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59. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Sixte-Quint et Henri IV »

qu’il n’y en ait pas mis une autre… Henri IV a donc commis là bien évidemment une des plus grandes fautes que souverain pût commettre, même la question religieuse écartée, que l’Histoire cependant n’écartera pas, car, je le dis, en regardant bien en face les révolutions futures, ou du moins le chemin par lequel elles peuvent venir, les gouvernements doivent toujours venir à bout, quand ils le voudront, eux qui sont la force organisée, de la force qui ne l’est pas… Segretain a par des exemples nombreux et frappants fait toucher du doigt dans son histoire la bévue des gouvernements du xvie  siècle qui précédèrent celui de Henri IV, lequel paracheva et fixa les conséquences de cette énorme faute, en la commettant à son tour ; et on se demande vraiment pourquoi, en lisant Segretain, qui nous met en lumière une chose qu’avant lui on n’avait pas assez vue, ce qui prouve son extrême bonne foi et son désir de justice : c’est qu’à toutes les époques de sa vie Henri IV, quelles qu’aient été ses apostasies, avait toujours été au fond de sa pensée plus catholique que protestant ! […] Assurément, l’apparence y est, mais Segretain a prouvé, avec la finesse d’une vue attentive qui prend garde à tout, que l’apparence fut une réalité. […] Ce crochet est un mot heureux, car il contient un blâme, — le blâme que mérite toute tortuosité, — mais véritablement les plaisanteries d’un homme à sa maîtresse, avec qui on est toujours un peu fanfaron de vices, ne prouvent rien, et tout ce qu’on sait de la vie de Henri et de sa persistante ambition politique, appuie cette idée du crochet. […] Il prouve admirablement, au contraire, qu’au xvie  siècle les novateurs, à commencer par Luther lui-même, ne surent d’abord où aller, voulant une réforme des mœurs, mais tenus en respect par le dogme et l’opinion des peuples qui aimaient encore la « Sainte mère l’Église ».

60. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

D’abord, il est un point sur lequel on s’accorde : c’est que sans cerveau il n’y a pas de pensée, ce que prouve suffisamment l’exemple des monstres acéphales. […] La race blanche ou caucasique est supérieure à la race mongole ; au moins elle le croit, et elle est en train de le lui prouver. […] Broca, les hommes de génie sont rares partout ; il n’est pas probable qu’il en soit mort cinq en cinq ans, rien qu’à l’université de Gœttingue. » La possession d’une chaire universitaire ne prouve pas nécessairement le génie. […] C’est ce qui est prouvé pour la race nègre ; c’est ce qui serait prouvé sans doute aussi pour d’autres races, si elles étaient depuis longtemps en contact avec la nôtre, et si les blancs s’occupaient de les améliorer, au lieu de les corrompre et de les exterminer.

61. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IX : Insuffisance des documents géologiques »

Les documents géologiques prouvent suffisamment la gradation des formes. — VIII. […] Une très petite partie seulement de la croûte terrestre a été géologiquement explorée, et nulle part encore avec un soin suffisant, ainsi que le prouvent les importantes découvertes qu’on fait encore chaque jour en Europe. […] Tous les faits géologiques nous prouvent clairement que chaque portion de la surface terrestre a subi des changements de niveau lents mais nombreux, et il paraîtrait que ces mouvements oscillatoires se sont manifestés à la fois sur de vastes étendues. […] Les documents géologiques prouvent suffisamment la gradation des formes. […] Peut-être même qu’une telle supposition devra demeurer à l’état de pure hypothèse, sans qu’il nous soit jamais possible d’en confirmer la vérité ou d’en prouver la fausseté.

62. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Argument » pp. 249-250

L’auteur entreprend de prouver : 1º qu’Homère n’a pas été philosophe ; 2º qu’il a vécu pendant plus de quatre siècles ; 3º que toutes les villes de la Grèce ont eu raison de le revendiquer pour citoyen ; 4º qu’il a été, par conséquent, non pas un individu, mais un être collectif, un symbole du peuple grec racontant sa propre histoire dans des chants nationaux. […] La force et l’originalité avec lesquelles il a peint des mœurs barbares, prouvent qu’il partageait les passions de ses héros.

63. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre III : Le présent et l’avenir du spiritualisme »

Ce grand mouvement critique auquel nous assistons ne prouve certainement pas que le spiritualisme ait tort ; mais il prouve, à n’en pas douter, que nos moyens de démonstration sont insuffisants, qu’il y a des lacunes dans nos doctrines, qu’elles ne sont pas complètement appropriées aux lumières de notre temps, qu’elles laissent en dehors d’elles un trop grand nombre de faits inexpliqués, qu’elles se sont montrées trop indifférentes à l’égard des sciences physiques et naturelles, qu’elles ont trop abandonné la nature aux savants, enfin qu’elles ont trop préféré en général l’analyse à la synthèse. […] La philosophie, de même que toutes les sciences, ne prouve sa vitalité que par le développement et le progrès. L’expérience historique nous prouve que l’idée spiritualiste est susceptible de prendre les formes les plus différentes, de se concilier avec les points de vue les plus variés.

64. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre III. Besoin d’institutions nouvelles » pp. 67-85

La Charte donnée par le roi n’est, à proprement parler, qu’une formule pour dégager l’inconnue, c’est-à-dire une méthode pour résoudre le grand problème de nos institutions nouvelles ; ce qui le prouve, ce sont les articles transitoires, les stipulations de circonstance dont cet acte est surchargé ; ce qui le prouve encore, c’est qu’on n’invoque point la Charte, mais l’esprit de la Charte. […] Burke, à l’origine de la révolution française, qui devait être une révolution européenne, prouvait, avec une, grande puissance de raisonnement, que les libertés de l’Angleterre étaient un héritage aussi ancien que la monarchie, et non point une conquête récente de l’ordre de choses qui porta Guillaume d’Orange au trône ; ni même une conquête de l’ordre de choses, de beaucoup antérieur, qui produisit la grande Charte du roi Jean. […] Ainsi donc, et c’est ce que j’espère faire sentir plutôt que prouver ; ainsi donc, lorsque l’homme veut hâter, par la violence, cette marche naturellement lente, aussi bien que lorsqu’il veut y apporter des délais et des obstacles, il met toujours la société en péril : il ne faut pas cesser de répéter cette vérité, sous toutes les formes ; il faut, s’il est permis de parler ainsi, en lasser les peuples et les gouvernements jusqu’à ce que la crise actuelle soit passée.

65. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « L’Angleterre depuis l’avènement de Jacques II »

et qui prouve à quel point il faut tenir haut sa pensée pour la préserver ! […] Il se contente de poser, sans le prouver, le fait étrange de cette monarchie tempérée qu’il est assez difficile d’établir quand on a un Henri VIII ou une Élisabeth derrière soi, et il ne commence, à proprement parler, son histoire qu’à la date éclaircie et certaine de la vraie monarchie anglaise : la fin des Stuarts et du droit divin. […] Comme un Anglais, il s’est payé des formes d’une légalité consacrée, il a été puérilement vaincu par le spectacle ; mais lui, le critique exercé, dont la sagacité a vu tant de choses autrement difficiles à voir, peut-il être dupe à ce point de faits qui ne prouvent rien en Angleterre, et nous dire sérieusement qu’il n’y eut aucun changement fondamental dans la grande révolution de 1688, parce qu’on y vit Clarencieux, Norroy, Portcullis, Dragon-Rouge et les cottes d’armes brodées de Lions et de Lys, et qu’on y donna à Guillaume le titre de roi de France, comme c’était l’usage depuis Crécy ? […] Cette injustice de l’Angleterre, qui charge la mémoire de Jacques après deux siècles, et qui prouve bien l’acharnement du sentiment protestant contre lui, il appartenait peut-être à un homme aussi éclairé que Macaulay de la réparer.

66. (1867) Le cerveau et la pensée « Avant-propos »

Ne vaudrait-il pas mieux déclarer tout d’abord que, lors même qu’il en serait ainsi, rien ne serait encore prouvé contre l’existence de l’âme ? L’âme se prouve par des raisons psychologiques et morales indépendantes de la physiologie ; fût-elle liée, dans l’exercice de ses puissances, à certaines conditions organiques déterminées (ce que d’ailleurs nul ne peut nier), il ne s’ensuivrait nullement qu’elle se confondit avec ces conditions mêmes. […] Oui, l’âme se prouve par des raisons morales et psychologiques indépendantes de la physiologie.

67. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XI »

Parmi les citations manuscrites de notre dernier ouvrage, toutes n’ont pas évidemment la même importance ; il y en a de négligeables, que nous avons cru devoir donner cependant, pour être complet, par rigueur de doctrine, par excès de démonstration, en vertu de ce principe qu’on dépasse toujours un peu le but quand on veut prouver quelque chose. […] Le travail, selon lui, n’apprend pas à écrire, parce qu’il y a de grands génies qui n’ont pas eu besoin de travailler, comme si nous n’avions pas dit cent fois qu’un Manuel de style n’est pas fait pour les grands génies et comme s’il n’était pas, d’ailleurs, historiquement prouvé que les plus grands écrivains eux-mêmes ont énormément travaillé! […] Uzanne n’a pas l’air de se douter que nous l’avons publié uniquement pour prouver ce qu’il a la prétention de nous apprendre, et aussi parce que cet ouvrage était la confirmation éclatante de nos conseils « insidieux ».

68. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 400-402

Les efforts qu’on a faits pour imiter ses Caracteres, n’ont servi qu’à prouver combien ils sont inimitables. […] Que prouve cette difficulté d’imiter les bons modeles ?

69. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 42-44

Si l’on avoit besoin d’exemple pour prouver qu’un esprit juste & un cœur droit ne peuvent long-temps persister dans l’erreur & l’impiété, celui de M. de Ramsay viendroit à l’appui de cette vérité. […] Ses Ouvrages prouvent trop en faveur de son esprit & de ses lumieres, pour que nos Philosophes, qui savent si bien travestir & les motifs & les démarches, puissent attribuer sa conversion à l’ignorance ou à la foiblesse.

70. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VIII : Hybridité »

Mais, pour prouver cette diminution de fécondité, il en est réduit à compter soigneusement les graines provenant de ces croisements. […] On est étonné de voir de combien de manières différentes et curieuses cette loi de gradation peut se prouver ; mais je ne puis donner ici qu’une sèche et rapide esquisse des faits. […] D’autre côté, ces mêmes inégalités prouvent que la faculté de croisement est en connexion intime avec des différences de constitution inappréciables pour nous et qui, sans doute, affectent exclusivement le système reproducteur. […] Kœlreuter, dont l’exactitnde a été confirmée par tous les observateurs plus récents, a prouvé qu’une variété du Tabac commun est plus féconde que les autres en cas de croisement avec une espèce très distincte. […] Il me semble donc impossible de prouver que la fécondité très générale des croisements entre variétés soit une loi universelle établissant une distinction fondamentale entre les espèces et les variétés.

71. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 484-486

Il est vrai que la manière de procéder de Charron peut présenter d’abord l’idée de Scepticisme aux esprits superficiels ou intéressés ; mais il est aisé de prouver qu’il n’a jamais douté de la Religion qu’il professoit ; qu’au contraire son intention a toujours été de la défendre. […] Ne seroit-ce pas vouloir prouver par les contraires les faits les plus évidens, renverser toutes les notions de l’esprit humain, insulter à la crédulité publique ?

72. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 416-419

En suivant cette méthode, qui prouve beaucoup de sagacité, beaucoup de connoissances, il est parvenu à donner non seulement une Collection intéressante des actions principales des Saints que l’Eglise révere dans ses Fastes, mais encore de présenter dans l’ensemble de l’Ouvrage un tableau assez suivi de l’Histoire de l’Eglise. […] Sa maniere d’écrire & les connoissances qu’elles supposent, prouvent combien il seroit capable d’ajouter à sa réputation littéraire, s’il n’en faisoit le sacrifice à des occupations plus importantes & non moins utiles à la Religion.

73. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 277-279

Ce n’est pas qu’il en ignore les préceptes : les Réflexions qu’il a publiées à la tête de ses Discours choisis, prouvent qu’il les connoît & qu’il en sent la nécessité ; mais les Discours qui les suivent & les Sermons que nous lui avons entendu prêcher, ne prouvent pas qu’il possede les qualités & qu’il ait rempli les devoirs d’un Orateur Chrétien véritablement éloquent.

74. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

Bailly a très bien remarqué que l’absurdité même de certaines fables prouve qu’elles n’ont pas été inventées : c’est un langage hiéroglyphique dont nous n’avons plus la clef, dont nous ignorons les racines ; et c’est aussi la raison qui a déterminé quelques archéologues à croire la langue écrite douée d’une telle énergie. […] Les inventions qui ont été faites pour ainsi dire sous nos yeux, ou dont nous pouvons encore suivre la trace, sont dues à des hommes inconnus, dont les procédés pour y parvenir sont ignorés, ou appartiennent incontestablement au hasard, connue si la Providence eût voulu nous prouver visiblement que nous n’inventons rien. […] Il a dit au chien : « Tu garderas les troupeaux de l’homme, tu veilleras autour de sa demeure, tu le suivras dans ses voyages, tu trahiras ton propre instinct pour te faire l’ennemi des autres animaux lorsque ton maître voudra prendre les plaisirs de la chasse ; et, s’il devient pauvre, misérable, privé de la vue, tu dirigeras ses pas sur les bords du précipice pour le lui faire éviter, ou parmi les flots d’une multitude insouciante pour qu’il reçoive le pain de l’aumône que tu partageras avec lui. » Croyez-vous que cet instinct des animaux marqués pour la domesticité ne prouve pas l’intention du Créateur qui leur donna cet instinct, et qui, ainsi, l’ajouta en quelque sorte aux organes mêmes de l’homme ? […] Peut-être même sous ce point de vue était-il nécessaire que le droit divin fût nié par une société, parce que la résistance de quelques hommes isolés, pour admettre ce dogme fondamental, n’aurait pas assez prouvé la liberté. […] Il a fallu, ainsi que nous l’avons remarqué, il a fallu que la liberté fût prouvée pour les gouvernements comme pour les peuples.

75. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 474-476

Pour y parvenir avec succès, il commence par établir & prouver que cette maladie est accidentelle, contagieuse, & non naturelle à l’homme ; qu’elle n’a point existé de tout temps, puisque les Médecins de l’antiquité n’en ont point parlé, & que ce n’est que vers le milieu du sixieme Siecle qu’elle a été apportée dans nos contrées, comme la peste & la lepre l’ont été plusieurs fois, sur-tout durant les croisades. […] Omer & Dijon, ont faite des moyens qu’il propose, a mis le sceau à la démonstration de ses principes, & prouvé que non seulement la France, mais l’Europe entiere, peut se préserver de ce fléau, avec les précautions indiquées.

76. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 548-551

Pour y parvenir, il doit plaire, il doit prouver, il doit toucher ; car il ne peut rien obtenir de l’Auditeur ou du Lecteur, que par l’art de s’attirer sa bienveillance par la force des raisons, & par le trouble où il le jette : le dernier point, le plus difficile sans doute, mais le plus infaillible, & sans lequel il n’y a point de véritable éloquence évangélique, est précisément celui qui nous paroît manquer à M. l’Abbé Poule. Cet Orateur prouve assez bien les vérités qu’il avance, ses raisonnemens sont assez suivis, ses pensées assez souvent lumineuses & toujours assez bien exprimées ; mais il ne touche, il ne remue, il n’est vraiment éloquent que par intervalles, & les intervalles sont très-longs, si ce n’est dans le Discours sur l’aumône, où il se montre souvent sensible & pathétique, toujours noble & quelquefois sublime.

77. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

Avant donc de chercher les conditions sociologiques du succès des idées égalitaires, il importe de prouver ce succès même, et qu’elles existent bien, dans la réalité historique, comme idées sociales. […] Essayons donc de prouver a posteriori qu’il se rencontre, dans quelques temps et quelques lieux, mais non dans tous les lieux et tous les temps, des idées sociales semblables à celles que nous avons définies a priori. […] Et peut-être les socialistes pourront-ils prouver, — étant donnée la façon dont se distribuent, en fait, les richesses, — que cette liberté est « illusoire », que cette égalité des droits économiques n’est pas « réelle ». […] D’un autre côté, les ethnologistes eux-mêmes dénoncent enfin ce procédé qui consiste à mettre à profit l’obscurité dont les institutions des sociétés primitives restent fatalement entourées pour leur faire prouver ce que l’on veut. […] Il n’est que trop aisé de le prouver, l’Empire romain vit d’inégalités de toutes sortes, économiques, politiques, même civiles et juridiques.

78. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Erckmann-Chatrian » pp. 95-105

C’est un misanthrope… mais sanguin, comme le prouve, entre autres Contes, — car d’autres de ses Contes le prouvent aussi, — cette excellente plaisanterie, ce Conte bouffe des Lunettes de Hans Schnaps. […] Si Erckmann-Chatrian avait eu la moindre puissance fantastique, il l’aurait prouvé dans cette histoire si bien commencée, entre cet homme atteint d’une maladie sans nom, qui hurle comme un loup blessé au fond de son château féodal, et dont les crises deviennent de plus en plus épouvantables à mesure que s’avance dans la plaine, à travers les neiges, la vieille sorcière, ou plutôt la vieille inconnue, que la terreur de tout le pays a surnommée la Peste Noire.

79. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VII. D’Isocrate et de ses éloges. »

Ayant perdu des biens considérables, il ouvrit une école et y acquit des richesses immenses ; le fils d’un roi lui paya soixante mille écus un discours ou il prouvait très bien qu’il faut obéir au prince ; mais bientôt après, il en composa un autre, où il prouvait au prince qu’il devait faire le bonheur des sujets. […] L’orateur entreprend de prouver, en faisant l’éloge d’Athènes, que c’est à elle qu’appartient naturellement l’empire, et il exhorte les Grecs à s’unir tous ensemble, pour porter la guerre chez leurs communs ennemis.

80. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VII. De la physique poétique » pp. 221-230

Pour les liquides, ils les réduisaient à une seule espèce, à celle du sang ; ils appelaient sang la liqueur spermatique, comme le prouve la périphrase sanguine cretus, pour engendré ; et c’était encore une expression juste, puisque cette liqueur semble formée du plus pur de notre sang. […] Les mots par lesquels ils exprimèrent l’action des sens le prouvent assez : ils disaient pour entendre, audire, comme on dirait haurire, puiser, parce que les oreilles semblent boire l’air, renvoyé par les corps qu’il frappe. […] Ce qui le prouve, c’est qu’Achille, qui fait tant de bruit pour l’enlèvement de Briséis, et dont la colère suffit pour remplir une Iliade, ne montre pas une fois dans tout ce poème un sentiment d’amour ; Ménélas, qui arme toute la Grèce contre Troie pour reconquérir Hélène, ne donne pas, dans tout le cours de cette longue guerre, le moindre signe d’amoureux tourment ou de jalousie.

81. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 179-182

Après avoir composé le meilleur Livre que nous ayons sur les principes de l’Art dramatique, il prouva par sa Tragédie de Zénobie, que ce n’est pas tout d’être instruit, qu’il faut encore avoir le talent de réduire les instructions en pratique. […] Ce qui prouve encore mieux la bonté de son Ouvrage, c’est l’utilité qu’on en a tirée.

82. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 150-153

Les Morts, du fond de leur tombeau, n’appellent point des sentences prononcées contre eux ; les Vivans sont toujours prêts à crier à l’injustice & à être injustes, pour prouver qu’on a tort de les attaquer. […] Ce sont les raisons qui prouvent en ce cas, non des autorités, ni des suffrages trop décriés par l’abus qu’on en a fait.

83. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 162-165

Un tel enthousiasme ne prouve-t-il pas que le mauvais goût & les mauvaises Pieces ont souvent des partisans & des couronnes qui les attendent ; comme les bons Ouvrages & le bon goût ont des Adversaires à craindre & des persécutions à éprouver ? […] Il a même paru des Ecrits à ce sujet, qui prouvent qu'ils savent se connoître en bons Ouvrages, & apprécier les mauvais à leur juste valeur.

84. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Rathery »

Rien n’est plus vrai et rien n’est mieux prouvé maintenant. […] Sans remonter bien haut, dans le Jacques Cœur 4 de Pierre Clément, dont nous parlions récemment, nous nous rappelons un excellent chapitre sur la littérature du xve  siècle qui prouve, avec une grande autorité, combien déjà au xve  siècle le génie littéraire de la France avait de vie intime et de force, et avec quelle puissance il commençait, semblable au lion de Milton s’arrachant au chaos qui l’enveloppe encore, de se détirer des obscurités et des empâtements de sa native originalité.

85. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

Le vers spondaïque est le plus lent, et la suite prouvera que le vers héroïque fut originairement spondaïque. […] Cette origine des sociétés sera prouvée par le fait ; mais quand elle ne serait qu’une hypothèse, elle est si simple et si naturelle, tant de phénomènes politiques s’y rapportent d’eux-mêmes, comme à leur cause, qu’il faudrait encore l’admettre comme vraie. […] Dans cette période, les nobles se dévouaient pour leur patrie, dont le salut était lié à la conservation des privilèges de leur ordre ; et les plébéiens se signalaient par de brillants exploits pour prouver qu’ils méritaient de partager les mêmes honneurs. […] Ainsi Naples fut d’abord appelée Sirène, d’un mot syriaque, ce qui prouve que les Syriens, ou Phéniciens, y avaient d’abord fondé un comptoir. […] Cet axiome, rapproché du 8e et de son corollaire, prouve que l’homme n’est pas injuste par le fait de sa nature, mais par l’infirmité d’une nature déchue.

86. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

Si l’on pouvait prouver que les Hottentots sont descendus des Nègres, je suppose qu’on les placerait dans le groupe Nègre, quelles que soient les différences de couleur, ou autres plus importantes, qui les distinguent. […] Comme il me semblait suffisamment prouvé que les diverses races de Pigeons domestiques descendent d’une seule espèce sauvage, j’ai comparé de jeunes Pigeons de diverses races, douze heures après leur éclosion. […] Appliquons maintenant aux espèces à l’état de nature ces divers faits, ainsi que les deux principes qui les expliquent, et dont l’un est sinon prouvé vrai, du moins, assez probable. […] Agassiz pense que c’est une loi générale de la nature ; mais j’avoue que j’espère seulement la voir un jour prouvée vraie dans son universalité. […] Darwin discute les objections de ses contradicteurs prouve sa bonne foi et sa minutieuse exactitude, il nous paraît cependant attacher trop de valeur à des arguments qui n’en ont aucune.

87. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 239-252

Clément s’efforce de prouver que le Poëme de la Peinture n’est qu’une amplification de quelques passages de celui de du Fresnoy * sur le même sujet, & d’élever ce dernier au dessus du premier, sous prétexte qu’il le trouve plus instructif & plus original. […] Nous dirions d’abord que le larcin feroit peut-être difficile à prouver ; mais quand il existeroit, que peut-on en inférer à son désavantage ? […] Nous ne pousserons pas plus loin cet Article, quoique nous nous fussions proposé d’y prouver encore, contre l’Auteur des Observations critiques, non seulement que le Poëme de l’Abbé Marsy est très-didactique, mais encore qu’il n’est pas impossible d’en faire un sur le même sujet, dans notre Langue, dont la lecture soit intéressante.

88. (1887) Discours et conférences « Discours à la conférence Scientia : Banquet en l’honneur de M. Berthelot »

Deux ou trois mots que nous échangeâmes discrètement nous eurent bientôt prouvé que nous avions ce qui crée le principal lien entre les hommes, je veux dire la même religion. […] Je crois absolument vrai ce qui est prouvé scientifiquement, c’est-à-dire par l’expérience rigoureusement pratiquée.

89. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Un faiseur de descriptions eût montré la physionomie de l’éléphant, la tranquillité de ses yeux intelligents, la couleur de sa peau, et le reste ; un vrai poëte songe à l’ensemble et ne décrit que pour prouver. […] Et tout cela a un but, qui est de prouver la morale, et d’empêcher les amants de se quitter. […] L’arbre prouve à l’homme qu’il est un meurtrier, d’un ton simple, qui ne laisse place à aucun subterfuge. […] » (Le voilà qui énumère tous les cas de guerre et prouve doctement qu’aucun de ces cas ne s’est présenté. […] A présent le barbare s’amuse à prouver tout au long que la simplicité des Germains vaut la civilisation romaine.

90. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

Donnez-moi dix lignes d’un auteur, je vous prouverai qu’il est panthéiste, et, avec dix autres, je prouverai qu’il ne l’est pas. […] J’ai souvent fait réflexion qu’un païen du temps d’Auguste aurait pu faire valoir pour la conservation de l’ancienne société tout ce que l’on dit de nos jours pour prouver qu’on ne doit rien changer à la société actuelle. […] Au fond, cela fait honneur à la France ; cela prouve qu’elle s’est fait une haute idée du parfait. […] Tous les droits doivent être conquis, et ceux qui ne peuvent pas les conquérir prouvent qu’ils ne sont pas mûrs pour ces droits, que ces droits n’existent pas pour eux, si ce n’est en puissance. […] Ce n’est pas parce qu’on a prouvé à une nation qu’elle a droit à son indépendance qu’elle se lève : le jeune lion se lève pour la chasse, quand il se sent assez fort, sans qu’on le lui dise.

91. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 140-155

La gloire est médiocre à ne prouver que ce qui est vrai ; laissons agir la Nature, cédons aux impressions même momentanées, & soyons singulier, pour devenir célebre ». […] Sa Lettre contre la Musique Françoise, son Dictionnaire de Musique, quoiqu’il doive beaucoup à celui de l’Abbé Brossard, ses Lettres de la Montagne, celle à l’Archevêque de Paris, prouvent qu’il étoit en état de s’exercer supérieurement dans tous les genres, & d’embellir, par son éloquence, les matieres qui en paroissent le moins susceptibles. […] Ils ne lui ont jamais pardonné & ne lui pardonneront jamais d'avoir dit, dans un de ses Ouvrages : « Que font les Philosophes, si ce n’est de se donner à eux-mêmes beaucoup de louanges, qui, n’étant répétées par personne autre, ne prouvent pas grand’chose, à mon avis ?

92. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 9, de la difference qui étoit entre la déclamation des tragedies et la déclamation des comedies. Des compositeurs de déclamation, reflexions concernant l’art de l’écrire en notes » pp. 136-153

Je vais encore rapporter plusieurs passages des auteurs anciens que je crois propres à prouver mes opinions. […] C’est ce qui prouve, ajoûte cet auteur, que l’art de noter les tons des chants et la déclamation des vers étoit connu dès-lors. […] Enfin voici un passage de Tite-Live qui suffiroit seul pour prouver que les anciens composoient la déclamation des pieces de théatre, qu’ils l’écrivoient en notes et qu’elle s’executoit avec un accompagnement d’instrumens à vent.

93. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Il devient qu’il n’est pas prouvé, et que, du reste, en soi déjà, il était faux. […] Cela prouve le péché originel. — Tirésias a été successivement homme et femme. […] Le christianisme ne s’est pas dérobé à cette loi, ce qui prouve assez qu’elle est divine. […] Voilà la distance parcourue dans le flux et le reflux des idées, et voilà qui prouve qu’on revient de loin. […] Mais les temps ont prouvé que c’était ajourner la révolution elle-même.

94. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 202-207

Cet Ouvrage prouve que, si M. […] La satire, la licence & l’impiété n’ont jamais seules prouvé l’esprit.

95. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre III. Partie historique de la Peinture chez les Modernes. »

Les prêtres avaient rassemblé au collège de l’orthodoxie, à Constantinople, la plus belle bibliothèque du monde, et les chefs-d’œuvre des arts : on y voyait en particulier la Vénus de Praxitèle127, ce qui prouve au moins que les fondateurs du culte catholique n’étaient pas des barbares sans goût, des moines bigots, livrés à une absurde superstition. […] Or, il est aisé de prouver trois choses : 1º que la religion chrétienne, étant d’une nature spirituelle et mystique, fournit à la peinture un beau idéal, plus parfait et plus divin que celui qui naît d’un culte matériel ; 2º que, corrigeant la laideur des passions, ou les combattant avec force, elle donne des tons plus sublimes à la figure humaine, et fait mieux sentir l’âme dans les muscles, et les liens de la matière ; 3º enfin, qu’elle a fourni aux arts des sujets plus beaux, plus riches, plus dramatiques, plus touchants, que les sujets mythologiques.

96. (1903) Le problème de l’avenir latin

C’est une réalité patente et qui se prouve. […] C’est par ce moyen qu’il semble se prouver à lui-même son existence et jouer son rôle dans le monde. […] Par excès d’esprit on tend à se prouver inintelligent. […] Et pourtant combien se prouvent-ils imbus de principes et de sentiments romains ! […] Mais si sa vie même en dépend, il se prouve absurde en refusant de s’y soumettre.

97. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 381-387

Ce Poëte a fait encore des Hymnes & des Cantates, qui prouvent que l’Ecriture Sainte, d’où elles sont tirées, n’a pas été mieux traitée que l’Iliade, & sont de nouveaux motifs pour nous confirmer dans l’idée que le génie de la Mothe n’étoit pas propre à la Poésie sublime. […] Son Discours sur la Poésie en général & sur l’Ode en particulier, ses Réflexions sur la critique, offrent un enchaînement de réflexions judicieuses, instructives, présentées avec grace & d’un ton séduisant dont il faut se défier dans quelques autres de ses Ouvrages, ceux, entre autres, où il veut prouver qu’on peut faire de bonnes Tragédies & de belles Odes en prose, ou détruire la supériorité des Anciens sur les Modernes.

98. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 532-537

Ce qui acheve de prouver qu’il est un de nos meilleurs Littérateurs, est l’érudition qu’il joint au mérite du style & de la Poésie ; érudition qui n’est point fantastique & mendiée, comme celle de tant d’Ecrivains dont le fond consiste dans quelques Extraits lus sans réflexion, & insétés uniquement pour faire étalage, mais une érudition solide, étendue, choisie, dirigée par le goût, appuyée sur la connoissance de l’Hébreu, du Grec, du Latin, & de plusieurs Langues vivantes. […] Racine le fils, sur les Tragédies de son pere ; sa Traduction des Dialogues de Lucien, celle des Tragédies d’Eschyle sur-tout, sont autant de travaux qui déposeront en faveur de son génie, de son savoir, de ses lumieres, de son zele pour le progrès des Arts, contre les esprits jaloux qui l’ont attaqué sans le valoir ; contre les esprits superficiels qui l’ont jugé sans le connoître ; contre les Philosophes qui l’ont décrié sans pouvoir lui nuire ; ils prouveront encore, avec ses autres Ouvrages, l’énorme différence qu’il y a entre l’Honnête homme qui sait faire un noble usage de ses talens, & l’Ecrivain dangereux qui en abuse pour dépriser ceux de ses Rivaux.

99. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 51-56

Rapin prit sur lui de traiter ce sujet, & il l’a fait avec une supériorité de talent qui prouve la beauté de son génie. […] « Ménage , dit-il dans le Siecle de Louis XIV, a prouvé qu’il est plus aisé de faire des Vers en Italien qu’en François.

100. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 151-168

En voilà plus qu’il n’en faut pour prouver combien il étoit né Poëte. […] Ses autres Pieces n’ont pas, à la vérité, le même mérite ; mais elles n’en prouvent pas moins son talent & sa supériorité dans le genre qui lui étoit particulier. […] Le Philosophe marié est d’un autre genre de mérite : il prouve combien Destouches avoit de ressource dans l’imagination : conduire pendant cinq actes, sans langueur & sans inutilité, un sujet qui paroît capable de fournir tout au plus deux ou trois scènes, ne sauroit être l’Ouvrage que d’un esprit qui connoissoit les secrets du cœur & savoir tout ramener à l’action théatrale.

101. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 24-41

Quand on conviendroit, avec ceux qui ont voulu le justifier, que le fond de ce Poëme est ingrat, qu’il prête plus à la discussion qu’aux images, ce ne seroit qu’une raison de plus pour prouver qu’il ne falloit pas l’entreprendre. […] Les Ouvrages de nos grands Ecrivains ont suffisamment prouvé qu’elle est capable de s’élever à tout & de tout enrichir, sous une plume habile à la manier. […] on ne prouvera autre chose, si ce n’est que certains mots ne sont réputés bas & ignobles, que parce qu’ils n’ont pas été employés par de grands Poëtes.

102. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Fontenelle, et le père Baltus. » pp. 2-16

Tout prouve qu’ils ont duré jusqu’à l’extinction du paganisme ; & l’époque de sa fin n’est que de l’année 451. […] De prouver que les démons ne rendoient point les oracles ; 2°. […] Du Marsais prouve qu’attribuer les oracles au malins esprits, n’est pas une vérité fondée sur la tradition ; que les prêtres, pour tromper le peuple, se servoient de statues creuses ; que ce n’est point affoiblir, mais confirmer la gloire de Jésus-Christ, que de réduire les oracles à des causes naturelles ; que les permissions particulières accordées au démons, suivant le témoignage de l’écriture, ne donnent pas droit d’en supposer d’autres ; que ce prodige n’étoit pas nécessaire à l’établissement du christianisme ; qu’admettre de faux miracles, ce seroit, s’il étoit possible, rendre suspects les véritables.

103. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Corneille »

Jules Levallois, qui aurait dû, pour rester dans la mesure, appeler son ouvrage : Corneille méconnu, a tiré de l’oubli les tragédies qui y sont trop tombées : Attila, Théodore, Médée, Œdipe et tant d’autres, et il a prouvé, par le raisonnement et par les plus intéressantes citations, que l’auteur du Cid, de Polyeucte et des Horaces, n’avait pas versé tout son génie dans ces chefs-d’œuvre, dont on s’est servi pour borner et étouffer sa gloire, tout en la proclamant. […] Il le prouva, à vingt places de ses œuvres, dans des vers que M.  […] Il le prouva jusque dans Sartorius.

104. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre XI. De la géographie poétique » pp. 239-241

Ce qui le prouve, c’est que les vents cardinaux conservent dans leur géographie les noms qu’ils durent avoir originairement dans l’intérieur de la Grèce. […] C’est dans ce sens que Zamolxis fut Gète, et Bacchus Indien. — Le nom de Morée, que le Péloponnèse conserve jusqu’à nos jours, nous prouve assez que Persée, héros d’une origine évidemment grecque, fit ses exploits célèbres dans la Mauritanie grecque ; le royaume de Pélops ou Péloponnèse a l’Achaïe au nord, comme l’Europe est au nord de l’Afrique. […] Les noms d’Hercule, d’Évandre et d’Énée passèrent donc de la Grèce dans le Latium, par l’effet de quatre causes que nous trouverons dans les mœurs et le caractère des nations : 1º les peuples encore barbares sont attachés aux coutumes de leur pays, mais à mesure qu’ils commencent à se civiliser, ils prennent du goût pour les façons de parler des étrangers, comme pour leurs marchandises et leurs manières ; c’est ce qui explique pourquoi les Latins changèrent leur Dius Fidius pour l’Hercule des Grecs, et leur jurement national Medius Fidius pour Mehercule, Mecastor, Edepol. 2º La vanité des nations, nous l’avons souvent répété, les porte à se donner l’illustration d’une origine étrangère, surtout lorsque les traditions de leurs âges barbares semblent favoriser cette croyance ; ainsi, au moyen âge, Jean Villani nous raconte que Fiesole fut fondé par Atlas, et qu’un roi troyen du nom de Priam régna en Germanie ; ainsi les Latins méconnurent sans peine leur véritable fondateur, pour lui substituer Hercule, fondateur de la société chez les Grecs, et changèrent le caractère de leurs bergers-poètes pour celui de l’Arcadien Évandre. 3º Lorsque les nations remarquent des choses étrangères, qu’elles ne peuvent bien expliquer avec des mots de leur langue, elles ont nécessairement recours aux mots des langues étrangères. 4º Enfin, les premiers peuples, incapables d’abstraire d’un sujet les qualités qui lui sont propres, nomment les sujets pour désigner les qualités, c’est ce que prouvent d’une manière certaine plusieurs expressions de la langue latine.

105. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

III Voilà le bien défini, le devoir institué, la vie présente réglée, la vie future prouvée. […] « La fin d’un être est son bien. » Nous admettons cette maxime, et de plus nous la prouvons. […] Malebranche est allé plus loin ; il a prouvé, et fort rigoureusement, que Dieu n’a point en vue le bien des créatures, mais sa gloire, qu’il fait tout pour lui et rien pour elles, et qu’il ne serait pas Dieu, s’il était humain. […] Jouffroy s’est approché de la première avec les stoïciens, sans la toucher ; il a constaté la seconde avec Kant, sans la prouver ; s’il n’eût point été égaré par une équivoque théologique, il eût touché l’une et prouvé l’autre.

106. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Les résultats de la critique ne se prouvent pas, ils s’aperçoivent ; ils exigent pour être compris un long exercice et toute une culture de finesse. Il est impossible de réduire celui qui les rejette obstinément, aussi bien qu’il est impossible de prouver l’existence des animalcules microscopiques à celui qui refuse de faire usage du microscope. Décidés à fermer les yeux aux considérations délicates, à ne tenir compte d’aucune nuance, ils vous portent à la figure leur mot éternel : prouvez que c’est impossible. […] Exigez donc aussi un texte semblable pour prouver que l’artillerie n’était pas connue aux temps homériques, et, en général, pour tous les résultats de la critique exprimés sous forme de négation. […] Il est prouvé que l’immense majorité de ceux qui suivirent le hardi korcischite n’avaient en lui aucune foi religieuse.

107. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Si l’on considère des périodes suffisamment longues, la géologie prouve clairement que toutes les espèces ont changé, et qu’elles ont changé comme le requiert ma théorie : car elles ont changé lentement et graduellement. […] D’autre part, il est prouvé que la variabilité, une fois qu’elle a commencé à se manifester, ne cesse pas totalement d’agir ; car de nouvelles variétés se forment encore de temps à autre parmi nos produits domestiques les plus anciens. […] On a souvent affirmé, quoique cette assertion ne puisse être prouvée, que la somme des variations à l’état de nature est étroitement limitée. […] Cette théorie rend aisé à comprendre l’axiome : Natura non facit saltum, dont chaque nouvelle conquête de la science tend à prouver de plus en plus la vérité. […] On ne peut prouver que la somme de ces variations dans le cours de longs âges soit limitée.

108. (1802) Études sur Molière pp. -355

Si tout ne prouve pas qu’il s’est altéré sur la route, que nous avons enfin une bonne et mauvaise tradition, et que la dernière est par malheur la plus accréditée ? […] La moralité. — Bonne ; elle nous prouve à quel point un cœur jaloux peut égarer l’imagination. […] Ces trois ouvrages vont nous prouver successivement s’il était prudent d’attaquer un athlète aussi vigoureux, et si l’athlète fit bien ou mal de se venger. […] En donner le précis, c’est prouver que Molière a bien fait de ne pas la prendre en entier. […] le Docteur accorde le pas à la matière, Arlequin soutient le contraire, et le prouve en racontant qu’un cordonnier lui ayant cassé la tête d’un coup de forme, la matière ne vint que longtemps après.

109. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « VII » pp. 25-29

— Le succès de Lucrèce change l’état des choses dramatiques ou du moins est un symptôme qui prouve hautement, en contradiction avec les théories de Hugo et des autres, que la faute des non-succès et des succès contestés n’est pas au public, mais aux auteurs. […] Le public est, avant tout, bienveillant, avide et porté à tout ce qui l’intéressera ; il vient de le prouver.

110. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 329-336

Son éloquence y est soutenue, mâle, abondante & naturelle ; elle dédaigne le faux brillant des antitheses, ces tours emphatiques qui ne prouvent que la sécheresse de l’imagination & la disette de l’esprit, ces details recherchés, ces portraits fantastiques, plus faits pour plaire que pour corriger ; elle s’abandonne à la chaleur qui l’enfante, & n’emprunte de l’art que ce qu’il faut pour l’embellir, ou plutôt elle embellit l’art même. […] M. de Voltaire auroit dû s’en tenir à ce jugement, qui faisoit honneur à ses lumieres & à son goût, & ne pas dire, dans un autre Ouvrage, que le Discours sur l’Histoire universelle n’est qu’une éloquente déclamation qui peut éblouir un jeune Prince, mais qui contente peu les Savans ; ce qui ne prouve que son injustice & son inconséquence.

111. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 189-194

Son exemple prouvera vraisemblablement dans la suite, que beaucoup d’esprit, beaucoup d’Ouvrages & beaucoup de vogue, ne sont rien moins que des titres solides pour une réputation durable. […] Ses Comédies, toutes bien écrites, prouve qu’il possédoit l’art de saisir les ridicules, & de les peindre avec autant de fidélité que d’agrément.

112. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

On a prétendu excuser M. de Voltaire, en s'efforçant de prouver qu'elle ne comportoit pas ce genre d'ornement. […] Que dirons-nous du Télémaque, qui est & sera toujours un vrai Poëme aux yeux des Connoisseurs, comme nous l'avons* prouvé ? […] Qui ne sentira que ce raisonnement est à peu près de la même force que celui de Scudéry, qui prétendoit également prouver la supériorité de sa Tragédie de l'Amour tyrannique, sur celle du Cid, parce qu'il y avoit plus de Suisses tués, à sa Piece, qu'à celle de Corneille ? […] Ses réflexions sur les différens Princes ne tendent qu’à prouver que les plus méchans ont vécu dans la prospérité, & les plus vertueux dans l’infortune. […] Incapable de soutenir une narration continue, moins pour faciliter l’attention, que pour ménager des repos à sa plume, trop pétillante pour avoir une force toujours égale, il circonscrit les objets, les divise, les isole avec une incohérence qui laisse la liberté d’extraire & de transporter les chapitres, sans nuire à l’ordonnance de l’Ouvrage, ce qui prouve qu’il n’y en a aucune.

113. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Collé »

Parce qu’il était gai, comme tous les esprits vigoureux qui se portent bien, il se crut la vocation du chansonnier quand, au fond, il en avait une autre, qu’il a prouvée, et dont personne ne parle comme il faudrait, même M.  […] Par exemple, il se trompe complètement sur les commencements de Beaumarchais, mais il le reconnaît : « J’ai été bête », dit-il simplement, « ce qui prouve l’enfant », ajoute son éditeur, lequel a toujours le chansonnier à califourchon sur le nez, mais ce qui, à mon sens, prouve l’homme !

114. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Prouvez à l’Europe que vous êtes pénétrés de cette vérité, et vos voisins de l’Est, aussi bien que ceux de l’Ouest, y regarderont à deux fois avant de violer vos vallées. […] Ma santé est telle, que je ferais un mauvais guerrier, et cependant j’ai besoin de prouver que je fus capable de l’être. — Je ne suis pas comme le renard de la fable, qui veut que les raisins soient du verjus parce qu’il ne peut pas y atteindre : je suis au contraire comme un renard à qui l’on donnerait une poularde du Mans dans la gueule, et qui n’aurait ni dents ni gosier pour la croquer. […] La Bruyère même eût été embarrassé de le définir exactement… (Et plus loin, après les entretiens d’Erfurt) : Je crus avoir jeté de la poudre aux yeux de mon rival de gloire et de puissance ; la suite me prouva qu’il avait été aussi fin que moi. » Napoléon, obligé de juger lui-même sa campagne de 1812 et de se condamner, se souvient à propos d’un beau mot de Montesquieu : « Les grandes entreprises lointaines périssent par la grandeur même des préparatifs qu’on fait pour en assurer la réussite. » Un trait fort juste sur Napoléon et qu’ont trop oublié ses détracteurs aussi bien que ses panégyristes, c’est que cette volonté de fer était souvent bien mobile comme celle de tous les joueurs passionnés, et qu’elle remettait souvent ses résolutions ultérieures les plus graves aux chances les plus fortuites. […] — Et ici je n’indiquerai que l’indispensable, mais je le ferai d’après les guides les plus sûrs. — Jomini s’efforça de prouver la fausseté du système qui prévalait encore, et qui consistait à placer un réseau de forteresses sur les frontières comme autant de boucliers destinés à repousser une invasion de l’ennemi. […] Il en est que Jomini raconte d’original et qu’il doit à son expérience personnelle, comme par exemple, au chapitre des Guerres nationales, les deux faits qui se rapportent au temps où il était chef d’état-major de Ney en Espagne, et qui prouvent que les conditions habituelles de la guerre sont tout à fait changées et les précautions ordinaires en défaut, quand on a tout un pays contre soi69.

115. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Les orateurs ont appliqué d’abord aux grands objets du gouvernement le talent de la parole ; et comme dans ces occasions il fallait en même temps convaincre et remuer le peuple, ils appelèrent l’éloquence l’art de persuader, c’est-à-dire de prouver et d’émouvoir tout ensemble. […] Penser autrement, ce serait ressembler à ce mathématicien sévère, qui après avoir lu la scène admirable du délire de Phèdre, demandait froidement, qu’est-ce que cela prouve ? […] Demander s’il y a une harmonie du style, c’est à peu près la même chose que de demander s’il y a une musique ; et vouloir le prouver, est presque aussi ridicule que de le mettre en question. […] Ce n’est, ni dans un sermon, ni en vers, qu’il faut entreprendre de prouver aux incrédules la vérité du christianisme ; le recueillement du cabinet et l’austérité de la prose n’ont rien de trop pour une matière si sérieuse. […] Mais cet exemple suffi pour prouver combien les anciens étaient sensibles à l’harmonie.

116. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 23-32

Barthelemi, tandis qu’il est prouvé qu’il n’en périt pas dix mille, & que le martyrologe des Calvinistes n’en compte que quinze mille. […] Pour prouver qu’il se plaît à rendre hommage aux hommes de génie, il dit beaucoup de mal de presque tous les hommes de génie, & prétend que le plus grand honneur qu’ait pu recevoir Corneille, c’est que M. de Voltaire ait daigné le commenter.

117. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 133-139

On sait qu'il est le créateur de l'Allégorie, genre de poésie que ni lui ni ses Imitateurs n'ont point encore porté au degré de perfection dont il est susceptible, mais qui n'en prouve pas moins la fécondité de son imagination. […] M. de Voltaire a beau s'épuiser en raisonnemens, se consumer en recherches, pour prouver que celui dont il se glorifioit autrefois d'être l'Eleve & l'Ami, est véritablement l'Auteur des Couplets qui occasionnerent ses malheurs ; tous ses efforts seront inutiles, & ne produiront jamais que cette réflexion : Comment l'Auteur de tant d'Ouvrages, plus condamnables & plus odieux que ces mêmes Couplets, ose-t-il se déclarer si obstinément l'accusateur d'un homme plus malheureux que coupable, plutôt soupçonné que convaincu ?

118. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre VII. Suite du précédent. — Paul et Virginie. »

Bernardin de Saint-Pierre, qui, dans ses Études de la Nature, cherche à justifier les voies de Dieu et à prouver la beauté de la religion, a dû nourrir son génie de la lecture des livres saints. […] C’est ce que nous essaierons de prouver quand nous traiterons de la Mythologie ; à présent nous allons continuer notre examen des passions.

119. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre III. Partie historique de la Poésie descriptive chez les Modernes. »

On voit encore dans les ouvrages de saint Jérôme et de saint Athanase61 des descriptions de la nature, qui prouvent qu’ils savaient observer, et faire aimer ce qu’ils peignaient. […] Au reste, les tableaux répandus dans la Bible peuvent servir à prouver doublement que la poésie descriptive est née, parmi nous, du christianisme.

120. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XII »

. — « Le travail ne prouve rien ». — Nécessité des ratures. — Un ironiste. […] Qu’est-ce que cela prouve, en effet ?

121. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame de La Fayette ; Frédéric Soulié »

À ne juger donc que littérairement un ouvrage dont historiquement Barbier a très peu prouvé l’origine, nous n’acceptons pas, par respect pour la mémoire de madame de la Fayette, le cadeau qu’on veut faire aujourd’hui à une femme qui a trouvé dans un petit coin de son cœur un filon de génie, et qui peut se passer de tous les cadeaux avec la seule perle qu’elle porte à son front. […] Est-ce donc de la littérature que ces Mémoires du Diable, qui prouvent avec éclat qu’on peut avoir beaucoup de talent sans savoir écrire ?

122. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

La philosophie omet les détails de l’objet complexe, et ainsi le change en chose abstraite ; elle ne prend dans l’objet particulier que ce qu’il a de commun avec les autres, et ainsi le change en un être général ; elle ne l’observe complexe et particulier que pour l’apercevoir général et abstrait ; elle n’agit que pour altérer, dénaturer, transformer ; elle est un raisonnement continu, où les faits ne comptent que parce qu’ils prouvent des lois, où les êtres n’entrent que pour se résoudre en qualités, où les événements ne sont reçus que pour se fondre en formules ; elle ne part de la connaissance primitive que pour s’en écarter. […] En géométrie, on met au bout du théorème : « C’est là ce qu’il fallait démontrer » ; dans nos apologues, nous mettrons en tête du précepte : « Voilà ce que la fable devait prouver. » Notre oeuvre prendra ainsi une forme mathématique, et montrera, jusque dans ses dehors, l’austérité solennelle de notre dessein. […] Puisqu’il y a dans l’apologue la maxime qui conclut, et le récit qui prouve, il faudra changer à la fois le récit et la maxime. […] S’il prête un discours à un personnage, il en fera un tout indissoluble, où chaque phrase prouvera la conclusion, où le syllogisme intraitable se cachera sous les dehors de la passion, où le but, comme un moteur souverain, produira, disposera, conduira toute la machine et tous les mouvements.

123. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre III : Le problème religieux »

C’est là un fait en quelque sorte isolé, et la persistance des grandes religions orientales prouve avec quelle ténacité l’esprit humain reste attaché aux formes religieuses qu’il a une fois adoptées. […] Le christianisme a justement prouvé sa supériorité sur toutes les religions de l’univers par sa facilité à s’assouplir à tous les états d’esprit, à tous les états de sociétés. […] Le christianisme a prouvé la même souplesse en devenant protestantisme.

124. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 10, continuation des preuves qui montrent que les anciens écrivoient en notes la déclamation » pp. 154-173

Aussi mon intention n’est-elle pas, en rapportant tous ces passages, de prouver que les romains aïent eu tort de changer leur maniere de déclamer, mais bien de montrer qu’ils la changerent réellement, et que ce fut du temps de Ciceron qu’ils commencerent à la changer. […] Les personnes qui tiennent pour l’ancien goût alleguent ordinairement les excez où tombent les artisans qui outrent ce qu’ils font, lorsqu’elles veulent prouver que le goût nouveau est vicieux. […] Ce que je vais dire sur la maniere dont elle s’executoit, suffiroit seul pour prouver tout ce que je puis avoir avancé.

125. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Ernest Hello »

« Qu’est-ce que cela prouve ?  […] Il veut que ses Contes prouvent sa métaphysique, et c’est là son originalité de conteur ! […] Cette forme du conte, plus dure à manier dans sa brièveté que celle du roman dans sa longueur, cette forme concentrée, dans laquelle il faut se ramasser sans rien perdre de sa sveltesse, pouvait, par le seul fait de sa concentration, éclater sous sa main et le frapper dans sa prétention de conteur, qu’il n’en serait pas moins pour cela resté lui-même, avec sa valeur d’idées prouvée par les livres que j’ai énumérés : l’Homme, — Physionomies de saints, — la Parole de Dieu, ce dernier livre de Hello, qui échappe à la compétence de la critique profane, mais que des prêtres n’ont pas craint de lire dans leurs chaires, comme si c’était là de la littérature sacrée !

126. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Jean Richepin »

Par exemple, ce n’est pas un naturaliste du moment, comme ils le sont tous, ces singes qui prouvent bien leur descendance ! […] Pour moi, ce n’est pas strictement vrai, mais cela prouve, du moins, une tendance à mille lieues des tendances et des procédés actuels. […] Richepin le livre dominateur qui prouvera sa dictature.

127. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Introduction »

C’est jusque dans leurs contrecoups lointains qu’il vous faut les comparer, si vous voulez prouver scientifiquement la supériorité d’une mesure. […] Aurions-nous réussi, en comparant analytiquement les circonstances de leur apparition, à découvrir les phénomènes avec lesquels leur rapport est constant, et d’autre part à prouver, en dérivant ce rapport de vérités plus générales, qu’il est autre chose qu’une coïncidence, alors la loi de la production de l’égalitarisme nous serait connue ; il serait pour nous, dès lors, l’objet d’une véritable « science ». […] Si nous réussissions à y répondre, en même temps que nous aurions contribué à la connaissance scientifique d’une des idées sociales les plus actives, nous aurions prouvé, par un exemple et non plus seulement par des considérations de méthode, la spécificité de la sociologie.

128. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre V. Observations philosophiques devant servir à la découverte du véritable Homère » pp. 268-273

C’est ce que prouve tout examen de la nature de la poésie. […] Joignez à ces réflexions celles que nous avons faites un peu plus haut (pages 252-257), et qui prouvent à la fois combien il est poète, et combien peu il est philosophe. — 14.

129. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les brimades. » pp. 208-214

L’entrée à l’X prouve qu’on a fait pendant trois ou quatre ans, avec application, des mathématiques spéciales, et ne prouve rien de plus.

130. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

. — Il a prouvé que l’élément essentiel dans toute création artistique est un élément personnel, qui échappe aux définitions exactes et surtout aux prévisions. […] Pour prouver l’inanité des genres littéraires, M.  […] Quand Joseph Bédier a déterminé les sources du Voyage en Amérique, il a prouvé que Chateaubriand, en tant que voyageur, a bluffé ; le fait de ce mensonge évident est très intéressant pour la psychologie ; mais M.  […] Seule l’unité d’action a trouvé grâce, et encore est-elle souvent élargie en unité d’intérêt ; quant aux unités de temps et de lieu (la dernière surtout) on a prouvé par a + b qu’elles étaient une contrainte ridicule. […] Ou bien la connaissance d’autres ères, en d’autres pays, nous prouverait-elle qu’il s’agit ici d’une rencontre fortuite ?

131. (1874) Premiers lundis. Tome I « Alexandre Duval de l’Académie Française : Charles II, ou le Labyrinthe de Woodstock »

Duval ; maintenant en voici les effets désastreux : Comme les jeunes rédacteurs d’un journal scientifique et littéraire emploient beaucoup de talent et d’esprit à prouver que tous les ouvrages français n’ont pas le sens commun et à proposer pour modèles les étrangers, qui n’ont pas d’autre théâtre que le nôtre, il s’en est suivi : 1° que, de nos jours, tout vise à l’originalité, au bizarre ; que la vraisemblance et la raison sont bannies ; et que, à force de chercher la vérité, on arrive au trivial pour tomber bientôt dans l’absurde ; 2° que les jeunes gens, égarés par les prédicateurs des nouvelles doctrines, ne sachant plus quelle est la meilleure route, de celle qu’ont suivie nos pères ou de celle qu’on leur indique, se bornent, en attendant la solution du problème, à faire des tiers de vaudevilles, ou à mettre de petits articles dans les journaux littéraires ; et que notamment l’un d’entre eux, à force d’esprit et de savoir-faire, en est venu (ô scandale !) […] La conversation sur les unités, que soutint l’auteur avec une dame fort distinguée par son esprit et fort attachée aux opinions nouvelles, prouvera de plus qu’on peut combattre avec courtoisie et railler sans injure. […] Il demeure donc bien prouvé qu’à tort ou à raison la vieille cause dramatique est singulièrement compromise, et que l’espoir de la réparer va décroissant de jour en jour.

132. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXI » pp. 338-354

L’événement le prouva : car madame de Soubise ne tarda pas à lier avec le roi une intrigue qui dura quelque temps. […] Madame Scarron prouve encore ici, ne fût-ce que par l’absence de toute expression de gratitude, qu’elle ne craint rien tant que le soupçon d’une secrète intelligence avec le roi. […] Ensuite j’allai à la messe et je revins dîner avec le roi. » La brouillerie avec le roi n’était donc pas bien déclarée ; c’était de la froideur et de l’embarras de la part du roi, et rien de plus. « On rendit compte (madame de Montespan sans doute) à M. de Louvois de ce qui se passait. » Ceci prouve la crainte que la favorite avait de déplaire au roi en donnant lieu à l’éloignement de la gouvernante.

133. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre premier. Astronomie et Mathématiques. »

Selon ce grand homme, il est prouvé « qu’une légère teinture de philosophie peut conduire à méconnaître l’essence première ; mais qu’un savoir plus plein mène l’homme à Dieu152. » Si cette idée est véritable, qu’elle est terrible ! […] Les mathématiques, d’ailleurs, loin de prouver l’étendue de l’esprit dans la plupart des hommes qui les emploient, doivent être considérées, au contraire, comme l’appui de leur faiblesse, comme le supplément de leur insuffisante capacité, comme une méthode d’abréviation propre à classer des résultats dans une tête incapable d’y arriver d’elle-même. […] On sait qu’il y a erreur dans le texte de Plutarque, et que c’était, au contraire, Aristarque de Samos que Cléanthe voulait faire persécuter pour son opinion sur le mouvement de la terre ; cela ne change rien à ce que nous voulons prouver.

134. (1760) Réflexions sur la poésie

Prouve-t-il qu’avec les années on devient plus raisonnable, ou seulement plus insensible ? […] Il est vrai qu’indépendamment de la versification, il y a une autre raison du refroidissement nécessaire qu’on éprouve en les lisant, c’est le peu d’intérêt qui règne (au moins pour nous) dans ces longs ouvrages ; et ce qui le prouve, c’est l’impossibilité absolue de les lire dans la meilleure traduction. […] Paul parlant un grec demi barbare , ne laisse pas de prouver, de convaincre, d’émouvoir, etc.

135. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

Le commentaire sur les Fables de La Fontaine prouve d’ailleurs avec quelle attention Chamfort avait étudié notre fabuliste. […] Il fallait cependant un aliment à l’inquiète activité de son esprit ; sa tragédie de Moustapha et Zéangir, commencée depuis longtemps, abandonnée et reprise vingt fois dans les alternatives de langueur et de force qu’éprouvait sa santé, fut achevée dans cette retraite : plusieurs scènes de cette pièce prouvent avec quelle attention Chamfort avait étudié la manière de Racine, et jusqu’où il en aurait peut-être porté l’imitation, s’il n’eût été sans cesse distrait par ses maux et par des travaux étrangers à ses goûts. […] On s’afflige en songeant que Pope et Swift, en Angleterre, Voltaire et Rousseau, en France, jugés, non par la haine, non par la jalousie, mais par l’équité, par la bienveillance, sur la foi des faits attestés ou avoués par leurs amis et par leurs admirateurs, seraient atteints et convaincus d’actions très condamnables, de sentiments quelquefois pervers1. » Les événements de la vie de Chamfort prouvent que la trempe de son âme était naturellement forte, et qu’habitué de bonne heure à lutter contre l’adversité, il ne s’en laissa jamais abattre.

136. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Sahara algérien et le Grand Désert »

Ce que nous appelons avec respect l’éducation militaire, cette forte éducation des choses qui l’emporte tant sur celle des livres et qui fait entrer les notions dans le cerveau par l’œil et la main, l’éducation militaire avait pu lui donner ce regard rectangulaire qui voit avec précision les objets, et la fermeté du dessin qui sait les reproduire, mais la maîtresse faculté de Daumas était le sentiment du pittoresque, et son livre de la Grande Kabylie le prouvait. […] Et de cette façon elle a prouvé qu’elle n’avait pas uniquement cette impétuosité de bravoure qui est son lieu commun, à elle ! […] et qui tend à tourner toutes choses au profit de notre indivisibilité ; car, même les républiques qui devaient nous perdre ne nous ont pas perdus, par une inconséquence qui est le fond même et l’essence du génie français et qui a bien prouvé, à l’éternelle confusion des endoctrineurs de sophismes, que le tempérament des peuples, quand il n’est pas entièrement ruiné par leurs excès, peut les sauver de ce qu’il y a de plus mortel en eux, — du propre venin de leurs idées !

137. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. H. Wallon » pp. 51-66

… Pourquoi ne pas laisser tranquilles un temps et un homme qui ont eu assez d’historiens comme cela, et qui prouvent, avec la plus désagréable évidence, combien le passé l’emportait, dans ses idées, ses mœurs, ses institutions et ses hommes, sur les hommes, les institutions, les mœurs et les idées sortis de nos glorieuses et modernes révolutions ? […] C’était donc parfaitement l’heure de la Royauté, et la régence de Blanche de Castille, dont la quenouille valait une épée et qui fit baisser la pointe à celle des barons, l’avait prouvé. […] Ils sont même allés, pour prouver qu’en Saint Louis le Roi foulait aux pieds quelquefois le Saint, jusqu’à inventer cette fameuse Pragmatique si longtemps invoquée, qui fit, jusque de Bossuet, une dupe si coupable, et dont une Critique plus avisée et plus savante a démontré récemment la fausseté, comme si on avait eu besoin de cette démonstration, maintenant irréfragable, pour être sûr de la fausseté de cet acte, évidemment stupide avant d’être faux ; car je ne sache pas que l’Église, qui a canonisé Saint Louis, ait eu jamais l’habitude de canoniser ceux qui la canonnent — c’est-à-dire ses ennemis !

138. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Lamennais »

Forgues et cette Correspondance le prouvent suffisamment. […] Resté un enfant dans la vie, comme, du reste, cette promptitude à la colère le prouve bien, car il n’y a d’hommes forts que les sangs-froids ou les sangs-froidis, — à qui le monde appartient, disait Machiavel, — resté un enfant, comme un poète de métaphysique, par l’esprit, et un prêtre par le cœur et les habitudes (les prêtres sont toujours des enfants quand ils sont descendus de l’autel), Lamennais n’avait pas grand goût pour la réalité qui le blessait souvent, qui le faisait bondir de souffrance, cette sauvage hermine de Bretagne, et il s’en détournait, se retirant violemment en lui-même, les yeux retournés en dedans et attachés sur une idée, — une idée qui fut la vérité pendant une moitié de sa vie et une erreur pendant l’autre moitié, — mais qui, dans tous les temps, a suffi aux ardeurs et aux aspirations de cette âme désintéressée ! […] Lamennais, le dialecticien Lamennais, sérieux de la gravité du prêtre d’abord, et ensuite du philosophe, est, sans contredit, puissant, éloquent, incisif dans ses œuvres ; mais dans le sens français et unique du mot, il faut bien le dire, il n’avait pas prouvé qu’il fût spirituel.

139. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VI. De la philosophie » pp. 513-542

S’il en est ainsi, n’est-il donc pas possible de prouver que les combinaisons de l’ordre moral sont aussi régulières que les combinaisons de l’ordre physique, et de fonder des calculs positifs d’après ces combinaisons ? […] Il est toujours possible de prouver, par le simple raisonnement, que la solution de ces problèmes est fausse comme calcul, si elle s’écarte en rien des lois de la morale. […] Mais la morale a pour but chaque homme en particulier, chaque fait, chaque circonstance ; et quoiqu’il soit vrai que la très grande majorité des exemples prouve qu’une conduite vertueuse est en même temps la meilleure conduite à tenir pour le succès des intérêts de la vie, on ne peut affirmer qu’il n’y ait point d’exception à cette règle générale. […] Il n’existe aucune manière de prouver qu’elle est toujours d’accord avec cet intérêt, à moins d’en revenir à placer le bonheur de l’homme dans le repos de sa conscience ; ce qui signifie simplement que les jouissances intérieures de la vertu sont préférables à tous les avantages de l’égoïsme.

140. (1890) L’avenir de la science « V »

Je dis spéculative, car nul n’est admissible à rejeter son immoralité personnelle sur le compte de son siècle ; les belles âmes sont dans l’heureuse nécessité d’être vertueuses, et le XVIIIe siècle a prouvé que l’on peut allier les plus laides doctrines avec la conduite la plus pure et le caractère le plus honorable. […] Ronge et des catholiques allemands prouvent qu’un mouvement religieux n’est pas tout à fait impossible en Allemagne. L’apparition incessante de nouvelles sectes, que les catholiques reprochent aux protestants comme une marque de faiblesse, prouve, au contraire, que le sentiment religieux vit encore parmi eux, puisqu’il y est encore créateur. […] Quant à l’Orient, les Arabes font observer que la liste des prophètes n’est pas close, et les succès des wahhabites prouvent qu’un nouveau Mahomet n’est pas impossible.

141. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre II : Variations des espèces à l’état de nature »

Le terme de variété est presque également difficile à définir ; mais ici, l’idée d’une descendance commune est presque généralement impliquée, quoiqu’elle puisse bien rarement se prouver. […] Ces différences individuelles affectent généralement les organes que les naturalistes considèrent comme peu importants ; mais je pourrais prouver, par un long catalogue de faits, que des organes d’une importance incontestable, qu’on les considère au point de vue physiologique ou au point de vue de la classification, varient quelquefois parmi des individus de la même espèce. […] De tels faits sont fort embarrassants pour la science, car ils semblent prouver qu’une telle variabilité est indépendante des conditions extérieures. […] Mais, de plus, mes tables prouvent que, dans toute contrée limitée, les espèces les plus communes, c’est-à-dire les plus nombreuses en individus, et les espèces les plus répandues dans leur contrée natale, circonstance qu’il ne faut pas confondre avec une grande extension géographique ni jusqu’à un certain point avec le grand nombre de leurs individus, sont celles qui donnent le plus souvent naissance à des variétés suffisamment tranchées pour avoir mérité une mention particulière dans des ouvrages de botanique.

142. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

L’amour du vrai avec la force de prouver donne le courage d’être sincère. […] Nous croyons le scepticisme à jamais invincible, parce que nous regardons le scepticisme comme le dernier mot de la raison sur elle-même. » Ses amis m’ont raconté qu’une fois, ayant entrepris de prouver la spiritualité de l’âme, il passa involontairement trois mois à décrire les nerfs, le cerveau, les effets moraux des blessures et des contusions cérébrales, à décomposer les actions de l’esprit, à comparer les deux ordres de faits, et qu’enfin, obligé de conclure, il déclara que la science n’était pas assez avancée et qu’on ne pouvait rien dire. […] En vérité, nous sommes encore au moyen âge ; nous imitons saint Anselme, avec un peu moins de timidité et un peu plus d’indépendance ; nous ne cherchons comme lui qu’à prouver un dogme préconçu. […] Qu’il échoue ou qu’il réussisse, il a soulevé toute la science, et il a prouvé souvent plus de génie que le physicien le plus adroit et le plus heureux.

143. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

La moindre étude de l’histoire prouve que l’empire ne s’acquiert point ainsi. […] On avait contrôlé toutes les opinions humaines, sacrées ou profanes, utiles ou dangereuses, et rejeté tout ce qui n’était point prouvé. […] Les odes furent des méditations, des traités de morale, des cours de théologie : on s’affligea en vers de savoir et de ne pas savoir ce qu’est l’homme ; on prouva et l’on réfuta en belles strophes l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme ; on fut sceptique, idéaliste, mystique, indien, païen, chrétien, humanitaire, manichéen, en stances, en versets, en alexandrins, en petits vers, en couplets croisés, en rimes continues. […] Les motifs qui persuadaient les maîtres persuadaient les disciples ; le même besoin régnait dans la chaire et dans l’assemblée ; l’auditoire était converti d’avance ; on lui prouvait ce qu’il avait envie de croire ; dans les sentiments du professeur, il applaudissait ses propres sentiments.

144. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

Après avoir bien établi l’importance première de la nature des constitutions, il faudrait prouver leur influence par l’examen des faits caractéristiques de l’histoire des mœurs, de l’administration, de la littérature, de l’art militaire de tous les peuples. […] Sans s’arrêter longtemps sur les motifs de la préférence que la sagesse conseillerait, peut-être, de donner aux États comme aux destinées obscures, il est aisé de prouver que par la nature même des hommes, ils tendent à sortir de cette situation, qu’ils se réunissent pour multiplier les chocs, qu’ils conquièrent pour étendre leur puissance ; enfin, que voulant exciter leurs facultés, reculer en tout genre les bornes de l’esprit humain, ils appellent autour d’eux d’un commun accord les circonstances qui secondent ce désir, et cette impulsion. […] Mais les uns croient que la garantie de la liberté, le maintien de l’ordre, ne peut subsister qu’à l’aide d’une puissance héréditaire, et conservatrice ; les autres, reconnaissent de même la vérité du principe, que l’ordre seul, c’est-à-dire l’obéissance à la justice, assure la liberté : mais ils pensent que ce résultat peut s’obtenir sans un genre d’institutions que la nécessité seule peut faire admettre, et qui doivent être rejetées par la raison, si la raison prouve, qu’elles ne servent pas mieux que les idées naturelles, au bonheur de la société. […] Il semble qu’on ne s’est jamais assez mis à la disposition de ceux qu’on aime, qu’on ne leur a jamais assez prouvé qu’on ne pouvait exister sans eux ; que l’occupation, les services de tous les jours ne satisfont pas assez au gré de la chaleur de l’âme, le besoin qu’on a de se dévouer, de se livrer en entier aux autres ; on se fait un avenir tout composé des liens qu’on a formés. […] En suivant ce plan, je crois de même avoir prouvé qu’il n’est point de bonheur sans la vertu ; revenir à ce résultat par toutes les routes, est une nouvelle preuve de sa vérité.

145. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Il faut enfin que la passion de bien prouver se joigne à l’art de bien prouver, que l’orateur annonce sa preuve, qu’il la rappelle, qu’il la présente sous toutes ses faces, qu’il veuille pénétrer dans les esprits, qu’il les poursuive avec insistance dans toutes leurs fuites, mais en même temps qu’il traite ses auditeurs en hommes dignes de comprendre et d’appliquer les vérités générales, et que son discours ait la vivacité, la noblesse, la politesse et l’ardeur qui conviennent à de tels sujets et à de tels esprits. […] Tel est le mérite des raisonnements de Swift ; ce sont de bons outils, tranchants et maniables, ni élégants ni brillants, mais qui prouvent leur valeur par leur effet. […] » Singulière façon d’admirer Vanessa et de lui prouver qu’on l’admire ! […] Cependant le frère aux distinctions, maintenant qu’il avait mis la main à l’ouvrage, prouva par un très-bon argument que K était une lettre moderne, illégitime, inconnue aux âges savants, et qu’on ne rencontrait dans aucun ancien manuscrit. […] Car d’abord il est généralement reconnu que la science enfle les hommes, et de plus ils prouvaient leur opinion par le syllogisme suivant : les mots ne sont que du vent, et la science n’est que des mots ; ergo la science n’est que du vent.

146. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Dès lors la vérité pour lui fut uniquement dans la révélation, et il entreprit de la prouver, non pas à titre d’autorité transmise par des témoignages, ou d’établissement fondé par les siècles, mais comme une vérité évidente. […] Cette âme dont Descartes a prouvé l’existence, Pascal s’occupera de la conduire. […] Ce qu’il avait à craindre, ce n’était pas de douter, mais de prouver trop peu. […] Or, quelques années avant qu’il cherchât toute vérité dans les livres saints, la science, par la bouche de Galilée, prouvait que la terre tourne, et troublait toute la chrétienté par ce démenti donné à la tradition de ces livres. […] Que de traces, dans ses Pensées, des défaillances de cet esprit qui, ayant abaissé la raison au profit de la foi, ne voulait néanmoins prouver la foi que par la raison !

147. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Il s’attachoit presque uniquement à prouver ; mais il ne brilla pas autant que Périclès. […] On pourroit dire de plusieurs Prédicateurs, qu’ils apportent des raisons plûtôt qu’ils ne raisonnent, & qu’ils exposent des preuves, plûtôt qu’ils ne prouvent. […] Il faut prouver & toucher, prouver en touchant, & toucher en prouvant ; en sorte que l’un & l’autre marchent ensemble ; mais si on les séparoit comme cela convient quelquefois, il faudroit, selon M. l’Abbé Trublet, s’attacher à prouver avant que de chercher à toucher. […] L’usage qu’il fait de l’Ecriture sainte, prouve qu’elle lui est plus familiere, qu’à beaucoup d’autres Orateurs du même ordre, & qu’il entend l’art des applications. […] Ce grand Avocat eût pu être aussi un grand Prédicateur ; le pathétique ne lui auroit pas manqué ; on en a la preuve dans ceux de ses Mémoires où il a eu occasion de l’employer ; mais les plaidoyers qu’il faisoit sur le champ, le prouvent mieux encore.

148. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Lyell a prouvé que ce fait est incontestable pour les étages tertiaires. […] L’étude des formations tertiaires récentes nous prouve que, très généralement, la rareté précède l’extinction ; et nous savons d’autre part qu’il en a été de même pour les animaux qui ont été détruits par l’homme, soit dans une contrée seulement, soit dans le monde entier. […] Les archives géologiques, de tout temps imparfaites, ne s’étendent pas assez loin dans le passé, je crois, pour prouver avec une évidence indiscutable que, depuis les premiers commencements de l’histoire connue du monde, l’organisation ait considérablement avancé. […] Pictet et Huxley, que cette manière de voir est très loin d’être prouvée. […] Si l’on pouvait arriver un jour à prouver que les anciens animaux ressemblent, jusqu’à un certain point, à l’embryon des animaux vivants de la même classe, le fait n’aurait rien d’inexplicable.

149. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre II. De la sensibilité considérée comme source du développement littéraire »

Le plus souvent cela prouve moins la sincérité et l’intensité de l’émotion que la vulgarité et l’inculture de celui qui la ressent. […] Hurler et se rouler ne prouve pas qu’on souffre plus qu’un autre, mais qu’on sait moins souffrir.

150. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « V »

Mais parlons bien ; qu’est-ce que cela prouve ? Cela prouve qu’il y a plusieurs façons d’être écrivain.‌

151. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Ils en ont fait un homme à part ; — et, de fait, il vient de leur prouver qu’il était à part d’eux ! […] Par un désintéressement de lui-même qui prouve une grande supériorité, il n’a pas songé à mettre dans un livre impersonnel, et dont l’impersonnalité fait la force, le talent qu’il aurait pu y mettre, certainement, s’il l’avait voulu. […] Taine a prouvé qu’elle l’était sous un autre nom ? […] Taine a prouvée dans sa Conspiration jacobine ! […] Il a prouvé que partout où il y avait des révolutionnaires, il y avait des Jacobins, c’est-à-dire des minorités triomphantes, qui, sorties du nombre, répudient et oppriment le nombre ; filles des majorités, qui tuent leurs mères !

152. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

On s’occupe alors de toutes les autres facultés qu’on refuse à Daudet, quand l’originalité est accordée, — qu’on lui refuse et qu’il a pourtant, et que je prouverai qu’il a en invoquant ce livre même, et qu’il faut, avant tout, caractériser. […] Et Alphonse Daudet, en écrivant les Lettres de mon moulin, n’a pas seulement prouvé qu’il avait ce qu’on lui déniait : une force égale à sa grâce, une profondeur égale à sa légèreté. […] IV13 Alphonse Daudet a maintenant, littérairement, pignon sur rue, quoique ce soit là un mot bien pesant pour dire le succès de ce talent aérien, charmant et charmeur, et qui est en train, pour l’heure, de prouver qu’il a aussi la fécondité. Son Jack est un livre d’haleine, dans lequel celui que j’ai appelé un Meissonier littéraire a renoncé à ses délicieuses petites toiles pour nous prouver qu’il pouvait faire grand… Cette preuve, du reste, il l’avait donnée dans une œuvre précédente, couronnée, je crois, par l’Académie. […] À quelque moment que ce fût la Critique compterait avec Alphonse Daudet ; mais, cette fois, elle a une autre raison pour s’occuper de son Nabab que le mérite prouvé de l’auteur de tant de choses charmantes, et le mérite à prouver du roman qu’il publie.

153. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

Chez le végétal, il semble que les impulsions ou tendances organiques existent sans l’accompagnement de la sensibilité, ce qui prouverait ipso facto que les tendances, au moins végétatives, précèdent les sentiments ; mais on peut toujours se demander si un rudiment de sensibilité confuse n’accompagne pas, jusque chez la plante, ou du moins dans ses cellules élémentaires, le cours facile ou difficile de la vie. […] Les sauvages supportent des choses que l’homme civilisé ne saurait supporter. — Tous ces faits prouvent, selon nous, que la délicatesse plus grande du système nerveux produit à la fois une plus grande sensibilité et une plus grande intelligence : ils ne prouvent nullement que la sensibilité soit de l’intelligence, ils prouveraient aussi bien que l’intelligence est de la sensibilité.

154. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

Pas plus en style qu’en conception plus haute, Xavier Aubryet n’est un païen de ce temps, trop renouvelé des Grecs, et il l’a prouvé dans son Rossini ou le paganisme dans la musique. […] Mais voici quelque chose d’inexprimablement bizarre, voici une de ces incroyables et fréquentes anomalies qui prouvera une fois de plus cette chose déjà tant prouvée, c’est-à-dire à quel point l’action et l’expérimentation diffèrent de la théorie. […] Xavier Aubryet a le bonheur de n’être qu’un dégustateur littéraire, d’un palais très sensible et très fin, et jusqu’ici il n’a pas prouvé qu’il fût davantage.

155. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

. — Si donc nous avons pu démontrer antérieurement de la complication, de l’homogénéité et de la densité sociales, qu’elles contribuent au succès de l’égalitarisme, nous l’avons prouvé indirectement de leur unification. […] Si, comme nous avons nous-même essayé de le prouver, la complication croissante des groupements pousse les hommes associés vers l’égalitarisme, ils en doivent être écartés par l’unification excessive qui irait jusqu’à leur interdire toute différenciation de groupements. […] Si nous avons prouvé dans ce chapitre que les nations s’unifient, en un sens, de plus en plus, nous avions prouvé dans le précédent, que de plus en plus, en un sens, elles se compliquent.

156. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Jouffroy dit quelque part et prouve partout « qu’il avait à un assez haut degré le sens psychologique, et une grande inclination pour la science des faits intérieurs67. » Rien de plus naturel que ce goût dans un homme intérieur. […] Ayant montré que la psychologie est utile, il voulut prouver qu’elle est possible69, et mit dans cette preuve une abondance d’explications, une rigueur de raisonnement, un entraînement de passion et une force de conviction, qui renversèrent toute résistance et parurent lever toute difficulté. […] Jourdain ne disait rien de semblable, et, si la psychologie avait sur toutes les questions une réponse pareille et prouvée, elle ne serait pas méprisée. […] Voilà un fait nouveau, non connu, mais prouvé, non défini, mais constaté.

157. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

Elles suffiraient à nous prouver, ce que nous savions déjà, que Paul Adam est le plus fort de nous tous. […] Mais un âne vivant vaut mieux, non seulement qu’un lion mort, mais même qu’un lion à naître, éventuel et douteux… Et jusqu’à ce qu’un mien livre ait prouvé le contraire, je n’ai pas le droit de ne pas reconnaître qu’Oscar Méténier, par exemple, dont cependant l’écriture est hâtive et la pensée de court vol, vaut mieux que moi-même. […] Et la remarque ne prouverait pas grand’chose.)

158. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Avertissement sur la seconde édition. » pp. 23-54

& prouve-t-on ainsi qu’on est un Grand Homme outragé ? […] Car enfin il s’agissoit de prouver au Gouvernement, qu’un Livre dont le but est de réprimer les abus de la Littérature & les scandales de la Philosophie, de rappeler aux loix de la raison & du goût ; qu’un Livre dont tout le crime est de rabaisser tous les Coryphées de la génération nouvelle, & d’attaquer sans ménagement les ennemis de l’ordre & de toute autorité, étoit une œuvre de ténebres, & méritoit l’indignation de l’autorité même. Il s’agissoit de prouver que les Trois Siecles, où l’on rend par-tout justice au vrai génie, où l’on tâche d’inspirer l’amour des regles, l’amour des devoirs, l’amour de la Patrie, l’amour de la Religion, devoit être soustrait aux mains des Lecteurs, pour y laisser de préférence l’Evangile du jour, le Bon Sens, le Systême de la Nature, le Systême Social, & tant d’autres systêmes qui ont déjà produit de si heureux effets parmi nous.

159. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

Ce sont trois fables qui prouvent l’intelligence des animaux ; et ces fables se trouvent entre-coupées de raisonnemens, dont le but est de prouver qu’elles n’en ont pas. […] Cette action de Philomèle, c’est-à-dire du rossignol, enlevant d’abord les mouches de l’araignée, et ensuite l’araignée même avec sa toile et tout, cette action, que prouve-t-elle ?

160. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 4, de l’art ou de la musique poëtique, de la mélopée. Qu’il y avoit une mélopée qui n’étoit pas un chant musical, quoiqu’elle s’écrivît en notes » pp. 54-83

Quant au chant des comedies, qui étoit une autre espece de mélodie tragique, nous prouverons invinciblement ci-dessous que le chant des pieces comiques des anciens, bien qu’il s’écrivit en notes, et que l’acteur qui le recitoit fut soûtenu d’un accompagnement, n’étoit au fond qu’une déclamation, et même une déclamation des plus unies. […] Ainsi avant que de rapporter les passages des auteurs grecs ou latins qui en parlant de leur musique par occasion, ont dit des choses qui prouvent, s’il est permis d’user de cette expression, l’existence de la melodie qui n’étoit qu’une simple déclamation, je prie le lecteur de trouver bon que je transcrive encore ici quelques endroits de ceux des anciens auteurs qui ont traité de leur musique dogmatiquement, et qui prouvent cette existence.

161. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

Ce qui nous prouve que la poésie a dû naître ainsi, c’est ce caractère éternel et singulier qui lui est propre : le sujet propre à la poésie c’est l’impossible, et pourtant le croyable (impossibile credibile). […] Comment peut-il prouver que les Hébreux ont transmis aux Gentils leur droit naturel, contre l’aveu magnanime de Josèphe, contre la réflexion de Lactance cité plus haut ? […] Ainsi toutes les nations païennes ont contemplé le ciel, qu’elles considéraient comme Jupiter, pour en recevoir par les auspices des lois, des avis divins ; ce qui prouve que le principe commun des sociétés a été la croyance à une Providence divine.

162. (1874) Premiers lundis. Tome I « Deux révolutions — I. L’Angleterre en 1688 et la France en 1830 »

La révolution récente l’a bien prouvé ; l’indignation publique s’est bornée, dans les moments de plus vive effervescence, à quelques représailles plus politiques que religieuses ; le prêtre dans son ministère a été respecté ; il a même été appelé sur le champ de carnage pour bénir les morts : seulement les mots de religion dominante ont disparu du code fondamental. […] Il suffirait, pour prouver qu’en dépit de certains actes et de certains travers, Napoléon fut le continuateur et le champion de la Révolution française en face de l’Europe, de remarquer cet hommage unanime et cette piété du peuple envers sa mémoire au moment du triomphe de la liberté.

163. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 124-134

D’ailleurs, ne seroit-il pas facile de prouver, par des exemples, à l’Auteur des Mélanges, que des vers aussi pensés qu’il le désire, ne pourroient être que des vers détestables ? […] Il ne doit pas être plus attaché à ce qu’il a avancé pour prouver l’impossibilité où nous sommes de bien écrire en latin.

164. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Virgile, et Bavius, Mœvius, Bathille, &c. &c. » pp. 53-62

On voulut jetter du ridicule sur toutes ses beautés ; prouver qu’il n’avoit réussi dans aucun genre : Qu’il avoit manqué le pastoral dans ses bucoliques, ouvrage admirable par les graces simples & naturelles, par l’élégance & la délicatesse, par cette pureté de langage qui le caractérisent ; le didactique dans ses géorgiques, poëme le plus travaillé de tous ceux qu’il nous a laissés, & qu’on peut appeller le triomphe de la poësie Latine ; l’épique dans son énéide, chef-d’œuvre de l’esprit humain, qu’Auguste ne pouvoit se lasser de lire, & la tendre Octavie de récompenser, jusqu’à faire compter à l’auteur dix grands sesterces pour chaque vers, ce qui montoit à la somme de 325 000 livres. […] Elle eut bien voulu faire passer à la postérité la prose de cet illustre écrivain, pour prouver à tous les siècles qu’il n’a pas mieux réussi hors de son genre, que Cicéron hors du sien.

165. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le voltairianisme contemporain »

IV Car tel il fut, Voltaire, cet homme qu’on nous vante, et, comme l’a prouvé un des critiques du livre de Houssaye, qu’on ne lit déjà plus, même pour le vanter. […] Depuis quelque temps il est une tendance déplorable qui se précise parmi nous et qui prouve à quel point l’homme est lâche pour ce qui lui plaît.

166. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Jean-Jacques Rousseau »

ils l’ont bien prouvé !  […] Et pour prouver qu’on le croyait, on fit une révolution avec ses idées.

167. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

Les déterministes s’empareront de cet argument : il prouve en effet que nous subissons parfois d’une manière irrésistible l’influence d’une volonté étrangère. […] Aussi a-t-on eu tort, pour prouver que l’homme est capable de choisir sans motif, d’aller chercher des exemples dans les circonstances ordinaires et même indifférentes de la vie. […] Que si, au contraire, l’observation prouve qu’on a opté pour Y, c’est que l’activité localisée par nous au point O affectait de préférence cette seconde direction, malgré quelques oscillations dans le sens de la première. […] De là un symbolisme de nature mécaniste, également impropre à prouver la thèse du libre arbitre, à la faire comprendre, et à la réfuter. […] Mais vous ne prouvez plus ainsi que Paul ait prévu l’action de Pierre ; vous constatez seulement que Pierre a agi comme il a fait, puisque Paul est devenu Pierre.

168. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

. — Les Chansons de toile ou d’histoire ; — et qu’elles sont contemporaines de l’épopée nationale, comme le prouvent : — leur tour essentiellement narratif ; — le rôle que les femmes y jouent ; [ce sont elles qui font les avances, et les hommes les traitent avec la brutalité dont ils usent toujours en pareil cas] ; — enfin l’indistinction des éléments épique, lyrique, et même dramatique. — L’élément épique domine dans les Chansons d’histoire proprement dites ; — l’élément dramatique se dégage dans les Pastourelles et Chansons à danser, dont le développement ultérieur aboutit, — sous l’influence des divertissements des Fêtes de Mai, — à de véritables pièces, telles que le Jeu de Robin et Marion, d’Adam de la Halle, 1260 ; — mais le second, l’élément lyrique ou personnel, n’apparaît qu’au contact de la poésie provençale. […] 2º Le développement du Roman de Renart. — Popularité des Isopets ou recueils de Fables plus ou moins « ésopiques », — prouvée par le nombre qui nous en est parvenu. — Comment leur diffusion a dû être une provocation à observer de plus près le caractère des animaux familiers ; — et comment ainsi s’est formée l’« Épopée animale ». — Commentaire d’un mot de saint Augustin : Vitium hominis natura pecoris  ; — on s’est aperçu que nous avons sans doute perfectionné nos vices, mais qu’ils sont en nous, et entre eux, comme des « animaux » qui se combattent [Cf. une belle page de Bossuet dans ses Élévations sur les mystères, IVe semaine, VIIIe élévation] ; — et, à ce propos, de l’emploi des apologues ou des « exemples » animaux dans les sermonnaires du Moyen Âge. […] Il faut ajouter, de l’édition Méon, 1826, Paris : Le Couronnement Renart — Renard le Nouvel ; — et Renard le Contrefait, édition Wolf, 1861, Vienne. — Une pièce comme celle que Rutebeuf a intitulée Renart le Bestourné peut servir à prouver la popularité du Roman, mais n’en fait d’ailleurs partie à aucun titre. […] Le Grand Testament, 169-224], — dont la sincérité nous est prouvée par la Ballade qu’il fit à la requête de sa mère. — Il a eu d’autre part le don de voir et de susciter aux yeux l’image des « choses vues » [Cf.  […] Il n’est l’auteur ni des Repues franches, ni du Franc archer de Bagnolet qu’on s’obstine à reproduire dans presque toutes les éditions de son œuvre ; — et des onze Ballades en jobelin ou en argot qu’on lui attribue, il y en a quatre au moins qui ne sont certainement pas de lui ; — mais toutes ces pièces ont le grand intérêt, puisqu’on les lui a attribuées, de prouver par là même le caractère représentatif de son œuvre ; — et que les contemporains l’ont aussitôt reconnu.

169. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Prouver que ceux qui nous maltraitent ainsi sont peu adroits, serait mieux, si cela en valait la peine. […] Champfleury est un chercheur, ses commencements le démontrent ; il est travailleur, le nombre de ses volumes le prouve. […] Ici, les deux partis se montrent aussi coupables de cette inconséquence, ce qui prouve, une lois de plus, le tort commun aux deux systèmes de n’envisager qu’un côté des choses, et prouve également la richesse foncière de la nature humaine. […] Sans se l’avouer, l’un prouve son indépendance par toute la tenue de sa vie, et l’autre, par quelques actes isolés, prouve l’indigence de la nature humaine. […] Prouvez que les professeuses de piano, les teneuses de livres, les abbesses et les reines qui ont gouverné seules ne valent pas les hommes ; prouvez que la femme ne peut pas être citoyen ; prouvez, prouvez, prouvez !

170. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Son dessein était de « prouver que, de toutes les religions qui ont jamais existé, la religion chrétienne est la plus poétique, la plus humaine, la plus favorable à la liberté, aux arts et aux lettres ; que le monde moderne lui doit tout ; … qu’il n’y a rien de plus divin que sa morale, rien de plus aimable, de plus pompeux que ses dogmes, sa doctrine et son culte ; … qu’elle favorise le génie, épure le goût, développe les passions vertueuses, donne de la vigueur à la pensée, offre des formes nobles à l’écrivain, et des moules parfaits à l’artiste649…. » Ce vaste dessein d’apologie se développait à travers quatre parties : Dogmes et doctrines, Poétique, Beaux-Arts et Littérature, Culte. […] Les deux livres intitulés Existence de Dieu prouvée par les merveilles de la nature, et Immortalité de l’âme prouvée par la morale et le sentiment 651 sont d’une incomparable candeur dans le maniement des preuves. […] « Nous penserions faire injure aux lecteurs en nous arrêtant à montrer comment l’immortalité de l’âme et l’existence de Dieu se prouvent par cette voix intérieure appelée conscience652 » : une citation de Cicéron par là-dessus, et voilà qui est fait. […] J’ai peur que, s’il n’a pas prouvé plus solidement, ce n’ait été impuissance : car nous voyons Joubert le supplier de laisser là ses infolio et décharger toute sa théologie.

171. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Qui n’a rien à prouver, sinon que rien ne se peut prouver, ne pense guère à ranger ni à presser son discours. […] Les images abondent, par cette illusion de l’esprit qui, n’ayant pas en vue une proposition considérable à prouver, donne à chaque détail un prix exagéré et force le langage, moins pour tromper les autres que parce qu’il se trompe lui-même. […] On cherche ce qui fait que le tour d’esprit de Charron n’a pas la franchise de celui de Montaigne, quoique avec tant de solidité en général, avec plus de profondeur que le maître sur certains points, et tant de ressemblance avec lui pour le style ; c’est que l’écrivain dogmatique ne prouve pas assez, et que le sceptique de l’école de Montaigne veut trop prouver.

172. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

Mais aussi, si l’on me demande ce qui prouve le plus de ressource dans un auteur, j’avoüe de même que je panche beaucoup pour la simplicité. […] La parodie l’a dit ; le trait a fait rire : et dès-là pour certaines gens, la chose est prouvée. […] J’admire les critiques de perdre tant de raisons à prouver qu’un ouvrage qui plaît universellement, n’auroit pas dû plaire. […] Quelqu’autre défaut qu’elle puisse avoir, elle n’en prouvera pas moins que l’unité d’action n’est pas détruite par la multiplicité des lieux. […] Il falloit, pour me combattre, me prouver l’insuffisance de quelqu’une de mes réponses ; et c’est encore ce que vous n’avez pas fait.

173. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

» Le comte de Maistre, dans une des charmantes lettres à sa fille, Mlle Constance de Maistre, a badiné agréablement sur cette question, et il y a mêlé des vues pleines de force et de vérité : « L’erreur de certaines femmes est d’imaginer que pour être distinguées, elles doivent l’être à la manière des hommes… On ne connaît presque pas de femmes savantes qui n’aient été malheureuses ou ridicules par la science. » Au siècle dernier, un jésuite des plus éclairés et des plus spirituels, le père Buffier, qui était de la société de Mme de Lambert, dans une dissertation légèrement paradoxale, s’est plu à soutenir et à prouver que « les femmes sont capables des sciences » ; et après s’être joué dans les diverses branches de la question, après avoir montré qu’il y a eu des femmes politiques comme Zénobie ou la reine Élisabeth, des femmes philosophes comme l’Aspasie de Périclès et tant d’autres, des femmes géomètres et astronomes comme Hypatie ou telle marquise moderne, des femmes docteurs comme la fameuse Cornara de l’école de Padoue, et après s’être un peu moqué de celles qui chez nous, à son exemple, « auraient toutes les envies imaginables d’être docteurs de Sorbonne », — le père Buffier, s’étant ainsi donné carrière et en ayant fini du piquant, arrive à une conclusion mixte et qui n’est plus que raisonnable : À l’égard des autres, dit-il, qui ont des devoirs à remplir, si elles ont du temps de reste, il leur sera toujours beaucoup plus utile de l’employer à se mettre dans l’esprit quelques connaissances honnêtes, pourvu qu’elles n’en tirent point de sotte vanité, que de l’occuper au jeu et à d’autres amusements aussi frivoles et aussi dangereux, tels que ceux qui partagent la vie de la plupart des femmes du monde. […] Les hommes, autant par dédain que par supériorité, nous ont interdit tout savoir : Mme Dacier est une autorité qui prouve que les femmes en sont capables. […] Après une prose très simple (le grec du Nouveau Testament), il met son enfant aux auteurs plus relevés, aux poètes surtout, et à Homère presque aussitôt : Or, il est à propos, dit-il, de vous avertir d’une chose à laquelle personne ne songe ; peut-être même qu’elle vous paraîtra peu vraisemblable, quoiqu’au reste elle soit très véritable et que mon expérience, la pratique des anciens, l’utilité et la raison le prouvent : cette vérité surprenante, c’est que la lecture d’Homère est plus convenable à l’âge des enfants que la lecture des grands auteurs prosaïques108. […] Il l’avait prouvé en se faisant calviniste à un moment et en s’engageant on ne sait trop pourquoi dans un parti qui véritablement n’était guère le sien, et qui permettait peu de liberté à un commentateur d’Aristophane, de Sapho ou d’Anacréon.

174. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Les certificats que j’ai eu l’honneur de soumettre à Votre Altesse en lui demandant un congé le prouvent assez. […] Cette démarche prouvait le grand désir que j’avais de me rendre utile. […] Le gouverneur de Wilna n’a jamais pleuré que le jour où Napoléon et ses séides l’ont forcé à leur prouver qu’il n’était pas fait pour supporter de mauvais traitements. […] Sa Majesté a eu la bonté de me promettre à Kowno, sur les rives de la Vilia, un commandement dans un corps d’armée ; c’est là où je puis lui prouver mieux mon zèle et mon dévouement.

175. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

Quelques traits d’enfant, qu’il nous cite, prouvent de sa part, à cet âge, de la chaleur, de la générosité (c’est tout simple), mais aussi du mordant. […] Arnault est assez piquant lorsqu’il parle de Monsieur, et il nous le définit bien dans sa nature et sa portée d’esprit littéraire ; pourtant il abuse un peu du droit que lui donne la proscription dont l’honora plus tard son ancien maître, lorsqu’il dit d’un ton cavalier : « Monsieur, à tout prendre, était un garçon d’esprit, mais il le prouvait moins par des mots qui lui fussent propres que par l’emploi qu’il faisait des mots d’autrui. » Est-ce de ma part une excessive délicatesse ? […] Je pourrais raconter là-dessus des anecdotes intéressantes qui prouveraient combien Arnault, cet homme d’esprit un peu caustique, était droit et bon. […] Il lui arriva alors ce qui est arrivé à bien d’autres gens de talent : ce genre, qu’il n’adopta d’abord que comme diversion et comme un simple délassement sans importance, lui devint peu à peu essentiel et lui procura ses plus naturelles inspirations ; il mit en œuvre et comme en jolie monnaie ses trésors de raison, d’expérience, de malice et de gaieté ; et, si l’on voulait aujourd’hui prouver à quelque incrédule, à quelqu’un de ceux qui nient absolument la littérature de l’Empire, qu’Arnault était un homme de beaucoup d’esprit et un homme de talent, il faudrait laisser ses grands ouvrages et dire simplement : Prenez ses fables.

176. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

Le critique en cite ensuite quelques-uns de ceux que Rapin a censurés ; mais ils sont si peu connus que le tems a prouvé que le Jésuite n’a voit pas tort. […] Mais si ces divisions se suivent l’une l’autre, si au lieu de faire de chaque point comme un Sermon particulier, elles ne forment qu’un tout bien lié, bien suivi ; il me semble que ces divisions ne servent qu’à mettre plus d’ordre & de méthode, à faire sentir davantage si l’on a prouvé ce que l’on avoit entrepris de prouver. […] C’est ce qui engage l’habile Jésuite à prouver, autant qu’il est en lui, qu’on ne devroit pas prêcher de mémoire, & les désavantages qu’il y a à prêcher ainsi.

177. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les inscriptions des monumens publics de France doivent-elles être écrites en Latin ou en François. » pp. 98-109

Ce jésuite, homme de mérite, prononça, le 25  novembre 1676, une harangue latine, dans laquelle, sans se permettre aucune personnalité, il s’attacha simplement à prouver que les inscriptions des monumens publics devoient être en Latin. […] Ce dernier, le vrai Pitaval de son siècle, voulant prouver que notre langue ne céde en rien à celle des Romains, eut l’imbécillité de citer ses propres écrits.

178. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre VI. Suite des Moralistes. »

Les métaphysiciens parlent de cette pensée abstraite, qui n’a aucune propriété de la matière, qui touche à tout sans se déplacer, qui vit d’elle-même, qui ne peut périr, parce qu’elle est indivisible, et qui prouve péremptoirement l’immortalité de l’âme : cette définition de la pensée semble avoir été suggérée aux métaphysiciens par les écrits de Pascal. […] Quand leurs ouvrages ne prouveraient pas qu’ils ont eu des idées philosophiques, pourrait-on croire que ces grands hommes n’ont pas été frappés des abus qui se glissent partout, et qu’ils ne connaissaient pas le faible et le fort des affaires humaines ?

179. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 24, objection contre la solidité des jugemens du public, et réponse à cette objection » pp. 354-365

L’ignorant en astronomie connoît aussi-bien que le sçavant, si l’astronome a prédit l’éclipse avec précision, ou si la machine fait l’effet promis par le mathematicien, quoiqu’il ne puisse pas prouver méthodiquement que l’astronome et le mathematicien ont tort, ni dire en quoi ils se sont trompez. […] Le sentiment seul ne suffit point pour connoître si l’auteur d’un poëme de philosophie raisonne avec justesse, et s’il prouve bien son systême.

180. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Léon Bloy »

C’est même cet incompressible fanatisme, dont il se vante comme de sa meilleure faculté, qui l’a empêché de prouver aux regards du monde ses autres facultés et sa supériorité d’écrivain. […] Il recommença d’attendre, avec le poids de son talent méconnu et refoulé sur son cœur, l’occasion favorable où il pourrait prouver, à ses amis comme à ses ennemis, qu’il en avait.

181. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

Prouvons-le. […] Eschyle et Shakespeare semblent faits pour prouver que les contraires peuvent être admirables. […] Double page extraordinaire, recto et verso de la même idée, et qui semble écrite exprès pour prouver à quel point deux génies différents faisant la même chose font deux choses différentes.

182. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre VI : Règles relatives à l’administration de la preuve »

Elle ne nous fait pas simplement voir deux faits qui s’accompagnent ou qui s’excluent extérieurement 85, de sorte que rien ne prouve directement qu’ils soient unis par un lien interne ; au contraire, elle nous les montre participant l’un de l’autre et d’une manière continue, du moins pour ce qui regarde leur quantité. […] Dès qu’on a prouvé que, dans un certain nombre de cas, deux phénomènes varient l’un comme l’autre, on peut être certain qu’on se trouve en présence d’une loi. […] On ne prouve rien quand, comme il arrive si souvent, on se contente de faire voir par des exemples plus ou moins nombreux que, dans des cas épars, les faits ont varié comme le veut l’hypothèse.

183. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Paul de Molènes »

Quand on a affaire à un talent aussi prouvé que celui de madame Paul de Molènes, on n’a pas, vis-à-vis d’elle, l’embarras d’une critique forte, et on doit lui en faire honneur. D’autant que ce talent prouvé, habitué à ces choses courtes qui sont des chefs-d’œuvres et qui sont peut-être plus difficiles que des œuvres de longue haleine, sauve les défauts d’une composition encore malassurée par la grâce des détails, qui sauve toujours tout ; car nos livres ressemblent à nos âmes, et c’est la grâce surtout qui donne le Paradis De la grâce ! […] … Madame de Molènes a fait comme le Charles Moor des Brigands de Schiller, qui se lie un bras à un arbre pour combattre et mieux prouver sa force… Mais la force, chez les femmes, c’est la grâce, et pour avoir toute leur grâce il leur faut les deux bras… Que dis-je ?

184. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Un exemple récent tendrait à prouver cependant que des lueurs de conscience peuvent à certains moments jaillir de cervelles bien françaises. […] Des faits semblables tendraient à prouver que l’inconscience n’est pas nécessairement en France permanente et universelle, et, qu’un jour, il se trouvera peut-être quelqu’un pour faire entendre le cri d’alarme rédempteur.‌ […] Si on nous prouve par des chiffres et par des faits officiels que nous sommes inférieurs sur tels points, il nous sera désormais impossible, à moins de folie complète, de prétendre à la supériorité universelle et providentielle.

185. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

Notre chronologie se trouve entièrement contraire au système de Marsham, qui veut prouver que les Égyptiens devancèrent toutes les nations dans la religion et dans la politique, de sorte que leurs rites sacrés et leurs règlements civils, transmis aux autres peuples, auraient été reçus des Hébreux avec quelques changements. […] Cette antiquité n’est pas mieux prouvée par le Pimandre. […] On sent ce qu’ont de sérieux ces communications entre les premiers peuples, qui, à peine sortis de l’état sauvage, vivaient ignorés même de leurs voisins, et n’avaient connaissance les uns des autres qu’autant que la guerre ou le commerce leur en donnait l’occasion.Ce que nous disons de l’isolement des premiers peuples s’applique particulièrement aux Hébreux. — Lactance assure que Pythagore n’a pu être disciple d’Isaïe. — Un passage de Josèphe prouve que les Hébreux, au temps d’Homère et de Pythagore, vivaient inconnus à leurs voisins de l’intérieur des terres, et à plus forte raison aux nations éloignées dont la mer les séparait. — Ptolémée Philadelphe s’étonnant qu’aucun poète, aucun historien n’eût fait mention des lois de Moïse, le juif Démétrius lui répondit que ceux qui avaient tenté de les faire connaître aux Gentils, avaient été punis miraculeusement, tels que Théopompe qui en perdit le sens, et Théodecte qui fut privé de la vue. — Aussi Josèphe ne craint point d’avouer cette longue obscurité des Juifs, et il l’explique de la manière suivante : Nous n’habitons point les rivages ; nous n’aimons point à faire le négoce et à commercer avec les étrangers.

186. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Il ne prouve plus, par Aristote et par Horace, que L’École des femmes pèche contre ces règles éternelles. […] Vous le dites, il faut le prouver. […] 3º Elle ne prouve rien. […] Il lui est absolument impossible de prouver que Molière soit un poète comique. Il est vrai qu’elle s’y résigne, en considérant que les vérités les plus simples, comme les vérités les plus hautes, ne sont pas susceptibles d’une démonstration rationnelle, et que, pour prouver qu’il fait jour, comme pour prouver Dieu, il ne faut point raisonner, mais ouvrir les yeux et sentir.

187. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

Il termina en affirmant que le choix fait expressément par Rome d’un aussi haut dignitaire prouverait avec évidence la bonne volonté du Pape. […] Pie VII n’eut pas de peine à lui prouver combien sa détermination était juste ; il lui démontra qu’il ne pouvait accepter le plan de concordat tracé par le gouvernement français. […] afin de vous prouver que ce n’est pas moi qui désire rompre, j’adhère à ce que demain les commissaires se réunissent pour la dernière fois. […] On prouvait ainsi à Napoléon que le Pape faisait pour lui plaire, bien qu’à contrecœur, tout ce qu’il était possible de faire, mais qu’il n’accordait pas ce que ses devoirs sacrés lui interdisaient de céder. […] Ils nous firent part de leurs inquiétudes, et ce que je vais ajouter prouvera qu’ils ne s’étaient pas trompés.

188. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIe entretien. Ossian fils de Fingal, (suite) »

Elle a cent mille organes intérieurs pour se prouver à elle-même ces vérités, qu’on ne saurait lui démontrer ; elle fait ainsi ces actes de foi. […] Est-il prouvé que ces poésies en vers, ou ces chants en prose cadencée, se soient conservées dans les traditions ou dans les antiques manuscrits de ces contrées ? […] Est-il prouvé que les pasteurs écossais des hautes montagnes, race solitaire et méditative, chantent jusqu’à aujourd’hui des fragments obscurs où se retrouvent des parties du chant d’Ossian et de ses bardes ? […] Est-il prouvé que Macpherson les ait retrouvés, grâce aux souvenirs de ces pasteurs, compulsés pendant dix ans avant de les recueillir et de les rédiger pour ses compatriotes, qui les ont reconnus eux-mêmes ? […] Est-il prouvé qu’un seul homme, en 1762, ne pouvait ressusciter à lui seul toute une civilisation éteinte depuis deux mille ans ?

189. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Ribot le dit et le prouve mieux que je n’aurais su le prouver. […] Le chien cru chien de Musset nous le prouve bien. […] Le Bon ne me l’ait nullement prouvé, que M.  […] Glachant le prouvent plus d’une fois. […] La suite des événements l’a assez prouvé.

190. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

Le caractère d’Aladin et ses nobles imprudences de conduite ont leur contrepoids et leur correctif dans la sagesse d’un vieux moine philosophe, le Kalender : Le Kalender avait beaucoup vu, beaucoup observé, méprisait les hommes et s’en accommodait ; il ne connaissait point de vérité absolue, ne trouvait rien de grand, ni de vil, ni de petit… Jamais il ne faisait de reproches sur ce qu’on aurait dû faire : il prenait les choses où elles en étaient, et les hommes comme ils étaient… Il ne donnait point de conseils, mais quelquefois des avis… Jamais il ne raisonnait contre les passions, mais il prouvait souvent qu’on n’avait pas de passion. […] Cette circonstance prouve que les motifs de la détention des autres lui avaient paru fondés. […] Il le montre jaloux de son autorité, sentant le danger de la laisser attaquer, et capable, à cette seule idée, de violents mouvements de colère qui avaient des suites ; il cite une lettre vigoureuse de ce roi au duc de Richelieu sur les envahissements de pouvoir du Parlement : Cette lettre, dit-il, doit prouver que Louis XV aurait employé la force pour arrêter, dès les premiers moments, les entreprises des révolutionnaires. […] On a de lui des lettres où il célèbre l’âme et le génie de Catherine ; mais ici se trahit un grave défaut de M. de Meilhan, et qui était déjà sensible dans quelques passages de ses Considérations sur l’esprit et les mœurs ; cet homme d’esprit et de conception, qui n’a pas seulement de la finesse, qui y joint des vues et de la portée, n’a pas le goût très sûr : il le prouva bien lorsque étant parti de Rome pour aller en Russie, l’idée lui vint un jour de comparer l’église de Saint-Pierre et Catherine II.

191. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

Mille expériences désastreuses prouveraient à l’homme qu’en faisant le bien il obéit à une duperie, que l’homme n’en persévérerait pas moins dans cette voie ingrate, improductive, folie selon le bon sens vulgaire, sagesse selon l’esprit supérieur. […] Plus de cent vieillards attendent leur tour d’admission dans l’asile ; vos deux mille francs vont faire des heureux et prouver à M. l’abbé Carton l’intérêt que vous prenez à ses nobles efforts. […] Quand, en marchant les pieds dans la neige, la pauvre créole a réussi à placer quelques-uns des ananas qu’elle colporte et à ramasser quelques sous, c’est pour se rendre à la maison de la Légion d’honneur de Saint-Denis et pour porter à ses filles d’adoption un vêtement chaud, de petites douceurs qui prouveront aux orphelines qu’elle ne sont pas déshéritées de toute tendresse. […] Avons-nous donc tant d’intérêt à prouver que le monde où nous vivons est entièrement pervers ?

192. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Il s’est dévoué à prouver que cette supériorité n’existe pas, que ce qu’elle a de mystérieux n’est qu’un mensonge de plus, et que les dons de Dieu, dont on abusa dans cette époque criminelle, n’étaient pas, après tout, si grands ! […] Ces plans, commencés par Calonne, homme d’État plus éminent peut-être qu’il n’a été méconnu, modifiés et poursuivis par Brienne et Necker, rencontrèrent dans toutes les institutions du temps une résistance qui prouve combien ces institutions avaient encore de force et de solidité. […] Or, cet aveuglement de l’esprit et ce vice de la volonté n’étant point, quand la Révolution éclata, dans la masse du peuple, mais, comme l’a prouvé Cassagnac, uniquement dans ceux qui la menèrent et l’égarèrent, nous parler à fond de ces meneurs coupables, nous ouvrir leur âme, passer de l’homme public, exagéré par la perspective du théâtre, à l’homme privé, saisi dans la stricte rigueur de ses habitudes et de ses passions, dans ce terrible tous les jours de la vie qui nous en dit tant sur les hommes ! […] Quand la moitié du monde connu croit à la nécessité et à la justice de la Révolution française, avoir prouvé qu’elle n’est, comme l’arianisme, comme le manichéisme, et tant d’autres erreurs qui ont eu leur jour et leur règne, qu’une erreur, qui doit peut-être, comme le disait Mirabeau dans l’ivresse de son orgueilleuse parole, faire le tour du globe, mais pour passer et non pour s’établir ; avoir montré, de plus, après le vice radical du principe, les vices radicaux de ses apôtres : erreur partout, excès et crimes inutiles, — car les crimes et les excès sont toujours inutiles, et Machiavel n’est qu’un menteur ; — c’est avoir commencé à tracer la ligne que d’autres esprits creusent, à l’exemple de l’auteur de l’Histoire des Causes, et devant laquelle le génie révolutionnaire de l’avenir doit nécessairement reculer.

193. (1874) Premiers lundis. Tome II « La Revue encyclopédique. Publiée par MM. H. Carnot et P. Leroux »

Mais, pour la convaincre, il ne faut pas trop lui promettre ; elle n’en est plus aux illusions de l’enfance ; et, sans prendre la peine d’examiner longuement, il lui suffit d’opposer aux magnifiques avances de ces bienfaiteurs cette réponse de simple bon sens, que qui prouve trop ne prouve rien.

194. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre I. La poésie »

Sa théorie prouve une inintelligence absolue de la poésie, qu’il réduit à une forme artificielle. […] Les poèmes didactiques sont là pour prouver la supériorité de la philosophie du siècle, lorsqu’elle s’exprime en prose.

195. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre IX. L’avenir de la Physique mathématique. »

Ce sont les mouvements des électrons qui produisent les raies des spectres d’émission ; ce qui le prouve, c’est le phénomène de Zeeman ; dans un corps incandescent, ce qui vibre est sensible à l’aimant, donc électrisé. […] Je me hâte de dire, pour terminer, que nous n’en sommes pas là et que rien ne prouve encore qu’ils ne sortiront pas de la lutte victorieux et intacts3.

196. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Feuilles d’automne » (1831) »

L’artiste, comme l’auteur le comprend, qui prouve la vitalité de l’art au milieu d’une révolution, le poëte qui fait acte de poésie entre deux émeutes, est un grand homme, un génie, un œil, ὀφθαλμός, comme dit admirablement la métaphore grecque. […] Il répétera en outre ici ce qu’il a déjà dit ailleurs8 et ce qu’il ne se lassera jamais de dire et de prouver : que, quelle que soit sa partialité passionnée pour les peuples dans l’immense querelle qui s’agite au dix-neuvième siècle entre eux et les rois, jamais il n’oubliera quelles ont été les opinions, les crédulités, et même les erreurs de sa première jeunesse.

197. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 14, comment il se peut faire que les causes physiques aïent part à la destinée des siecles illustres. Du pouvoir de l’air sur le corps humain » pp. 237-251

Les physiciens prouvent aussi que l’air est encore rempli d’une infinité de petits animaux et de leur semence. […] Les magistrats des cours souveraines font en France une autre observation qui prouve la même chose.

198. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 16, objection tirée du caractere des romains et des hollandois, réponse à l’objection » pp. 277-289

Cette infection prouve donc qu’il est survenu dans la terre un changement considerable, soit qu’il vienne de ce que la terre n’est plus cultivée comme du temps des Cesars, soit qu’on veuille l’attribuer aux marais d’Ostie et à ceux de l’Ofanté, qui ne sont plus desséchez comme autrefois, soit enfin que cette altération procede des mines d’alun, de souffre et d’arsenic, qui depuis quelques siecles, auront achevé de se former sous la superficie de la terre, et qui présentement envoïent dans l’air, principalement durant l’été, des exhalaisons plus malignes que celles qui s’en échapoient lorsqu’elles n’avoient pas encore atteint le dégré de maturité où elles sont parvenuës aujourd’hui. […] Ce qui prouve encore qu’il est survenu une altération physique dans l’air de Rome et des environs, c’est que le climat y est moins froid aujourd’hui qu’il ne l’étoit au temps des premiers Cesars, quoique le païs fut alors plus habité et mieux cultivé qu’il ne l’est à présent.

199. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IV »

Jamais, en somme, l’originalité du style ne fut plus nette qu’à cette époque. » Rien de plus vrai, et c’est en propres termes ce que nous disons, et c’est précisément ce qui prouve que l’originalité se forme par l’imitation ou, tout au moins, que l’imitation ne nuit pas à l’originalité. Les bons auteurs nous l’affirment — et nous le prouvent.

200. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La défection de Marmont »

Et si la lecture de son livre n’avait pas prouvé ce que nous disons là, en voici un autre qui le prouverait jusqu’à la plus complète évidence.

201. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Prouvons. […] Prouvons. […] Prouvons. […] Mais ce qui prouve que la lettre de M.  […] Nous ne ferons donc pas de grands frais de raisonnements pour prouver qu’il est digne de l’Académie.

202. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

Cela, à seule fin de prouver que la race méridionale possède un fonds de poésie aussi riche que les autres. […] Or, rien ne prouve qu’ils ne leur naîtront pas un jour ; et, puisque les Normands ont attendu pendant des siècles, les Gascons, et les Provençaux peuvent attendre encore, bien que M.  […] Est-ce bien sûr, et cela prouverait-il que Provence et Languedoc, ayant perdu leur langue, ne parviennent, quoique terres ardentes de poésie, à s’exprimer en langue, non plus d’oc, mais d’oïl ? […] Ainsi, il cite comme faisant exception à sa loi, Clément Marot né à Cahors ; mais le père de Clément Marot, lui-même bon poète mais dont la gloire a été éclipsée par celle de son fils, était originaire de Caen, ce qui prouve qu’au xve  siècle, on voyageait déjà. […] Car enfin il ne faut pas non plus exagérer l’importance de la langue maternelle, et l’on peut, si l’on est doué, écrire de très beaux vers dans une langue d’adoption, ainsi que l’ont prouvé de nos jours un Athénien, Moréas, un Américain, M. 

203. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Quelques petites pièces latines, recueillies parmi ses œuvres poétiques, prouvent une pratique habituelle du latin81. […] « Tu practiqueras bien souvent, dit-il, les artisans de tous mestiers, comme de marine, de vénerie, fauconnerie, et principalement les artisans de feu, orfèvres, fondeurs, mareschaux, minerailliers ; et de la tireras maintes belles comparaisons avec les noms propres des mestiers101. » D’après son biographe René Binet, Ronsard avait fait ce qu’il enseignait, « ne desdaignant, dit-il, d’aller aux boutiques des artisans, et pratiquer toutes sortes de mestiers pour apprendre leurs termes102. » La nouvelle école était engagée d’honneur à prouver aux cicéroniens et aux Italiens que la langue française égalait le latin et l’italien ; et pourvu qu’elle pût opposer l’épaisseur du vocabulaire français à tous les autres vocabulaires, peu importait d’où lui vinssent ses richesses. Lisez Estienne Pasquier, s’échauffant à prouver l’égalité du français et des langues anciennes. […] Défendre théoriquement la précellence de la langue française contre les Italiens, comme fit Henri Estienne, ou contre les cicéroniens, que Rabelais appelle les latinisants, c’était la thèse de tous les érudits ; la prouver par des exemples, ce fut l’ambition de Ronsard et de son école. […] Ces doutes seraient à sa louange, et c’est ce qui m’y fait croire ; car, quoique rien n’annonçât encore le retour qui allait suivre cette fortune et que Malherbe n’eût pas encore taillé la plume qui devait biffer tout son recueil, Ronsard avait prouvé par plus d’une pièce, et par quelques écrits en prose, qu’il avait assez de talent pour n’être pas toujours content de lui.

204. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 16, des pantomimes ou des acteurs qui joüoient sans parler » pp. 265-295

Monsieur Calliachy Candiot, mort vers l’année 1708, professeur en belles lettres dans l’université de Padoüe, prétend que l’art des pantomimes fut plus ancien qu’Auguste, mais il prouve mal son opinion. […] Mais nous pouvons alleguer des faits qui prouveront mieux que des raisonnemens que cette execution est possible. […] La premiere raison, c’est que Tacite immédiatement après les mots que je viens de citer, ajoute une circonstance qui prouve bien que Neron n’avoit pas fait fermer les théatres.

205. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Un fait encore prouvera la capitale importance des titres. […] Ce qui prouve une candeur profonde en même temps qu’un loyalisme quelque peu outré1. […] Au reste toute la littérature du temps prouve une extraordinaire sensibilité.

206. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

C’était vrai ; mais cela prouve peu. […] C’est à le croire que Proudhon a toujours penché, et aie prouver qu’il s’est essayé quelquefois. […] Cela prouve tout simplement qu’il n’y a que la passion qui soit une force. […] Il faudrait prouver non pas la légitimité de la première occupation, mais la légitimité de l’hérédité. […] Voilà qui n’est pas prouvé du tout.

207. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Mais les conditions peu avantageuses qu’il acceptait prouvent bien que son but, en écrivant ses romans, était bien plus de satisfaire à ses goûts de travailleur, à ses besoins d’artiste, que de gagner beaucoup d’argent. […] Cela prouve d’une manière irréfutable que M.  […] Quand on lance contre un écrivain l’accusation de plagiat, cela prouve son originalité. […] D’ailleurs, une accusation semblable ne se discute pas ; elle se prouve ou se dément par des faits. […] Tous ces faits nous ont prouvé que l’œuvre de M. 

208. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

Mais je ne pense pas qu’on arrive jamais à prouver que, dans les limites de la période récente, des continents, aujourd’hui complétement séparés, aient été continus, ou même presque continus, et rattachés les uns aux autres, ainsi qu’aux nombreuses îles océaniques. […] Je pourrais citer des exemples nombreux qui prouvent que des oiseaux sont souvent emportés par un coup de vent à de grandes distances, à travers les océans. […] Des graines peuvent donc ainsi être transportées à de grandes distances ; car un grand nombre de faits prouvent que le sol est presque partout mélangé de graines. […] Les productions tempérées, en émigrant plus près de l’équateur, durent avoir moins à souffrir, bien que placées sous des conditions nouvelles ; car il est prouvé que beaucoup de plantes tempérées, lorsqu’elles sont protégées contre les invasions de trop nombreux compétiteurs, peuvent supporter un climat beaucoup plus chaud que celui qu’elles ont accoutumé. […] Ces trois derniers paragraphes que l’auteur nous a adressés, et qui ont déjà été insérés dans la seconde édition allemande, prouvent, avec plus d’évidence encore que tant d’autres faits analogues, que toute hypothèse, tendant à faire admettre une période de refroidissement totale et simultanée sur tout le globe, doit être définitivement abandonnée.

209. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De l’étude. »

Plusieurs écrivains se sont servis des raisonnements les plus intellectuels pour prouver le matérialisme ; mais l’instinct moral est contre cet effort, et celui qui attaque avec toutes les ressources de la pensée la spiritualité de l’âme, rencontre toujours quelques instants où ses succès même le font douter de ce qu’il affirme. […] Ce tableau ne prouve point l’inutilité des ressources de l’étude ; mais il est impossible à l’homme passionné d’en jouir, s’il ne se prépare point par de longues réflexions à retrouver son indépendance ; il ne peut, alors qu’il est encore esclave, goûter des plaisirs dont la liberté de l’âme donne seule la puissance d’approcher.

210. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre II. Recherche des vérités générales » pp. 113-119

C’est peu d’affirmer ; il faut prouver. […] Il sait que ce fut l’âge d’or de la société polie ; qu’en ce temps-là la vie mondaine fut l’idéal de tout ce qui comptait alors parmi les hommes ; que les jardins mêmes étaient des salons ; que les philosophes prouvaient l’existence de la matière par celle de la pensée ; que les poètes, acharnés à peindre l’âme humaine civilisée, laissaient à peine tomber quelques regards distraits sur la nature environnante.

211. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre III. Paradis perdu. »

« Ève, l’espoir que tu fondes sur le tombeau, et ton mépris pour la mort, me prouvent que tu portes en toi quelque chose qui n’est pas soumis au néant. » Le couple infortuné se décide à prier Dieu, et à se recommander à la miséricorde éternelle. […] Cela prouve qu’une grande différence existait déjà entre les temps de Virgile et ceux d’Homère, et qu’au siècle du premier, tous les arts, même celui d’aimer, avaient acquis plus de perfection.

212. (1865) Du sentiment de l’admiration

On cherchera à vous prouver que l’idéal n’est qu’un mot, la littérature qu’un luxe, l’art classique qu’une convention maintenue par la docilité du public. […] S’il m’était donné de vous le prouver, j’estimerais ma tache suffisamment remplie.

213. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 37, des défauts que nous croïons voir dans les poëmes des anciens » pp. 537-553

L’avantage qu’on y remporte prouve seulement qu’on est meilleur gladiateur que son adversaire, mais non pas qu’on soit exempt du vice dont on peut avoir été taxé. […] Claudien est si surpris que les mules obeïssent à la voix du muletier, qu’il croit qu’on en puisse tirer un argument pour prouver la fable d’Orphée.

214. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 15, observations concernant la maniere dont les pieces dramatiques étoient représentées sur le théatre des anciens. De la passion que les grecs et les romains avoient pour le théatre, et de l’étude que les acteurs faisoient de leur art et des récompenses qui leur étoient données » pp. 248-264

L’histoire romaine est encore remplie de faits qui prouvent la passion démesurée du peuple pour les spectacles, et que les princes et les particuliers faisoient des frais immenses pour la contenter. […] Les écrits des anciens sont remplis de faits qui prouvent que leur attention sur tout ce qui pouvoit servir à fortifier ou bien à embellir la voix alloit jusqu’à la superstition.

215. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

C’est ce qu’a prouvé la révolution. […] Mais cela ne prouve pas qu’on doive introduire sur notre théâtre les monstruosités de cet homme, que Voltaire appelait un sauvage ivre. […] Son existence est surtout prouvée par la parole, que l’homme n’a pas pu trouver, et qui lui a été enseignée. […] cela prouverait-il que la poésie descriptive n’est pas due à la religion chrétienne ? […] Une telle connaissance des femmes prouve que le monarque, en se confessant, n’était peut-être pas bien guéri de sa faiblesse.

216. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

À cela près de trois à quatre expressions qui empâtent l’expression toujours transparente de Shakespeare, il s’est montré ce qu’on est accoutumé de le voir déjà : un traducteur d’une intelligence très sensible aux beautés de tout genre de ce génie si complexe qu’on appelle Shakespeare, lequel a trop vécu sur sa réputation de grand barbare, lui, le plus fin et le plus élégant des civilisés de tous les temps et de tous les pays du monde, — comme, à propos de cette traduction qui nous promet du champ encore, nous le prouverons quelque jour. […] Les Sonnets, ces Sonnets sans sexe, où l’âme de ceux qui respectent Shakespeare se trouble devant la confusion d’un langage si troublant lui-même et si troublé ; les Sonnets, que je n’aurais pas cités, moi, pour prouver la pureté d’un sentiment qui, s’il est de l’amitié, n’est plus de l’amitié sainte et forte, mais de l’amitié qui, au moins, a le délire ; ces Sonnets sont invoqués à l’appui de cette idée que, quand il s’agit de Shakespeare : qui peint l’amitié doit la ressentir. […] Pour François Hugo, en effet, pour le fils d’un homme qui a écrit des drames, lesquels ont plus tapagé dans leur temps que ceux de Shakespeare, ce qui prouve, par parenthèse, en faveur de la gloire dramatique, — la plus bête des gloires !  […] On sait notre opinion sur ces exubérantes préfaces, inspirées par l’amour-propre d’un jeune traducteur qui veut prouver qu’il sait penser pour son propre compte et qu’il a des aperçus à son service, je ne dis pas par-dessus la tête, mais entre les jambes de son colosse… Néanmoins, dans cette introduction, où je trouve trop d’aperçus encore, il est un point de critique, posé et discuté, qui valait bien la peine de l’être, et je ne puis m’empêcher de savoir un gré infini à François-Victor Hugo de l’avoir posé et discuté. […] Taine veut faire tomber sur le génie comme sur le cou d’un bœuf, et prouver enfin que lui-même, comme son personnage, était un homme… encore plus un homme qu’un Anglais !

217. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Or, comment prouver qu’on ne peut avoir la conception de corps sans avoir celle de pesanteur ? Comment prouver que l’idée de changement renferme logiquement celle de cause` ? […] S’il était le principe de toutes les vérités mathématiques, ces vérités seraient des propositions purement analytiques ; or Kant prouve par des exemples tirés de l’arithmétique et de la géométrie qu’il n’en est point ainsi. […] Quand nous opérons sur de petites quantités, l’habitude que nous avons d’aller des diverses parties à la somme, la rapidité avec laquelle nous saisissons leur égalité nous fait illusion sur le véritable procédé de l’esprit ; mais quand nous voulons réunir plusieurs grands nombres en un seul, la difficulté que nous éprouvons à arriver au nombre total qui les renferme nous prouve que nous n’allons pas du même au même, et qu’il s’agit bien pour nous d’acquérir une nouvelle connaissance. […] Si cette proposition : la ligne droite est la ligne la plus courte d’un point à un autre, est analytique, il faut prouver que logiquement l’idée de la ligne la plus courte est renfermée dans l’idée de ligne droite. « Mais l’idée de droit, dit Kant, ne renferme aucune idée de quantité, mais seulement de qualité. » Les vérités de géométrie sont donc de l’ordre synthétique.

218. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

Il ne tarda pas à le prouver. […] Rien ne le prouve. — « Il a publié quelques volumes sur les campagnes… Il a saisi quelques saines idées sur la guerre. » C’est fort heureux que, même dans le moment le plus irrité, le dédain n’aille point au-delà. […] En résumé, la sortie de l’Empereur contre Jomini, et qui n’est qu’une représaille des plus excusables dans les vingt-quatre heures (il ne pouvait guère en dire moins), ne prouve absolument rien et n’a pas plus de portée à titre de jugement véritable que tant de paroles courroucées de Napoléon contre les hommes de mérite tels que Malouet et autres, qui se sont vus soudainement maltraités, — exécutés, ou peu s’en faut, — mais qui ne gardent pas moins toute leur valeur devant une postérité indifférente et attentive. […] « Au reste, a dit Jomini, cette bataille me détrompa de toutes les espérances que j’avais conçues ; elle me prouva qu’un homme dans ma position ne devait jamais juger les choses comme il le ferait s’il était maître de commander ; et j’appris là qu’il y avait une grande différence de diriger soi-même l’ensemble d’un état-major dans lequel on prévoit et organise tout, ou à raisonner sans fruit, et sur des données incertaines, de ce que veulent faire les autres.

219. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre IV. L’espace et ses trois dimensions. »

» En résumé, l’expérience ne nous prouve pas que l’espace a trois dimensions ; elle nous prouve qu’il est commode de lui en attribuer trois, parce que c’est ainsi que le nombre des coups de pouce est réduit au minimum. […] Quoi que l’on doive penser de cette hypothèse, qu’on soit séduit par sa simplicité, ou rebuté par son caractère artificiel, le seul fait que Hertz ait pu la concevoir, et la regarder comme plus commode que nos hypothèses habituelles, suffit pour prouver que nos idées ordinaires, et, en particulier, les trois dimensions de l’espace, ne s’imposent nullement au mécanicien avec une force invincible. […] Qu’est-ce que cela prouve ?

220. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Je dis, moi, au contraire, que celui qui embrasse de toute âme cet humiliant labeur prouve par là même qu’il n’est pas appelé à la grande œuvre. […] C’est une erreur ; cela prouve un affaiblissement de l’esprit philosophique, de la spéculation, de la littérature ; cela prouve que l’on ne comprend plus la valeur et la dignité de l’intelligence, puisqu’elle ne suffit plus à occuper les esprits distingués ; cela prouve enfin que le règne a passé de l’esprit et de la doctrine à l’intrigue et à la petite activité.

221. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

Mille circonstances désolantes que je ne soupçonnais pas sont venues compliquer ma situation et me prouver que le parti que ma conscience me conseillait ouvrait devant moi un abîme de peines. […] D’ailleurs, je le répète, j’ai confiance en votre largeur, et Dieu me garde de chercher à vous prouver qu’elle n’est pas orthodoxe ; car je veux que vous la conserviez, et pourtant je veux aussi que vous soyez orthodoxe. […] Vous me direz : « Dieu veut que l’on croie ces petites choses, puisqu’il les a révélées. » Prouvez-le, là est mon fort. […] Voilà le fait et je le prouverai.

222. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

Que d’Ouvrages ils ont enfantés pour prouver à l’Homme que l’Homme n’est qu’une machine, qu’il n’est point libre, qu’il n’a aucun mérite d’être vertueux ! […] C’est, je pense, une détermination opiniâtre à blâmer contre toute justice, ou à louer sans aucun fondement ; c’est une prévention décidée qui ne permet de voir dans un Ouvrage que les défauts ou les bonnes qualités ; c’est juger plutôt l’Ecrivain que l’Ecrit ; c’est être enfin volontairement injuste : or, si je prouve qu’aucune de ces dispositions n’a dirigé mes jugemens, il sera démontré que ceux qui m’accusent de partialité ignorent ou feignent d’ignorer la véritable signification de ce terme. […] Mais laissons-les avec leur acharnement & leur partialité ; il y a longtemps qu’ils abusent des terme, qu’ils confondent les idées, & qu’ils s’efforcent de donner au mensonge les couleurs de la vérité : nous en avons dit assez, pour prouver qu’on peut être leur adversaire déclaré, sans être injuste ni partial. […] Rien de si comique, m’a-t-on dit, que de le voir se démener dans les sociétés, pour prouver que si M. l’Abbé Martin, mort il y a environ quatre ans, n’est pas l’Auteur des Trois Siecles, [c’est le nom du Vicaire avec lequel j’ai eu des liaisons d’amitié], il l’est au moins des meilleurs morceaux de cet Ouvrage, ainsi qu’il l’a donné lui-même à entendre à plusieurs Habitués de Paroisse.

223. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

On pourrait encore le prouver par d’autres exemples, tirés de Cicéron même ; mais celui que nous venons de citer nous paraît plus que suffisant. […] Cet exemple suffit, je crois, pour prouver que ce n’est pas dans Térence qu’un orateur latin moderne doit former son style. […] Je remarquerai à cette occasion, qu’un professeur de l’école militaire, très versé, à ce qu’on assure, dans la langue latine, a prétendu récemment, et même entrepris de prouver, qu’il y avait un grand nombre de fautes dans quelques pages du père Jouvency. Que ce professeur ait tort ou raison, voilà deux habiles latinistes modernes dont l’un reproche à l’autre des erreurs grossières ; en faut-il davantage pour prouver que les modernes savent très imparfaitement le latin ?

224. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Les Anglais et les Allemands sont de mon sentiment, et cela ne prouve pas qu’il est mauvais : les Français sont d’un autre avis, et cela ne prouve point que le leur soit bon. […] Je lui parlai de cette étonnante conformité, il me fit cette modeste et remarquable réponse : « Il ne manquerait rien à ma gloire si je ressemblais en tout à M. de Voltaire ; mais peut-être serait-il plus heureux s’il me ressemblait davantage. » — Bodmer fit présent à Ramond du recueil de ses Tragédies historiques et politiques, dont la lecture lui prouva que le genre dans lequel le président Hénault avait échoué n’en était pas moins, dit-il, un genre excellent.

225. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Pour les purs, pour les lettrés enthousiastes et ardents, pour ceux qu’un danger de plus stimule à l’étude, et qui aiment à montrer qu’ils sont capables d’être hommes en même temps qu’érudits, aller en Grèce un jour et le plus tôt possible, arriver au pied de ses monuments, en face de ses marbres, avant que la flamme, la fumée des dernières explosions fût dissipée et éteinte, avant que les dernières balles eussent cessé de siffler, c’était, — comme l’a dit Quinet et comme il l’a prouvé, — c’était « le long désir de la jeunesse. » Et tous ceux qui n’allaient pas en Grèce la chantaient, la racontaient, la pleuraient sur tous les tons. […] About, la Grèce contemporaine, savez-vous que c’est un amusant et un charmant livre, instructif aussi, prophétique même (l’événement l’a prouvé), et plein de bon sens sous ses airs d’étourderie ? […] Grenier est un esprit essentiellement moderne ; il l’a assez prouvé dans une brochure curieuse intitulée : Idées nouvelles sur Homère (1861), dans laquelle il s’exprime en pleine liberté sur ce père de toute poésie, et en sens contraire de l’opinion commune.

226. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

Elle était gâtée dans sa source, je le reconnais ; elle était physique, maladive, empoisonnée, mauvaise, décomposée par toutes les influences morbides de la fin d’un monde qui expire, mais elle n’en était pas moins de la poésie, prouvée même par la puissance qu’elle a sur nous tous, cette poésie faussée dans son inspiration et qui tournait et touchait souvent à la démence. […] Le nom de Dieu invoqué à toute page dans ses poésies l’atteste, et ses blasphèmes prouvent la profondeur de sa foi. […] Comme si cette sincérité, fille mystérieuse et invisible de la conscience, pouvait se prouver autrement que par la puissance de l’accent qu’elle a, et dont, ce soir-là, précisément, on convenait !

227. (1887) La banqueroute du naturalisme

On y fit qu’en telle autre année, dans un département voisin, et ainsi qu’il est prouvé par les débats ou l’aveu du coupable, un beau-frère, pour éviter la division d’un commun héritage, a violé sa belle-sœur mineure et l’a ensuite étranglée. […] Cependant le romancier, d’un air entendu, frappe de la main sur ses dossiers ; et les reporters, sur sa parole, nous jurent qu’il n’a rien dit qu’il ne puisse prouver, en forme de preuve authentique, dont ne témoigne la collection du Gil Blas et du Figaro. […] Francisque Sarcey nous rappelait l’autre jour ; et, combien il avait raison, c’est ce que les journaux nous prouvaient à l’envi l’un de l’autre, à commencer par le Figaro.

228. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Faire cinq éditions, c’est prouver qu’on prend plaisir à en faire. […] Cousin découvre trois manuscrits d’Abailard ; il les décrit tour à tour avec scrupule ; il juge de leur valeur ; il prouve que ce sont eux que décrivait Oudin et que citait l’Histoire littéraire ; il entre dans l’intérieur du manuscrit, marque les différents traités qu’il comprend, les lacunes plus ou moins longues, les feuillets blancs, les feuillets noirs, les différentes encres, et je ne sais combien d’autres choses encore.  […] La théologie, par ses grands horizons métaphysiques, ouvre une large carrière à l’enthousiasme et à l’imagination ; en même temps, elle s’appuie sur la connaissance approfondie des textes, sur les recherches de philologie, sur le talent de discuter sans rien prouver, de raisonner sans rien découvrir.

229. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre II. Utilité de l’ordre. — Rapport de l’ordre et de l’originalité »

Mais ces exceptions mêmes prouvent ce que je dis : si ces rares natures se dispensent de l’ennui de la composition, c’est que, par un don singulier, elles conquièrent d’une seule vue, par une rapide intuition, ce que le vulgaire n’obtient que par la longue patience et l’attention laborieuse : c’est que leur plan s’est fait en un moment, et leur œuvre se développe selon un modèle idéal que leur imagination contemple. […] Descartes part d’un mot de saint Augustin : Je pense, donc je suis, et ne prouve que de vieilles vérités, l’existence de Dieu, celle du monde extérieur, l’immortalité de l’âme.

230. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Conclusions » pp. 169-178

Qu’on ne m’objecte pas, à l’encontre de cette indifférence, l’exemple d’Edmond Rostand, Son admirable Cyrano n’ouvrait pas plus une renaissance poétique qu’il ne prouvait un retour du public à la Poésie. […] Cyrano prouve si peu une disposition du public à mordre au lyrisme, que les autres drames de Rostand qui sont loin de lui être inférieurs n’ont obtenu que des succès contestés.

231. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XIV »

Mais, comme on trouve aussi chez ces mêmes écrivains des métaphores qui ne se suivent pas, ce qui ne prouve rien, puisqu’ils ont beaucoup plus de celles qui se suivent, M.  […] Cela ne prouve rien, et nous sortons de la question, puisque nous sortons de la littérature.

232. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Louis Nicolardot » pp. 217-228

À quoi pensait-il donc, ce Roi qui ne manquait ni de bon sens, ni de capacité, ni de droiture, et qui avait été bien élevé, comme le prouve le traité sur l’éducation de M. de la Vauguyon, que M.  […] Ce qui nous a suffi pour l’heure, c’est d’avoir prouvé par ce Journal que Louis XVI n’était pas uniquement de la pâte à victime, comme les écrivains de la Révolution l’avaient fait et voulaient le garder ; c’est d’avoir établi qu’il n’était pas l’espèce de mollusque royal qu’ils disaient, qu’il y avait en lui quelque chose d’intense qu’on ne soupçonnait pas, et qu’il s’est plus perdu par l’excès d’une passion que par l’ignavie qu’on lui a toujours reprochée.

233. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIII. P. Enfantin »

Félix, sur les quatrième, cinquième et sixième Conférences de Notre-Dame, prouve, par sa teneur, ses termes exprès, le ton qui l’anime, que le saint-simonisme n’est pas mort ou que ce qui en survit n’est pas simplement une opinion individuelle. Il prouve, ce manifeste ironique ou patelin (et peut-être tous les deux), que le saint-simonisme a gardé la prétention d’être une Église, une Église cachée et qui se croit persécutée sans doute, car le mépris d’un temps, qui a encore à sa disposition les lucidités du ridicule et l’éclat de rire, peut paraître, à certaines gens sensibles, une persécution.

234. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Ranc » pp. 243-254

Quoique dans l’introduction qui précède son livre il nous dise, vers la fin : « La conspiration que j’ai rapportée est une conspiration vraie, aussi vraie que la conspiration du général Malet », ce qui est peut-être trop vite dit et pas assez prouvé, et, quoique l’imagination, beaucoup plus intéressée à ce roman d’une conspiration qu’elle ne le serait à une histoire, veuille bien accepter, sans le chicaner, ce qu’affirme si brièvement l’auteur, cependant il reste toujours, non pas uniquement l’embarras de savoir où le personnage historique finit et où le personnage inventé commence, mais il reste encore — et c’est autrement important — que tous les personnages de l’action sont tous vus de par dehors, comme les personnages d’une histoire, au lieu d’être vus de par dehors et de par dedans tout ensemble, comme doivent être vus tous les personnages d’un roman, dont l’auteur peut approfondir à son gré ou idéaliser les caractères, puisqu’il les a lui-même inventés ! […] L’absence même de composition et d’unité de rythme dans les développements du livre de Ranc, et ses interruptions (ce sont ces interruptions que j’appelle ses bordées) contre l’empereur Napoléon, les gouvernements qui ne sont pas la République, l’armée, le sacerdoce, la magistrature, la police, le prouvent de reste.

235. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » p. 51

COSSART, [Gabriel] Jésuite, né à Pontoise en 1615, mort à Paris en 1674, Orateur Latin, dont les Discours prouvent tout à la fois que la belle Eloquence peut être le partage d’un homme de Collége, & la belle Latinité celui d’un Auteur moderne.

236. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Cela prouve tout simplement qu’il n’aimait pas Virgile, et qu’il ne savait point le grec. […] Par le rapport des deux Testaments, on prouve que l’un et l’autre est divin. […] Pourtant, cela ne prouve pas non plus qu’il soit effectivement de Moïse, ni même que Moïse ait réellement existé. […] Il n’y a pas pour lui de sot livre, dont un homme d’esprit ne puisse, ou plutôt ne doive tirer profit, et par là, prouver son esprit même. […] Les protestants de France l’ont autrefois prouvé.

237. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article »

Ce que nous savons, c’est que les Plaidoyers qui nous restent de lui, ne sont propres qu’à prouver la barbarie du Siecle qui les a applaudis.

238. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

trois siècles de gloire, cela, quoi qu’on puisse dire, prouve quelque chose. […] Il va contre la thèse qu’il veut prouver. […] Michaut, après avoir prouvé que la légende est insuffisamment établie, essaye de prouver qu’elle est très invraisemblable et presque impossible. […] Que prouve ton livre, écrivain humoristique, railleur, sévère et profond ? […] Il s’agit de le prouver. » Et il s’est ingénié à le prouver comme il a pu.

239. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 527

Cet Auteur s’est attaché à des Ouvrages solides, qui exigent des connoissances étendues, & prouvent, lorsqu’ils sont bien faits, le talent de les placer avec intérêt & discernement.

240. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vignier, Charles (1863-1934) »

Sans l’avoir prouvé par des œuvres, — car ses vers, ainsi que l’avoue leur titre, ne sont guère qu’admirables pastiches, — il sait.

241. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 254

On a de lui des Traductions de certains Peres de l’Eglise, & de quelques Ouvrages sur l’Ecriture-Sainte, qui prouvent qu’il étoit habile dans la connoissance des Langues savantes.

242. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article »

Les matieres de pure spéculation ne prouvent souvent que l’abus de l’esprit de ceux qui les traitent, & entraînent l’abus de l’esprit de ceux qui les lisent.

243. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 297

Il a écrit des Lettres sur les Femmes, qui prouvent qu’il connoît mieux leurs vices & leurs défauts, que leurs bonnes qualités & leurs vertus.

244. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

Leur principal argument était tiré de l’oubli au réveil ; mais cet oubli, — qui d’ailleurs n’est pas constant et peut être artificiellement empêché, — ne prouve nullement qu’il n’y ait eu aucun état mental pendant le sommeil hypnotique, pas plus qu’il ne prouve la complète absence de rêves pendant le sommeil ordinaire. […] Dinet explique ces faits par le « point de repère » que fournit le petit trait noir tracé sur la carte, et qui est devenu le noyau de l’hallucination » Ces phénomènes hypnotiques prouvent que des images toutes cérébrales peuvent être projetées sous forme d’objets réels. […] Considérés philosophiquement, ces faits prouvent, une fois de plus, que la douleur et la pensée ne sont pas, dans la nature, des « épiphénomènes » sans influence, dont l’être vivant pourrait se passer. […] Alors même qu’on désignerait les deux personnages par des noms différents, appelant l’un moi, l’autre Paul ou Pierre, le seul fait de les connaître tous les deux prouve encore qu’il y a un lien dans une même personne entre les deux sous-personnalités. […] C’est ce qu’ont prouvé les belles recherches anatomiques et cliniques de M. 

245. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Et, d’un autre côté, si l’impuissance de la science physique ou naturelle à supprimer le « mystère » est prouvée, remontons donc maintenant à la source. […] Et après avoir prouvé la vérité ou la « divinité » de la religion par la continuité de son dogme immuable, prouvons-la maintenant par le bien qu’elle peut faire encore à ce monde inquiet et troublé. […] C’est ce que prouve son histoire, qui n’est à proprement parler que celle de ses divisions. […] L’histoire du siècle présent prouve également à quel point le sort de tous a été amélioré par les idées nouvelles… Telles sont les conséquences de la méthode scientifique. […] L’absolue nécessité des lois de la nature n’est après tout qu’un postulat dont nous avons besoin pour asseoir le fondement de la science, et rien ne prouve que ce postulat soit autre chose que l’expression d’une loi toute relative de notre intelligence.

246. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 508

Claude eut un fils qui fut aussi Ministre, dont il nous reste quelques Sermons qui prouvent qu’il n’avoit pas les talens de son pere.

247. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article »

La Traduction des Colloques d’Erasme, celle de l’Economique de Xénophon, & de son Traité des revenus de la Grece, font honneur à sa plume, & prouvent qu’il est en état de former la jeunesse dans la Langue des Grecs & des Latins, aussi bien que dans la nôtre.

248. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 360

Ses Lettres à Madame de Motteville prouvent plus en faveur de son esprit, & sont mieux écrites.

249. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Casier, Jean »

Harmonies chrétiennes, Poésies eucharistiques, La Mort l’avaient déjà prouvé.

250. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article »

Cet Auteur prouve combien l’élocution est nécessaire quand on veut se faire lire & intéresser ; chez lui, la forme fait toujours tort au fond, parce que sa maniere de s’exprimer est infiniment au dessous de ses pensées.

251. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « epigraph »

« Mais si, comme on l’a dit et comme de notre temps on ne se lasse pas de le prouver, l’histoire est toujours à faire, cela est vrai surtout de l’histoire des lettres, où les tentatives nouvelles du talent, les disputes des écoles, les prétentions du paradoxe et les démentis de l’expérience font incessamment découvrir des points de vue négligés dans l’art, des enseignements utiles pour le présent, des encouragements à la vraie nouveauté, des préservatifs contre la fausse et stérile hardiesse, et toute une étude d’imagination et le goût à faire pour l’avenir, sur les monuments du passé. » M. 

252. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 202

Les lumieres qu’il a répandues sur plusieurs endroits de ces Auteurs, prouvent qu’il avoit beaucoup de jugement & de sagacité.

253. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 4

Ce qui prouve qu’elle étoit née avec de vrais talens, c’est que, malgré la barbarie de son Siecle, on remarque dans ses Poésies, des traits d’esprit & de délicatesse qui font le plus grand plaisir.

254. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article »

On ne cesse de faire de nouvelles Editions de l'Ouvrage de l'Abbé de Vallemont, ce qui prouve que les rêveries les plus absurdes sont toujours assurées de trouver des Partisans.

255. (1874) Premiers lundis. Tome I « J. Fiévée : Causes et conséquences des événements du mois de Juillet 1830 »

Si cette minorité était arrivée d’une manière naturelle, peut-être aurait-elle été favorable au développement de nos libertés ; mais à travers deux abdications, toujours et nécessairement conditionnelles, avec le besoin cruel de séparer un enfant de ses parents-exilés, de ne pouvoir former sa raison sans lui apprendre à les juger au moins aussi sévèrement que l’histoire le fera, avec le danger de les voir un jour se rapprocher de lui, il n’aurait été qu’une cause de soupçons, d’agitation, que l’étendard d’un parti qui n’a que trop prouvé ses fureurs et son incapacité. […] «  La grande journée de juillet a prouvé le besoin de changer notre langue politique, et de renoncer enfin à d’antiques expressions qui depuis longtemps n’ont plus de rapports avec notre ordre social.

256. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — I »

Nous pensons que le professeur n’a pas senti toute la portée de cette réticence qui prouve qu’il ne se croit pas appelé à trouver cette solution, et qu’il pressent l’impuissance de la philosophie pour la lui révéler. […] Jouffroy de glisser un peu légèrement sur cette solution, il a prouvé qu’il en connaissait assez bien quelques-unes des applications au développement historique de l’humanité.

257. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XI. De la littérature du Nord » pp. 256-269

La poésie du Midi, loin de s’accorder comme celle du Nord, avec la méditation, et d’inspirer, pour ainsi dire, ce que la réflexion doit prouver, la poésie voluptueuse exclut presque entièrement les idées d’un certain ordre. […] La perfection de quelques-unes de ces poésies prouve, sans doute, le génie de leurs auteurs ; mais il n’en est pas moins certain qu’en Italie les mêmes hommes n’auraient pas composé les mêmes écrits, quand ils auraient ressenti la même passion ; tant il est vrai que les ouvrages littéraires ayant le succès pour but, l’on y retrouve communément moins de traces du caractère personnel de l’écrivain, que de l’esprit général de sa nation et de son siècle.

258. (1894) Propos de littérature « Chapitre Ier » pp. 11-22

Crois en toi-même et prouve-toi par tes actes. […] Le Moi, nettement distingué du monde sensible et du monde des idées, se précise en l’action — elle est à l’idée ce que l’œuvre est au songe — comme il se prouve, grandit et se perpétue par l’Amour. — Si la vie offre de graves motifs à la Douleur elle en offre aussi à la Joie et, en son résultat, doit toujours être saluée comme glorieuse : elle est le miroir de toute activité, la vallée sans fin où se meut la Geste même de l’homme.

259. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre huitième. »

Il serait très-malheureux que l’utilité de la science ne pût se prouver que dans une circonstance aussi fâcheuse que la ruine d’une ville. La société ordinaire offre une multitude d’occasions, où ses avantages deviennent frappans ; et l’Apologue de La Fontaine ne prouve pas assez en faveur de la science.

260. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Seconde partie. Émancipation de la pensée » pp. 300-314

Ancillon a dit : « Rien ne prouve davantage qu’originairement et dans le principe, les existences et la réalité sont données à l’homme que de voir la métaphysique tout entière, en quelque sorte, déposée dans les langues, à l’insu de ceux qui les ont créées et perfectionnées. […] Ancillon s’est donc arrêté à une cause seconde sans chercher s’il était possible de remonter à une cause première ; mais ce qui a dû se passer dans son entendement lorsqu’il a été retenu ainsi sur les dernières limites du système de l’invention du langage par l’homme, est un exemple de plus ajouté à tous ceux que j’ai cités et aux autres faits que j’ai présentés pour prouver l’émancipation de la pensée.

261. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet »

Entrepris dans un but de propagande religieuse, — l’auteur était lazariste, — ces voyages, dont nous avons rendu compte avec une sympathie presque enthousiaste, car, à part de leur but, le plus grand que puisse atteindre l’homme, ils prouvaient autant de caractère, de décision, de persévérance que de curiosité élevée ; ces voyages, qu’il faudra désormais citer quand on parlera de l’Asie, ont mis pour la première fois dans la circulation des notions certaines sur ces mystérieuses populations qui vivent et meurent depuis tant de siècles comme des fourmilières d’insectes dans des boîtes fermées, sous le couvercle semé d’hiéroglyphes de leurs impénétrables civilisations. […] Il a trop appris par leurs livres même combien les peuples asiatiques méritent peu les recherches de l’histoire et comme c’est prouvé par la leur !

262. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution d’Angleterre »

Eh bien, ces philosophies de l’Histoire, filles de l’orgueil de la pensée, aussi coupable que l’autre orgueil, ces théories où la science se dilate et se fausse au lieu de se circonscrire pour se simplifier et s’approfondir, Guizot y répond, et, selon moi, d’une façon bien frappante et bien éloquente, en écrivant des biographies de cette grande plume qui a prouvé si elle savait aller aux ensembles et si elle avait la puissance de ses ambitions ! […] Pour prouver la valeur de l’homme en histoire, Guizot n’a voulu que l’homme, l’homme dans toute l’infirmité de ce mot.

263. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Chastel, Doisy, Mézières »

Il a prouvé qu’elle est plus large que l’effort individuel de quelques adorables saints et que l’épanchement de quelques admirables prédications. Il a prouvé, enfin, que cette charité enseignante, née dans le sang du Crucifié, arrosée du sang des martyrs, cette fleur du sang de Dieu et des hommes, n’a grandi, parfumé et guéri les plaies du monde, que parce qu’elle s’est épanouie dans la double Thébaïde du désert et du célibat.

264. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Barthélemy Saint-Hilaire »

Nonobstant la note très modeste que Barthélemy Saint-Hilaire a placée en tête de son ouvrage, pour nous apprendre que son livre avait paru par articles dans le Journal des Savants, au fur et à mesure que William Muir, Sprenger et Caussin de Perceval publiaient les leurs, je suis sûr qu’avec les habitudes de sa pensée, avec sa préoccupation si singulièrement philosophique et religieuse prouvée par la dissertation que je trouve, dans ce volume sur Mahomet, concernant les devoirs mutuels de la religion et de la philosophie, Barthélemy Saint-Hilaire, l’auteur déjà d’un livre sur Bouddha et sa religion, devait aller — de son chef — à cette grande figure de Mahomet, qui nous apparaît, en ce moment, comme une figure neuve en histoire, tant jusqu’ici elle avait été offusquée et enténébrée par l’ignorance, le parti pris et toutes les sottises, volontaires ou involontaires, des passions et du préjugé ! […] Et n’a-t-il pas fallu, et seulement en ces derniers temps, un voyant historique comme Thomas Carlyle, pour nous prouver que ce grand homme, qui n’a qu’une tache sur toute une gloire immense, fut, comme Mahomet, un être de la plus noble et de la plus profonde sincérité ?

265. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice Bouchor »

très bien soupé de son poème, nous pouvons danser autour de Maurice Bouchor, pris par l’idée chrétienne quand il veut le moins être chrétien, et poussant du fond de sa poitrine d’athée des cris, des cris de chrétien qui sont pour nous des airs de fête, puisqu’ils prouvent qu’il est chrétien encore… Maurice Bouchor, l’athée, est le chrétien malgré lui, comme Sganarelle est le médecin malgré lui, mais nous ne lui avons pas donné des coups de bâton pour cela… Il est chrétien ; et qu’il proteste, qu’il se fâche contre nous tant qu’il voudra ! […] Maurice Bouchor a pu mettre le pied sur le tombeau de Faust, mais que ce soit pour s’élancer plus haut, — dans quelque conception hardie et nouvelle, qui nous prouve qu’il a poitrine d’aigle et qu’il peut respirer à l’aise dans un éther où personne n’a encore respiré !

266. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Banville. Les Odes funambulesques. »

Avec son volume d’aujourd’hui, il a prouvé que la notion des livres bien faits existait encore dans certains esprits, malgré le train et l’effacé du siècle, et que l’éditeur, après l’écrivain, après le poète, pouvait être un habile artiste à son tour. […] Faut-il pleurer ou faut-il rire de voir un homme, qui était poète et qui l’a prouvé, se ravaler à de tels exercices de bateleur dans le maniement de cette langue poétique, qu’il aurait honorée, s’il l’avait aimée chastement, car les mots sont bien faits.

267. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre V. Autres preuves tirées des caractères propres aux aristocraties héroïques. — Garde des limites, des ordres politiques, des lois » pp. 321-333

Quant au droit des mariages solennels, nous avons déjà prouvé que le peuple romain demanda, non le droit de contracter des mariages avec les patriciens, mais des mariages semblables à ceux des patriciens, connubia patrum, et non cum patribus. […] Ce droit répondrait tout à fait au jus quiritium Romanorum, que nous avons prouvé avoir été le droit naturel commun à toutes les nations héroïques.

268. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VII. Dernières preuves à l’appui de nos principes sur la marche des sociétés » pp. 342-354

Dans les usucapions, dans les prescriptions, le temps ne finit point les droits, pas plus qu’il ne les a produits, il prouve seulement que celui qui les avait a voulu s’en dépouiller. […] La quantité prouve que persona ne vient point, comme on le prétend, de personare.

269. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 505

Chompré, qui prouvent que ceux qu’on appelle Pédans de Collége, sont quelquefois plus dignes de l’estime du Public, que tant d’Auteurs frivoles, qui ne l’instruisent pas & l’amusent encore moins.

270. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article »

Cinq ou six prix de Poésies remportés dans plusieurs Académies, & deux Discours, l’un sur le Goût, l’autre sur la Frivolité, prouvent qu’il est en état d’écrire également bien en Vers & en Prose.

271. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 231

Le Traité qu’il a composé sur cette matiere, prouve combien il auroit su en profiter lui-même.

272. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 393

Le succès soutenu de cette Production prouve que le Public, prévenu par des artifices, reconnoît ses méprises, & revient chaque jour du fol enthousiasme qui les a occasionnées.

273. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » p. 488

Sans être aussi estimables que le premier, ils prouvent l’activité de son zele, & ne font pas moins honneur à ses lumieres qu’à ses sentimens.

274. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — [Introduction] » p. 251

[Introduction] Avoir démontré, comme nous l’avons fait dans le livre précèdent, que la sagesse poétique fut la sagesse vulgaire des peuples grecs, d’abord poètes théologiens, et ensuite héroïques, c’est avoir prouvé d’une manière implicite la même vérité relativement à la sagesse d’Homère.

275. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 261

Rollin, où il prétend prouver que cet Ecrivain célebre n’entendoit pas assez bien les Auteurs Grecs, d’après lesquels il a composé une partie de son Histoire ancienne.

276. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — E. — article » p. 251

L’Ouvrage qu’il publia à ce sujet est aussi estimé que celui de son pere, & ne prouve pas moins de connoissances & de recherches.

277. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 388

La Préface qu’il a mise à la tête de son excellente Traduction de Quintilien, prouve qu’il étoit capable de très-bien écrire d’après lui-même.

278. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 405

Les Littérateurs peu dévots seront étonnés de la place que nous donnons ici à cet Abbé ; mais ceux qui comprennent & ceux qui prouvent qu’une dévotion sage & éclairée est capable de rendre le mérite littéraire plus intéressant, souscriront volontiers à cette admission.

279. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » p. 83

Son nom tient encore au souvenir du Public, par un Ouvrage qui prouve que les petites choses sont quelquefois capables de sauver de l'oubli.

280. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » p. 304

On chercheroit vainement dans ses Mémoires, tels qu'il les a écrits lui-même [en dépit de ce que M. de Voltaire a pu dire pour prouver qu'il n'en étoit pas l'Auteur], de l'ordre, de la suite, de la précision ; mais on y reconnoît un génie supérieur, qui, lors même qu'il néglige les devoirs de l'Ecrivain, annonce le Grand Homme.

281. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » p. 345

On a de lui une Méthode d'étudier & d'enseigner chrétiennement les Poëtes, une autre pour étudier & enseigner la Philosophie, une troisieme pour étudier & enseigner la Grammaire, qui prouvent qu'il auroit beaucoup mieux fait de s'en tenir aux seules matieres de Théologie.

282. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Ce fait, qui semble incroyable, est cependant vrai ; je consens à toute espèce de démenti si l’on peut me prouver que j’ai reçu une offre quelconque pour ces deux millions et demi de valeur morte dans mes mains. […] Mais, ce qui ne sera peut-être pas au goût de toute l’Europe, il prétend que les hommes ont trop de besoins et trop peu de force pour que le superflu des uns ne soit pas le nécessaire des autres ; en conséquence il peint le luxe des couleurs les plus odieuses, le montre partout comme l’écueil du bonheur public, et affecte de prouver, par les événements, que la décadence des mœurs, qui en est la suite nécessaire, a entraîné celle des deux dynasties Hia et Chang. […] Il n’a pas fallu faire une seule brochure pour le prouver. » « Les lettrés de la dynastie des Han, dit Tchin-tsée, ont écrit plus de trente mille caractères pour expliquer les deux premiers mots du Chou-king. […] À l’occasion de l’abdication de ces deux empereurs j’ai mis une note : Empereurs faibles, qui ont prouvé par leur conduite qu’ils étaient indignes de régner. […] On le conçoit : la guerre, en elle-même, est une barbarie ; les philosophes et les lettrés chinois la réprouvent ; ils la considèrent comme un exercice criminel de la force brutale qui ne prouve rien et qui détruit tout.

283. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Au reste, j’ai besoin de le dire d’avance, il sera prouvé aussi, dans la suite de cet écrit, que les mœurs ne doivent pas rester stationnaires. […] Mais il n’en reste pas moins prouvé, pour moi, que les mœurs et les opinions doivent rester sur deux lignes différentes, parce que les mœurs ne peuvent marcher que lentement, sous peine de briser tous les ressorts. […] Cette assertion sera, je l’espère, prouvée lorsque nous serons plus avancés dans notre examen.

284. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Le romancier qui soutient trop une thèse (voilà le défaut, malgré la grâce et les ressources de son talent), pose en fait que tous les gouvernements sont, (l’essence, les ennemis de la pensée, de l’art, de la poésie, ce qui n’est pas nécessairement, et il le prouve (on prouve tout ce qu’on veut quand on a de l’esprit et de l’invention dans l’esprit) par trois romans historiques qu’il a comme incrustés dans un premier roman, qui est la base même de sa thèse, discutée entre Stello, le poète spleenétique, et le docteur Noir, son médecin. […] C’est que, fait pour prouver le vice radical des armées permanentes, pour étaler le mal de cette institution arriérée, comme disent les progressifs, le livre de Vigny n’en a plus fait voir que la vertu, et cela avec une telle magie que tout ce qui a du cœur et de la pensée ne voudrait pas qu’on pût fermer un jour cette grande école de l’âme ; mais, au contraire, souhaitera qu’on la maintienne éternellement ouverte, pour l’honneur de l’humanité !

285. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Mais je voulais prouver que, si le cas était possible, les tons, quelque nombreux qu’ils fussent, mais logiquement juxtaposés, se fondraient naturellement par la loi qui les régit. […] Ces deux portraits suffiraient pour me le prouver, si ma mémoire ne me rappelait beaucoup d’autres morceaux également beaux. […] Bien qu’il soit évidemment un homme d’esprit, — le choix de ses sujets suffit pour le prouver, — on sent que le souffle hoffmannesque n’a point passé par là. […] Mais cette impartialité prouve l’impuissance des éclectiques. […] Ce qui prouve bien l’état pitoyable de la sculpture, c’est que M. 

286. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » p. 268

Ce petit morceau d’Histoire est d’une lecture intéressante, & prouve que ses autres Ouvrages ne doivent l’oubli actuel où ils sont, qu’au choix des sujets.

287. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » p. 503

La Traduction du Traité de la Paix & de la Guerre par Grotius, prouve que M. l’Héritier étoit aussi mince Traducteur, que Poëte médiocre & mauvais Historien.

288. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 180

Ils prouvent encore combien l’éloquence du Barreau a fait de progrès parmi nous.

289. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Une « réussite » ne prouve rien, pas plus en art qu’ailleurs. […] C’est ce qui n’est ni prouvé, ni probable. […] Voilà tout ce que prouve l’abondance de la production. […] Et, pas un collégien ne l’ignore aujourd’hui, s’il y a quelque chose de certain et de prouvé, c’est cela. […] Non pas même qu’il s’y agisse de prouver quelque chose, quoique l’on pût discuter encore sur ce point, et que cela dépende après tout de ce que l’on entendrait par prouver : l’École des femmes et Tartufe, comme la Dame aux Camélias et les Lionnes pauvres, ont bien l’intention de prouver quelque chose.

290. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Nous croyons qu’il y a là-dessus énormément à rabattre, et nous espérons le prouver. […] Illusion ingénue, naïve chimère, qui prouve combien sont robustes certains tempéraments poétiques ! […] Nous l’avons déjà dit, et ce premier Entretien est là pour le prouver. […] Or M. de Tocqueville nous prouve qu’à la fin du dix-huitième siècle la division des propriétés était à peine d’un tiers moindre qu’aujourd’hui. […] On sent qu’à cette époque providentielle, sous ces irrésistibles influences, tout gravitait vers ces vérités religieuses dont les frémissements mêmes et les altérations passagères prouvaient la puissance et la force, comme les douleurs de la maternité prouvent l’enfantement et la vie.

291. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article »

On a aussi de cet Auteur beaucoup de vers Latins, qui prouvent qu’il étoit en état d’instruire la Jeunesse dans le goût de la bonne Latinité, ce qui étoit de sa fonction ; fonction plus utile que celle des prétendus Précepteurs du genre humain, qui gâtent notre Langue & s’efforçent de renverser toutes nos idées.

292. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » p. 33

La Société des Hommes de Lettres avec lesquels il vivoit, & qui se faisoient un plaisir de le consulter, suppose en lui du zele pour la Littérature ; & les hommages littéraires qu’il a reçus, prouvent au moins qu’il avoit des connoissances.

293. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » p. 530

Ses Sermons furent traduits en Latin sous ce titre : Johannis Junii deliciæ Pastorum sive conciones, ce qui prouve combien on les estimoit.

294. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 206

Plusieurs de ses Ouvrages prouvent qu’il étoit grand Jurisconsulte, bon Politique, savant Théologien, & excellent Critique.

295. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Tout cela est incontestable ; mais qu’est-ce que cela prouve ? […] Non-seulement il y croit, comme le veut la conscience humaine, mais il la prouve, ou du moins croit la prouver en s’adressant à la raison pratique. […] Si le sentiment ne prouve rien, si la conscience est impuissante à saisir la réalité elle-même, l’homme perd ou voit s’affaiblir sa notion d’être moral. […] Il faut donc en revenir au témoignage de la conscience comme au seul moyen possible de prouver la liberté.

296. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 118

Le grand nombre d’Ouvrages qu’il a déterrés & mis en lumiere, dans le Recueil intitulé Spicilege *, lui ont mérité une place parmi les Savans du siecle dernier ; les excellentes Préfaces qu’il a mises à la tête de chaque édition, prouvent qu’il auroit pu ne pas se borner à la simple qualité d’Editeur.

297. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 371

Quand on loue les autres, il faut s’oublier soi-même : on ne prouve que mieux par-là qu’on est digne d’être loué soi-même.

298. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 136-137

Cette anecdote prouve combien l’indulgence est naturelle à l’égard des femmes, & combien sont plus prudens les Auteurs qui continuent d’emprunter le nom de quelques-unes pour en parer leurs Ouvrages, sans dévoiler indiscrétement le mystere.

299. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 341

On fait encore cas de ses Notes sur le Menagiana ; mais un de ses meilleurs Ouvrages en Prose, est sa Dissertation sur le Livre de tribus Impostoribus, où il prouve que cette horrible Production n’a jamais existé, du moins en Latin.

300. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 509

Nous connoissons des jeunes gens que son Livre de la Vérité de la Religion prouvée à un Déiste, a ramenés au Christianisme, dont la lecture peu réfléchie des Ouvrages philosophiques les avoit écartés.

301. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » p. 515

Ses dernieres Nouvelles prouvent que les défauts dont nous venons de parler, ne sont point incurables, & peuvent être regardées comme le fruit d'une plume qui sait animer par le sentiment les richesses de l'imagination.

302. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Il prouve tout ce qu’il dit, avec une force et une autorité étonnantes. […] La démonstration ne serait ni plus soignée, ni plus rigoureuse, s’il s’agissait de prouver une loi de physique. […] Lorsqu’avec la faculté de prouver et d’expliquer, on en ressent le désir, on arrive à la véhémence. […] C’est pourquoi si l’on veut bien prouver, on doit avant tout présenter ces spécimens, insister sur eux, les rendre visibles et tangibles au lecteur autant qu’on le peut avec des mots. […] Il prouve ce que tout le monde accorde.

303. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

C’est l’opération « qui découvre et prouve des propositions générales. […] On prouve un fait, dit Aristote1516, en montrant sa cause. On prouvera donc la mortalité du prince Albert en montrant la cause qui fait qu’il mourra. […] Elle est si bien la preuve qu’elle prouve les deux autres. […] Dans la première, on éprouve qu’il est vrai ; dans la seconde, on prouve qu’il est vrai.

304. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Une éructation de Diderot assez retentissante, et qui prouve à quel point il en avait bu, Jules Janin ! […] Le Rêve de d’Alembert est là pour le prouver. […] Il a bien prouvé qu’il l’avait dans le Paradoxe du comédien, dans l’Entretien d’un père avec ses enfants et dans son Neveu de Rameau. […] L’esprit enthousiaste de Diderot se précipita de ce côté avec l’ardeur d’un tempérament qui valait mieux que ses doctrines, et qui le prouva par la plus complète inconséquence. […] … S’il en était mort, cela prouverait qu’il n’était bœuf que par la lenteur et non par la force, ce pauvre tardigrade d’Assézat !

305. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 368

On nous a conservé une anecdote sur son compte, qui prouve combien la prévention est capable d’égarer le jugement.

306. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 132-133

Ses liaisons avec les personnes les plus célebres de son temps, prouvent qu’elle étoit agréable dans la société.

307. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 139

Ses Tragédies, au dessous du médiocre, prêterent au ridicule ; son injustice contre Racine fit tort à son jugement, & prouva que les femmes sont encore plus extrêmes que les hommes, quand l’esprit de cabale les conduit.

308. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 98

Plein de zele pour la Religion & doué du talent d’écrire avec onction, il a publié plusieurs Ouvrages en faveur du Christianisme, contre les attaques multipliées de la nouvelle Philosophie, où, par des raisonnemens solides & à la portée de tous les Esprits, il prouve la vérité, l’utilité & la nécessité de la Religion.

309. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fontaney, Antoine (1803-1837) »

Charles Asselineau Fontaney est de ces écrivains peu connus dont l’étude prouve la supériorité et la force de la génération à laquelle ils ont appartenu.

310. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 156

& d’autres Œuvres de piété en vers, qui prouvent que la prose étoit son véritable genre.

311. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 394

Les Lettres pour prouver l’illusion des Physiciens sur la baguette devinatoire de Jacques Aimard, ne sont pas non plus sans mérite.

312. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 438

C’est à un de ses parens [Claude Caperonnier, mort en 1744], qu’il succéda dans la Chaire de Professeur en Grec au Collége Royal ; ce qui prouve que l’érudition est en quelque sorte héréditaire dans cette famille.

313. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 441

Il ne s’est pas borné à une éloquence oiseuse, au mérite des phrases, à l’appareil des sentences, au jargon philosophique ; ses Ouvrages couronnés & non couronnés sont pour la plupart des Dissertations savantes, qui prouvent autant de sagacité que d’érudition.

314. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » p. 327

Ses Dissertations, insérées dans les Mémoires de l’Académie des Inscriptions & Belles-Lettres, sont autant de morceaux précieux qui enrichissent ce Recueil, & prouvent que la délicatesse de notre Langue n’étoit pas moins familiere à leur Auteur, que celle des Latins.

315. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

Mais il faudrait prouver aux hommes publics que les artistes se désintéressent de la chose publique, et un homme public ne s’avouera jamais une chose pareille. […] Les politiciens se méfient de la littérature ; ils le prouvent par leurs actes, leurs discours et leurs écrits. […] Et le meilleur moyen de prouver qu’il n’y a aucune influence politique dans le mouvement que vous tentez et qui, pour être incomplet (vous savez qu’à mes yeux l’enseignement du grec est aussi indispensable que celui du latin), n’en est pas moins intéressant, c’est de le poursuivre en dehors des parlements et des ministres qui, par leur mentalité même, ne peuvent ni le comprendre, ni l’accueillir. […] Mais la force romaine, le bras romain, la langue et la pratique romaines sont aussi partout : ç’a été le grand instrument de propagation et de culture. » S’il existe un parlement et des ministres qui aient le loisir de songer à ces choses, qu’ils le prouvent.

316. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

L’idée d’instruire, d’enseigner, d’agir sur la conduite des hommes, de prouver une vérité, n’était plus distincte de l’idée des ouvrages d’esprit. […] « M. de Balzac, dit-il, explique avec tant de force ce qu’il entreprend de traiter, il l’enrichit de si grands exemples, qu’il y a lieu de s’étonner que l’exacte observation de toutes les règles de l’art n’ait point affaibli la véhémence de son style ni retenu l’impétuosité de son naturel… Plus une personne a d’esprit, ajoute-t-il, et plus infailliblement elle est convaincue de la solidité et de la vérité de ses raisons, principalement lorsqu’elle n’a dessein de prouver aux autres que ce qu’elle s’est auparavant persuadé à elle-même. » Plus loin, parlant du caractère moral et des écrits de Balzac : « Il y a, dit-il, dans ces écrits une certaine liberté généreuse qui fait voir qu’il n’y a rien de plus insupportable que de mentir2. » Descartes interprète en bien même sa vanité, disant que Balzac ne parle de lui avec avantage que par l’amour qu’il porte à la vérité, et par une générosité naturelle. […] mais avec un accord qui prouve combien tous les bons esprits appelaient ce progrès, le dernier à faire avant d’arriver aux chefs-d’œuvre. […] Cet aveu n’en prouve que mieux l’impatience du public sur ce qui lui paraissait être le progrès de la langue.

317. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Ils savent trop bien leur métier, les poètes dramatiques surtout, qui sont obligés de plaire aux instincts, aux passions, aux penchants de la multitude, et qui savent que, surtout dans l’art de la comédie, il arrive souvent que celui-là ne prouve rien, qui veut trop prouver. […] Ce qui vous prouve que les chefs-d’œuvre ne portent jamais malheur à personne, et qu’une belle jeune fille n’est jamais perdue quand elle a, pour ses deux parrains, Molière et Marivaux. […] Ces grands hommes, l’honneur de l’esprit humain, reconnaissaient très volontiers les devoirs de la critique ; ils étaient, avant tout, de véritables hommes de lettres, et ils prouvaient, par leur exemple, que cette qualité d’homme de lettres est la plus grande et la plus honorable dont se puisse décorer un galant homme.

318. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

La méprise qu’on faisait prouvait bien que l’on n’étudiait pas assez, que l’on ne pénétrait pas son génie. […] Toute cette partie du travail de Sainte-Beuve est empreinte d’une grandeur morale qu’on est moins accoutumé à rencontrer en cet écrivain que ses qualités d’un autre ordre, précieuses aussi, mais moins relevées, et elles prouvent merveilleusement à quel point cette organisation, qu’on ne croyait que fine, pourrait devenir large et forte quand elle touche à des sujets grands. […] Sainte-Beuve l’a bien prouvé dans ces Lettres à la Princesse. […] Troubat l’a prouvé pour nous !

319. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

Quand il fit son dernier cours de philosophie, il insulta à l’originalité de l’homme, soit dans ses œuvres, soit dans sa vie, avec une énergie pédante qui prouve à quel point il est dénué d’un des plus profonds instincts de l’artiste. […] III Et cela est prouvé par le texte même de M.  […] Cousin, et, malgré les adorations d’expression qui ne prouvent que l’état inflammatoire de la tête d’un homme, on ne les trouve pas. […] Des erreurs de son livre (et elles sont nombreuses) celle-ci est peut-être la plus grave, celle qui prouve le mieux l’affaiblissement, la ruine de l’esprit de l’auteur !

320. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Apulée, qui se disoit Philosophe, a prouvé par son Ane d’or, qu’il méritoit le titre de Philosophe cynique. […] Au reste, il a prouvé par d’autres écrits, qu’un dénouement ne l’embarrassoit pas. […] Le Danger des liaisons *, les Lettres du Marquis de Roselle **, quelques autres écrits de ce genre, prouvent que notre siecle a ses La Fayette, auxquelles même on ne dispute point les ouvrages qui peuvent leur mériter ce titre. […] Peu importe, vu le mérite intrinseque de l’ouvrage ; mais quelques nouvelles productions de la Germanie, dans différents genres, peuvent servir à prouver que le génie est de tous les climats, & qu’il ressemble à ces plantes heureuses, pour qui toute espece de sol devient fertile, si la culture ne lui est pas refusée.

321. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 447

Castellan, [Pierre] Evêque de Tulle, & grand Aumônier de France, mort à Paris en 1552, étoit l’homme le plus savant & le plus éloquent de son temps ; ce qui ne prouve pas qu’il dut l’être beaucoup.

322. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » p. 68

Qu’on ne cherche point dans ces Traductions une exactitude littérale ; elles sont plus libres que fidelles ; mais elles prouvent que le Traducteur entendoit aussi bien le Grec & le Latin que sa propre Langue.

323. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 449-450

Grisset, plusieurs Livres de piété, comme l’Année du Chrétien, l’Exercice de Piété pour la Communion, &c. qui prouvent autant la diversité de ses talens, que son zele pour la Religion.

324. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 134

Ce dernier Ouvrage prouve sur-tout une connoissance très-profonde & très-étendue de la Nature & de ses productions.

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