. — Le pays humide et la terre ingrate. — Influence du climat sur le caractère. […] Telle me semble la vie des hommes sur la terre, en comparaison du temps incertain qui est au-delà. […] — la terre et le firmament. — Il mit en haut le firmament, — et cette vaste étendue de la terre, il l’établit — par sa force redoutable, — le tout-puissant Roi ! […] Le peintre de la terre. — Qu’est-ce que l’année ? […] Si le vieux génie poétique disparaît après la conquête, c’est comme un fleuve qui s’enfonce et coule sous terre.
Rien sur la terre, ni d’assez formidable pour l’intimider, ni d’assez estimable pour lui enfler le cœur. […] Pour celles que la terre produit, nous en sommes absolument les maîtres. […] Les globes étoilés l’emportaient de beaucoup sur la terre en grandeur. La terre elle-même me parut si petite que notre empire, qui n’en touche qu’un point, me fit honte ! […] mon fils, me dit-il, ton esprit sera-t-il donc toujours attaché à la terre ?
Voyez ce trône, nombril de la terre ! […] — « Pas un lieu de la terre où je n’aie passé ! […] ô mon cœur du temps où je vivais sur la terre ! […] l’antique Sagesse, habiter méprisée sous la terre ! […] Ô Terre !
J’entends bien que sous cette sombre voûte, nous aurions été privés de la lumière du Soleil, nécessaire à des organismes comme ceux qui habitent la Terre. […] Vous savez ce qu’était l’homme sur la Terre, il y a quelques milliers d’années, et ce qu’il est aujourd’hui. […] Ce furent ceux qui nous ont montré que la Terre n’est qu’une des plus petites planètes du Système solaire, et que le Système solaire, lui-même, n’est qu’un point imperceptible dans les espaces infinis de l’Univers stellaire. […] c’est parce que nous avons vu le Ciel s’agrandir et s’agrandir sans cesse ; parce que nous savons que le Soleil est à 150 millions de kilomètres de la Terre et que les distances des étoiles les plus rapprochées sont des centaines de mille fois plus grandes encore. […] Nous savons maintenant qu’il n’en est rien, que les lois de notre chimie sont des lois générales de la Nature et qu’elles ne doivent rien au hasard qui nous a fait naître sur la Terre.
Le plus enraciné des édifices humains dans le sol, c’est un autel ; il faut, pour le saper, un tremblement de terre qui engloutit tout dans sa poussière. […] Les idées ont ainsi, comme la terre, de ces germinations de plantes précoces et étranges qui fleurissent en hiver. […] Alors, et alors seulement, il entendit toute la voix de son génie, étouffée jusque-là par les bruits de la terre. […] Il n’y en avait plus sur la terre. […] Ozanam fut enlevé au paradis de son poète favori en laissant sur la terre la Béatrice de ses inspirations et de son amour.
Quand vous éteignez Dieu dans le ciel, comment verriez-vous la vérité sur la terre ? […] Spiritualisme, moralité dans les lois, pour que la civilisation ne soit pas seulement matérielle, mais vertueuse, et pour que l’âme de l’homme ne progresse pas moins que sa race périssable dans une civilisation vraiment divine et indéfinie sur cette terre, et au-delà de cette terre. […] Morte la propriété, morte la terre ; morte la terre, morte l’humanité ! […] « Je n’ai pas seulement créé les pères », fait dire le sage persan au Créateur, « j’ai créé les fils et les générations des fils sur la terre. […] En démocratisant trop la terre, elle ruine les mœurs ; en nivelant sans cesse les biens, elle abaisse les âmes.
Soit pour la femme, soit pour l’enfant, ces deux racines, horizontale et verticale, qui attachent nos cœurs à la terre, disait Jean-Paul avec une expression inspirée, soit pour l’homme même qui les opprime, pour la créature humaine enfin, la douleur et la misère ont leur source là où aucune philosophie et nulle économie politique ne sauraient pénétrer jamais. […] On s’attendait réellement à mieux qu’à des détails, intéressants d’ailleurs et d’une grande variété de renseignements, sur les souffrances et l’état d’abaissement de la femme et de l’enfant chez tous les peuples de la terre. […] Ne rêvant plus aux biens du ciel, ils ont cherché des biens sur la terre. […] Il a parfaitement compris que, pour la France, la meilleure source de prospérité était dans le développement de sa production agricole : « L’agriculture, — dit-il, — cet atelier inépuisable de toutes les productions essentielles, se détache sur le fond assombri de nos misères, et quand une fois on a sondé le gouffre des souffrances humaines, c’est en reportant les yeux sur la terre que l’on voit poindre l’espérance. » Brutus embrassa la terre et l’appela sa mère. […] Deviendrait-elle impuissante quand il faudra féconder le travail de la terre par l’application de la science unie à une direction intelligente ?
Mais ma théorie n’est vraie qu’à la condition que ce nombre incalculable de variétés ait successivement vécu à la surface de la terre. […] Les failles nous racontent des chapitres non moins mémorables de l’histoire de la terre. […] Von Eschwege donne une coupe détaillée de ces roches qui s’étendent de Rio-Janeiro jusqu’à 260 milles géographiques dans le centre des terres en ligne droite. […] Cette apparition première a sans nul doute été de beaucoup postérieure aux premiers développements de la vie organique sur la terre. […] De toute manière, on a donc très peu de chance de retrouver des fossiles ayant appartenu à ces époques antérieures à la première émersion des terres.
Et nous avons enfin entièrement connu à quel point la terre est belle, douce, mystérieuse, maternelle et divine. […] Un magistrat, c’est souvent un monsieur qui possède des maisons de campagne, des fermes et des terres. […] Joignez que la terre, paisible et patiente, régie par des lois éternelles, communique à ses travailleurs quelque chose de sa paix et de sa sérénité. […] Les personnages sont tout près de la terre, et de là leur beauté. […] Nous connaissons maintenant que le soleil est à tant de mille lieues, qu’il y a des étoiles à des millions de lieues de la terre, etc. ; mais le voyons-nous ?
Sur la terre d’exil pourquoi resté-je encore ? Il n’est rien de commun entre la terre et moi. […] Il ne sait d’où il vient, et tout le monde le regarde ; il ignore quelle langue il parle, et toute la terre l’écoute. […] Mais il était grand aussi par le mépris qu’il portait à la terre, et par la noblesse et l’aristocratie de sa nature. […] Mais, à cela près, il eut tous les talents qu’on peut emprunter à la terre, et que le ciel ne donne pas directement et mystérieusement à l’espèce humaine.
Déjà, dans René, Chateaubriand avait dit des poètes : — « Ces chantres sont de race divine : ils possèdent le seul talent incontestable dont le ciel ait fait présent à la terre. […] C’est un pont entrevu entre l’idéal lointain et le réel trop voisin, entre le ciel et la terre. […] » — « La terre est révoltée des injustices de la création, elle dissimule par frayeur…, mais elle s’mdigne en secret contre Dieu… Quand un contempteur de Dieu paraît, le monde l’adopte et l’aime. » — « Dieu voyait avec orgueil un jeune homme illustre sur la terre. […] — oublier, — c’est sur terre Ce qui, selon les jours, nous fait jeunes ou vieux92. […] Répondez, cieux et mer, et vous terre, parlez.
La Terre. […] La Terre a paru. […] De cette dernière œuvre du grand cerveau qui lança l’Assommoir sur le monde, de cette Terre bâtarde, nous nous éloignons résolument, mais non sans tristesse. […] Nous sommes persuadés que la Terre n’est pas la défaillance éphémère du grand homme, mais le reliquat de compte d’une série de chutes, l’irrémédiable dépravation morbide d’un chaste. […] Il faut que le jugement public fasse balle sur la Terre, et ne s’éparpille pas, en décharge de petit plomb, sur les livres sincères de demain.
Où sont ces fleurs qui sortirent subitement du sein de la terre, pour former un lit à la déesse, un lit voluptueux au milieu des frimats, de la glace et des torrents ? […] La terre s’entr’ouvrit et se hâta de produire des fleurs. […] Ces nuages qui partent de l’angle supérieur droit de la scène et du fond, s’étendent en serpentant, et descendent jusqu’à l’angle inférieur gauche, où ils se boursouflent à terre en s’épaississant. […] La terre autour d’eux est jonchée de roses, de jonquilles, de fleurs qui naissent et qui s’épanouissent. […] Où est cette fille étendue à terre, la tête panchée dans le giron de sa mère, et qui me désole ?
Nous voyons d’abord les hommes, en exceptant quelques-uns des enfants de Sem, dispersés à travers la vaste forêt qui couvrait la terre un siècle dans l’Asie orientale, et deux siècles dans le reste du monde. […] Déterminés dans le choix de leurs premières demeures par le besoin de trouver de l’eau et des aliments, ils ne peuvent se fixer d’abord sur le rivage de la mer, et les premières sociétés s’établissent dans l’intérieur des terres. […] C’est alors, plus de mille ans après le déluge, que Tyr, capitale de la Phénicie, descend de l’intérieur des terres sur le rivage, pour passer ensuite dans une île voisine. […] Du ciel les mathématiques descendirent pour mesurer la terre, sans toutefois pouvoir le faire avec certitude à moins d’employer les mesures fournies par les cieux. […] Cette méthode pouvait leur faire connaître les conjonctions et les oppositions qui avaient pu avoir lieu dans le ciel entre les planètes ou les constellations ; mais ne pouvait leur rien apprendre de la succession des choses de la terre.
Elle conçoit moins encore cette énorme Amphitrite que cette Discorde dont les pieds étaient sur la terre et dont la tête allait se cacher dans les cieux. […] La terre et les cieux ne sont que deux points qui marquent les extrémités d’un grand intervalle. […] Quand il aurait ajouté que ses deux bras allaient toucher aux deux extrémités de l’horizon, aux deux endroits opposés où le ciel confine avec la terre, il n’aurait presque rien fait de plus. […] Voici donc comment Homère s’est exprimé : la Discorde, faible d’abord, s’élève et va appuyer sa tête contre le ciel, et marche sur la terre. Il y a trois images dans ces deux vers ; on voit la Discorde s’accroître ; on la voit appuyer sa tête contre le ciel ; on la voit marcher rapidement sur la terre.
Sur le devant, vers le centre du combat, morts, mourants, hommes blessés et diversement étendus sur la terre. […] combat sur terre. du même. […] Les figures, sur la langue de terre bien dessinées et coloriées à plaisir. […] La lanterne posée à terre sur le devant l’éclaire par le dos. […] On voit que la terre est encore brûlante.
Pourquoi chercher à vivre, puisque nous sommes sur cette terre comme des étrangers, qu’ailleurs est notre patrie, dont quelques pauvres années d’exil et de purification nous séparaient à peine ? […] Pourquoi la science, la sensualité, la lutte, le travail, la volonté, l’action, le désir, la raison, affaires humaines, puisque la terre est maudite, la vie de l’homme un perpétuel péché ? […] La terre et l’homme ne sont qu’impureté. […] Le ciel est tout, la terre n’est rien ; là-haut, une montagne de félicités, ici-bas, une vallée de larmes. […] Les autres « fois » proviennent d’en haut, celle-ci est née d’en bas, des entrailles de la terre et de l’humanité, de la nature même de l’homme.
« Que le ciel et la terre soient en paix ! […] regarde cette âme suppliante qui est à toi, et qui, du milieu de la terre, tente l’ascension des hauteurs idéales. « Je suis une goutte céleste répandue sur la terre. […] Permets, ô Père, que, réunie à la lumière, je ne retombe plus dans les souillures de la terre ! […] Tu es roi ; je t’offre l’or : la myrrhe conviendra pour ta tombe. — Ta présence a purifié la terre, et les flots de la mer, et les routes où passa le démon, les plaines liquides de l’air et les profonds abîmes de la terre.
Cette terre verte me paraît un grand cimetière qui attend. » Bien plus ! […] Au siècle dernier, en 1755, le tremblement de terre qui détruisit Lisbonne devint aussitôt l’occasion d’un tournoi fameux entre deux rois de l’opinion, Voltaire et Rousseau. […] Supposez qu’on vienne un jour à établir une communication entre la terre et quelqu’une des planètes qui tournent avec nous autour de notre soleil. […] On voyageait pour conquérir des terres, de l’or, de l’ivoire, des esclaves ; on ne songeait guère à partir en quête d’idées ou d’images. […] Il y a apparence que l’action exercée sur les autres par les millions de pages qui s’impriment sur notre pauvre petite terre n’est pas considérable.
Les dieux détruiront leur corps, et la terre des Pélasges les recouvrira. […] La Grèce écrivit sur l’onde, traça en l’air, sculpta dans la terre sa première histoire. […] Elles saluent éperdument la terre abordée. […] Que Zeus, en toute saison, féconde la terre ; que les troupeaux mettent bas d’innombrables petits dans les pâturages ! […] Ô Terre, ma mère !
Enfin, la même maladie morale se manifeste avec ses derniers symptômes dans Nejdanoff, le nihiliste de Terres vierges. […] Le jour était gris, le ciel pendait bas ; près de terre, un petit vent humide agitait les pointes des brins d’herbe et balançait les feuilles des arbres. La fabrique faisait moins de bruit qu’à l’habitude ; une odeur de charbon de terre, de goudron et de suif venait de la cour. […] Nejdanoff se plaça de pied ferme, sur la terre noire qui entourait le pied du pommier et tira de sa poche le petit objet qu’il avait pris dans le tiroir de sa table, puis il regarda attentivement les fenêtres de la maisonnette. […] Sipiaguine, le fonctionnaire pseudo-libéral de Terres vierges, a parfois avec sa femme des sentiments honnêtes et bons.
« Une source d’argent leur est ouverte, trésor de la terre. […] « Ô citadelle de toute la terre d’Asie ! ô terre de la Perse ! […] « Maintenant, toute la terre d’Asie gémit dépeuplée. […] « La terre d’Asie, ô roi, demeure sous ce coup désastreux tristement agenouillée.
Nous nous soucions fort peu, il est vrai, de l’Espagne de Saint Isidore de Séville, de Saint Ignace de Loyola, de la terre catholique d’Isabelle et de Ximenès, mais, en revanche, nous raffolons depuis trente ans de l’Espagne moresque, de l’Espagne des boléros, des fandangos, des basquines et des castagnettes, et c’est, ma foi ! […] Mais l’herbe fut coupée bien tendre ; mais la fleur fut coupée à peine entrouverte, et toutes deux, à ras de terre, par une faux qui est celle de l’amour, — de cet amour fort comme la mort et qui tranche l’âme comme la mort tranche la vie. […] Tarissez ces larmes dans ces yeux pâmés vers le ciel, et qui, fermes et attentifs, redescendent tout à coup sur la terre, et vous avez la seconde grandeur de Sainte Térèse, vous avez la Térèse des Fondations ! […] La Térèse des Fondations est une des plus majestueuses femmes d’État qui se soient assises par terre ou sur un escabeau, au lieu de s’asseoir sur un trône ! […] Non, elle était encore, la femme puissamment rassise dans la raison, telle que les hommes conçoivent la raison, quand l’Extase, qui enlève l’esprit au ciel et ce corps de boue volatilisé, dans les airs, la lâchait et la mettait par terre.
Toutes les fois qu’un des habitants de la terre, qu’un voyageur malheureux vous demandera dès l’abord : Ô jeunes filles, quel homme, pour vous le plus cher parmi les poëtes et le plus agréable par ses chants, habite ici ? […] Tel est le caractère de l’hymne homérique à la Terre, à cette déité matérielle que, sous le beau ciel de l’Inde, célébraient les poëtes, et qu’ils montrent dans leurs vers féconde et inépuisable, ruisselante de fleuves et pavée de montagnes . « Je chanterai la Terre, mère universelle, base inébranlable, qui nourrit toute chose ici-bas. […] La douleur irritée de Cérès, la vengeance dont elle menace les humains en laissant la terre inculte, est vaincue par les prières de Rhéa, sa mère, et par la promesse qu’elle reverra sa fille et passera désormais avec elle dans l’Olympe les deux tiers de l’année. […] Soudain elle a laissé libres les fruits naissants des guérets fertiles : la vaste terre a regorgé de feuilles et de fleurs.
. — Le Ciel et la Terre ne m’ont-ils pas ajouté une aile de plus ? Je suis enivré de Sona. — Je suis plus grand que le ciel, que cette terre que l’on dit grande. […] Le bon Pan lui apprend à poser ses doigts sur les roseaux du syrinx et à frapper la terre d’un pied cadencé. […] La fleur de la terre reverdissait en lui. […] Les tasses de terre de ses grossiers « jardins » phéniciens sont remplacées par des corbeilles d’argent pur.
De tels génies fraternels, groupés dans quelques lieues carrées de l’Allemagne du nord, sont-ils un symptôme d’épuisement sur cette terre où toute petite bourgade est une Athènes ? […] L’Italie n’est pas seulement une terre ; c’est un instrument de musique, c’est l’orgue du monde. […] J’ose affirmer qu’il n’y a pas un homme sur la terre qui sente plus son néant que moi, et qui désirât plus sincèrement disparaître, âme, corps et nom, de toute scène ici-bas. […] Les collines, les châtaigniers, les clochers, les torrents, les fumées de volcans de l’Apennin fuyaient derrière moi comme dans une ronde magique de la terre. […] À quoi bon des traces sur une terre et dans des mémoires qui ne conservent rien éternellement ?
Pour suffire à tout il met ses terres en gage ; il a avec lui neuf chevaliers et sept cents soldats. […] On fait route non sans accidents merveilleux ; car, un soir, le vaisseau se trouve en vue d’une terre ou d’une île qui était, ce semble, aux Sarrasins, et, après avoir marché ou cru marcher toute la nuit, le lendemain on reconnaît qu’on n’a fait aucun chemin, et qu’on est encore en vue de la même terre ; cela se renouvelle par deux ou trois fois : on s’estime fort en danger d’être aperçu et pris. […] C’était à qui prendrait terre au plus vite. […] [NdA] Dans le premier chant de Childe-Harold, Byron ou le héros-poète en qui il se personnifie a trouvé moyen de quitter sa terre natale d’une manière poétique et toute à lui. […] [1re éd.] « il saillit en la mer tout armé, l’écu au col, le glaive au poing, et fut des premiers à terre ».
Sa descente sur la terre rappelle celle de l’ange exterminateur dans la théogonie chrétienne. […] La descente de Minerve sur la terre est peinte d’un coup de pinceau qui fend le ciel de la nuit. […] Il vaudrait mieux pour moi d’être ensevelie dans la terre ! […] La raison n’est pas plus nouvelle dans l’humanité que l’humanité n’est nouvelle sur la terre. […] Voilà pour la terre.
Avec Auguste Fourès, Jourdanne et quelques autres, ils glorifiaient leurs atavismes, le culte de la terre. […] Brisac composaient Germinal (1899-1901) ; — La Terre Nouvelle (1900-1901) de M. […] À LA CITÉ DE CARCASSONNE De la tour de Justice à la tour du Trésaut, Le soir apaise enfin l’horizon solitaire ; D’implacables destins ont désolé ces terres, Mais leur fière beauté garde encor des vassaux. Seul le soleil, tentant quelque suprême assaut, Ensanglante à présent la Lice et Saint-Nazaire ; Où les cerviers du Nord tous en vain s’écrasèrent, Des femmes lentement rêvent près des berceaux… Douce monte une nuit orientale et chaude… Montfort, ton œuvre est morte et sa cendre est à l’Aude, Les midis à leur tour ont chassé tes effrois… Et, — la lune courbée en profil de tartane, — Tout le ciel étoilé tend un blason d’orfrois Qui figure l’orgueil de la Terre occitane ! […] Il nous faut aussi noter la Terre d’Oc (Toulouse), Provensa (Avignon), etc.
La tyrannie d’un colon d’Amérique est moins cruelle ; la condition du nègre moins triste… qu’objecterez-vous au siècle de Rome pauvre, à ce siècle où des hommes à jamais célèbres cultivaient la terre de leurs mains, prirent leurs noms des fruits, des fonctions agrestes qu’ils avaient exercées, où le consul pressait le bœuf de son aiguillon, où le casque et la lance étaient déposés sur la borne du champ, et la couronne du triomphateur suspendue à la corne de la charrue ? […] Je ne sais plus en quel temps, sous quel siècle, en quel coin de la terre vous placer. […] Y reste celui qui peut voir avec patience un peuple qui se prétend civilisé, et le plus civilisé de la terre, mettre à l’encan l’exercice des fonctions civiles ; mon cœur se gonfle, et un jour de ma vie, non, un jour de ma vie, je ne le passe pas sans charger d’imprécations celui qui rendit les charges vénales. […] Confiez votre fortune à cet homme qui se fait traîner dans un char doré, demain ses terres seront en décret ; demain cet homme si brillant, poursuivi par ses créanciers, ira mettre pied à terre au for-l’évêque. — Mais ne vous réjouissez-vous pas de voir la débauche, la dissipation, le faste, écrouler ces masses énormes d’or ? […] Partout où vous verrez une poignée de terre recueillie dans la plaine, portée dans un panier d’osier, aller couvrir la pointe nue d’un rocher, et l’espérance d’un épi l’arrêter là par une claie, soyez sûr que vous verrez peu de grands édifices, peu de statues, que vous trouverez peu d’orphées, que vous entendrez peu de poëmes divins… et que m’importe ces monumens fastueux ?
Mais les qualitez de l’air dépendent elles mêmes des qualitez des émanations de la terre que l’air enveloppe. Suivant que la terre est composée, l’air qui l’enserre est different. Or, les émanations de la terre qui est un corps mixte dans lequel il se fait des fermentations continuelles, ne sçauroient être toujours précisement de la même nature dans une certaine contrée. […] L’air dépose encore sur la surface de la terre la matiere qui contribuë le plus à sa fécondité, et le soin qu’on prend de la remuer et de la labourer, vient de ce qu’on a reconnu que la terre en étoit plus féconde quand un plus grand nombre de ses parties avoit eu lieu de s’imbiber de cette matiere aerienne. Les hommes mangent une partie des fruits que la terre produit, et ils abandonnent l’autre aux animaux, dont ils convertissent ensuite la chair en leur propre substance.
La louange, si désirée et si prodiguée sur la terre, n’est point et ne peut être une chose indifférente ; elle est ou utile ou funeste ; elle est tour à tour ce qu’il y a ou de plus noble ou de plus vil. […] La calomnie siffle dans un coin : mais la gloire parcourt la terre ; elle acquitte la dette du genre humain envers la vertu et le génie. […] Athènes éleva un autel au dieu inconnu ; on pourrait élever sur la terre une statue avec cette inscription : aux hommes vertueux que l’on ne connaît pas . […] Un monstre parcourt la terre pour flétrir ce qui est honnête et rabaisser ce qui est grand. […] Soit intérêt, soit justice, on a donc partout rendu des honneurs aux grands hommes ; et de là les statues, les inscriptions, les arcs de triomphe ; de là surtout l’institution des éloges, institution qui a été universelle sur la terre.
C’est par elle que tout citoyen romain est seigneur de sa terre par un domaine indivis (par une pure distinction de raison, comme dirait l’École). […] La religion arrêta d’abord les géants dans les terres qu’ils occupèrent les premiers, et cette prise de possession fut l’origine de tous les droits de propriété, de tous les domaines. […] J’appelle matériaux les religions, les langues, les terres, les mariages, les noms propres et les armes ou emblèmes, enfin les magistratures et les lois. […] Nous voyons dans l’Odyssée que, lorsque Ulysse aborde sur une nouvelle terre, il monte sur quelque colline pour voir s’il découvrira la fumée qui annonce les habitations des hommes. […] Voilà pourquoi Homère arme la main de Neptune du trident qui fait trembler la terre .
. — La Noblesse de la Terre, théâtre (1899). — Monsieur Bonnet, théâtre (1900). […] Henri Ghéon Certes, la Noblesse de la Terre et Monsieur Bonnet diffèrent assez pour mériter deux études distinctes. […] La terre, un jour, parla par eux. […] Au reste, les personnages de la Noblesse de la Terre ne faisaient que vivre, sans plus.
Tout ce qui attache l’homme à la terre, tout ce qui le détourne du ciel devait être fui. […] Fidèle à sa pensée que les soucis de la vie troublent l’homme et l’abaissent, Jésus exige de ses associés un entier détachement de la terre, un dévouement absolu à son œuvre. […] A force de détacher l’homme de la terre, on brisait la vie. […] De tous les humains le plus intéressé, le plus orgueilleux, le plus dur, le plus attaché à la terre, un Louis XIV, par exemple, devait trouver des prêtres pour lui persuader, en dépit de l’Évangile, qu’il était chrétien. […] Il se meurtrissait et se révoltait au contact de la terre.
Guillaume prit le château et la terre de Tégel, où il continua de vivre avec sa charmante femme. […] C’était la première terre que Humboldt foulait depuis son départ d’Europe, et il rend compte en ces termes de l’impression qu’il en ressentit : « Rien ne peut exprimer la joie qu’éprouve le naturaliste quand, pour la première fois, il touche une terre qui n’est pas l’Europe. […] Ce jour indique-t-il la révolution de la terre autour de son axe, ou bien est-ce le produit d’une série de siècles ? La terre ferme a-t-elle surgi hors des eaux, ou bien les eaux ont-elles jailli des profondeurs de la terre ? […] On conseilla au capitaine de se diriger sur Cumana, port situé sur la côte au nord-ouest de Venezuela, et d’y déposer les passagers à terre.
Nous nous soucions fort peu, il est vrai, de l’Espagne de saint Isidore de Séville, de saint Ignace de Loyola, de la terre catholique d’Isabelle et de Ximenès ; mais, en revanche, nous raffolons depuis trente ans de l’Espagne moresque, de l’Espagne des boléros, des fandangos, des basquines et des castagnettes, et c’est, ma foi ! […] Mais l’herbe fut coupée bien tendre ; mais la fleur fut coupée à peine entr’ouverte ; et toutes deux, à ras de terre, par une faux qui est celle de l’amour, — de cet amour fort comme la mort, et qui tranche l’âme comme la mort tranche la vie. […] Tarissez ces larmes dans ces yeux pâmés vers le ciel, et qui, fermes et attentifs, redescendent tout à coup sur la terre, et vous avez la seconde grandeur de sainte Térèse, vous avez la Térèse des Fondations ! […] La Térèse des Fondations est une des plus majestueuses femmes d’État qui se soient assises par terre ou sur un escabeau au lieu de s’asseoir sur un trône ! […] elle était encore la femme puissamment rassise dans la raison telle que les hommes conçoivent la raison quand l’Extase, qui enlève l’esprit au ciel et ce corps de boue volatilisé dans les airs, la lâchait et la mettait par terre.
Vous nous accuserez peut-être de vous porter un peu plus haut que terre, mais ce qui s’élève dans le ciel n’est-il pas aussi clair que ce qui rampe ? […] Une destinée sur la terre, qui commence à sa naissance et qui finit à sa dernière respiration, à sa petite place sur ce petit atome en mouvement qu’on appelle le globe, destinée toute correspondante à cette matière dont nos sens, empruntés pour quelques jours à la terre, sont formés. […] la terre est grande et plane ! […] De toutes les places où un mortel peut monter sur la terre, la plus haute pour un homme de génie est incontestablement une chaire sacrée. […] Ils parlaient de la terre, il parle du nuage.
À Doriskos, dans une vaste plaine de la Thrace, l’armée de terre avait été comptée pour la première fois. […] Xerxès, pendant ce temps, regagna le pont d’Abydos, traînant après lui les tronçons de l’armée de terre. […] Mardonios s’était engagé à vaincre : la mer avait été funeste, mais la revanche sur terre serait triomphante. […] Il n’est pas assez d’or sur la terre pour nous faire prendre le parti des Mèdes contre la liberté de la Grèce. […] Les races élues purent semer et cultiver la bonne terre qui, sans lui, aurait été irrémissiblement submergée.
Son voile déroulé plie et s’affaisse à terre. […] Dites-moi, terre et cieux, qu’est-ce donc que l’aurore ? […] Ô terre, à ton soleil qui donc t’a fiancée ? […] Le vent va m’emporter ; je vais quitter la terre. […] Partout la nuit est sombre, et la terre enflammée.
Et si c’est le même homme, qui donc l’a mis sur la terre et l’y a mis debout, homme fait, capable dès le jour de sa naissance de se défendre contre la nature et de se multiplier, qui, si ce n’est Dieu ? […] S’il avait cru avec la simplicité de cœur de Newton à un créateur, le ver de terre lui eût paru tout aussi étonnant que le lion, le plus humble oiseau d’eau que le cygne. […] La terre n’est pas seulement un fond de mer ; il y voit la double action de l’eau et du feu ; il y voit, c’est le mot ; à la façon dont Buffon peint ce que d’autres ont découvert, il a l’air de le découvrir. […] Elle prouve que des déluges ont inondé passagèrement des parties de la terre. […] Pourquoi Buffon, après avoir amené l’homme sur la terre et lui avoir mis en main « le sceptre », s’avise-t-il de supputer le nombre des années que durera ce règne, et d’assigner un jour où, sur la terre envahie de toutes parts par le froid des pôles, l’homme mourant laissera tomber ce sceptre de ses mains glacées ?
Un jour qu’il était à la chasse, il a rencontré une guinnârou, dont les cheveux tombaient jusqu’à terre. […] Chaque fois que tu désireras obtenir quelque chose, tu te l’ôteras du doigt et tu la poseras à terre. […] Pendant la nuit il a ôté sa bague et l’a posée à terre, selon les indications de la guinnârou. […] A son réveil, Ahmed gratte la terre, en retire la marmite et s’approprie l’or qui y est contenu. […] La « saleté » se déchire et la bague tombe à terre.
Lui seul s’anime des sentiments de la gloire et de la Divinité ; et tandis que les éléments, les végétaux, les animaux sont ordonnés à la terre, et la terre au soleil, il sent qu’un Dieu l’attire par tous les points de l’univers. […] Mon fils, la bienfaisance est le bonheur de la vertu ; il n’y en a point de plus assuré et de plus grand sur la terre. […] Mon fils, voyez que tout change sur la terre, et que rien ne s’y perd. […] Nul, depuis vous, n’a osé cultiver cette terre désolée ni relever ces humbles cabanes. […] Elles coulent comme coulent les sources de la terre en été, quand la terre est chaude et qu’aucun tonnerre n’annonce le déchirement des nuages.
Le peuple connaissait déjà le grand homme du ciel que la terre venait de perdre, avant qu’aucun journal en eût charrié la gloire jusqu’à lui. […] Pauvre de corps, non d’esprit, mais surtout très pauvre d’études, on avait failli lui refuser la prêtrise à cause de son ignorance, et puis on avait cédé à son amour de Dieu et on lui avait donné, de confiance, cette petite cure dans un petit coin de terre, dont il a fait quelque chose de si resplendissant que, de tous les points de la terre, on est venu pour en contempler la splendeur ! […] Sa colonne, à lui, était à ras de terre ; c’était sa paroisse. […] L’abbé Monnin n’a jamais entendu, ni personne que ceux auxquels le Curé d’Ars s’adressait dans ce tête-à-tête sublime de la confession entre le prêtre et son pénitent, les paroles irrésistibles qui ont dû lui tomber des lèvres, à cet Inspiré de la conscience, mais il l’a entendu souvent dans ses instructions et ses catéchismes, et ce qu’il s’en rappelle et en cite est d’une beauté de langage qui défie les plus beaux langages de la terre. […] Le Curé d’Ars a réalisé Jésus-Christ dans son âme autant qu’un homme peut réaliser son Dieu, et l’on dirait presque qu’il fut la dernière incarnation de Jésus-Christ sur la terre, si un si grand mot ne faisait pas peur à la Foi !
Et chaque fois que le gourgui essaie de remettre en terre le siga, le siga lui saute des mains. […] Chaque fois qu’il soulève ce fagot pour se le mettre sur la tête, le trouvant trop lourd, il le rejette à terre et se remet à ramasser du bois pour l’ajouter à cette charge qu’il lui est déjà difficile de soulever. […] Allah vous revaudra plus tard ce que vous aurez fait sur terre. Et personne ne pourra cacher dans la terre les bonnes actions faites par autrui.
Laissez-moi m’endormir du sommeil de la terre. […] Voilà que son pied touche à la terre promise. […] À gauche du spectateur, une cheminée pleine de charbon de terre allumé. […] Regarde-moi, Ange sévère, leur ôter à tous la trace de mes pas sur la terre. […] prie pour moi sur la terre et dans le ciel.
Plusieurs de ces branches, détachées du tronc par l’exil de Napoléon à Sainte-Hélène, s’étaient réfugiées en Italie, terre des ruines et patrie de leurs ancêtres. […] En un mot, sa félicité ce n’est pas l’Éden c’est la terre. […] À l’extrémité du plateau, qui commence à incliner vers les marais Pontins, une mer d’épis prélude à une mer de vagues : pas un arbre à l’horizon ; rien que la glèbe nue et chaude sous le soleil, la terre cultivée et non ombragée, la terre féconde, la terre nourricière, Alma parens ! […] Les pêcheurs sont réunis sur l’extrême bord du quai, un pied sur la terre, prêts à mettre l’autre sur le pont du navire. […] Il dit l’agonie sur la terre et le naufrage sur la mer, l’angoisse de la mort partout, l’éternelle séparation.
Fior d’Aliza commençait déjà à aller ramasser le bois mort, dans le petit bois de lauriers, pour cuire les châtaignes dans la marmite de terre, et Hyeronimo commençait aussi à remuer la terre pour y semer le maïs et le millet. […] que tu as raison, dit ma belle-sœur à ma fille ; si mon pauvre mari avait pensé comme toi, je ne serais pas sans appui sur cette terre. […] Si tout cela me reste, qu’importe un peu plus ou un peu moins de mesures de terre sur une montagne ! […] Un frisson nous prit à ces mots, nous pensâmes tous, et tous à la fois au châtaignier, notre seul nourricier sur la terre. […] Vous me tueriez plutôt contre le châtaignier que de vous laisser porter la hache sur son écorce ; si quelque chose est à nous sur la terre, c’est lui !
Tout dépendrait de vous, j’en suis sûr ; on ne refuse rien à une sposa qui donne son cœur en échange d’un morceau de terre sur la montagne. […] Hyeronimo alla puiser de l’eau dans le creux de ses deux mains pour laver et démêler ses beaux cheveux blonds, humides de sang et poudrés de terre. […] Hyeronimo arrêta le sang que perdait Zampogna en entourant l’os de sa pauvre jambe coupée d’une terre glaise, et en retenant cette terre humide autour de l’os nu avec une bande arrachée de sa manche de chemise. […] Magdalena, étendue à terre sur le seuil de la porte, mordait l’herbe et les pierres en appelant éperdument son fils. […] Quand il saura que sa sœur souffre avec lui, il souffrira la moitié moins, car une âme prend, dit-on, plus de la moitié des maux d’une autre âme sur la terre, comme dans le purgatoire.
Il faut les chercher dans la solitude ; c’est là que naissent ces grandes passions, entre ciel et terre, telles que celles que nous avons à vous signaler dans cette âme appelée je ne sais comment dans la langue des purs esprits, appelée ici-bas Louis de Ronchaud. […] Son frère eut en partage la terre et l’habitation principale de la maison ; sa sœur, aujourd’hui veuve, fut mariée à un gentilhomme de Montauban. […] Le poète et l’antiquaire contractent sur leur physionomie cette impression d’éternité qui méprise la terre fugitive, parce qu’elle vit dans tous les âges. […] les unes pures comme l’idéal, les autres descendant comme des étoiles trop près de terre, qui filent en s’éteignant dans nos horizons ? […] Où est aujourd’hui cette abondance de séve, excepté dans quelques natures d’exceptions, dans les solitudes entre le ciel et la terre du Jura ?
pour maudire une terre à laquelle la nature et le ciel ont prodigué tous leurs dons, dont l’histoire est encore un des trophées du genre humain ? […] La comtesse Léna ne se retrouvera que dans le ciel ; elle était trop belle pour cette terre. […] Sur cette terre déserte Qu’attends-tu ? […] Que voulez-vous, mon jeune monsieur, je l’ai entendu dire à mon père et au père de mon père : notre famille est aussi vieille sur la montagne que le rocher fendu qui pleure de vieillesse, comme mes yeux, et que les racines de l’arbre qui ont fendu la roche en se grossissant sous terre. […] — Mon père, reprit l’aïeule, fit ce que faisait son père ; il cultiva un peu plus large de terre noire entre ces rochers.
Grâce à d’habiles achats de terrains, l’ingénieux magistrat avait pu faire faire ce travail de voirie secrète chez lui, sur sa propre terre, et par conséquent sans contrôle. Plus tard il avait revendu par petites parcelles pour jardins et cultures les lots de terre riverains du corridor, et les propriétaires de ces lots de terre croyaient des deux côtés avoir devant les yeux un mur mitoyen, et ne soupçonnaient pas même l’existence de ce long ruban de pavé serpentant entre deux murailles parmi leurs plates-bandes et leurs vergers. […] Les mauvaises herbes abondaient, aventure admirable pour un pauvre coin de terre. […] La germination se complique de l’éclosion d’un météore, du coup de bec de l’hirondelle brisant l’œuf, et elle mène de front la naissance d’un ver de terre et l’avènement de Socrate. […] Un petit vagabond, nommé Gavroche, les recueille, les couche dans le ventre de terre cuite de l’éléphant de la Bastille ; c’est une larme dans la boue, mais la larme est chaude.
pour toi la terre diaprée épanouit ses fleurs ; pour toi sourit la face de l’Océan, et le ciel apaisé brille de flots de lumière. […] « Fais, dans l’intervalle, que sur les mers et par toute la terre les rudes travaux des armes sommeillent et reposent. […] « La terre, privée de tes cérémonies saintes, ne pourrait donner de gardiens à ses frontières. […] C’est presque le langage de Lucrèce, de l’ami de Memmius, retrouvant les fables et les monstres de l’enfer dans les crimes et les souffrances dont était affligée la terre. […] Souvent le père des dieux, dans la splendeur du temple, visitant les saints mystères dont les fêtes étaient venues, assista sur la terre à la course des chars.
Si l’homme défriche une terre nouvelle que le fer n’ait pas encore déchirée, il sort de ces pénibles sillons une exhalaison mortelle : il faut que la terre s’accoutume à la charrue, tant la nature est rebelle à l’homme. […] Il est très probable que les travaux d’Hercule ne sont autre chose qu’une allégorie des travaux de l’homme pour assainir et féconder la terre, car la terre ne se laisse pas cultiver comme on le croit : elle commence par résister avec violence, elle cède avec déplaisir, et même avec douleur ; elle reprend ses droits avec un empressement terrible. […] La terre est fécondée par des fleuves tranquilles ou par des torrents impétueux. […] La terre lui est marâtre ; et les animaux refusent de lui obéir. […] L’action de la Providence doit être voilée par respect pour la liberté de l’homme ; il a fallu qu’il fût possible de la nier, pour qu’il y eût du mérite à y croire, car la croyance ou la foi doit être un des mérites de l’homme sur la terre.
., conçut l’ambition de posséder une petite terre. […] Et dans la même lettre, où elle parle de ce mariage projeté, elle dit à Gobelin : « J’ai une extrême envie d’acheter une terre et n’y puis parvenir. […] « Je suis résolue d’acheter une terre auprès de Paris. […] Le 6 septembre 1674, elle écrit à son frère qu’elle est en marché d’une terre dont elle offre 240 000 francs. Le 10 novembre elle lui annonce que le marché est fait pour la terre de Maintenon.
[Bibliographie] Philippe sans terre, drame en vers (1892). […] Charles Buet Assurément, Philippe sans terre n’est pas un drame sans défaut, et la critique y trouverait à reprendre. […] [Préface à Philippe sans terre (1899).]
L’air n’est plus humide, mais la terre est toute molle, la toile des tentes est trempée de rosée ; la lune, qui va se lever, commence à blanchir l’horizon au-dessus des bois. […] Exprimer l’action du soleil sur cette terre ardente en disant que cette terre est jaune, c’est enlaidir et gâter tout. […] On arrive à la limite des terres cultivées ou cultivables appelées le Tell : ce n’est pas le désert encore, on est à la lisière du désert. […] On sent vibrer dans l’air de faibles bruits qu’on prendrait pour la respiration de la terre haletante. […] Il semble que le plus petit objet saillant y devrait apparaître ; pourtant on n’y découvre rien ; même, on ne saurait plus dire où il y a du sable, de la terre ou des parties pierreuses ; et l’immobilité de cette mer solide devient alors plus frappante que jamais.
La prose a eu la terre et tout ce qui s’y rapporte ; la poésie a eu le ciel et tout ce qui dépasse dans l’impression des choses terrestres l’humanité. […] Voilà une des poésies de la terre ! […] Quand elle s’accumule en montagnes humides sous le vent lourd d’automne et qu’elle s’écroule avec des coups retentissants sur le sol creux des caps avancés, elle rappelle les mugissements de la foudre dans les nuages et les tremblements de la terre qui déracinent les cités. — Émotion ! […] Si une voile dérive par un jour serein du port, on pense aux rivages lointains et inconnus où elle ira aborder après avoir traversé pendant des jours sans nombre ce désert des lames ; ces terres étrangères se lèvent dans l’imagination avec les mystères de climat, de nature, de végétation, d’hommes sauvages ou civilisés qui les habitent, on s’y figure une autre terre, d’autres soleils, d’autres hommes, d’autres destinées […] J’irai baiser ta terre sur les pas de saint Jean, et je croirai, comme lui, voir les cieux ouverts !
Au sommet des pics des montagnes, là où la terre touche le ciel, j’irais la cueillir, et dimanche tu l’aurais pendue à ton cou. […] La terre y tourne sous les pas, le cœur y bondit dans la poitrine comme dans une ronde de villageois sous les mûriers de la Crau ou sous les châtaigniers de Sicile. […] De sa cabane il monta donc à l’ermitage, et, devant l’ermite, il s’agenouilla, courbant le front à terre. […] Un été j’étais à Hyères, cette langue de terre de ta Provence que la mer et le soleil caressent de leurs flots et de leurs rayons, comme un cap avancé de Chio ou de Rhodes ; là les palmiers et les aloès d’Idumée se trompent de ciel et de terre : ils se croient, pour fleurir, dans leur oasis natale. […] Il me conduisit au soleil couchant dans un jardin bien exposé au midi et à la brise de mer ; les aloès et les palmiers y germent et y fructifient en pleine terre.
« “La terre où je vis le jour”, dit alors Francesca, “s’étend sur la pente marine où l’Éridan, fatigué du tumulte des eaux qu’il roule, se perd dans la mer pour y trouver enfin le repos. […] « Pendant que l’une de ces âmes parlait ainsi, l’autre âme pleurait avec de tels sanglots que je m’évanouis de pitié, comme si j’allais mourir, et je tombai à terre comme un corps mort tombe ! […] Ô terre cruelle ! […] La plus douce vertu de la terre, la pitié, exclue ainsi du ciel, a révolté les cœurs tendres ; les supplices indescriptibles de ses créatures faisant partie de la félicité du Créateur ont rendu le dogme des enfers à perpétuité un des textes de la foi moderne les plus difficiles à inculquer dans le cœur des chrétiens les plus orthodoxes. […] déjà fatigués de vos misères, vous qui, à demi privés de la vue de l’intelligence, n’avez foi que dans les pas en arrière, — ne savez-vous donc pas que nous ne sommes que des vers de terre nés pour devenir l’angélique papillon qui vole invincible au-devant de l’éternelle justice ?
La beauté que le chrétien adore n’est pas une beauté périssable : c’est cette éternelle beauté, pour qui les disciples de Platon se hâtaient de quitter la terre. […] « L’amour veut être libre et dégagé des affections de la terre, de peur que sa lumière intérieure ne se trouve offusquée, et qu’il ne se trouve ou embarrassé dans les biens, ou abattu par les maux du monde. « Il n’y a rien, ni dans le ciel ni sur la terre, qui soit ou plus doux, ou plus fort, ou plus élevé, ou plus étendu, ou plus agréable, ou plus plein, ou meilleur que l’amour, parce que l’amour est né de Dieu, et que, s’élevant au-dessus de toutes les créatures, il ne peut se reposer qu’en Dieu. […] « Celui qui aime généreusement, ajoute l’auteur de l’Imitation, demeure ferme dans les tentations, et ne se laisse point surprendre aux persuasions artificieuses de son ennemi. » Et c’est cette passion chrétienne, c’est cette querelle immense entre les amours de la terre et les amours du ciel, que Corneille a peint dans cette scène de Polyeucte53 (car ce grand homme, moins délicat que les esprits du jour, n’a pas trouvé le christianisme au-dessous de son génie). […] Tout beau, Pauline, il entend vos paroles ; Et ce n’est pas un Dieu comme vos dieux frivoles, Insensibles et sourds, impuissants, mutilés, De bois, de marbre ou d’or, comme vous le voulez ; C’est le Dieu des chrétiens, c’est le mien, c’est le vôtre ; Et la terre et le ciel n’en connoissent point d’autre.
La prose a eu la terre et tout ce qui s’y rapporte ; la poésie a eu le ciel et tout ce qui dépasse, dans l’impression des choses terrestres, l’humanité. […] Voilà une des poésies de la terre ! […] Plusieurs des plus grandes races humaines, appelées nations, n’ont laissé pour trace de leur passage sur la terre qu’un poème épique. […] que mon âme est réjouie », s’écria Damayanti, « par ce bruit du char qui semble en roulant ébranler la terre et remplir son orbite ! […] Tout poème est un symbole qui revêt un dogme ; tous les vers sont des ailes qui emportent l’âme au-dessus de la terre.
« J’ai erré toujours inquiet, toujours surchargé d’embarras sans avoir jamais eu, avec quelque apparence de durée, ni le cabinet commode et solitaire qui m’aurait été indispensable, ni la terre sauvage où je me serais plu, ni la vie frugale qui m’aurait contenté. […] « Mais maintenant, s’il me venait enfin quelque moyen d’acquérir un coin de terre, où le chercherais-je ? […] Verrai-je enfin la terre du midi pour laquelle j’étais fait ? […] Il y a dix-sept ans, je voulais m’endormir à jamais ; depuis ce jour j’attends, et peut-être il se trouvera enfin que j’eusse bien fait de quitter alors cette terre sur laquelle je suis inutile, sans fortune, chargé du sort des autres et privé de bras vigoureux propres à tout. […] « Je n’imagine rien de plus doux sur la terre humaine telle qu’elle est que de se confiner avec une femme tranquille et aimable dans une cabane heureusement située.
Les deux Principes se disputent la Terre qui vient de naître. […] C’est tout ce que voulait d’eux le génie de l’espèce ; la pudeur n’est qu’un artifice pour vaincre Le dégoût de peupler une terre aussi dure. […] Peut-on croire au moins que la justice, cette chimère sur la terre, sera une réalité ailleurs ? […] Les choses reprennent ainsi leur ordre et leur proportion ; la Terre n’est qu’un des plus petits corps de l’infini céleste, mais elle vaut mieux que le plus beau soleil, parce qu’elle a fait l’homme et que l’homme a trouvé la justice dans son cœur. […] Car la terre en ses flancs couve l’âme qui ment Et vient s’épanouir en lui.
Quand Rollon, ayant divisé la terre au cordeau entre ses hommes, eut pendu les voleurs et ceux qui leur donnaient assistance, des gens de tous les pays accoururent. […] C’est Jean sans Terre qui fait mourir de faim vingt-trois otages dans une prison. […] Quelques-uns134, presque dans chaque comté, sont demeurés seigneurs de leurs terres, à condition d’en faire hommage au roi. […] Leurs femmes et leurs enfants vont pieds nus… Car plusieurs d’entre eux qui avaient coutume de payer chaque année à leur seigneur un écu pour leur terre, payent maintenant au roi, par-dessus cet écu, cinq écus. […] Les Communes déclaraient qu’avec ces revenus le roi serait capable d’entretenir 15 comtes, 1500 chevaliers, 6200 écuyers et 100 hôpitaux ; chaque comte recevant par an 300 marcs, chaque chevalier 100 marcs et le produit de quatre charrues de terre, chaque écuyer 40 marcs et le produit de deux charrues de terre. — Pictorial history, II. p. 142.
On lui souhaitait de vivre heureuse sous la terre. […] Ce n’est pas, en effet, un facile problème, à l’origine des sociétés, de savoir si l’individu peut s’approprier le sol et établir un si fort lien entre son être et une part de terre qu’il puisse dire : Cette terre est mienne, cette terre est comme une partie de moi. […] La terre était à lui plus que la moisson. […] À la cabane de terre ou de bois a bientôt succédé la maison de pierre. […] Le corps de l’homme répond de la dette, non sa terre, car la terre est inséparable de la famille.
Les géants enchaînés sous les monts par la terreur religieuse que la foudre leur inspirait, s’abstinrent désormais d’errer à la manière des bêtes farouches dans la vaste forêt qui couvrait la terre, et prirent l’habitude de mener une vie sédentaire dans leurs retraites cachées, en sorte qu’ils devinrent plus tard les fondateurs des sociétés. Voilà l’un de ces grands bienfaits que dut au ciel le genre humain, selon la tradition vulgaire, quand il régna sur la terre par la religion des auspices. […] Les vertus du premier âge, à la fois religieuses et barbares, furent analogues à celles qu’on a tant louées dans les Scythes, qui enfonçaient un couteau en terre, l’adoraient comme un dieu, et justifiaient leurs meurtres par cette religion sanguinaire. […] Telle était la barbarie des nations à l’époque même où les anciens Germains voyaient les dieux sur la terre, où les anciens Scythes, où les Américains, brillaient de ces vertus de l’âge d’or exaltées par tant d’écrivains.
Il ne se trouvera plus, l’homme devant qui la terre se taisait ! […] Heureux ceux qui ont fini leur voyage sans avoir quitté le port, et qui n’ont point, comme moi, traîné d’inutiles jours sur la terre ! […] « Je me trouvai alors plus isolé dans ma patrie que je ne l’avais été sur une terre étrangère. […] Sans parents, sans amis, pour ainsi dire, sur la terre, n’ayant point encore aimé, j’étais accablé d’une surabondance de vie. […] j’étais seul, seul sur la terre !
L’humanité tout entière, qui tend à l’unité pour que chacune de ses découvertes profite à l’ensemble, manque de ce grand instrument de perfectionnement et de communication qui unifie et grandit l’homme, — on peut même dire qui grandit la terre elle-même, car, sans la passion géographique qui illumina Colomb de ses pressentiments, où serait l’Amérique ? […] Quels sont nos droits, quels sont nos intérêts et notre politique dans la coopération sans titre et sans but que nous apportons à la destruction de cette antique, vénérable et civilisatrice unité humaine du plus vaste et du plus inoffensif empire que la terre ait jamais porté ? […] Est-ce que l’atlas ne vous dit pas, par toute la configuration du globe, que si l’Italie monarchisée, au lieu de dépendre d’elle-même, dépend des caprices d’un roi cisalpin, et que si ce roi la possède, au lieu de la couvrir, la France diminue de trente millions d’hommes son poids sur la terre et sur la mer, et que l’Angleterre gagne tout ce que la France perd au midi et à l’orient ? […] En parcourant d’un œil attentif toutes ces belles cartes réunies par un lien historique, dans cet atlas si admirablement groupé pour mettre l’univers en relief sous vos mains comme dans une exposition plastique du monde à toutes ses grandes époques, où tout ce qui est essentiellement mobile dans la configuration des empires parut un moment définitif, on sait tout de l’homme et tout de la terre politique ; on marche à travers les lieux et les temps avec un interprète qui sait lui-même toutes les langues et tous les chemins. […] En un mot, la main d’un enfant, grâce à cet atlas mnémonique du monde, nous décrirait le cours du temps, et sa voix nous raconterait jusqu’à nos jours les destinées universelles de la terre ; vous auriez cherché à faire un simple géographe, et vous auriez fait un historien, un moraliste, un philosophe, un politique, un théologien universel, un homme enfin embrassant d’un coup d’œil toutes les faces de l’humanité.
En d’autres termes, c’est le jour sidéral, c’est-à-dire la durée de rotation de la terre, qui est l’unité constante du temps. On admet, par une définition nouvelle substituée à celle qui est tirée des battements du pendule, que deux rotations complètes de la terre autour de son axe ont même durée. […] Beaucoup d’entre eux pensent que les marées agissent comme un frein sur notre globe, et que la rotation de la terre devient de plus en plus lente. Ainsi s’expliquerait l’accélération apparente du mouvement de la lune, qui paraîtrait aller plus vite que la théorie ne le lui permet parce que notre horloge, qui est la terre, retarderait. […] Il est à peu près vrai que le mouvement du pendule est dû uniquement à l’attraction de la Terre ; mais en toute rigueur, il n’est pas jusqu’à l’attraction de Sirius qui n’agisse sur le pendule.
Les petits enfans nez les uns plus près du pole et les autres plus près de la ligne, suivant la progression des habitations des hommes sur la terre, se seront moins ressemblé. […] Mais j’ajoûterai encore à ce que j’ai dit une refléxion, pour montrer combien il est probable que l’esprit et les inclinations des hommes dépendent de l’air qu’ils respirent, et de la terre sur laquelle ils sont élevez. […] Les nations principales de l’Europe ont aujourd’hui le caractere particulier aux anciens peuples qui habitoient la terre qu’elles habitent aujourd’hui, quoique ces nations ne descendent pas de ces anciens peuples. […] Il est vrai que les animaux ne tiennent point au sol de la terre comme les arbres et comme les plantes ; mais d’autant que c’est l’air qui fait vivre les animaux, et que c’est la terre qui les nourrit, leurs qualitez ne sont gueres moins dépendantes des lieux où ils sont élevez, que les qualitez des arbres et des plantes sont dépendantes du païs où ils croissent. […] Les francs qui s’établirent dans la terre sainte après qu’elle eut été conquise par la premiere croisade, y devinrent après quelques génerations aussi pusillanimes et aussi enclins à mal faire que les naturels du païs.
Comme un vent du printemps dissipe soudain les nuages, puis, remuant les profondeurs de la mer tumultueuse et stérile, et, sur la terre chargée d’épis, ravageant les beaux sillons de l’homme, monte jusqu’à la demeure inaccessible des dieux et éclaircit la face du ciel, tandis que l’éclat du soleil reluit sur la terre fertile et ne laisse plus de vapeurs visibles aux yeux ; ainsi marche la vengeance de Jupiter. […] Cette comparaison des prospérités coupables et passagères avec les nuées dont le ciel est obscurci, cette tempête du printemps qui les dissipe, et, au prix de quelques maux, rend la sérénité au ciel et une lumière féconde à la terre ; ce sont là des images dont la plus belle invention lyrique aimerait à se parer. […] Un autre, fendant la terre couverte d’arbres, est asservi pour l’année au maître des charrues recourbées ; un autre, avec l’art de Minerve et de l’inventif Vulcain, de ses deux mains durcies au travail, gagne sa vie ; un autre, instruit par les dons des muses olympiennes, sait la juste mesure de l’aimable sagesse. […] Jamais ne meurent sou noble souvenir ni son nom ; mais, sous la terre qui le couvre, il est immortel celui que, dans le feu de la victoire, de la résistance, du combat pour la patrie et la famille, le terrible Mars a frappé. […] mais que chacun reste ferme en avant, de ses deux pieds pressant la terre et serrant sa lèvre des dents, les cuisses, les jambes, la poitrine et les épaules couvertes d’un large bouclier !
Or, dans l’état où est l’agriculture, le décimateur et le roi prennent la moitié de ce produit net si la terre est grande, et ils le prennent tout entier si la terre est petite657. […] Vers la fin du règne de Louis XV, en Limousin, dit Turgot, le roi, à lui seul, tire « à peu près autant de la terre que le propriétaire658 ». […] À défaut de la terre, il saisit l’homme. […] En Auvergne697, dans la seule élection de Clermont, on compte cinquante paroisses où, grâce à cet arrangement, toutes les terres des privilégiés sont exemptes, en sorte que toute la taille retombe sur les taillables. […] L’homme, le paysan surtout, est tyranniquement asservi sur la terre malheureuse où il languit desséché… Il n’y a point de liberté, de prospérité, de bonheur, là où les terres sont serves… Abolissons les lods et ventes, maltôte bursale et non féodale, taxe mille fois remboursée aux privilégiés.
Clotilde venait de perdre sa mère, elle vivait dans sa terre de Vessau aux bords de l’Ardèche. […] Elle mourut dans sa terre de Vessaux, et fut ensevelie près de son fils et de sa petite-fille. […] La terre aussy n’eust-elle sa jeunesse ? […] Possible, alors que t’appelle tremblante, Qu’en terre estrange ez chargé de liens ! […] De la terre écraza les enfantz monstrueulx.
Ainsi Jupiter, Cybèle, Neptune, étaient simplement le ciel, la terre, la mer, que les premiers hommes, muets encore, exprimaient en les montrant du doigt, et qu’ils imaginaient comme des êtres animés, comme des dieux ; avec les noms de ces trois divinités, ils exprimaient toutes les choses relatives au ciel, à la terre, à la mer. […] Les premiers hommes (les poètes théologiens), encore incapables d’abstraire, firent une chose toute contraire, mais plus sublime : ils donnèrent des sentiments et des passions aux êtres matériels, et même aux plus étendus de ces êtres, au ciel, à la terre, à la mer. […] De l’ancien nom de ce dieu Jous, dérivèrent les génitifs Jovis et juris. — Les Latins appelaient les terres prædia, parce que, ainsi que nous le ferons voir, les premières terres cultivées furent les premières prædæ du monde. C’est à ces terres que le mot domare, dompter, fut appliqué d’abord. […] Mais nous voyons que, lorsque Agis voulut réellement introduire à Sparte un partage égal des terres conforme aux principes de la démocratie, il fut étranglé par ordre des Éphores.
Le devoir de défendre la patrie, de vivre et de mourir au besoin pour elle, pour ceux même qui ne sont pas encore nés, dignifie, sanctifie en passion désintéressée, en dévouement sublime, en sacrifice méritoire, en vertu glorieuse sur la terre, en mérite immortel dans la patrie future, ce devoir patriotique. […] Ils ne savent ni fonder ni conserver, ils ne savent que détruire et changer sur la terre ; ils sont le vent qui balaye le passé. […] Dieu l’a déposée dans les instincts des premiers-nés de la terre appelés hommes, et même dans les instincts organiques des animaux. […] Elle n’a pas pour objet seulement la perpétuation de l’espèce humaine par la vile satisfaction des besoins du corps humain sur cette terre ; mais elle a pour but surhumain la grandeur et la glorification de l’âme humaine par la vertu. […] En un mot, le vrai contrat social, au lieu de donner pour fin à la société mortelle la mort, donne pour fin à la société spiritualiste sur la terre le sacrifice, et pour fin à la société divinisée après la vie l’immortalité !
» — Toute la dévotion homérique est là dans sa rudesse ingénue : don pour don, réciprocité entre le ciel et la terre. […] Déjà il franchissait le rempart, quand Zeus le frappa de sa foudre, et la terre retentit au loin. […] C’est le miracle d’ÉIie à la renverse : le quadrige du devin païen qui sombre dans les entrailles de la terre fait pendant au char de feu du prophète biblique s’envolant au ciel. […] Étéocle sera enseveli dans la terre natale, car il a défendu la ville, et « il est tombé là où il est beau aux jeunes hommes de tomber ». […] Car moi-même, bien que femme, je creuserai sa tombe, et je le couvrirai de la terre apportée dans le pli de ma robe de lin.
… Le colossal travail d’Emile Zola, son œuvre éternelle comme les plantes, comme la terre qu’il chante, cette extraordinaire clarté répandue par lui sur le ciel, sur la nature et sur ouvrages dans lesquels tressaille la terre toute entière5… » On peut voir par ces quelques phrases, choisies çà et là, que la jeunesse naturiste ne ménage pas son admiration au maître naturaliste. […] Et il lui substitue sa rude clameur de revendication en faveur de la terre et de la matière, des sauvages ivresses de la chair, des saines émanations de la vie. […] L’énergie, le corps, la motte de terre, le sexe, la matière sous toutes ses formes, l’homme primitif, les animaux reprennent vie sous son regard obstiné. […] L’animal humain n’apparaît pas pour lui l’acteur isolé dans un site conventionnel, la terre et l’homme se communiquent la même chaude parole, échangent les mêmes fluides, participent au même souffle. […] Après lui, la « Terre » et la « Joie de vivre » restent encore à décrire, car nous mettons désormais sous ces mots une plus riche compréhension.
Ils embrassèrent, avec la vue du ciel, des notions plus exactes de la terre ; ils appliquèrent même la poésie aux phénomènes célestes, à la géographie, aux sciences naturelles, à l’ait de guérir. […] Car lui-même, au sommet d’airain des cieux, est inébranlablement fondé sur un trône d’or ; et de ses pieds il marche sur la terre, et il étend sa main droite juste qu’aux bornes de l’Océan. […] Lui-même, au sommet du grand ciel, il est assis sur un trône d’or ; et ses pieds marchent sur la terre, et il a étendu sa main droite jusqu’aux bornes de l’Océan ; et la base de la terre a tremblé et ne peut supporter son courroux. […] Des peuples nombreux entassent pour lui des moissons grandies sous les eaux du ciel ; mais aucun sol n’en produit autant que la basse terre d’Égypte, quand le Nil débordé vient émietter les glèbes humides. […] La terre et les fleuves bruyants obéissent à Ptolémée.
« Ne voyez-vous pas que la terre a envie de produire et de nous enrichir, de donner des sources et des fruits, de créer des races nouvelles, plus saines et plus durables, de créer sans mesure des peuples et des moissons ? […] « Je ne viens pas du ciel qui abaisse un regard de compassion sur la terre. […] « Nous sommes les intellectuels-rois, dites-vous… Le monde de l’instinct, le monde de l’amour, le monde de la terre et de la rue n’oseraient attenter à l’orgueilleuse royauté de notre intelligence. […] Ne sentez-vous pas que cet « absolu » aux pieds duquel vous vous agenouillez n’est que la finalité de l’énergie qui fait mouvoir votre bras et pousse le blé hors de terre ? […] En un mot, la vie supérieure pour nous consiste dans la reconnaissance de plus en plus large de toutes les patries comme nôtres, au lieu de l’isolement à l’écart sur un coin de terre impénétrable.
Les positions apparentes des étoiles diffèrent de leurs positions réelles, à cause du mouvement de la Terre, et comme ce mouvement est variable, ces positions apparentes varient. […] Les observations de l’aberration nous montrent donc non le mouvement de la Terre, mais les variations de ce mouvement, elles ne peuvent par conséquent nous renseigner sur le mouvement absolu de la Terre. […] On verrait alors que l’amplitude de l’oscillation dépend non seulement de la variation du mouvement, variation qui est bien connue, puisque c’est le mouvement de notre globe sur son orbite elliptique, mais de la valeur moyenne de ce mouvement de sorte que la constante de l’aberration ne serait pas tout à fait la même pour toutes les Étoiles, et que les différences nous feraient connaître le mouvement absolu de la Terre dans l’espace. […] Nous sommes loin, il est vrai, d’apprécier le millième de seconde, mais après tout, disent quelques personnes, la vitesse absolue totale de la Terre est peut-être beaucoup plus grande que sa vitesse relative par rapport au Soleil ; si elle était par exemple de 300 kilomètres par seconde au lieu de 30, cela suffirait pour que le phénomène devînt observable.
Il a fallu s’obérer davantage pour nourrir environ cinq cents bouches d’ouvriers de la terre sans pain. […] — Pourquoi ne vendiez-vous pas vos terres ? […] Ces terres sont affichées partout et tous les jours ; eh bien ! […] Le corps fut mis en terre avec tout l’appareil de l’ancien cérémonial, et, après la cérémonie, tous se prosternèrent et pleurèrent sincèrement sur son tombeau. […] J’en prends à témoin le ciel, la terre et mes ancêtres.
Il y a dans ces fragments une bonhomie de grands hommes qui caractérise l’Allemagne, cette terre de la naïveté dans la grandeur. […] Tout ce que le sort changeant jette parmi les enfants de la terre montera vers cette couronne de métal et la fera vibrer au loin. […] Nous ensevelissons dans le sein de la terre des semences encore plus précieuses, espérant qu’elles se lèveront du cercueil pour une meilleure vie. […] les doux liens sont à jamais brisés, car elle habite désormais la terre des ombres, celle qui fut la mère de famille. […] … Je lui fais des reproches d’avoir quitté cette belle terre.
La racine plonge dans la terre ; le cerveau plonge en Dieu. […] Le soir, il donnait à la terre la bénédiction, le « barac ». […] À eux deux ils ont la double voix qui parle à la terre et à la ville. […] Il évide la terre ; dans le trou terrible qu’il lui fait, il met Satan. […] On pourrait presque répondre : c’est la Terre.
On est au siège de Constantinople : les croisés attaquent par terre, et les Vénitiens avec leurs galères par mer. […] Il cria aux siens qu’ils le missent vitement à terre, ou sinon qu’il ferait justice de leurs corps. Et ils firent aussitôt à son commandement, car la galère où il était prit terre sur l’heure. Et ceux qui étaient dedans s’élancèrent et portèrent le gonfanon de Saint-Marc à terre. Quand les Vénitiens virent ce gonfanon ainsi que la galère de leur seigneur qui avait pris terre, chacun se tint pour honni s’il n’en faisait autant.
Il ne les perdit jamais entièrement ; il a de tout temps des impromptus comme celui-ci : Vous me croyez donc tous aux cieux, Étranger sur la terre ? […] Dans ses Époques de la nature, qui parurent en 1778, Buffon, ayant exposé sa théorie d’une terre originairement plus chaude qu’elle ne l’est aujourd’hui, plaçait le premier berceau de la civilisation chez un peuple primitif et antérieur à toute histoire connue, qui aurait habité le centre du continent de l’Asie. […] Je suis déjà entièrement de votre avis sur ce que vous dites qu’il n’est pas possible que différents peuples se soient accordés dans les mêmes méthodes, les mêmes connaissances, les mêmes fables et les mêmes superstitions, si tout cela n’a pas été puisé chez une nation primitive qui a enseigné et égaré le reste de la terre. […] Les abeilles sont le seul peuple qui l’ait conservé, parce qu’elles n’ont point encore imaginé l’excellent remède de se détruire dans sa patrie pour s’éviter l’ennui de vivre dans une terre étrangère. […] La jeunesse, bannie de son pays, ne l’a point quitté sans douleur ; elle a trouvé un ciel plus beau, une terre plus fertile, mais ce n’était pas le sol natal ; ce n’était plus ce ciel dont la lumière avait d’abord frappé sa vue, ce n’était plus cette terre où bon avait commencé à vivre, cette terre témoin des soins paternels, des jeux de l’enfance, où l’on avait reçu les premières impressions du plaisir et du bonheur.
Il loue la modération, la médiocrité, et cet âge antique, cet âge d’or antérieur à tous les maux que l’apparition de Pandore et sa malice sont venues verser sur la terre. […] La piété, la pudeur, la crainte de la justice se sont enfuies loin de la terre ; la tyrannie est plus forte. […] Il les avertit et les menace pour leur cupidité et leur injustice ; il leur prédit la vengeance des dieux, lesquels, après tout, sont plus près des hommes qu’on ne croit, car il y a jusqu’à « trente mille dieux sur la terre féconde, qui sont comme les sentinelles de Jupiter, et qui, invisibles, errent çà et là ». […] Il ne s’attache pas au sol comme Hésiode, il ne borne dans aucun sens ses horizons ; le plus ferme et le plus affranchi des esprits, il pénètre dans les profondeurs et les origines des mondes ; il en saisit le principe, les métamorphoses, la succession éternelle ; il débarrasse la terre de ses trente mille dieux, et même (chose plus grave !) […] Nos propriétaires ruraux ont fort amélioré et réhabilité depuis quelques années la race porcine : j’ai entendu là-dessus, de la part de gens d’esprit qui vivent dans leurs terres, plus d’une dissertation piquante.
Ainsi, sur cette vieille terre d’Europe si remuée et si travaillée, dans cette minière où sont usés tant de bras, un mouvement irrésistible, amené de loin et vainement attardé, fraye une voie nouvelle au triomphe de la religion et des arts. […] Les ruines désertes et les pierres brisées des inscriptions nous apprennent ce que cette terre admirable pourrait redevenir, non plus seulement sous la domination active d’une race d’Europe, mais sous la puissance électrique des arts nouveaux et de la science moderne. […] On le voit donc : loin que cette puissance d’action, ce spectacle des réalités éclatantes, qui est l’âme de la spéculation, soit épuisé pour nous, l’Europe est plus que jamais à portée de faire de grandes choses, de s’ouvrir de nouveaux horizons, de féconder des terres nouvelles et de recueillir des fruits mûrs qui l’attendent. […] Il a, sur cette vaste terre, suppléé par le scrupule moral et la contrainte volontaire à la rare et timide intervention d’une force officielle ; il a gouverné religieusement ces hommes si difficiles à maîtriser par l’autorité humaine ; et ainsi, à cette société active et calme, irrésistible et presque incontrôlable dans son droit populaire, il avait donné pour contrepoids et pour modérateur le droit évangélique228, la loi suprême de justice et de charité. […] La terre où le sentiment chrétien a tant de ferveur, où la règle religieuse a tant de puissance, est aussi le pays où, comme dans l’Asie et dans l’Europe chrétienne des premiers siècles, l’esclavage domestique, la vente, l’asservissement physique de l’homme sont encore maintenus.
Ses mémoires sont le récit de cette expédition si extraordinaire, dont le but était la délivrance de la terre sainte, et qui eut pour résultat la prise de Constantinople et l’établissement d’un empire français en Orient. […] Le projet primitif des croisés était de se rendre directement de Venise dans la terre sainte. […] « Quant il ot esté en la terre et il s’en dut partir, dit Villehardouin, li Bougre (les Bulgares) se furent assamblé de la terre, et virent que li marchis estoit à poi de gent, et il vinrent lors de toutes pars et assallirent à s’arriere-garde. […] Joinville pense plus à la terre qu’il a quittée qu’à celle qu’il va conquérir. « Et en brief tens, dit-il, le vent se feri ou voille, et nous ot tolu la veue de la terre, que nous ne veismes quele ciel et yeaue ; et chascun jour nous esloigna le vent des païs où nous avions esté nez. […] Voici la traduction de ce passage : « Et en bref temps le vent frappa dans les voiles, et nous enleva si bien la vue de la terre, que nous ne vîmes que le ciel et l’eau, et chaque jour le vent nous éloigna du pays où nous étions né.
… ……………………………………………………… Pan m’a dit : « Sois la voix de la terre et du monde. […] Pierre Camo, de sa terre natale a retenu le sens des couleurs, des parfums, l’harmonie voluptueuse des paysages. […] C’est elle, cette terre, qui met de l’ordre dans son esprit. […] Ce rêveur âprement s’enracine à la terre ! […] Elle n’aime, elle n’adore que Gaïa, la Terre.
Convaincu par son propre trouble, il s’arrête, épargne la terre, le village, la cité qui vit sous la sauvegarde du prêtre. […] Il a tenu dans ses mains le tiers des terres, la moitié du revenu, les chaux tiers du capital de l’Europe. […] Souvent c’est un comte carlovingien, un bénéficier du roi, le hardi propriétaire d’une des dernières terres franches. […] Ils travaillent pour lui, cultivent ses terres, font ses charrois, lui payent des redevances, tant par maison, tant par tête de bétail, tant pour hériter ou vendre : il faut bien qu’il nourrisse sa troupe. […] S’il est intelligent et bon fermier d’hommes, s’il veut tirer meilleur profit de sa terre, il relâche ou laisse se relâcher par degrés les mailles du rets où ses vilains et ses serfs travaillent mal parce qu’ils sont trop serrés.
Que le personnage de Morus, « assis bien tranquille », prenne la résolution de courir à son tour, qu’il se lève et qu’il coure : on aura beau soutenir que sa course est un déplacement réciproque de son corps et du sol, qu’il se meut si notre pensée immobilise la Terre, mais que c’est la Terre qui se meut si nous décrétons immobile le coureur, jamais il n’acceptera le décret, toujours il déclarera qu’il perçoit immédiatement son acte, que cet acte est un fait, et que le fait est unilatéral. […] La Terre est un système. […] Ainsi le système Terre, quand nous ne tiendrons compte que de son état de repos ou de mouvement par rapport à un autre système, pourra être envisagé par nous comme un simple point matériel : ce point deviendra alors le sommet de notre trièdre. Ou bien encore, laissant à la Terre sa dimension, nous sous-entendrons que le trièdre est placé n’importe où sur elle. […] La tendance à parler indifféremment du « système » ou du « système de référence » fut d’ailleurs immanente à la théorie de la Relativité dès l’origine, puisque c’est en immobilisant la Terre, en prenant ce système global pour système de référence, qu’on expliqua l’invariabilité du résultat de l’expérience Michelson-Morley.
Les Platoniciens disaient, que l’âme avait besoin d’un certain temps de séjour sur cette terre, pour s’épurer des passions coupables. […] -C. est descendu sur la terre ; et ces trois vertus tendent toutes également à soulager les malheureux. […] On appelle également bonheur, le contentement intérieur et les prospérités de la terre, et cependant rien ne diffère autant que ces deux sources de jouissances. […] Qui de nous sait quel rapport est établi entre les souvenirs de la terre et les jouissances célestes ? […] Oh Guilford, oh mon époux, vous dont la noble figure est sans cesse présente à mon cœur, vous retrouverai-je, tel que vous êtes, parmi les anges dont vous étiez l’image sur la terre ?
Bien que l’action se passe dans des régions ultra-terrestres, c’est bien un drame de la terre ; et, quoiqu’il ait pour titre : le Bonheur, c’est un drame d’une mélancolie profonde. […] Qu’est-ce à dire, sinon que ce paradis ressemble parfaitement à la terre ? […] Il renonce à décrire une autre musique que celle de la terre : n’est-ce point parce qu’il ne saurait, en effet, en concevoir une autre ? […] Sully-Prudhomme avait à peine encore atteint dans ses meilleures pages d’autrefois… Donc la Mort ramène sur la terre Faustus et Stella. […] Ce poème du Bonheur, qui se déroule dans les astres, nous enseigne que le bonheur est sur la terre.
Comme on en met par terre. […] L’inclinaison commençante générale vers la terre nourricière, vers la terre mère, vers la terre tombeau. […] La terre posée sur le dos. […] Il faut qu’une sainteté vienne de la terre, monte de la terre. […] Cet amour, cette piété, cette religion de la terre, d’une terre devient l’amour, la piété, la religion du ciel.
D’ailleurs, pouvait-on attendre plus de lumières astronomiques d’un prêtre romain, que de Tycho-Braé, qui continuait à nier le mouvement de la terre ? […] Qu’importe au laboureur que l’élément de la terre ne soit pas homogène, ou au bûcheron que le bois ait une substance pyroligneuse ? […] Les bras et les animaux rustiques se sont multipliés ; les manufactures et les produits de la terre ont dû augmenter et s’améliorer en proportion. […] C’est qu’en effet l’homme qui a laissé un seul précepte moral, un seul sentiment touchant à la terre, est plus utile à la société que le géomètre qui a découvert les plus belles propriétés du triangle. […] On sait qu’il y a erreur dans le texte de Plutarque, et que c’était, au contraire, Aristarque de Samos que Cléanthe voulait faire persécuter pour son opinion sur le mouvement de la terre ; cela ne change rien à ce que nous voulons prouver.
J’y étais seul, pendant un séjour que mon père, ma mère et mes sœurs étaient allés faire en Bourgogne, chez l’abbé de Lamartine, dans sa terre auprès de Dijon. […] Mais, quelque temps après, il voulut encore confirmer dans le passé féodal la possession de son nom par la possession d’une terre d’un nom à peu près pareil ; il me demanda si je ne connaissais point quelque terre de ce genre qu’il pût acheter dans un pays voisin du Dauphiné, sa patrie. […] Il acheta alors une magnifique terre dans les environs de Provins ; et il pensa à reprendre sa vocation ecclésiastique, qu’il avait abandonnée pour son mariage. […] lui répondis-je, cette magnifique terre de Plessis-les-Tournelles ? […] La destinée n’avait pas voulu qu’il restât rien sur la terre de sa charmante mère et de son infortuné père.
Dans les plus grandes sécheresses, la terre y est toujours couverte d’un gazon vert émaillé de fleurs. […] La terre y exhale une odeur délicieuse, c’est l’image des champs Élysées. […] sont enlevés à la terre ! […] « Allons chercher au ciel ce que nous ne pouvons plus trouver sur la terre ! […] La pensée me souleva dans cette partie du ciel où vit celle que je cherche et que je ne retrouve plus sur la terre.
Il faudrait convoquer la terre, le ciel et l’enfer à y assister. […] Paix sur la terre ! […] Une larme a coulé, la terre m’a reconquis ! […] comme il serait petit devant toi, comme il rentrerait en terre sous tes pieds, le grand homme ! […] Ici-bas, la terre ferme ne s’étend-elle pas ?
Mais son véritable géant, Shakespeare, est né, comme Antée, de lui-même et de la terre. […] Il est court dans son vol, il rase la terre et il badine au lieu de toucher. Aussi est-il par excellence le poète des esprits ingénieux, mais médiocres, qui n’ont pas d’ailes et qui jouent terre à terre à la poésie, au lieu de se laisser emporter par elle dans son ciel ; Musa pedestris ! […] Il lui faut une place à part dans la littérature, entre ciel et terre. […] On est homme de sens, homme d’esprit, homme de talent, homme de goût, le premier des critiques en action ; on contribue à faire les grands poètes, comme Boileau fit Racine, mais on est dépassé par ses disciples et on reste à jamais terre à terre, tandis qu’ils prennent leur vol vers la gloire avec les ailes que vous leur avez façonnées.
On abreuve les chevaux dans ces seaux, et les maillets sont pour ficher en terre les clous auxquels on les attache. […] On l’appelle aussi zemin bous, c’est-à-dire baiser la terre, où ravi zemin, c’est-à-dire le visage en terre. […] Il mit donc pied à terre avec deux de ses gens, qui le suivaient à cheval, savoir: son interprète et son intendant. […] Celui des Lesqui sortit le premier, et trouva ses chevaux au même lieu où il avait mis le pied à terre. […] Les Portugais en jouissent pour avoir cédé à la Perse les terres qu’ils tenaient dans le golfe.
quelle gémissante éloquence enfle la voix de la Terre ! […] La terre n’est pas vieille. […] Ils ont fait descendre le ciel sur la terre. […] À ceux qui n’ont pas de terre ici-bas, il montre les terres fleuries du ciel. […] Sois pieux, vénère la terre de la patrie.
Il s’efforce, tant il lui porte de tendresse, de le faire renoncer à cette entreprise ; mais Médor était déterminé ou à mourir ou à recouvrir d’un peu de terre la tombe de son seigneur. […] j’irai aussi, car quelle joie me resterait-il sur la terre, ô mon cher Médor, si j’y restais sans toi ? […] Médor, blessé, est relevé de terre par ses beaux cheveux blonds. […] Elle feint de se rendre à ses désirs, mais elle veut, dit-elle, lui faire avant un présent plus précieux pour un guerrier que le cœur de toutes les princesses de la terre. […] » Puis, en l’honneur de la victime, il fait décréter dans le ciel que toutes celles qui porteront sur la terre le nom d’Isabelle seront douées des mêmes charmes et des mêmes vertus.
Cherchez la vraie paix, non sur la terre, mais dans le ciel ; non parmi les hommes et les autres créatures, mais en Dieu seul. […] Il faut que vous soyez encore éprouvé sur la terre et exercé en diverses manières. […] Il faut les plaindre quelquefois et les envier souvent ; plus ils sont loin de la terre, plus ils sont près de Dieu. […] Celui-là est vraiment sage, qui, pour gagner Jésus-Christ, regarde comme de la boue toutes les choses de la terre. […] J’ai été délaissé, pauvre exilé, en une terre ennemie, où il y a guerre continuelle et de grandes infortunes.
Au pied du grand pan de vieux mur, sur le devant, paysan assis à terre et se reposant sur la gerbe qu’il a glanée. […] Au bas d’une petite façade, en retour de cette colonnade, l’artiste a répandu à terre un passager, qui se repose parmi des fragmens de colonnes. […] Trois marmites de terre de différentes grandeurs sont au fond de l’âtre. […] Que ce buste poudreux que vous me montrez à demi-enfoncé dans la terre, parmi des ronces ait un grand caractère, soit l’image d’un personnage fameux. […] En dedans, près cette porte, chien couché à terre.
L’amour est l’enthousiasme du cœur, la patrie est l’enthousiasme de la terre, mais la prière est l’enthousiasme de Dieu. […] Les flancs abaissés en larges degrés de ces montagnes descendent comme des plis de terre grisâtre vers le fond du vallon ; les pentes sont tachées çà et là de groupes de grands arbres noirs, cyprès, cèdres, sapins. […] Tant qu’il vivra sur la terre il n’y aura de sûreté ni pour toi ni pour le royaume. […] ” « Et Saül se retourna ; et David, touchant la terre de son front, l’adora ! […] La forme creuse des vallées et des ravins, la sonorité des rochers qui percent partout la terre, le retentissement des nombreuses cavernes qui déchirent partout aussi le creux de ces roches, y multiplient les échos.
Sans cette communication de l’homme vivant à l’homme vivant, et de l’homme mort à l’homme qui naît sur la terre, l’homme serait resté un être éternellement isolé, le grand sourd et muet des mondes ; il y aurait eu des hommes, il n’y aurait point eu de société humaine, il n’y aurait point eu d’humanité. […] » L’homme est une petite pincée de poussière organisée, poussière empruntée pour quelques jours à ce petit globule de matière flottante dans l’espace, appelé par nous la terre. Qu’est-ce que cette terre ? […] Si Dieu avait voulu la perfectibilité indéfinie de l’esprit humain sur cette terre, il aurait créé une langue une et immortelle entre tous les peuples et toutes les générations. […] Ainsi, il est évident que quand une philosophie aussi savante et aussi éloquente que celle de Job nous apparaît tout à coup avec le livre qui porte ce nom dans la Bible, cette sagesse, cette expérience, cette éloquence, ne sont pas nées sans ancêtres du sable du désert, sous la tente d’un Arabe nomade et illettré ; il est également évident que quand un poète comme Homère apparaît tout à coup avec une perfection divine de langue, de rythme, de goût, de sagesse, aux confins d’une prétendue barbarie, il est évident, disons-nous, qu’Homère n’est pas sorti de rien, qu’il n’a pas inventé à lui seul tout un ciel et toute une terre, qu’il n’a pas créé à lui seul sa langue poétique et le chant merveilleusement cadencé de ses vers, mais que derrière Job et derrière Homère il y avait des sagesses et des poésies dont ces grands poètes sont les bords ; littératures hors de vue, dont la distance nous empêche d’apprécier l’étendue et la profondeur.
L’obscurité de la terre se dissipe sous le dard enflammé du soleil ; et la couleur est rendue aux objets, avec la lumière de l’astre étincelant. […] S’agit-il du noble orgueil de l’esprit, dans sa croyance à l’immortalité, quel mécompte devaient lui donner ces vers d’Horace sur un sage illustre : « Ô toi qui mesurais la mer, et la terre, et le sable infini, Archytas, te voilà réduit à un peu de poussière, sur le rivage de Matine ! […] il faudra, ô terre ! […] Ces vers, on peut le dire, ne périront jamais, et seront chantés sur la dernière terre barbare que le christianisme aura conquise et bénie. […] « Pars-tu déjà, rappelé par la terre lointaine dont tu es le pasteur ?
Voilà donc que peu à peu la nation anglaise, enfoncée sous terre par la conquête comme par un coup de masse, se dégage et se relève ; cinq cents ans et davantage s’emploient à ce redressement. […] Elle a beau disparaître du grand monde, sous les mépris de la Restauration, et sous l’importation de la culture française ; elle subsiste sous terre. […] La côte est labourée, les vagues ont empiété, les arbres ont disparu, la terre s’est détrempée sous les averses incessantes, l’Océan est toujours là intraitable et farouche. […] Si vous montez sur une hauteur, vous voyez les bâtiments au loin par centaines et par milliers, posés comme en pleine terre ; leurs mâts alignés, leurs cordages grêles font une toile d’araignée qui ceint tout l’horizon. […] Chez nous le paysan, le dimanche, sort de sa cabane pour aller voir sa terre ; ce qu’il souhaite, c’est la possession ; ce que ceux-ci aiment, c’est le confortable.
Gillenormand, et maintenant feuilles tombées de toutes ces branches sans racines, et roulées sur la terre par le vent. […] La terre en été est aussi vite sèche que la joue d’un enfant. […] Elle s’applique et se superpose à la terre avec une sorte de succion. […] Ce qui est là-haut, au faîte, au sommet, au zénith, ce qui envoie sur la terre tant de clarté, verrait peu, verrait mal, ne verrait pas ? […] Autour du grand bassin, la terre était déjà séchée au point d’être brûlée.
Ô terre, engloutis-moi pour cacher ma honte ! […] Admirez cette terre sacrée, théâtre où les saints solitaires se livrent constamment aux exercices pieux de la dévotion la plus austère. […] Va donc, de grâce, à ma chaumière ; tu y trouveras un paon moulé en terre parfaitement colorée : prends-le, et reviens promptement avec ce trésor. […] Le gris, couleur de la cendre, de la terre nue, de la mer terne sous les nuages, est le symbole de la tristesse ; le noir, de la terreur et des enfers. […] Ô Terre, déesse toute-puissante, et toi, brillant Soleil, dieu de ma race, sages et saints, qui deviez la protéger, cruels, pourquoi avez-vous abandonné Sita à son destin ?
Là se disent des chants inconnus à la terre, Des chants trop forts pour l’homme, et que l’homme doit taire, Des chants que le Ciel envîrait ! […] Le roman, tout roman (il faut bien le dire) est plus ou moins contraire au sévère christianisme, parce que tout roman renferme en soi et caresse plus ou moins un idéal de félicité sur terre, ou un idéal de douleurs. […] La terre destinée à la semence a un aspect d’ordre qui est une véritable beauté. […] Aujourd’hui la terre est trop bello, Je n’en détache plus les yeux, Je t’y vois, et crois dans ces lieux Commencer la vie immortelle. […] Sens-tu, comme moi, qu’à la terre Ton destin n’est pas arrêté ?
Le printemps venait de l’emmener dans une terre assez éloignée avec sa tante, lorsque M. de Murçay, qui était resté à Paris jusqu’à la terminaison de l’affaire, arriva une après-midi de mai pour leur en annoncer le résultat. […] Il s’approcha d’elle, et mit un genou en terre ; elle ne le voyait pas. […] M. de Murçay avait une terre voisine de celle de Mme de Noyon. […] Il remarquait pour la première fois quelque arbre qui avait déjà jonché la terre de ses feuilles jaunies : « Oh ! […] Je partirai, j’irai en de lointains voyages, je reviendrai dans cette vieille terre pleine de vous, où je vous ai reçue ; je ne vous reverrai jamais !
L’enchanteur aux paroles magiques n’évoquait, pas seulement la personne des dieux, mais aussi leur cortège et leur attirail, leurs chars aériens et leurs hippogriffes, leurs descentes sur la terre et leurs ascensions vers le ciel. […] Eschyle semble le contemporain de cette zone excessive plutôt que celui de la terre exquise qui la remplaça. […] Cet aigle ne se trompait guère : si l’on classait les phases de l’esprit humain comme les périodes géologiques de la terre, c’est dans l’âge de pierre qu’il faudrait ranger le génie d’Eschyle. […] C’étaient le Chaos et la Nuit, Gaïa, la terre au vaste sein, Ouranos, l’espace étoilé, Cronos, l’ogre divin qui dévorait ses enfants ; et, dans une profondeur plus lointaine encore, Moira, la Parque suprême, l’inéluctable Destin. […] Ses divinités souveraines sont toujours Ouranos et Gaïa, le Ciel et la Terre, les « deux grands Compagnons de voyage », les « deux Parents du monde », des hymnes aryens.
Je mis pied à terre, et suivis la voiture. […] Une mousse verdâtre, toute parsemée d’épingles de pin, couvrait la terre. […] Fuyez-le en vous cachant dans la terre, il vous déterrera. […] Je mis pied à terre, et marchai à sa rencontre. […] venait-elle de la terre ?
, s’est transformé et ennobli chez Sophocle, lorsque Électre, invoquant la venue d’Oreste, s’écrie dès l’aurore : « O chaste Lumière, et toi, Air divin, enveloppe égale de la terre, que de chants lugubres vous avez ouïs de moi, que de coups retentissants contre ma poitrine sanglante, sitôt que la sombre nuit s’en est allée ! […] Il supplie, avec le cri de la tendresse, la terre d’être légère à celle qui, tant qu’elle vécut, l’a si légèrement foulée : « Je t’offre mes larmes là-bas jusqu’à travers la terre, Héliodora, je te les offre comme reliques de tendresse jusque dans les Enfers, des larmes cruelles à pleurer ! […] L’une tombe penchée sur les genoux de la mère, l’autre dans ses bras, l’autre à terre, l’autre à sa mamelle ; une autre, effarée, reçoit le trait en face ; une autre, à l’encontre de la flèche, se blottit ; l’autre, d’un œil qui survit, regarde encore la lumière. […] La terre bleuâtre s’est couronnée d’herbe verte, et les plantes poussant leur tige se sont enchevelées de jeune feuillage. […] Ou peut-être veut-il dire simplement qu’elle ne l’attende point vers la haute mer, et qu’il arrivera par terre du côté de la Carie et d’Halicarnasse, qui n’était séparée de Cos que par un trajet.
La terre n’étant point une exception dans notre système planétaire, rien ne peut forcer à croire qu’elle possède seule ce privilège d’être habitée et que ce ne soit pas une condition commune qu’elle partage, sauf variété, avec les autres planètes, ses compagnes et ses sœurs. […] Mais ici on est bien près de perdre terre, et M. […] « Les humanités des autres mondes et l’humanité de la terre sont une seule humanité. […] Pezzani n’hésite pas à affirmer que le vrai christianisme n’a pas à se soucier de cette pluralité des mondes ; qu’il n’en saurait être compromis ; que la venue du Messie n’est point d’ailleurs bornée nécessairement à notre terre ; qu’elle n’est qu’un cas particulier d’une loi divine plus générale. […] Les résultats sublimes, auxquels cette découverte l’a conduit, sont bien propres à le consoler du rang qu’elle assigne à la terre, en lui montrant sa propre grandeur dans l’extrême petitesse de la base qui lui a servi pour mesurer les cieux.
C’est à peu près comme si l’on disait : Il n’y a plus de roses, le printemps a rendu l’âme, le soleil a perdu l’habitude de se lever, parcourez tous les prés de la terre, vous n’y trouverez pas un papillon, il n’y a plus de clair de lune et le rossignol ne chante plus, le lion ne rugit plus, l’aigle ne plane plus, les Alpes et les Pyrénées s’en sont allées, il n’y a plus de belles jeunes filles et de beaux jeunes hommes, personne ne songe plus aux tombes, la mère n’aime plus son enfant, le ciel est éteint, le cœur humain est mort. […] L’entomologie a eu de l’avancement depuis le temps où l’on affirmait que le scarabée était un peu dieu et cousin du soleil, premièrement, à cause des trente doigts de ses pattes qui correspondent aux trente jours du mois solaire, deuxièmement, parce que le scarabée est sans femelle, comme le soleil ; et où saint Clément d’Alexandrie, enchérissant sur Plutarque, faisait remarquer que le scarabée, comme le soleil, passe six mois sur terre et six mois sous terre. […] Il savait d’innombrables choses, entre autres celles-ci : — La terre est plate. — L’univers est rond et fini. — La meilleure nourriture pour l’homme est la chair humaine. — La communauté des femmes est la base de l’ordre social. — Le père doit épouser sa fille. — Il y a un mot qui tue le serpent, un mot qui apprivoise l’ours, un mot qui arrête court les aigles, et un mot qui chasse les bœufs des champs de fèves. — En prononçant d’heure en heure les trois noms de la trinité égyptienne, Amon-Mouth-Khons, Andron d’Argos a pu traverser les sables de Libye sans boire. — On ne doit point fabriquer les cercueils en cyprès, le sceptre de Jupiter étant fait de ce bois. — Thémistoclée, prêtresse de Delphes, a eu des enfants et est restée vierge. — Les justes ayant seuls l’autorité de jurer, c’est par équité qu’on donne à Jupiter le nom de Jureur. — Le phénix d’Arabie et les tignes vivent dans le feu. — La terre est portée par l’air comme par un char. — Le soleil boit dans l’océan et la lune boit dans les rivières. — Etc. — C’est pourquoi les athéniens lui élevèrent une statue sur la place Céramique, avec cette inscription : À Chrysippe, qui savait tout. […] Et Aristote croyait au fait d’Andron d’Argos, et Platon croyait au principe social de la communauté des femmes, et Gorgisippe croyait au fait de la terre plate, et Épicure croyait au fait de la terre portée par l’air, et Hermodamante croyait au fait des paroles magiques maîtresses du bœuf, de l’aigle, de l’ours et du serpent, et Echécrate croyait au fait de la maternité immaculée de Thémistoclée, et Pythagore croyait au fait du sceptre en bois de cyprès de Jupiter, et Posidonius croyait au fait de l’océan donnant à boire au soleil et des rivières donnant à boire à la lune, et Pyrrhon croyait au fait des tignes vivant dans le feu. […] Je tombai sur ces vers puissants et sereins4 : — « La religion n’est pas de se tourner sans cesse vers la pierre voilée, ni de s’approcher de tous les autels, ni de se jeter à terre prosterné, ni de lever les mains devant les demeures des dieux, ni d’arroser les temples de beaucoup de sang des bêtes, ni d’accumuler les vœux sur les vœux, mais de tout regarder avec une âme tranquille. » — Je m’arrêtai pensif, puis je me remis à lire.
Le cœur humain fait son œuvre sur la terre, cela émeut les profondeurs. […] Il s’obstine à cet abîme attirant, à ce sondage de l’inexploré, à ce désintéressement de la terre et de la vie, à cette entrée dans le défendu, à cet effort pour tâter l’impalpable, à ce regard sur l’invisible, il y vient, il y retourne, il s’y accoude, il s’y penche, il y fait un pas, puis deux, et c’est ainsi qu’on pénètre dans l’impénétrable, et c’est ainsi qu’on s’en va dans les élargissements sans bords de la méditation infinie. […] Toute la somme de Dieu qu’il y a sur la terre dans tous les hommes se condense en un seul cri pour affirmer l’âme. […] Ces hautes âmes, momentanément propres à la terre, n’ont-elles pas vu autre chose ? […] Nous vous le déclarons, la terre a épuisé son contingent de grands esprits.
M. l’abbé Mitraud est un de ces esprits qui croient au développement futur ou possible sur la terre d’une justice et d’une liberté absolues, et qui commencent par oublier les conditions de la nature de l’homme et les idées qu’il faut avoir de la liberté et de la justice, car la liberté a ses trois limites de nombre, de mesure et de poids qu’aucune théorie ne saurait briser, et la Justice a son glaive à côté de sa balance, le glaive qui, par la rigueur du retranchement, rétablit l’égalité des proportions ! […] Enfin, comme tous les utopistes de ce temps et de tous les temps, qui ont renversé le grand aperçu chrétien, M. l’abbé Mitraud semble prendre la société pour un état définitif, au lieu de la concevoir comme un état de passage, et alors la question devient pour lui ce qu’elle fut, par exemple, pour Fourier, Saint-Simon et tant d’autres réformateurs, c’est-à-dire — qu’elle consiste à trouver des institutions qui établissent le ciel sur la terre, — ce qu’on cherchera probablement longtemps encore, — au lieu de faire monter la terre dans le ciel, comme la Religion nous l’enseigne, et, dans son affranchissement des âmes, sait l’exécuter tous les jours ! […] Il est évident, en effet, qu’au-dessous de toute cette battologie philosophique, l’auteur de la Nature des sociétés humaines ne sait pas ce qu’on doit entendre par ce mot de société dont il se sert, et qu’il en confond la notion métaphysique avec la notion historique des différents peuples qui se sont agités sur la terre et se sont efforcés de réaliser cet idéal de société qui, pour l’incrédule, n’est qu’une ironie et pour le chrétien qu’une aspiration ? […] Mais cet état des multitudes dans l’univers donne-t-il le droit d’affirmer à un penseur rigoureux que l’idéal social existe réellement sur la terre, en dehors de cette société, qu’on nous passe le mot : crépusculaire, créée par le christianisme entre les ténèbres de l’ancien monde et la lumière du Jour Divin ? […] Nous lui demanderons, enfin, s’il y a un christianisme transcendant, supérieur ; un christianisme de l’avenir, qui réalisera en ce monde une société parfaite, ainsi que l’ont cru tous les hérétiques, tous les illuminés et tous les utopistes de la terre ; et, s’il nous répond qu’il n’y en a pas, nous lui demanderons alors pourquoi le livre de M. l’abbé Mitraud ?
Cependant, pour rompre cette ennuyeuse et vile uniformité, il paraît quelquefois, sur la terre, des êtres uniques et qui ne tiennent à rien. […] « Les tyrans, les pestes et les tremblements de terre, sont faits pour détruire les hommes ; les princes pour les conserver. […] Jamais vous n’avez été plus grand, ni plus utile à la terre. » De ce sentiment d’humanité naît, dans le prince, le devoir d’adoucir la sévérité de la loi. […] Au lieu des moissons et des fruits de la terre qu’on nous arrachait, reçois des fruits qui ne se flétriront pas ; ce sont ceux de la gloire : c’est elle qui sans cesse renouvelle l’empire d’Auguste, qui empêche Trajan de vieillir, qui tous les jours ressuscite Marc-Aurèle. […] » « L’influence de la vertu du prince, dit-il à Théodose, ne se borne point à la terre.
Le croira-t-on, après tout le sang que l’Islamisme, ce sabre dont la terre entière a senti la ventilation, a versé ? Mahomet, le guerrier, le général d’armée, mais qui ne le devint qu’à cinquante ans, comme le rude Cromwell, était né doux, et ce qu’il sut du Christianisme ajouta encore à la disposition naturelle de son âme… À la première bataille à laquelle il assista, tout jeune qu’il fût, par conséquent d’autant plus susceptible de sentir l’ivresse du combat, il se contenta de ramasser tranquillement les flèches de ses oncles… C’était un de ces doux, à qui doit échoir l’empire de la terre. […] « L’Islamisme a pour lui le fait, — dit Barthélemy Saint-Hilaire, avec l’accent d’un fatalisme que je regrette de trouver sous une plume aussi lumineuse que la sienne ; — il a germé, par le fait, sur une terre où le Christianisme n’a pu s’implanter. » Mais cela tient-il à des circonstances qui pouvaient être hier encore et qui pourraient n’être plus demain ? ou cela tient-il à l’essence éternelle des choses, qui ferait de l’Arabie une terre condamnée et donnerait ce déshonorant soufflet au Christianisme de n’avoir pas la force de sa vérité et de se vanter, comme l’erreur se vante, quand il affirme que, de toutes les religions de la terre, il est, en raison de sa vérité même, incomparablement la plus puissante sur les esprits et sur les cœurs ?
Lorsqu’ils arrivèrent à l’Océan véritable, ils étendirent cette idée étroite, et désignèrent par le nom d’Océan la mer qui embrasse toute la terre comme une grande île81 82. […] De même le Pont où Jason conduisit les Argonautes, dut être la terre la plus voisine de l’Europe, celle qui n’en est séparée que par l’étroit bassin appelé Propontide ; cette terre dut donner son nom à la mer du Pont, et ce nom s’étendit à tout le golfe que présente l’Asie, dans cette partie de ses rivages où fut depuis le royaume de Mithridates ; le père de Médée, selon la même fable, était né à Chalcis, dans cette ville grecque de l’Eubée qui s’appelle maintenant Négrepont. — La première Crète dut être une île dans cet Archipel où les Cyclades forment une sorte de labyrinthe ; c’est de là probablement que Minos allait en course contre les Athéniens ; dans la suite, la Crète sortit de la mer Égée pour se fixer dans celle où nous la plaçons. […] Les Grecs ayant retrouvé dans toutes les contrées du monde un caractère de fondateurs des sociétés analogue à celui de leur Hercule de Thèbes, ils placèrent partout son nom et le firent voyager par toute la terre qu’il purgeait de monstres sans en rapporter dans sa patrie autre chose que de la gloire. […] Ces premières victimes furent les hommes encore sauvages qui osèrent poursuivre sur les terres labourées par les forts, les faibles qui s’y réfugiaient (campare en italien, du latin campus, pour se sauver).
L’Argolide a huit à dix milles de long et quatre à cinq de large ; la Laconie à peu près autant ; l’Achaïe est une bande étroite de terre sur le flanc d’une chaîne qui descend dans la mer. […] Défense au Spartiate de commercer, d’exercer une industrie, d’aliéner son lot de terre, d’en augmenter la rente ; il ne doit songer qu’à être soldat. […] Démèter signifie la terre mère ; et les épithètes des rituels l’appellent la noire, la profonde et la souterraine, la nourrice des jeunes êtres, la porteuse de fruits, la verdoyante. […] Il a foudroyé les Titans, le monstrueux Typhoée aux cent têtes de dragons, les noires exhalaisons qui, nées de la terre, s’entrelaçaient comme des serpents et envahissaient la voûte céleste. […] On la savait fille de Zeus, le Ciel foudroyant, née de lui seul ; elle s’était élancée de son front au milieu des éclairs et du tumulte des éléments ; Hélios s’était arrêté ; la Terre et l’Olympe avaient tremblé, la mer s’était soulevée, une pluie d’or, de rayons lumineux, s’était répandue sur la Terre.
L'un des traits les plus singuliers et les plus réguliers de la société de Paris, c’est que tous les quinze jours environ on a un sujet, un lieu commun de conversation nouveau, grand ou petit, comète ou révolution, tremblement de terre ou vente de charité, ou question d’Orient, ou Colomba, ou Lucrèce : on cause partout de la même chose, l’invention est rare, même pour les sujets de conversation ; chaque personne qui entre remet sur le tapis l’éternel dada. […] Bref on finit par en être excédé et par crier grâce, surtout quand il n’arrive pas de nouveau sujet, de nouveau tremblement de terre, de nouveau chef-d’œuvre. […] Depuis que la Lucrèce a gagné le gros lot, les tragédies sortent de terre. […] Mais rien de gravement menaçant au fond pour une nation, pour une société qui les secouera d’un revers de main le jour où ils oseraient oublier qu’ils n’ont jamais été chez eux en terre de France.
De nouveaux yeux s’ouvraient sur une nouvelle terre. […] Des centaines de millions d’hommes, d’êtres vivant, sentant et pensant, nés sur une terre identique à la nôtre, possédant les mêmes désirs que nous, pétris de la même substance, participant à la même vie, riches des mêmes énergies, se crurent, par la plus surprenante des aberrations, des condamnés à une peine irrémissible, la peine de vivre. […] Puisque la vie naturelle devait être mauvaise, puisqu’elle n’était qu’une expiation de mystérieux crimes ancestraux, fou, criminel et impie qui aurait tenté de la transformer en vue du bonheur sur cette terre ! […] En même temps il a pris conscience de son énergie et librement il s’est mis à vivre. « Au seizième siècle, c’était la terre qui retrouvait sa vraie place dans le ciel ; aujourd’hui c’est l’homme3… ».
À la vue de cet arbre, je demeurai longtemps stupéfait, car jamais la terre n’en produisit de pareil. […] Ce sont les Phéaciens qui possèdent cette ville et cette terre ; et moi, je suis la fille du magnanime Alcinoüs qui reçoit des Phéaciens la force et la puissance.” […] La terre est son marchepied. […] « Ce dominateur des cieux est partout, et il accomplit tout ce qui se fait sur la terre, lui qui est à la fois le commencement, le milieu et la fin. […] Ce fut alors qu’il disparut dix ans du monde, réfugié dans une cellule du couvent hospitalier des frères de Saint-Jean-de-Dieu, dans la rue Plumet, entre les pensées de Dieu et les désillusions de la terre.
Cette tristesse vague que toutes les choses de la terre me faisaient éprouver m’avait tourné vers l’infini. […] Il ne vivait réellement pas sur la terre ; sa conversation, comme disent les mystiques, était toute avec les anges ; mais c’étaient des anges sévères, qui ne souriaient jamais aux charmes terrestres de la création. […] « Il n’a donc jamais, celui-là, dans ses infortunes, levé les yeux vers le ciel, ou dans son bonheur abaissé ses regards vers la terre ? […] Saisie comme d’une étrange folie, elle marcherait d’éclipse en éclipse, ou, se roulant d’un flanc sur l’autre, elle découvrirait enfin cette autre face que la terre ne connaît pas. […] Un vieillard en sueur montait par le chemin (Un frère mendiant qui glane sur la terre) ; Il rapportait le pain et l’huile au monastère.
La terre ne fut plus qu’un nuage de poussière — à travers ce nuage, je vis les traits illuminés de la Bien-Aimée. […] Ils ont célébré leur terre natale et leur clocher ; ils ont chanté la famille, la mère, l’enfant ; ils ont écrit l’art d’être grand-père. […] Si la raison dominait sur la terre, il ne s’y passerait rien. […] Rien de plus prosaïque, et dans le sens précis de l’expression, rien de plus terre à terre que cette attitude si on la compare aux vols sublimes de Spinoza ou de Malebranche ; rien qui doive moins favoriser les élans, les fièvres, et les fureurs. […] Théorie de la terre, 1749.
« Ces atomes de vie, ces semences premières, sont toujours en égale quantité sur la terre et toujours en mouvement. […] « Quand la terre forma les espèces animales, plusieurs périrent par plusieurs causes à développer. […] Il ne voyait dans les pagodes souterraines, d’après le voyageur Sonnerat, que les habitacles des Septentrionaux qui arrivaient dans le midi et fuyaient, sous terre, les fureurs du soleil. […] — Oui, tout est vain sans doute, et cette manie, cette inquiétude, cette fausse philosophie, venue malgré toi lorsque tu ne peux plus remuer, est plus vaine encore que tout le reste. » « La terre est éternellement en mouvement. […] Cette particule de terre a été du fumier, elle devient un trône, et, qui plus est, un roi.
L’air, la terre, les eaux, les plantes, les êtres animés ne forment qu’un concert dont la note universelle est la joie de vivre. […] Pour animer ce séjour et pour occuper ses loisirs, cet ermite avait donc pris le parti de faire valoir lui-même ses terres considérables, défrichées çà et là sur les lisières de ses grands bois. […] Je ramassais les vers de terre coupés par le coutre du soc pour en nourrir mes rossignols en cage. […] Étendu ventre à terre sur le carreau, je soutenais ma tête sur mes deux mains accoudées du côté de la fenêtre. […] Je ne sentais pas que je chantais ainsi au branle de la cloche, et, quand elle se tut, je me relevai de terre indigné contre moi-même d’avoir chanté.
Depuis qu’en ces lieux le temps m’oublia seule, La terre m’apparaît vieille comme une aïeule Qui pleure ses enfants sous ses robes de deuil. […] Je passe ce congé au centre de mes occupations de vendeur de terre, et à proximité des hommes de loi, des hommes de banque et des hommes de trafic rural, auprès de la petite ville de Mâcon. […] Le soleil avait bu toute l’humidité de la terre ; les cimes nageaient dans l’été. […] Dieu est Dieu ; les prés, les terres et les maisons sont à lui, et il les change de maître quand il veut ! […] Vous savez que j’ai ajouté à ce cimetière ombragé de vieux noyers, un petit coin de terre retranché au jardin, afin que ce petit coin de terre, dont j’ai fait don au village, fût à la fois la propriété de la mort et la propriété de la famille, et que, si la nécessité nous dépouillait un jour de l’habitation et du domaine de Saint-Point, cette nécessité ne fît pas du moins passer ce domaine des morts dans les mains d’une famille étrangère ou d’un propriétaire indifférent.
La Belgique est devenue la terre d’élection de la vie citadine, de l’amour-propre urbain. […] On y travaillait le métal et la terre. […] Il aime la nature, il aime la terre, le murmure animal et végétal qui l’enchante. […] Un âpre parfum, la respiration nocturne de la terre, passait par intervalles. […] Connais l’idolâtrie De la terre natale !
Sa tête est un peu inclinée vers la terre, ou plutôt vers Pigmalion qui est à ses pieds. […] Un genou en terre, l’autre levé, les mains serrées fortement l’une dans l’autre, Pigmalion est devant son ouvrage et le regarde. […] Si ce groupe enfoui sous la terre pendant quelques milliers d’années, venait d’en être tiré, avec le nom de Phidias en grec, brisé, mutilé, dans les pieds, dans les bras, je le regarderais en admiration et en silence.
C’est toi qui me dérobas un jour celle qui était tout mon cœur, et maintenant tu le retiens en poussière, semblable au cadavre qui est déjà en terre et où les os ne sont plus joints aux nerfs ! […] J’ai des habits pour me couvrir, des aliments pour me nourrir, des chevaux pour me porter, un fonds de terre pour me coucher, me promener et déposer ma dépouille après ma mort. […] C’est au petit village d’Arquà, au flanc d’une de ces collines, que Pétrarque vieillissant se construisit sa dernière demeure sur la terre. […] C’est une scène de l’Arcadie dans la terre ferme de Venise ; l’air y est embaumé de l’odeur des foins et des gommes. […] La langue dans laquelle ces vers s’épanchent ne semble avoir été composée ni pour les hommes, ni pour les esprits délivrés de leurs corps ; mais c’est une langue entre ciel et terre, entendue également en haut et en bas, qui a de la terre la passion et la douleur, qui a du ciel l’espérance et la sérénité.
Depuis qu’on pouvait le mesurer à terre, il ne restait de lui qu’un honnête homme, un philosophe ténébreux, un fastidieux écrivain, la ruine d’une illusion d’homme d’État. […] Il y a un sanctuaire de l’âme où jamais son empire ne doit pénétrer ; s’il n’en était pas ainsi, que serait la vertu sur la terre ? […] La terre encore fraîche marquait la place où il avait été enseveli. […] Elle revint jouir de sa gloire à Coppet, à Genève, à Rouen, à Auxerre, enfin dans une terre de M. de Castellane, à douze lieues de Paris, sans oser s’en rapprocher davantage. […] Aimable et vertueux enfant, que la bénédiction de Dieu t’accompagne sur la terre et dans le ciel.
. — Terre latine (1897). — Terre latine (1898). — À travers les groins (1899). — La Pâque socialiste, conférence (1899). — L’Ennemi du peuple, conférence (1900). […] Remy de Gourmont Ayant écrit Vitraux, poèmes qu’un mysticisme dédaigneux pimentait singulièrement, et cette Terre latine, prose d’une si émouvante beauté, pages parfaites et uniques, d’une pureté de style presque douloureuse, M.
Comme dans le temple biblique, toutes les idoles tombèrent la face contre terre. […] Redescendue sur la terre, Diane garde envers ses initiés même une inviolable réserve. […] Elle relève la terre de l’excommunication qu’elle lui avait infligée. […] Athlète de la terre, il s’offre nu aux luttes du labour. […] Comme elle, il a si peu pesé sur la terre, que la louange même ne doit que glisser sur lui.
« C’est donc en vain que les dieux, dans leur prévoyance, ont séparé les terres des terres par l’insociable Océan, si, malgré leurs ordres, des nefs impies tentent de traverser ses détroits inviolables à leurs sacrilèges ! La race humaine, qui veut tout surmonter par son audace, se précipite dans l’impossible ; la race intrépide de Japet, Prométhée, par un coupable larcin, ravit le feu du ciel pour l’apporter à la terre. […] IX De telles odes n’étaient évidemment pas nées de la rude terre de Rome, mais de la terre légère et embaumée des îles de l’archipel grec. […] Rien à subir ici que le sourire de mes voisins, quand ils me voient remuer des mottes de terre ou épierrer mon champ. […] « Les voyageurs, couchés dans la barque sur le canal des marais Pontins, croient avancer et sont immobiles ; l’un d’eux se réveille à l’aube du jour et saute à terre, s’arme d’une baguette de saule, et en caresse les épaules des bateliers et de la mule assoupis.
Mais bientôt le vice-roi fut remplacé, par décret de la junte de Séville, et se retira dans l’intérieur des terres, à Cordoba. […] En récompense, on les avait emmenés et emprisonnés, à cent lieues dans l’intérieur des terres. […] Il a visité, à petites journées, la Toscane, l’Ombrie, la Terre d’Otrante, la Calabre. […] Quand l’âme était délivrée de l’épreuve de la terre. […] (Pourquoi l’armée de terre n’aurait-elle pas son Loti, tout comme l’autre, un Loti plus sérieux ?)
Emile Zola publiera un roman de sept cents pages intitulé la Terre. Il y aura dans ce roman, comme dans les autres, une Bête, qui sera la terre ; et, sur cette bête, vivront des bêtes, qui seront les paysans. […] La seule passion campagnarde étant, comme on sait, l’amour de la terre, vous prévoyez le sujet. […] Et le roman commencera ainsi : « Le soleil tombait d’aplomb sur les labours… L’odeur forte de la terre fraîchement écorchée se mêlait aux exhalaisons des corps en sueur… La grande fille, chatouillée par la bonne chaleur, riait vaguement, s’attardait, ses seins crevant son corsage..
Gide, après Paludes, s’est tourné vers la terre vivante. […] Pour chanter les choses de la terre, l’enthousiaste amour est utile. […] La bénédiction de la terre se fit sentir dans son esprit. […] Il a dénombré les choses de la terre.
Que peuvent contre lui tous les rois de la terre ? […] Neptune, soulevant les ondes, ébranle la terre immense ; l’Ida secoue ses fondements et ses cimes ; ses fontaines débordent : les vaisseaux des Grecs, la ville des Troyens, chancellent sur le sol flottant. » Pluton sort de son trône ; il pâlit, il s’écrie, etc. […] Alors les eaux ont été dévoilées dans leurs sources ; les fondements de la terre ont paru à découvert, parce que vous les avez menacés, Seigneur, et qu’ils ont senti le souffle de votre colère. » « Avouons-le, dit La Harpe, dont nous empruntons la traduction, il y a aussi loin de ce sublime à tout autre sublime, que de l’esprit de Dieu à l’esprit de l’homme.
Une portion de l’air et de la seve de la terre des Canaries passe en Angleterre dans les vins de ces isles qu’on y transporte en si grande quantité. L’usage frequent et habituel des denrées des païs chauds rapproche donc, pour ainsi dire, le soleil des païs du nord, et il doit mettre dans le sang et dans l’imagination des habitans de ces païs une vigueur et une délicatesse que n’avoient pas les ayeux, dont la simplicité se contentoit des productions de la terre qui les avoit vû naître. […] Il se peut faire qu’en un certain païs les émanations de la terre soient trop grossieres.
L’ancêtre ou le père continuait à vivre sous la terre, d’une existence affaiblie sans doute, mais aussi réelle et aussi distincte que celle que le soleil avait éclairée. […] Cette apothéose souterraine n’était pas un privilège, mais une loi commune ; elle transfigurait les bons et les méchants également. « L’air plein de dieux », dit quelque part Homère : la terre n’était pas moins pleine de divinités. […] Les Devins, sous l’étreinte des Dieux, ont dit que les morts frémissaient sous la terre, et que leur fureur s’enflammait contre les meurtriers. » — Les Choéphores chantent en marchant, selon les rites des cérémonies expiatoires ; mais leur chant lugubre se retourne contre celle qui l’a commandé ; la supplication s’y défigure en malédiction. […] Quand la terre l’a bu, la souillure est ineffaçable. […] Faut-il leur renvoyer l’urne qui a recueilli les cendres du mort, ou doit-il être enseveli dans la terre dont il fut l’hôte ?
En premier lieu leur pays est situé dans l’intérieur des terres, et nous démontrerons dans ce livre que les peuples habitèrent d’abord les contrées méditerranées et ensuite les rivages. […] Mais il en fut sans doute autrement chez les nations sorties de Cham et de Japhet (ou Japet) ; les descendants de ces deux fils de Noé durent se disperser dans la vaste forêt qui couvrait la terre. […] Mais lorsque la terre desséchée put de nouveau produire le tonnerre par ses exhalaisons, les géants épouvantés rapportèrent ce terrible phénomène à un Dieu irrité. […] Dès que les géants, quittant leur vie vagabonde, se mettent à cultiver les champs, nous voyons commencer l’âge d’or ou âge divin des Grecs, et quelques siècles après celui du Latium, l’âge de Saturne, dans lequel les dieux vivaient sur la terre avec les hommes. […] Mais le sénat conserva son empire souverain sur toutes les terres de la république, et le maintint jusqu’à la fin par la force des armes.
De même que, sous le beau climat de l’Ionie et de la Grèce orientale, le spectacle éblouissant de la terre et des cieux suscitait des hymnes de louanges, et, en quelque sorte, une apothéose de la nature, ainsi l’étude réfléchie de ses merveilles, la recherche de leurs causes, l’interprétation de leurs symboles, firent naître un autre enthousiasme, qui prit bientôt le même langage. […] Le pieux orgueil d’un tel espoir s’entretenait, chez le philosophe, par l’idée d’une vie conforme à l’origine de Famé et qui la conservât pure au milieu des contagions de la terre. […] Tu feras tomber la fougue des vents indomptés, qui, lancés sur la terre, tuent les moissons de leur souffle ; et de nouveau, si tu le veux, lu ranimeras leur violence. […] En même temps que, dans ses vers, il se donnait pour un être surnaturel, ou du moins pour un être humain rendu de nouveau à la terre, après avoir passé par les cieux, tout son langage recommandait le culte des dieux et le respect de la vertu. […] La mer les a revomies sur le sol de la terre.
Ce coin de terre n’était plus maître de ses destinées. […] Abandonnons cette folle présomption de nous croire indispensables à la terre. […] Mais la terre, enfin, qui va leur manquer sous les pieds ? […] la terre, la pauvre terre usée, la terre abolie, fi donc ! […] Terre, sois verte !
me dis-je, mais c’est ce vieux tremblement de terre de B***. […] Pour moi, un être individualisé, le tremblement de terre de B***. […] Ils sont le tremblement de terre. […] Le tremblement de terre de San Francisco fut une grande catastrophe. […] c’est ce vieux tremblement de terre. » Analogue avait été l’impression des autres assistants.
………………………………………………………………………………………… Il n’y a plus que toi et que moi sur la terre. […] Cependant, ce dernier volume, la Figure de proue, se termine par un hymne à sa terre natale. […] Obsédée par cette pensée d’être un petit être éphémère, accroché aux flancs de la Terre, ce grain de poussière égaré dans l’espace, Cécile Sauvage a intitulé son livre : Tandis que la Terre tourne. […] La terre est vaste, Ses chemins useront les pieds des voyageurs ! […] « Et regardez donc ces hommes : leur œil en témoigne, ils ne connaissent rien de meilleur sur la terre que de coucher avec une femme.
Il ne cherche pas à détourner Gusman d’un crime particulier ; il lui conseille une vertu générale, la charité, sorte d’humanité céleste, que le Fils de l’Homme a fait descendre sur la terre, et qui n’y habitait point avant l’établissement du christianisme24. […] Le ciel venge la terre : il est juste, et ma vie Ne peut payer le sang dont ma main s’est rougie. […] Pour que le misérable trouvât quelque pitié sur la terre, il fallait que Jupiter s’en déclarât le protecteur ; tant l’homme est féroce sans la religion !
Jeté sur des terres molles et tremblantes, à travers les éléments épais ou subtils, … il marche, il vole, il nage, il rampe. […] Enfin, il aperçoit au loin une haute structure, dont les marches magnifiques s’élèvent jusqu’aux remparts du ciel… Perpendiculairement au pied des degrés mystiques, s’ouvre un passage vers la terre… Satan s’élance sur la dernière marche, et plongeant tout à coup ses regards dans les profondeurs au-dessous de lui, il découvre, avec un immense étonnement, tout l’univers à la fois. […] Qu’est-ce que Junon allant aux bornes de la terre en Éthiopie, auprès de Satan remontant du fond du chaos jusqu’aux frontières de la nature ?
On jette enfin de la terre sur la tête, et en voilà pour jamais. » Comme ce dernier mot est effrayant ! On voit d’abord la comédie, et puis la terre, et puis l’éternité. […] quelle force invincible et accablante de témoignages rendus successivement et pendant trois siècles entiers par des millions de personnes les plus sages, les plus modérées qui fussent alors sur la terre, et que le sentiment d’une même vérité soutient dans l’exil, dans les fers, contre la vue de la mort et du dernier supplice !
Les anciens n’ont connu que l’éloquence judiciaire et politique : l’éloquence morale, c’est-à-dire l’éloquence de tout temps, de tout gouvernement, de tout pays, n’a paru sur la terre qu’avec l’Évangile. […] La politique et les choses de la terre ne lui sont point inconnues ; mais ces choses, qui faisaient les premiers motifs de l’éloquence antique, ne sont pour elle que des raisons secondaires ; elle les voit des hauteurs où elle domine, comme un aigle aperçoit, du sommet de la montagne, les objets abaissés de la plaine. […] Vous atteindrez au comble de vos vœux, vous jouirez de tous vos désirs, vous deviendrez roi, empereur, maître de la terre : un moment encore, et la mort effacera ces néants avec votre néant. » Ce genre de méditations, si grave, si solennel, si naturellement porté au sublime, fut totalement inconnu des orateurs de l’antiquité.
Au sein de l’Italie même, et dans les climats les plus riants, la terre devint stérile et sauvage. […] Sur une partie de la terre régnaient la dévastation, le silence, et cet étonnement stupide qui suit les grands malheurs. […] Alphonse, en Espagne, fut astronome, et réforma les cartes des cieux ; mais on n’en ignora pas moins l’art de parler et d’écrire avec éloquence sur la terre. […] Qu’on imagine un pays couvert autrefois de villes florissantes, mais renversées par des secousses et des tremblements de terre, et un peuple entier assoupi sur ces ruines, au bout de mille ans s’éveillant tout à coup comme par enchantement, ouvrant les yeux, parcourant les ruines d’un pas incertain, et fouillant à l’envi dans les décombres, pour en arracher ou imiter tout ce qui a pu échapper au temps : tels parurent les Européens dans cette époque. […] Veut-on que des hommes, ensevelis dans les mines, parlent avec éloquence de ce qui se passe sur la terre ?
A son retour, il reprit, plus que jamais, son train de vie qu’il n’avait guère interrompu en terre papale, et mourut de débauche avant quarante ans. […] Il est vrai que du milieu du paysage, tout en s’y promenant ou couché à la renverse sur le gazon, on jouit du ciel et de ses merveilleuses beautés, tandis que l’œil humain, du haut des nuages, l’œil d’Élie sur son char, ne verrait en bas la terre que comme une masse un peu confuse. Il est vrai encore que le paysage réfléchit le ciel dans ses eaux, dans la goutte de rosée, aussi bien que dans le lac immense, tandis que le dôme du ciel ne réfléchit pas les images projetées de la terre. Mais, après tout, le ciel est toujours le ciel, et rien n’en peut abaisser la hauteur. » Ajoutez, pour être juste, que le ciel qu’on voit du milieu du paysage d’André Chénier, ou qui s’y réfléchit, est un ciel pur, serein, étoilé, mais physique, et que la terre aperçue par le poète sacré, de dessus son char de feu, toute confuse qu’elle paraît, est déjà une terre plus que terrestre pour ainsi dire, harmonieuse, ondoyante, baignée de vapeurs, et idéalisée par la distance. […] — puis, revenu à terre et rentré dans la vie réelle, qu’il eût buriné en traits d’une empreinte ineffaçable ces grands qui l’écrasaient et croyaient l’honorer de leurs insolentes faveurs ; et, cela fait, l’heure de sortir arrivée, qu’il eût fini par son coup d’œil d’espoir vers l’avenir, et son forsan et hæc olim ?
Phidias dessine plus correctement et proportionne plus suavement ses figures à la taille et aux contours des modèles parfaits que lui fournit l’Attique ou l’Ionie, ces deux terres de la beauté virile et de la beauté féminine. […] La terre donne des empires ; le ciel seul donne la gloire aux règnes. […] La terre a recueilli ton beau corps et le ciel tes saintes pensées ! […] « Que son exemple serve pour mille, puisqu’il n’y eut jamais d’exil aussi indigne que son exil, comme il n’y eut jamais sur la terre un plus grand proscrit que lui ! […] Il fit approcher son confesseur, son médecin, ses élèves favoris, et leur dicta en trois lignes son testament : « Je donne mon âme à Dieu, mon corps à la terre, mon bien à mes proches.
Jeté dans les déserts de la Sibérie, il avait ; comme les anciens philosophes, ouvert une école sur la terre de l’exil. […] Elle résolut de cultiver avec son esclave un petit coin de terre, afin de se procurer de quoi vivre. […] Une teinte sombre se répand sur les cœurs, les maisons, le ciel et la terre de l’île. […] Les oiseaux de marine se réfugient à terre: certainement tous ces signes annoncent un ouragan. — Eh bien ! […] On n’apercevait aucune partie azurée du firmament ; une lueur olivâtre et blafarde éclairait seule tous les objets de la terre, de la mer et des cieux.
Nous recommandons plus particulièrement à ceux que la pensée politique préoccupe, et qui aiment à voir le talent des artistes s’en faire l’auxiliaire et l’organe, cette troisième partie où sous le nom de Salvator, le génie mécontent, sinistre et découragé, est repris, remontré par l’homme du peuple en ces termes magnanimes : Du peuple il faut toujours, poëte, qu’on espère, Car le peuple, après tout, c’est de la bonne terre, La terre de haut prix, la terre de labour ; C’est ce sillon doré qui fume au point du jour, Et qui, empli do séve et fort de toute chose, Enfante incessamment et jamais ne repose. […] Le poëte, en des vers pleins de tendresse, conjure cette belle contrée, alors qu’elle pourra renaître, de ne s’adresser jamais qu’à ses enfants : Dans tes fils réunis cherche ton Roméo, et il repousse d’elle avec effroi toute intervention de l’étranger, du barbare, comme il dit, dans cette délivrance sacrée : Car ce qui n’est pas toi ni la Grèce ta mère, Ce qui ne parle pas ton langage sur terre, Et tout ce qui vit loin de ton ciel enchanteur, Tout le teste est barbare et marqué de laideur.
* * * Cependant, une telle frénésie qui agite les hommes de vingt ans, à cause de leur éducation et par l’effet du profond tremblement dont fut marquée la terre française en 1870, à quoi pouvons-nous l’occuper ? […] Les puissantes statues de Rodin, en qui la sève des terres paraît frémir encore, malgré leur force compacte et sombre, la mystérieuse torpeur du marbre ou de l’airain, le Saint-Jean, le Baiser, les Bourgeois de Calais, voilà aussi de surprenants éducateurs ! Par l’entremise de ces figures nous ̃ avons connu que le monde terrestre nourrit des héros éternels, qu’ils songent, ceux-ci, ténébreusement, au flanc des montagnes et qu’il suffirait d’un grand homme afin d’en accoucher la terre. […] * * * Réveil de l’esprit national, culte de la terre et des héros, consécration des civiques énergies, voilà donc les sentiments qui constituent à la jeunesse contemporaine un caractère si singulier, si inattendu et admirable.
La plupart de ces débris tombent à terre sans que personne les ramasse. […] La France a été la terre de prédilection de cette littérature du plaisir et du passe-temps. […] La société comme la terre, n’est jamais plus féconde que quand elle a été bien remuée par le soc des révolutions : elle produit alors des plantes inattendues. […] On l’appelait sur la terre la Malibran ; on l’appelle sans doute au ciel la sainte Cécile du dix-neuvième siècle. […] Il te fallait un poète à l’image de ta politique ; car enfin les poètes sortent de terre comme en France sortent les soldats, quel que soit le parti qui frappe du pied cette terre féconde.
Et la dernière planche le représente écrivant les Mémoires de sa vie sur la terre. […] Un faisan qui s’épouille au milieu des traces que ses pattes ont laissées sur une terre rouge. […] Mettez le citron, ainsi découpé, dans une marmite de terre. […] Quatre femmes couchées à terre, dans des allongements d’une élégance adorable. […] Un Japonais qui lit, couché à terre.
L’enthousiasme qui extravague entre ciel et terre sur des flots d’images, d’apostrophes, d’éjaculations, n’est au fond qu’une sublime démence du génie. […] Il ruisselait ensuite dans un bassin, s’engouffrait de nouveau sous terre, et allait s’étendre et se reposer enfin dans un étang au pied du monticule de mousse. […] Aussitôt Minerve fait souffler de terre un vent favorable, l’impétueux Zéphire, qui rebondit sur la mer ténébreuse. […] Alors des hommes robustes se lèvent et versent le vin dans des coupes d’or… puis on prépare tout pour le voyage par terre que Nestor conseille à son hôte. […] Ulysse, employant l’adresse, s’assied à terre, et le bâton glisse de sa main.
« Posez la main sur la terre, et dites-moi pourquoi elle a tressailli. […] « Jamais le ciel n’aura été aussi serein, ni la terre aussi verte et aussi féconde. […] « Pouvez-vous aller d’un lieu à un autre si on ne vous le permet, user des fruits de la terre et des productions de votre travail, tremper votre doigt dans l’eau de la mer et en laisser tomber une goutte dans le pauvre vase de terre où cuisent vos aliments, sans vous exposer à payer l’amende et à être traînés en prison ? […] « Vous voulez qu’elle règne sur la terre, et le méchant y oppose sa volonté mauvaise.
Voici une description de Buffon : Qu’on se figure un pays sans verdure et sans qu’au, un soleil brûlant, un ciel toujours sec, des plaines sablonneuses, des montagnes encore plus arides, sur lesquelles l’œil s’étend et le regard se perd sans pouvoir s’arrêter sur aucun objet vivant ; une terre morte et, pour ainsi dire, écorchée par les vents, laquelle ne présente que des ossements, des cailloux jonchés, des rochers debout ou renversés, un désert entièrement découvert, où le voyageur n’a jamais inspiré sous l’ombrage, où rien ne l’accompagne, rien ne lui rappelle la nature vivante : solitude absolue, mille fois plus affreuse que celle des forêts ; car les arbres sont encore des êtres pour l’homme qui se voit seul ; plus isolé, plus dénué, plus perdu dans ces lieux vides et sans bornes, il voit partout l’espace comme son tombeau : la lumière du jour, plus triste que l’ombre de la nuit, ne renaît que pour éclairer sa nudité, son impuissance, et pour lui présenter l’horreur de sa situation, en reculant à ses yeux les barrières du vide, en étendant autour de lui l’abîme de l’immensité qui le sépare de la terre habitée : immensité qu’il tenterait en vain de parcourir ; car la faim, la soif et la chaleur brûlante pressent tous les instants qui lui restent entre le désespoir et la mort. […] Mais lisez maintenant cette page de Fromentin, d’un art absolument contraire : C’est une terre sans grâce, sans douceurs… Un grand pays de collines expirant dans un pays plus grand encore, et plat, baigné d’une éternelle lumière ; assez vide, assez désolé pour donner l’idée de cette chose surprenante qu’on appelle le désert ; avec un ciel toujours à peu près semblable, du silence, et de tous côtés des horizons tranquilles. […] Peu à peu cependant l’œil s’accoutume à la grandeur des lignes, au vide de l’espace, au dénûment de la terre, et si l’on s’étonne encore de quelque chose, c’est de demeurer sensible à des effets aussi peu changeants, et d’être aussi vivement remué par les spectacles en réalité les plus simples. […] L’inventaire à la façon de Delille, qui épuise le ciel, puis la terre, puis l’eau, est un procédé facile, mais de nul effet.
Don Juan met l’épée à la main ; Arlequin se couche à terre sur le dos, tient sa flamberge pointe en l’air, de manière que son adversaire la rencontre toujours en ferraillant ; ce jeu de théâtre bien exécuté faisait le plus grand plaisir. […] Revenant ensuite vers Pantalon, il lui donne un coup dans l’estomac, le renverse et tombe par terre avec lui. […] Lazzi de frayeur d’Arlequin ; il veut se sauver, tombe sur le commandeur étendu par terre, se relève et s’enfuit. […] Debout dans un baril défoncé, tenant sa lanterne élevée, Arlequin paraît sur les flots, prend terre, fait une culbute, et se trouve sur ses pieds, hors du baril. […] Des chants lugubres et mystérieux se font entendre ; la statue se lève, le tonnerre gronde, la terre s’ouvre, la flamme infernale brille, et l’homme de pierre entraîne l’impie dans l’abîme.
Mais la seconde réconciliation s’est opérée, et nous continuons notre marche vers la nouvelle terre sociale. […] Comme de savants géologues trouvent dans les productions fossiles, et dans les différentes couches de la terre, plusieurs âges de la nature, je trouvais plusieurs âges de civilisation dans les ruines de Rome. […] Dans de certaines contrées de l’Asie ou de l’Afrique, des colonnes tronquées s’élèvent au milieu de vastes déserts qui furent jadis des villes florissantes, et attestent encore aujourd’hui la puissance des vastes empires qui, depuis tant de siècles, ont cessé de régner : nous ne souffrirons point que de pareils débris continuent de peser sur la terre de la patrie, pour nous retracer une civilisation qui n’est plus, pour nous rappeler des souvenirs qui semblent nous importuner. […] À présent toute terre est cultivée ; et la science, sortie du sein des cloîtres, du fond des sanctuaires, s’est répandue parmi les peuples. […] C’est toujours en menaçant qu’il demande tantôt du pain et des spectacles, tantôt l’abolition des dettes et le partage des terres, tantôt, ainsi que l’on vient de le voir en Angleterre, l’anéantissement de ces machines muettes qui multiplient les produits de l’industrie sans le secours de la main de l’homme.
Mais l’idéal amphigouri, car il est idéal, qui est le caractère spécial du livre de Mme de Blocqueville, dissimule bien mieux l’imitation que tous les jasmins de la terre, en pleine plate-bande, ou en pot, en fleurs ou en pommade ! […] C’est ce catholicisme de trop de longueur de nez qui hume et flaire pour l’avenir le règne du Saint-Esprit sur la terre, pressenti déjà et annoncé par les Millénaires et tous les Mystiques dévoyés, qui n’ont en eux ni le Saint-Esprit, ni l’autre non plus ! […] Vous pouvez, pour vous en divertir ou vous en attrister, y aller regarder ce que le bas-bleuisme peut faire d’une femme qui fut spirituelle, et Parisienne et du faubourg Saint-Germain, et qui se moque bien de tout cela, maintenant que la voilà passée comète et, dans son ascension à travers les astres, ne touchant plus à cette misérable terre que par l’extrémité de ses peignoirs ! […] — la duchesse Eltha ne se contente pas de sa queue céleste et à poste fixe de comète : elle y ajoute les traînes de la terre. […] Combien cela ramène délicieusement sur la terre du fond du monde stellaire, des météores et des comètes, et dans les détails intimes et négligés des chambres à coucher !
Décourage-toi d’espérer en vain de voir le beau sur la terre ailleurs que dans tes rêves ! […] que le beau, cette rosée du ciel qui tombe en plein sur cette terre, coule à pleine séve de tes recherches classiques dans tes souvenirs, et de tes souvenirs dans tes vers, et de tes vers ou de ta prose dans l’âme charmée de tes lecteurs ! […] Tout à coup, à travers une de ces déchirures de la brume, j’aperçus comme au-dessus d’un vaste piédestal de nuées, entre ciel et terre, un édifice carré de marbre blanc sur lequel le soleil de l’Attique se répercutait éblouissant, mais mat comme le soleil d’une autre terre ; il laissait lire sans éblouissement les lignes nettes, pures, rectangles de l’édifice ; on aurait compté les colonnes et recomposé les figures et les groupes des frontons. […] Nous sortîmes par des sentiers sans noms et sans traces, franchissant à tout moment des brèches de murs de jardins renversés, ou des maisons sans toits, ou des ruines amoncelées sur la poussière blanche de la terre d’Attique. […] Ce sont de ces révélations que le ciel ne donne pas deux fois à la terre : c’est comme le poème de Job ou le Cantique des Cantiques ; comme le poème d’Homère ou la musique de Mozart !
(L’ombre sort de terre.) […] que la terre te cache ! […] dût le blé chargé d’épis coucher abattu sur la terre ! […] (Le fantôme s’enfonce sous la terre.) […] (Le fantôme rentre dans la terre.)
Ils m’apprirent les longues histoires de Cronos, qui a créé le monde, et de son fils, qui a, dit-on, accompli un voyage sur la terre. […] Les habitants actuels de la terre que tu donnas à Érechthée, je les exalterai, je les flatterai. […] Le « royaume de féerie », le plus beau qui soit en terre, est son domaine. […] C’était un esprit de la terre plus qu’un saint. […] Le premier qui, en passant, regarda pax la fenêtre ouverte et le vit étendu par terre, s’enfuit à toutes jambes.
Ce qui frappe tout d’abord, c’est que la plupart des espèces ont toujours apparu très lentement et les unes après les autres, soit sur la terre, soit dans les eaux. […] Les habitants de la terre semblent se transformer plus vite que ceux de la mer ; et l’on en a observé dernièrement un remarquable exemple en Suisse. […] Quand une fois une espèce a disparu de la surface de la terre, nous n’avons aucune raison de croire qu’elle puisse jamais y reparaître de nouveau. […] Je citerai en exemple les dépôts de l’Amérique du Nord, de la région équatoriale de l’Amérique du Sud, de la Terre de Feu, du cap de Bonne-Espérance et de l’Inde. […] Certaine partie du monde peut avoir été particulièrement favorable à la production de nouvelles espèces dominantes sur la terre, et quelque autre aux espèces dominantes de la mer.
C’est que, plus longtemps et plus assidûment que les autres, il a vécu près de la terre d’une vie intimement et profondément agreste. […] La grandeur de la terre est d’être ainsi chérie : Le Scythe a des déserts, le Grec une patrie. […] Terre, exhale ton souffle ! […] … Ô Dieu, vois sur la terre ! […] La liberté d’esprit, c’est ma terre promise.
Denys de Thrace raconte ainsi comment elles furent recueillies : « À une certaine époque, dit-il, les poèmes d’Homère furent entièrement anéantis, soit par le feu, soit par un tremblement de terre, soit par une inondation ; et, tous ces livres ayant été perdus et dispersés de toutes parts, on n’en conservait que des fragments décousus ; l’ensemble des poèmes allait tomber entièrement dans l’oubli. […] Mais le grand poète, d’après ce que je viens de dire, ne doit pas être doué seulement d’une mémoire vaste, d’une imagination riche, d’une sensibilité vive, d’un jugement sûr, d’une expression forte, d’un sens musical aussi harmonieux que cadencé ; il faut qu’il soit un suprême philosophe, car la sagesse est l’âme et la base de ses chants ; il faut qu’il soit législateur, car il doit comprendre les lois qui régissent les rapports des hommes entre eux, lois qui sont aux sociétés humaines et aux nations ce que le ciment est aux édifices ; il doit être guerrier, car il chante souvent les batailles rangées, les prises de villes, les invasions ou les défenses de territoires par les armées ; il doit avoir le cœur d’un héros, car il célèbre les grands exploits et les grands dévouements de l’héroïsme ; il doit être historien, car ses chants sont des récits ; il doit être éloquent, car il fait discuter et haranguer ses personnages ; il doit être voyageur, car il décrit la terre, la mer, les montagnes, les productions, les monuments, les mœurs des différents peuples ; il doit connaître la nature animée et inanimée, la géographie, l’astronomie, la navigation, l’agriculture, les arts, les métiers même les plus vulgaires de son temps, car il parcourt dans ses chants le ciel, la terre, l’océan, et il prend ses comparaisons, ses tableaux, ses images, dans la marche des astres, dans la manœuvre des vaisseaux, dans les formes et dans les habitudes des animaux les plus doux ou les plus féroces ; matelot avec les matelots, pasteur avec les pasteurs, laboureur avec les laboureurs, forgeron avec les forgerons, tisserand avec ceux qui filent les toisons des troupeaux ou qui tissent les toiles, mendiant même avec les mendiants aux portes des chaumières ou des palais. […] Enfin il doit être un homme pieux et rempli de la présence des dieux et du culte de la Providence, car il parle du ciel autant que de la terre. […] Les bergers, les pêcheurs et les matelots de la côte accoururent pour lui demander des oracles, comme à une voix des dieux sur la terre. […] Son âme avait passé tout entière dans leur mémoire avec ses chants ; en la rendant aux dieux il ne l’enlevait pas à la terre : elle était devenue l’âme de toute la Grèce ; elle allait devenir bientôt celle de toute l’antiquité.
C’est ce qu’il appelle, dans la préface de la Terre promise, « le noble sens du scrupule ». […] ) — Le système de roman auquel ressortit, après Le Disciple, La Terre promise, n’a rien d’a priori illégitime. […] Certes, La Terre promise ne vaut ni moins ni plus que les antérieurs romans du même auteur. […] Car un roman comme La Terre Promise, roman du célibataire-père, est un roman bellement pensé.
Mais lorsque, sous les rapports chrétiens, on vient à penser que l’histoire des Israélites est non seulement l’histoire réelle des anciens jours, mais encore la figure des temps modernes ; que chaque fait est double, et contient en lui-même une vérité historique et un mystère ; que le peuple juif est un abrégé symbolique de la race humaine, représentant, dans ses aventures, tout ce qui est arrivé et tout ce qui doit arriver dans l’univers ; que Jérusalem doit être toujours prise pour une autre cité, Sion pour une autre montagne, la Terre Promise pour une autre terre, et la vocation d’Abraham pour une autre vocation ; lorsqu’on fait réflexion que l’homme moral est aussi caché sous l’homme physique dans cette histoire ; que la chute d’Adam, le sang d’Abel, la nudité violée de Noé, et la malédiction de ce père sur un fils, se manifestent encore aujourd’hui dans l’enfantement douloureux de la femme, dans la misère et l’orgueil de l’homme, dans les flots de sang qui inondent le globe depuis le fratricide de Caïn, dans les races maudites descendues de Cham, qui habitent une des plus belles parties de la terre91 ; enfin, quand on voit le Fils promis à David venir à point nommé rétablir la vraie morale et la vraie religion, réunir les peuples, substituer le sacrifice de l’homme intérieur aux holocaustes sanglants, alors on manque de paroles, ou l’on est prêt à s’écrier avec le prophète : « Dieu est notre roi avant tous les temps. » Deus autem rex noster ante sæcula. […] Bossuet a dit : Dormez votre sommeil, riches de la terre, et demeurez dans votre poussière 94. […] Une troupe nombreuse de l’armée céleste chante pendant la nuit : Gloire à Dieu dans le ciel, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté !
En s’avançant un peu vers la gauche, une bergère assise à terre ; non loin d’elle, quelques moutons. […] Plus sur la gauche et le fond, un valet qui vient de poser à terre deux seaux d’eau pour les chevaux. […] Sur une terrasse assez élevée et assez large, au bord de la rivière, un cavalier sur son cheval, tenant la bride de celui de son camarade, qu’on voit plus sur le fond et sur la gauche, descendu à terre et rajustant sa botte. […] Tu aurais dit d’un de tes combattans qu’il avait reçu à la tête ou au cou une énorme blessure ; mais le poëte dit : la flèche l’atteignit au-dessus de l’oreille, entra, traversa les os du palais, brisa les dents de la mâchoire inférieure, sortit par la bouche, et le sang qui coulait le long de son fer tombait à terre en distillant par la pointe… ces épithètes générales sont d’autant plus misérables dans le style français, que l’exagération nationale les appliquant usuellement à de petites choses les a presque toutes décriées.
« C’est elle qui de l’éclat des fleurs peint l’année purpurine, elle qui, sous l’haleine du zéphir, soulève le sein gonflé de la terre en moelleux tapis, elle qui disperse ces ondes de rosée limpide que laisse le souffle de la nuit, larmes radieuses dans leur chute tremblotante. […] Le poids de la mort est lourd à celui qui, trop connu de tous, meurt sans se connaître lui-même. » Rien de moins fécond et de plus monotone que cette passion du repos et de l’oubli sur la terre, quand elle ne se tourne pas en aspiration vers le ciel. […] À peine était-il né, et, rampant sur terre, avait-il jeté un faible cri, que dans son sein Calliope le reçut, et dépouilla pour la première fois le long deuil d’Orphée : Enfant, dit-elle, consacré désormais aux Muses, et bientôt supérieur aux poëtes antiques, ce ne sont ni les fleuves, ni les bêtes féroces, ni les forêts gétiques, que tu remueras de ta lyre ; mais les Sept Collines, le Tibre du dieu Mars, les chevaliers et le sénat vêtu de la pourpre, tu les entraîneras par l’éloquence de ton chant. » Le poëte alors rappelait ces premiers essais de Lucain qui lui valurent la jalousie de Néron, et ce poëme inachevé qui lui mérita la mort. […] « Ô toi, dit-il, soit que, porté à travers les cieux sur le char de la gloire, à la hauteur où montent les grandes âmes, tu dédaignes la terre et te ries des tombeaux, soit que tu habites, aux bords élyséens, le bocage de paix où s’assemblent les guerriers de Pharsale, et que les Pompée et les Caton accompagnent ton noble chant ; soit que, fière et sacrée, ton ombre ignore le Tartare, et que tu entendes de loin les supplices des méchants, et n’aperçoives que derrière toi Néron, pâle sous le regard irrité de sa mère, apparais-nous dans ton éclat !
Mais elle n’est pas moins rebelle à la littérature matérialiste, au ras de terre. […] Tout ce qui passe sur la terre et dans le ciel russes lui appartient. […] « Terres vierges », disait d’elles un de leurs romanciers. […] Il y a des sentiments qui nous soulèvent de terre. […] … Mon ami, grand écrivain de notre terre russe, exaucez cette prière !
Ce fleuve se jette sous terre entre Ispahan et la ville de Kirman, où il reparaît, et d’où il va se rendre dans la mer des Indes14. […] Elle ne bougeait du lieu où il mettait pied à terre, et si quelqu’un pensait d’en approcher, elle lui lançait de si rudes coups de pied, qu’il était contraint de se retirer bien vite. […] Ces marchands étalent à terre, sur une natte ou sur un tapis, se couvrant d’un parasol de natte, ou de laine, qui pirouette à leur gré sur un haut pivot. […] Les gens qui ont reçu quelque grâce du roi vont la baiser en pompe et en cérémonie, en mettant pied à terre, et se tenant debout contre, ils prient Dieu à haute voix pour la prospérité du prince. […] Les lits étaient à terre sur de riches tapis, étendus sur de gros feutres qu’on met par-dessus le plancher pour les conserver ; et ces lits occupaient toute la largeur de l’endroit où ils étaient étendus.
-et peut-être avec ce gros quartier de roche brute, et le pêcheur assis qui relève son filet, et les instrumens de son métier épars à terre autour de lui, et sa femme debout, et cette femme vue par le dos. […] Un habitant de Saturne transporté sur la terre sentirait ses poumons déchirés et périrait en maudissant la nature ; un habitant de la terre transporté dans saturne se sentirait étouffé, suffoqué, et périrait en maudissant la nature… j’en étais là, lorsqu’un vent d’ouest balayant la campagne nous envelopa d’un épais tourbillon de poussière. […] Cette anse était formée à gauche par une langue de terre, un terrain escarpé, des rochers couverts d’un paysage tout à fait agreste et touffu. […] Cette langue de terre ménagée en pointe au devant de ces arbres, et descendant par une pente facile vers la surface de ces eaux, est tout à fait pittoresque. […] Il n’est plus cet animal fougueux qui hennit, gratte la terre du pied, se cabre et déploie ses grandes ailes, c’est une bête de somme, la monture de l’abbé Morellet, prototype de la méthode.
Si la Providence me laisse encore quelques jours sur la terre, j’écrirai la vie de mon illustre et généreux ami. […] Le temps a fait un pas et la face de la terre a été renouvelée. […] Alors tout était prodige, sans cesser d’être réalité, et les espérances de ces grandes âmes aimaient à dire : « Là-bas la terre inconnue, la terre immense. » Terra ignota ! […] Ces lieux ne retentissent que du cri extraordinaire de l’oiseau des terres boréales. […] Les Gaulois seuls ne se turent point à la vue d’Alexandre devant qui la terre se taisait
Au fond Paris n’est plus Paris, c’est une sorte de ville libre, où tous les voleurs de la terre qui ont fait leur fortune dans les affaires, viennent mal manger, et coucher contre de la chair qui se dit parisienne. […] Une salle à manger ovale, aux boiseries blanches, avec une table, où montent aux grands candélabres d’argent et s’enguirlandent autour des surtouts, les plus belles orchidées de la terre. […] Il parle curieusement de la peur de la mort qui hante Maupassant, et qui est la cause de cette vie de locomotion perpétuelle sur terre et sur mer, pour échapper à cette pensée fixe. Et Mirbeau raconte que, dans une des descentes de Maupassant à terre, à la Spezzia, si je me rappelle bien, il apprend qu’il y a un cas de scarlatine, abandonne le déjeuner commandé à l’hôtel, et remonte dans son bateau. […] Il y a un silence, au bout duquel Drumont jette cette phrase inattendue : — Pourquoi sommes-nous sur la terre ?
Il s’inventa des paradis chimériques — il oublia la terre. […] Il a nié la femme et la terre, l’éternelle nature, l’éternelle fécondité des choses et des êtres. […] Dès lors, la terre, n’est plus qu’un péché, un enfer de tentations et de souffrances, que l’on traverse pour mériter le ciel. […] « Le Surhomme est la raison d’être de la terre. […] Bientôt, peut-être, les ténèbres traversées de flammes du Grand Soir couvriront la terre.
On dirait qu’on marche dans la secousse d’un tremblement de terre. […] Pélagie, qui est en train de fagoter, dans l’autre cave, un genou en terre, dans l’ébranlement de la maison tombe par terre. […] On bouche le soupirail avec de la terre de bruyère. […] La bière est jetée à terre, et les trois porteurs se couchent à plat ventre. […] Les tuiles de l’hôpital du Gros-Caillou semblent avoir été mises en danse par un tremblement de terre.
« — Quatre pierres, répondit Fergus8 s’élèvent sur la tombe de Caïrbar ; et ces mains ont placé dans la terre le vaillant Ducomar. […] Elle tombe, et les boucles de sa belle chevelure sont éparses sur la terre : son sang sort en bouillonnant de sa blessure et rougit l’albâtre de son bras. […] Ils baissèrent vers la terre leurs visages confus, et rougirent à la présence de Fingal. […] Ô fille de Toscar, nos mains étaient toutes sanglantes ; les rangs superbes de Loclin tombaient l’un sur l’autre, comme les terres éboulées de la montagne de Conna. […] Ses éclats volent et brillent sur la terre, comme la lune dans la nuit sur l’onde d’un ruisseau.
Le ciel, à cause de son perpétuel mouvement, est au-dessus de tout, et la terre sert de marchepied à toutes les créatures, parce qu’elle est immobile. […] Volontiers on fait cas d’une terre étrangère, Volontiers gens boiteux haïssent le logis. […] Au-dessus du maître de la terre, il y a les rois du ciel. […] Tant vous vous êtes montrés avides du bien d’autrui, et impatients de commander, que ni la terre, toute vaste qu’elle est, ne vous suffit pas, ni la mer avec tous ses abîmes. […] A peine çà et là un trait vrai perdu dans le barbouillage. « Nous vivions contents sur nos propres terres. » La Fontaine gardera ce trait.)
Hyeronimo, en me racontant cela sans pleurer, me dit qu’une seule chose lui coûtait trop pour qu’il pût jamais se résigner à mourir sans désespoir et sans soif de vengeance contre le chef des sbires, son véritable assassin, et que cette chose (ici il hésita et il fallut pour ainsi dire l’arracher parole par parole de ses lèvres), c’était de mourir sans que nous eussions été, lui et moi, mariés ou tout au moins, ne fût-ce qu’un jour, fiancés sur la terre, puisque, selon la croyance de notre religion et selon la parole des moines de la montagne, les âmes qui avaient été unies indissolublement ici-bas par la bénédiction des fiançailles ou du mariage, étaient à jamais unies et inséparables dans le ciel comme sur la terre, dans l’éternité comme dans le temps ! […] une pour la terre, une pour le ciel ? […] et je le ferai de bon cœur encore, car ne devrai-je pas plus de bonheur que de malheur à ceux qui m’auront donné ainsi une éternité avec Fior d’Aliza pour quelques misérables années sur la terre ! […] Je sentis fléchir mes jambes sous moi, et, sans l’épaule de mon frère, à laquelle je me retins, je serais tombée à terre ; le petit chien Zampogna, qui l’avait reconnue avant nous, jappa de joie en voulant s’élancer vers elle, mais je le retins par sa chaîne, et nous fûmes bientôt devant la grille ouverte du cachot d’Hyeronimo. […] C’était nous qui lui avions donné son idée que les époux sur la terre se retrouvaient dans le paradis !
Chaque nation païenne eut son Jupiter. — Il fallut sans doute plus d’un siècle après le déluge pour que la terre moins humide pût exhaler des vapeurs capables de produire le tonnerre. […] Ces concessions de terres constituèrent la première loi agraire qui ait existé, et la nature ne permet pas d’en imaginer, ni d’en comprendre une qui puisse offrir plus de précision. […] Selon une tradition ancienne, Tyr, fondée d’abord dans les terres, fut ensuite assise sur le rivage de la mer de Phénicie ; et l’histoire nous apprend que de là elle passa dans une île voisine, qu’Alexandre rattacha par une chaussée au continent. […] Pour que les hommes se décident à abandonner pour toujours la terre où ils sont nés, et qui naturellement leur est chère, il faut les plus extrêmes nécessités. […] Ils se trouvèrent ainsi épais sur toute la terre, lorsque le tonnerre se faisant entendre pour la première fois depuis le déluge, les ramena à des pensées religieuses, et leur fit concevoir un Dieu, un Jupiter ; principe uniforme des sociétés païennes qui eurent chacune leur Jupiter.
Souvent, après avoir chassé le matin dans quelque belle terre, il venait en poste, de douze ou quinze lieues, prêcher en Sorbonne à l’heure dite, comme si de rien n’était : « Sa parole, dit M. de Chateaubriand, avait du torrent, comme plus tard celle de Bourdaloue ; mais il touchait davantage et parlait moins vite. » Sa violence de passion, en tout temps, se recouvrait d’une parfaite politesse. […] Retiré presque tout le temps dans sa terre de Veretz, il travaillait à rompre ses divers liens, à vendre son patrimoine au profit des pauvres, à se soustraire aux ambitions ecclésiastiques de son oncle, l’archevêque de Tours, à se décharger en bonnes mains de ses bénéfices, ne gardant pour lui que la pauvre abbaye de la Trappe ; en un mot, il mit six années à s’acheminer vers le cloître. […] Si l’histoire du saint personnage n’est écrite de main habile et par une tête qui soit au-dessus de toutes vues humaines, autant que le ciel est au-dessus de la terre, tout ira mal. […] » En vain, au début du livre, par manière de prélude, il se disait en une de ces paroles, telles que seul il les sut trouver : « La vieillesse est une voyageuse de nuit : la terre lui est cachée ; elle ne découvre plus que le ciel. » À deux pas de là, il oubliait cette vieillesse que les dieux de la Grèce ne connaissaient pas, ou il ne s’en souvenait que pour s’écrier : « Ô Rome ! […] « Le roi de Prusse, l’impératrice de Russie, toutes les grandeurs, toutes les célébrités de la terre reçoivent à genoux, comme un brevet d’immortalité, quelques mots de l’écrivain qui vit mourir Louis XIV, tomber Louis XV et régner Louis XVI, et qui, placé entre le grand roi et le roi martyr, est à lui seul toute l’histoire de France de son temps.
Quelle terre admirable ! […] La beauté du ciel, des bois et des rivières de la terre française lui fournit des motifs en supplément pour accomplir son devoir. […] Sa famille, la terre de France, ses compagnons d’armes, sa religion, voilà ce qui remplit cet enfant harmonieux et lui conseille de faire son devoir. […] Il repose dans la terre sainte d’Alsace. […] Ils naquirent deux fois : de la terre de France, d’une vieille race où chacun est noble, et puis du péril national.
Par toi sont gouvernés sur mer les légers navires, sur terre les turbulents combats et les assemblées qui délibèrent ; et, tantôt soulevées, tantôt abaissées, au travers de vains mensonges, roulent les espérances des hommes. Nul des habitants de la terre n’a encore reçu des dieux un gage assuré de l’événement futur ; mais, sur l’avenir, les âmes ont été frappées d’aveuglement. […] « Héritières des eaux du Céphise, qui habitez la terre des beaux coursiers, ô Grâces, reines toujours célébrées de la brillante Orchomène, protectrices des antiques Minyens, écoutez, lorsque je prie. […] Ainsi, dans un débris de ses hymnes, nommant Apollon, Pindare dit encore : « D’un pas, il a franchi la terre et les mers ; et, sur les hauts sommets des monts, il s’est arrêté ; et il a ébranlé les abîmes, en jetant les fondements de ses bois sacrés13. » N’y a-t-il pas là, dans l’idolâtrie même, comme l’accent d’une loi nouvelle et plus douce ? […] Pindare semblait en juger ainsi, dans ces deux vers qu’a conservés Clément d’Alexandrie : « Heureux qui a vu les mystères d’Éleusis, avant d’être mis sous terre !
Une nuit, il tomba tant de neige que le camp et les hommes couchés à terre en furent couverts. […] Pour lui, la terre avait été doublée. […] L’oiseau vous prépara la terre. […] Que César garde la terre : dure la monarchie, dure la servitude ; leur cœur comme leur pensée est ailleurs. […] La Révolution lui a donné les terres des privilégiés.
Cependant c’est une règle sans exception que chaque être organisé s’accroisse selon une progression si rapide, que la terre serait bientôt couverte par la postérité d’un seul couple, si des causes de destruction n’intervenaient pas. […] J’ai calculé, principalement d’après le nombre très réduit des nids du printemps, que l’hiver de 1854-55 détruisit les cinq sixièmes des oiseaux sur mes propres terres ; et l’on voit que c’est une somme de destruction effrayante, lorsqu’on songe qu’une mortalité de dix pour cent est extraordinaire dans les épidémies humaines. […] Nous voyons donc ici combien l’introduction d’un seul arbre a eu de puissants effets, rien de plus n’ayant été fait, sinon que la terre plantée avait été enclose afin que le bétail ne pût y entrer. […] Il n’est donc point étonnant qu’aussitôt la terre enclose elle se couvrit de rangs épais de jeunes Pins croissant avec vigueur. […] Que la terre soit très froide ou très sèche, et cependant il y aura concurrence encore entre quelques rares espèces, et enfin entre les individus de la même espèce pour les endroits les plus humides ou les plus chauds.
Si les phénomènes physiques étaient dus exclusivement aux mouvements d’atomes dont les attractions mutuelles ne dépendraient que de la distance, il semble que tous ces phénomènes devraient être réversibles ; si toutes les vitesses initiales étaient renversées, ces atomes toujours soumis aux mêmes forces devraient parcourir leurs trajectoires en sens contraire, de même que la terre décrirait dans le sens rétrograde cette même orbite elliptique qu’elle décrit dans le sens direct, si les conditions initiales de son mouvement avaient été renversées. […] Supposons deux corps électrisés ; bien qu’ils nous semblent en repos, ils sont l’un et l’autre entraînés par le mouvement de la Terre ; une charge électrique en mouvement, Rowland nous l’a appris, équivaut à un courant ; ces deux corps chargés équivaudront donc à deux courants parallèles et de même sens et ces deux courants devront s’attirer. En mesurant cette attraction, nous mesurerons la vitesse de la Terre ; non pas sa vitesse par rapport au Soleil ou aux Étoiles fixes, mais sa vitesse absolue. […] Aussi bien l’expérience s’est chargée de ruiner cette interprétation du principe de relativité ; toutes les tentatives pour mesurer la vitesse de la Terre par rapport à l’éther ont abouti à des résultats négatifs. […] L’un des diamètres de la Terre par exemple est raccourci de 1/200000000 par suite du mouvement de notre planète, tandis que l’autre diamètre conserve sa longueur normale.
Sur le devant, vers la gauche, assis à terre, un autre soldat la tête penchée sur ses mains. […] On voit à gauche une cassolette où brûlent des parfums ; la vapeur odoriférante se répand sur un cube qui soutient une urne ; il s’élève de derrière le cube quelques branches de cyprès recourbées sur l’urne. à droite, éplorée, étendue à terre, un bras appuyé sur le dais, la tête posée sur son bras, l’autre bras tombant mollement sur une de ses cuisses, la figure de l’amitié. […] buste en terre cuite. du même. […] Lorsque Mouchy demanda à Pigalle sa nièce en mariage, il lui mit un ébauchoir à la main, et lui présentant de la terre glaise, il lui dit : écris-moi là ta demande.
Franz de Champagny a beau nous dire avec raison, dans sa préface, que la question pour le monde et l’histoire n’est ni la question économique, ni la question politique, ni même la question sociale, mais la question morale, la question de l’homme, de sa vie terrestre et de sa vie au-delà de la terre : « L’homme est-il souverain ou subordonné ? […] Le démon des folies allemandes ne le tente pas ; il accepte en fait la lettre des prophéties et prend sous cette dictée les événements qui se sont produits, depuis la venue de Jésus-Christ jusqu’à la chute de Jérusalem et la dispersion des Juifs par toute la terre. […] Il reste terre à terre, portant le poids de son sujet, un sujet magnifique qui a été touché par des mains sans force ou indignes, mais qui n’a jamais été écrit.
Il avait lu et il connaissait bien les grands poètes anglais, qui sont certainement les plus grands poètes de la terre pour la profondeur de l’inspiration et la solennité de la rêverie. […] Qu’on lise par hasard, aux pandectes du ciel, Que, le temps étant mort, la voix de l’Éternel Doit, dans un coin obscur de l’obscure Judée, Traduire en jugement la terre décédée ! […] Vous ne comprenez pas ces morts de tous les temps, Tenant tous à la fois dans un seul de vos champs ; Ces assises du globe, où, poussière à poussière, L’Éternel pèsera la terre tout entière ! […] que direz-vous donc de la mémoire humaine, Immense Josaphat, où les siècles mêlés S’assemblent en congrès, dès qu’ils sont appelés ; Et non pas seulement les hommes ou leur cendre, Mais où viennent aussi se grouper et se rendre Les empires défunts, les forêts, les cités, Et des fleuves taris les Ilots ressuscités, Et des océans morts les flottes vagabondes, Et non pas seulement la terre, mais les mondes ?
Comme des matelots contemplent la terre désirée, lorsque Neptune a brisé leur rapide vaisseau, jouet des vents et des vagues immenses, un petit nombre, flottant sur l’antique mer, gagne la terre à la nage, et, tout couvert d’une écume salée, aborde, plein de joie, sur les grèves, en échappant à la mort : ainsi Pénélope attache ses regards charmés sur Ulysse. […] Les transports qui suivent la reconnaissance des deux époux ; cette comparaison si touchante d’une veuve qui retrouve son époux, à un matelot qui découvre la terre au moment du naufrage ; le couple conduit au flambeau dans son appartement ; les plaisirs de l’amour, suivis des joies de la douleur ou de la confidence des peines passées ; la double volupté du bonheur présent, et du malheur en souvenir ; le sommeil qui vient par degrés fermer les yeux et la bouche d’Ulysse, tandis qu’il raconte ses aventures à Pénélope attentive, ce sont autant de traits du grand maître ; on ne les saurait trop admirer.
Comme il se dirigeait vers ce vieillard, il vit, au loin et bien au-dessous de lui, l’univers entier (car la montagne sur laquelle il se trouvait était la plus haute de toute la terre). […] que celui-ci ne pouvait plus apercevoir la terre. […] Ces trous sont pratiqués dans un billot de bois ou simplement creusés dans la terre.
Pour toi, il est le rêve de la terre. […] Il promulgue les oracles de la terre. […] la terre que tu méprises a honte de toi. […] Michel se roule par terre et hurle. […] — Maintenant, nous allons retourner sur la Terre.
Je monte au fort en terre, que l’on construit à Montretout. […] Des sacs de riz sont à terre ; la distribution se fait aux hommes dans des mouchoirs et des coins de couvertures. […] On entend des bottines de femmes battre la semelle de leur petit talon, craquant sur la terre gelée. […] Ils se plaignent de n’avoir point dormi depuis cinq jours : « On nous a repris nos couvertures, dit l’un, il faut nous coucher, comme nous sommes là, sur la terre. […] Et pis que tout cela, par le froid qu’il fait, on est tout proche du moment où l’on ne trouvera plus ni charbon de terre, ni coke, ni bois.
C’est ainsi qu’une terre propre à nourrir plusieurs especes de plantes, ne sçauroit donner à aucune de ces plantes la même perfection, où elle parviendroit dans un terroir qui lui seroit propre si spécialement, qu’il ne conviendroit point aux autres especes. Une terre aussi propre à porter des raisins qu’à porter du bled, ne rapporte ni du vin exquis ni du bled excellent. Les mêmes qualitez qui rendent une terre spécialement propre pour une certaine plante, font qu’elle ne vaut rien pour une autre plante.
Tant de flambeaux chéris, qui pour lui ont disparu de la terre, éclairent par derrière au loin, en mille endroits indéterminés, la scène ; à chaque reflet passager, partout où il entend un bruit, un soupir, où il voit une beauté, une grâce, il dit : C’est là ! […] Ou plutôt il ignore tout cela ; il ne songe qu’à se plonger dans l’ivresse sereine de ces hauts lieux, à remercier l’Auteur, à bénir sur la montagne pendant le bouleversement de la terre, sur la montagne où sa vallée est pendue au rocher comme un nid, et offerte au soleil comme une corbeille. […] Tous ceux qui marchent sur la terre Ont soif à quelque heure du jour : Fais, à leur lèvre desséchée, Jaillir de ta source cachée La goutte de paix et d’amour ! […] Or, Wordsworth nous parle ainsi de la cabane du Highlander : Elle est bâtie en terre, et la sauvage fleur Orne un faîte croulant ; toiture mal fermée, Il en sort, le matin, une lente fumée, (Voyez) belle au soleil, blanche, et torse en vapeur ! […] conduis-les, comme un autre Moïse, Par des chemins de paix à la terre promise !
Toi au ciel et moi sur la terre, oh ! […] « Quelques gouttes de pluie sur la terre ardente. […] Ce fut son dernier mouvement sur la terre ! […] Et puis Maurice, et puis vous, je vous aurais voulu voir tous sous mon ciel du Cayla ; mais devons-nous nous rencontrer jamais plus sur la terre ? […] Mon pauvre Maurice, j’ai été délaissée en une terre où il y a larmes continuelles et continuelles angoisses.
Lamartine et Hugo ; ni Baudelaire, ni Banville ne sont, en effet, du Midi et il nous faut bien admettre l’absence, dans toute la terre d’oc, de grands poètes de langue française, en exceptant les vivants de cette constatation, comme l’indique le formulaire des Marges. […] Si parfois le Midi bouge, il bouge sur place, cependant que, par les siècles, les hommes du Nord, munis de haches ou d’arbalètes, vinrent conquérir les terres méridionales du loisir. […] C’est qu’un poète est l’expression sublime du génie de sa terre, par le génie de la langue d’icelle. […] Est-ce bien sûr, et cela prouverait-il que Provence et Languedoc, ayant perdu leur langue, ne parviennent, quoique terres ardentes de poésie, à s’exprimer en langue, non plus d’oc, mais d’oïl ? […] Ch. de Tourtoulon, qui est l’auteur d’une savante étude sur la limite géographique de la langue d’oc et de la langue d’oïl, conclut ainsi une série d’observation faites sur les lieux mêmes où les patois du nord confinent aux patois du midi, où la terre d’oïl finit et la terre d’oc commence.
… » met d’une manière vivante sous nos yeux le sentiment de ceux qui tiennent leur terre pour un sanctuaire et reçoivent leur loi des morts qu’ils révèrent. […] Prions Dieu pour qu’elle reste toujours bien saine, la sève de la famille, et toujours française, cette terre lorraine qui nous coûte tant de larmes. […] La conception à laquelle Joseph Hudault et Pierre de Rozières sont les plus opposés, c’est sans doute ce que Le Play nomme l’absentéisme, c’est-à-dire le vice du propriétaire qui déserte sa terre. […] Je serai mieux et plus à ma place de soldat dans la terre de France, dans un de ces beaux champs pour lesquels je donne ma vie, je vous le jure, avec joie. […] Ces jeunes gens, honneur et salut de la France, obéissent à la terre et aux morts.
Les grands animaux des campagnes s’accouplent candidement sur la terre nuptiale. […] Ils ont élargi les notions que nous nous sommes formées de la terre. […] Pauvre terre de France qui oublie avoir donné naissance au grand Rabelais. […] Ils apparaissent à nos yeux comme des fruits harmonieux de la terre. […] Il aura glorifié les chairs et les belles terres fécondes.
Sans autre autorité que celle de leur génie, ils s’occupent sur la terre à faire tout le bien qu’ils peuvent. […] Ils tâchent d’étendre et d’agrandir la raison universelle ; de reculer les limites de toutes les connaissances ; d’élever la nature morale ; de dompter et d’assujettir à l’homme la nature physique ; d’établir pour nos besoins une correspondance entre les cieux et la terre, entre la terre et les mers, entre leur siècle et les siècles qui ne sont plus, ou ceux qui seront un jour ; de contribuer, s’il est possible, à la félicité publique, par la réunion des lumières, comme ceux qui gouvernent y travaillent par la réunion des forces. […] Ce serait un exemple à présenter, je ne dis pas seulement aux princes, mais à une foule de citoyens qui, embarrassés de leur opulence, prodiguent leurs richesses en bâtiments, en luxe, en chevaux, en superfluités aussi éclatantes que ruineuses, transportent des terres, aplanissent des montagnes, font remonter des eaux, tourmentent la nature, construisent pour abattre, et abattent pour reconstruire, se corrompent et corrompent une nation, achètent avec des millions des plaisirs de quelques mois, et dans quelques années échangent leur fortune contre de la pauvreté, des ridicules et de la honte.
Le fleuve Hélicon, après un cours de quelques lieues, s’abîme et semble se perdre sous terre pendant vingt-deux stades, pour renaître sous un autre nom qu’il porte jusqu’à la mer : les habitants racontaient que cette disparition datait du jour où, devant les meurtrières du poëte, qui voulaient laver le sang dont elles étaient souillées, le fleuve s’était enfui d’horreur pour ne pas servir à purifier le crime. […] « Tout dort cependant », avait dit le poëte grec, « et les cimes et les gorges des monts, et les promontoires et a les ravins, et les plantes et les reptiles que nourrit le sein noir de la terre, et les animaux féroces des montagnes, et la race des abeilles, et les monstres dans les profondeurs de la mer azurée. […] Tel est cet hymne d’actions de grâces que le chantre Arion, sauvé des flots par un dauphin, aurait adressé au dieu Neptune : « Dieu de la mer, ô le plus grand des dieux, Neptune au trident d’or, toi qui de tes ondes embrasses la terre ! […] C’est vous qui m’avez conduit vers la terre de Pélops, au rivage de Ténare, perdu que j’étais sur la mer de Sicile, et qui m’avez porté sur vos dos inclinés, fendant sur votre passage la plaine de Nérée, par un chemin que nulle trace ne sillonne !
Vous vous dites sans cesse inspirés par les cieux, Et vous ne frappez plus notre oreille, nos yeux, Que par le seul tableau des choses de la terre ; Quelques traits copiés de l’ordre élémentaire. […] Au sortir de la Terreur, et pour traverser les années encore difficiles qui suivirent, ses parents vécurent confinés dans cette terre obscure de Milly, que le poëte a si pieusement illustrée, comme M. de Chateaubriand a fait pour Combourg, comme Victor Hugo pour les Feuillantines. […] D’autres sont plus amants que poètes : un amour particulier les inspire, les arrache de terre, les élève à la poésie ; cet amour mort en eux, il convient qu’ils s’ensevelissent aussi et qu’ils se taisent. […] Cette voix chante les beautés et les dangers de la nuit, l’ivresse virginale du matin, l’oraison mélancolique des soirs ; elle devient la douce prière de l’enfant au réveil, l’invocation en chœur des orphelins, le gémissement plaintif des souvenirs en automne, quand les feuilles jonchent la terre, et qu’au penchant de la vie soi-même, on suit coup sur coup les convois des morts. […] Bien des fois sans doute, bercé nonchalamment, il regardait le ciel, et sa pensée planait dans l’abîme d’azur ; mais on avait là toujours à deux pas la terre, les fleurs, le bosquet du rivage, le phare allumé de l’amante.
Sans ce lest, qui sait s’il ne quitterait pas terre, séduit par le mirage de quelque scholastique nouvelle, ou s’il ne désespérerait pas en croyant qu’il n’a fait qu’un rêve ? […] Le Roy cite la rotation de la Terre ; on lui a répondu : mais ce n’est pas un fait, et il a répliqué : c’en était un pour Galilée qui l’affirmait comme pour l’inquisiteur qui le niait. […] 4° Cela tient à ce que la terre tourne autour du soleil, dit enfin Galilée. […] La terre tourne-t-elle ? […] Dira-t-on que, si nous ne connaissons pas sur la Terre un corps qui ne fonde pas à 44° tout en ayant les autres propriétés du phosphore, nous ne pouvons pas savoir s’il n’en existe pas sur d’autres planètes ?
Lisez Byron pour le faux rire, allez entendre Mozart pour voir transfigurer en mélodies diverses et délicieuses, en sourires ou en larmes, toutes les passions du cœur humain, depuis les amours de la terre jusqu’aux enthousiasmes du ciel. […] La terre ne se doutait pas de ce qu’elle perdait : il fallut trente ans à son nom pour mûrir à la gloire que ce nom possède aujourd’hui. […] Les paroles sont un poids de plomb que le musicien est obligé, à cause de la foule, d’attacher à ses notes pour les retenir à terre et pour les empêcher de s’envoler trop haut, trop loin dans l’espace. […] paradis plein de charmes, où une douleur céleste et indicible remplit mieux qu’une joie infinie toutes les espérances semées sur la terre. […] Si je devais renaître sur la terre, je demanderais de renaître avec le génie de Mozart ou de Rossini, et avec la voix de Malibran, préférant leurs notes aux plus beaux vers, et la langue de l’infini à la langue des mots.
Les premiers chefs et les premiers sages chinois, pendant qu’ils sont occupés à faire écouler les eaux de leur déluge des basses terres de leur empire, apparaissent dès le premier jour des livres à la main. […] et tout cela déjà conçu, écrit, noté, compris, chanté au moment où un peuple en apparence neuf, ou sorti des marais du déluge, se répand pour la première fois sur la terre ? […] Son administration vigilante persuadait le bien plus encore qu’elle ne l’imposait ; dans ses visites aux provinces, il voulait voir tous les propriétaires des terres et s’entretenir avec eux. […] « Rassurez-vous sur moi, leur répondit-il, ce n’est point ma propre décadence qui m’inspire cette mélancolie, c’est la décadence et les vicissitudes des choses de la terre. […] Le triste état des choses et des mœurs dans lequel je laisse la terre prouve, hélas !
Quoi qu’il en soit, on s’extasie de surprise et d’admiration quand on voit une terre qui a perdu l’empire du monde, puis sa propre liberté, puis ses dieux, puis sa langue même ; une terre qui avait produit Cicéron, Horace, Virgile, reproduire tout à coup, dans une autre langue, mais dans un même génie, Dante, Arioste, Pétrarque, le Tasse et Machiavel. […] elles ne sont plus, ni l’une ni l’autre, sur cette terre ; elles sont remontées à ces régions inconnues d’où les belles matinées se lèvent derrière les montagnes de leur pays, et où les beaux soirs s’éteignent dans leur belle mer Adriatique. […] La belle veuve et sa fille s’occupaient dans leur intérieur de quelques détails de ménage avec l’intendant, le majordome et les fermiers de la terre ; le chanoine disait sa messe ou lisait son office à l’ombre des longues allées de charmille du parterre ; le professeur annotait pour la centième fois son Arioste dans la bibliothèque, pavée de manuscrits. […] êtes-vous sur la terre ? je n’aurais su que répondre, tant le poème et la terre se ressemblaient dans ces doux moments !
Pour moi, j’ai toujours mieux senti, en l’écoutant, la bonté de l’auteur de toutes choses, qui, dans chaque lieu sur la terre, a su placer quelque cause de jouissance et de bien-être pour ses créatures. […] Tout à coup, un autre troglodyte surgit comme de terre, à ses côtés, et disparut non moins subitement, avec celui que je poursuivais. […] Quand le nid repose par terre, sa base et souvent tout l’extérieur se composent de feuilles et de brins de paille ; mais, lorsqu’il est autrement placé, le dehors est d’ordinaire plus lisse, mieux soigné, et principalement formé de mousse. […] Du même coup je relevai et j’armai mon fusil ; je n’apercevais point encore l’individu qui m’avait intimé un ordre si péremptoire, mais j’étais déterminé à combattre avec lui pour mon libre passage sur notre libre terre. […] Si l’on prend une de ces hirondelles et qu’on la mette par terre, elle fait de gauches efforts pour s’échapper et peut à peine se mouvoir.
La terre retentit sous leurs pas ; ils arrivent : tous à la fois tirent l’épée. […] L’instant qui doit me flétrir est proche, et le vent jonchera bientôt la terre de mes feuilles desséchées. […] Et toi, barde décrépit, tu resterais sur cette terre d’où les héros ont disparu ! […] Deux pierres grisâtres y sont à demi enfoncées dans la terre. […] Mais maintenant cet arbre superbe est arraché du sein de la terre.
Il n’en fut pas moins indigné contre le jeune cadet, sorti de terre on ne sait d’où, qui lui volait ainsi d’emblée sa lyre et son nom. […] Athlète, tandis que vous tournez et retournez votre ceste et votre ceinture, ou que vous polissez le timon et les roues de votre char, la terre tremble, le stade se déplace, les astres se précipitent, les empires que vous méditez de célébrer s’écroulent. […] comme sur la terre on laisse peu de trace ! […] De soldats, de drapeaux ; autour, un peuple immense Acclamait un héros, des combats revenu ; Tout à coup, à ces cris, du peuple solitaire Qui se tait sous la terre Je me suis souvenu. […] D’ici, que sont les biens et les rangs de la terre ?
Les explications que Pline n’avait pas, on les lui donnerait, et on ne trouverait en lui aucun obstacle d’un autre ordre, aucune résistance mystique ou théologique ; il admettrait sur preuve la rondeur de la terre, les antipodes, et le reste. […] Quand, redescendant des sphères et des astres, et de la région orageuse des météores, il en vient à décrire la terre, il se livre à un lieu commun véritable, exaltant, amplifiant les qualités et les mérites de cette surface du globe, subtilisant pour lui prêter plus de vertus qu’il n’est besoin. […] Comparant sur ce globe la chétive étendue de la terre par rapport à celle de l’Océan et des mers (disproportion qui semblera encore évidente aujourd’hui malgré la découverte des continents nouveaux), il nous montre avec ironie ce théâtre de notre gloire, de nos ambitions, de nos fureurs ; il dira presque comme a dit depuis le poète Racan, qui, dans de beaux vers, nous transporte en idée avec le sage au haut de l’Olympe : Il voit comme fourmis marcher nos légions Dans ce petit amas de poussière et de boue, Dont notre vanité fait tant de régions ! […] Il nous montre l’homme, le seul de tous les animaux, jeté nu sur la terre nue, signalant son entrée dans le monde par des pleurs, ignorant le rire avant le quarantième jour ; et il s’attache, en toute rencontre, à nous faire voir, par une sorte de privilège fatal, ce maître de la terre malheureux, débile, toujours en échec, et, jusque dans l’éclair du plaisir, toujours prêt à se repentir de la vie. […] Quand, des animaux, il en vient aux productions de la terre, aux arbres et autres végétaux, Pline expose les usages qu’en ont tirés les arts et l’industrie aux diverses époques.
Quand cela fut fini, quand on eut secoué le sac, quand on eut vidé Voltaire et Rousseau dans ce trou, un fossoyeur saisit une pelle, rejeta dans l’ouverture le tas de terre qui était à côté, et combla la fosse. Les autres piétinèrent dessus pour lui ôter son air de terre fraîchement remuée, un des assistants prit pour sa peine le sac comme le bourreau prend la défroque, on sortit de l’enclos ; on referma la porte, on remonta en fiacre, et sans se dire une parole, en hâte, avant que le soleil fut levé, ces hommes s’en allèrent. […] À cette nature totale, à cette humanité complète, à cette argile, qui est toute votre chair et qui en même temps est toute la terre, ils ajoutent, et ceci achève votre terreur, la réverbération prodigieuse de l’inconnu. […] La bourgeoisie des habitudes, la vie terre à terre, le calme plat des consciences, le « bon goût » et le « bon sens », tout le petit égoïsme tranquille est dérangé, avouons-le, par ces monstres du sublime. […] leur émotion, qui peut être, s’ils veulent, tremblement de terre, et par instants si cordiale et si douce qu’elle semble le remuement d’un berceau.
Noble terre de la gloire et des beaux-arts, terre des héros, non, tu ne périras point ; j’en jure et tes trophées et tes revers : j’en jure et les plaines de la Massoure, et les sables de l’Afrique, et les jardins de la Touraine, et les murs de Pavie, et les bocages de la Vendée, et deux fois les champs de Fleurus. Noble terre de ma patrie, la Providence a trop fait pour toi ; elle n’abandonnera point son ouvrage, et tu resteras le beau pays de France.
Enfin la vérité s’est manifestée et, pour la première fois, on va voir son règne sur la terre. […] L’organisation est la cause, la vie et la sensation sont les effets ; je n’ai pas besoin d’une monade spirituelle pour expliquer les effets puisque je tiens la cause. « Voyez cet œuf, c’est avec cela qu’on renverse toutes les écoles de théologie et tous les temples de la terre. […] Regardons en bas sur la terre ; considérons l’homme lui-même, tel qu’il est aux yeux du naturaliste, c’est-à-dire le corps organisé, l’animal sensible, avec ses besoins, ses appétits et ses instincts. […] c’est à vous que nous reprochons de n’avoir pu remplir nos devoirs sur la terre ! […] Que des vaincus à terre et l’épée sur la gorge acceptent ces conditions ; puisqu’ils sont contraints, leur promesse est nulle.
Qu’on dise des bons prêtres ce qu’on voudra : ils sont de la famille de ceux qui n’ont plus de famille ; ne faut-il pas que les misérables aient quelques parents sur la terre et un bout de patrimoine là-haut ? […] » Patmos est vaincu ; l’Apocalypse de la révolution finit là par l’idéal d’un faible ver de terre, divinisé et adoré. […] Qui a jamais plaint Charles Ier d’Angleterre, ou Marie Stuart d’Écosse, ou les enfants d’Édouard, ou Louis XVI décapité, ou Marie-Antoinette immolée, ou sa jeune et pure belle-sœur, madame Élisabeth, sacrifiée malgré son innocence ; qui est-ce qui les a jamais plaints de la pitié qu’on doit, au même titre charnel, à tous les meurtres commis par tous les meurtriers religieux, royaux ou révolutionnaires de la terre ? […] En continuant son apostolat d’évêque sur la terre, il retient donc dans son cœur le dernier mot de sa foi ; il trompe donc pour le bien son troupeau : mais enfin tromper, même pour le bien, ce n’est pas d’un parfait honnête homme. […] C’est un cadre dans lequel l’écrivain, tour à tour philosophe, penseur, sophiste, poète, prend, comme l’aigle, son lecteur à terre, l’emporte avec lui çà et là dans l’irrésistible élan de son style, lui fait parcourir un pan de l’espace, lui donne le vertige, l’enthousiasme, le délire de son talent, puis ne se souvient plus ni de lui, ni de sa composition, ni de son sujet parcouru à grand vol, le dépose à terre sûr de le reprendre à son gré et lui dit de nouveau : « Allons !
Cathos eût eu plaisir à entendre appeler un grain de poussière : « l’atome ailé qu’aucun pouvoir ne tue. » Elle eût approuvé cette périphrase qui signifie que l’homme, à l’automme, devient sérieux : Comme elle (la terre), son fils l’homme a pris un maintien grave ; De ses jours de folie il fait payer le tort Au devoir qui l’étreint dans son rude ressort ; et, dans la description d’une gypsie : Un amulette où l’art imite Quelque Diane au front cornu, Des deux seins fixant la limite, Veillait aux mystères du nu. […] Le Soleil et la Terre échangent des petits vers. […] Ailleurs, La terre est la fiancée Du gentil soleil ; La nouvelle en est criée Par Avril vermeil ; et nous avons tout le détail de la noce. […] La Terre met son corset, et ses roses le font craquer, etc. […] L’aiglon qui marche à terre est un oiseau, moins l’aile, Et l’amour, dès qu’il prend de l’aile, est charité.
Celles qui tenoient encore à la terre, apprenoient d’abord à s’en détacher dans le livre intitulé le Moyen court ; mais celles qui avoient pris leur vol dans le sein de Dieu même, se baignoient dans une mer de délices célestes, & flottoient sur les ondes impétueuses des torrens. […] Les duchesses de Charôt, de Chevreuse, de Beauvilliers, de Mortemar, toutes femmes de piété, s’intéressèrent à la délivrance d’une dévote faite pour amener le ciel sur la terre, & la changer en un séjour de calme & de félicité parfaite. […] Ils ne vouloient point admettre la réalité d’un état dans lequel on aime dieu sur la terre, absolument & sans intérêt, pour lui-même. […] Ils firent insulter, dans son palais, ce même prélat dont Marlborowg & ses Anglois respectoient les terres, pendant que toutes les autres de la province étoient livrées aux flammes, au pillage. […] Il lui acheta la petite terre de Mauléon à cinq lieues de Paris.
Avides de terres, de jardins, de chevaux, d’esclaves, ils volaient, pillaient, forçaient de vendre ; les uns ne daignaient pas mettre un prix à l’objet de leurs rapines, d’autres le mettaient au-dessous de la valeur ; ceux-ci différaient de payer de jour en jour ; ceux-là après avoir dépouillé l’orphelin, comptaient pour paiement tout le mal qu’ils ne lui faisaient pas… C’est par ces voies qu’ils rendaient pauvres les citoyens riches, et qu’eux-mêmes devenaient riches, de pauvres qu’ils étaient. Ainsi, multipliant leur fortune par la misère des autres, ils étendaient leur insatiable avidité aux bornes de la terre, demandant, au nom et sous l’autorité du prince, tout ce qui flattait leurs désirs, sans qu’il fût jamais permis de refuser ; les villes les plus anciennes étaient dépouillées ; des monuments qui avaient échappé au ravage des siècles, étaient conduits à travers les mers pour embellir les palais destinés à des fils d’artisans, et leur faire des habitations plus belles que celles des rois : ces oppresseurs en avaient d’autres sous eux qui les imitaient ; l’esclave avait son ambition comme le maître ; à son exemple, il outrageait, tourmentait, dépouillait, chargeait de fers, et pour s’enrichir, reversait sur d’autres le despotisme que son maître exerçait sur lui. […] « Ô toi, dit l’orateur, élève et disciple de ces êtres qui occupent le milieu entre la Divinité et l’homme ; toi dont la tombe n’occupe qu’une petite portion de terre, mais qui par ta gloire remplis le monde ; toi qui en commençant ta carrière, as surpassé tous les grands hommes qui ne sont pas Romains, qui en la finissant, as surpassé ceux même de Rome ; toi que les pères regrettent plus que leurs propres enfants, et que les enfants regrettent plus que leurs pères ; toi qui as exécuté de grandes choses, mais qui devais en exécuter encore de plus grandes ; toi qui foulais aux pieds tous les genres de voluptés, excepté celles qui naissent du charme inexprimable de la philosophie, protecteur et ami des dieux de l’empire ; ô prince ! […] Mis à la tête de l’empire, il y soutint son caractère ; on le vit à la cour dédaigner le faste, fuir la mollesse, combattre ses sens, dompter en tout la nature, se contenter de la nourriture la plus grossière ; souvent il la prenait debout, souvent se la refusait, dormait peu, n’avait d’autre lit qu’une peau étendue sur la terre, et passait une partie des nuits ou dans son cabinet, ou sous sa tente, occupé au travail et à l’étude. […] Aux idées pures et spirituelles d’un dieu unique, on proposa les idées platoniciennes sur la divinité ; à un dieu en trois personnes, cette fameuse trinité de Platon ; aux anges et aux démons, la doctrine des génies créés pour remplir l’intervalle entre Dieu et l’homme ; à l’idée d’un dieu médiateur, la médiation des génies célestes ; aux prophéties et aux miracles, la théurgie, qui, à force de sacrifices et de cérémonies secrètes, prétendait dévoiler l’avenir, et opérer aussi des prodiges ; enfin, à la vie austère des chrétiens, des pratiques à peu près semblables, et des préceptes d’abstinence et de jeûnes pour se détacher de la terre, en s’élevant à Dieu.
les glaives italiens combattent pour la terre étrangère. […] Tout le contraste de la nature fut rompu par toi, et une terre inconnue, immense, servit de trophée de gloire à ton voyage et aux périls de ton retour. […] le monde mieux connu ne s’accroît point, mais plutôt il diminue, et l’éther résonnant, la féconde terre et la mer paraissent bien plus vastes au tout petit enfant qu’au sage. […] Rejetés de la terre, qui n’était plus tenable, ils émigrèrent ailleurs ; ils essayèrent (c’est Leopardi qui parle) des perspectives chrétiennes et de l’autre vie, comme consolation dernière. […] Tes faisceaux, où sont-ils, colosse militaire, Dont le fracas couvrait et la mer et la terre ?
Au-delà il faut écrire comme sur les cartes des passions : Terres inconnues. […] S’il existait sur terre un homme capable d’écrire Faust, et qui eût besoin d’un écho, je me ferais muraille pour répercuter cette voix d’en haut ! […] Mais il était au milieu de nous comme un être d’une nature supérieure, que les souffrances de la terre ne touchent pas. […] Mais la terre s’étend aussi de l’autre côté vers l’orient. […] Remercions ce fervent disciple, et adorons, sans espérer de jamais le revoir sur la terre, le divin maître du beau !
Le guerrier hardi mit pied à terre sur le sable, et en hâte il attacha son cheval à un arbre. […] Plusieurs superbes chevaliers mirent pied à terre. […] Neuf mille serviteurs étaient couchés à terre massacrés, ainsi que douze chevaliers hommes-liges de Dancwart. […] Le seigneur Dietrîch déposa à terre son bon bouclier. […] La poésie, la philosophie, n’ont plus ces grandes voix qui faisaient naguère tressaillir la terre.
L’une a placé cette fortune en terres, elle a aujourd’hui 400 000 francs ; l’autre en rentes sur l’État : avec les réductions et les banqueroutes, son capital est réduit à 560 francs. » Sous les arbres du café de la Comédie, nous sommes rejoints par Théophile Lavallée, aux traits truandesques, aux lèvres rouges et informes des masques de Venise dans les tableaux de Longhi. […] Les générations de notre temps sont trop civilisées, trop vieilles, trop amoureuses du factice et de l’artificiel pour être amusées par le vert de la terre et le bleu du ciel. […] Au premier, un interminable corridor avec des chambres de chaque côté, des cellules grandes comme rien, fermées par les persiennes démantelées d’une petite fenêtre et contenant pour tout mobilier, un lit, une commode, une chaise, et par terre, un pot à l’eau et une cuvette. […] * * * — Rue Bonaparte, en achetant notre bacchanale enfantine d’Angelo Rossi, on nous montra une terre cuite de Clodion, un bas-relief, haut comme les deux mains, représentant une femme sortant du bain, des parties de corps saillantes en ronde bosse dans le relief d’une médaille. […] Dans ce corps en retraite, tout fuit et s’efface et s’estompe, sauf une jambe qui avance, un genou qui se détache et sort du fond de la terre rose.
Publié au moment où la terre d’or découverte par Cook attire les regards et les convoitises de la vieille Europe, dont elle est peut-être la dernière rêverie, ce livre, intitulé, sans aucun éclat : Mémoires historiques sur l’Australie, et que l’abbé Falcimagne a enrichi au point de vue du renseignement et de la science purement humaine, sera pour tout le monde un de ces ouvrages qui saisissent la curiosité et qui la maîtrisent ; mais, pour nous, c’est bien davantage. […] Eh bien, le gouvernement d’Angleterre — ce gouvernement qui est tout ce que nous venons d’énumérer — a senti, pour la première fois, — depuis qu’il sème des colonies, c’est-à-dire de la graine de société sur les continents qu’il découvre, — l’insuffisance de sa propre action sur la terre d’Australie et la force très suffisante de quelques prêtres, qui n’ont pour toute ressource que la consigne de Rome et leur crucifix sur le cœur ! […] Voilà le secret de la force de cohésion de ce ciment romain qui relie si subitement et si solidement les âmes entre elles, de ce socialisme divin devant lequel tous les socialismes de la terre doivent, un jour ou l’autre, s’avouer vaincus ! […] Jusqu’ici, malgré la vapeur qui raccourcit le monde sur la terre et qui ouvre au tourisme les pays les plus désespérés, malgré la glu d’or à laquelle l’Australie prend l’Europe fascinée, nous n’avions sur ce pays étrange, à moitié sorti de son chaos, que des renseignements suspects et vagues dont nous ne pouvions rien déduire, parce que nous devions nous en défier.
Mais au-dessus du peuple innombrable des vilains qui cultivent la terre féodale, apparaît de bonne heure, entre les murs de sa bonne ville, le bourgeois, laborieux et économe, gabeur et gausseur. […] Le long de ces provinces s’échelonnent, apportant une note plus originale, à mesure qu’elles sont plus excentriques, la Picardie ardente et subtile, l’ambitieuse et positive Normandie, hardie du bras et de la langue, le Poitou tenace, précis et délié, pays de gens qui voient et qui veulent, la molle et rieuse Touraine, enfin la terre des orateurs et des poètes des imaginations fortes ou séductrices, l’« aimable et vineuse Bourgogne », d’où sont parties, à diverses époques, « les voix les plus retentissantes » de la France. […] Puis pendant des siècles, une à une, les provinces qui entreront dans l’unité nationale recevront la langue de France, et mêleront à son esprit leur génie original : ce sera la rude et rêveuse Bretagne, réinfusant dans notre littérature la mélancolie celtique, ce sera l’inflexible et raisonneuse Auvergne, Lyon, la cité mystique et passionnée sous la superficielle agitation des intérêts positifs ; ce sera tout ce Midi, si varié et si riche, ici plus romain, là marqué encore du passage des Arabes ou des Maures, là conservant, sous toutes les alluvions dont l’histoire l’a successivement recouvert, sa couche primitive de population ibérique, la Provence chaude et vibrante, toute grâce ou toute flamme, la Gascogne pétillante de vivacité, légère et fine, et, moins séducteur entre ces deux terres aimables, le Languedoc violent et fort, le pays de France pourtant où peut-être les sons et les formes sont le mieux sentis en leur spéciale beauté.
Le crime étant presque toujours conçu par la nuit, dont il est souvent appelé le fils dans le langage primitif, c’est l’Aurore qui le dénonce, qui fait paraître à terre le sang répandu, qui allonge son flambeau céleste sur le cadavre étendu au bord du chemin. […] Un vers d’Homère atteste « les Érynnies qui punissent les hommes sous la terre ». […] Nous nous ruons sur lui, et, si fort qu’il soit, nous l’effaçons de la terre. » II. — Haine et répulsion qu’elles inspirent. — Cruauté qu’on leur attribue. — Nature vampirique des Érynnies. — La vision de Dion.
— « Et maintenant, dit-il, ces deux âmes pieuses (Michel Le Tellier et Lamoignon), touchées sur la terre du désir de faire régner les lois, contemplent ensemble à découvert les lois éternelles d’où les nôtres sont dérivées ; et si quelques légères traces de nos faibles distinctions paraît encore dans une si simple et si claire vision, elles adorent Dieu en qualité de justice et de règle. » Au milieu de cette théologie, combien d’autres genres de beautés, ou sublimes, ou gracieuses, ou tristes, ou charmantes ! […] » Viennent des réflexions sur l’illusion des amitiés de la terre, qui « s’en vont avec les années et les intérêts », et sur l’obscurité du cœur de l’homme, « qui ne sait jamais ce qu’il voudra, qui souvent ne sait pas bien ce qu’il veut, et qui n’est pas moins caché ni moins trompeur à lui-même qu’aux autres197. » Mais la trompette sonne, et Gustave paraît : « Il paraît à la Pologne surprise et trahie, comme un lion qui tient sa proie dans ses ongles, tout prêt à la mettre en pièces. […] » Le poète (on nous pardonnera de donner à Bossuet un titre qui fait la gloire de David), le poète continue de se faire entendre ; il ne touche plus la corde inspirée ; mais, baissant sa lyre d’un ton jusqu’à ce mode dont Salomon se servit pour chanter les troupeaux du mont Galaad, il soupire ces paroles paisibles : « Dans la solitude de Sainte-Fare, autant éloignée des voies du siècle, que sa bienheureuse situation la sépare de tout commerce du monde ; dans cette sainte montagne que Dieu avait choisie depuis mille ans ; où les épouses de Jésus-Christ faisaient revivre la beauté des anciens jours ; où les joies de la terre étaient inconnues ; où les vestiges des hommes du monde, des curieux et des vagabonds ne paraissaient pas ; sous la conduite de la sainte Abbesse, qui savait donner le lait aux enfants aussi bien que le pain aux forts, les commencements de la princesse Anne étaient heureux200. » Cette page, qu’on dirait extraite du livre de Ruth, n’a point épuisé le pinceau de Bossuet ; il lui reste encore assez de cette antique et douce couleur pour peindre une mort heureuse.
La beauté des campagnes, les coteaux qui encadrent Lyon, Grigny où se passèrent les années cachées de la Terreur, lui sont aussi doux à la pensée que la terre de Milly à Lamartine. […] Un déluge de maux couvre la terre ; une arche flotte au-dessus des eaux, comme jadis celle qui portait la famille du Juste ; mais cette arche-ci est demeurée vide, nul n’a été jugé digne d’y entrer ! […] La dynastie restaurée des Bourbons, arbre ainsi replanté, ne vécut jamais qu’à l’extérieur et par l’écorce, ayant dédaigné d’enfoncer ses racines dans la vraie terre. […] Ainsi, notre terre a son double mouvement, et elle tourne à la fois sur elle-même et autour du soleil. Mais faites que ce mouvement sur elle-même soit supprimé, et qu’elle regarde toujours fixement l’astre : voilà que vous avez une terre à moitié torréfiée, sans saisons, sans rosée et sans lune.
N’entendez-vous pas la terre qui crie et demande du sang ? […] La terre n’a pas crié en vain : la guerre s’allume. […] Il frappe au même instant tous les peuples de la terre ; d’autres fois, ministre d’une vengeance précise et infaillible, il s’acharne sur certaines nations et les baigne dans le sang. […] si lorsqu’enfin la terre sera raffermie… » etc., etc. […] Le nom de Dieu sans doute est exclusif et incommunicable ; cependant il y a plusieurs dieux dans le ciel et sur la terre.
Quelquefois, j’y portais mon album et des crayons ; moi-même, Pétrarque inférieur pour une autre terre et un autre temps, j’écrivais quelque harmonie ou quelque méditation. […] Princesses de Saxe, elles avaient apporté de ce pays lettré, dans cette terre des beaux-arts, l’instruction et le goût de tout ce qui est l’idéal des grands esprits et des cœurs enthousiastes. […] Il s’imagina, dans sa douleur, et inspiré d’étranges imaginations, de se rapprocher au moins par le regard de la place où elle s’était évanouie de la terre. […] C’était comme un lai des sirventes, comme une légende du moyen âge, dont les seuls événements étaient ses impressions et ses amours, ses songes dans les différentes terres et dans les différentes mers qu’il avait parcourues. […] Ô terre du passé, que faire en tes collines ?
Il n’y en a que deux que nous puissions observer, la Terre et la Lune. […] Quel spectacle et quel changement d’aspect va présenter la terre ? […] Il quitta les affaires à propos et se retira dans ses terres. […] De là il est envoyé sur la terre où il revêt un corps mortel. […] Les brahmanes sont donc des Dieux sur la terre.
Il gisait comme un ver sur la terre, et son sang noir coulait, baignant la terre. […] Il parla et fit partir sa lance, qui ne perça point le Troyen ; la pointe du trait effleura seulement l’épaule droite et s’enfonça en terre. […] Le taureau s’irrite, le poursuit de près, frappe à coups redoublés la terre, et fond sur le voile éclatant que lui présente un combattant à pied. […] Il était tantôt blanc, tantôt sale et tacheté, selon qu’il avait entraîné de la terre ou de la cendre. […] Enfin l’aspect total de la terre, fertile en évocations picturales, avec la poussière de la lumière éparse partout.
Il y a longtemps, je l’avoue, que je les aurais mis à la corvée, mais le village a trop peu de terres pour cela. […] Il prit la lanterne qui était posée à terre et s’approcha de la table pour allumer un bout de chandelle qui s’y trouvait. […] Il prit la hache qui était passée à sa ceinture, s’assit par terre, et se mit à façonner une loutchina. […] — et il cracha par terre d’un air décidé. […] Ils forment une classe à part, reçoivent la nourriture et des gages et sont privés de la portion de terre qu’ils possédaient étant paysans.
Par eux la terre asservie Voyait tous ses rois vaincus. […] Mais enfin le matelot crie : Terre ! terre ! […] Je t’embrasse, ô terre chérie ! […] Bien au-dessus des trônes de la terre Il apparaît brillant sur cet écueil.
Il n’y a pas d’homme si malheureux ou si odieux sur la terre à qui le sort n’ait ainsi attaché une femme dans son œuvre, dans son supplice, dans son crime ou dans sa vertu. […] 6º Les rois, les aristocrates, les tyrans, quels qu’ils soient, sont des esclaves révoltés contre le souverain de la terre, qui est le genre humain. […] « Mais plus un idéal est sublime, plus il est difficile à réaliser en institutions sur la terre. […] Marie-Antoinette dépouilla la robe noire qu’elle avait portée depuis la mort de son mari, elle revêtit une robe blanche en signe d’innocence pour la terre et de joie pour le ciel. […] Elle ne s’élançait pas au ciel, elle fuyait du pied la terre, et elle lui laissait en partant son indignation et le remords.
Et si ma remarque est fondée, n’est-ce pas une raison pour nous faire des idées plus larges sur la vie intime et les relations mutuelles des êtres qui peuplent la terre avec nous ? […] Le Colisée, vu ainsi, est la plus grande image qui soit sur la terre des honteuses vicissitudes de la gloire humaine. […] Ainsi, la coupole de Michel-Ange, enlevée de dessus les piliers, et placée par terre, aurait deux cent soixante pieds de haut, élévation qui surpasse celle du Panthéon. […] ô potentats de la terre ! […] Il n’écrit pas de Cosmos ; il écrit l’histoire naturelle, la géographie de la terre ou l’astronomie géographique des cieux.
La verité, le dogme, s’il est permis de parler ainsi du mouvement de la terre autour du soleil, a eu la même destinée que le dogme de la circulation du sang. Plusieurs philosophes anciens ont connu cette vérité, mais comme ces philosophes n’avoient pas en main pour la prouver les moïens que nous avons aujourd’hui, il étoit demeuré indécis si Philolaus, Aristarque et d’autres astronomes avoient raison de faire tourner la terre autour du soleil, ou si Ptolomée et ceux qu’il a suivis avoient raison de faire tourner le soleil autour de la terre. […] Le monde se partagea de nouveau, et Tycho Brahé mit au jour un systême mitoïen pour accorder les faits astronomiques dont on avoit alors une connoissance certaine, avec l’opinion de l’immobilité de la terre. […] Ce fut une preuve physique du sentiment qui fait tourner la terre sur son centre d’occident en orient dans vingt-quatre heures, en même-temps qu’elle fait le tour du zodiaque dans un an. Quelques années après les lunettes d’approche furent trouvées. à l’aide de ce nouvel instrument, on fit des observations si concluantes sur les apparences de Venus et des autres planétes, on trouva tant de ressemblance entre la terre et d’autres planétes, qui tournent en roulant sur leur centre autour du soleil, que le monde est aujourd’hui comme convaincu de la verité du systême de Copernic.
Guinné de la terre et des profondeurs souterraines, guinné de l’air, guinné du feu, guinné de l’eau. I° Guinné de la terre et des profondeurs souterraines. […] Les filons sont les traces de son passage sous la terre. […] Eux qui sont doués du pouvoir de procurer aux hommes tant de choses par une simple manifestation de leur volonté ne doivent pas se donner beaucoup de peine pour faire produire la terre. […] La poudre magique qui fait sortir de terre un tata avec sa population et son bétail (La revanche de l’orphelin et Le pupille du cailcédrat).
« Quand la France en colère leva ses bras gigantesques, et que, jurant ce serment dont la fureur ébranle l’air, la terre et les mers, elle frappa de son pied vigoureux et dit qu’elle voulait être libre, rendez-moi témoignage combien j’eus d’espoir et d’inquiétude, et avec quel transport je chantai sans crainte mes fières actions de grâces au milieu d’une foule servite ! […] Bientôt, disais-je, la sagesse fera pénétrer ses leçons dans les humbles cabanes de ceux qui travaillent et gémissent ; et, conquérante par l’exemple de son bonheur, la France forcera les nations d’être libres, jusqu’à ce que l’amour et la joie paraissent à l’entour et nomment la terre leur domaine. […] Oui, pendant que debout je regardais ébloui, la tête nue, et que je lançais au loin mon âme sur la terre, l’Océan, les airs, maître de toutes choses par la puissance du plus ardent amour, là je t’ai sentie, ô liberté ! […] « Que ni les portes royales de Delhi, ni la terre sauvage des Malais, ne me retiennent ! […] Et pourtant, qui de nous s’est arrêté sous les berceaux indiens, et n’a pas aussitôt songé aux vertes forêts de l’Angleterre, et sous l’ombre des palmiers n’a pas béni les noisetiers de la terre natale, sa clairière d’aubépine, et soupiré la prière, tant de fois inutile, de pouvoir encore contempler les chênes de ses bois ?
Il entend la terre. […] Tous les mots qui s’échappent alors de ses lèvres, comme les abeilles de cette ruche humaine en travail, sont les vieux mots de la terre natale, tout parfumés du miel de la patrie. […] D’aucuns préfèrent ses premiers vers, un peu dépourvus pourtant de la véritable angoisse humaine, aux chants plus larges, mais âpres et trop frustes, où il s’essaie à devenir le chantre de la Terre.
Touchant de son âme aux cieux, et de son corps à la terre, on aimait à le voir former, dans la chaîne des êtres, l’anneau qui lie le monde visible au monde invisible, le temps à l’éternité. […] L’Église ne pouvait donc prendre, dans une question qui a partagé la terre, que le parti même qu’elle a pris : retenir ou lâcher les rênes, selon l’esprit des choses et des temps ; opposer la morale à l’abus que l’homme fait des lumières, et tâcher de lui conserver, pour son bonheur, un cœur simple et une humble pensée. […] Ce beau pays de France, pour prodiguer de nouvelles moissons, n’a besoin que d’être cultivé un peu à la manière de nos pères : c’est une de ces terres heureuses où règnent ces génies protecteurs des hommes, et ce souffle divin qui, selon Platon, décèle les climats favorables à la vertu162.
L’homme seul, à qui le royaume de la terre a été donné ; mais pour quelle fin ? […] — Oui, vous êtes sur la terre ! […] Notre puissance ne peut évoquer ni les génies de l’air, ni les esprits de la terre. […] … son âme a pris congé de la terre, pour aller où ? […] Pourtant je ne suis pas seul : je fraternise sur la terre avec un grand peuple.
Duhamel du Monceau dans les traités qu’il a publiés sur la culture des terres. […] Nous avons vu une multitude d’agromanes, de politiques bourgeois, d’administrateurs sans économie qui vouloient fertiliser la terre avec leur plume, & enrichir l’Etat par leurs absurdes calculs.
La terre manque-t-elle à vos pas égarés ? […] Vous ne rejetez pas la fleur qui n’est plus belle ; Ce crime de la terre au ciel est pardonné. […] Inutile à la terre, approche-moi des cieux. […] Belle étoile aux longs cils qui regardez la terre, N’êtes-vous pas Delphine enlevée aux flambeaux, Ardente à soulever le splendide mystère Pour nous illuminer dans nos bruyants tombeaux ?
Et cette terre en vain chérie Les repousse de tous ses bord ! […] Du poète c’est le mystère ; Le luthier qui crée une voix Jette son instrument à terre, Foule aux pieds, brise comme un verre L’œuvre chantante de ses doigts ; Puis d’une main que l’art inspire, Rajustant ces fragments meurtris, Réveille le son et l’admire, Et trouve une voix à sa lyre, Plus sonore dans ses débris104 ! […] terre féconde en miracles, jusque dans les instants de tourmente et d’égarements partiels ! […] Le pommier, s’il pousse trop bien en pleine terre et avec une végétation trop luxuriante, ne donne que peu de fruits.
mais la vie du Christ fut un combat pour que la terre n’appartînt pas aux brigands, et ce précédent les persuade qu’ils ont su concilier le devoir divin et le devoir humain. […] Ainsi, du rachat de l’Alsace et de l’amour de leur terre natale, les huguenots de France élargissent leur vœu jusqu’au rachat de l’humanité, et, par ces trois motifs de liberté, de justice et de paix, s’élèvent à l’héroïsme guerrier. […] J’estime que j’ai eu toutes les joies de la terre, tout le bonheur humain, et que je puis m’en aller paisible. […] Songez que nos traditions remontent à plus de trois siècles et que la terre de France est pour nous peuplée de souvenirs.
Je me suis donné toutes les satisfactions qui peuvent tenter les puissants de la terre. […] À l’exemple du roi du vieil Eschyle, j’aime mieux l’herbe et la terre natale. […] Il sera mort en route et la Terre avec lui. […] L’enfer, le purgatoire, la terre et le ciel, composaient tout leur univers. […] La terre s’est vue jetée comme un grain de poussière dans l’espace, ignorée, perdue.
Untar préside aux brouillards et aux brumes, et les passe à travers un tamis d’argent avant de les envoyer sur la terre. […] Morris est, d’un bout à l’autre, une pure œuvre d’art, et la distance même qui sépare son style du commun langage et des intérêts terre à terre de notre temps, donne à tout le récit une étrange beauté, un charme qui n’a rien de familier. […] S’il était resté dans la terre natale, il aurait fait de bien plus belles choses. […] Ils pourraient aussi bien dire qu’une maison devrait résister à un tremblement de terre. […] Et pourtant il pourrait se faire que s’il revenait sur terre, et qu’il nous rendît visite, il eût quelque chose à dire à M.
Je ne trouvais dans cette indigente nature aucune des couleurs poétiques que la nudité de la terre et l’éraillement de mes roches décrépites me refusaient. […] Elle ne brille pas glaciale comme pendant l’hiver sur le givre des prés ; elle chauffe la terre, et elle essuie la rosée qui fume en s’élevant des brins d’herbe et du calice des fleurs dans les jardins. […] Ils s’endorment après sur la terre qui fume de chaleur, la tête appuyée sur leurs bras recourbés, et ils repuisent leur vigueur dans les rayons brûlants de ce soleil qui sèche leur jeune sueur. […] Quels vivants vaudraient pour moi ces morts ressuscités dans ce qu’ils ont eu de mieux sur la terre, leur pensée ? Je suis le fossoyeur des idées humaines, qui en exhume une pour faire place à une autre, et je trouve plus de vie ainsi sous la terre qu’il n’y en a dessus !
Mais, pensai-je alors, tant de délicatesse, tant de grâces, cette peinture si attachante de mœurs qui nous donnent l’idée du peuple le plus poli, le plus moral et le plus spirituel de la terre, et qui nous inspirent l’envie d’aller chercher le bonheur près de lui ; tout cela, pensai-je, est-il bien dans l’original indien ? […] Le cri qui sort du cœur torturé de l’homme ou de la femme retentit dans le ciel plus que sur la terre : la nature s’absorbe dans la religion. […] Dans ses bonds précipités, il vole plutôt qu’il n’effleure la terre… Lâche les rênes tout entières ! […] Prince, je retiens les rênes ; vous pouvez mettre pied à terre. […] À quel mortel sur la terre est destinée cette beauté ravissante, semblable, dans sa fraîcheur, à une fleur dont on n’a point encore respiré le parfum ; à un tendre bourgeon qu’un ongle profane n’a point osé séparer de sa tige ; à une perle encore intacte dans la nacre où elle repose ; au miel nouveau dont aucune lèvre n’a encore approché ?
Musset frappé, après Diderot, de cette éternelle mobilité des apparences, de cette ronde fantastique où nous sommes emportés avec tout ce qui nous environne, s’écriait avec éloquence192 : Oui, le premier baiser, oui, les premiers serments Que deux êtres mortels échangèrent sur terre, Ce fut au pied d’un arbre effeuillé par les vents, Sur un roc en poussière. […] Et voilà comment, par exemple, à l’idéalisme qui, en se prolongeant et s’exagérant risque de compromettre l’art dans l’allégorie, dans la convention, dans le surhumain, le chimérique, le nébuleux, le réalisme vient opposer l’imitation de la nature, l’observation de ce qui est, le retour prudent au terre à terre. […] Dès lors, l’évolution littéraire (et l’on pourrait dire l’évolution sociale) n’a plus pour figure un cercle, mais une spirale ; elle traverse les mêmes phases, mais dans un autre plan ; elle a, comme la terre, un double mouvement, mouvement de rotation sur elle-même, mouvement de translation dans l’espace. […] Est-ce qu’il est possible aux nouveaux venus, même quand ils répudient une partie de ce legs, de faire table rase de ce qui a existé avant eux, de n’en tenir aucun compte, de recommencer toute la civilisation, comme si le monde datait de leur apparition sur la terre ?
. — Le roi va en Flandre, madame de Maintenon à Barèges avec les enfants, madame de Montespan à sa terre de Clagny. — Dépenses de madame de Montespan à Clagny. — Rapprochement du roi et de madame de Montespan. — Mort de Turenne. — Nouvelle séparation du roi et de madame de Montespan. — Madame de Maintenon revient de Barèges. — Faveur de madame de Maintenon. […] « Il est très vrai », écrit-elle, le 6 février, à madame de Coulanges, « que le roi m’a nommée madame de Maintenon et que j’ai eu l’imbécillité d’en rougir, et tout aussi vrai que jamais de plus grandes complaisances pour lui que de porter le nom d’une terre qu’il m’a donnée. » Ce nom échappé au roi comme un mot dès longtemps usité, cette rougeur de celle qui le reçoit pour la première fois, cette expression d’étonnement et de reconnaissance, qu’aucun autre bienfait antérieur ne paraît avoir excité dans madame de Maintenon, montrent qu’elle sentit à l’instant tout ce que renfermait de bon pour elle cette substitution d’un nom nouveau à celui qu’elle portait. […] Il est au reste, inutile de faire remarquer ces mots : une terre que le roi m’a donnée ; ils prouvent, qu’outre les 200 000 francs dont nous avons vu le don, le roi avait ajouté le complément du prix de la terre, qui s’élevait à 50 000 francs. […] Nous avons parlé de cette lettre sous la date de 1673, parce qu’elle s’applique à deux années de mésintelligences, de prétentions d’un côté, de griefs de l’autre… « Ce secret, ajoute la lettre, roule sous terre depuis plus de six mois.
Mais il faut auparavant jeter quelques regards en dehors de sa terre natale et de ses grandes colonies, par-delà cet horizon couronné d’une si éclatante lumière, qui commençait à Syracuse et que fermaient les Cyclades, la côte d’Asie et la terre d’Égypte. […] Dieux, qui êtes entre le ciel et la terre, venez tous. […] Mais tu ne croiras pas, avant d’avoir inondé ces plaines de ton sang, et jusqu’à ce que ce fleuve apporte des milliers de tes morts dans la vaste mer, à l’extrémité de la terre fertile, et que ta chair serve de pâture aux poissons, aux oiseaux, et aux bêtes féroces qui habitent ces terres. » Puis, de cette réminiscence homérique appliquée si tragiquement aux blessures récentes de Rome, la même prédiction, le même texte mystérieux, passait à d’autres révélations plus consolantes : « Romains, disait-il, si vous voulez chasser l’ennemi et ce chancre dévorant qui vous est venu de loin, il faut, c’est mon avis, consacrer des jeux qui, chaque année, se renouvellent pieusement pour Apollon, le peuple en acquittant une partie et les citoyens le reste, chacun pour soi.
. — La Terre provençale (1890). — Le Livre de mélancolie (1896). — Une histoire d’amour (1897). — Jasmin (1898). […] Au fond, il appartient beaucoup plus, par les habitudes littéraires et la tendresse du sentiment, à son pays natal qu’à sa terre d’adoption.
Vielé-Griffin ce retour à la terre nourricière ait été inconscient. […] Mais c’est parce que, pendant si longtemps, nous avons négligé de regarder à nos pieds, c’est pour cela que nous pouvons malaisément aujourd’hui retrouver tout ce qui s’épanouit à même notre terre. […] Et nous sentons pourtant, oui, on commence je crois à le sentir, quelle force inconnue naîtrait de ce magique baiser, quel courant réciproque de nos yeux à la terre et de la terre jusqu’à nos lèvres ! […] On aime à se représenter ce poète en seigneur de jadis, et pourquoi pas choisir, à cause de son nom, ce Thibaut de Champagne qui parcourut la terre d’Ardenne et connut les rives de la Meuse ? […] Vielé-Griffin laboure des terres aux bornes plus reculées mais M. de Régnier cultive aussi son propre jardin et l’orne d’une flore plus précieuse.
Alors le devin proposa, en son nom, un remède pire que le mal : — « Et les Atrides frappèrent la terre de leur sceptre, et des larmes coulèrent, de leurs yeux. » — Ce remède c’était l’immolation d’lphigénie que réclamait la déesse. […] Ô Terre ! […] Toute chaude du souffle divin, je m’étendrai bientôt sur la terre. » Le Chœur se plaint de l’obscurité de ses prédictions ; elle lui répond par cette triste et gracieuse image, où brillent les larmes de la vierge qui ne connaîtra pas les joies de l’hymen : — « Eh bien ! […] Il viendra le fils parricide, exilé aujourd’hui et loin de cette terre. […] Il semble qu’on entende rouler à terre un masque d’airain.
Le mobilier du vieux monde périt avec les édifices sacrés publics ou privés ; l’art de la peinture périt tout entier dans cette métamorphose de la terre et du ciel. […] Ces architectes convoquaient le peuple sous des forêts ou sous des feuillages de pierre ; leurs masses s’élevaient de terre vers le ciel comme des montagnes de marbre pour y faire descendre un Dieu. […] On retrouvait là tous les jeunes artistes du matin, confondus, comme du temps de Léon X, avec les puissants de la terre. […] L’attention a fait tomber de sa main et rouler à terre le tambourin entouré de grelots sur lequel elle venait de frotter du doigt la tarentelle de son île. […] Le peintre vous donne ce qu’il y a de meilleur à un certain âge de la vie sur la terre : une heure d’oubli !
Je tire tout de là, car vraiment, sur la terre, je trouve bien peu de choses à mon goût. […] Elle ne trouvait rien sur la terre de supérieur à ce qu’il méritait. […] Dès lors toute la terre s’évanouit, pour mademoiselle de Guérin. […] La moitié de ces confidences s’étend sur la terre, l’autre moitié regarde déjà le ciel. […] « Mais c’est l’Ascension aujourd’hui ; laissons la terre et le ciel de la terre, montons plus haut que notre demeure, et suivons Jésus-Christ où il est entré.
Il n’y a sur la terre qu’hypocrisie et jonglerie ! […] La Terre n’a ni commencement ni milieu. […] Zola, la terre est une femme ou une femelle. […] Adieu la terre, la belle terre fleurie, la terre maternelle de laquelle nous sortons tous pour y rentrer un jour ! […] Le français pareillement naquit et se forma dans les travaux de la terre.
La cour est devenue le sénat de la nation ; le moindre valet de Versailles est sénateur ; les femmes de chambre ont part au gouvernement, sinon pour ordonner, du moins pour empêcher les lois et les règles ; et, à force d’empêcher, il n’y a plus ni lois, ni ordres, ni ordonnateurs… Sous Henri IV, les courtisans demeuraient chacun dans leur maison, ils n’étaient point engagés dans des dépenses ruineuses pour être de la cour ; ainsi les grâces ne leur étaient pas dues comme aujourd’hui… La cour est le tombeau de la nation. » — Quantité d’officiers nobles, voyant que les hauts grades ne sont que pour les courtisans, quittent le service et vont porter leur mécontentement dans leurs terres. […] Dans l’Artois, où souvent la dîme prélève 7 1/2 et 8 pour 100 du produit de la terre, nombre de curés sont à la portion congrue et sans presbytère ; leur église tombe en ruines et le bénéficier ne donne rien aux pauvres […] 131 » On dirait que le don est modeste et que le mari est raisonnable Pour bien comprendre l’histoire de nos rois, posons toujours en principe que la France est leur terre, une ferme transmise de père en fils, d’abord petite, puis arrondie peu à peu, à la fin prodigieusement élargie, parce que le propriétaire, toujours aux aguets, a trouvé moyen de faire de beaux coups aux dépens de ses voisins ; au bout de huit cents ans, elle comprend 27 000 lieues carrées. […] Même de son temps, le roi s’est laissé aller à faire la fortune des amies et des amis de sa femme : à la comtesse de Polignac 400 000 francs pour payer ses dettes, 800 000 francs pour la dot de sa fille, en outre, pour elle-même, la promesse d’une terre de 35 000 livres de rente, et, pour son amant, le comte de Vaudreuil, 30 000 livres de pension ; à la princesse de Lamballe, 100 000 écus par an, tant par la charge de surintendante qu’on rétablit en sa faveur, que pour une pension à son frère136. […] (Imprimerie royale, 1789, in-4.) « Terre de l’Ile-Dieu, acquise en 1783 du duc de Mortemart, 1 million. — Terre de Viviers, acquise du prince de Soubise en 1784, 1 500 000. — Terres de Saint-Priest et de Saint-Étienne, acquises en 1787 de M.
En se sentant valeureux soldats auxiliaires dans les armées de la France, ils se sont sentis dignes patriotes, nobles citoyens, capables d’indépendance et de toutes les libertés qui constituent l’homme moderne sur leur propre terre ; la France leur a inoculé la gloire ; la France a conçu tout à coup la noble idée de ressusciter l’Italie, l’Italie a conçu la juste volonté de revivre. […] et supprimez du même coup toute propriété de la terre pour d’autres familles humaines que la famille de Romulus armée contre tous ! […] Que gagnerait l’Italie à cette résurrection de toutes ces vice-royautés étrangères, dans une terre dont le charme attire tous les aventuriers armés de l’Asie et de l’Europe, et dont le sable se prête aussi bien à recevoir qu’à effacer vite le pas de tous ses conquérants ? […] Oubliez-vous que Henri VIII a déchiré les trois royaumes de la Grande-Bretagne de la carte pontificale, et que, sur la terre comme sur la mer, la Rome papale a ses plus acharnés ennemis là où elle avait ses plus fanatiques défenseurs ? […] XXVII Et qui empêchera désormais une confédération italienne de devenir la forme d’une renaissance de la terre qui fut Rome ?