un simple aperçu sur les récents développements de la critique nous permettra peut-être de le résoudre.
Ses autres livres sont indifférents : soit que, poussant jusqu’au ridicule la théorie de Taine sur la faculté maîtresse, il découvre en Dumas fils et en Moïse un égal génie législateur2 ; — soit que (ces enfants ne doutent de rien), il vole Shakspeare lui-même, embourgeoise Hamlet et métamorphose le sombre usurpateur du trône de Danemark en je ne sais quel « homme du monde en train de penser à ses devoirs de club 3 !
» Le règne de ces théories délicieuses, de ces jouissances raffinées de l’esprit et de l’amour-propre, est passé.
Jeune, commandant un corps de cavalerie en Germanie, il avait fait un traité spécial, et de théorie, sur l’Art de lancer le javelot à cheval.
Laffitte avait pris au sérieux toutes les théories de l’opposition des quinze ans, et, en les transportant dans le gouvernement, il le rendait impossible.
Telle est la théorie que Franklin professe en toute circonstance publique ou secrète, et qui lui attire en Amérique la réputation d’être trop Français.
On pourrait trouver d’autres exemples non moins remarquables des démentis donnés par les faits à la théorie.
Delolme, sur la constitution anglaise, une page où cette constitution est admirablement analysée dans un sens général, comme une théorie pure, sans aucune application particulière.
S’il n’y avait dans l’Amour de Michelet que la fausseté de l’idée première : tout pour l’épouse et pour l’époux en vue du bonheur qu’ils se donnent tous deux ; s’il n’y avait que la théorie de l’enveloppement, et celle de l’imprégnation, et celle de l’unification… Dieu sait à quel prix !
J’esquisse une méthode, je n’avance pas une théorie.
C’est un développement de la page de Platon sur le Juste crucifié où les Pères de l’Église avaient cru reconnaître un pressentiment du Christ, mais ce développement est magnifique et la filiation entre ces théories platoniciennes et le Christianisme semble trop manifeste pour qu’on ne puisse admettre une aussi poétique fiction. […] La meilleure justification de cette théorie discutable consiste ici dans les beaux récits un peu concertés, mais d’un art si soigneux et si délicat, que la cause des poètes a dictés à leur légitime défenseur. […] Naguère encore « Miette » dans la Tour de Percemont portait le suprême témoignage de cette théorie si honnête et si élevée. […] Au fond cette théorie des « ciseleurs » n’est autre que la vieille doctrine classique. […] L’ignorance ne délivre pas un brevet d’inspiration comme le croient certaines gens qui nous imposeraient des théories renversantes sur la prétendue naïveté des poètes et voudraient au besoin planter le laurier delphique sur le bonnet d’âne.
Alors lâchant ses hautes théories, en aparté, il me parle de ses ambitions d’enfance, de tout ce qu’éveillait en lui à Boulogne, sous l’Empire, le passage des troupes… de son envie d’alors d’être militaire : « Il n’y a que la gloire militaire, il n’y a que cette gloire-là. […] Comme repos, c’est coupé de pipettes, que Flaubert brûle vite, et de dissertations littéraires, et de thèses tout à fait en opposition avec la nature de son talent, et d’opinions de parade et de chic, et de théories assez compliquées et assez obscures, sur un beau, non local, non spécial, un beau pur, un beau de toute éternité, un beau, dans la définition duquel il se perd et s’embrouille, mais dont il s’esquive assez spirituellement par cette phrase : « Le beau, le beau… c’est ce par quoi je suis vaguement exalté ! […] Théophile Gautier développe la théorie qu’un homme ne doit se montrer affecté de rien, que cela est honteux et dégradant, qu’il ne doit jamais laisser passer de la sensibilité dans ses œuvres, que la sensibilité est un côté inférieur en art et en littérature.
De même, à mesure que l’on appuyait sur des documents plus nombreux et que l’on affermissait par des preuves plus certaines l’histoire de nos chansons de geste, on réunissait les éléments d’une théorie des épopées homériques, ou mieux encore de la théorie générale des épopées populaires. […] La théorie de Diderot, c’est bien la théorie de Corneille ou du moins la théorie de Saint-Évremond et de ses contemporains, un poète comme l’auteur du Cid, étant toujours fort au-dessus et par conséquent un peu en dehors des théories. Et cette théorie, à cent ans d’intervalle, par Saint-Évremond comme par Diderot, c’est bien contre Racine et contre Molière que nous la voyons dirigée.
A l’exception de trois ou quatre grands modernes qui appartiennent encore à demi au siècle dernier, vous verrez que Racine, Corneille, La Fontaine, Boileau, Molière, Pascal, Fénelon, La Bruyère et Bossuet, ont répandu plus d’idées justes et véritablement profondes que ces écrivains à qui on a donné l’orgueilleuse dénomination de penseurs, comme si on n’avait pas su penser avant eux avec moins de faste et de recherche. » La théorie littéraire de Fontanes est là ; son originalité, comme critique, consiste, sur cette fin du xviiie siècle, à déclarer fausse l’opinion accréditée, « si agréable, disait-il, aux sophistes et aux rhéteurs, par laquelle on voudrait se persuader que les siècles du goût n’ont pas été ceux de la philosophie et de la raison. » C’était proclamer, au nom des Écoles centrales, précisément le contraire de ce que Garat venait de prêcher aux Écoles normales. […] » La passion, enlevait ainsi le vieux critique au-dessus de ses propres théories ; sa personnalité pourtant, son moi revenait à travers tout, et perçait dans sa trompette. […] Dans les premières séances d’un Conseil ainsi nommé, je le répète, tous les esprits diffèrent ; chacun apporte sa théorie et non son expérience. […] Mais il faut donner le texte même, l’incomparable texte de cette Note insérée au Moniteur du 15 décembre 1808, et qui résume, comme une charte, toute la théorie politique de l’Empire : Plusieurs de nos journaux ont imprimé que S.
En effet, une nation dont la morale n’a cessé d’obéir au grand principe : un sou est un sou, comment n’aimerait-elle point à se rappeler qu’en un temps reconnu pour celui où s’exprima le mieux son génie, le peintre officiel des passions, admis à la cour du Grand Roi, dans la théorie des princesses, les unes, larmoyantes, les autres vindicatives, mais toutes uniformément chargées de falbalas, jamais ne reconnut par la bouche de leurs majestueux amants, que des objets de désir. […] On a beau se prétendre explorateur, on ne s’en cogne pas moins à des théories de mort, d’une mort hypocritement maquillée aux couleurs de la vie, et dont la sagesse est vantée, comme si un cadavre pouvait avoir quelque mérite à ne point gambiller. […] C’est d’ailleurs par une attaque contre tout ce que la théorie de l’art pour l’art avait déifié, à propos de choses écrites et peintes, que Dada, précurseur du surréalisme, avait commencé le travail de théoclastiead. […] De la découverte de l’Amérique à nos jours, la politique coloniale, à travers sa longue théorie de massacres, a toujours argué de fins confessionnelles.
Enfant, il était au collège d’Harcourt quand le système de Law vint bouleverser les têtes et bientôt les fortunes ; et, à ce propos, Duclos fait la théorie des crises ou révolutions fréquentes auxquelles est assujetti notre pays.
Parmi les adversaires qu’il combat, il en est toutefois contre lesquels Bourdaloue a trop manifestement raison, et d’une manière qui paraît encore tout à fait piquante : ce sont ces jansénistes de mode et de langage, non de conviction, ces incrédules et libertins du monde (comme il y en avait déjà bon nombre alors) qui faisaient les rigoristes en parole, prenaient parti en matière de dogme, et ne plaçaient si haut la perfection du christianisme et la rigidité de la pénitence que pour mieux s’en passer : « Ou tout ou rien, dit-on ; mais bien entendu qu’on s’en tiendra toujours au rien, et qu’on n’aura garde de se charger jamais du tout. » Le travers, l’inconséquence de ces épicuriens mondains, jansénistes par raffinement et en théorie, a trouvé dans Bourdaloue un railleur sévère.
Le monde a changé de tour et de manière de voir ; il est devenu positif, comme on dit : je le répète sans idée de blâme : car, si par positif on entend disposé à tenir compte avant tout des faits, y compris même les intérêts, — disposé à ne pas donner à la théorie le pas sur l’expérience, — disposé à l’étude patiente avant la généralisation empressée et brillante, — disposé au travail et même à la discipline plutôt que tourné à la fougue sonore et au rêve ; si par positif on entend toutes ces choses et d’autres qui peuvent devenir d’essentielles qualités, au milieu de tout ce que laisserait de regrettable l’espèce des qualités et des défauts contraires, il y aurait encore de quoi se raffermir et se consoler.
Sur cet article de Béranger critique, j’ai déjà indiqué que je ne suis pas pour sa théorie utilitaire de l’art.
Rousset a, dès l’origine, une théorie du caractère et de la fonction de Louis XIV, qui est celle des opposant et des mécontents, et que je ne crois pas très justifiée, si on y regarde de près : « Louis XIV, nous dit-il, avait, comme Philippe II, le goût des détails ; ses ministres encouragèrent ce goût et le poussèrent même à l’excès ; en trompant par la multiplicité des affaires un appétit de travail qui était réel et sérieux, ils l’assouvissaient d’abord par les petites et tenaient les grandes en réserve ; mais toutes lui étaient présentées.
Thiers, à cette époque de sa vie (et je ne sais s’il a persévéré dans cette théorie qui me paraît bien près d’être la vraie), pensait qu’on raisonne beaucoup trop sur l’idéal et qu’on se creuse terriblement la tête pour en demander l’expression aux œuvres des anciens maîtres.
Leys, à qui il était si aisé, pour sa manière archaïque, de dénier l’originalité en le déclarant un disciple pur et simple d’Albert Durer, Théophile Gautier s’y prend avec plus de ménagement ; il a toute une théorie pour le cas particulier, et il entre dans les explications les plus appropriées comme les plus favorables : « S’il est permis, dit-il, de ressembler à quelqu’un, c’est sans doute à son père, et M.
S’il plaint quelqu’un, c’est le peuple, qui est tout, disait-il comme Sieyès, et que cependant on ne compte pour rien… » Je me fais une tout autre idée du ligueur, malgré certaines théories modernes, et j’ai peine à me figurer le rapport qu’il peut y avoir entre ces curés fanatiques de la Cité ou des Halles et l’abbé Sieyès.
Je vois devant moi les hommes qui, à des degrés divers, ont donné à la scène française son éclat et ses nuances de nouveauté depuis plus de vingt ans ; ce n’est pas devant ces juges du camp, qui ont pratiqué l’arène, ce n’est pas devant le grand poëte qui me fait l’honneur de me recevoir en ce moment au nom de l’Académie, glorieux champion dans bien des genres, et lui-même l’un des maîtres du combat, que je viendrais étaler et mettre aux prises des théories contradictoirement discutables, tour à tour spécieuses, mais qui n’ont jamais de meilleure solution ni de plus triomphante clôture que ce vieux mot d’un vainqueur parlant à la foule assemblée : Allons de ce pas au Capitole remercier les Dieux !
remy pour déployer toute sa théorie contradictoire, et il s’attaque courageusement à cette belle idylle intitulée l’Aveugle.
Même avec les espérances les plus vastes, on ne découvre à l’horizon qu’une connaissance plus étendue de ces appareils, de ces mouvements et de ces organes ; peut-être un jour, si le microscope devient plus puissant, lorsque la théorie de l’électricité, la chimie organique et la physique moléculaire auront fait quelque grand pas, les expérimentateurs démêleront dans un nerf les diverses fibres primitives, définiront exactement leur mouvement intestin, expliqueront la structure des centres nerveux, préciseront le changement d’état que l’action du nerf y provoque. — Au mieux, et en supposant la science complète, on entrevoit une formule mathématique, capable de résumer en une loi les diverses positions et relations de toutes les particules nerveuses. — Mais ces progrès, si grands qu’on les imagine, n’ajoutent rien à notre idée des sensations ; ils nous éclairent sur leurs conditions, et non sur elles.
Nul ne connaît les hommes par théorie : pour les connaître, il faut les toucher ; on ne les touche que dans la mêlée.
Simonide le disait mieux dans des vers dont voici le sens : « La santé est le premier des biens pour l’homme mortel ; le second, c’est d’être beau de nature ; le troisième, c’est d’être riche sans fraude ; et le quatrième, c’est d’être dans la fleur de jeunesse entre amis. » Ces traités où la théorie s’évertue à démontrer les machines et les industries de détail du bonheur, et à inventer à grande peine ce qui naît de soi-même dans la saison, me rappellent encore un joli mot de d’Alembert, et qui ne sent pas trop le géomètre : « La philosophie s’est donné bien de la peine, dit-il, pour faire des traités de la vieillesse et de l’amitié, parce que la nature fait toute seule les traités de la jeunesse et de l’amour. » Il est pourtant des endroits bien sentis dans le traité de Mme du Châtelet : elle y parle dignement de l’étude, qui, « de toutes les passions, est celle qui contribue le plus à notre bonheur ; car c’est celle de toutes qui le fait le moins dépendre des autres ».
Nous faisons plus qu’entrevoir, nous embrassons déjà fort clairement, dans ces nobles pages de d’Aguesseau, la théorie de plus d’un illustre moderne, ce qui sera la métaphysique de M.
Mais ce n’était là qu’une théorie qui restait stérile entre leurs mains, et qui ne pouvait devenir florissante et vivante qu’à l’aide du génie d’un Milton ou de l’art d’un Chateaubriand.
Il s’était glissé de bonne heure chez elle du Musset, un peu de George Sand, Eugène Sue brochant sur le tout, un peu de socialisme avant l’effroi, avant l’épreuve, avant la lettre, me dit un spirituel voisin ; un peu de théorie et beaucoup de caprice.
Courier, parmi ces écrivains du xviiie siècle qu’il énumère, a grand soin d’oublier Voltaire, qui dérangerait sa théorie juste, mais excessive42.
Bernardin était un peintre qui se disait un ignorant en se croyant mieux informé que les savants, et dont toute la théorie ne devait aboutir qu’à se décrire à lui-même en mille façons variées ses impressions naturelles.
La théorie de Richelieu est dans ces paroles ; il est vrai, comme il nous l’a dit ailleurs, que, s’il fallait absolument choisir, il jugeait la punition plus nécessaire encore que la récompense, et il la faisait marcher devant.
Ravaisson ajoute : « Le principe de l’association et de la mémoire n’est donc autre que la raison76. » Cette théorie, qui fait de la raison comme un moyen de mouvement et de transport pour les idées, intervertit l’ordre des faits.
On les rencontrait souvent, bras dessus, bras dessous, présentant le même aspect de sérénité un peu lourde et discutant leurs théories ; un passant qui aurait suivi leur conversation aurait sans doute entendu Gautier redire à Augier, d’un ton sentencieux, sa fameuse formule : « Rien ne sert à rien…, et d’abord il n’y a rien ; d’ailleurs, tout cela est bien indifférent !
Pour bien saisir cette théorie très abstraite, il faut remarquer que ce que notre Platon moderne appelle ici l’ idée générale, le Platon ancien l’appellait la vérité ou le premier type.
Seulement, quand la pauvre diablesse d’érudite ne se contenta plus de cette fonction domestique de ramasseuse d’épingles, au service de l’Histoire, et qu’elle voulut aborder l’histoire elle-même et construire une théorie des lois de la monarchie (rien que cela !)
Il y avait même des gens qui faisaient là-dessus une petite théorie comme celle de Garo : … On ne dort point, quand on a tant d’esprit !
Mais Joseph de Maistre, dont la gloire est d’avoir laissé des aperçus sur tout et de n’avoir fait de théorie sur rien, est un historien et non un philosophe.
Nous la trouvâmes un jour toute seule, mêlée à l’auditoire de Pétin, qui exposait alors, au Palais Royal, les principes de la navigation aérienne ; elle se faisait expliquer tous les détails, et suivait les théories de l’inventeur avec une attention juvénile. […] Il devait terminer la Comédie humaine, écrire la Théorie de la Démarche, faire la Monographie de la Vertu, une cinquantaine de drames, arriver à une grande fortune, se marier et avoir deux enfants, « mais pas davantage : deux enfants font bien, disait-il, sur le devant d’une calèche. » Tout cela ne laissait pas que d’être long, et nous lui faisions observer que, ces besognes accomplies, il aurait environ quatre-vingts ans. « Quatre-vingts ans ! […] Sa Théorie des excitants contient un réquisitoire en forme à l’endroit du tabac, et nul doute que s’il eût été sultan, comme Amurath, il n’eût fait couper la tête aux fumeurs relaps et obstinés. […] Il y a quelques mois, je reçus une lettre de M. de Laberge, dont j’avais parlé dans une revue du salon, à propos d’un petit paysage à effet de soleil couchant exposé à deux pas des Joueurs d’échecs de Meissonnier — Quelques-unes de mes observations l’avaient frappé, et il marquait le désir d’avoir un entretien avec moi dans son atelier, en face de plusieurs tableaux à divers degrés d’avancement, afin de m’expliquer sa théorie. […] Ses conversations roulaient en général sur des théories d’art tantôt paradoxales, tantôt profondément sensées, suivant son humeur, qu’il développait avec beaucoup de verve et d’éloquence ; l’art fut l’idole de sa vie et la consuma tout entière.
Il condamne environ deux mille huit cents ans avant que le romantisme lui ait donné l’éclat que nous savons, la théorie qui marie le désordre à l’inspiration. […] Je vais te montrer que je ne suis pas moins fort dans la pratique que dans la théorie et que, si tu n’as pas de chance, c’est que tu ne mérites pas d’en avoir. » Et la seconde partie du poème commence. […] Il a bien reçu la plupart de ses théories du livre de Mme de Staël ; mais de l’Allemagne même il n’a guère importé que du fantastique et du macabre. […] Mais il est curieux de noter qu’en 1895 Mgr d’Hulst, dans son dernier discours de rentrée ou il précisait le rôle de l’enseignement supérieur catholique, empruntait une de ses images les plus saisissantes à la théorie des ferments de Pasteur. […] De surmener les jeunes gens jusqu’à les stériliser et de n’en faire que des théoriciens infatués d’eux-mêmes et de leurs théories.
Pour comble, le fanatisme s’était changé en institution : le sectaire avait noté tous les degrés de la transfiguration intérieure, et réduit en théorie l’envahissement du rêve : il travaillait avec méthode à chasser la raison pour introniser l’extase. […] Hobbes déblaye la science des mots et des théories scolastiques. […] Il érigeait leurs mœurs en théorie, donnait le manuel de leur conduite, et rédigeait d’avance les axiomes558 qu’ils allaient traduire en actions. […] Sur cette prison scellée où il enfermait et resserrait de tout son effort la méchante bête de proie, il appuyait comme un dernier bloc, pour éterniser la captivité humaine, la philosophie entière et toute la théorie, non-seulement de l’homme, mais du reste de l’univers. […] L’homme méritait alors ce traitement, parce qu’il inspirait alors cette philosophie ; il va se montrer sur la scène tel qu’il s’est montré dans la théorie et dans les mœurs.
À mesure que le mémoire avance, il serre de plus près la théorie du réalisme. […] Telle est la théorie du réalisme. […] Il n’aime mélanger ni les conceptions de l’art ni les théories de la science avec des considérations d’intérêt pratique. […] Parfois l’amour du paradoxe les porte à prendre le contre-pied de cette théorie : alors ils attribuent à la plus mince des causes les plus grandes révolutions. […] Nous parlons de leurs théories ; car leurs œuvres, Le Père de famille, Le Déserteur, furent plus timides.
Est-ce que vous ne voyez point ici et d’avance l’abrégé de toute la littérature française, l’impuissance de la grande poésie, la perfection subite et durable de la prose, l’excellence de tous les genres qui touchent à la conversation ou à l’éloquence ; le règne et la tyrannie du goût et de la méthode ; l’art et la théorie du développement et de l’arrangement ; le don d’être mesuré, clair, amusant et piquant ? […] Opposition du héros populaire en France et en Angleterre. — Les fabliaux du Renard et les ballades de Robin Hood. — Comment le caractère saxon maintient et prépare la liberté politique. — Opposition de l’état des communes en France et en Angleterre. — Théorie de la constitution anglaise par sir John Fortescue. — Comment la constitution de la nation saxonne maintient et prépare la liberté politique. — Situation de l’Église et précurseurs de la Réforme en Angleterre. — Pierre Plowman et Wyclef. — Comment le caractère saxon et la situation de l’Église normande préparent la réforme religieuse. — Inachèvement et impuissance de la littérature nationale. — Pourquoi elle n’a pas abouti. […] Le second ne peut pas gouverner ses peuples par d’autres lois que par celles qu’ils ont consenties ; et ainsi ne peut mettre sur eux des impositions sans leur consentement154. » Dans un État comme celui-ci, c’est la volonté du peuple qui est « la première chose vivante, et qui envoie le sang dans la tête et dans tous les membres du corps politique… Et de même que la tête du corps physique ne peut changer ses nerfs, ni refuser à ses membres les forces et le sang qui doit les alimenter, de même le roi qui est la tête du corps politique ne peut changer les lois de ce corps, ni enlever à son peuple sa substance lorsque celui-ci réclame et refuse… Un roi de cette sorte n’a été élevé à sa dignité que pour protéger les sujets de la loi, leurs corps et leurs biens, et le peuple ne lui a délégué de pouvoir que pour cet objet ; il ne lui est pas permis d’en exercer un autre155. » Voici donc, dès le quinzième siècle, toutes les idées de Locke ; tant la pratique est puissante à suggérer la théorie !
. — Théories dramatiques de Dryden. — Son jugement sur l’ancien théâtre anglais. — Son jugement sur le nouveau théâtre français. — Son œuvre composite. — Disparates de son théâtre. — L’Amour tyrannique. […] Il est familier avec les nouvelles lettres françaises, héritières des latines, avec Corneille et Racine, avec Boileau, Rapin et Bossu ; il raisonne avec eux, souvent d’après eux, écrit avec réflexion, et ne manque guère d’arranger quelque bonne théorie pour justifier chacune de ses nouvelles pièces. […] Ainsi se bâtit le théâtre de Dryden ; le poëte, avide de gloire et pressé d’argent, y trouvait l’argent avec la gloire, et innovait à demi, à grand renfort de théories et de préfaces, s’écartant de l’ancien drame anglais, s’approchant de la nouvelle tragédie française, essayant un compromis entre l’éloquence classique et la vérité romantique, s’accommodant tant bien que mal au nouveau public qui le payait et l’acclamait.
À chaque progrès de la théorie répondra maintenant un progrès de la pratique, dont les limites, si jamais nous les atteignons, ne se rencontreront qu’aux confins mêmes du monde. […] Descartes est plein de raisonnements ou de théories qui ne lui appartiennent pas en propre, mais, d’un autre côté, Bossuet et Fénelon abondent en idées qui ne leur viennent point de Descartes. […] ou la théorie de la sensation transformée à celle des idées innées ? […] Enfin, ce qui n’était qu’une théorie à laquelle on n’osait pas toujours conformer sa conduite, il en a fait une morale : une morale, c’est-à-dire une pratique, une règle de vivre. […] Car, l’interprétation n’a peut-être pas l’avantage, comme le croyait Laboulaye, de « rajeunir Montesquieu » — elle l’envieillirait plutôt, — mais elle peut servir à le justifier, entre autres critiques, de celles que l’on adresse à sa théorie des « principes » des trois gouvernements.
Les théories abstruses du peintre philosophe lyonnais faisaient sourire Delacroix, et le pédagogue abstracteur considérait les voluptés de la pure peinture comme choses frivoles, sinon coupables. […] C’est là, malheureusement, une théorie bien injurieuse, et je ne voudrais pas préconiser des opinions diffamatoires sur un sexe qui a si souvent montré d’ardentes vertus. […] C’est ici une belle occasion, en vérité, pour établir une théorie rationnelle et historique du beau, en opposition avec la théorie du beau unique et absolu ; pour montrer que le beau est toujours, inévitablement, d’une composition double, bien que l’impression qu’il produit soit une ; car la difficulté de discerner les éléments variables du beau dans l’unité de l’impression n’infirme en rien la nécessité de la variété dans sa composition. […] Si ces deux derniers ont démenti plus tard leurs théories de prédilection, ce n’a été chez eux qu’un acte de découragement et de désespoir. […] D’autres veulent considérer Wagner comme un théoricien qui n’aurait produit des opéras que pour vérifier a posteriori la valeur de ses propres théories.
Les maîtres de l’art en conservèrent la théorie comme un feu sacré, toujours prét à s’éteindre, & la transmirent fidèlement à leurs successeurs. […] La théorie devoit tôt ou tard être séparée des opérations de l’art ; & la chirurgie se voyoit à la veille de sa ruine. […] On se flatta que cette loi seroit donnée en voyant, en 1724, l’établissement de cinq démonstrateurs royaux qui devoient enseigner la théorie & la pratique de l’art. […] « Les chirurgiens de robe-courte, ajoute-t-il, ayant eu la facilité de recevoir parmi eux, suivant les lettres-patentes du mois de mars 1656, enregistrées au parlement, un corps entier de sujets illitérés qui n’avoient pour partage que l’exercice de la barberie, & l’usage de quelques pansemens aisés à mettre en pratique ; l’école de chirurgie s’avilit bientôt par le mêlange d’une profession inférieure ; ensorte que l’étude des lettres y devint moins commune qu’elle ne l’étoit auparavant : mais l’expérience a fait voir combien il étoit à desirer que, dans une école aussi célèbre que celle des chirurgiens de saint Côme, on n’admît que des sujets qui eussent étudié à fond les principes d’un art, dont le véritable objet est de chercher dans la pratique, précédée de la théorie, les règles les plus sures qui puissent résulter des observations & des expériences. […] Le roi, par cet arrêt, ordonne, 1°. un cours complet des études de toutes les parties de la chirurgie, qui fera de trois années consécutives, 2°. que, pour rendre le cours plus utile aux élèves, & les mettre en état de joindre la pratique à la théorie, il soit incessamment établi, dans le collège de saint Côme de Paris, une école pratique d’anatomie & d’opérations chirurgicales, où l’on montrera gratuitement, & où les élèves feront eux-mêmes les dissections & les opérations qui leur auront été enseignées. 3°.
Cette forme régnante de pensée s’impose à tous les écrivains, depuis Waller jusqu’à Johnson, depuis Hobbes et Temple jusqu’à Robertson et Hume ; il y a un art auquel ils aspirent tous ; le travail de cent cinquante années, pratique et théorie, inventions et imitations, exemples et critique, s’emploie à l’atteindre. […] Il y a là une théorie de la passion dominante qui vaut la peine d’être lue ; en somme, il a été assez loin, plus loin que Boileau par exemple, dans la connaissance de l’homme.
La critique a beau jeu d’exiger, sous toute espèce de forme d’imagination, des qualités supérieures, dont il lui serait fort incommode, souvent, de fournir le modèle après la théorie. […] Et maintenant, mon cher Confrère, j’estime que, en cette matière, les théories sont sans valeur et que, seul, l’effort individuel peut être efficace.
» est-on tenté de lui dire, « chantez-nous votre chanson, au lieu de vous perdre en subtiles théories. » Pourtant le sujet est grave. […] Ou bien au contraire elle envahit le domaine plastique, hérisse le style écrit de termes arides et qui ne font pas image, encombre la peinture et la musique de théories réputées infaillibles, de procédés qui suppriment l’émotion et l’instinct et prétendent mettre l’artiste à même de produire à coup sûr des œuvres irréprochables.
Son courage ou son manque de courage est visible dans la parole dont il se sert, dans les opinions qu’il s’est formées, non moins que dans les coups qu’il porte… Il est un et il exprime son même soi (the same self) dans toutes ses manifestations. » Eh bien, ce n’est pas l’emploi fier de cette théorie à outrance qui de deux mondes (le monde de la volonté libre et réfléchie et le monde de l’intelligence spontanée) n’en fait qu’un seul pour l’offrir à Shakespeare ; ce n’est pas cela tout à fait qu’on peut reprocher à François Hugo. […] XVI Si, pour notre part, il nous est impossible d’admettre que le drame de Henri V, dont François-Victor Hugo tire par les cheveux — et des cheveux aussi courts que ceux d’une tête ronde — une théorie politique contre le droit divin ; s’il nous est impossible d’admettre que ce drame ait été pour Shakespeare ce qu’il est pour son traducteur, nous n’en voyons pas moins comme lui les beautés supérieures de cette œuvre, splendide et charmante… Charmante, en effet, car ce n’est point l’élément du terrible et du pathétique, si familiers l’un et l’autre au génie de Shakespeare, qui brille ici de sa flamme sombre et convulsive, mais l’élément du gracieux, de l’aimable et du bon, qui étaient autant dans Shakespeare que celui du terrible et du beau.
En novembre 1788, sous le titre : De la députation aux États généraux, il publiait une brochure où il exposait ses principes, et où l’on trouve le type de toutes les opinions qu’il allait professer à l’Assemblée : Je m’étais fait, disait-il après des années en se jugeant lui-même, une théorie de l’État social bien ordonné, d’après les écrits philosophiques les plus accrédités alors, et d’après mes propres réflexions.
si l’on pouvait deux fois naître, j’irais à vous et je vous dirais : Gentil Daru (comme on disait Gentil Bernard), soyez des nôtres… Une autre brochure poétique composée de trois ou quatre satires ou dialogues en vers, et intitulée La Cléopédie ou la Théorie des réputations en littérature, que Daru publia vers le même temps (1800), réussit moins.
Biot se plaisait à citer, comme le plus fidèle et le plus vivant résumé de la théorie de la lumière, ces beaux vers de l’épître à Mme du Châtelet Sur la philosophie de Newton : Il déploie à mes yeux par une main savante De l’astre des saisons la robe étincelante ; L’émeraude, l’azur, le pourpre, le rubis, Sont l’immortel tissu dont brillent ses habits.
Chauvelin, qui l’avait beaucoup tâté et pompé pour les idées (exploité, comme nous dirions), et un peu leurré peut-être ; qui avait essayé certainement de le dégourdir, de l’assouplir, de le tirer des théories, et qui en avait sans doute désespéré.
Je ressemble fort à la théorie de Buffon sur la formation du globe : j’ai été détachée, comme lui, d’un soleil ardent ; depuis des années je suis occupée à me refroidir ; je ne suis pas au froid du pôle, mais, sans les consolations que je vous dois, j’y serais déjà arrivée.
La plaidoirie donnerait lieu à bien des remarques ; elle est animée, chaleureuse, mais trop mêlée de digressions, de théories et d’hypothèses historiques des plus hasardées ; le portrait nous laisse, au contraire, une impression fidèle et assez favorable malgré ses taches.
Il s’était fait d’elle toute une théorie, qui est aussi celle de Mme du Deffand, et qu’il exprime de cette façon piquante ; c’est dans une lettre à son ami, le poëte Gray : « Mme de Boufflers, qui a été en Angleterre, est une savante, maîtresse du prince de Conti, et qui a grand désir de devenir sa femme.
Il va plaider ainsi dans tout ce chapitre pour son propre tempérament ; il fait la théorie de sa manière d’être.
Dans un siècle qui remuait toutes les théories, qui agitait tous les problèmes, il ne prit aucune part effective, aucun intérêt véritablement intelligent.
Par sa parole, par ses écrits, il a contribué à répandre des vérités ou théories constitutionnelles qui avaient alors tout leur prix et qui peuvent avoir encore leur utilité.
Personne ne défend plus les théories de Delille et l’harmonie imitative.
Je crois que les plus récentes conceptions de l’histoire du monde, surtout la théorie de l’évolution, ont contribué à développer ce sentiment.
C’est comme si Pétrarque, Boccace et le Pogge avaient voulu faire la théorie de la littérature grecque.
Pour le détail plus ample de cette théorie de la perception et du raisonnement, voir le chapitre ii ci-après.
Ce dénouement serait parfait, s’il ne visait à la théorie ; mais il montre à la jeunesse la borne d’un champ comme le but de toute ambition, il lui trace un sillon pour unique carrière, il l’envoie planter ses choux avant l’âge… C’est trop de prudence et trop de sagesse. « Jeunesse oblige !
Sur ce roi à demi déchu et si humilié, il essaie de jeter le manteau protecteur de la théorie et de la loi, et il le fit avec une largeur, une dignité, une chaleur de mouvement qui arracha des applaudissements presque unanimes.
Un jour, en une heure d’abandon, causant de ses ouvrages avec Hume, et convenant qu’il en était assez content pour le style et l’éloquence, il lui arriva d’ajouter : « Mais je crains toujours de pécher par le fond, et que toutes mes théories ne soient pleines d’extravagances. » Celui de ses écrits dont il faisait le plus de cas était le Contrat social, le plus sophistique de tous en effet, et qui devait le plus bouleverser l’avenir.
Et quand elle devenait mère, elle allaitait son enfant si elle pouvait ; elle se mettait dans tous les cas à s’occuper de son éducation, à s’en occuper non pas seulement en détail et de la bonne manière, par les soins, les baisers et les sourires maternels, mais aussi en théorie ; on raisonnait des méthodes, on en discourait à perte de vue.
Son bienfait était comme marqué à un coin de brusquerie et d’humeur ; elle avait les remerciements en aversion : « Les remerciements, a-t-on dit, lui causaient une colère aimable et presque sérieuse. » Elle avait là-dessus toute une théorie poussée au paradoxe, et elle allait jusqu’à faire en toute forme l’éloge de l’ingratitude.
C’est cela même… Et il continue d’exposer sa théorie crûment, cyniquement et non sans une verve d’éloquence.
Quand je trouve poussée à ce degré chez Jasmin cette théorie du travail, de la curiosité du style et du soin de la composition, lui qui a d’ailleurs le jet si prompt et si facile, quel retour douloureux je fais sur nos richesses poétiques si dissipées par nos grands poètes du jour !
Mais ce fut chez lui un royalisme d’instinct, de sentiment ; ne lui demandez point d’abord de théorie politique préconçue ; il n’a rien de cette rigueur de logique et de doctrine qui signalera la marche inflexible des de Maistre et des Bonald.
Mais Arnault jeune, amoureux et déjà marié, ami de la poésie, du théâtre, faisant de jolis vers de société, et aspirant dès lors à la muse tragique, n’avait pas de théorie ni de prévision politique bien longue.
Flaubert, comprenant lui-même le caractère exclusif de cette théorie, ajoute : « Si je continuais longtemps de ce train-là, je me fourrerais complètement le doigt dans l’œil, car, d’un autre côté, l’art doit être bonhomme. » Oui, et la formule est juste, l’art doit être bonhomme, c’est-à-dire point gourmé, point tendu, point poseur, accueillant pour toutes les choses de la vie et tous les êtres de la nature.
La même fièvre qui le rend éloquent, riche en idées, habile à apercevoir les mille faces d’une théorie, tue sa personnalité, le fait échouer dans toutes ses tentatives, modifier à chaque instant sa route, et rouler d’avortement en avortement, sollicité par toutes les déterminations possibles, incapable de se cantonner en aucune.
“Je me flâte, dit-il, qu’on trouvera de la conformité entre les unes & les autres (les Panégyriques) entre ma théorie & ma pratique, & d’autant plus, peut-être, que j’ai moins songé à y en mettre.
Au-dessus de l’individualisme étroit et de la solidarité mesquine, tous deux également stériles, s’esquisse déjà une théorie nouvelle qui reconnaît dans l’individu la combinaison rythmique de ces deux facultés.
Je ne reproduirai pas ici la critique à laquelle j’ai soumis jadis la théorie courante des aphasies — critique qui parut alors paradoxale, qui s’attaquait en effet à un dogme scientifique, mais que le progrès de l’anatomie pathologique est venu confirmer (vous connaissez les travaux du Pr Pierre Marie et de ses élèves).
À cette originalité première du Dante, à cet amour, à ce deuil, à ce culte de Béatrix, craindrons-nous d’ajouter une autre inspiration, qui dément toute une théorie de la critique moderne ?
L’un fit l’exposé de ce qu’il appelait sa théorie du beau bizarre ; l’autre suivit, siècle à siècle, les traditions de l’élégance dans la société française, à partir de la Renaissance jusqu’à lui, — exclusivement. […] Du Camp, dans sa théorie, réduisait la poésie à la portée d’un enseignement didactique, celui-ci pourrait répondre, au besoin, par des arguments empruntés à M. […] Le Théâtre-Français est un minotaure, à qui son tributaire de la rive gauche est tenu d’envoyer, tous les cinq ans, une théorie de comédiennes de race. […] Comme d’autres en ont fait un moyen de propagande avancée, il y voit, lui, une forme de propagande conservatrice ; — et Dieu sait quelles inventions étriquées, racornies, miévrottes, lui suggère cette théorie de Procuste.
Dans le dialogue avec la femme de quarante ans, avec cette autre puissance qui est aussi sur le retour, le docteur ne trouve que des remèdes un peu vagues contre ce genre de vapeurs, et qui ne satisfont point la malade : la théorie de la femme de quarante ans n’était pas encore inventée.
En écrivant ce premier détail de famille, il attachait une certaine idée au chiffre de quatre ; il croit avoir eu plusieurs exemples de ce qu’il appelle les rapports quaternaires, qui ont eu de l’importance pour lui et qui ont marqué dans sa vie d’intelligence : il avait ainsi sa théorie particulière et sa religion des nombres.
Il y mêle une théorie à lui sur l’amour-propre : après quoi il ajoute, en en faisant l’application à son frère (août 1738) : Il s’aime en tout bien, il aime son élévation et toute la plus grande élévation ; par-delà lui, il aime sa maison ; il a encore le sentiment du moment pour quelques objets de parenté ou étrangers.
Laboulaye aurait pu faire quelque chose de plus utile encore que ce qu’il a fait, c’eût été de montrer l’homme complet en Benjamin Constant, de nous expliquer en quoi il avait de belles lumières et de grandes faiblesses ; en quoi il faillit ou varia même dans la défense des idées justes ; comment il manqua toujours d’autorité et d’une certaine considération qui ne suit pas toujours la popularité ; quelles circonstances indépendantes de sa volonté, et quels incidents (il y a toujours des incidents) reculèrent l’application de ses théories générales et absolues.
Et remarquez comme, sans théorie aucune et par un pur sentiment de vérité, il pense au peuple de l’armée, à toutes les classes de héros.
C’est dans son voyage de Syrie qu’Horace Vernet paraît avoir conçu pour la première fois ses idées sur l’immobilité de l’Orient et sur les applications qu’on en pouvait tirer à la peinture ; il lui arriva alors une chose rare, unique dans sa vie : il eut un système, il fit une théorie.
Notre chétive et frugale théorie de propriété littéraire n’a qu’un avantage : tant qu’elle a régné dans les lettres, on n’y jetait pas un éclat de financier aux yeux des passants, on ne les attroupait pas non plus autour de ses misères.
C’est plaisir et douce surprise que de retrouver ces théories et ces œuvres nouvelles analysées, exposées, justifiées parfois, dans un langage courant et pur, avec accompagnement des réminiscences, des citations classiques que le critique y entremêle, et par lesquelles il les rattache sans effort à ce que souvent elles oubliaient.
Je ne sais si toute cette théorie, mi-partie poétique et mi-partie critique, est fort claire ; mais je la crois fort vraie, et tant que les biographes des grands poëtes ne l’auront pas présente à l’esprit, ils feront des livres utiles, exacts, estimables sans doute, mais non des œuvres de haute critique et d’art ; ils rassembleront des anecdotes, détermineront des dates, exposeront des querelles littéraires : ce sera l’affaire du lecteur d’en faire jaillir le sens et d’y souffler la vie ; ils seront des chroniqueurs, non des statuaires ; ils tiendront les registres du temple, et ne seront pas les prêtres du dieu.
Il ne savait pas bien ce qu’il voulait écrire : une théorie du scepticisme où il y a de tout ce qui fermente dans la tête d’un homme ; le dé jeté à la tête de tous les partis.
Ses courtisans, en lui montrant son image dans le faible et dur Idoménée, fléau de ses peuples, lui dirent « qu’il fallait être son ennemi pour avoir peint un pareil portrait. » On vit une satire sanglante des princes et du gouvernement dans les récits et dans les théories du païen.
Mais on a soutenu — théorie à laquelle M.
On sent des souffles d’Italie, dans l’Heptaméron issu du culte de Boccace, et les anciens sont de moitié avec l’Italie dans le platonisme, qui concourt, avec la théorie courtoise et la tendresse mystique, à former l’idéal amoureux de la reine, dans la mythologie qui ne séduit plus par l’absurdité merveilleuse des faits, mais par son beau naturalisme et par sa vérité pathétique, dans une aisance enfin de la pensée, du sentiment, de tout l’être, qui soulève, anime, illumine la raideur rebelle des formes surannées.
Feuillet ne nous le dissimule point : c’est parce qu’elle n’a pas appris le catéchisme, parce qu’elle a reçu d’un vieux médecin une éducation purement scientifique et laïque, et qu’avec son intrépide logique de femme elle pousse à leurs dernières conséquences les théories de la philosophie positiviste.
Mais le goût naturel n’est pas une connoissance de théorie ; c’est une application prompte & exquise des regles même que l’on ne connoît pas.
La Bruyère donne l’exemple, trop souvent imité, des théories imaginées par les écrivains pour se mettre en paix sur leurs défauts.
Et cette harmonie se réalisera, non par la théorie, non par la suppression des individus, non par ce Père-roi des saint-simoniens qui réglait la croyance comme tout le reste, mais par l’aspiration commune et libre, comme cela a lieu pour les élus dans le ciel.
Parmi les dix ou vingt théories philosophiques sur les fondements du devoir, il n’y en a pas une qui supporte l’examen.
C’est là que des théories destinées à troubler et à renouveler la société essaient leurs ailes avant de prendre leur vol.
Les voilà prises sur le fait les conséquences pratiques de ces fausses théories spéculatives.
Ses idées sur l’éducation des femmes sont pleines de justesse et de mesure dans la théorie : Sérieusement, écrit-elle, y a-t-il rien de plus bizarre que de voir comment on agit pour l’ordinaire en l’éducation des femmes ?
C’est dans cet ordre de vérités que M. de Maistre est supérieur, et qu’il est venu à point pour crier holà aux fausses théories des Condorcet et des philosophes excessifs du xviiie siècle.
Il faut l’entendre là-dessus parler avec autorité et conviction : Les grands sujets de cette belle et solide instruction chrétienne, si bien indiqués par l’Église dans l’ordre annuel et la distribution des Évangiles ; ces sujets si importants, si féconds, si riches pour l’éloquence, et sans lesquels la morale, dépourvue de l’appui d’une sanction divine et déshéritée de l’autorité vengeresse d’un Juge suprême, n’est plus qu’une théorie idéale et un système purement arbitraire qu’on adopte ou qu’on rejette à son gré ; ces sujets magnifiques, dis-je, furent plus ou moins mis à l’écart par les orateurs chrétiens qui composèrent malheureusement avec ce mauvais goût, et qui, en s’égarant dans ces nouvelles régions, renoncèrent d’eux-mêmes aux plus grands avantages et aux droits les plus légitimes de leur ministère.
En théorie poétique, il n’a été qu’un demi-novateur, il a eu des velléités de romantisme, si l’on peut dire, mais sans prévoir où cela le conduisait.
Il y a des traits personnels qui s’élancent de toutes parts comme des flèches, et qui s’adressent à autre chose qu’à une idée et à une théorie.
Une société qui a épuisé son feu et qui a vu en face les dangers, se présente tout autre qu’une société confiante en la théorie et qui a oublié l’expérience.
Lacretelle (24 et 30 janvier 1830), et dans un troisième article écrit à l’occasion des derniers volumes de Bourrienne (10 février), Carrel expose toute sa théorie historique et politique de l’Empire et de la Restauration.
Pour l’expliquer, il n’est besoin que de la théorie de l’association ; un proverbe en amène un autre ; un cliché traîne après lui toutes ses conséquences et toutes ses guenilles verbales.
. — Que dites-vous de la théorie ?
Qu’il nous suffise de montrer que la liberté de penser n’est nullement solidaire d’une telle théorie.
En poétique, Voltaire montre le même mépris de toutes ces vaines théories qui troublent le monde.
L’auteur subtilise trop sur la théorie du langage, & ne cherche pas assez à en exposer clairement & nettement la pratique.
Du reste, je n’ai garde de toucher à cette théorie qui me paraît non seulement très ingénieuse, mais profonde et vraie.
Théorie de la parole L’homme n’a jamais trouvé l’inspiration en lui-même ; il l’a toujours puisée hors de lui, ou dans une révélation directe, ou dans les traditions religieuses et sociales, ou dans l’imitation.
Mais, après les avoir discutés, on les oubliera l’un et l’autre, car c’est la destinée de toutes les théories historiques d’être brisées au bout d’un certain temps.
Quelques-uns des partisans de cette théorie de l’inertie rédemptrice et de l’introspection exclusive, n’étant pas dépourvus de toute influence dans le petit cercle de leur solitude, il m’avait paru intéressant d’opposer à leur opinion, celle des quelques hommes qui n’ont pas honte de s’avouer, en face des solitaires et des neutres, les partisans obstinés de l’expansion.
Un souffle de feu, sous le nom de liberté, parcourait ces vastes régions livrées à tous les hasards (te la théorie, de l’ambition et de la guerre civile.
Principalement, tu verras que ces différents maîtres d’une théorie s’entendraient mal les uns avec les autres, s’ils n’étaient bien pourvus d’aménité, de douceur indulgente et s’ils ne possédaient une aimable faculté de sourire. […] Et, en 1889, formulant à nouveau ses théories, avec la même ardeur que naguère, il ajoute pourtant ce conseil effaré : « Répudions seulement l’inintelligible, ce charlatan ! […] De plus en plus, à mesure que les travaux scientifiques des psychologues donnent un plus grand nombre de résultats, nous apercevons mille raisons nouvelles d’abandonner la théorie cartésienne des idées claires et distinctes. […] Pour que nous fussions très heureux ou, du moins, tranquilles, il vaudrait mieux que fussent nos âmes pareilles, non à des chambres de résonance, mais à des champs de manœuvre où des bataillons d’infanterie marchent au pas accéléré sous le juste commandement d’un chef qui sait la théorie. […] Lorsqu’on a vu se succéder les théories, lorsqu’on les a vues les unes après les autres fleurir et se faner, les fleurs nouvelles semblant seules douces et précieuses pour le court temps de leur durée, on regarde ces épanouissements avec plus de curiosité que de passion ; et l’on évite de se donner à ce qui bientôt s’en ira.
D’après la théorie qu’on lui propose, il faut plaindre le peuple, mais en même temps il faut proclamer ce peuple doué de toute sagesse et de toute vertu ; le réaliste qui regarde les hommes sans parti pris sait bien ce qu’il en est de ces fables ; il repousse en bloc la théorie. […] Voilà la théorie sous-entendue dans les Âmes mortes comme dans le Reviseur ; Tourguénef la reprendra dans les Récits d’un chasseur. […] Les théories politiques et sociales répugnent aux conceptions françaises, c’est une autre question ; mais M. […] La théorie internationale leur fit perdre de vue la réalité russe. […] Le héros qu’aiment les jeunes filles et que leur disputent les femmes romanesques, ce n’est pas un brillant officier, un artiste, un grand seigneur magnifique ; c’est presque toujours ce Hamlet bourgeois, honnête, cultivé, d’intelligence tranquille et de volonté faible, qui revient de l’étranger avec des théories scientifiques sur l’amélioration de la terre et du sort des paysans, qui brûle d’appliquer ces théories dans « son bien » ; cela, c’est le grand point ; un personnage de roman qui veut conquérir des sympathies doit revenir dans « son bien », pour y améliorer la terre et le sort des paysans.
Les seules pages qu’il estime sérieusement, les seules qu’il voudrait jeter à l’Europe attentive, sont celles où il expose sa théorie politique. Quelle est cette théorie ? […] C’est dans l’épilogue du Voyage que cette théorie se montre franchement, c’est là qu’il faut la prendre. […] En réduisant à ces trois paragraphes la théorie politique de M. de Lamartine, je suis sûr de ne pas altérer sa pensée. […] En premier lieu, Prosper Mérimée paraît s’être, en général, fort peu soucié des théories poétiques.
Ferdinand Buisson qui exposa en toute sa précision la théorie despotiste. […] Logique au fond, malgré les contradictions formelles, était cette théorie ; puisque, selon les démocrates, personne n’a aucun droit, personne, excepté le gouvernement. […] C’est promettre d’éveiller et d’exercer le sens critique, l’habitude de la discussion, l’esprit de recherche sans limite et sans réserve ; c’est déclarer que, quelle que soit la vérité, on l’acceptera le jour où la science la fera éclater, dût-elle renverser toutes les théories reçues. […] Toutes les conversations que vous écoutez roulent sur des théories. […] Les hommes politiques exploiteront-ils les idées de grandeur et gloire de la France, de diffusion des principes révolutionnaires à travers le monde, ou la théorie des nationalités ?
Si ma vie se prolonge, je ne renonce pas à traiter d’autres matières encore ; mais quiconque voudra s’appliquer à étudier mes ouvrages de philosophie reconnaîtra qu’il n’y a point de lecture dont on puisse recueillir plus de fruit. » Il part de là pour faire contre Épicure la plus magnifique théorie de la vertu et des différentes théories du bien qui ait été écrite en aucune langue humaine.
Mais la poésie absolue telle que je la conçois ici est rare : pour un Verlaine, que de Leconte de Lisle et de Heredia qui contrediraient cette théorie, puisque leur poésie n’est que de l’art. […] Sans doute la théorie de Schopenhauer demeure toujours vraie : c’est par l’éclectisme de l’amour que les races se maintiennent et se perfectionnent ; mais ceci est le but caché, l’individu ne le voit pas, ne veut pas le voir, c’est son bonheur personnel qu’il cherche dans la passion. […] Il a suffi de ce mot « instincts » prononcé par l’Inconstante, pour réveiller, par une très rudimentaire association d’idées, les théories de Rousseau sur le bienfait du retour à la nature.
Le ton chaud et le ton froid, dans l’opposition desquels consiste toute la théorie, ne peuvent se définir d’une manière absolue : ils n’existent que relativement. […] L’air joue un si grand rôle dans la théorie de la couleur que, si un paysagiste peignait les feuilles des arbres telles qu’il les voit, il obtiendrait un ton faux ; attendu qu’il y a un espace d’air bien moindre entre le spectateur et le tableau qu’entre le spectateur et la nature. […] L’harmonie est la base de la théorie de la couleur.
Les théories avant l’œuvre et l’action. […] la théorie parnassienne ? […] Ces dernières lignes contiennent en réalité toute la théorie parnassienne tant de fois moquée. […] c’est que, vraiment, on s’est fort abusé en croyant ou en disant que les Parnassiens étaient des esprits jaloux, opposés à toute manifestation de l’art non conforme à ce qu’on croyait être leur théorie. […] Et sans doute, dès que le soir monte et que tremblotent au ciel les yeux blancs des étoiles, les Faunes de rue de Croissy, avec les Naïades de la Grenouillère s’en viennent vers elle en folles théories, et, lui jetant pour offrande des violettes des bois qui sentent la poudre de riz, forment autour d’elle des chœurs, sur le rythme de la dernière valse d’Olivier Métra.
Les théories contre le mariage sont très développées ; je leur emprunte seulement ces lignes : « Comme vous parlez de bon sens sur l’invincible amour ! […] Aucune femme ne se marierait si elle savait que l’on peut vaincre l’amour. » Il est vrai que ces théories précèdent dans le roman le mariage des deux amies. […] Gilbert Augustin-Thierry. — Le Masque Sincèrement épris, peut-être, de la théorie religieuse qui émane de la vision d’Hermès et de la migration des âmes, M. […] » La théorie du « bloc », la laïcisation des hôpitaux, toutes les grandes questions du jour sont traitées dans ce livre avec une rare franchise, et dans lequel l’auteur a dit leur fait aux hommes et aux choses. […] Jamais il n’avait hésité à proclamer la supériorité de la race germanique, jamais il n’avait cessé de proposer en modèle à la France ses théories, ses vertus, ses exemples.
Il ne se payait pas de mots et de vagues théories ; il voulait contribuer, de toutes ses forces, à la victoire intellectuelle, morale, industrielle de notre pays, non par l’effet d’une vanité irraisonnée, mais parce qu’il voyait partout, à mesure qu’il avançait dans les pays barbares, combien les idées françaises avaient été utiles au progrès de la justice et de la pitié. […] Tous les lettrés se rappellent avec délices la « théorie de la décadence » qu’il a exposée dans sa fameuse étude sur Baudelaire ; il expliquait, avec une délicatesse savante, pour quelles raisons il fallait préférer notre impuissance morbide aux prospérités vulgaires, et sacrifier nos appétits de gloire à notre besoin de plaisir intellectuel. […] Le voyageur aurait montré au rhéteur l’infirmité de la théorie jacobine et les sophismes du Contrat social. […] La théorie des « trois atlas » a été et demeurera célèbre. […] Le sergent, égosillé, ne tirait plus de sa gorge que des sons rauques et s’embrouillait dans sa théorie.
Il aimait peu la théorie, préférant aux longues discussions esthétiques la malice d’une expression, le coq-à-l’âne ou… la politique. […] Je ne connais pas d’exemple qui contredise plus victorieusement la fameuse théorie des « milieux ». […] C’est égal… La bonne humeur de Gyp (et ceci démolit toutes les théories littéraires qu’on m’apprenait dans les classes) aboutit à de véritables effets de terreur, qu’Aristote, Longin et Joseph-Victor Le Clerc n’avaient pas prévus. […] De la théorie, le professeur passe très vite à la pratique. […] Vous reconnaissez, dans ces images poussées au noir, la théorie des « milieux ».
Lorsque Béatrice dit à son amant que son seul souvenir aurait dû régner sur lui sans partage, elle exprime la théorie, l’idée de l’amour platonique, où la beauté de l’âme a plus de part que la beauté du corps. […] … De planète en planète, de vertu en vertu, de science en science, car la théorie morale de Dante est étroitement liée à son système astronomique où les planètes sont à la fois symbole et foyer d’une vertu qui leur est propre, l’ascension vers Dieu se fait à la fois plus rapide, plus libre, plus facile et plus manifeste. […] Dans ce discours, une chose me semble plus particulièrement intéressante, c’est la théorie d’une hiérarchie naturelle des intelligences, d’une relation entre les aptitudes et les fonctions qui constituerait, si elle était bien observée par les hommes, la véritable harmonie sociale. Dante met cette théorie dans la bouche de Charles Martel. […] À Verdun, il observe un phénomène d’optique ; au siège de Mayence, il établit tranquillement sa théorie des couleurs.
Quoi qu’il en soit de sa théorie, la curiosité de M. de Lescure a voulu suppléer spirituellement au silence d’un grave historien moderne, qui n’avait rien oublié, dans le tableau du règne de Henri IV, que de parler de la belle Gabrielle ; l’omission était piquante2.
Il parle souvent de ce dernier passage, tout en étant d’avis qu’il faut le couler le plus insensiblement qu’il se peut : « Si je fais un long discours sur la mort, après avoir dit que la méditation en était fâcheuse, c’est qu’il est comme impossible de ne faire pas quelque réflexion sur une chose si naturelle ; il y aurait même de la mollesse à n’oser jamais y penser… — Du reste, il faut aller insensiblement où tant d’honnêtes gens sont allés devant nous, et où nous serons suivis de tant d’autres. » Il professe la théorie du divertissement, ou du moins il ne semble en rien en blâmer l’usage : « Pour vivre heureux, il faut faire peu de réflexion sur la vie, mais sortir souvent comme hors de soi ; et, parmi les plaisirs que fournissent les choses étrangères, se dérober la connaissance de ses propres maux. » Il se plaint par moments du trop ou du trop peu de l’homme, ou plutôt il s’en étonne comme d’une bizarrerie, mais sans en gémir avec la tendresse et l’anxiété qu’y mettra l’auteur des Pensées.
Au lieu de ces peintures vivantes, nous avons dans la Physiologie du Mariage la théorie du lit, des deux lits jumeaux ou des chambres séparées, tout un étalage que rien n’ennoblit et ne rachète.
Vinet a été ramené dix ans après par les circonstances à discuter les mêmes questions ; il s’y est cru plus obligé peut-être qu’il n’était besoin ; on peut du reste trouver sa théorie complète, reprise et déduite, dans son Essai sur la manifestation des convictions religieuses (1842).
Je comprends très-bien la théorie sociale qui fait d’un peuple sans religion un peuple en décadence.
Ce n’est point une vaine théorie, c’est l’observation des faits qui conduit à ce résultat.
. — Sans doute, en théorie, par humanité et bon sens, on veut le soulager, on a pitié de lui.
D’autre part, il était prompt à repousser sans vérification les expériences ou les théories qui choquaient ses multiples préjugés.
Chaque théorie a déjà été exprimée avec plus de puissance et de développement… Ce qu’on nous donne aujourd’hui, c’est de la parodie de Hugo, non par Sorel, mais par Hugo.
C’est, en un mot, la théorie (correspondant à la pratique) de l’infidélité mutuelle et presque obligatoire.
Il a, dans ses poches, des cornues qu’il tire, comme des gobelets à muscades, et à l’aide desquelles il expose toute sorte de théories sur les affinités de l’amour et les réactions chimiques du mariage.
Il a toujours, (même dans ses fables), une telle préoccupation, je ne dirai pas critique, mais de théorie littéraire, que ses idées littéraires, que ses doctrines littéraires le suivent partout.
Un esprit comme Thierry, quand il se trouve au bout d’une lignée pareille, arrive à en faire la théorie ; c’est la réflexion de l’activité la plus pure de la classe ouvrière.
Non pas des théories, mais une expérience qu’ils se sont faite eux-mêmes.
Admettons qu’il y ait, en effet, un tiers de fatras, de déclamations, de théories creuses, de hors-d’œuvre politiques insipides.
Comme elle le conduit à quelque théorie très générale, à une idée à peu près vide, il pourra toujours, plus tard, placer rétrospectivement dans l’idée tout ce que l’expérience aura enseigné de la chose : il prétendra alors avoir anticipé sur l’expérience par la seule force du raisonnement, avoir embrassé par avance dans une conception Plus vaste les conceptions plus restreintes en effet, mais seules difficiles à former et seules utiles à conserver, auxquelles on arrive par l’approfondissement des faits.
Qu’un commerce constant et réglé par les usages mondains mette en présence, dans les salons du xviiie siècle, le roturier et le gentilhomme, et ils se rapprocheront insensiblement ; c’est ainsi que, plus encore peut-être que leurs théories, la vie mondaine de nos grands écrivains préparait le succès des idées égalitaires.
Cette théorie du philosophe est, disait-on, empruntée littéralement aux expressions allégoriques du prophète Ézéchiel : « Il m’a été fait, dans la maison d’Israël, des fils de l’homme mélangés tous de cuivre, d’étain, de fer ou de plomb. » Cependant, ici même, la ressemblance prouve-t-elle l’imitation ?
C’est alors le divorce complet, toujours nécessairement atténué dans la pratique, mais complet en théorie, entre l’homme et l’écrivain, et c’est la littérature humaniste, impersonnelle par définition, devenue, en cours de son évolution, aussi extrêmement impersonnelle qu’il soit loisible de l’imaginer, en telle sorte que la littérature classique française est restée le modèle même de la littérature impersonnelle, et, parce que du reste elle était belle, la littérature la plus universelle qu’on ait connue. — Tel était le dernier terme où l’humanisme en choses purement littéraires devait aboutir, après quoi il n’avait, ayant produit tout ce qu’il contenait et plus qu’il n’avait annoncé, qu’à céder la place à un art tout différent et même contraire. […] C’est Lien là qu’à son dam, Marot vérifie la justesse de sa théorie sur certaines parties des œuvres de Villon. […] Il y a mieux, et, — non pas, malheureusement, dansla Défense, manifeste officiel, mais dans la Préface de l’Olive, profession de foi personnelle, — nous trouvons enfin la véritable théorie de l’imitation littéraire, c’est-à-dire la théorie de l’innutrition. […] La classification de Malherbe, le départ qu’il a fait entre les mots nobles et les mots vulgaires, n’est pas autre chose que le développement de la doctrine de la Pléiade sur ce point, et à travers toute la période classique, depuis le « style noble » de Boileau jusqu’au « familier noble » de Marmontel et aux « choses nommées par les termes les plus généraux » de Buffon, cette théorie sera le fond même de l’art d’écrire pour les Français. […] Défauts et qualités sont contenus dans la théorie de du Bellay et dans les habitudes de style de la Pléiade.
Ainsi les Grecs faisaient consister la sagesse dans la pratique des mœurs, et nous dans la théorie. […] Ce morceau très remarquable est tiré de la Théorie du pouvoir politique et religieux, ouvrage supprimé par le directoire, et dont il n’est échappé qu’un très petit nombre d’exemplaires. […] On doit beaucoup regretter que M. de Bonald n’ait pas eu le temps et la fortune nécessaires pour ne faire qu’un seul ouvrage de sa Théorie du pouvoir, de son Divorce 33, de sa Législation Primitive, et de ses divers Traités de politique. […] qui pourrait mieux parler des lois et des préceptes de Jésus-Christ que l’auteur du Divorce, de La Législation primitive et de la Théorie du pouvoir politique et religieux ? […] D’où il résulte que Tacite avait conçu l’idée d’un gouvernement à peu près semblable à celui de l’Angleterre, et qu’en le regardant comme le meilleur en théorie, il le jugeait presque impossible en pratique.
Excepté les enfants et en réservant certains cas, l’étrange ou sinistre théorie des volés et des assassinés ne vaut pas pour lui la pitié que nous lui accordons. […] On y sent comme une logique et une revanche ; elles accusent quelque chose de pourri dans l’état social, et le criminel semble promener sur sa route comme une espèce de justice. » Telle est la théorie de M. Talmeyr, théorie dont les conclusions ne sont heureusement pas toujours une règle absolue. […] Et l’abbé Pierre voit enterrer ses théories par cette phrase significative : « Vouloir accommoder le catholicisme aux temps nouveaux, c’est hâter sa fin s’il est vraiment menacé d’une mort prochaine, comme les athées le prétendent. » Ce en quoi les athées ont tort et dont ils seraient vite détrompés s’ils se voulaient donner la peine de regarder les fidèles qui, plus nombreux que jamais, emplissent les églises, non seulement aux grands jours fériés mais aux heures des simples offices. […] Émile Zola a mis ce véhément réquisitoire du cardinal contre Léon XIII, à la fin de son livre, comme un correctif aux théories d’un disciple de Garibaldi et de Mazzini, le vieil Orlando dont les rêves sont assez d’accord avec ceux de l’abbé Pierre.
Ce livre, évidemment né de Fénelon ou de Jean-Jacques-Rousseau, était aussi religieux que la nature elle-même ; il était aussi chimérique en beaucoup de points pratiques, mais infiniment plus moral ; en outre, il était plus savant, malgré ce qu’en ont dit depuis les savants de profession ; la pensée générale l’éclairait d’un instinct divin ; il se trompait peut-être sur quelques détails, comme la théorie des marées qu’on lui a tant reprochée sans preuve contraire, mais il ne se trompait certainement pas sur l’ensemble, qu’il interprétait mieux que les astronomes modernes qui, en voyant l’œuvre, ont nié l’ouvrier. […] Aussi Bernardin de Saint-Pierre, mécontent de la lenteur avec laquelle le roi Louis XVI, devenu révolutionnaire modéré, admettait dans les lois ses paradoxes absolus de sa théorie de perfectionnement qui commençaient tous par des destructions du pouvoir royal, s’impatientait contre son disciple couronné.
Je ne puis résister au désir de donner un morceau de ce discours : ……………………………………………………………………………………………… « Le temps est passé des théories de commande, des esthétiques obligatoires et des littératures d’État. […] Puis Finot saute à Tolstoï, et affirme qu’il est seulement le vulgarisateur et le développeur de beaucoup d’idées, appartenant à des sectes : ainsi l’idée de la résistance au militariat, prêchée par un ancien maçon, passé apôtre, et habillé de blanc, sur le besoin, que les théories ont de parler, pour ainsi dire, physiquement à l’imagination des peuples.
. — D’une théorie du crime considéré au point de vue psychophysique, in-8º, Bruxelles, Huyez, 1893. — La Psychologie de l’Amour, Alcan, 1893-1903 (3e édit. revue). — Les Infinis de la chair, A. […] Œuvres. — La Théorie des Tempéraments, Carré, 1889. — Notations de Gestes, Savine, 1892. — Les 36 Situations dramatiques, Mercure de France, 1895. — Les Cuirs de Bœufs, miracle en XII vitraux, Mercure de France, grand, in-16 carré. — Timidité de Shakespeare, Humanité Nouvelle, 1900.
S’ils imitèrent peu ses… inimitables divagations écrites, ils reçurent néanmoins l’empreinte des théories que ce poète développe dans ses conversations. […] Mallarmé d’être ce que je suis. » On s’en aperçoit, et là n’est pas le plus beau de son histoire. — Ces théories de M. […] N’était-ce pas la seule théorie scientifique, les unités créant les mondes, les atomes faisant la vie par l’attraction, l’ardent et libre amour ? […] Reconnaître au nombre le droit de régler, par mandataires, les rapports de chacun avec la collectivité, soumettre les individus les plus divers à une loi commune, sous prétexte que cette loi sauvegarde, en théorie, les intérêts de la majorité, c’est aller à l’encontre de la nature.
En cela sa dextérité est sans égale ; que ce réseau trop compliqué et trop ténu reste sans emploi dans la théorie et dans la pratique, peu lui importe ; il est content de voir ses fils déliés s’entrecroiser en mailles imperceptibles et symétriques. […] La Géométrie d’Euclide, la Théorie du syllogisme d’Aristote, la Morale des stoïciens. […] Voyez, dans Aristote, la Théorie des syllogismes modaux, et dans Platon, le Parménide et le Sophiste. — Rien de plus ingénieux et de plus fragile que toute la physique et la physiologie d’Aristote ; voyez ses Problèmes.
Des deux parts on a raison jusqu’à un certain point, et l’on a tort ; on est entre deux écueils : — l’inquiétude, la démangeaison perpétuelle du bien parler, ou la ressource et la théorie du mal écrire.
Son titre principal est l’Illustration, dans laquelle il a souvent devancé et anticipé la théorie d’André Chénier, cet autre précurseur ardent, tombé également avant l’âge.
Divisés entre eux sur les mesures les plus immédiates, palpitants et au dépourvu devant ces autres théories inflexibles qui s’avançaient droit contre leur regard comme un étroit et rigide acier, leur résistance fut toute d’instinct, d’humanité, de cœur.
Hobbes, l’un des premiers auteurs de cette théorie, raconte qu’au milieu d’une conversation sur la guerre civile d’Angleterre quelqu’un demanda tout d’un coup combien valait, sous Tibère, le denier romain ; question abrupte et que rien ne semble lier à la précédente ; il y avait pourtant un lien, et après un peu de réflexion on le retrouva.
Aussi fit-il des œuvres plus claires, plus complètes, plus expressives que sa théorie.
Mais je ne serais pas le réactionnaire que je suis si je ne ressentais une très vive joie à voir soutenir de pareilles théories par les représentants officiels de ce régime.
Ses théories sont que l’idéal est le réel, que la légende l’emporte sur l’histoire, que le passé est le vrai domaine du poète et du romancier.
Et comme les intérêts des autres diffèrent toujours du sien, il ne pourra ni par la théorie ni dans la pratique aboutir à résoudre parfaitement le problème de la vie.
Le Hir, la théorie comparée des langues sémitiques, et ma position était celle du dernier maître d’étude ; j’étais un savant et je n’étais pas bachelier.
Dans de récents articles, M. de Wyzewa a résumé la théorie wagnérienne de l’Art : « l’Art doit créer la Vie … il faut, au-dessus de ce monde des apparences habituelles profanées, bâtir le monde saint d’une meilleure vie : meilleur par ce que nous le créons … » Il montre ensuite que « l’artiste ne peut prendre les éléments de cette vie supérieure nulle part, sinon dans notre vie inférieure, dans ce que nous appelons la Réalité. » Or, dans Parsifal, Wagner, tout en se servant de signes empruntés à cette Réalité, a voulu créer une Vie aussi éloignée que possible des « apparences habituelles profanées ».
Il est temps que cela finisse. » En effet, il répétait souvent en 91 et en 92 : « Je ne croirai pas à la Révolution tant que je verrai ces carrosses et ces cabriolets écraser les passants. » Il y a bien de ces ressentiments personnels sous les grandes théories politiques.
Il est engraissé, épaissi, et du gros garçon sortent des esthétiques supérieures, des théories nébuleuses, qui le font ressembler à un toucheur de bœufs, attaqué de mysticisme… Il vient de modeler une bouteille, haute comme une chambre, une bouteille, dont s’échappent, dans une mousse pétillante, les hallucinations matérialisées de l’ivresse, enfin une dive bouteille grand format, et dont un bronzier lui demande pour la fonte, 50 000 francs.
Or, une telle théorie exclut aussi bien le matérialisme que le spiritualisme.
Nous avons des principes infiniment plus sévères, et nous ne nous en écartons jamais en théorie.
[C’est la théorie du coup de foudre.]
« Si le beau éternel est ennuyeux », comme l’a dit franchement, toute honte bue, l’auteur de Madame de Pompadour, et s’il n’y a que la fantaisie qui soit digne de plaire, le licou de la théorie conduira bientôt l’historien à l’histoire de… fantaisie, et il y est allé !
Elle n’a aucune raison de ne pas aimer son mari, et elle est une très honnête femme, qui sait fort bien où est son devoir, et qui n’aura jamais l’idée, et je l’en remercie, de faire des théories pour excuser ses entraînements.
Cette singulière méprise ne peut, je crois, s’expliquer à la gloire de Ronsard ni se justifier par aucune théorie sur le génie poétique, la différence des temps et l’indépendance arbitraire du goût.
Il va se marier avec la belle Opora, l’abondance, et envoyer au sénat la nymphe des fêtes, la jeune Théorie : cependant il doute qu’il se trouve quelque homme assez pur dans la ville pour ne pas souiller l’honneur de cette fille en la conduisant vers les magistrats : nouveau coup de pinceau sur les mœurs dissolues de la cité. […] Bientôt de l’examen des chefs-d’œuvre découla toute la théorie de l’art : il n’y resterait rien de conjectural, si chacune de ses conditions en avait été d’abord scrupuleusement détaillée, et que toutes eussent été dénombrées comme je le fais : le génie s’en sert après par habitude, sans même y songer ; comme un habile musicien trouve sous ses doigts toutes les notes de son instrument, sans les chercher. […] Analysons-les, étudions-en toutes les parties, et détaillons-en les conditions lune après l’autre, quelque nombreuses qu’elles soient : nous n’aurons pas perdu notre temps, et nous déterminerons la théorie complète de son art, sans doute inimitable tant qu’on en ignorera les secrets, et qui même ne sera point imité par les auteurs qui les sauront, s’ils ne sont doués d’un génie égal au sien ; mais qui du moins sera mieux connu, mieux senti, et mieux goûté de jour en jour, grâce à la clarté des préceptes. […] Mais, puisqu’il est vrai qu’une bonne théorie ne peut être assez éclaircie en quelques lignes, et que des axiomes principaux n’en font pas pénétrer les particularités instructives, ne négligeons pas d’entrer dans les détails, et développons les bons documents, sans craindre que leur multiplicité n’embarrasse les esprits attentifs et fermes, que rien d’utile ne surcharge, et qui seuls sont capables de profiter de tout. […] Je demande si l’on est en droit de soumettre notre faiblesse à des lois plus strictes que celles qui furent souvent trop sévères pour les grands maîtres, et si la petite quantité de leurs chefs-d’œuvre, où les trois unités purent s’adapter complètement, n’inclinait pas à faire présumer que leur application parfaite n’est qu’idéale et de pure théorie, ou du moins n’est pas toujours réelle et indispensable.
Ainsi, divisant les matières avec soin pour ne pas les traiter vaguement, je m’efforcerai à les réduire en un corps de doctrine, en théorie complète de littérature, dont les principes auront une pleine évidence. […] Car le langage usuel, si embelli maintenant par l’éloquence, ne servit d’abord qu’aux nécessités urgentes, de même que les arts mécaniques furent les premières applications des théories devenues depuis transcendantes. […] Si je parviens à extraire et à dénombrer avec ordre ses lois absolues, positives, les préceptes feront reconnaître précisément le bon et le mauvais en matière de goût, et formeront, je l’espère, le complément d’une théorie des belles-lettres. […] Je me tairai même sur Le Batteux dont, la théorie littéraire est élégamment dictée, et que rend estimable son résumé exquis sur les beaux-arts réduits à un seul principe. […] Si je vous ai déjà réduit à cette extrémité, que deviendra votre sévère théorie, quand je vous réfuterai par l’opinion et l’exemple de Corneille, de Racine, et de Voltaire ?
Ce serait comme si nous abusions des imprudences qu’il commet dans son sermon Sur l’aumône, pour rapprocher ses théories de celles de l’auteur du Discours sur l’inégalité des conditions et du Contrat social. […] C’est encore lui, quand le marquis de Mirabeau publiera sa Théorie de l’impôt, qui s’indignera que le gouvernement ait attendu plus de vingt-quatre heures pour jeter ce marquis dans un cul de basse-fosse. […] Longtemps après, lorsque, chez le baron d’Holbach, on entendra Galiani soutenir que l’histoire n’est qu’un perpétuel recommencement d’elle-même, « une répétition périodique des mêmes faits, sous d’autres formules et d’autres manières de parler », visiblement il ne fera que se souvenir des leçons, des conversations peut-être, et en tout cas des théories de Vico. […] J’ai dit que l’Ami des hommes avait eu cinq éditions en cinq ans ; la Théorie de l’impôt venait d’en avoir dix-huit en neuf ans159. […] Connaissez-vous quelque théorie dont son éloquence déclamatoire ne se soit pas un jour ou l’autre emparée comme d’un thème pour ses variations ?
Il fut frappé de ce que leurs opinions politiques n’avaient rien de subversif : un libéralisme, nullement dangereux, les animait ; quelques-uns même, protestaient sincèrement contre les théories violentes. […] Il ressort, surtout, de ces études parlées, que personne ne sait au juste comment on doit entendre la question sociale et où elle nous mène, pas plus le capitaliste, bien tranquille dans la forteresse de ses millions, que le prolétaire avachi et fatigué, comptant pour sa délivrance sur les vagues théories des chefs qui se grisent de mots et ne savent pas ce qu’ils veulent. […] Cela d’ailleurs, est facile à démontrer, non par des théories et des discussions dans lesquelles on ne s’entend pas et qui ne démontrent jamais rien, mais par M. […] Émile Zola vient de publier Travail, le second volume de la série dite des Quatre Évangiles… Avec ce sentiment d’inquiétude qui demeure au fond des plus grands esprits et qui n’est, en somme, que l’aspiration de l’être humain vers toujours plus de perfection, il me disait dernièrement ceci : — Je crains d’avoir donné dans ce livre trop de place à la théorie. Il me semble que les théories l’encombrent, l’alourdissent, lui enlèvent un peu de cette impression de vie vécue dont je cherche à marquer tous mes ouvrages.
Sur les ganglions intermédiaires ou collatéraux qui occupent la région moyenne ou postérieure de l’encéphale, sur les pédoncules cérébraux et leurs deux étages, sur les corps striés et leurs deux noyaux, sur les couches optiques, sur le cervelet, les recherches sont en cours d’exécution, et la théorie est plutôt indiquée qu’achevée. […] « On vérifie par l’éthérisation la théorie ci-dessus présentée.
Ici, depuis longtemps, les observations des physiologistes ont démêlé l’erreur et établi la théorie. […] J’ai pu dernièrement appliquer et vérifier la théorie sur une petite fille que j’ai vue tous les jours depuis sa naissance.
À l’humiliation que Daudet et moi, éprouvons à voir notre littérature, allemanisée, russifiée, américanisée, Rodenbach oppose la théorie, qu’au fond les emprunts sont bons, que c’est de la nutrition avec laquelle s’alimente une littérature, et qu’au bout de quelque temps, quand la digestion sera faite, les éléments étrangers qui auront grandi notre pensée, disparaîtront dans une fusion générale. […] Là-dessus, à la suite de son père, le jeune Daudet déclare sans respect pour les théories de Zola, que la symphonie est la seule forme haute de la musique, et professe très éloquemment, que la musique ne doit avoir qu’une action auditive, et donner un plaisir des sens, s’étend sur Beethoven, et en parle un long temps en passionné, un long temps, pendant lequel Zola garde le silence… au bout de quoi, après un profond soupir, et avec la voix presque plaintive d’un enfant, il laisse tomber : « Pourquoi voulez-vous contrarier mon projet d’opéra ?
Vous cherchez en vain ce jaillissement, ce parfait naturel qui, chez Balzac, se traduit en verve, chez Scott en bonhomie. » Évidemment, l’essentiel n’est pas d’avoir l’une ou l’autre des deux théories, il est d’avoir, dans l’une ou dans l’autre, du génie. […] Son but n’est pas de prouver telle ou telle théorie. […] Mais ces théories ont contracté une vie vraiment dramatique, depuis le xviiie siècle, dans l’observation des aveugles-nés auxquels une opération donnait, à l’âge adulte, l’usage de la vue. […] Il n’est peut-être pas de théorie à laquelle Boileau ait plus tenu que celle du beau désordre en matière de haut lyrisme.
Il est resté pour moi le modèle de cette fusion de la théorie et de la pratique, donc le type du sage, au sens antique du mot. […] Victor Giraud, n’admet, en matière d’art, cette théorie de « la bienfaisance du caractère » envisagée comme un principe essentiel qui « assigne à chaque œuvre son rang dans l’échelle » ; il nous montre du doigt à quelles puériles conclusions peut aboutir une philosophie de l’art dans laquelle s’introduirait par ce biais « toute la morale ». […] Nul n’a marqué plus finement, et de façon plus convaincante, l’influence profonde de Spencer et de la théorie de l’inconnaissable sur l’auteur des Essais de psychologie. […] Les airs de métaphysicien ou de psychologue profond que se donna l’humoriste Jules Laforgue en divulguant, dans des milieux plus littéraires que philosophiques, les théories de Hartmann, en remuant les mots d’Inconscient, d’Évolution, d’Introspection, d’Instinct, par un grand I, et quelques autres, semblent l’avoir impressionné.
Il avait même là-dessus une théorie : il considérait ce manque de la sixième pulsation comme un temps d’arrêt, un repos de nature, et il paraissait croire que ces pulsations en moins et qui lui étaient dues devaient se retrouver en fin de compte et s’ajouter à la somme totale de celles de toute sa vie : ce qui lui promettait de la longévité.
Chacun, dans cette lecture, peut apprécier la marche du critique, le procédé savant des tableaux, la nouveauté expressive des figures, cette théorie éparse, dissimulée, qui est à la fois nulle part et partout, se retrouvant de préférence dans des faits vivants, dans des rapprochements inattendus, et comme en action ; cette lumière enfin distribuée par une multitude d’aperçus et pénétrant tout ce qu’elle touche.
Quelques documents inédits sur André Chénier49 Voilà tout à l’heure vingt ans que la première édition d’André Chénier a paru ; depuis ce temps, il semble que tout a été dit sur lui ; sa réputation est faite ; ses œuvres, lues et relues, n’ont pas seulement charmé, elles ont servi de base à des théories plus ou moins ingénieuses ou subtiles, qui elles-mêmes ont déjà subi leur épreuve, qui ont triomphé par un côté vrai et ont été rabattues aux endroits contestables.
Thiers, au début du National, développait sa théorie constitutionnelle, et venait professer Delorme comme résumé de son Histoire de la Révolution, ces articles ingénieux étaient regardés comme de purs jeux de forme et des fictions un peu vaines au prix de la grande question populaire et sociale ; et ce n’était pas M.
Non seulement, par la tradition du moyen âge, il est commandant-propriétaire des Français et de la France, mais encore, par la théorie des légistes, il est, comme César, l’unique et perpétuel représentant de la nation, et, par la doctrine des théologiens, il est, comme David, le délégué sacré et spécial de Dieu lui-même.
Qu’il suffise à la féodalité de son sceptre de fer, sans qu’elle y joigne encore le poignard du traitant729. » — Ici, et déjà depuis quelque temps, ce n’est plus le villageois qui parle ; c’est le procureur, l’avocat qui lui prête ses métaphores et ses théories.
J’y remarque surtout des théories sociales du Contrat social de Jean-Jacques Rousseau ; il faut lire ces pages avec une extrême précaution de jugement.
Ne faisons pas de théorie sur le beau, laissons le temps porter et reporter ses arrêts, lui seul est juge.
Bien des années plus tard, le Traité des lois civiles le ravit, parce qu’il y trouva une théorie et les principes généraux du droit, et il célébra Domat comme « le restaurateur de la raison dans la jurisprudence ».
Il écrit : « Quand on borne son talent à une accumulation de petits faits, on devrait être au moins réservé dans ses conclusions et sobre dans ses théories. » C’est dire, dans la même phrase, que M.
« Je pourrais tout au plus lire ma théorie, « Je me suis, quarante ans, battu pour ma patrie.
Par cette comparaison saisissante, il montra mieux que ses contemporains par leurs théories, et mieux qu’il n’eût fait lui-même par des écrits originaux, quels guides l’esprit français devait suivre, à quelles sources notre langue pouvait puiser des richesses durables.
Richard Wagner (Paris, 1866) est capital en ce qui concerne les théories wagnériennes.
Avec cela, une grande affectation d’indépendance de l’opinion consacrée, des théories reçues, des principes adoptés, et ne voyant dans les formes gouvernementales quelconques d’un pays que des formes diverses de corruption et de vénalité.
Taine, en faveur du Suédois ou du Canadien16, qui sait aux trois quarts le français ou l’a oublié à moitié, je ne ferai pas à cette théorie l’honneur de la discuter.
Celui qui dit : des estampes et des estatues parle-t-il plus mal, en théorie, que celui qui dirait : des stampes et des statues ?
Hugo sont expliquées par notre théorie, et la confirment.
La nation est plus grande que nature ; les obstacles disparaissent, on ne voit que le but, on ne proclame que des principes ; ils sont vrais et divins comme les théories : on ne foule pas la terre, on marche sur les nues.
La Critique s’exerce en vertu d’une théorie morale plus haute quelle.
Par ses prétentions exorbitantes, par ses théories comme par ses poésies, il passionna énormément l’opinion.
Il est bien probable pourtant que nous nous mouvons au milieu d’absurdités qui nous échappent, — mœurs, coutumes, lois, institutions, théories scientifiques. […] Il a des théories troubles, ultra-idéalistes et à la fois simplistes et même grossières, sur l’histoire, sur l’art, sur le gouvernement ; un aristocratisme de plébéien orgueilleux et glouton ; un idéalisme sensuel de gros homme sanguin que son tempérament, tourmente ; et « le culte des héros » ou, pour mieux dire, des « individus forts », parce qu’il en crée, parce que lui-même en est un. […] C’est le jacobinisme, c’est-à-dire l’esprit de simplification à outrance dans la théorie joint à l’esprit de violence dans la pratique, — doctrine faite de dureté et d’orgueil, d’une ignorance présomptueuse touchant les véritables conditions de la vie humaine et d’une sorte de mysticisme pédantesque dans la conception de l’Etat, — c’est le jacobinisme qui jadis a préparé l’avènement de la monarchie absolue ; c’est lui qui a fait la Saint-Barthélemy, la révocation de l’édit de Nantes et les dragonnades ; car toutes ces choses, remarquez-le bien, ont été accomplies en vertu de la théorie clémenciste du « bloc dont on ne peut rien distraire ». […] Le mari poursuit l’exposé de ses petites théories et se dispose à les appliquer ; tout cela très détaillé… Et ce soir-là, comme dit le poète, « ils ne burent pas plus avant ». […] Jean Jullien, fidèle à des théories maintes fois exposées par lui avec une généreuse intransigeance, a voulu accorder le moins possible aux nécessaires conventions de son art.
L’imagination de Lucrèce, frappée à la fois de ces deux impressions, les mêla dans ses vers, sans que la verve, toute nouvelle et toute vive encore, d’un Romain naissant aux beaux-arts ait pu s’éteindre sous les froides théories du scepticisme. […] Et cela soit dit en général, à part les engouements des artistes imitateurs, et les admirations par système et par théorie, qui n’ont jamais qu’une influence assez bornée. […] » On voit, par ces témoignages et par d’autres qu’il serait facile de réunir, que le culte de Shakspeare, quelque temps affaibli dans la frivolité du règne de Charles II, n’a pas cependant été en Angleterre le fruit d’une lente théorie, ni le calcul tardif d’une vanité nationale. […] Évitant les théories ingénieuses inventées après coup, remontons au fait. […] Cette théorie faite après coup, ce paradoxe auquel n’a guère songé l’auteur original, n’excuse pas une faute trop répétée dans son théâtre, et qui s’y présente sous toutes les formes.
La théorie de Platon sur l’amour n’a pourtant rien de ridicule, il s’en faut. […] Aujourd’hui, en effet, la critique est, le plus souvent, une muse un peu dédaigneuse, uniquement préoccupée d’idées générales, qui considère les livres de très haut et qui n’en retient que ce qui peut servir d’argument à telle théorie esthétique ou s’adapter à telle interprétation évolutionniste d’une période littéraire. […] Les vraies « Feuilles d’automne », ce sont les Recueillements : le soleil de l’avenir humain y brille, pour le poète, à travers les feuillages jaunis de son automne, au bout des sentiers jonchés de ses illusions et de ses deuils… L’éternelle mélancolie et l’éternel espoir… Mais pourquoi un critique impérieux et inventif, dialecticien de la même façon que d’autres sont poètes, et qui produit des théories comme un rosier porte des roses, a-t-il dit et même démontré que la poésie romantique et la poésie personnelle, c’est tout un ; que ce qui distingue, en gros, les romantiques des parnassiens, c’est que les premiers, monstres de vanité, se jugeaient si intéressants et si particuliers qu’ils ne nous parlaient que d’eux-mêmes et de leurs petites affaires, au lieu que les seconds se sont appliqués à peindre ce qui leur était extérieur, et qu’ainsi « l’évolution de la poésie lyrique » en ce siècle, c’est, en somme, le passage de la poésie subjective à la poésie objective Je crois pourtant n’avoir presque jamais rencontré, ni dans Chateaubriand, ni dans Lamartine, Hugo ou Vigny, ni même dans Musset, rien de personnel qui ne soit en même temps général ; et je le pourrais prouver très facilement, si c’était ici le lieu.
On a pu dans la suite rappeler contre Camille Jordan telle page, telle lettre qui lui était échappée alors et qui pouvait à la rigueur le faire ranger parmi les royalistes ; mais il ne le fut jamais dans le sens direct qu’on attache à ce mot, c’est-à-dire à titre de partisan des princes déchus : il put de bonne heure être royaliste de doctrine et partisan en théorie de l’autorité d’un seul ; mais il ne conspira jamais contre la forme républicaine tant qu’elle prévalut. […] Rappelez-moi au souvenir de Mme Julie. » Est-il besoin de faire remarquer, dans la sortie du duc de Rovigo, son étrange théorie physiologique et historique sur la race prussienne ?
» Les sensations se retrouvent là pour fixer la date et signer la théorie, mais le mouvement est juste et beau. […] On conçoit qu’obligé de rentrer sa politique en 1802, Daunou se soit dédommagé en donnant plus de jour à sa philosophie : en 1814, le triomphe des influences religieuses l’obligea au contraire de rentrer à jamais cette philosophie : il put s’en dédommager en revenant, bien qu’avec quelques gênes, à ses théories et doctrines politiques.
Mais il y a si peu d’aristocratie politique en France, que tout point d’appui manquait de ce coté : il a fallu asseoir le centre de l’équilibre sur la classe moyenne, et faire un peu artificiellement la théorie de celle-ci, qui pouvait à tous moments ne pas s’y prêter. […] Buchez et Roux ; ils comprennent, ils interprètent à leur manière, ils étendent et transforment les théories de leurs plus hardis devanciers.
En France, une théorie paraît, éloquente, bien liée et généreuse ; les jeunes gens s’en éprennent, portent un chapeau et chantent des chansons en son honneur ; le soir, en digérant, les bourgeois la lisent et s’y complaisent ; plusieurs, ayant la tête chaude, l’acceptent et se prouvent à eux-mêmes leur force d’esprit en se moquant des rétrogrades. […] Au contraire, les partis anglais furent toujours des corps compacts et vivants, liés par des intérêts d’argent, de rang et de conscience, ne prenant les théories que pour drapeau ou pour appoint, sortes d’États secondaires qui, comme jadis les deux ordres de Rome, essayaient légalement d’accaparer l’État.
On démêle presque toujours, au fond des théories du beau, du bien, de l’idéal, l’aspiration à une place, à une chaire, à un bon logement, — pour le théoricien. […] Et voilà Sainte-Beuve exposant sa théorie, qui est de ne point demander l’amour d’une femme jeune, mais la charité de cet amour, et de faire en sorte que cette femme vous tolère, ne vous prenne point en haine… « C’est là, oui, tout ce qu’on peut demander, finit-il par dire dans un soupir.
L’un est dogmatique ; il donne aux élèves l’ensemble des notions positives et applicables que la science possède, et il les rattache au moyen de ces liens que l’on nomme des théories, dont l’effet est de dissimuler, autant que possible, les points obscurs et controversés qui troubleraient sans profit l’esprit de l’élève qui débute. […] En effet, lorsqu’on a une théorie et qu’on la croit complète, l’esprit se repose dans sa généralisation ; mais, lorsqu’au contraire on vient à indiquer le désaccord entre certains résultats et les théories régnantes, l’esprit fait des efforts pour chercher la vérité, et c’est ainsi que prennent naissance les travaux de recherches qui feront faire à la science de nouveaux progrès. […] Nous devons à ce propos vous dire quelques mots des théories qui ont régné sur le mécanisme des sécrétions. […] CLOPTON HAVERS parla du pancréas et donna une théorie merveilleuse de la digestion. […] Du reste, comme tout le monde le sait, Regnier de Graaf avait pour objet de soutenir la théorie chimiatrique de son maître Sylvius de le Boë, dans laquelle on admettait que le suc pancréatique acide faisait effervescence dans l’intestin avec la bile alcaline.
Introduction Je ne cacherai pas au lecteur que c’est la publication des Misérables, de M. Victor Hugo, qui m’a déterminé à écrire ce livre, dont le plan, en s’élargissant, a fini par comprendre le roman contemporain dans ses nombreuses variétés. Quand MM. Sue, Balzac, Alexandre Dumas, Soulié, madame Sand introduisirent au bas des journaux, avec un talent qu’il est impossible de méconnaître, des romans où la morale et les principes sociaux étaient si vivement attaqués, je protestai par un livre, les Études critiques sur le feuilleton-roman. Dans ce livre, publié en 1846, je dénonçai les conséquences morales et sociales qui devaient bientôt suivre, et, éclairé par l’étude comparée de la situation politique et de la littérature, je prévins la société, qui se laissait enivrer de ces dangereuses fictions, qu’elle tournait le dos à la liberté politique, et qu’elle allait à l’anarchie et à la dictature.
Puis il débite une incohérente théorie sur l’anarchie, et finit par s’excuser d’avoir été un peu « pédagogue. » Mais la jeune femme se récrie, sincère, et l’accuse de coquetterie. […] Que dirait Mirbeau de ces pensées et de ces phrases, si elles étaient signées Georges Ohnet, Francisque Sarcey ou même Victor Cherbuliez : « Pour rendre plus limpide le récit qui va suivre, il est nécessaire de remonter quelques années en arrière et de raconter en quelques mots l’enfance faussée de cette femme dont l’éducation première, contrairement à la théorie qu’elle venait de développer, eut une influence si désastreuse sur sa vie entière. […] Thécla conte des histoires de revenants et vulgarise la théorie du double. […] Ce que j’aime chez elle, c’est toute la théorie des faibles et des attendris, tous les cœurs douloureux et qui essaient de consoler.
Bien que j’aie, autant que possible, évité ici tout verbeux commentaire et tout développement artificiel pour ne présenter que des faits et des idées, ce livre ne contient pas une thèse rigoureuse, à proprement parler, non plus qu’une théorie nouvelle. […] Voilà ce qu’il ne faudrait pas, sous prétexte d’humanisme et de largeur mentale, oublier, car cela, c’est un fait, quelque chose d’éminemment réel et tangible, ne tenant en rien de la théorie ni de l’hypothèse. […] Je n’ignore pas qu’il existe à rencontre de cette distinction, apparemment fruste, une multitude de faits ou de théories semblant la contredire. […] Nous inclinons, pour notre compte, à penser que, dans le cas du monde latin, l’influence historique a été plus déterminante que l’influence zoologique : tout en admettant absolument la théorie des races humaines supérieures et inférieures, niée par certains.
., etc. » L’intimité est constatée, ce me semble : j’étais, en 1835, parfaitement en mesure de risquer une théorie du talent de M. de Vigny autant que d’aucun autre talent contemporain ; s’il y avait embarras pour moi à son égard, c’était par excès de liaison bien plutôt que par insuffisance ; j’avais à ressaisir mon libre jugement, à le ravoir de dessous un monceau de fleurs : là était la difficulté, pas ailleurs ; c’est ce que je tenais avant tout à établir.
Sa nouveauté, sans avoir besoin de théorie, était aussitôt comprise, assortie par le sujet au génie français, au pathétique populaire.
Nous voyons donc, non par conjecture et théorie, mais par des faits et des preuves historiques, que le concept de rapidité existait, avait été complètement élaboré au préalable, et que par lui la connaissance conceptuelle du cheval, distincte de la connaissance intuitive du cheval, s’effectua.
Une langue, une législation, un catéchisme n’est jamais qu’une chose abstraite ; la chose complète, c’est l’homme agissant, l’homme corporel et visible, qui mange, qui marche, qui se bat, qui travaille ; laissez là la théorie des constitutions et de leur mécanisme, des religions et de leur système, et tâchez de voir les hommes à leur atelier, dans leurs bureaux, dans leurs champs, avec leur ciel, leur sol, leurs maisons, leurs habits, leurs cultures, leurs repas, comme vous le faites, lorsque, débarquant en Angleterre ou en Italie, vous regardez les visages et les gestes, les trottoirs et les tavernes, le citadin qui se promène et l’ouvrier qui boit.
Il adopta alors les théories neptuniennes des naturalistes allemands, et écrivit des opuscules dans ce sens.
Dans l’enfance de la science, l’humanité n’a jamais su inventer que des mythes et de grossières théories pour expliquer les phénomènes de la nature.
On s’extasiait également sur les théories philosophiques du père et sur les œuvres pieuses de la mère.
Il faut ajouter, pour être juste, que cette haute théorie sert à Commynes pour légitimer le succès, et engager les battus à se trouver contents : dans le jeu des empires, Dieu fait sortir les coups qu’il lui plaît ; réclamer serait sacrilège.
Mais il appliquait cette théorie à l’histoire de l’humanité tout entière.
De là ces mesquines théories de la séparation des deux pouvoirs, des droits respectifs de la raison et de la foi.